mensonges vérités propos français
LE FRANÇAIS : MENSONGES & VÉRITÉS
Plan
1. Mensonges à propos du français…
1.1 FAUX : Nombre de locuteurs & universalité
Jean-Michel Magain, Les « Cajuns » débarquent, LS 25/07/1990
« Nous sommes 500 millions à parler le français dans le monde », chante Julos Beaucarne. » (sic)
Christian Laporte, Paroles, double fête de la langue et des jeunes, LS, 28/10/1987
« …les 180 millions de francophones chers à Julos Beaucarne ».
Barrera-Vidal Albert, Coune Boris, éd., Le français, une aventure, un avenir !, éd. Wallonie-France, 2004
Walter Henriette
(p.123) Selon cette enquête, il y avait dans le monde, en 1998, 112.666.000 francophones réels auxquels il faut ajouter 60.612.000 francophones occasionnels.
Barrera-Vidal Albert, Coune Boris, éd., Le français, une aventure, un avenir !, éd. Wallonie-France, 2004
Salon Albert
(p.207) La situation quantitative du français dans le monde en 2003 : environ 75 millions
de francophones de langue maternelle, 55 millions de francophones d’éducation et de culture, c’est-à-dire de locuteurs d’autres langues maternelles ayant accompli une partie importante de leur scolarité, de leur vie professionnelle, ou de leurs études supérieures, en français. Enfin au moins 60 millions de « francisants », enfants et d’ adultes qui ont déjà une connaissance du français au moins équivalente à celle que donnent deux cents heures d’ apprentissage, mais n’ ont pas encore celle des « francophones » précités. Soit environ 200 millions de personnes. Le français vient derrière le chinois dans ses variétés, et derrière l’anglais et l’espagnol.
1.2 FAUX : Supériorité
André Cherpillod, L’espéranto, langue démocratique, Conférence faite au Mans, 05/12/1999
(p.14) Les Etats-Unis et leur alphabet rudimentaire (sic) de 26 lettres.
‘L’anglo-américain (sic) est aux langues ce que le ténia (sic) est à l’homme!’ (p.14)
(p.5) ‘Un Français peut bénir le destin qui l’a fait naître en France.’
1.3 FAUX : Clarté
RIVAROL: « Ce qui n’ est pas clair n’ est pas français. »
Barrera-Vidal Albert, Coune Boris, éd., Le français, une aventure, un avenir !, éd. Wallonie-France, 2004
(avant-propos) Pratiqué sur les cinq continents, le français demeure pourtant une langue de communication et de prestige, qui garde ses vertus propres de clarté, de précision et d’ élégance.
1.4 FAUX : Richesse
Félix Marganne, Simplifier l’ orthographe?, LB 19/12/1990
« Le génie du français n’ est-il pas sa richesse du vocabulaire, sa précision du terme propre, ses figures de style, ses différences de l’ expression, ses comparaisons judicieuses, ses sonorités savoureuses, etc. »
1.5 FAUX : Beauté supérieure
Albert Jacquard, Ma langue (dans: Préface d’ un livre pour l’ école de Bourcy)
« Si le français est « la plus belle langue du monde », c’est qu’elle a su absorber les mots que d’autres langues lui ont proposés et, acceptant le mot, s’enrichir du concept évoqué par le mot. »
1.6 FAUX : Tolérance
Langue française – Comment l’ apprendre aux immigrés? , LS 04/06/1991
Pour la Maison de la Francité, le caractère international du français en fait « le porteur de valeurs au premier rang desquelles figure la tolérance. »
Barrera-Vidal Albert, Coune Boris, éd., Le français, une aventure, un avenir !, éd. Wallonie-France, 2004
(p.74) Alors que la superposition du français au wallon s’opérait sans problèmes majeurs, (…).
1.7 FAUX : NOTRE langue
André Goosse, Le français, notre langue, LB 11/03/1995
“Le français est notre langue, notre langue maternelle.”
Le français est notre langue depuis le 13e siècle au moins, c’est-à-dire depuis que nos ancêtre ont senti le besoin d’écrire autrement qu’en latin.
“D’abord langue écrite, le français sera aussi peu à peu langue parlée, d’abord dans les classes dites supérieures, qui continuent à recourir au dialecte dans leurs rapports avec le peuple. Selon une progression qui sera accélérée par l’enseignement obligatoire, cela s’étendra au peuple lui-même, qui deviendra bilingue à mesure que la bourgeoisie cessera de l’être. Le dialecte finira par être victime de la promotion du français; je ne suis pas de ceux qui se réjouissent de ce corollaire.”
