LA LUTTE POUR LE MULTILINGUISME DANS LE SUD DE LA BELGIQUE / FACE À UNE IMMENSITÉ D'UNILINGUES FRANCOPHONES BORNÉS, DES PERSONNES LUTTENT POUR LE BILINGUISME, VOIRE LE MULTILINGUISME...

PLAN

 

 

1 Analyses

2 Documents

1 Analyses

Le multilinguisme en Belgique avant que des intolérants soient venus imposer le français et faire d’une partie de la population des francisés effroyablement unilingues…

F.-A. Sondervorst, Histoire de la médecine belge, éd. Séquoia, 1981

 

(p.44) Sous le règne de ce grand-duc de l’Occident, qui sut déployer dans sa cour un faste à nul autre pareil, notre pays connut une grande ère de prospérité. En Flandre, malgré l’ensablement progressif du port de Bruges, le commerce du drap et de la toile demeura prospère, tandis qu’Anvers, connut son grand essor économique. Par l’exploitation du charbon, la fabrication des armes, l’introduction du tissage à Verviers, la région liégeoise entama une prospérité industrielle qui ne devait plus s’interrompre. Nos peintres flamands, Hubert et Jean Van Eyck, (p.45) auxquels devaient se joindre le Wallon Rogier de la Pasture et le Rhénan Hans Memling, tirèrent de la polychromie du moyen âge un art nouveau. Ils inaugurèrent ainsi la première école des coloristes flamands et commencèrent une galerie de tableaux unique en son genre, dans la­quelle vint se refléter la physionomie changeante de la nation. Nos sculpteurs (Claus Sluter), nos forgerons, nos orfèvres, nos batteurs de cuivre, nos décorateurs de faïence, créèrent à leur tour cet art mosan dont nous retrouvons chaque jour l’étonnante beauté! Et tandis que s’achevaient de se dresser vers le ciel les tours de nos beffrois et de nos cathédrales, les lettres aussi fleurirent sous le régime de ce grand duc qui, bien que Français, parlait aussi le thiois. S’il introduisit le françoys (la langue bourguignonne) dans son gouvernement, il laissa la plus grande liberté, tant à ses communes qu’à ses sujets, de s’administrer, de rendre justice, de tenir leurs registres, de traiter leurs affaires, de parler et de chanter dans la langue de leur choix. Cela permit à nos poètes, à nos «rhétoriqueurs», à nos hommes de théâtre, de s’en donner à cœur joie en thiois, en wallon ou en picard, au goût et au choix de leurs convenances. Les ducs de Bourgogne favorisèrent non seulement les arts, mais également les sciences, ainsi que nous allons le voir.

 

(p.125) Quoi qu’il en soit, il n’y eut aucune germanisation de la Belgique sous les Habsbourg autrichiens. Les Belges jouissaient d’une entière liberté linguistique. Les ordonnances viennoises étaient transmises aux autorités dans la langue de leur choix. L’administration et la justice s’exerçaient dans les langues du pays, même si le français était la langue officielle. A l’heure où la culture et la diplomatie françaises brillaient d’un vif éclat, ce phénomène sociologique n’avait rien d’étrange. Il ne faut donc pas s’étonner que le français devint la langue de la cour de Charles de Lorraine et des salons de la capitale. La francisation qui devait envahir davantage les classes bourgeoises sous le régime français, trouva donc déjà des racines profondes sous les Autrichiens.

 

 

Georges Benoît, Beho en 1900, in : GSHA, 58, 2003, p.21-66

 

(p.24) On parle principalement la langue allemande, d’ailleurs beaucoup de gens sont originaires des villages prussiens avoisinants. En revanche, un cinquième de la population est de nationalité wallonne. La plupart des gens (p.25) parlent les deux langues ou plutôt on en parle quatre, savoir : le bon alle­mand, le patois allemand, le français et le wallon. À l’église, les annonces se font dans les deux langues [Ndlr : en français et en allemand]. Une fois par mois, le curé prêche en français, les autres fois, il le fait en allemand.

 

 

Initiatives en faveur du bilinguisme en Belgique

1963

in : Le dossier du mois, 4, 1963, p.2

 

Je connais l’objection de beaucoup de fran­cophones : le flamand — il faut dire le néer­landais — est une langue de niveau inférieur et à l’extension fort limitée.

Cette objection est désagréable et heurte à juste titre la sensibilité des Flamands.

Ensuite, elle est fausse.

Le néerlandais est au contraire une langue fort riche, possédant une littérature importante et aussi valable que peu connue. Ceux qui se sont penchés sur elle, qui l’ont apprise, ont aussi appris à l’aimer. Parlée en Europe par plus de 15.000.000 d’individus, cela la place notamment avant les langues Scandinaves, avant le grec de si noble origine, avant le hongrois et même avant le portugais (si l’on excepte le Brésil). J’en passe, et non des moindres.

D’ailleurs, on ne le dira jamais assez, con­naître une seconde langue est toujours un enri­chissement. C’est aussi l’obstacle le plus difficile à vaincre ; lorsqu’il est franchi la voie s’ouvre plus large. Ce que peut emmagasiner l’esprit humain est illimité, plus il reçoit, plus il est apte à retenir.

Et puis le néerlandais, n’est-ce pas l’accès facile à l’allemand et aux autres langues du groupe germanique?

 

1982

Des journées internationales du droit et des institutions des pays flamands, picards et wallons, LB 20/05/1982

 

“La Société d histoire du droit et des institutions des Pays flamands, picards et wallons est née d’ un groupe de travail constitué à l’Université de Lille en 1929 par le professeur René Monier.  Elle a pour but de promouvoir l’ histoire du droit et des institutions des territoires qui ont jadis formé l’Etat bourguignon, grouper des professeurs d’ université, des archivistes, des magistrats, des avocats français, hollandais et belges qui se réunissaient chaque année en un congrès tenu alternativement en France du Nord, en Belgique et aux Pays-Bas.”

