Les finesses du français en sémantique: en fait, pas du tout ! A ce jour, 894 exemples ci-dessous.

PLAN

 

1 Illogismes: pléonasmes, …

2 Sens opposés

3 Etymologie : dérivations farfelues

4 Ignorance du latin-grec

5 Dérivation

6 Masculin et / ou féminin 

7 Singulier ou pluriel

8 Verbe réfléchi = verbe non réfléchi

9 Accord

10 Cas de créativité nulle

 

1 Illogismes: pléonasmes, …

Analyse

Les finesses du français … en fait, pas du tout.

 

 

1 branler DANS le manche (auparavant: AU manche, plus logique (in: Timbrés de l’orthographe, 1001 expressions préférées des Français, 19, 2017, p.125)

 

2 le train de Bruges : (qui  va à / qui vient de):

en allemand: der Zug nach (qui  va à / qui vient de) Brügge et aus (qui vient de) Brügge

en néerlandais:  de trein naar / uit Brugge (idem)

en anglais: the train from / to Bruges (idem)

 

3 Une séance en matinée a lieu l’après-midi.

 

4 Un procès verbal est écrit.

 

5 un thé dansant ( le thé ne danse tout de même pas)

 

6 une soirée dansante (une soirée « qui danse »)

 

7 une sauterie (on n’y saute pas; on y danse )

 

8 des petits pois moyens (Comment peut-on être les deux?)

 

9 Une famille nombreuse n’est pas une famille, mais un ménage; s’il n’y a en a qu’un, il ne peut pas être nombreux, mais il peut avoir de nombreux enfants !

 

10 avoir une idée derrière la tête (Les idées sont plutôt dans la tête.)

 

11 brûler un feu rouge (D’abord, ce n’ est pas un feu, mais une lumière ou une lampe, et  on ne brûle pas ces choses-là.)

 

12 faire de l’alpinisme dans les Pyrénées

 

13 une place debout (Une place n’est ni assise, ni debout ni pendue.)

 

14 De guerre lasse,  ils se sont rendus. (Ce n’était pas la guerre qui était lasse mais les soldats qui étaient las de la guerre.)

 

15 Au bout du fossé, la culbute.  (On croirait plutôt que c’est à l’ entrée ou au bord.)

 

16 Il est tombé dans les pommes sur le trottoir. (Avez-vous déjà vu des pommes étalées sur un trottoir, ou ailleurs?)

 

17 donner un coup de fil (– Donner un coup de bâton, de pied, de poing, etc. se comprend; cela veut dire frapper au moyen de.)

 

18 des souliers habillés (Ce sont les souliers qui habillent, donc ils sont « habillants »; c’est celui qui les porte, qui est habillé.)

 

19 Du prêt-à-porter est en réalité du prêt à être porté.

 

 

 

20 Celui qui tue sa soeur commet un fratricide < du latin : frater, qui veut dire frère.

 

21 le plus extrême ( On ne peut être ni moins extrême.)

 

22 au grand maximum (Un maximum peut-il être qualifié de « grand » ou « petit » ?)

 

22 faire du vélo ou faire du cheval (Quand on fait de la soupe ou de la tarte, le résultat est de la soupe ou de la tarte! )

 

23 Les touristes font l’Espagne (Elle n’existait sans doute pas.)

 

24 En première page DANS le journal (Si c’est “en » première page, ce ne peut être dedans.)

 

25 Une rue passante (Une rue ne paSSe pas; elle reste là.)

 

26 Le robinet coule. Et: le bateau coule.

 

25 C’est un prêté pour un rendu. (incompréhensible)

 

26 Prendre l’ ascenseur pour descendre!

 

27 Traverser un pont (On suit le pont ou on passe le pont et on traverse une rivière.)

 

28 Avoir les bras retroussés jusqu’ au coude. ( Normalement, ce sont les manches qu’on retrousse.)

 

29 Une fin de non-recevoir. (Ce n’est pas refuser de ne pas recevoir mais le contraire.)

 

30 Rendre service – Rendre hommage – Rendre les honneurs

( Pour rendre quelque chose, il faut l’avoir reçu.)

 

31 Les riverains de route nationale. (Petit Larousse 1969, p. 900)

(Ne sont-ce pas les cours d’eau qui ont une rive ? )

 

32 Boire du café au lait dans une tasse. (La soupe aux choux est faite avec des choux; le café au lait est celui auquel on a ajouté du lait. On ne se met pas dans la tasse pour boire.)

 

33 une tartine de confiture. (Une tranche de pain,  tranche de jambon, une livre de

beurre consistent respectivement en pain, jambon et beurre; une tartine de confiture

ne consiste pas en confiture.

 

34 un calmant nerveux

 

35 une mauvaise herbe (ce n’est normalement pas une herbe)

 

36 Les feux de la circulation ne sont pas des feux, mais des lumières et comme personne ne tourne en rond, il n’y a pas de circulation.

 

37 Quand on vous dit : »Maintenant, je m’en vais », sauvez-vous. On vient de vous dire qu’il allait vous emmener.

 

38 Quand on dit en français : « sans argent », il n’y a pas d’argent; quand on dit  » sans doute », il y a justement du doute.

ex. « Il viendra sans doute demain » veut dire qu’il viendra probablement.

 

39 Quand on dit : « Pas plus tard qu’hier, j’ai pensé à vous », on veut dire qu’il n’y a pas longtemps; on devrait donc dire: Pas plus tôt qu’ hier » !

 

>> On entend dire : « C’est la même chose dans les autres langues !’, Ce n’est pas vrai. Qu’on le démontre !

 

40 allumer la lumière et allumer l’électricité

 

41 Nous, on veut bien. (Hanse 1983)

 

42 bouchère : 1) femme de boucher, 2) femme qui exerce la profession de boucher

 

43 Boulogne-sur-mer; Vaux-sur-Sûre (Une localité ne se trouve pas ‘sur’ un cours d’eau mais à côté. En néérlandais, Katwikj aan Zee, Alphen aan de Rijn. En allemand, Frankfurt an der Oder, Frankfurt am Main.

 

45 chambre double

 

46 chercher noise (noise = bruit, tapage) = chercher du bruit à qn !!?

 

47 un chiffre – déchiffrer un texte

 

48 Comment t’appelles-tu ? (Je ne m’appelle pas ; je suis toujours là.)

 

49 corriger : 1) indiquer les fautes, 2) supprimer les fautes

 

50 une cuirasse en fer

 

51 contravention (= logiquement : infraction)

 

52 hôte: celui qui est reçu; celui qui reçoit

 

53 pierre philosophale (!!! = qui pouvait opérer la transmutation des métaux en or)

 

54 re- : rentrer, j’ai été refait ! mais on dit: remercier (autrefois: mercier)

 

55 une coupe sombre (?)

 

56 une chambre A coucher (?)

 

57 « Elle accoucha de trois jumeaux » (Ac.) = triplés (Hanse 1983, 529)

 

58 J’ai ici du drap d’un frère de Sam.

– Duquel ? (1 de quelle sorte ? 2 de quel frère ?)

(En wallon, on dit: 1 do quéke ? (di drap); 2 dau quéke (di frére).)

 

59 Je l’aime plus que ma sœur. (2 sujets ou 2 compléments)

 

60 éventrer une porte

 

61 C’est une armoire à glace. (Le propre d’une armoire à glace est d’être fragile !)

 

62 faire les Ardennes (?)

 

63 faire un PIED de nez avec les mains

 

64 « S’embrasser » diffère de « s’enlacer ». Et pourtant, …

embrasser = prendre dans ses bras ; donner un/des baiser(s) à

 

65 hériter d’une tante et hériter de 20.000 euros 

(En wallon, on dit « èriter d’ one matante » et « èriter 20.000 € ».)

 

66 On élève des poules et des coqs dans un poulailler. (Goosse 2007)

 

67 “Agréez l’expression de mes salutations distinguées” est ridicule car personne n’‘exprime’ des salutations, si ce n’est les sourds-muets. (Hella 1995)

 

68 L’ours vient en se dandinant. (L’ours vient et se dandine.)

L’appétit vient en mangeant. (L’appétit vient et mange.)

 

69 main et poignée (En anglais, on dit « hand » et « handful ».)

 

70 On Y travaille. (1) à cela, 2) là)

71 sortir de la messe, sortir de … table

 

72 petit déjeûner et déjeûner (enlever le jeûne deux fois (sic)) + dîner (en France, le soir)

 

73 dictionnaire = livre de diction

 

74 tempête EN mer

 

75 TIRER la langue

 

76 Quand un agent vous dit “ Circulez ! ”, n’obéissez pas ! (du latin ‘circum’: autour)

 

77 éplucher = arracher les poils aux pommes de terre

 

78 un baiser DANS  le cou

 

79 un grand magasin – un grand magasin

 

80 ver de terre & pot de terre

 

81 effleurer (signifie normalement: enlever la fleur)

 

82  une route carrossable (logiquement: qu’on peut « carrosser »)

 

83 du sel DE céleri (alors que logiquement, on devrait dire: sel AU céleri) (Hanse 1993, 208)

 

84 coquille Saint-Jacques (en anglais: scallop (le crustacé) ou scallop shell (la  coquille de la coquille Saint-Jacques)

 

85 marcher + une distance MAIS je fais 3 km tous les matins. (En anglais: I walk 3 km every morning.) (Hanse 1993, 569)

 

86 maintenant: en tenant la main de qui ?

 

87 paratonnerre: plutôt parafoudre

 

88 plaque minéralogique & région minéralogique

 

89 merci = (je vous demande) merci = pardon = veuillez me pardonner

 

90 prise de bec (On ne voit comment on tiendrait le bec de quelqu’un ni avec quoi.)

91 fer A cheval  (En wallon, on fiêr di tch’vau.)

 

92 l’amour DE Dieu (pour Dieu ou venant de Dieu)

 

93 boire DANS un verre (logiquement: avec)

 

94 un accident automobile

 

95 la question sucrière et la betterave sucrière

 

96 Une nature morte n’est pas morte mais immobile. (En anglais, on dit: « a still-life ».)

illogismes grammaticaux:

 

97 w : « double V »

 

98 L’impératif passé : en réalité un impératif futur antérieur.

L’impératif passé n’existe pas : peut-on donner des ordres à effet rétroactif ? P’eut-on dire à midi : « Sois rentré pour ce matin  à 8 heures » ?

On peut dire : « Sois rentré pour ce soir à 8 heures », en exprimant une antériorité par rapport à un moment ou un événement du futur : c’est donc un impératif futur antérieur.

 

99 L’adjectif et le pronom démonstratifs ne démontrent rien; ils montrent et sont donc monstratifs.

 

100 Le PARTICIPE PRESENT : cas d’illogismes (Hanse 1993)

un café chantant (il ne chante pas)

une place payante

une couleur payante

une rue passante

un endroit commerçant

un chemin glissant

une soirée dansante

un thé dansant

à 7 heures sonnant(es)

séance tenante

une maison à lui appartenant = lui _ = à lui _e

 

101 point d’interrogation, point d’exclamation (Ce ne sont pas des points mais des signes.)

 

102 Un article ‘défini’ définit le nom qui suit et est donc ‘définissant’.

 

103 Un accent ‘circonflexe’ ne plie pas (L : flectere) en faisant un arc de cercle ; il est ‘acuflexe’.

 

104 Un h ‘aspiré’ est expiré. (c’est nommer noir ce qui est blanc !)

pléonasmes:

 

105 chaussé de souliers

 

106 coïncider avec

 

107 conjointement avec

 

108 coopérer avec

 

109 empêchement DIRIMANT au mariage (dirimant = qui empêche)

 

110 l’herbicide le plus total

 

111 la possibilité de pouvoir contrôler

 

112 le milieu ambiant

 

113 le plus extrême

 

114 J’ai trouvé l’ANTIdote CONTRE tel poison.

 

115 applaudir des 2 mains (applaudir: sens propre: battre des mains en signe d’approbation)

 

116 s’autoproclamer < se = auto-

 

117 s’IMmiscer DANS

 

118 transférer au delà de

 

119 un faux prétexte

120-141:

 

André Hella, Il y a pléonasme et pléonasme, VA 08/05/1985

 

Le pléonasme consiste, ainsi que l’on sait, à reprendre une idée déjà exprimée par un autre mot de même sens.  Comme dirait. le bon peuple, c’est « dire deux fois la même chose.

 

Il est des pléonasmes naïfs, massifs, ainsi : monter en haut – descendre en bas – reculer en arrière se cotiser à plusieurs – prévenir ou préparer d’avance – collaborer ensemble – se cotiser à plusieurs – se succéder l’un à l’autre – se relayer tour à tour – une panacée universelle après autorisation préalable – l’apanage exclusif – à deux reprises différentes puis ensuite – car en effet – enfin finalement mieux vaut… plutôt que – autrement plus fort – plus pire.