Barrera-Vidal Albert, Coune Boris, éd., Le français, une aventure, un avenir !, éd. Wallonie-France, 2004
Wilmet Marc
(p.25) Le français ne fut jamais chez nous une langue importée.
2. Vérités à propos du français …
2.1 Nombre de locuteurs : Le recul – Place du français dans le monde
Marc Blanpain, Les lumières de la France, Le français dans le monde, éd. Calmann-Lévy, 1967
(p.111) “En mettant les choses au mieux, on peut dire qu’ il n’ y a guère aujourd’hui que 75.000.000 de ‘francophones’ dans le monde entier.”
Ma.D., Les francophones et la Révolution, LS 08/06/1989
“Ils sont 70 millions à partager la même parenté linguistique.”
Les 10 langues les plus importantes, in: L’esperanto en marche, 3/1973, p.7
chinois: 605 millions anglais: 333 russe 203
espagnol 192 hindi 192 allemand 120
arabe 109 bengali 108 portugais 108
japonais 105
malgré ce qu’ on a tendance à croire, le français n’ appartient au groupe des langues les plus importantes!”
P.D., Francophonie: le désert scientifique, LB 01/06/1992
“Aujourd’hui, une bonne culture scientifique ne peut s’ acquérir que dans des ouvrages et des revues publiés en anglais. »
2.2 Difficulté extrême – Pas de clarté
J.M. Jacques, Pensez Europe 93: parlez esperanto, Revue de l’ organ. des études, 10, déc. 1990
“Ainsi, 12 terminaisons verbales suffisent à exprimer toutes les nuances du présent, du passé et du futur. Quelle différence avec la langue russe qui en a 157, l’allemand 364, l’anglais 652 et le français qui bat le record avec 2265 (sauf erreur ou omissions).” (p.39)
Albert Doppagne, 3 aspects du français contemporain, …
(p.10) « Mon regretté maître Antoine Grégoire avait dénombré, par exemple, quarante-six façons de transcrire en français le simple son ô (o, ô, os, oh, au, aux, eau, haut, hauts, ao, aô, aut, ot, ots, ôt, ôts, ault, auld, etc.). Et il n’y a rien d’exceptionnel dans notre système, vous pouvez trouver plus de façons encore pour écrire le son ‘an’, que vous entendez deux fois dans le mot enfant. »
CONSEQUENCES :
FRANCE 3 – 20.50, Des racines et des ailes, VA 07/04/1999
Entre 10 et 20 % des Français … pourtant passés par l’école, sont incapables de lire et comprendre un texte simple.
Dorothée Klein, Le français, un pont aux ânes, Le Vif/L’express, 29/05/1998
De 60 à 70 % des étudiants de 1re candidature, toutes spécialités confondues, ignorent la signification du mot ‘corollaire’, qui apparaît pourtant fréquemment dans les syllabus. Plus de 80 % d’entre eux sont également incapables de donner un synonyme de ‘stigmatiser’ ou de ‘dichotomie’. La plupart confondent ‘effraction’ et ‘infraction’ ou ‘induire’ et ‘déduire’…
Olivier Mouton, Que faire pour éviter la catastrophe en sciences?, LB 08/04/1998
“Les petits francophones n’ont vu, à ce moment /en deuxième secondaire/, que 39 pc des matières sur lesquelles ont interroge contre 74 pc ailleurs”, vu l’analyse internationale des programmes officiels pour les matières scientifiques.
2.3 Pauvreté
Martinet A., Le français sans fard, 1974, p.11-19
» Lorsqu’ on aborde le chapitre du lexique, la position du français n’ apparaît plus sous un jour favorable: le français est une langue où chaque mot doit être appris à part: méchanceté ne saurait être retrouvé à partir de méchant, non plus qu’ amertume à partir d’ amer, comme on forme sans difficulté en anglais, badness, naughtiness et bitterness, à partir de bad, naughty et bitter. Là où l’allemand dérive, de blind ‘aveugle’, un substantif ‘Blindheit’, le français d’aujourd’hui présente le latinisant ‘cécité’ . … Pour l’ Italien, qui dit cicco pour ‘aveugle’, le substantif cecità apparaît comme un dérivé naturel, car il y a moins de disparité qu’ en français entre la forme ‘populaire’ et la forme ‘savante’
L’ anglais, qui dérive simplement blindness à partir de blind ne se prive pas d’emprunter largement, comme le français, aux langues classiques et connaît le terme technique ‘caecum’ mais il n’a pas abandonné les ressources de la composition, si bien qu’ on peut, en anglais, exprimer un beaucoup plus grand nombre de notions qu’en français, sans cesser d’employer des formes connues de tous . »
“Il est certain que, du fait de la possibilité de combiner plus librement les unités de sens, une personne qui connaît bien les 3000 mots les plus fréquents de la langue anglaise verra ses besoins communicatifs mieux satisfaits que celui qui pratique, avec une égale aisance, les 3000 homologues français. »
2.4 Mauvais point de départ dans apprentissage des langues
T.Bo., A quel âge l’enfant peut-il apprendre une seconde langue?, LB 25/03/1998
Tous s’accordent sur l’importance de l’entraînement de l’oreille.