 

1982

Monique Verdussen, Les yeux de Charleroi pour un Flamand, LB 12/11/1982

 

“Walter Van den Broeck monté au théâtre de l’Ancre”

(pièce: “Dans l’ intérêt général”)

 

1985

RELIGION / Une initative: le Notre Père … “en Belge”, LB 09/04/1985

 

“Foi et Lumière”, représentant un ensemble de petites communautés construites autour de la persone handicapée, vient d’ adresser une lettre aux évêques, en rapport avec la prochaine visite de Jean-Paul II.

Le thème du voyage étant le “Notre-Père”, il s’agit d’inviter les francophones à réciter cette prière en néerlandais ou en allemand, les néerlandophones et les germanophones à la réciter en français.”

 

1996

L.R., La langue au coeur de la sélection, LB 14/09/1996

 

,, Le bilinguisme français néerlandais est plus que jamais d’actualité », témoigne Filip Baptist, consultant chez Career Consult. « Surtout pour Bruxelles et pour le Brabant. Viennent ‘ensuite l’anglais. et, plus rarement, l’allemand.  On estime que 20 pc des demandes de sélection intègrent cette exigence ». D’ordinaire, une connaissance passive de cette… quatrième langue suffit.  Ce qui n’est bien sûr pas le cas pour le français et le néerlandais.

 

Le constat est en tout cas très clair: même si, comme le souligne André Auquez, directeur du département Emploi-Formation à l’UWE, « le niveau général de connaissance des langues au sortir des études est meilleur qu’il y a dix ans, cela ne signifie pas qu’il soit suffisant -. Le principal grief des patrons semble aller à la difficulté de trouver de vrais bilingues en-dessous de, 45 ans, surtout pour les matières techniques.  La montée en puissance de l’allemand est également mentionnée par plusieurs employeurs, surtout pour les fonctions commerciales.

 

Reste à savoir comment les spécialistes du recrutement s’y prennent pour juger du niveau de connaissance d’une langue.  Il y a, bien sûr, les incontournables interviews et les épreuves écrites, mais aussi, et c’est plus récent, les tests.  Ceux-ci font partie de la catégo,rie des tests d’aptitude,. permettant par exemple d’apprécier l’étendue du vocabulaire du candidat ou sa capacité de compréhension.

Mais ces tests ne signifient rien s’ils ne sont pas complétés par une épreuve orale.  Une langue moderne est par définition vivante.  Il serait donc vain de vouloir l’enfermer dans le carcan d’un test, aussi complet soit-il.  La confrontation verbale du candidat avec l’idiome demeure donc essentielle.  Sans quoi, ce serait comme vouloir jauger les qualités d’un peintre à ses seules connaissances en histoire de l’art…

 

1996

M. Ty, Les économistes au féminin, martyrs de la paie, LS 04/05/1996

 

Selon une enquête réalisée l’ an dernier par l’ULB, l’UCL et l’ULG auprès de leurs anciens étudiants en sciences économiques, quelque “40 % des personnes interrogées utilisent couramment le néerlandais, tandis que 7 % à peine parlent régulièrement l’anglais.  Avis aux étudiants: peaufinez votre flamand (sic),  il vous sera utilisé sur le marché du travail.  par contre, “il semble sufisant d’avoir une connaissance passive de l’anglais”, dit l’étude.

 

1999

Philip Tirard, La culture flamande s’ expose à Bruxelles, LB 17/02/1999

 

Brochure concernant une série de journées d’animation en culture néerlandaise: Parlando-Nederlands entend favoriser le bilinguisme: du 26 février au 6 mars.

 

2001

De Broqueville Tessa (Rhode-Saint-Genèse), Huit personnes et le bilinguisme, LB 11/04/2001

 

Un simple problème de bilinguisme est peut-être à l’origine d’un accident qui a coûté la vie à

huit personnes.

Ce manque de bilinguisme, l’ association Prolingua le dénonce depuis 1989 en tentant d’y apporter les solutions de « bon sens » qui s’imposent.

A chaque nouveau gouvernement, nous demandons les mêmes choses : pouvoir débuter l’ apprentissage de nos langues nationales dès le cycle maternel, pouvoir utiliser la seconde langue comme vecteur d’ autres disciplines scolaires, permettre aux enseignants d’enseigner dans leur langue dans l’ autre communauté linguistique et rendre l’enseignement des langues plus communicatif.

Pratiquement au même moment qu’ av ait lieu ce terrible accident, Prolingua organisait une compétition d’improvisation orale en deux langues à l’hôtel de ville de Bruxelles en présence de personnalités politiques des deux communautés. Le but de cette compétition était justement d’attirer l’attention des jeunes sur la nécessité de communiquer correctement dans nos langues

nationales.

Nous mettions en présence des élèves de rhétorique d’écoles francophones et néerlandophones de la région de Bruxelles-Capitale, tous réseaux confondus, qui venaient s’exprimer quelques minutes en néerlandais et quelques minutes en français.

Ce fut une expérience fort enrichissante car nos candidats ont été remarquables pour s’ exprimer tant sur le fond que sur la forme.

Mais nous avons probablement reçu la « crème » des bilingues de l’enseignement car certains professeurs nous ont dit être dans l’incapacité de présenter des élèves capables de participer à ce concours.

Lorsqu’on sait que les élèves n’ont pratiquement pas l’occasion de parler plus d’une heure en moyenne dans la seconde langue durant toute une année scolaire, on comprend mieux et on mesure alors toutes les lacunes de nos programmes d’enseignement.

Les moyens sont simples, il suffit pour cela que les écoles organisent l’enseignement d’une des disciplines scolaires, donnée dans la deuxième langue.

Par la force des choses l’élève .. fera l’effort nécessaire pour comprendre le cours et pour pouvoir s’exprimer dans cette langue.

Dans le secondaire, cette possibilité existe mais, mis à part quelques écoles, personne n’en profite. Pourquoi? Par manque d’information peut-être ou plus probablement par manque de professeurs capables de le faire !

Qu’attend-on alors pour organiser un programme d’échanges de professeurs d’une communauté à l’autre?