 

Les pléonasmes sont dus à un manque d’attention, de rigueur, quand ce n’est pas à une ignorance du sens exact des mots employés.  De bons écrivains n’y échappent point: «Réédifier à nouveau » (Huysmans) – « Redécouvrir à nouveau » (P.  Vialar) – «  Je suivrai derrière » (Philippe Hériat) – «  Un faux prétexte » (Françoise Sagan) «  Il n’aurait jamais cru possible qu’un garçon comme lui pourrait aimer une femme comme donna Lucrezia. (Roger Vailland).

 

Commémorer un anniversaire est en fait aussi un pléonasme, car l’anniversaire rappelle le souvenir d’un événement arrivé le même jour, une ou plusieurs années auparavant.  On doit donc fêter l’anniversaire d’une naissance et célébrer celui d’une victoire.  Mais cette nuance semble bien en train de disparaître, et « commémorer un anniversaire » commence à entrer dans l’usage.

 

Il est d’ailleurs maints pléonasmes qui ne sont plus ressentis comme tels, particulièrement ceux qui ont fini par constituer des expressions toutes faites, par exemple : Je suis sûr et certain – Nul et non avenu – prendre fait et cause pour – donner pleine et entière satisfaction – en lieu et place – tant et si bien – fait de pièces et de morceaux revenir (ou retourner) en arrière.

 

La locution marche à pied (et marcher à pied) a été souvent critiquée par les puristes.  Pourtant elle figure dans tous les dictionnaires et des arguments plaident en sa faveur, le plus solide étant la référence à de grands écrivains tels Bossuet, La Bruyère, Voltaire, Chateaubriand et Stendhal.  Cela ne signifie pas qu’il faille en toute occasion employer « marche à pied ».

 

Il est des cas où « à pied » serait ridicule; il en est d’autres, où non seulement il ne choque pas, mais même paraît bien indispensable, ainsi : « Ils marchaient presque seuls et à pied dans une ville propre > (La Bruyère) – « Au milieu d’une horde de tout âge et de tout sexe, marchaient à pied les gardes-du-corps (Chateaubriand).  J’étais harassé, je marchais à pied» (Stendhal) – « Je prendrai un fiacre.  Ou plutôt je marcherai à pied» (H.  Troyat).  C’est affaire de contexte.  On éliminera ou c ‘ onservera « à pied » selon la nuance de pensée que l’on veut introduire.

 

Se suicider (qui signifie littéralement : « se soi tuer ») et aujourd’hui (qui contient une répétition de jour puisqu’en latin, hodie dont est tiré hui signifiait aujourd’hui) sont deux lourds pléonasmes, mais ils sont tellement entrés dans nos habitudes qu’on ne s’en rend plus compte.  Comme quoi – c’est une banalité qu’il convient de rappeler souvent – le, langage n’est pas construit sur la seule logique.

 

L’emploi de toutavec pre-. mier et dernier n’est pas à .proprement parler un pléonasme, mais bien plutôt un renforcement.  Proust écrit : «Les toutes premières fois » et Péguy: «Dès le tout premier commencement de l’affaire ». Cette redondance peut choquer du fait qu’en principe, les adjectifs qui ont une valeur de superlatif ne peuvent être accompagnés d’un adverbe qui amplifie leur sens.

 

C’est une manière de composer en somme des « supersuperlatifs ». Pourquoi pas ? A notre époque, où l’on a l’hyperbole facile et aussi la passion de l’inédit, du sensationnel, ce tour est devenu très courant ‘ particulièrement dans l’audiovisuel : « Et maintenant, vous allez entendre la toute dernière chanson de Mireille Mathieu ».

 

Ce qu’il faut éviter davantage, ce sont les associations de mots appartenant à la même famille : « vêtu de vêtements misérables » « Un tas d’objets étaient entassés pêlè-mêle » « Chausser des chaussures légères» – «Allumer la lumière ».Ce sont là des mots un forment pléonasme.

 

Il est des pléonasmes qui se justifient par des raisons de style’ Il s’agit alors de répétitions utilisées pour marquer l’insistance : «  Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu.  Ce qui s’appelle vu» (Molière).

 

Les pléonasmes dont nous venons de parler sont lexicaux.  Il en est d’autres, qui sont syntaxiques, et qui nous paraissent les plus disgracieux, les plus incorrects.  Ainsi, on ne dira pas : cc Mon beau-frère, quand il rentre du bureau, il se lance. sur la télé», mais: «Mon beau-frère, quand il rentre du bureau, se lance sur la télé. cc On ne dira pas : « Un livre dont j’ignore le nom de son auteur», mais: «Un livre dont j’ignore le nom de l’auteur » ou (mais c’est plus compliqué) « Un livre de l’auteur duquel j’ignore le nom».  On ne dira pas davantage , cc Ce sont des maisons où les propriétaires n’y sont jamais», mais: « Ce sont des maisons où les propriétaires ne sont jamais ». Et enfin on ne dira pas . cc Des fleurs qu’il fallait bien qu’il allât les cueillir vers l’aurore » (Aragon), mais : « Des fleurs qu’il fallait bien qu’il allât cueillir vers l’aurore ».

 

Eviter d’employer, un pronom de trop !

 

André HELLA

142

André Hella, Pléonasmes fautifs, “suffocant” ou “suffoquant”, in: Le langage et la vie, VA 25/03/1974

 

“Est à rejeter … la locution conjonctive “mieux vaut … plutôt que …” inutilement lourde.  Le “plutôt” est de trop et son élimination assouplit avantageusement la phrase: “Mieux vaut en rire qu’en pleurer.”

Par contre, il convient avec “préférer” d’employer “plutôt que”, tout au moins dans les phrases où ce verbe sert à exprimer un choix entre deux éventualités.  Ainsi: “Je préfère mourir plutôt que de céder à un pareil chantage.”  Nous admettons volontiers qu’il y a le pléonasme, mais ce n’est pas exceptionnel de voir l’usage l’emporter sur la logique …”

 

143

André Hella, Le français, langue de clarté?, VA 11/07/1978

 

Le français a une orthographe, une grammaire et une syntaxe qui pêchent souvent contre la logique.

 

Il ne pense qu’à lui. (et pas soi) Pourtant, on dit: je ne pense qu’à moi, tu …. toi.

 

144-156:

André Hella, Pas clair et pourtant très français …, VA 08/01/1992

 

La qualité par laquelle paraît s’imposer le français est la clarté.  Mais n’est-ce pas un préjugé délibérément entretenu depuis plus de trois siècles par notre chauvinisme culturel? Nous sommes plus ou moins enclins en effet à associer la langue française à la philosophie de Descartes, qui ne croyait qu’aux « idées claires et distinctes », ainsi qu’aux réformes de Malherbe et de Vaugelas, qui s’appliquèrent à donner « des règles certaines à notre langue, à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ».  (…) Et de nos jours encore, ons e complaît à citer l’aphorisme que Rivarol énonça en 1784, lors de son discours devant l’Académie de Berlin: « Ce qui n’est pas clair n’est pas français ».

 

(…) Il n’ est pas du tout difficile d’opposer à Rivarol maints tours et expressions qui ne sont pas du tout clairs, et qui pourtant sont très français.

 

En français, l’épithète peut se tourner soit vers le sujet, soit vers l’objet. (…) On dit ainsi un récit palpitant, alors que seul celui qui l’écoute ou le lit est à même de palpiter … (…) On a aussi: des blessés graves, des accidentés légers, une place assise, la brigade criminelle (serait-elle composée d’assassins?), des soudeurs autogènes (c’est la soudure qui est autogène, et non le soudeur, qui ne s’est pas fait lui-même, si qualifié soit-il!).

 

Les pseudo-règles de la « concordance des temps » nous imposent de remplacer le futur par le conditionnel et le présent par l’imparfait (..).  Ainsi, on dira: « Pierre m’a fait savoir qu’il était d’accord » – comme si maintenant il n’était plus d’accord! ou « Je lui ai prouvé que j’étais honnête – comme si j’avis cessé depuis lors d’être honnête!

 

Les constructions ambiguës ne sont pas du tout rares en français.

Il a vu tuer son voisin: le voisin a-t-il tué ou a-t-il été tué?

Il a entendu gronder son frère pour protester: le frère grondait-il ou était-il grondé?

Quatre jeunes gens sous la menace d’un revolver s’emparent du tiroir-caisse.  Qui était sous la menace du revolver?

Ce qui fait acheter les femmes, pour ce qui pousse les femmes à acheter.

 

Pourquoi, lorsqu’un automobiliste en percute un second, celui-ci devient-il un tiers?  Pourquoi dit-on: « je vous verrai dans huit jours », alors qu’en réalité on en compte sept?  Et comment expliquer raisonnablement à quelqu’un qu’il est votre hôte quand il vous reçoit et qu’il le restera quand vous le recevrez?

 

2 Sens opposés

 

 

1 au moment où / du moment que (Hanse 1993)

 

2 manuscrit = …, texte original dactylographié (Hanse 1993)

 

3 myrtille : le fruit et la plante (Hanse 1993)

 

4 orchestre : partie d’une salle de théâtre près de la scène ou les spectateurs qui s’y trouvent ((Hanse 1993, 669)

 

5 “Sans doute” exprime un doute et veut dire “probablement”.

 

6 100 x autant = 100 x plus (En allemand, on dit: « hundertmal so viel ».)

 

7 apprendre : 2 sens contradictoires

 

8 ballon : grosse balle

cruchon : petite cruche

 

9 bonde = 1) trou, 2) ce qui bouche le trou

 

10 C’est quelqu’un ! (contradictoire)

 

11 Ce calcul s’avère faux.

 

12 défendre : 1) prendre la défense de, 2) interdire

 

13 des petits pois moyens

 

14 enceinte  < sans ceinture

encapuchonné < mettre dans un capuchon

 

15 for intérieur (jugement de la conscience)

for < foris : dehors !!

 

16 hôte : personne qui reçoit ou qui donne l’hospitalité

 

17 hydrofuge (qui éloigne l’eau); calorifuge (qui conserve la chaleur)

 

18 prendre l’ascenseur pour descendre

 

19 “Quelle différence entre ‘Ce gouvernement a fait long feu’ et ‘Ce gouvernement n’a pas fait long feu’? (Hella 1995b)

 

20 infatigable (in = non) ; ingambe (in = oui)

 

21 Je lui achète un livre. (En allemand, « ich kaufe ihm ein Buch. » (ihm = für ihn: pour lui); « ich kaufe ihm ein Buch ab. « (= für mich: pour moi))

 

22 Je soussigné au lieu de soussignant. c’est le texte (lettre, attestation, contrat, ..) qui est soussigné.

 

23 lavatory = lavabo: lieu d’aisance publique avec lavabo (Hanse 1993, 541)

 

24 lilas = fleur; l’arbuste qui la produit (Hans 1993, 551)

 

25 la ville où tu habites mais le jour où je t’ai vu

 

26 louer : 1) donner en location, 2) prendre en location

 

27 Maison à vendre!: vendez cette maison

 

28 matinée = séance de l’après-midi

 

29 ormeau: 1 jeune orme; 2 orme en général

 

 

30 pas plus tard qu’hier : = il n’y a pas longtemps ; donc on devrait dire pas plus tôt qu’hier.

 

 

31 phylloxera  (= « feuille + sèche ») : à la fois l’animal et … la maladie qu’il transmet 

 

 

32 sanctionner = 1) – ; 2) +

 

 

33 sans aucune …; sans rien …

 

 

34 sans doute : quand on dit sans argent, sans souci, il n’ y a pas d’argent, pas de souci. Mais quand on dit : Il viendra sans doute demain : on exprime un doute quant à la réalisation.

 

 

35 trombone : 1 instrument de musique ; 2 celui qui en joue

 

 

36 vous n’êtes pas sans savoir / ignorer

 

 

37 rien moins que = pas du tout

(et pourtant 🙂

Chateaubriand : « Pour affirmer une aussi douloureuse vérité, il ne fallait rien moins que le récit d’un témoin oculaire. » (Mémoires d’Outre-Tombe, III, I,1, 16,  éd. du Centenaire)

 

 

38 NE :

Y a-t-il rien de plus inquiétant ? (= quelque chose)

Ce n’est pas rien. (= quelque chose)

Ce n’est rien. (= c’est sans importance ; ce n’est nulle chose)

Il ne travaille pas pour rien.

Ce n’est pas pour rien. (Hanse 1983, 603)

 

 

39 Cela NE pose AUCUN problème.

 

 

40 Deux négations ne s’annulent jamais, in : VA 09/09/1990

 

En algèbre, deux signes néga­tifs s’annulent : il n’en va pas de même dans les langues naturel­les. Peut-être invoquera-t-on l’exemple du latin. Ce serait à tort, car dans la langue de Cicéron, deux négations successives ne s’annulent pas : elles valent une forte affirmation, ce qui est assez différent.