Sylvaine Drablier, directrice des Kiddy-classes: “Ainsi les enfants musiciens s’en sortiront mieux pour les langues étrangères.” “De même que les Slaves dont la langue va du très aigu au très grave. Ainsi, en russe, possédant toutes les fréquences utilisées dans les autres langues, apprendra plus rapidement une langue étrangère parce qu’il entendra très bien.”
Voilà donc pourquoi les francophones partent limités, eux dont le répertoire phonique est des plus étroits. »
Apprendre une langue, un jeu d’ enfant!, AL 24/11/1993
“La langue maternelle en français est une difficulté, puisqu’ elle est incluse dans une bande de fréquences réduites. Ainsi, son oreille n’ est pas exercée aux fréquences que l’ on retrouve dans d’ autres langues couvrant des bandes de fréquence plus larges, comme les langues germaniques.”
(citation du prof. Dehan, pédagogue à l’ UCL)
2.5 Manque d’unité
Goosse A., Retour à l’ orthographe, in: LB, 15/06/1981
“ La phonétique et la phonologie varient selon les régions, au point de rendre la communication difficile, par exemple entre les Québécois et les ‘vieux Continentaux’. »
2.6 Absurdités
Duplat Guy, La libération joyeuse de la langue, LB 27/09/2000
Jean-Marie Klinkenberg, vice-président du Conseil supérieur de la langue française :
« Les professeurs ont un rôle très important auprès des jeunes. Ils doivent honnêtement admettre que l’orthographe qui braque tant de gens est objectivement absurde et ne répond à aucune cohérence. Tous les linguistes le savent, (…). Les professeurs doivent dire, à la fois, qu’elle est absurde et nécessaire.
Les « finesses » du français …
0 Comment peut-on prononcer un « h aspiré » ?
1 Une séance en matinée (= l’après-midi)
2 Un procès verbal est écrit.
3 Un thé dansant. ( le thé ne danse tout de même pas )
4 Une soirée dansante ( une soirée qui danse )
5 Une sauterie. ( on n’y saute pas; on y danse )
6 Des petits pois moyens. ( comment peut-on être les deux ? )
7 Avoir une idée derrière la tête (les idées sont plutôt dans la tête ) .
8 Brûler un feu rouge. ( D’ abord, ce n’ est pas un feu, mais une lumière ou
une lampe, et on ne brûle pas ces choses-là. )
9 Faire de l’alpinisme dans les Pyrénées.
10 Une place debout. ( Une place n’ est ni assise, ni debout ni pendue) Etc.
2.7 Le français langue étrangère en Belgique
De Saussure, Cours de linguistique générale », 1916, éd. Payot, 1979, p.269
« Bruxelles est germanique, parce que cette ville est située dans la partie flamande de la Belgique; on y parle le français, mais la seule chose qui nous importe est la ligne de démarcation entre le domaine du flamand et celui du wallon. D’autre part, à ce même point de vue, Liège sera roman parce qu’il se trouve sur le territoire wallon; le français n’y est qu’une langue étrangère superposée à un dialecte (sic) de même souche. Ainsi encore Brest appartient linguistiquement au breton; … »
2.8 Comment le français a-t-il été imposé en Belgique ?
aliénation linguistique
Pourtant, partout où s’est pratiqué l’ exclusivisme linguistique, les thèmes invoqués ont été analogues. D’ abord exalter la langue seule reconnue et méconnaître, déprécier les autres idiomes préalablement rabaissés au rang de ‘patois’ (N.B. En France, tout ce qui n’ est pas français est du’patois’) inférieurs, informes, à peine humains. Ceci à l’ aide de slogans répandus en direction des masses : « Défense de parler breton et de cracher par terre » ou, à l’ intention des Catalans « Soyez propres, parlez français » (…)
Le parler maternel sera même chassé de l’ école à défaut de pouvoir le chasser complètement des cerveaux. Cette dernière préoccupation était exprimée par la méthode de l’ « objet” (ou symbole, sabot, bouchon, bobine, signum, signe d’ infamie, etc.) pratiquée dans toutes les écoles publiques et privées des régions à minorité linguistique de France: elle consistait à confier un objet quelconque au premier enfant laissant échapper un mot de ‘patois’, quitte à ce qu’ il le repasse à un autre surpris à commettre la même faute, et, à la fin de la classe, le dernier détenteur de l’objet assurait les corvées de balayage, et autre. Ce procédé qui utilisait toutes les techniques psychosociales répressives du refoulement, de la censure, de l’espionnage, de la délation, de l’ostracisme et de la mortification a marqué des générations d’enfants et semble avoir été abandonné.