Nous avons perdu trop de temps et peut-être aura-t-il fallu la mort de huit personnes innocentes pour accélérer les réformes dans ce domaine.

 

2002

Bodeux Philippe, Liège / Le TULg a reçu la mention « royal », LS 25/02/2002

 

Le théâtre universitaire de l’ULG organise depuis 60 ans un festival théatral international. Cette année, un recentrage sur l’apprentissage des langues lors des représentations de troupes étrangères : l’allemand, l’anglais, le néerlandais et l’espagnol.

 

2005

CLIL – EIME / Digest Immersion, 2005, fédération de l’Ens. Sec. Catholique, p.11

 

La connaissance de la langue cible pourra également être attestée par un Jury chargé de délivrer un certificat de connaissance approfondie de cette langue en vue de l’enseignement de cours en langue d’immersion, ou se baser sur la détention d’un certificat de connaissance approfondie du néerlandais ou de l’allemand délivré par la Communauté flamande ou la Communauté germanophone et reconnaissant la capacité de son titulaire à. enseigner -dans ces langues. Les licenciés en langues et littératures germaniques ou langues modernes et les licenciés traducteurs ou interprètes sont considérés d’office comme ayant atteint le degré de maîtrise des langues étudiées requis par l’immersion.

 

2005

Daoust Jean-Claude (patron de la FEB) : ‘L’absence de bilinguisme ou de multilinguisme est en train de devenir la forme moderne de l’illettrisme’, in : LB 29/04/2005

 

2005

Baus Monique, L’immersion, bonne école de riches ?, LB 14/12/2005

 

Pour ce qui est de la maîtrise de la lecture en français par les enfants plongés dans l’immersion, elle apparaît meilleure à la fin du cycle 5-8 que celle de leurs confrères qui suivent leur scolarité dans leur propre langue.

 

2006

Prime wallonne au bilinguisme, in : LB 30/06/2006

 

Le gouvernement wallon a entériné jeudi l’octroi d’une prime de 480,48 € aux fonctionnaires régionaux capables de prouver leur connaissance utile du néerlandais ou de l’allemand.

Elle sera octroyée aux fonctionnaires qui sont affectés dans un service concerné par le bilinguisme.

 

2006

Le Roi Albert II, in: Les sciences, les langues, LB 22/07/2006

Apprendre les langues

 

Parlons enfin de l’apprentis­sage des langues. Aujourd’hui, je voudrais insister sur la néces­sité de connaître les langues pour participer efficacement à l’évolution scientifique et tech­nologique et obtenir un emploi durable. J’ai été frappé de voir que bien des offres d’emploi ne trouvaient pas de candidats adé­quats faute de connaissance des langues. Nous vivons dans une société de plus en plus globale et cela implique naturellement une bonne pratique de plu­sieurs langues. L’apprentissage précoce d’autres langues a par­fois été freiné par la crainte de nuire à la langue maternelle. C’est pourquoi, j’ai été particu­lièrement intéressé, lors de ma visite à la VUB, par les résul­tats d’une recherche interdisci­plinaire menée par des linguis­tes et des neurologues de la VUB et de l’ULB. Ils montrent que pour l’exécution d’une même tâche, l’effort cérébral des enfants bilingues est infé­rieur à celui des enfants unilingues. Ces recherches, qui se poursuivent, procurent une base scientifique au plaidoyer pour le multilinguisme. Une des formes intéressantes de cet ap­prentissage est l’enseignement par immersion qui est pratiqué à plus ou moins grande échelle dans la plupart des pays euro­péens

 

2007

Fonck Jean-Claude, Attert / Immersion linguistique, utopie ?, LB 28/8/2007

 

La commune d’Attert envisage donc à présent s’orienter vers la piste de l’extrascolaire. «Nous ve­nons de rencontrer la communauté des communes de Hermeskeil en Al­lemagne, située près de Trêves. Avec eux, nous présenterons à la Commission européenne un projet de collaboration linguistique, il en est d’ailleurs de même avec la com­mune de Kruishoutem en Flandre», a conclu de député-bourgmestre. •

 

Le néerlandais le plus prisé

Pour ce qui concerne l’immer­sion seconde langue, 113 autorisations ont été délivrées en Communauté française, 8 en province de Luxembourg. Les langues choisies sont le néerlan­dais 87 écoles (76%), l’anglais 22 (19%) et l’allemand 4 (3%). Pour le Luxembourg, 6 écoles ont choisi le néerlandais, une l’anglais et une l’allemand. En Luxembourg, l’allemand a été choisi par l’école communale de Nothomb (Attert), l’anglais par l’athénée de Neufchâteau, le néerlandais par Paliseul (EC), Arville (EC), On (EC), Marche (Athénée), Marche (libre) et Bornai (EC).

 

2007

Jean André, in: AL 31/03/2007

Mais si, il faut apprendre le néerlandais!

 

J’ai essayé au mieux que je pouvais d’enseigner pendant 37 ans le néerlandais et l’anglais et constaté que l’élève francophone ayant choisi le néerlandais comme première langue étrangère et donc l’anglais comme deuxième à partir de la 3e rénové, atteint au terme de son enseignement secondaire le même niveau en anglais que ceux qui avaient cette langue comme première.

 

2008

Lepoutte Pascal, Ecole en immersion : les enfants à l’heure, AL 24/04/2008

Philippe Mousty, prof. de psychologie du langage (ULB) :

 

« En langue maternelle, d’une manière générale, on n’a pas du tout constaté de retard… »

Dans certains domaines, ils obtiennent des performances un peu supérieures.

« Il y a les langues très régulières, comme le serbo-croate. C’est presque une lettre – un son. Puis, vous avez des langues relativement régulières : allemand, espagnol, italien, néerlandais… puis dans le bas de cette catégorie le français. Et l’anglais est vraiment (sic) la langue la plus difficile à apprendre, tant les sons y diffèrent des lettres… »

 

2008

Fleurus / Semaine linguistique par l’IND à Rotterdam (Montessori Lyceum) VA 29/04/2008

 

Initiatives en faveur de l’apprentissage d’abord du néerlandais, avant l’anglais (donc pas comme le choix erroné de parents non experts, voire parfois carrément racistes)

111912 articles tirés de divers journaux nationaux pour nous convaincre que le choix du néerlandais comme première langue ‘étrangère’ est le meilleur pour l’avenir de nos jeunes.