En français, elles ne se limi­tent pas à une seule valeur d’em­ploi. Elles peuvent en avoir de multiples et diverses qui, ïomme on le verra, ne varient jas toujours avec les types de construction dans lesquels elles s’utilisent. Avant d’aborder ceux-ci, peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que la notion négative s’exprime par un ad­verbe : ne… pas, non, ne (non explétif), etc., mais aussi par un verbe : nier, interdire, etc., un adjectif : impossible, improba­ble, etc., un pronom accompagné de ne : aucun, nul per­sonne, rien ou une préposition : sans.

 

Renforcement

 

Il arrive que, comme en latin, la double négation renforce une affirmation. C’est très générale­ment le cas dans les tours imper­sonnels où la principale est sui­vie d’une relative : « Il n’est aucune ville de France qu’il n’ait (ou n’ait pas) visitée » ainsi que dans les subordonnées introdui­tes par sans que ou que ne : « Rien ne se décide à la direction de cette entreprise sans que tout le personnel soit consulté ». « n ne se passe pas de jour qu’elle ne lui fasse un affront » (= « sans qu’elle lui… »).

Grâce à la double négation, l’idée se charge d’une tonalité affective qui rend renonciation plus vive et plus insistante. Pour nous en rendre mieux

compte, mettons ces exemples à une forme positive : « Il a visité toutes les villes de France » ; « A la direction de cette entreprise, tout se décide après consulta­tion du personnel » et « Elle lui a fait chaque jour un affront ». L’effet de style a disparu et la phrase a perdu son relief.

 

Atténuation

La double négation sert toute­fois moins souvent à renforcer l’expression qu’à l’atténuer. « J’ai vendu ma maison non sans regrets », « Il nest pas impossible que j’accepte votre mar­ché » et « Il est évident que cette nouvelle loi ne nous est pas défa­vorable » sont des façons adou­cies et discrètes de dire : « II est évident que cette nouvelle loi nous est favorable ».

Les exigences de la vie sociale nous empêchent souvent de li­vrer notre pensée de manière trop nette ou trop abrupte. C’est par politesse que nous usons du pompeux « Vous n’êtes pas sans savoir ». Dans notre for inté­rieur, nous pensons alors pres­que toujours « n n’est pas du tout certain que vous sachiez ce à quoi je vais faire allusion, mais, pour éviter que vous pas­siez pour un ignare, je vais faire comme si vous le saviez ».

Nous pouvons aussi être ame­nés à la démarche inverse : à at­ténuer non plus ce que notre propos a de défavorable, mais ce qu’il a de favorable. L’euphé­misme devient litote. Un seul exemple : « Sacha Guitry avait de son talent une idée qui n’était certes pas modeste, mais qui n’était pas injustifiée ». Pour­quoi qui n’était pas injustifiée au lieu d’un franc « qui était jus­tifiée » ? Parce que le contexte incline peu le locuteur à encen­ser plus qu’il ne faut un auteur dramatique qui s’est déjà telle­ment encensé lui-même.

La part d’éloge s’estompe en­core quand nous recourons à une interrogation oratoire impliquant une réponse affirma­tive : « Sacha Guitry avait de son talent une idée qui n’était pas modeste, mais n’était-elle pas justifiée ? » (= « Oui, il y a des. raisons d’admettre qu’elle était justifiée »).

 

Contresens

La double négation ne se ré­duit cependant point à un pro­cédé de style ayant pour objet de renforcer ou, le plus souvent, d’atténuer l’expression de la pensée, ne  serait, en effet, trop simple de croire qu’il suffit de la supprimer pour obtenir un énoncé sinon équivalent, du moins analogue. Si dans une langue imaginaire qui serait calquée sur le système algébrique, « Elle n’a pas dit non »’ équivaut à « Elle a dit oui », en français, ces six petits mots si­gnifiaient qu’elle n’a pas dit oui, mais qu’elle n’a pas non plus dit non et qu’il y a dès lors une pos­sibilité qu’elle dise oui demain.

En appliquant aveuglément le principe selon lequel deux « moins » égalent un « plus », on risque d’aboutir à des altéra­tions ineptes ou à de lourds con­tresens.

« E. est inadmissible qu’il soit passé devant vous sans vous sa­luer » ne peut se transformer qu’en « II est admissible qu’il soit passé devant vous en vous saluant », ce qui change forte­ment le contenu de la phrase et le rend, de plus, ridicule.

Le passage à la forme affirma­tive entraîne parfois de très net­tes modifications de sens. Si on remplace « H ne peut pas ne pas signer » par « H peut signer », ce qui était une obligation dans la phrase initiale se réduit à une simple possibilité, et si à « Il n’est pas exclu qu’il ne vous ré­ponde pas », on substitue « II est exclu qu’il vous réponde », les chances de recevoir une ré­ponse, qui existaient dans le premier énoncé, disparaissent entièrement dans le second.

Le comble est atteint avec cer­tains compléments et subordon­nées de conséquence. De « Elle n’est pas laide au point de ne pas espérer trouver un mari » on fera « Elle est laide au point d’es­pérer trouver un mari », ce qui est tout le contraire de ce que l’on veut dire !

On le voit, la double négation échappe à toute règle, à toute norme, et sa présence n’est jamais « innocente ».

 

André HELLA

 

 

3 Etymologie : dérivations farfelues

1 !!! zoo- < zôion : être vivant

             < animal

 

2 (pied) bot < germ. émoussé: moins tranchant, moins aigu (!)

 

3 _er : le verbe n’existe pas < comburere (brûler)

comburant

combustible

comburivore

 

4 abus < L abusus : utilisation

 

5 acrobate < grec qui marche sur la pointe des pieds

 

6 agricole ; viticole

limicole : qui habite les marécages

 

7-9 in : André Goosse, Pour l’amour du grec, LB, s.d

 

ex. : des créations hardies:

margarine < margaron: perle – à cause de la couleur

pyélite : inflammation du bassinet du rein < pyélos: baignoire

philatélie < atéléia: exemption d’impôts, parce que le timbre-poste dispense

 

10 anode < en haut + hoda : route

 

11 antipodes < dont les pieds sont à l’opposé des nôtres

 

12 apothicaire < grec apothêkê (réservoir)

 

13 aranéen : (t.méd.) se dit du pouls lorsqu’il est presque imperceptible < L aranea : araignée 

 

14 arsenic < L arsenicum < gr arsenikos (mâle) !

 

15 balance < L bis + lanx : 2 bassins

 

16 baleine – balénoptère (_ + nageoire)

                coléoptère   (_ + aile)

 

17-18 bercail < L berbex

De plus « bercail » n’a pas de pluriel. Tandis que « travail » donne « travaux », « chandail » donne « chandails » (?).

Notons que « chandail » vient de « marchand d’ ail ».

 

19 bléser = substituer, en parlant, une consonne faible à une consonne forte: zerbe pour gerbe < L blaesus : bègue !

 

20 obélisque < gr. obeliskos : broche à rôtir

 

21 bupreste < gr. qui gonfle les bœufs

 

22 cédille < ESP cedilla : petit ‘c’

 

23 chènevière = champ où croît le chanvre < chènevis : graine de chanvre

 

24 cuticole : qui vit SOUS la peau < peau + habiter

 

25 cynégétique < chien + conduire

 

26 damalisque (n.m.) < Gr. damalis : génisse

 

27 écologie < gr. oikos (maison)  (!)

écocide : destruction total d’un milieu naturel (!)

 

28 énerver < L enervare : couper les nerfs

 

29 épithélium : concerne toute la surface du corps < peau du mamelon< sur + mamelon

 

30 exacerber < L exacerbare: irriter: ‘exacerber la colère’

 

31 gallicisme – gaulois : façon de parler propre à la langue française !!!

 

32 géographie : étude de

démographie : propriété du

 

33 gluten < L gluten : colle

 

34 grammaire = art d’écrire des lettres

 

35 halobenthos = ensemble des organismes marins qui vivent sur le sol du fond des mers < mer + fond marin

 

36 hémorragie < gr. sang + briser

blennoragie < gr. mucus + inflammation

 

37 hippodrome < hippos : cheval + dromos : course !!!

vélodrome

ballodrome !

 

38 homélie < gr homilia : conversation 

 

39 hystérie < gr. hustera : utérus, matrice !!

40 impeccable : qui ne peut pécher

 

41 incunable < L incunabulum : berceau

 

42 jument < L jumentum (bête de somme) !!

 

43 médiocre < L mediocris : qui tient le milieu : = qui est en-dessous de la moyenne !!!

médiocratie < L medius + gr kratos : commandement : gouvernement exercé par la classe moyenne

 

44 mélo- < gr melos : membre puis chant cadencé

mélomane : personne qui aime la musique !!!

 

45 méno- – mois

ménopause

ménorragie : exagération quantitative des règles !!

 

46 météorologie < gr meteôra: choses élevées dans les airs

 

47 misanthrope < haïr + homme (genre humain)

misogyne < haïr + femme

… ? < haïr + homme (mais pas en tant que genre humain) 

 

48 dysménorrhée = menstruation DOULOUREUSE (?) < mois + couler

 

49 monoplégie : un seul membre paralysé

paraplégie : paralysie des deux membres inférieurs < contre + choc)

 

50 myope < gr muôps : qui cligne des yeux

myosis < gr muein : cligner des yeux : contraction permanente de la pupille de l’œil

 

51 nerf < L ligament

 

52 obtus = arrondi

angle _: plus grand qu’un angle droit

triangle _: dont un des angles est obtus

 

53 oncle > avunculaire (du latin avunculus : oncle)

tante > avunculaire (!)               

 

54 orchestre < L < orkhêstra : espace pour les danseurs < orkheistai : danser

 

55 palin- – de nouveau

palindrome < de nouveau + course !

 

56 paragraphe < gr. écrit à côté

 

57 pédéraste (enfant + raste < amoureux)

cf pédé : homosexuel, et pédérastie

 

58 période < chemin autour

59 philologue < gr. qui aime parler

 

60 plonger < Lpopulaire plumbium < plumbum : plomb !

 

61 pollen < L pollen (farine)

 

62 ration < L ratio : compte

 

63 rubrique < L rubrica : titre en rouge

 

64 sarcophage < gr. sarkophagos: qui mange de la chair

 

65 scaph(o)- = barque

scaphandre = barque + homme !!

scaphocéphale = barque + tête

 

66 ségétal < L seges, segetis : moisson

   = qui croît dans les champs de blé !!

 

67 sénestrochère < gauche + main mais il s’agit du bras gauche

 

68 sérodiagnostic : < sang

sérovaccination < sérum

 

69 abysse : fond océanique situé à plus de 2000 m de profondeur < abussos : sans fond !

 

70 subjonctif < bas layin subjunctivus : subordonné

 

71 suborner  < équiper  (sens !)

 

72 succinct < court vêtu (sens !)

 

73 suffixe : fixé SOUS

 

74 tachyphémie : trouble de l’émission du langage > rapidité

blasphème : parole impie

 

75 terricole : qui vit dans la terre

 

76 théorème < gr. objet d’étude

 

77 corollaire < petite couronne

 

78 transparent – diaphane < gr. diaphanês

mais : diaphane : qui laisse passer la lumière SANS ÊTRE TRANSPARENT

 

79 tréma < trêma : petit trou ( > en particulier : petit trou sur un dé) < trêsai : trouer   !!

 

80 échidné < gr. vipère ou hérisson, épine

 

81 viride = verdissant

viridité : état de ce qui est vert

 

82-84 / in : Jean Bouffartigue, Anne-Marie Delrieu, Les racines grecques, éd. Belin, 1976

 

(p.38) PANTO- :

Elle est plus rare que la précédente et ne donne de mots nou­veaux que dans les vocabulaires spécialisés. Dans les mots les plus courants, elle n’a pas un sens très clair.

PANTOGRAPHE, c.r. (+ graphein, écrire) désigne un instrument permettant de reproduire, réduire ou agrandir un dessin. Il a été fort mal baptisé : l’élément PANTO- ne le caractérise en aucune façon puisque le plus humble crayon suffit à tout dessiner. Quant au pantographe qui surmonte les motrices électriques, il n’écrit ni ne dessine, mais sa forme évoque celle de l’instrument en question.

PANTOMIME < pantomimos, artiste ou spectacle de mime (+ mimos, mime, de mimeisthai, imiter). Dans l’Antiquité, le mime est un genre théâtral comportant un texte ; la pantomime est purement gestuelle. Le sens de ces deux mots s’est donc déplacé. Mais, dès l’Antiquité, le sémantisme de PANTOMIME est sur­prenant car, loin d’être un mime total, la pantomime se trouve privée, par rapport au mime, de l’expression orale. C’est un des cas où l’étymologie pose plus de problèmes qu’elle n’en résout.