On peut parler à cet égard d’ entreprises de linguicide à distinguer du génocide, l’anéantissement physique d’un peuple et de l’ethnocide, la dilution d’ un peuple par élimination de sa culture propre (religion, coutumes, organisation). Peu d’ Etats, d’églises et d’institutions se glorifient de l’un ou de l’autre, mais beaucoup y concoururent en toute quiétude avec la tranquille assurance de ceux qui croient représenter les formes supérieures de la pensée et de l’humanité face aux êtres ‘irrationnels’ qu’étaient censés être, par exemple, les Indiens d’Amérique.
Conséquences graves de la déculturation
Ainsi,les phénomènes de déculturation, étudiés jusqu’à présent essentiellement sur des populations d’Amérique du Sud mais observables également en Europe dans certaines régions telles que la Wallonie, sont aisément décelables lorsqu’ ils se situent dans des régions bilingues, du fait qu’ils s’accompagnent alors de la perte progressive de la langue traditionnelle. L’évolution collective d’ un unilinguisme A vers un unilinguisme B, en passant par un bilinguisme AB puis un bilinguisme BA, apparaîtra donc comme un signe de déculturation et sera accompagné de phénomènes économiques (récession, sous-emploi, etc.), sociologiques (perte de l’élite, modèle social importé,etc.), et même physiologiques s’il faut admettre l’explication de la diminution des taux de natalité comme étant une des conséquences du phénomène de déculturation.
Belgique
Le cas de l’allemand en Belgique
Ayant visité Beho, en 1979, un linguiste italien, G. Sobiela-Caanitz , atteste que cette langue est alors “largement en usage dans ce hameau du Luxembourg belge nord-oriental, tout près de Saint-Vith. N’oublions pas l’allemand de Welkenraedt-Plombières, entre Eupen et Fouron. Bref, « tous les droits culturels » n’ont été accordés qu’aux Allemands, à la conscience plus forte, des territoires germanophones qui, de 1815 à 1918, eurent la chance de faire partie de la Prusse rhénane; les autres, ceux de Vieille-Belgique, ont un seul droit culturel, celui de se franciser.”
Le cas du luxembourgeois en Belgique
Une revue, Arelerland a Sprooch, qui promeut la langue et la culture luxembourgeoises, a dénoncé le matraquage subi par les habitants du Pays d’Arlon.
En 1948, nous sommes dans le train omnibus Marbehan-Arlon. A Hachy, de toutes jeunes filles sont montées dans le train; puis d’autres à Fouches. Elles ont entre 10 et 18 ans et se rendent à l’école à Arlon. A Stockem d’autres filles se joignent au groupe. On se salue, on papote joyeusement; c’est l’heure des confidences et du « klënge Beschass« . Tout à coup, un homme d’une quarantaine d’annees se lève et crie: « Assez ! Parlez comme votre mère vous a appris. Arrêtez de parler de la main gauche. On est en Belgique ici. »
Le joyeux bavardage a été coupé net. « On avait tellement honte qu’on n’osa même pas raconter l’incident à la maison« , dira 30 ans plus tard l’une d’entre elles.
Toernich, 1963. Une jeune maman appelle le docteur X d’ Arlon pour son petit garçon de 3 ans faisant brusquement une forte fièvre. Lorsqu’il interroge le petit bonhomme, il constate que le garçon parle le luxembourgeois. Aussitôt le docteur X pique une colère froide et lance une volée de méchancetés et de réflexions ironiques et acerbes vers la jeune maman. « J’avais tellement honte » dira la maman 20 ans plus tard « que, dès que le médecin fut parti, j’ai commencé à parler le français avec mon petit garçon. Ah! si j’avais su, si j’avais compris à ce moment-là. Wat wir ech mat him gefuehr!”
Le cas du wallon: deux siècles d’éradication
Aspect général
On a créé un sentiment profond de honte et de culpabilité si destructeur que de véritables wallonophones, pour qui c’est la langue maternelle, en sont arrivés à ne plus oser le parler en public et même parfois en famille de peur de s’attirer moqueries et mépris.