  

Le néerlandais, cette belle langue

Albert V. B., de Bruxelles,  in : DH 23/09/06

 

« Pour définir l’importance d’une lan­gue, il existe deux méthodes. La pre­mière consiste à définir l’aire de répar­tition géographique de celle-ci. Et là l’anglais démontre son indiscutable supériorité. La seconde manière est de dénombrer les individus qui parlent cette langue. Et dans ce cas, c’est le Chinois qui domine. Quant au néer­landais, qui est ma langue maternelle, il possède comme toute langue ses ri­chesses faites de proverbes et d’expres­sions qui lui confèrent un certain charme. Parlée par plus ou moins 21 millions d’individus, elle possède une riche littérature. Certaines œuvres sont traduites. Claus serait même nobélisable. Des vestiges de la langue se retrouvent en Indonésie. Le néerlan­dais vous facilite l’accès à l’allemand et à l’anglais. La Belgique est un paradis linguistique qu’on s’est empressé de transformer en enfer. »

 

2 Français obligatoire en Flandre. in : VA 27/09/2003

 » Le français, c’est notre deuxième langue, il n’y a pas d’hésitation là-dessus », nous dit-on au cabinet de la ministre flamande de l’ Enseignement, Marleen Vanderpoorten (VLD). Au nord du pays, les élèves ne peuvent donc pas choisir : le français est imposé à partir de la 5e primaire. Ce n’est qu’en 3e secondaire que les élèves peuvent apprendre l’anglais et en 4e l’allemand. La ministre Vanderpoorten envisage d’autoriser, sans obligation, les élèves à suivre un cours de langue – a priori toujours le français – dès la 3e primaire.

À Bruxelles, le libre choix de la deuxième langue n’est pas, non plus, de mise. Dans les écoles francophones, c’est obligatoirement le néerlandais à partir de la 5e primaire.

En Wallonie, le néerlandais est obligatoire dans quelques communes le long de la frontière linguistique : Comines-Warneton, Enghien, Flobecq et Mouscron, En bordure de la Communauté germanophone (Malmedy, Waimes, P1ombières, Baelen, Welkenraedt), les élèves peuvent choisir entre l’allemand et le néerlandais (pas l’anglais).

(…) Jean-François Hannotte est le directeur du centre scolaire Saint-François-Xavier à Verviers. Il a expliqué aux parents les vertus du néerlandais.

Si, dans la majorité des cas, les élèves de l’ enseignement primaire étudient principalement le néerlandais dès la cinquième voire la troisième année, les provinces de Liège et de Luxembourg échappent à nouveau à cette règle.

Pour endiguer ce raz de marée, il a eu l’idée d’écrire aux parents des élèves qui allaient entamer leur cinquième année. « Je leur ai parlé des avantages d’apprendre le néerlandais plutôt que l’anglais « . Apparemment, le directeur a été entendu puisque 25 élèves ont choisi le néerlandais sur les 52 inscrits dans les classes de cinquième primaire.

Jean-François Hannotte avait avancé trois raisons pour choisir la langue de Vondel .  » Les études prouvent qu’il est préférable de favoriser une langue de proximité. Or, le néerlandais est une langue nationale . »

(…) La construction analytique et grammaticale du néerlandais est plus proche que l’anglais.  » L’anglais est une langue plus intuitive, il faut la sentir. Une phrase en néerlandais est plus facile à comprendre, dans sa construction. L’élève trouve plus vite le sujet, le compliment direct,… « 

Enfin, argumente le directeur, « les profs du secondaire constatent qu’il vaut mieux apprendre le néerlandais en première langue étrangère et l’anglais en deuxième car, en sortant de secondaire, l’élève aura alors atteint le même niveau dans les deux langues. Ce n’est pas du tout le cas de ceux qui prennent l’anglais en première et le néerlandais en deuxième car cette langue est alors considérée comme rébarbative « .

  

 

3 Langue(s) moderne(s) en primaire

 

Johan Viroux, in : AL 31/08/1998

 

Comme le plurilinguisme est vital pour l’économie belge et luxembourgeoise, un décret va permettre aux élèves de l’école primaire d’apprendre l’allemand, le néerlandais … ou l’anglais.

Il est certain que cette dernière langue attire davantage que les deux premières par sa facilité, du moins  au début de l’apprentissage, et par son attrait réel en tant que langue véhiculaire internationale. 

N’oublions cependant pas qu’il faut toujours tenir compte du facteur économique régional.  En province du Luxembourg, il est indéniable que le néerlandais est une langue très importante dans le commerce de détail, le secteur horeca, le secteur du bois, …  et dans nombre d’entreprises flamandes installées chez nous.  D’autre part, une bonne partie de nos futurs étudiants ira travailler à Bruxelles, Liège, Namur, Charleroi, voire en Flandre.  

Le facteur politique n’est pas à négliger non plus.  L’apprentissage du néerlandais chez nous et du français en Flandre est primordial pour l’unité de la Belgique sans laquelle nous serions noyés dans deux grands pays limitrophes où nous n’aurions certainement pas voix au chapitre.

Enfin, le facteur linguistique est primordial pour nos enfants.  Le néerlandais n’est-il pas la langue germanique centrale pour apprendre ses deux voisines, ainsi que le luxembourgeois?  Psychologiquement, le fait d’opter pour l’anglais en premier lieu implique très souvent  un rejet du néerlandais, donc une vision déjà négative du multilinguisme, un blocage au niveau de l’ouverture d’esprit.

On peut toutefois faire une exception pour la région d’Arlon, l’Arelerland, région ‘naturellement’ germanique, où l’allemand serait préféré au néerlandais pour les raisons que l’on sait.