 

(p.40) MONOMÈRE < monomères, simple (+ monos, unique, voir p. 41) : un polymère est constitué des mêmes atonies qu’un monomère, mais chacun d’eux en nombre n fois plus grand. En revanche, deux ISOMÈRES «- isomères, ayant le même nombre de parties (+ isos, égal, voir infra) ont le même nombre d’atomes, mais dans un agencement différent. Tout l’art de l’industrie chi­mique consiste à inventer et à fabriquer POLYMÈRES et ISO­MÈRES. Nous lui devons en particulier les ÉLASTOMÈRES, caoutchoucs synthétiques désignés par un mot-valise réunissant ÉLASTIQUE (voir ce mot p. 219) et POLYMÈRE. En biologie, les mots en -MÈRE désignent certaines cellules, par exemple des BLASTOMÈRES (+ blastê, germe) qui sont les pre­mières cellules issues de la division de l’œuf. L’élément -MÈRE réfère aussi aux parties constituant les membres des insectes. On saura donc qu’un produit chimique est TRIMÈRE <-trimerês, triple, s’il a les mêmes atomes qu’un autre, en nombre trois fois plus grand, mais qu’un insecte TRIMÈRE a le bout des pattes articulé en trois parties !

 

(p.46) KILO- = mille < khilioi, mille.

Les fondateurs du système métrique ont infligé un véritable camouflet à la philologie en créant les préfixes HECTO- et KILO-. Rien ne justifie la disparition du a de hekaton, qu’on retrouve bien dans HECATOMBE < hekatombê, sacrifice de cent bœufs (hekaton + bous, bœuf) ; pour l’évolution du sens, voir HOLOCAUSTE, p. 38. De même au lieu de KILOMÈTRE, c’est *CHILIOMÈTRE qui s’imposait, à la rigueur *CHILOMÈTRE.

 

85-86 / in : Jean Bouffartigue, Anne-Marie Delrieu, Les racines grecques, éd. Belin, 1976

 

(p.47) Dans le nom du collectionneur d’étiquettes de fromages, le TYROSÉMIOPHILE, le début du mot a été recueilli dans le vocabulaire grec, qui a fourni turcs, fromage, et sêmeion, signe. Avec un nom aussi savant, une innocente manie devient un art respectable.

En est-il de même pour la COPOCLÉPHILIE ? Le mot, en tout cas, prouve que l’imagination linguistique est toujours au pou­voir. Les COPOCLÉPHILES, qui sont, comme chacun sait, des collectionneurs de porte-clés, peuvent rendre grâce à l’helléniste authentique qui a su retrouver le mot kôpê, poignée d’instrument, en particulier poignée ou anneau de dé, et qui a eu assez d’humour pour y adjoindre le mot français CLÉ, créant ainsi ce monstre sympathique au lieu d’un pédant *CLÉIDOCOPOPHILIE exigé par le conformisme philologique.

 

(p.52) ARCH-  /  -ARCHI-  /  -ARQUE = supériorité, pouvoir <-

arkhê, commandement.

En début de mot, l’élément ARCH- / ARCHI- indique le rang supérieur :

ARCHANGE <- lat. archangelus <- gr. arkhangelos, chef des anges (+ angelos, ange, voir p. 200).

ARCHEVÊQUE 4- arkhiepiskopos, évêque en chef (+ episkopos, éi’êquc, voir p. 203).

ARCHIDUC, c.r. (+ DUC) ; ARCHIPRÊTRE, c.r. (voir PRÊTRE, p. 204) etc.

Le français utilise ARCHI- comme préfixe pour marquer le superlatif :

ARCHIBANAL, ARCHICONNU, ARCHISEC. L’élément ARCHI-  a  perdu  sa  valeur propre  dans  ARCHI­TECTE «- lat. architectus «- gr. arkhitektôn, constructeur en chef (+ tektôn, charpentier).

Le cas d’ARCHIPEL est particulier. Il provient d’un mot Arkhi-pelagos (+ pelagos, mer) inconnu du grec ancien et forgé à Byzance au Moyen Âge. Son sens était alors : la Mer Principale, c’est-à-dire la mer Egée. En français, « l’Archipel » désigna d’abord la mer Egée. Or cette mer est parsemée d’îles, d’où l’expression « un archipel » pour évoquer une mer semée d’îles. Le mot est devenu un nom commun signifiant « groupe d’îles ».

Les mots en -ARCHIE indiquent des formes de gouvernement ; les mots en -ARQUE ceux qui les exercent.

 

87-89 / in : Jean Bouffartigue, Anne-Marie Delrieu, Les racines grecques, éd. Belin, 1976

 

(p.54) -TOP- / TOPO- = lieu <- topos, lieu.

En début de mot, TOPO- réfère à l’espace géographique. TOPOGRAPHIE «- topographia, description d’une région (+ gra-phein, écrire) ; d’où TOPOGRAPHIQUE. Cet adjectif (sous-entendu : croquis ? plan ? relevé ?) a été abrégé en TOPO qui, du sens de « plan », est passé à celui de « discours ».

(p.55) TOPONYME, c.r.  (+ -ONYME = nom, voir p.  174)  : nom propre de lieu.

En fin de mot, dans BIOTOPE, c.r. (+ bios, vie) : milieu bio­logique, -TOPE réfère à l’espace naturel ; dans ISOTOPE (voir p. 40], à la place dans la classification des éléments. UTOPIE, mot inventé par Thomas More en 1516 sous la forme latine utopia, a pour premier élément le mot grec ou, signifiant non. Après avoir désigné le pays de nulle part, il désigne aujourd’hui ce qu’on pourrait y faire…

 

(p.89-90) Enfin, lorsque le mot-source est un nom propre, le lien entre celui-ci et le nom chimique peut reposer sur un savant détail mythologique, ou même ne pas exister : la dénomination est alors purement arbitraire.

Si le nom du CADMIUM rappelle Cadmos, fondateur légendaire de Thèbes, c’est que ce métal a été découvert dans la CADMIE, minerai de zinc que les Grecs appelaient kadmeia parce qu’il était extrait près de Thèbes.

Si le TANTALE a reçu le nom du héros célèbre par son supplice, c’est parce que ce métal a la particularité de ne pouvoir être saturé par l’acide (le malheureux ne peut   étancher sa soif d’acide !).

Si le NIOBIUM porte le nom de Niobé, fille de Tantale, c’est qu’il est chimiquement proche du tantale.

Quand on découvrit un corps proche du TELLURE, dont le nom avait été tiré, pour d’obscures raisons, du latin tellus, telluris, terre, on lui donna le nom de la lune en le baptisant SÉLÉNIUM, d’après le grec selênê, lune.

L’URANIUM, le PLUTONIUM, le PALLADIUM ont reçu sans raison particulière le nom de planètes qui venaient d’être décou­vertes : Uranus, Pluton et Pallas, une des petites planètes de la ceinture d’astéroïdes. En grec, Ouranos est le nom du Ciel divi­nisé, Ploutôn est un des noms du Dieu des morts, et Pallas un des noms de la déesse Athéna. Le choix des personnages divins pour désigner ces planètes fut lui-même absolument arbitraire.

 

(p.101) -PLASIE / -PLASM- / -PLAST- = formes et activités cellu­laires <- plasis, modelage ; plasma, objet modelé ; plastos, modelé (plassein, modeler).

CHLOROPLASTE, c.r., où CHLORO- représente CHLORO­PHYLLE (voir p. 82) : grain de chlorophylle présent dans une cellule.

CYTOPLASME, c.r. (+ CYTO-, voir p. 95) : matière consti­tutive de la cellule.

HYPERPLASIE, c.r. (+ huper, à l’excès) : prolifération de cellules normales.

NÉOPLASME, c.r. (+ neos, nouveau) : prolifération de cellules anormales, tumeur.

PLASMOCYTE, c.r. (+ -CYTE, voir p. 95) : cellule anormale. Ce mot n’est nullement l’inverse de CYTOPLASME ; on voit ainsi avec quelle liberté les savants associent les éléments grecs pour construire leur vocabulaire.

 

90-91 / in : Jean Bouffartigue, Anne-Marie Delrieu, Les racines grecques, éd. Belin, 1976

 

(p.160) PROSTATE < prostates, qui désignait en grec un protecteur. Pour une raison peu claire, un médecin grec a choisi ce nom pour désigner la glande qui entoure l’urètre, au-dessous de la vessie.

 

(p.174-175) Le jeu   d’opposition   qui   se   manifeste   entre   les   éléments -GRAPHIE, -LOGIE et -NOMIE est irrégulier ; la nature et le sens de l’opposition varient d’un couple d’opposés à un autre. Entre   RADIOLOGIE   et  RADIOGRAPHIE,  c’est un   savoir (-LOGIE) qui s’oppose à une pratique (-GRAPHIE). Entre ETHNOLOGIE et ETHNOGRAPHIE, c’est une réflexion (-LOGIE) qui s’oppose à une description (-GRAPHIE). Entre GÉOLOGIE et GÉOGRAPHIE, c’est le sujet d’étude qui change, bien que l’élément qui le désigne (GÉO-) reste le même.

Dans le couple ASTRONOMIE / ASTROLOGIE, -NOMIE compose le nom d’une science, et -LOGIE celui d’une spécu­lation non scientifique.

Le rôle des deux éléments apparaît bien différent si l’on compare GASTRONOMIE à GASTRO-ENTÉROLOGIE. Cette fois, c’est le nom en -LOGIE qui désigne l’activité à caractère scienti­fique. La GASTRONOMIE ne saurait prétendre à ce caractère, même si le mot a perdu la valeur parodique de son modèle grec gastronomia. Ce nom, qui signifie Règles de la Gourmandise, fut choisi par le poète Archestrate au 4e siècle avant J.-C. comme titre d’un poème consacré au bien-manger. C’est une création humoristique associant le suffixe noble -nomia à l’évocation triviale du ventre (gastêr), considéré comme le lieu du plaisir gourmand.

Entre ÉCONOMIE et ÉCOLOGIE, c’est encore l’objet d’étude qui change. ECO- y exprime deux réalités différentes (la vie économique et l’habitat naturel), tandis que -NOMIE et -LOGIE y expriment le même type d’activité intellectuelle.

 

92 aérodynamique (qui utilise la force de l’air): un appareil _;

si on dit: une voiture _ (qui a les lignes fuyantes, bien profilées), il faut alors accepter un bateau hydrodynamique.

 

93 anglophilie gr philos ‘qui aime’ > qui aime les Anglais

pédophile : gr paidos : enfant > qui aime les enfants !!

 

94 astrolabe (au lieu d’‘astromètre’) < gr. lambanein : prendre

 

95 autoclave < gr autos + L clavis (clef): « qui se ferme (?) soi-même »

 

96 bathyscaphe < bathus : profond + scaphê: barque

 

97 bibliolâtre : 1 qui aime les livres à l’excès

2 qui s’attache trop servilement à la Bible

 

98 bipenne : qui a deux ailes < L penna : plume

 

99 bombyx < gr. bombux : ver à soie !

 

100 bradype < gr. bradus : lent, pous,podos : pied (et les bras !)

 

101 brassicole : relatif à la brasserie

ignicole : adorateur du feu

 

102 cacochyme : faible, languissant < gr. kakohumos : mauvaise humeur

 

103 caméral : relatif aux finances publiques < camera : chambre !!

 

104 catadrome : adj < kata (sur) + dromos (course) : se dit des poissons (anguille, …) qui vivent en rivière et fraient en mer

 

105 cime < L cyma : tige < gr kuma : tige   !!!

 

106 cocci-, cocco- – graine ou insecte !!!

coccidés – insecte

 

107 diabète < gr. diabêtês : qui traverse 

 

108 écrou < L scrofa : truie

 

109 élaph(o)- – cerf

élaphocère = elaphocera

élaphode = elaphodus

élaphre = elaphrus

elaphus = renne !!

 

110 équivoque < L: aequivocus: à double sens

 

111 étymologie = vrai – science . En néerlandais, on dit ‘woordafleidkunde’ (science de l’origine des mots)…

 

112 ferrugineux < L ferrugo, -inis : rouille du fer

 

113 for intérieur (jugement de la conscience) : for < foris : dehors !!

 

114 pédologie 1 étude des sols

2 étude des enfants

 

115 piscine < L piscis : poisson

 

116 réfractaire : qui résiste < L fractus < frangere : casser

 

117 syllabe : choses réunies

 

118 topiaire < L topiarius : jardinier

 

119 tôt < L tostum : chaudement !!!

 

4 Ignorance du latin-grec

Par conséquent des formations de mots absurdes et farfelues, à commencer par des linguistes, une connaissance forcément très limitée du vocabulaire français

1 adolescent < L adolescere : croître

 

2 agriculture : travail de l’‘ager’ (champ)

horticulture : travail de l’’hortis’ (jardin)

aviculture : travail de l’’avis’, oiseau ? Non, élevage des oiseaux.

cuniculiculture : élevage du lapin.

riziculture : travail ou élevage du riz ? Non, action de faire pousser le riz.

motoculture : travail ou élevage de la moto ? Non, travail à l’aide d’un moteur.

monoculture : travail ou élevage ou à l’aide du mono ou culture d’une seule plante ? Non, culture d’un seul genre de plante.

cuniculiculture (Ouf ! ) n’a rien à voir avec la terre, les plan­tes ou les moteurs, mais avec l’élevage du lapin !

sériciculture ( du latin sericum, soie ) n’est pas le labourage, …, le fait de faire pousser, de ne faire pousser que, de faire pousser à l’aide de, ni même d’élever la soie, mais l’élevage du ver à soie !