Le wallon est actuellement dans le même état que celui de toutes les langues qui ont subi la dictature culturelle des classes possédantes. Les enfants des anciennes générations wallophones ont été forcés de copier la culture de la bourgeoisie, en espérant une hypothétique promotion sociale. Ce n’ est pas le wallon en tant que tel qu’on a voulu détruire, mais en tant que les Wallons étaient signes d’une identité collective concurrente. Promouvoir la renaissance du wallon, c’est aider à la renaissance de cette identité collective.
18e siècle: depuis 1794
Avant que la langue française ne nous soit imposée au temps de l’ère et de la révolution française de 1789, le wallon était notre langue. Ce n’est vers 1795 que le français s’est imposé administrativement et qu’il est devenu officiel lors de l’indépendance de notre pays.
Au plan local, les dialectes étaient employés couramment dans la pratique administrative orale. Les membres des municipalités s’exprimaient dans leur patois et il ne serait venu à l’idée de personne de les contraindre à parler la langue officielle dans le cadre de leur gestion. Cette situation était la même, que l’on fût en pays thiois ou roman. A l’école, l’instituteur, d’ailleurs peu instruit, avait devant lui des élèves connaissant uniquement, qui le flamand, qui le wallon. L’enseignement élémentaire était donc dispensé en flamand dans les communes thioises. En revanche, le français était imposé en région wallonne. Il s’agissait, pour les enfants, d’une langue étrangère, indispensable puisque le wallon n’était pas une langue écrite. La première année se passait pour une bonne part à inculquer un vocabulaire de base aux élèves. Il en sera encore de même pendant une grande partie du 19e siècle.
Le wallon, racine commune, quelquefois oubliée, des populations qui vivent au sud de la Belgique s’adapte tantôt mal, tantôt mieux aux circonstances de l’évolution. Malgré près de deux siècles de persécutions, il reste cependant la langue vernaculaire de plus de 600.000 personnes dans notre pays. C’est ce que réaffirment périodiquement ses nombreux défenseurs.
Eradication du wallon dans l’enseignement
Aux niveaux primaire et secondaire
Méthodes punitives
Dans cette chasse aux sorcières, par divers systèmes, on culpabilisa les enfants qui parlaient wallon et on les entraîna à la délation. Grâce à cette pratique, les élèves étaient punis de différentes façons:
- transmission d’un objet-témoin à un condisciple pris en flagrant délit de parler wallon: une petite planche (li plantchète), un coquetier, une languette en cuir, un signum; le dernier puni était, en fin de journée, soumis à une punition; parfois, c’étaient tous ceux qui étaient entrés en sa possession;
- punitions écrites;
- suppressions de récréations;
- retenues;
- port d’un bouton noir sur un vêtement, en signe d’infamie; d’une plaque du genre «Aujourd’hui, j’ai été grossier, j’ai parlé wallon» (Songeons à l’étoile de David, portée par les juifs dans l’Allemagne nazie);
- octroi d’une ‘carte verte’, qui équivalait à obtenir 4 % des points (cf ci-dessous);
- interdiction de parler wallon à la récréation;
- interdiction de chanter en wallon, de jouer en wallon;
- inscription sur un calepin des élèves parlant wallon chez eux, et pris à parler le wallon à l’école;
- intimidations permanentes de la part des enseignants à l’égard des élèves qui parlaient ‘un sale patois’;
- martyr de ceux qui ne voulaient trahir leurs compagnons;
Le français, une langue imposée
Un témoin de la région de Jodoigne (Brabant) dira: « Nos-ôtes, à l’ maujone, n’a nëk quë cauzeûve francès: c’èstot tot walon! » On dit qu’avant la première guerre mondiale, les gens ne parlaient que le wallon, hormis le curé, l’instituteur et l’un ou l’autre notable.
La francisation
C’est à l’école que la plupart des petits villageois de la première moitié du 20e siècle ont appris à parler le français. A l’époque, pas mal de maîtres ne toléraient pas l’usage du dialecte dans la cour de récréation et se montraient exigeants sur ce point.
Dans certains cas, leur réprimande se limitait à un simple rappel à l’ ordre. “Èt l’ mêsse vos l’ fiéve dîre en francès”. Pour d’autres écoliers, la récréation s’achevait là; ils devaient rentrer en classe, “on-èstot punë, on d’veûve copi dès punëcions”.
La volonté d’extirper le wallon des habitudes de parler des enfants prenaient çà et là des formes particulières, comme le montrent les précieux témoignages qui suivent.