En tous cas, au niveau de la qualité de l’enseignement, le choix d’une langue à l’école primaire causera des dissensions entre parents et avec les maîtres, il divisera les communautés locales au lieu de les unir au sein d’une école.  Les divergences de vue feront malheureusement ressortir les clivages sociaux au lieu de les atténuer.   A petite échelle, si nous n’y prenons garde, cela signifiera un recul pour l’Humanité.

 

 

4 De l’ importance de l’ apprentissage des langues germaniques … plus que jamais!

 

JV, in : Revue de l’ISM 1998-1999, p..5

 

Au niveau scolaire, le choix de la première langue germanique et du nombre d’ heures consacrées aux cours de langues en général pourrait davantage tenir compte de certaines réalités économiques encore trop méconnues.

 

Langue d’ouverture au monde entier, l’ anglais est bien sûr une nécessité absolue si nos étudiants veulent égaler les jeunes de l’ Europe de l’ Est, les Africains et les Asiatiques souvent très motivés dans l’ apprentissage de l’ anglais. 

 

Mais chez nous,- tout comme chez eux d’ ailleurs -, il ne suffit pas de parler la langue internationale actuelle pour décrocher un emploi dans la région, voire au Grand-Duché. On oublie trop souvent qu’ il faut également tenir compte du contexte géoéconomique où l’ on vit.

 

Ainsi, par tête d’habitant, la Belgique s’ inscrit au 3e rang mondial des pays exportateurs (avec plus de 15.600 dollars d’ exportations par habitant), derrière Singapour et Hong Kong. (1)  Par pays de destination, l’ Allemagne est devenue aujourd’hui le premier pays de destination de nos produits (avec 20 % du total), devant la France (17 %) et les Pays-Bas (12,6 %).

 

De plus, l’ UNESCO estime que l’ allemand est parlé comme langue maternelle par 121 millions de personnes, dont 92 millions en Europe.  C’ est la langue la plus parlée sur notre continent après le russe, mais avant l’ anglais et le français. (2)

 

Vu le progrès économique de la partie néerlandophone du pays et des Pays-bas, nul ne s’étonnera de lire de plus en plus souvent des offres d’ emplois (3) dans lesquelles la connaissance du néerlandais est exigée en dehors des zones économiques où son utilisation était une nécessité.

 

Il est certain, du point de vue strictement linguistique, que le néerlandais est la langue centrale, le point de départ le plus facile pour l’ apprentissage de l’ allemand et de l’ anglais.  En commençant par cette langue nationale, un élève fait d’ une pierre … trois coups! C’ est plus difficile si l’ on part d’ une des deux autres langues, surtout quand  on n’ a pas choisi le néerlandais parce qu’ on “n’ appréciait pas” cette langue ou les “Flamands”.  On ne l’ appréciera pas davantage deux ans plus tard … 

 

Bien entendu, l’ apprentissage de ces trois langues reste amplement insuffisant à l’ école. Il faut aussi s’ exercer à domicile (en zappant quotidiennement sur les chaînes où les langues germaniques sont utilisées), et si possible en vacances.  Parents, professeurs, nous avons tous une responsabilité dans l’ avenir de nos étudiants et de notre pays en permettant l’ ouverture la plus constante possible aux autres cultures.  Songeons enfin que, contrairement aux statistiques officielles qui ne reprennent que les chômeurs complets indemnisés – demandeurs d’ emploi, “le nombre de chômeurs dépasserait le million en Belgique”. (4) Et demain?

 

SOURCES

(1) In: Onzième exportateur mondial, La Libre Entreprise, 14/11/98.

(2) In: Marcel Linden, L’ allemand progresse dans le monde, La Libre Belgique, 6/8/98.

(3) Encore dernièrement dans le “Reflet des Ardennes” du 8/2/99, une filiale du Crédit communal présentait son annonce en néerlandais pour un emploi à Luxembourg; voir aussi Le Soir (offres d’emplois pour le Grand-Duché), Luxemburger Wort).

(4) In: P.-F. L., Le chômage ‘’officiel’ continue sa décrue, La Libre Belgique, 3/3/99.

 

 

5 Le néerlandais en Luxembourg et ailleurs

 

Patricia Philippart, in : Vers l’Avenir, 23/08/1999

 

Mère de plusieurs enfants, commerçante, je m’insurge contre ceux qui s’imaginent encore que le néerlandais n’est pas la première langue à apprendre dans notre belle province… et ailleurs en Belgique wallonne.

Si nous, Luxembourgeois, connaissions beaucoup mieux le néerlandais, nous pourrions attirer beaucoup plus de touristes néerlandophones ou en tout cas les retenir plus longtemps chez nous. Sans eux, je ne vois vraiment pas comment on pourrait vivre dans le secteur de l’HORECA, etc.  

Quand on nous ressasse que les Flamands ne se comprennent pas entre eux, il s’ agit de vieilles histoires que les Wallons unilingues aiment grossir pour cacher leur fainéantise en matière d’apprentissage des langues.  Ce qui compte en économie, ce sont les résultats, et on voit ceux obtenus par la communauté néerlandophone tandis que chez nous … 

Alors, vivement le néerlandais dans nos écoles primaires! Il est dommage que des mandataires de nos communes n’aient pas l’audace de résister à certains parents peu au fait de la réalité économique dans le BENELUX et qu’ils  plient devant leur arrogance pour imposer l’anglais en primaire! 

Apprendre d’abord le néerlandais est une facilité pour nous parce que, aussi parlée par des Belges, elle est ainsi plus proche de nous, et alors ensuite vive l’anglais puis l’allemand pour le reste du monde!  Franchement, ma famille n’a pas encore vu de Luxembourgeois trilingues en commençant par l’anglais ou l’allemand.  En attendant, même si certains moutons  répètent que ‘les’ jeunes Flamands semblent se désintéresser du français afin de faire encore moins d’efforts qu’eux, on en voit souvent de très jeunes se débrouiller dans nos bonnes villes pour demander leur chemin et d’autres décrocher des emplois dans nos provinces wallonnes au nez et à la barbe des jeunes Wallons toujours unilingues ou baragouinant uniquement l’anglais, même après avoir appris ensuite nos deux autres langues nationales.