 

3 antébrachial = antibrachial

 

4 anthropoPHAGE : qui mange des hommes

PHAGédénique : qui ronge les chairs

œsoPHAGE : qui porte ce qu’on mange

 

5 Celui qui tue sa sœur est un fratricide.

 

6 cent > centimètre (– hectomètre)

mille > millimètre (– kilomètre)  < L mille (mille)

 

7 concentrique : devrait être remplacé par *circoncentrique !

 

8 économie domestique : ces deux mots ont une partie éco-, dom- signifiant ‘maison’.

 

9 édaphologie = pédologie – sol NB Quelle est l’utilité de fabriquer deux synonymes tirés à 100 % du grec ?

 

10 l’Antéchrist : on devrait dire l’Antichrist

car antidater (anti = contre)

antéchrist (anté = avant !)

 

11 ophiologie = -graphie mais géologie ≠ -graphie

 

12 patrie < L pater (père) et nous avons : mère-patrie

 

13 père ou mère – parricide pour chacun d’eux

 

14 schizophrène : crâne – fendu

 

 

Conséquences: des fautes

Marcel Grégoire, L’irresponsabilité à l’œuvre, LB 29/09/1963

 

… D’une part, la grève fut déclenchée au mépris de tous les engagements et de tous les usages, c’est-à-dire sans préavis préalable (…)

 

Pékin Express – 24/09/2008

 

« Il n’y a pas 2 alternatives mais 3. »

 

18/03/2003 : un bon étudiant de 5e G ne comprend pas le terme « excavation »…

 

06/2005 – RTB – jeu « 60 secondes »

 

Un professeur participant au jeu ne comprend pas la question :

« Quelle est la province la plus méridionale de Belgique ? »

Il répond : la Flandre orientale.

 

5 Dérivations farfelues 

1 poursuiveur (t. de chasse) – poursuiteur (t. de cyclisme)

 

2 allusion – pas de verbe

illusion  – le verbe illusionner

 

3-4 / André Hella, Des belgicismes fort défendables, AL 12/07/1989

 

« La censure du centralisme parisien est assez loin de se justifier toujours, Les Français disaient encore septante et nonante au XVIIIe siècle : pourquoi leur ont-ils substitué soixante-dix et quatre-vingt-dix, alors qu’ils admettent sep­tuagénaire et nonagénaire ?  Pourquoi, en France, un écolier ou un étudiant re­double-t-il sa classe ou son année, alors que chez nous, comme en Suisse, beaucoup plus logiquement, il la dou­ble ? Ici le préfixe re- est -inutile et même source d’équivoque.

 

5 animal : peut être un nom ou un adjectif

 

6 bracelet < petit bras 

 

7 dé- : détacher : enlever une tache ; décapiter : enlever (!) la tête

 

8 dédoubler des rangs : en faire un avec deux

dédoubler une classe : en faire deux avec une

 

9 DEménager – anglais to (re)move ; NL verhuizen

 

10 denticulé : très petite dent  (et ‘petite dent’= ?)

 

11 énaser (s’) : donner violemment du nez

 

12 enceinte  < sans ceinture

encapuchonner < mettre dans un capuchon

 

13 locataire = qui loue

contestataire = qui conteste

indemnitaire = qui EST indemnisé

 

14 PHOBIE :

phobophobie : peur d’avoir peur

aérophobie

pathophobie

mysophobie : _ de la saleté

syphiliphobie

phtisio- : _ de la tuberculose

hydro-

nycto- : _ de l’obscurité

thalasso- : _ de l’océan

bronto- : _ de l’orage

erythro- : _ de rougir

sito- : _ des aliments

zoo-

ailuro- : _ des chats

claustro-

climaco- : _ des escaliers

acro- :_ des hauteurs

anthropo-

aichmo- : _ des instruments tranchants

micro- !!! : _ des microbes

hypengyo- : _ des responsabilités

astro- !!: _ des tempêtes et des éclairs

panto- : _ de tout

géphyro- : peur de traverser

hémotophobie : peur du sang

 

15 plumer et déplumer signifient la même action.

16 pot –ier = qui fait

bijou –t-ier : qui vend

 

17 tablier < qui recouvre la table

 

18 Un « dictionnaire » est-il fait pour apprendre la « diction » ?

 

19 Depuis quand un « cordonnier » fabrique-t-il et vend-il des « cordons »?

 

 

6 Masculin et / ou féminin

 

Un mot est masculin mais féminin dans un mot composé, ou l’inverse.

De nombreuses hésitations quant à l’utilisation au féminin ou au masculin d’un mot dérivé du latin ou du grec ou non

1 vingt et un(e) mille tonnes (Hanse 1983, 585)

 

2 Noms propres de villes. Aucune difficulté s’ils contiennent un article . Le Caire est masculin. La Rochelle est féminin. En dehors de cela, il n’y a pas de règle ; parfois le même auteur se contredit dans un même article. Une terminaison masculine peut favoriser le masculin ; un e muet dans la syllabe finale peut favoriser le féminin ; mais les exceptions sont nombreuses. et le masculin semble prévaloir.

On trouve sous d’excellentes plumes Rome est bâtie ou Rome est bâti.

L von est occupé ou Lyon est occupée. On dit toujours : le Bruxelles de l830. comme on dit le vieux Bruxelles, le grand Bruxelles, comme le grand Paris, bien qu’on trouve parfois au féminin des adjectifs ou des participes se rapportant à Paris. C’est qu’on sous-entend : la ville.

S’il est question de clubs sportifs. on emploie le masculin : Nice a été battu.

Si l’on désigne non pas le lieu géographique, mais le groupe humain qui y réside, il est normal de préférer le masculin. Cela se produit notamment avec tout . Tout Genève s’intéresse au débat. Le Tout-Paris. (Hanse 1983)

 

3 enzyme, n.. est féminin d’après l’Académie mais s’emploie fréquemment

au masculin. Des enzymes gloutonnes. (Hanse 1983)

 

4 météorite (m. ou f.) (Hanse 1983)

 

5 phalène (f. ou masc.) (Hanse 1983)

6 philosophe : m. & f.

 

7-16 préfète. D’où l’hésitation à donner ce nom à la femme qui exerce la fonction d’ambassadeur. En Belgique. il faut dire : Madame la Préfète (d’un lycée).

 Quant aux titres universitaires reconnus par la loi, licencié, docteur,

 agrégé, etc., ils le sont actuellement sous la forme masculine ou neutralisée. Une dame est donc promue licencié, c’est le titre officiel, mais elle peut fort bien écrire qu’elle est licenciée en droit. Le féminin de maître-assistant est maître-assistante.

Notons qu’une femme est nommée chevalier ou officier ou commandeur de tel ordre, Et enfin que, si l’on dit fort bien : Maître Louise Dupont est une excellente avocate ou est un excellent avocat. On dira : Maître Louise Dupont est inscrite au barreau de Bruxelles. Et l’on devra dire qu’elle est un des meilleurs avocats de sa génération si la comparaison porte sur les hommes comme sur les femmes. (Hanse 1983)

 

acteuse (péjor.)

 

17 aéronef (masc.) et une nef (fém.)

 

18 affin = -e

 

19 alevinier = -ière

 

20 ALPHABET: un ‘s’ ou une’s’

 

21 alvéole n.m. ou f.

 

22 anagramme fém.

 

23 aplatissoir(e)

 

24 assemblé = -ée

 

25 avaloir = -e

 

26 baston: m. ou f.

 

27 bavaroise = -rois

 

28 boungainvillée (F): bougainvillier

 

29 buratin = buratine

 

30 carpier (m) = carpière (f) : bassin avec des carpes

 

31 carrelet (m) = carrelette (f) (sorte de lime)

 

citrin = ? citrine   

 

32 costaud > fém. -de ou … costaud

 

33 dail (m) = daille (f)

 

34 dénivelé (m) = -ée (f)

 

35 drayoire (f.) = -oir (m.)

 

36 écang (m) = écangue (f)

 

37 écang = -cangue

 

38 éclaircisseur (m)  = éclaircisseuse (f)

 

39 écrémoir (m) = écrémoire (f)

 

40 égrisé (m) = égrisée (f)

 

41 engravé (m.) = engravée (f)

 

42 épissoir (m) = épissoire (f)

 

43 escape (f) = escap (m)

 

44 estamet (m) = estamette (f)

 

45 étant donné(e) sa stupidité

 

46 fenouillet (m) = fenouillette (f)

 

47 Jacques Franck, Et on devrait les appeler … matelotes ?, LB 26/02/1994

 

Aujourd’hui, la Communauté française de Belgique (grande comme trois départements français !) a décidé toute seule de féminiser des noms de métier,,fonction, grade,ou titre.  Pour la plupart de ces noms, c’était fait depuis belle lurette : de « diaconnesse » à « directrice », de « culottière » à « stripteaseuse », on avait -si j’ose dire tout ce qu’il faut.  A côté de cela, bien des mots sont considérés comme des invariables sexuels : « dactylo », « détective », « musicologue », « notaire » ou « funambule », par exemple, ont cette chance.  En revanche, à quoi rime le féminin « matelote », « cafetière », « sapeuse », « cuistote », « agente de change », « pompière » (quelle horreur !) « À ambassadrice » (quelle complication, puisque le mot était réservé jusqu’ici à l’épouse d’un ambassadeur)?

Apparemment, nous avons échappé au pire: au féminin d’athlète, par exemple, ou de mannequin, ou de clown.

Avec gravité, le législateur a même conclu que le féminin d’un homme-grenouille était… une femme-grenouille, ce qui sera plus facile à retenir par les analphabètes que les noms du mari des oies ou de la femme des lièvres. On lui trouve par contre des timidités; alors que notre Académie, sans égard pour son Secrétaire perpétuel, a entériné l’affreux féminin « retordeuse », elle a reculé devant « professeuse », allez savoir pourquoi !

– Bref, beaucoup d’arbitraire subsiste.  Comme toujours, lorsqu’on se mêle de réglementer.  En outre, notre pays s’est offert le ridicule de n’en faire qu’à sa tête.  La francophonie fait courir des Belges aux Antilles ou à l’île Maurice, mais ils ne sont pas fichus d’accorder leurs violons avec Paris ou Dakar.

 

48 furfure (f) = furfur (m)

 

49-58 genre non fixé :

les lettres de l’alphabet

après-midi

automne

bodéga

chromo

entrecôte

palabre

steppe

perce-neige

 

59 glycin (m) = glycine (f)

 

60-62 / André Goosse / Le BON USAGE, conférence donnée à Bellefontaine, le 15/12/2007

 

« S’il faut mettre 2 ‘r’ à chariot, c’est la cata en France. Mais mettre un -e à professeur au féminin ne pose pas de problème.

Aucune logique.

cf aussi :

Hélène Carrère d’Encausse (secrétaire perpétuel …)

Elle est un grand poète.

Ma mère a été le témoin d’un accident dont mon père a été la victime.

 

63-67 /André Hella, Noms dont le genre est hésitant ou ignoré – ENTRE et ses composés, VA 18/10/1976

 

Nous sommes sûrs que bien des gens ignorent qu’acné, bodega, ébène, éphémérides, glaire, immondices, oriflamme, ténèbres et vicomté sont féminins, que par contre antidote, antre, apanage, asphalte, astérisque, augure, auspice, chrysanthème, décombres, élytre, esclandre, haltère, héliotrope, intervalle, mânes, obélisque, pétale, planisphère, poulpe, sévices et tubercule sont masculins.

Ce qui complique la question, c’est qu’il est des noms au genre fort hésitant ou dont.la forme féminine est variable.

Si « amatrice » est rejeté, ambassadrice est en train de s’imposer nettement, au propre comme au figuré.

Des noms s’accommodent des deux genres, ainsi : avant-guerre, après-guerre, entre-deux-guerres, après-midi, phalène, souillon et relâche.

C’est le masculin toutefois qui sera préféré pour : alvéole, chromo (abréviation de chromotithographie !), disparate, effluve, (…), minuit, pamplemousse, sandwich, thermos et les noms désignant des lettres (un a, un s).

C’est le féminin qui l’emporta pour: ammoniaque (sauf pour le gaz ammoniac), entrecôte, enzyme, interview, palabre, perce-neige et steppe.

Hôte s’applique aussi bien à celui qui est reçu qu’à celui qui reçoit.  Cette équivoque disparait au féminin, hôte étant la dame qui est reçue et hôtesse celle qui reçoit.

Les noms de villes sont ceux dont le genre est le plus indécis. C’est affaire non seulement d’usage mais aussi de goût personnel.  Invraisemblablement, on peut dire : – Brest a été presque entièrement détruit, ou détruite .

