Voeren - Forons - Fourons : une affaire téléguidée par la France...

Cette région fut le théâtre de manoeuvres politiques destinées à diviser la Belgique au profit de la France. Des collabos sur place furent conseillés par des agents francophiles… 

(NB Cette affiche fut donnée à mon père et à moi-même par le propriétaire (néerlandophone) du « Café des francophones » (sic) (où tous les clients parlaient le néerlandais (du coin)) un dimanche matin dans les années 1980… Une illustration de ce qui se tramait en Belgique.)

Albert Lacambrie (avocat à Bruxelles, )Pour en finir avec H…   /

Malgré la faiblesse de ses moyens, la France ne peut se faire a l’idée qu’ elle n’est plus une grande puissance , une puissance a l’échelle mondiale. Aussi rêve-t-elle de se constituer une sorte de « commonwealth » francophone. Elle intrigue dans tous les pays à minorité francophone (Canada, Suisse, Belgique) ainsi que dans ses anciennes colonies ou elle a créé une intelligentsia francisée… Elle garde dans ses anciens territoires d’outre-mer de solides positions économiques et militaires. Elle cherche même à renforcer ses positions dans les anciennes colonies et territoires belges considérés comme appartenant a la francophonie.

Dans les trois pays à minorité francophone la stratégie est exactement la même. A partir de sentiments de frustration habilement entretenus on y provoque la création de centres d’agitation d’autant plus efficaces qu’ ils sont diffus et cauteleux.

Le tout baigne dans une ambivalence remarquable. On poursuit à la fois un meilleur équilibre entre populations différentiées par la langue (pseudo-fédéralisme axé sur le pluralisme linguistique) et une distanciation de plus en plus poussée. En allant crier « Vive le Québec libre » le chef de l’Etat français s’est « oublié » et a fait naître des soupçons. Les Canadiens sont échaudés.

Nous assistons ici au triomphe du nationalisme linguistique avec tout ce qu’il a de naturellement machiavélique. Les populations sont dopées par une propagande sournoise faite de dogmes, de mythes, d’ affirmations gratuites, de mensonges. de contre-vérités. La voix de la raison est  systématiquement étouffée. Les convergences d’intérêt et de destin sont refoulées au profit d’une mythologie.

Une étude comparative entre l’ agitation francophone au Québec, au Jura et en Wallonie révèle clairement l’objectif final poursuivi.

En ce qui concerne la Suisse et la Belgique la préoccupation a un double aspect :

1) Petits pays jadis aux frontières du Pré Carré , aujourd’hui de l’Hexagone, ils offrent un champ d’action commode aux manigances. Celles-ci tendent :

. à renforcer l’influence française,

. à la diffusion non compromettante de mots d’ordre favorables à la politique française,

. à s’approprier des richesses de tout ordre,

. à étayer une revendication territoriale toujours utile après un chambardement politico-militaire.

Voici comment l’intelligent Alexis de Tocqueville, qui fut Ministre des Affaires Etrangères sous la Deuxième Republique (1848), formulait cette politique : « Donc, limiter l’action de la France aux pays voisins du nôtre, tels que Belgique, Suisse et Piémont. N’y appuyer aucun mouvement de rébellion organisée mais, en même temps , ne jamais perdre une occasion de proclamer l’attachement de la France nouvelle aux principes de liberté et de tolérance. Concretiser cet attachement en faisant fermement comprendre aux puissances dominantes en Europe centrale et orientale que, si la France leur laissait les mains libres hors de sa zone traditionnelle d’influence, elle entendait en compensation que nul ne lui disputât ce qu’elle tenait pour son droit de regard sur la situation des Etats limitrophes. »

2) L’ autre aspect est plus dogmatique et à plus long terme. Dès le XVIe siècle la France a cherché à faire de la langue un instrument politique. En 1539, François I, par son Edit de Villers-Cotteret, decrète que le dialecte de l’Ile de France sera la seule et unique langue officielle du royaume. Tous les dialectes non conformes seront désormais ignorés, proscrits: l’occitan, le provençal, le gascon, etc. Ainsi que les langues non françaises: le corse, le basque, le breton, l’alsacien, le lorrain et, bien-entendu , le flamand , ce « jargon vaseux » du seul apanage français n’ayant pas encore réintégré la Mère Patrie !

En même temps, on voue au dialecte de l’Ile de France un véritable culte. On le pare de toutes les qualités. Malheur à celui qui met en doute la supériorité de la langue française ! Même ses. déficiences évidentes sont élevées au rang de vertus.

Le nationalisme linguistique est un pur produit de la politique française d’assimilation,  d’uniformisation, de centralisation et d’expansion. Au fil du temps, il a alimenté le « Mal Français ». En Europe, il n’a trouvé de copies conformes qu’au XIXme siècle. Par mimétisme, il a engendré le nationalisme allemand dont la France fut ensuite une des principales victimes.