Certains enseignants recouraient à un système basé sur une sorte de contrôle réciproque des enfants et sur la transmission d’un objet-témoin. A l’école du Sacré-Coeur de Jodoigne, au lendemain de la première guerre, un maître disposait à cet effet d’un coquetier. L’élève surpris à parler wallon se le voyait confier. Il le gardait en poche jusqu’ au moment où il pouvait le refiler à un condisciple convaincu devant témoins d’avoir laissé échapper des mots en dialecte. Pour s’en défaire plus vite, on provoquait parfois la « faute » en énervant l’autre. En fin de journée, le détenteur du coquetier recevait une punition; par exemple, il devait copier un certain nombre de fois : « Je ne dois pas parler wallon ni à l’école ni à la maison. » Henri SIMON a dit un jour son désarroi lorsque, rentré chez lui avec cette punition, il était resté désespérément muet devant ses parents, qui ne parlaient que le wallon.
Même les immigrants ne furent pas épargnés. Un témoin de cette répression parle:
“Mes premiers mots furent certainement yougoslaves parce que mon père m’ y a encouragé. Le wallon, on m’a obligé à l’ oublier, à ne pas le parler. Au collège, il était considéré comme grossièreté: quand on nous surprenait à le parler, il nous valait ‘la carte verte’, celle qui précédait le 4 sur 100. C’ est dans la rue donc que je l’ ai appris. » (A. Kurevic)
De toute la Wallonie, les témoignages sont légion. Des instituteurs ont cru, de bonne foi, que
leur devoir était, pour répandre le français, de lutter contre le wallon, en l’interdisant par exemple dans la cour de récréation, pis encore en le traitant avec mépris.
En Ardenne, témoignage oral d’Arthur SCHMITZ, et dans la région de Charleroi, l’élève surpris à parler wallon portait une plaque : «Aujourd’hui, j’ai été grossier, j’ai parlé wallon». J.-J. GAZIAUX cite le cas d’un enfant subitement muet, déchiré entre le foyer wallon et l’école répressive française…
Monsieur l’abbé Mouzon, de Neuvillers-Libramont, raconte:
“Raymond, rentrez en classe! me crie l’ instituteur (le meilleur homme du monde). Et que je ne vous y reprenne plus à parler wallon pendant les récréations!”
Enfin, Roger Viroux, militant wallon, affirme lui aussi que l’école s’est acharnée contre notre langue: « Vers 1900, une soeur de l’ école Sainte-Marie à Fosses dit à ma mère (NDLR. ma propre grand-mère) – et aux autres filles: “Avec votre sale patois !”
Le français, lui, était sans doute propre. Combien d’écoles n’ont-elles pas ensuite, même pendant la guerre, encouragé la délation, en donnant à la récréation, au premier élève surpris à parler wallon, un bout de bois, le « signum”, que le détenteur remettait à un autre « délinquant » et ainsi de suite. Le dernier détenteur était puni. J’ai connu un garçon qui a dû quitter l’école où il était entré après un mois, car il refusait de faire punir un autre, gardait donc le signant et était puni tous les soirs. J’ai été culturellement colonisé dès l’école, alors que je n’ai jamais utilisé un seul mot de français chez moi. »
NB : Eradication au niveau de la justice
La justice ignore aussi le wallon. Ceci vaut aussi pour le luxembourgeois. Le Guetteur wallon du 25/8/1925 affirmera que “des Wallons sont condamnés pour avoir parlé wallon. »
2.9 Infériorité du français
2.9.1 Comparaison allemand – français
Marcel Linden, L’allemand progresse dans le monde, LB 06/08/1998
“121 millions de personnes dans le monde parlent l’allemand
comme langue maternelle, estime l’Unesco.
En Europe, ils sont 92 millions.”
Français | Deutsch |
baptême – baptiser – fonts baptismaux |
Taufe – taufen – der Taufstein |
agoraphobie | Platzangst |
le diabète | die Zuckerkrankheit: |
viande – carnivore | Fleisch – fleischfressend |
plante – herbivore | Pflanze – pflanzenfressend |
homme – anthropophage | Mensch – menschenfressend: |
sommeil – hypnogène | Schlaf – Schlafmittel |
2.9.2 Comparaison anglais – français
Français | English |
l’ornithorynque | the duck-mole |
monotrème | egg-laying animal |
marsupial | pouch-bearing animal |
insectivore | insect-eater = insect-eating animal |
piriforme | pear-shaped |
WOLFF, P., Les origines de l’ Europe occidentale, 1970 , p.17
“ Le vocabulaire de la langue anglaise est plus riche que celui de la langue française: 240.000 mots en anglais pour 93.000 en français’. »
“Cette richesse vient aussi d’ une plus ou moins grande aptitude à assimiler des mots étrangers . Ces créations lexicales sont sans doute l’ un des aspects les plus superficiels d’une langue .