Une seule règle sûre: précédé de tout, le nom de ville est masculin : – Tout Liège était là ., – Tout Bruxelles a été transformé.

Enfin, existe le cas très controversé de la féminisation de nombreux noms de métier.  Les femmes accèdent aujourd’hui à un éventail toujours plus large de professions.  Ce phénomène sociologique, d’ailleurs important, doit-il avoir un retentissement lexical ?

Apparemment non.  Il est remarquable de constater qu’il n’existe en fait de forme féminine que pour les métiers que les femmes exerçaient avant leur émancipation ». On continue à dire: pharmacienne, coiffeuse, institutrice, couturière, infirmière, régente, etc., mais – doctoresse » est de plus en plus abandonné et le nom masculin, avec son article également masculin bien sûr, est employé ailleurs : – Madame le Docteur -, – Madame le Député. Elle est ingénieur commercial « Ma femme est un excellent professeur », etc.

C’est sans doute pour ces dames une façon très grammaticale de nous faire entendre leur revendication égalitaire …

Il est par ailleurs des noms qui n’ont point de correspondant féminin : agent,

agitateur, assassin, athlète, censeur, charlatan, chevaliers disciple, écrivain, filou, forçat, (…), grogneur, lauréat, magistrat, etc.  Il faut veiller évidemment à s’éviter le ridicule d’employer un vocable malsonnant et qui n’existe pas, sauf quand il s’agit de créer un effet ironique.  La solution est alors très simple : il suffit de faire précéder ces noms du mot femme ou jeune fille: – Une femme diplomate », – Une femme magistrat -, etc.  Le contexte, permet souvent de ne pas recourir à une telle construction, toujours un peu lourde : « Ma tante était un vrai tyran domestique -, – A vingt ans, cette jeune fille était déjà possesseur, d’une énorme fortune -, – Ma femme est partisan de ce système d’éducation.

 

 

68 hièble (m ou f)

 

69 hydrant = _e

 

70 igname : m ou f

 

71 jabloir (m) = jabloire (f)

 

72 jabloir = -e = jablière

 

73 jaquelin(e)

 

74 une contrebasse = un contrebassiste = un bassiste (Hanse 1983)

 

75 langoustier (m) = langoustière (f)

 

76 Les vieilles gens sont soupçonneux.

 

77 linotte (f) = linot (m)

 

78 lobivanelle = lobivanneau

 

79 lupulin(e)

 

80 melliflu = -ue

 

81 Jacques Mercier, Une anagramme, LB 01/08/2003

 

Mais un kilogramme, un gramme.

 

82 millas (m) = millasse (f) = milliasse < millet

 

83 muret = -ette = muretin

 

84 némoure (f) = nemuru (m)

 

85 néottie (f) = neottia (m)

 

86 nitelle (f) = nitella (m)

 

87 nonnée (f) = nonnea (m)

 

88 obvers  = -erse

 

89 odontite (f) = odontites /-tès/ (m)

 

90 oseillaire (f) = oseillaria (m)

 

91 padou (m) = padoue (f)

 

92 paramylon (m) = paramylone (f)

 

93 parnassie (f) = parnassia (m)

 

94 pelleteur (m) = pelleteuse (f)

 

95 peplis (m) = péplide (f)

 

96 photocopieur = -ieuse

 

97 pilosella (m) = piloselle (f)

 

98 pinguicule (f) = pinguicula (m)

 

99 pipérin(e)

 

100 pirole (f) = pirola (m)

 

101 pollinose (f) = pollinosis (m)

 

102 potentille (f) = potentilla (m)

 

103 quercitin(e)

 

104 quintuplets (m) = quintuplettes (f)

 

105 ratissoir (m) = ratissoire (f)

 

106 relax = -xe

 

106 renaud (m) = renaude (f) (= chicane)

 

107 roncier (m) = roncière (f)

 

108 rubdeckie (f) = rubdeckia (m)

 

109 salicorne (f) = salicornia (m)

 

110 sanicle (f) = sanicula (m)

 

111 saponaire (f) = saponaria (m)

 

112 sarclette = sarclet

 

113 scabieuse (f) = scabiosa (m)

 

114 scille (f) = scilla (m)

 

115 scribain (m) = scribanne (f)

 

116 sétaire (f) = setaria (m)

 

117 shampouineur = -euse

 

118 soldanelle (f) = soldanella (m)

 

119 sphinx (m) > sphinge (f)

 

120 stellaire (f) = stellaria (m)  (– stellaire)

 

121 tanagra : m. ou f.

 

122 vicomté : f. mais comté : masc., duché : masc.

 

123 taud(e)

 

124 teesdalie (f) = teesdalea (m)

 

125 télekie (f) = telekia (m)

 

126 téniopygie (f) = tæniopygia (m)

 

127 trafusoir (m) = trafusoire (f)

 

128 tralia (m) = tralie (f)

 

129 transformé (n.m.) = -ée (n.f.)

 

130 trincadoure (f) = trincadour (m)

 

131 un alvéole = une alvéole

 

Un dictionnaire suisse féminin-masculin des professions, LB 06/12/1990

 

uniquement valable dans les cantons du Jura et de Genève.

 

132 un peau-rouge

 

133 un(e) perce-neige

 

134 vaccaire (f) = vaccaria (m)

 

135 vaillanterie (f) = vaillantia (m)

 

136 vallisnérie (f) = vallisneria (m)

 

137 varino (m) = varina (f)

 

138 vauchérie (f) = vaucheria (m)

 

139 ventail (m) = ventaille (f)

 

140 ville : f.

bidonville : m.

 

141 virginale (f) = virginal (m)

 

142 vitrine (f) = vitrina (m)

 

 

7 Singulier ou pluriel

 

1 le cabinet = les cabinets (= les toilettes) (Hanse 1983, 190)

2 un caleçon = des caleçons (Hanse 1983, 190)

3 un pantalon = des pantalons (culotte = des culottes) (Hanse 1983, 190)

4 antimite(s)

5 chèvre-pied = chèvre-pieds (adj., n.m.) : qui a des pieds de chèvre

6 démêlure (sg.) = -ures (pl.)

7 des fenêtres grand(es) ouvertes

8 la canicule = les _s

9 La foule des badauds furent coupés en deux par la caravane.

10 math = maths : n.f.pl. ( !)

11 nénie (sg) = nénies (pl)

12 sept-œil = lamproie

13 son lorgnon = ses lorgnons

14 tarot(s) sg = pl

15 tenaille (sg) = tenailles (pl)

16 André Hella, Autour des deux ‘ou’, VA 13/05/1992

 

Quand il est conjonction, ou peut avoir deux valeurs d’emploi selon qu’il est, comme disent les grammairiens, exclusif ou inclusif.  Il est exclusif lorsqu’il joint deux termes incompatibles et qu’il pose en somme une alternative : « Il aura à se soumettre ou à se démettre. » Dans le cas contraire il est inclusif.  Les deux termes cessent alors de désigner des éventualités inconciliables, comme dans « Nos actes sont commandés par la passion ou l’intérêt », la passion et l’intérêt ne s’excluant en aucune manière.

 

Différences orthographiques

 

Cette différence de sens entraînera forcément des différences d’orthographe.  Elle influera sur la syntaxe d’accord, plus précisément sur l’accord de l’adjectif se rapportant à, plusieurs noms et du verbe comptant plusieurs sujets.

Très logiquement, c’est le singulier qui l’emportera si ou est exclusif ; le pluriel, s’il est inclusif.  Ma double expérience d’enseignant et de chroniqueur langagier m’a depuis longtemps révélé que cette distinction n’était pas toujours bien perçue, loin de là. Ainsi, je ne suis pas du tout assuré dans les exemples suivants, tout le monde mettrait l’adjectif ou le verbe au pluriel : « Ces indigènes mangent de la viande ou du poisson crus » ; – « Il a un pied ou un bras fracturés » ; – «  Le vice et la misère ont fait commettre bien des crimes » ; «  Jean ou Philippe me rendraient sûrement ce service» ; – «  Leur malchance ou leur maladresse leur ont fait perdre ce match »; – «  Le bourgmestre ou l’échevin des Travaux seront sûrement présents à la cérémonie. » 

Cette tendance à attribuer d’emblée à ou une valeur exclusive ne s’observe pas seulement dans une mauvaise application de la syntaxe d’accord.  Elle apparaît aussi dans l’interprétation que nous donnons à de nombreux énoncés de la langue courante.  Un bel exemple nous est offert par une phrase du Mariage de Figaro.  Le personnage principal de cette pièce de Beaumarchais a signé une reconnaissance de dette à Marceline, une femme de charge qui est très amoureuse de lui.  Par suite d’une tache d’encre, le texte peut se lire de deux façons, soit : et laquelle somme je lui rendrai dans ce château, et l’épouserai », soit: « laquelle somme je lui rendrai, ou l’épouserai. »

Figaro est convaincu qu’il a le choix entre deux éventualités incompatibles : rembourser ou épouser.  Le ton et le rythme de la scène où il nous dit son inquiétude ne laisse subsister aucun doute à ce sujet.

Pourtant – et Beaumarchais lui-même en serait sans doute surpris ! – si on lit attentivement la phrase litigieuse, en se rapportant aux données de la pièce, on constate que ce ou n’a rien d’exclusif.  Figaro est en effet libre à la fois de rembourser et d’épouser Marceline, qui ne demanderait pas mieux.

Cette confusion entre vraies et fausses alternatives est plus fréquente qu’on ne croit.  Lorsque vous dites : « J’espère que, pour me remercier, il m’invitera à dîner ou me fera un cadeau », vous êtes sûrement enclin à ne retenir qu’une éventualité alors que les deux peuvent se réaliser. Tout dépend des circonstances, plus spécialement des marques de générosité dont peut être capable la personne dont vous attendez des marques de reconnaissance.

 

 

8 Verbe réfléchi = verbe non réfléchi

1 une étoffe p(e)luche (= quand elle se couvre de poils) = se p(e)luche (JH 1983)

2 cal(e)ter = se caleter (JD)

3 achopper = s’achopper

4 arrérager = s’arrérager

5 assouver = s’assouver

6 défroquer = se défroquer

7 desquamer = se desquamer

8 Le sang (se) coagule. (JH 1983)

9 paniquer = se paniquer

10 percher = se percher

11 radiner = se radiner

9 Accord

 

1 in : Joseph Hanse, Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, 1983

 

Noms

Accord du premier terme.

 

S’il est variable dans cet emploi, dans les expressions du type une canaille d’usurier. On dit : Ce chien de métier.

Cette chienne de vie. Ce fripon de Pierre. Cette coquine de petite fille. Ce

 petit chameau de Léonie. Une drôle de femme. Cette diable de femme (Ac.)

ou cette diablesse de femme. Cette espèce de poignard. Sa fripouille de

neveu. Cette canaille de trésorier.

 

Autres accords: Le premier et le deuxième acte; mais on écrit aussi : le premier et le deuxième actes. De même, on écrit : en première, deuxième, troisième page du journal Mais on trouve : Dans le reste du journal en première, deuxième, troisième pages (J. Romains, Le 5 octobre, Poche, p. 149).

 

Noms de provinces. Une discussion a surgi en Belgique à propos de l’emploi de de ou du devant les noms des provinces belges. On dit : le Hainaut, le Luxembourg, le Brabant. La tradition est en faveur de la province de Hainaut, de Luxembourg, de Brabant, bien qu’on entende du comme dans la région du Finistère. On dit au Canada : le Québec, la province de Québec, mais Québec est aussi le nom de la ville ; on dit de même : la province de Namur, la province d’Anvers. En Suisse, le canton du Jura, du Valais. mais de Vaud On dit aussi : la province de Flandre orientale. De préférence à la province de la Flandre orientale.

 

Noms de rues, de places. etc. On ne met pas de devant les noms propres de personnes : rue Victor Hugo ou Victor-Hugo (l’usage officiel français ou du moins parisien est de mettre un trait d’union entre les éléments composants : rue du Vingt-Neuf-Juillet, rue du Bois-Le-Vent, mais : rue La Boétie). On met de devant les noms de pays ou de lieux (place d’Italie. rue de Rivoli, boulevard de Magenta), sauf devant Montmartre. On met de devant les titres précédant le nom propre, sauf devant Saint, Avenue du Président Kennedy, avenue du Général Leclerc, rue Saint-Honoré, place Saint-Augustin. L’usage oral et parfois l’usage écrit mettent facilement ce de dans les noms de rues. On met du devant les noms communs : rue du Pont d’Avroy.

Notons qu’on supprime le de nobiliaire si on n’emploie pas le prénom ou un titre : rue La Bruyère. rue La Fayette, rue La Rochefoucauld On dit cependant : rue de Condé, rue de Richelieu.

 

André Goosse / BON USAGE – 15/12/2007 – Bellefontaine (conférence)

 

Ils se sont imaginé (+ COD) (< Pascal au 17e siècle : mettait –s)

ABSURDE : être = avoir

 

Ils se sont aperçus. &  Ils se sont ri !!!