 

 

6 PlayStation et néerlandais

 

JV, in : Vers l’Avenir, 13/09/1999

 

Quel rapport peut-on trouver entre ces deux mots?  Eh bien, loin d’être idiots, les Japonais qui ont lancé les consoles de jeux ont tout naturellement utilisé la langue du consommateur quand ils ont songé à les commercialiser.  Ils ont veillé à utiliser le coréen en Corée, le tagalog aux Philippines, le bahasa indonesia en Indonésie, …, et le français là où l’ on parle français, en laissant les diverses indications à l’intérieur des jeux en anglais! 

 

Au lieu de rester aveuglé par l’influence fantastique du monde anglophone, jetons dès lors un regard sur la réalité économique qui est la nôtre.  En général, si une entreprise wallonne possède un produit performant, des raisons purement concurrentielles (moins de frais de transport, livraison plus rapide, …) la pousseront à se concentrer au début sur les marchés environnants où l’on parle néerlandais,- la partie néerlandophone du pays et la Hollande, statistiquement nos principaux clients -, ensuite à utiliser l’allemand pour les pays germanophones, et le français pour la France.  Alors, forte de son expérience microéconomique, elle pourra aussi affronter ses concurrents internationaux sur leurs terres et utiliser l’anglais avec la clientèle anglophone ou celle disposée à le parler.  Dans cette lutte féroce, l’usage des langues spécifiques y est si stratégique qu’il est exclu de se tromper dans l’ordre de leur apprentissage.

 

Même si, légitimement,  un jeune est attiré par le monde anglophone, l’enseignement ne doit pas se laisser leurrer par un phénomène de mode, forcément superficiel.  L’apprentissage des langues demande tellement d’années et d’investissement qu’il vaut mieux commencer par ce qui est le plus rentable à l’endroit où l’on vit avant de rêver de ‘mondialisation’ et paradoxalement de se laisser enfermer en commençant par étudier l’anglais.  Quand certains se gargarisent de termes comme l’ ‘ère de l’information’ en songeant à l’anglais comme langue unique de communication, je les invite à consulter sur Internet les milliers de forums de discussion avec des correspondants du monde entier: on y échange des informations professionnelles et autres dans des tas de langues, donc sans passer nécessairement par l’anglais, et on trouve même le wallon entre internautes du Maroc, de l’Espagne et évidemment de Belgique!

 

Nous sommes loin de l’incitant ludique et musical qui semble pousser des gens ‘cool’ à vouloir commencer à apprendre l’anglais, voire à n’apprendre que l’anglais.  La réalité économique, implacable, est celle que connaissent tous nos exportateurs qui se battent pour décrocher des contrats près de chez nous et à travers le monde.  Ainsi, grâce à eux, notre balance commerciale positive ne permet-elle pas de payer les pensions, les salaires de centaines de milliers de fonctionnaires?  Cette vision des choses est bien plus importante pour réaffirmer le besoin terriblement urgent de commencer par le néerlandais en plus des arguments linguistiques qui la favorisent, puis de prendre

l’anglais et enfin, dans la mesure du possible, l’allemand.  Certains parleront aussi de l’espagnol mais hormis son utilité sur la ‘playa’ et à la ‘discoteca’, le vaste marché hispanophone n’est malheureusement encore qu’un mirage où pullulent les mauvais payeurs et les consommateurs nécessiteux …

 

 

7 Préjugés linguistiques contre apprentissage des langues

 

JV, in : Revue de l’ISM 1999-2000, p.17

 

Comme chacun le sait, l’enseignement des langues germaniques, essentiel pour décrocher de nombreux emplois, est en constante évolution grâce à l’apport de moyens multimedia. Toutefois, la connaissance des règles grammaticales de base et l’acquisition du plus grand nombre de mots possible, – ce qui représente bien plus que le vocabulaire dit de base, en réalité toujours trop restreint -, restent les piliers de tout apprentissage.


Force est de constater que cette combinaison pédagogique, même liée à un enseignement (très) précoce, est insuffisante pour une seule raison: auprès de maints élèves, des préjugés tenaces, véhiculés volontairement ou non par les media, le pouvoir politique, voire l’enseignement, constituent encore de nos jours des situations de blocage et de réticence à l’égard de l’étude ‘des’ langues.


Ainsi en va-t-il de l’usage péjoratif du terme ‘flamand’ pour désigner le ‘néerlandais’, et de

l'(anglo-)américain au lieu de l’anglais. Le flamand est un dialecte du néerlandais, parlé en Flandre Occidentale et en Flandre Orientale d’une part et, d’autre part, les différences entre l’anglais de Grande-Bretagne et celui des Etats-Unis sont minimes.
Le problème vient aussi de l’attribution erronée de qualités soi-disant supérieures à la langue que l’on connaît le mieux, le français. Un élève qui a acquis des connaissances de base en allemand et en néerlandais comprendra bien plus facilement sur un produit pharmaceutique l’inscription « Schlafmittel » que le mot « hypnogène » ou « maagsap-resisterend geneesmiddel» que le terme « médicament entérique ». André Martinet, professeur à la Sorbonne, a démontré scientifiquement dans « Le français sans fard» (1974, p.17-18) que, du point de vue sémantique, le français était une langue pauvre et peu claire :


« Lorsqu’on aborde le chapitre du lexique, la position du français n’apparaît plus sous un jour favorable: le français est une langue où chaque mot doit être appris à part: méchanceté ne saurait être retrouvé à partir de méchant, non plus qu’amertume à partir d’amer, comme on forme sans difficulté en anglais, badness, naughtiness et bitterness, à partir de bad, naughty et bitter. …Là où l’allemand dérive de blind « aveugle », un substantif Blindheit, le français d’ aujourd’ hui présente le latinisant cécité. … Pour l’Italien, qui dit cicco pour « aveugle », le substantif cecità apparait comme un dérivé naturel, car il y a moins de disparité qu’en français entre la forme « popu1aire »et la forme « savante » . L’anglais, qui dérive simplement blindness à partir de blind ne se prive pas d’emprunter largement, comme le français, aux langues classiques et connaît le terme coecum . Mais il n’ a pas abandonné les ressources de la composition, si bien qu’on peut, en anglais, exprimer un beaucoup plus grand nombre de notions qu’en français, sans cesser d’employer des formes connues de tous . »