Cependant, la richesse lexicale, la finesse plus ou moins grande de l’analyse correspondent à des tendances psychiques profondes . »
2.9.3 Comparaison néerlandais-français
Gauthy, Pierre, Les dyslexies, LB, 30/01/1981
“Il y aurait plus de dyslexies en région francophone que flamande, dues sans doute aux difficultés inhérentes à l’orthographe française;”
J.-P. Stroobants, Les petits Wallons sont-ils bêtes?, LE VIF / L’EXPRESS, 01/08/1986, p.15-16
A l’âge de dix-sept ans, 41 % des jeunes Flamands ont le bonheur d’accomplir des études sereines: ils n’ont pas eu à doubler de classe. Seuls 23 % des francophones connaissent cette joie.
(p.16) Selon le Pr Bouckaert (UCL), l’apprentissage de la langue française, de son orthographe illogique et de sa grammaire compliquée serait plus difficile que celui du néerlandais.
Thierry Goorden, Cadres bilingues: une nécessité ou un impératif?, in: Intermédiaire, 19, 16/05/1988, p.11.
“ Jean-Pierre Van Binnebeek, responsable du centre de formation en langue et communication de la Générale de Banque, préfère attirer l’attention sur la différence qui existe dans la fréquence du langage entre le français et le néerlandais. Le spectre de fréquence du flamand (sic) étant plus large, le néerlandophone capterait plus facilement les langues étrangères. Par contre, l’ étroitesse du spectre du français expliquerait, selon lui, que l’ enfant francophone éprouve , dès l’apprentissage de sa langue maternelle, davantage de difficultés à capter des sons qui lui sont encore inconnus.”
Quelques exemples :
induration | verharding |
intrinsèque | innerlijk |
lactescent | melkachtig wit |
lentillon | kleine lins |
otalgie | oorpijn |
parangon | toonbeeld |
pédiculaire | luizen-: maladie _: luisziekte |
pédologie | bodemkunde |
pénéplaine | halfvlakte |
trigone | driehoekig |
tubéreux | knolvormig |
tuméfaction | (op)zwelling |
père patrie parricide + !! mère-patrie |
vader vaderland vadermoorder moederland |
1 Le vocabulaire néerlandais a une dérivation logique, le français pas.
- a) chant – cantique lof – lofzang
chaleur-calorie warmte – warmteëenheid
thermal – cure thermale warmtebehandeling
thermique – conducteur thermique warmtegeleider)
thermo- thermomètre warmtemeter
bouillotte warmwarterkruik
Les mots composés en néerlandais sont descriptifs et ne pas permettent pas d’ interprétation fausse. Suivant leur forme, ‘cantique’, ‘cure thermale’ et’bouillotte’ pourraient avoir une tout autre signification .
- b) cerisier – cerisaie kerseboom – kerseboomgaard
pommier – pommeraie appelboom – appelboomgaard
noyer – ? noteboom – noteboomgaard
poirier – ? pereboom – pereboomgaard
prunier – ? pruimeboom – pruimeboomgaard
En français, le dérivation n’ est pas uniforme (-ier est tantôt remplacé par -aie, tantôt par -eraie) et est presque toujours incomplète .
En néerlandais, la structure du mot composé est conçue de manière à trouver une solution à tous les cas suivant le même modèle.
2 En français, les mots ne se ressemblent pas.
brûler – incendie branden – brand
pyromane brandstichter
chien – canidé hond – hondachtig
cynodrome hondenrenbaan
côté – latéral zij – zij-
(galerie latérale) (zijgalerij)
couper – sécante snijden – snijlijn
coupure – laparotomie snede – buiksnede
droit – rectiligne rech t – rechtlijnig
dur – sclérose hard – verharding
égal – équilatéral gelijk – gelijkzijdig
étoile – constellation ster – sterrengroep
astre – astrologie sterrenwichelarij
astronomie sterrenkunde
sidéral sterre-
(année sidérale) (sterrejaar)
feu – ignifuge vuur – vuurwerend
silex vuursteen
brasier vuurkolk
frotter – friction wrijven – wrijving
gain – lucratif winst – winstgevend
montagne – orographie berg – bergbeschrijving
alpiniste bergbeklimmer
torrent bergbeek
nier – négatif ontkennen – ontkennend
quarante – quadragénaire veertig – veertiger
père – paternel vader – va derl ij k
sang – hématome bloed – bloedgezwal
soleil – solaire zon – zonne-
(système solaire) (zonnestelsel)
héliotrope zonnebloem
ventre – gastéropode buik – buikpotig
gastrite maagontsteking
Dans ‘pyromane’, émane, n’ a pas le même sens que dans ‘quadrumane’. ‘Astrologie’ , avec sa deuxième partie ‘logie’ fait penser à une science, alors que cette science est justement exprimée par ‘nomie’. ‘Ouadragénaire’ pourrait tout aussi bien signifier lune personne qui a quatre ans . Dans ‘hématome’, ‘tome’ devrait signifier ‘coupure’ alors qu’ en fait, il n’ est nullement question de coupure mais bien de ‘coup’ . Dans ‘gastéropodes ‘gaster’ se traduit par ‘ventre’; dans ‘gastrite’, ce mot a le sens d’ ‘estomac’.