L’ exploitation politique de l’ argument linguistique devint un système.  

En 1601, Henri IV, l’aimable Vert-Galant, accueille les députés de la Bresse, territoire savoyard entre la Saône et le Jura, récemment annexé au royaume. Il leur dit textuellement ceci :

« Il estoit raisonnable que, puisque vous parlés naturellement françois vous fussiés subjects à un roy de France. Je veux bien que la langue espagnole demeure à l’ Espagnol, l’ allemande à l’Allemand; mais toute la françoise doibt estre à moy ».

En affirmant le principe que « la langue est la nation toute entière », la Révolution Française a consacré cette utilisation de la langue comme outil politique. Il apparu bientôt combien cette affirmation était. ambivalente. Elle signifiait :

– que tous les territoires sous autorité française devaient être systématiquement francisés,

– que les aires de langue française échappant à la souveraineté française devaient être annexées à la France. Ce que les armées jacobines firent aussitôt.

Dans les Pays-Bas méridionaux, les classes dirigeantes étaient à ce moment profondément francisées. Dès lors la Belgique toute entière fut annexée à la République une et indivisible. De 1793 à 1815 cette annexion entraina une francisation encore plus poussée. Celle-ci fut ensuite reprise et approfondie après la Révolution de 1830.

De là la réaction « flamande ». Celle-ci fut lente à se déployer. Elle se heurta a des sommets d’incompréhension. Les impatiences flamingantes ne firent qu’accroître ces incompréhensions. En fin de compte l’Etat-Nation belge unitaire et jacobin de 1830 accoucha de deux Régions-Nations unitaires et jacobines à son image.

C’est dans ce contexte qu’ il faut situer la stratégie de l’ agent Happart. Il s’ agit de creuser davantage le fossé entre les deux Régions-Nations afin de déstabiliser la Belgique et de l’empêcher de jouer ses atouts. Notre pays, en effet, détient le centre décisionnel de l’Europe en gestation. alors que ce centre devrait tout naturellement se situer en France. Inde ira !

En 1963, on promet aux « Flamands » de fixer une fois pour toute la frontière linguistique. Il y aura des côtes mal taillées mais, qu’à cela ne tienne, on aura enfin la paix linguistique. Beaux joueurs, les Flamands acceptent à la dernière minute l’ échange entre Mouscron-Commines (35.000 habitants) et les Fourons (5.000 habitants).

Et puis les misères recommencent. Il importe que l’ agitation linguistique se poursuive sans désemparer . La famille Happart, expropriée en région liégeoise, s’installe en terre fouronnaise, annexée à la « Flandre » à la demande des « Wallons ». Aussitôt l’étendard de l’agitation est levé. Il s’agit d’émouvoir toute la francophonie et de provoquer des réactions  »  flamandes » .

Pour heurter violemment les « Flamands », encore meurtris par un siècle de lutte pour le  recouvrement de leur identité et de leur langue, rien de tel que de les insulter avec insolence. Monsieur le Bourgmestre refusera obstinément de parler aussi bien le néerlandais que la langue du terroir, qui est un dialecte limbourgeois. Et voilà le monde politique belge tout entier secoué par la fièvre du nationalisme linguistique. Une véritable paranoia s’ en est emparée.

Tout l’arsenal des commentaires juridiques au sujet de l’attitude du Bourgmestre ne tient pas devant ce principe démocratique élémentaire que la majorité, qui gouverne, se doit de respecter la minorité.

L’esprit obsédé par l’idéologie nationaliste jacobine, qui mène au totalitarisme, un obsédé linguistique ne peut concevoir la richesse d’une diversité activée en vue de l’ interfécondation. Etranger au terroir fouronnais il ne peut comprendre que, grâce à leur position intermédiaire entre trois grandes aires linguistiques, le Limbourg historique ainsi que l’ancien comté de Dalem sont appelés à jouer un rôle de charnière au sein du « Pays sans Frontières », l’Eurorégion Meuse-Rhin.

« Retour à Liège » n’est qu’un leurre. Pour l’obtenir il faut l’ accord des « Flamands ». Ce n’est pas en les provoquant qu’on l’obtiendra. En réalité, il s’agit d’autre chose. L’objectif est de relancer l’agitation linguistique afin de déstabiliser le pays.

En Suisse, on tente d’utiliser la même tactique dans les communes de Vellerat et de Moutier, voisines du nouveau canton de Jura. Mais les Suisses restent généralement allergiques aux émois linguistiques. 

Personne ne nous enlèvera de la tête que derrière Happart se profile « l’universelle arragne », la France. Le vacher fouronnais manoeuvre avec une astuce diabolique, qui ne peut que lui être inspirée. C est du style Louis XI le plus pur. Cet homme, qui réussit à tenir toute la vie politique belge en suspens, est manifestement manipulé, téléguidé. Il faut être benêt pour ne pas le voir. . .

 

Albert LACAMBRIE

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