 

 

Il ajoute :
 » Il est certain que, du fait de la possibilité de combiner plus librement les unités de sens, une personne qui connaît bien les 3000 mots de la langue anglaise verra ses besoins communicatifs mieux satisfaits que celui qui pratique, avec une égale aisance, les 3000 homologues français .  » (ibid., p.19)
Tout en appréciant le français, d’autres en ont démontré la grande complexité, comme J.M. Jacques (in : Pensez Europe 93: parlez esperanto, Revue de l’organisation des études, 10, déc. 1990, p.39) :
« Ainsi, 12 terminaisons verbales /en esperanto/ suffisent à exprimer toutes les nuances du présent, du passé et du futur. Quelle différence avec la langue russe qui en a 157, l’allemand 364, l’ anglais 652 et le français qui bat le record avec
2265 (sauf erreur ou omissions).« 

 

Les langues germaniques sont, contrairement à une croyance générale, beaucoup plus nuancées et possèdent un vocabulaire plus riche que le français. Ceci permet à leurs locuteurs de faire montre d’une créativité lexicale inégalée dans le monde francophone. Enfin, suivant des statistiques françaises, le français, en tant que langue maternelle, n’est parlé que par +- 80 millions de personnes et, partout où son apprentissage a été instauré, il est en recul constant au profit de l’anglais.

 

Tant que ces préjugés existeront concernant l’extension du français dans le monde et ses qualités, toujours mises en exergue mais jamais démontrées, ils constitueront un obstacle majeur à une connaissance approfondie et sans a priori des langues dites étrangères, à l’encontre du désir de toute personne soucieuse de son avenir et/ou de celui de son entourage. C’est dès lors le devoir de chacun de rétablir la vérité afin de pouvoir ouvrir l’esprit de nos élèves et de les rendre un jour réellement compétitifs sur le marché de l’emploi.

 

 

8 Wallons unilingues

 

JV, in: Le Soir 16/08/2001

 

Préférer, pour ses enfants, l’enseignement de l’anglais à celui du néerlandais est une erreur, entend démontrer ce lecteur.

 

Malgré les discours ronflants, les Wallons restent en bonne partie des unilingues indécrottables.

Comme il est dur de zapper vers des chaînes en langues germaniques alors que la majorité des parents veulent que leurs enfants aient beaucoup d’heures de langue…Sauf chez eux !

Leur choix préférentiel pour l’anglais en primaire et secondaire est aussi le constat d’une vision tronquée de la réalité économique et linguistique. Bref, un mauvais choix.

En effet, outre son importance dans les secteurs pri­maire, secondaire et tertiaire, le néerlandais ouvre l’accès à l’anglais, la langue mondiale, ET à l’allemand, langue de plus en plus importante en Europe. Ce n’est pas le cas de l’anglais, plus éloigné de l’allemand.

Il faut constater que les élèves du secondaire pour qui le néerlandais est la première langue germanique ont généralement un niveau socioculturel plus élevé, car leurs parents ont été capables d’argumenter leur choix à contre-courant d’une mode fallacieuse du tout à l’anglais.

De là à dire que les étudiants qui ont bravé les préjugés parfois racistes envers le néerlandais – la régionalisation n’a rien arrangé dans ce domaine – sont en principe plus forts et plus disposés à devenir de bons polyglottes , il n’y a qu’un pas…

 

 

9 L’apprentissage des langues dans l’Europe actuelle

 

JV, in : Le Soir Magazine, 07/2005

 

De plus en plus, les élèves de l’enseignement secondaire (plus d’1/3 d’entre eux dans certains établissements) n’optent que pour une seule langue germanique dans la grille horaire du .3e degré.

D’autre part, l’Europe nouvellement constituée conforte certaines données en matière d’usage des langues. Suivant les données d’Eurostat, dans les pays membres situés à l’Est, l’anglais est enseigné à près de 85 % des élèves en humanités, suivi de l‘allemand à 2/3 d’entre eux en moyenne.

Vu l’aisance avec laquelle la plupart d’entre eux parviennent à s’exprimer dans ces langues grâce à la tessiture développée de leur langue maternelle respective, on est en droit de se demander sérieusement si le repli de certains vers une seule langue « étrangère » ne constituera pas un handicap important dans la recherche d’un emploi quand, à diplôme égal,  un jeune de l’Est sollicitera un poste dans notre pays. 

Dans ce contexte, le néerlandais reste bien sûr une langue très intéressante chez nous, étant donné l’importance économique de la partie néerlandophone du pays, des Pays-Bas, l’afflux financier de ces parties du Benelux au Grand-Duché, sans oublier le tourisme dans notre belle province dont le secteur Horeca dépend à près de 90 % des vacanciers venus de là-bas.

Il est dès lors grand temps de faire réfléchir nos propres élèves avec l’aide de leurs parents sur la nécessité en matière de langues de rester compétitifs à l’échelle de l’Europe des 25 en choisissant au moins 2 langues germaniques. 

 

Sources

Baus Monique, 3 questions à Manfred Peters (FUNDP – Namur), in : La Libre Belgique, 26/09/03

Braunberger Gerald, Die Jungen sprechen Englisch miteinander, in: Frankfurter Allgemeine Zeitung, 13/12/03

Cañas Gabriela, El inglés y otras 19 lenguas más, in : El País, 02/05/04

Europäische Zentralbank – Übersetzungsareit verdoppelt, in: Tageblatt, 01/05/04

Gilissen Pierre, Bilingue à l’école ?, in : La Libre Belgique, 02/06/04

Ginsburgh Victor (ULB), Weber Shlomo (Southern Methodist University (Dallas)), Le français, n° 2 de l’Union ?, in : ibid., 13/12/03

Peut-être plus pour longtemps. En effet, dans le cadre de l’élargissement, les dix nouveaux candidats sont vraisemblablement plus orientés vers l’allemand que le français.