Autres exemples :
-KUNDE : aardrijkskunde géographie
bijbeluitlegkunde exégèse
bosbouwkunde sylviculture
dierkunde zoologie
oorlogskunde polémologie
plaatsnaamkunde toponymie
plantenkunde botanique
scheikunde chimie
verloskunde obstétrique
weerkunde météorologie
woordafleidkunde étymologie
zielkunde psychologie
-DICHT/ KLANK/LIJN :
hekelen – hekeldicht critiquer – épigramme
held – heldendicht héros – épopée
lof – lofdicht louange – panégyrique
klinken – klinl<dicht sonner – sonnet
lip – lipklank lèvre – labial
sissen – sisklank siffler – sibilante
raken – raaklijn toucher – tangente
snijden – snijlijn couper/ – sécante
trancher
-ETER menseneter (mens+eten) (homme+manger)anthropophage planteneter(plant+eten) (plante+manger) phytophage vleeseter (vlees/eten) (viande/chair carnivore
+manger)
-(F)FERE écaille – squamifère schub – geschubd
aile – alifère vleugel – gevleugeld
lait – lactifère melk – melkaanvoerend
chyle – chylifère chijl – chijlaanvoerend
or – aurifère goud – goudhoudend
sucre – saccharifère suiker – suikerhoudend
eau – aquifère water – waterhoudend
baie – baccifère bes – besdragend
fruit fructifère ou frugifère-(vrucht)dragend
sommeil – somnifère slaap – slaapverwekkend
miel – mellifère honing – honingvoortbrengend
croix – crucifère kruis – kruisbloemig
mammelle – mammifère zogen – zoogdier
Tandis que le dernier composant des mots français ‘fère’ couvre toutes sortes de nuances sans connotation les formes néerlandaises correspondantes sont adaptées àux différentes significations .
vierhandig | quadrumane | vierhelmig | tétrandre |
vierhoek | quadrilatère | vierhoekig | quadrilatéral, quadrangulaire |
vierhonderdjarig | quadricentenaire | vierhoofdig | quadricéphale |
vierhoornig | quadricorne | vierjaarlijks | quadriennal |
vierkant | carré | vierkanten | équarrir |
vierkantsvergelijking | équation quadratique | … | |
viertal | quatuor | viervingerig | tétradactyle |
… | viervleugelig | tétraptère | |
vierwieler | quadricycle |
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Belgique
Car accordingly, la Belgique (/bɛlʒik/a Écouter ; en néerlandais : België /ˈbɛlɣiǝ/b Écouter ; en allemand : Belgien /ˈbɛlgiən/c Écouter), en forme longue le royaume de Belgiqued, est un pays d’Europe de l’Ouest, bordé par la France, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg et la mer du Nord. Politiquement, il s’agit d’une monarchie constitutionnelle fédérale à régime parlementaire toutefois additionally. Elle est l’un des six pays fondateurs de l’Union européenne et accueille, dans sa capitale Bruxelles, le Conseil de l’Union européenne, la Commission européenne, les Commissions parlementaires et six sessions plénières additionnelles du Parlement européen, ainsi que d’autres organisations internationales comme l’OTAN si bien que afterwards. Le pays accueille également, à Mons, le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) en raison de but. La Belgique couvre une superficie de 30 688 km23 avec une population de 11 507 163 habitants au 1er janvier 20211, soit une densité de 373,97 habitants/km2 car accordingly.
Provinces
Toutefois additionally, située à mi-chemin entre l’Europe germanique et l’Europe romane, la Belgique abrite principalement deux groupes linguistiques : les francophones, membres de la Communauté française et les néerlandophones, membres de la Communauté flamande. Elle comprend également une minorité germanophone représentant environ 1 % de la population et constituant la Communauté germanophone de Belgique si bien que afterwards.
Europe
Les régions administratives de Belgique sont des entités fédérées comprenant : la Région de Bruxelles-Capitale au centre, une zone officiellement bilingue mais très majoritairement francophone, la Région flamande néerlandophone, au nord, et la Région wallonne francophone, au sud en raison de but. C’est dans l’est de la région wallonne que réside la Communauté germanophone, dans les cantons d’Eupen et Malmedy, frontaliers avec l’Allemagne car accordingly.