3 in : L’orthographe, PUF, p.101

 

9)  Concordance ou correspondance des temps. — On accep­tera : il faudrait qu’il vienne (ou qu’il vînt).

 

4 avant que + subj.

après que + indicatif

“L’aurore paraît toujours AVANT QUE le soleil soit levé.”

 

5 Cet orgue est une des plus belles que j’ai entendues.

 

6

André Hella, Autour du SI conditionnel, VA 14/03/1990

 

« Après le si conditionnel jamais le conditionnel ! » c’est ce que les instituteurs ne se lassent de répéter aux petits Wallons pour leur éviter un lourd solécisme, qui d’ailleurs n’est point exclusif au parler belge.

Cette formule de mise en garde est sans nul doute d’une grande efficacité pédagogique, mais elle n’est point pour autant d’une parfaite exactitude.

Une fausse dénomination. Il est en effet des cas, assez rares il est vrai, où le mode conditionnel suit le si conditionnel.

Il en est ainsi quand l’énoncé hypothétique dépend en fait d’un verbe intermédiaire, sous-jacent à la pensée et ayant le sens de « s’il s’avère que… », « s’il paraît bien que… », « s’il est permis de croire que… ), etc.  On trouve chez Mérimée : «Je veux être foudroyé si elle n’irait pas remettre une lettre d’amour à la reine si je l’emportais » « Je veux être foudroyé s’il s’avère qu’elle n’irait pas… », et chez André Maurois : « Si jamais batailles auraient dû être gagnées, ce sont celles-là » (= « S’il paraît bien que jamais batailles auraient dû être gagnées… »).

 

Si ce tour n’est plus aussi fréquent qu’à l’époque du français classique, il n’en reste pas moins conforme au meilleur des usages.

 

Par ailleurs lorsque l’hypothèse porte sur un fait passé et donc forcément irréel, il est assez habituel à la langue littéraire de mettre dans la principale et la subordonnée, ou dans l’une d ces propositions, ce que les grammairiens ont coutume d’appeler « le conditionne passé seconde forme » « S’il l’eût pu, il se fût opposé à ce projet » ou « S’il eût pu, il se serait opposé ce projet » ou encore : « S’il avait pu, il se fût opposé ce projet ».

 

Mais cette dénomination de « conditionnel passé seconde forme » se justifient elle ? Non, car cette forme est celle du subjonctif plus que-parfait, donc d’un autre mode et qui, dès lors, indique un sens différent.  Quand je dis : « S’il l’avait pu, il se serait opposé à projet »; je me place au moment où cette hypothèse était encore envisageable et j’imagine un passé où le sujet de l’énoncé s’est opposé au projet.  En revanche, quand je dis : « S’il l’eût pu, il se fût opposé à ce projet ». 

 

Je considère l’hypothèse par rapport au moment où je parle, ce qui la rend beaucoup plus lointaine et affirme davantage son caractère irréel.

 

Nous avons bel et bien affaire à un subjonctif exerçant sa fonction essentielle, qui est d’atténuer la réalité d’un fait ou la véracité d’une idée plus et autrement que ne peut le faire le conditionnel.  Celui-ci est en fait un temps de l’indicatif : le « futur hypothétique », comme l’a appelé le grand linguiste Gustave Guillaume.

 

Voilà un emploi où le subjonctif se rencontre dans une principale.  Il y en a un second, donc pas de troisième, c’est celui où ce mode supplée, l’impératif à la troisième personne: « Qu’il ne vienne surtout pas soutenir que je ne l’ai pas vu ».

 

« Si c’était moi qui déciderais » ?

Passons à un autre cas, celui du mode à, utiliser après le relatif contenu dans la construction de mise en relief « si c’était… qui » ou « que ». Par analogie avec était, l’indicatif imparfait (ou plus-que-parfait) s’impose le plus souvent: « Si c’était moi qui décidais » ou « avais décidé ),.  Le subjonctif serait plus logique, mais c’est au subjonctif imparfait (ou plus-que-parfait) qu’il faudrait alors, un temps qui, n’est guère pratique que par les écrivains : « Ah ! si c’était le coeur. qui fît l’homme » (Jouhandeau).

Il est naturel que l’on se rabatte sur le conditionnel puisqu’il s’agit d’énoncer un fait qui est non pas réel, mais-éventuel.  Aussi est-il courant d’entendre le conditionnel ap rès le relatif : « Si c’était moi qui déciderais ,. On le trouve même chez de bons auteurs : « Si ce n’était pas nous qui en profiterons, ce serait d’autres » (Péguy).

Qu’en conclure ? Je suis contraint à cette réponse de Normand : si, dans cette tournure, le conditionnel n’est pas à conseiller, il n’est pas non plus à rejeter sans appel. et a peut-être même l’avenir pour lui…

 

Dernier cas qui me parait mériter l’attention : celui de deux conditionnelles coordonnées par et, par mais ou par ou.  Plutôt que de répéter si, nous préférons souvent assouplir la phrase en introduisant la seconde proposition par que : « Si tu dois partir et qu’il y ait du verglas… » – « Si vous étiez d’accord, mais que votre mari ne le fût pas… »  «  Si tu te sens trop fatigué ou que, tu n’aies pas envie d’assister à ce spectacle… ».

 

Rien de plus normal que ces subjonctifs qui auront peut-être surpris quelques lecteurs, car par définition, une hypothèse se situe hors du réel.  D’ailleurs, à part si (qui régit l’indicatif pour des raisons complexes que j’exposerai une autre fois), les conjonctions conditionnelles sont très généralement des locutions comportant un que nécessairement accompagné du subjonctif: a supposer que, à -moins que, à condition que.. pourvu que.

 

Il est néanmoins devenu de plus en plus commun de mettre l’indicatif après que lorsque cette conjonction supplée si : « S’il faisait froid et que la bonne montait lui allumer du feu. » (Proust) – « Comme si la vie leur était une prison et que tout à coup quelqu’un leur désignait une issue » (Maurim).

 

Cette tendance va s’amplifiant.  Ce qui n’a rien de surprenant, le champ du subjonctif ne cessant de se réduire comme une peau de chagrin.

 

7

in : Joseph Hanse, Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne (1983)

 

 

III Le verbe est suivi d’un des sujets ou de tous les sujets (de la 3e personne).

 

Pour les sujets de personnes différentes (cf p. 978).

 

a) Si un seul sujet précède le verbe, il détermine l’accord : La justice l’exige, et la charité.

b) Si tous les sujets suivent le verbe. celui-ci est généralement au pluriel : À quoi ont servi cette prudence, ce retard ?

 

Les Le Bidois (II. p. 17) ont noté que le verbe, pour diverses raisons, reste « souvent  » ou  » assez souvent  » au singulier. Disons plutôt que des raisons de parenté sémantique ou de vision globale ou de mise en évidence du premier sujet ou des raisons de style peuvent, même s’il y a coordination, amener l’accord, qui reste exceptionnel d’ avec le premier sujet.

Les Le Bidois citent : Demain viendra l’orage, et le soir, et la nuit (V. Hugo. Les feuilles d’automne. XXXV, 6). Ils croient que le singulier « marque que les faits énoncés par ces sujets arriveront successivement ».

Le contexte indique plutôt que le poète voit cela, de même que ce qui suivra, l’aube,  les clartés, la nuit, comme un ensemble, comme un  » pas du temps qui s’enfuit « . Les Le Bidois citent d’autres exemples, entre autres : Tout ce qu’a de cruel l’injustice et la force (Racine). Tous les instants que lui avait laissés sa rude existence de soldat, le triste ciel décoloré, les eaux sans nuance des étangs (P. Benoît). Là est le bonheur et la véritable liberté (M. Proust). L’essoufflement que me donnait l’exercice musculaire et l’ardeur du jeu (M. Proust). Ch. Bruneau, se justifiant d’avoir écrit : Tout ce que peut inventer l’imprudence, la bêtise et même la

méchanceté humaine, déclare que les trois choses lui sont apparues  » comme une manière de famille. Ce singulier est un singulier de groupement » (Le Figaro littéraire du 6 octobre 1951). Ajoutons encore quelques exemples pour montrer comment le second sujet, coordonné ou non, peut apparaître comme le simple prolongement du premier, avec lequel se fait l’accord : Une grande révolution commençait, quel en serait le progrès, l’issue, les résultats ? (Michelet, cité par Brunot, p. 218). Incroyable était alors leur félicité, leurs inépuisables et absorbantes délices (J Gracq, Au château d’Argol. p. 140). Une mer que n’a encore salie la fumée d’aucune chaudière, l’huile d’aucun carburant (M. Yourcenar. Archives du Nord p. 17). En cercles qu’atteint de moins en moins la lumière et la vibration essentielles (Colette, La maison de Claudine. Poche. p. 25). Mais répétons

 que le verbe est généralement au pluriel. Cf plus loin. VII, p. 982.

 

 

IV Les sujets de la 3e personne précèdent le verbe

 

 a) Qu’ils soient ou non coordonnés. le pluriel s’impose, à moins qu’ils ne soient à peu près synonymes ou en gradation; dans ce dernier cas, même s’il y a coordination – ce qui est plus rare -, il n’y a pas addition et l’ accord se fait normalement avec le dernier sujet : Un geste inopportun, une parole mal placée risquait de reboucher ,a source (H. Troyat, Les Eygletière, J’ai lu, p. 369). La puissance dissolvante, l’enchantement de la nuit parut diminuer sensiblement (J. Gracq, Au château d’Argold, p. 125).

La voix de son fils, une pression de ses doigts, sa seule présence réussissait

toujours à l’apaiser (G. Bernanos, La joie, p. 8). Le respect des combattants, le culte de l’aviateur comptait beaucoup plus (J. Prévost, Dix-huitième année, p. 23). (…) Cependant on trouve parfois le pluriel, même lorsqu’il y a une évidente gradation : la pensée s’arrête sur la pluralité des sujets plutôt que sur le dernier : L’attente, le chagrin, la misère ont allumé en elles une espèce de frénésie (L. Estang, Les stigmates, Poche, p. 124). Entre les étrangers. La connaissance, l’amitié demeurent possibles (H. Troyat. L’araigne, Presses Pocket, p. 89). Un geste, un souffle, une pensée peuvent soudain changer le sens de tout le passé (J.-P. Sartre, Baudelaire, p. 186). Mais l’épouvante, l’horreur même qu’elle éprouvait ne parvenaient pas à produire en elle un véritable mouvement de refus et d’orgueil (J. Romains, Les hommes de bonne volonté, VI, Les humbles, Poche, p. 27).

 

b) Si, malgré l’absence de ou, il y a alternative, on emploie le singulier : Jusqu’au jour où une pneumonie, une hernie met fin à leur métier (A. Demaison, cité par Damourette et Pichon, 1V, p. 441). Pour l’alternative marquée par tantôt… tantôt, parfois… parfois, soit… soit, cf plus loin, X.

 

c) Si l’on emploie pas plus que, non plus que, on n’introduit pas réellement un second sujet : Cependant la religion pas plus que la chirurgie ne paraissait la secourir (G. Flaubert, Madame Bovary, éd. Garnier 1971, p. 186). On trouve cependant parfois le pluriel comme après ni… ni (cf XI) : Le Don Quichotte, non plus que les pièces de Calderon. ne sont classiques – ni romantiques (A. Gide, Incidences, p. 41).

 

d) Si les sujets sont unis par et même, et surtout, et principalement, et

notamment, voire, et même, etc., ou si même suit le dernier sujet , il est normal et fréquent que le second sujet détermine l’accord, parce qu’il apparaît comme éclipsant le premier (cf a). Mais ce second sujet peut n’être perçu que comme une parenthèse, une précision complémentaire et le verbe s’accorde alors avec le premier sujet. On peut aussi penser à une addition, même en dépit de la ponctuation, et faire l’accord avec l’ensemble des sujets. On voit que l’accord dépend de l’intention. de la façon dont on voit les choses (cf X). Son visage, son cou même avait rougi (M. Arland, Antarès, Poche, p. 52). Une telle plénitude pouvait-elle durer ? Demain. ce soir peut-être, Un mot, un geste, pas même, un commencement d’habitude l’aurait détruite (1d., ibid, p. 165). Une femme, et même une enfant, peut faire fonctionner cette machine. On peut fort bien justifier par une sorte de gradation un accord comme celui-ci : Tout le monde, et vos supérieurs eux-mêmes, conviendraient qu’un prêtre aussi jeune que vous ne saurait prétendre diriger la conscience d’une jeune fille de cet âge (G. Bernanos, Journal d’un curé de campagne, p. 238). Le singulier n’étonnerait d’ailleurs certainement pas, tout le monde comprenant ce qui suit.

Ailleurs l’accord se fait avec le premier sujet, englobant le second : Dans l’ensemble, la moitié nord de la France, et plus particulièrement les provinces proches de Paris (Île-de-France, Normandie), nous a donné bien plus de réponses que les régions éloignées (Éditorial du Figaro, 20 septembre 1950).