En Pologne, par exemple, 14 % des habitants (5,4 millions) connaissent l’allemand, alors que seulement 2 % (0,8 million) connaissent le français (…). L’écart pourrait se révéler favorable à l’allemand si l’on tient compte des autres nouveaux entrants, République tchèque, Slovaquie, Pays baltes (…). L’allemand pourrait dès lors prendre la place de deuxième langue dans la nouvelle Europe.

 

 

10 LE RACISME ANTI-NEERLANDAIS

 

JV, in : Vers l’Avenir, 01/08/1999

 

Devant l’arrogance de certains – je dis bien de certains – qui ont choisi l’anglais comme première langue en humanités pour leurs enfants vis-à-vis de ceux qui ont préféré le néerlandais, il est urgent de remettre les pendules à l’heure.  Les premiers font ce choix souvent par ignorance de la réalité économique et linguistique.  Dans certains cas, il provient même d’une attitude raciste envers nos compatriotes néerlandophones.  On choisit donc l’anglais par ce qu’on n’aime pas le néerlandais.  Il est déjà impossible au départ d’acquérir un esprit multiculturel sans quoi il n’est pas possible de devenir polyglotte…

Du point de vue linguistique, le néerlandais se trouve à mi-chemin entre l’allemand et l’anglais, ce qui permet à long terme de faire d’une pierre … trois coups!  Ce n’est pas le cas si l’on commence par l’anglais.  Il est vrai qu’il faut, au début seulement, faire un peu plus d’efforts pour apprendre le néerlandais.  Du point de vue économique, nous vivons dans un des trois pays du Benelux où les échanges commerciaux se font principalement avec les Pays-Bas et … l’Allemagne.  On sait aussi que dans ce domaine, la Wallonie est à la traîne.  Seuls quelques dizaines d’entrepreneurs ‘wallons’ se risquent à l’exportation vers ces pays par ignorance du néerlandais, qui conduit beaucoup plus facilement à l’apprentissage de l’allemand.  Pour vivre, il faut vendre, et pour vendre, il faut parler la langue du client potentiel.   

En tant que professeur de langues, il m’ est aisé de démontrer qu’un même élève qui a  débuté en néerlandais ira plus loin dans l’apprentissage de plusieurs langues que quelqu’un qui a dû choisir l’anglais au début. 

Mais il y va des langues comme de la santé.   Monsieur-tout-le-monde en parle et se croit plus malin qu’un linguiste ou qu’un médecin.  Comme la médecine est parvenue non sans mal à contrecarrer les croyances les plus absurdes, il est temps de freiner les idées les plus saugrenues en matière de langues.  Pour l’avenir des jeunes et pour la démocratie.

 

 

 

BILINGUISME

 

 

11 Jacques Franck, Les bras m’en tombent!, LB, 28/02/1997

“Plus tôt un enfant a appris une seconde langue, mieux il la retiendra toute sa vie.  Dans un groupe d’ étudiants anglophones qui apprenaient le hindi, ceux qui l’avaient entendu parler avant l’âge de deux ans, et l’avaient apparemment oublié, l’apprirent beaucoup plus rapidement que les autres.

 

Les tests de réflexion créatrice (“creative thinking power”) ont montré que les petits bilingues l’emportaient sur les monolingues.  les spécialistes attribuent cette supériorité au fait que les plurilingues distinguent naturellement entre le mot et son sens, se libérant par là même des contraintes conceptuelles de la langue.  Par ailleurs, disent encore les psychologues, les bilingues ont une meilleure capacité de communication, peut-être parce qu’ils ont appris à tenir compte de leurs interlocuteurs pour choisir la langue de leur conversation.

 

12 T. Bo., Une langue, une personne, un lieu, LB 25/03/1998

L’apprentissage précoce – voire la semi-immersion (une à deux heures par jour) – ne risquent-ils pas d’engendrer une déficience dans la maîtrise de la langue maternelle ou une confusion entre les deux langues?

“Il n’y a pas en principe de confusion s’il y a dissociation: une langue pour une personne et le cas échéant un lieu différent, par exemple école-famille”, rassure Win Degrève.  “Pas de mélange non plus à craindre, lorsqu’il y a un décalage dans les niveaux: une langue possédée et une débutante”, continue Sylvaine Drablier, directrice des Kiddy-classes. 

 

Quant à évoquer un retard, ce serait plutôt le contraire, “le bilinguisme apporte un plus, un retour sur la langue maternelle”, atteste le conseiller pédagogique.  A défaut d’études scientifiques belges, Germaine Forges, prof. à l’université de Mons-Hainaut, se référait à une vaste campagne de recherche en Louisiane.  Une langue étrangère était enseignée en 3e année de l’école fondamentale (8 ans) à raison de 30 minutes par jour.

 

Par rapport à des groupes témoins, l’étude a mis en évidence des gains significatifs au test de connaissance de la langue maternelle dès la fin de la première année de langue étrangère.  Un an encore après, les gains non seulement avaient doublé pour la langue maternelle, mais un bénéfice significatif apparaissait également au test d’évaluation mathématique.”

 

 

2 Documents

Bastogne - li maujo comune, l'hôtel de ville, ...

Êwèye / Aywaille - blim.be

Djêve/ Gesves - immersion à l'école fondamentale "René Bouchat"

Sougnîye / Soignies - Le Tour St-Vincent: fascicule trilingue

Iedereen is welkom (LB 08/09/2009)

Cèrfontène / Cerfontaine - cinéma - des séances en français et en néerlandais

(DH, 13/04/2013)

Connaître plusieurs langues est-il indispensable de nos jours? (Jean-Marc Manfron, responsable des analystes du Forem; Marc Vandenhaute, administrateur-délégué du CLL; ...)

(Proximag, 2013)

Inguî / Edingen / Enghien - Concert du Nouvel An / Nieuwjaarsconcert

Translate »
Share This
error: Alert: Content is protected !!