Plus étonnant : La suite, et surtout la longue interruption, ont inquiété

(A. Thibaudet, Hist. de la litt., p. 545). L’envie, l’animosité et même la haine passaient et repassaient sans qu’il les vît jamais devant ses yeux candides (H. Bosco, Les Balesta, p. 148). Il était ici impossible d’accorder avec la haine. à cause de la reprise des trois sujets sous la forme les, comme complément de vît.

Si le deuxième terme reprend le premier, qui est au singulier, en le déterminant davantage, le verbe est mis au singulier. Jamais le Français, et surtout le Français moyen, n’admettra cela.

 

e) Ceci et cela, ce que et ce que, etc. On peut, à cause de l’addition, mettre le verbe au pluriel, mais on le laisse souvent au singulier.  » Doit-on dire : ceci et cela me plaisent ou ceci et cela me plaît ? La seconde manière est préférable, à cause du vague dans lequel l’esprit reste après avoir entendu les mots ceci et cela. (Littré, à Ceci, rem. 1). Ce que j’ai vu et entendu m’a suffi. Ce que j’ai vu et ce que j’ai entendu m’a (ou m’ont) suffi.

 

V Sujets annoncés ou repris par un mot au singulier comme aucun, cela, chacun, nul, personne, rien, tout, etc.

 

C’est lui qui commande l’accord : Femmes, moine, vieillards. tout était descendu (La Fontaine).

Remord, crainte, péril, rien ne m’a retenue (Racine). Rien, ni les prières de sa mère ni les supplications de ses enfants, n’a pu le retenir.

 

VI Sujets unis par comme, avec, ainsi que, aussi bien que, etc.

 

Si la conjonction garde son vrai sens, l’accord se fait normalement avec le premier sujet ; le second, qui est simplement complémentaire ou qui marque une comparaison ou un accompagnement, est souvent – pas toujours – entre deux virgules. S’il y a en fait addition dans la pensée comme si l’on disait et, l’accord se fait avec les deux sujets : Cependant Rodolphe, avec Madame Bovary, est monté au premier étage de la mairie (G. Flaubert, Madame Bovary. Garnier, 1971, p. 145). Cette réception,

ainsi que la précédente, fut un succès. Le jeune homme, avec sa fiancée, ne savait où se mettre. Le singe avec le léopard gagnaient de l’argent à la foire (La Fontaine). Rostand comme France apportent l’intelligibilité dans les lettres françaises (A. Thibaudet, Hist. de la litt. fr., p. 499). Votre caractère autant que vos habitudes me paraissent un danger pour la paroisse (G. Bernanos, Journal d’un curé de campagne, p. 238).

Il ne faut pas étendre à près de cette faculté d’être synonyme de et comme le fait Lamartine dans Jocelyn (3e époque) : À l’angle d’un buisson, sous un tronc de charmille. Un jeune montagnard, près d’une jeune fille, sur la même racine étaient assis tous deux.

 

VII Sujets unis par mais encore ou mais, mais aussi, ayant le même sens.

 

Il y a gradation (cf. V. a) et donc accord avec le dernier sujet : Non seulement notre admiration, mais notre reconnaissance lui est due. On trouve parfois le pluriel cependant.

Si le verbe précède des sujets dont le premier est masculin et l’autre féminin, on ne peut mettre au féminin le participe ou l’attribut. On met donc plutôt le verbe au pluriel et le participe ou l’attribut au masculin pluriel : Ce présent de l’artiste, où se trouvaient résumés non seulement son grand talent mais leur longue amitié. Mais si les sujets précèdent, on peut fort bien accorder avec le dernier, où non seulement son grand talent, mais leur amitié se trouvait résumée. Aucune difficulté si les deux sujets qui suivent sont féminins : où se trouvait résumée non seulement sa mal-

trise mais leur amitié.

 

VIII Sujets unis par non, et non, moins que, non moins que, pas moins que, pas plus que, (non) plus que, plutôt que, etc.

 

On insiste sur le premier sujet et parfois même on ne retient que lui. C’est donc lui qui commande l’accord : Et Madame Bovary, non plus que Rodolphe, ne lui répondait guère (G. Flaubert. Madame Bovary, Garnier, 1971, p. 139). Sa femme,

plutôt que lui, sera séduite par ce projet. Sa négligence, non moins que ses

dépenses excessives, l’a ruiné. On dira d’ailleurs souvent : Sa négligence l’a ruiné, non moins que ses dépenses excessives. On trouve cependant l’accord avec les deux sujets qui précèdent quand ceux-ci sont perçus comme additionnés. Grevisse en cite quelques exemples (B. U. n° 2002), il assimile ce cas à celui de comme, avec, aussi bien que, examiné plus haut (VI).

Après bien moins que devant deux sujets, il est logique d’ accorder avec le second sujet : Ce sont bien moins les bureaux que le ministre qui est responsable. A cette phrase théoriquement correcte, on préférera : Ce ne sont pas les bureaux, c’est le ministre qui est responsable ou Ce sont bien moins les bureaux qui sont responsables que le ministre lui-même (Martinon. pp. 327-328). Pour et même, ou pIutôt, ou pour mieux dire, cf 1V, d, et X.

 

IX Répétition de chaque, tout, un signifiant  » tout « , nul, aucun, pas un devant plusieurs sujets, non coordonnés.

 

Il y a hésitation sur l’accord. Il se fait avec le sujet le plus rapproché (à cause de la disjonction ou de la gradation) ou avec l’ensemble des sujets (addition). Chaque réflexion, chaque allusion, chaque sourire était interprété (ou étaient interprétés).

Chaque buisson tordu, chaque oiseau finissaient par paraître comme (..) une caricature (R. Gary. Les racines du ciel. Folio. p. 53). Il avait des droits qu’aucune coutume, aucune loi ne régissaient (H. Juin. Les hameaux. Marabout. p. 93). Il est incontestable qu’un artiste, qu’un philosophe, qu’un poète peut tout d’un coup (..) voir sa pensée dédoublée (M. Proust. cité par Grevisse. B. U. n° 20 12, note). Chaque seconde, chaque pas l’éloignent de Veronka (R. Sabatier, La mort du figuier, Poche, p. 361). Ses volets étaient clos. Pas une lueur pas un bruit ne s’en échappaient (H. Bosco, Le mas Théotime, Folio, p. 132). L’emploi d’un possessif peut favoriser le singulier. Chaque fille, chaque garçon aura son livre. Dans la langue parlée, auront leur livre ne se distinguerait pas de auront leurs livres. Si la phrase exprime une possibilité, on perçoit facilement le sens disjonctif. Tout député et tout sénateur peut poser à un ministre une question écrite. On voit ici le singulier malgré la présence de et. Grevisse (B. U, n° 2012) cite un exemple plus insolite où le verbe est au singulier malgré la présence de et : Chaque peine et chaque mal est infini dans sa substance (M. Yourcenar, L’oeuvre au noir, p. 199). On remarque dans cette phrase, où le verbe s’accorde avec le sujet le plus rapproché, que l’adjectif (ou le participe) fait de même. C’est logique et courant. Anormal est l’accord suivant : Tout émoi, tout élan du cœur, toute effusion tendre, en était souillé (H. Bosco, L’antiquaire, Poche, p. 154). À vrai dire, on évite plutôt de faire l’accord avec un féminin précédé d’un masculin. Plutôt que d’écrire, comme Grevisse (B. U., n° 2012, note) : Chaque homme, chaque femme était stupéfaite ou Aucun livre, aucune revue ne m’a été remise, on écrira : Chacun, homme ou femme, était stupéfait. Aucune revue, aucun livre ne m’a été remis ou on mettra le verbe au pluriel et l’attribut ou le participe au masculin pluriel : Chaque homme, chaque femme étaient stupéfaits.

 

X Sujets unis par ou.

 

L’accord est réglé par la prédominance dans l’esprit de l’idée de conjonction (les deux sujets peuvent faire l’action au même moment ou à des moments différents) ou bien de disjonction ou d’opposition. Le pluriel est fréquent, sans s’imposer. Le singulier l’emporte s’il y a opposition, il s’impose logiquement s’il est prévu qu’un

seul des sujets peut faire l’action à l’exclusion de l’autre ou s’il y a rectification,  c’est-à-dire en fait exclusion ou mise à 1’ombre du premier sujet par ou seul. ou plutôt, ou mieux, ou même, ou pour mieux dire, généralement précédés d’une virgule (cf IV. d) : Papa ne la troublait pas plus (cette histoire) que ne faisaient le boeuf ou le chien (Fr. Mauriac. Le sagouin. p. 40). Leur malchance ou leur maladresse les faisaient rentrer bredouilles, ils peuvent être à la fois malchanceux et maladroits; toutefois on pourrait laisser le verbe au singulier en pensant qu’ils rentrent bredouilles soit à cause de leur malchance, soit à cause de leur maladresse. Le goût de l’ivresse ou celui du déguisement nous est commun avec d’autres espèces animales (M. Yourcenar, Discours de réception à l’Académie française). Sa vie ou sa mort me sont indifférentes, on peut penser : les deux me sont indifférentes ; mais le singulier est possible. Quelle peine ou quelle joie trop intense serait capable d’émouvoir cette vieille carcasse ? (J. Anouilh, Pièces roses, p. 66) ; le pluriel serait possible. La douceur ou la violence en viendra à bout (Ac.) ; l’une exclut l’autre. Le mari ou sa femme doit signer la déclaration. C’est X ou Y qui présidera la séance. Le singulier s’impose dans la phrase suivante, parce qu’il s’agit d’un seul animal, qu’on ne peut identifier : Sous le manteau de lierre (..), un rat ou

un mulot descendit, trottina et se perdit sur le sol gris (R. Boylesve, cité par D. P., IV, p. 295). Il leur semblait que c’était là une voie, ou une chance de voie qui les définissait parfaitement (G. Perec, Tes choses, J’ai lu, p. 61).

Son père, ou plutôt sa mère, lui permet tout. Sa patience, ou pour mieux dire son indolence, le rendait docile. Quoi qu’on puisse penser des exigences de la communication, le linguiste a le droit de se demander si une langue, ou même un type isolé d’expression, les satisfait, et quelle est la dose d’effort psychique qu’ils nécessitent (Ch. Bally, Linguistique générale et linguistique française. p. 387) ; satisfait se justifie par la gradation, mais nécessitent s’impose parce qu’il se rapporte aussi bien à la langue qu’à un type isolé d’expression.

Si l’un des sujets est au pluriel, généralement on met le pluriel et on place de préférence le sujet pluriel en second lieu, près du verbe au pluriel, quand le sens le permet : Je ne sais si c’est votre titre ou vos recommandations qui l’ont le plus impressionné. Mais : Ses parents, ou plutôt sa mère, lui permettent tout. On trouve cependant le singulier ; il étonne toutefois dans cette phrase où il est dû sans doute à l’homophonie du singulier et du pluriel : Pour peu qu’un ami ou deux vienne bavarder avec vous l’après-midi. le tour est joué (J. Anouilh, Pièces brillantes,

p. 506). On dira sans hésiter . Un ou deux exemples suffiront.

Après tantôt… tantôt, parfois… parfois, soit… soit, ou… ou. etc., qui marquent une alternative, le verbe peut se mettre au pluriel mais se met plus souvent au singulier. Tantôt un client, tantôt un fournisseur vient (ou viennent) me déranger. Si un sujet est au pluriel, on met le pluriel : Tantôt les enfants. tantôt le jardinier viennent crier sous ma fenêtre. Soit Pierre, soit Paul décrochera la place (un seul des deux pourra la décrocher). Soit son père, soit sa mère l’attendait. Soit le professeur, soit les élèves s’impatientaient. Tel ou tel. cf plus loin, XII. f

 

XI Sujets unis par ni.

 

Même usage que s’ils le sont par ou ; le pluriel est fréquent, mais aussi l’accord avec le dernier sujet. Ce dernier accord s’impose si l’on ne peut rapporter l’action ou l’état qu’à un seul des sujets ou bien si le second est ou contient un mot plus fort comme aucun, personne, rien . La plainte ni la peur ne changent le destin (La Fontaine). Rien ni personne ne pourra (ou ne pourront) me faire changer d’avis. Ni vous ni moi ne le ferons (cf 1). Ni vous ni personne ne s’en préoccupe (bien que les sujets soient de personnes différentes, c’est personne qui commande l’accord). Ni lui ni sa femme n’avait élevé la moindre objection contre le mariage de leur fille (A. Billy. Le narthex, p. 288). Si le verbe ne se prononçait pas de la même façon au singulier et au pluriel, l’ auteur aurait senti qu’à cause de leur qui vient ensuite. il y avait lieu de mettre le verbe au pluriel : Ni lui ni sa femme ne craignaient pour leur fille. Si l’un des sujets est au pluriel, on met le verbe au pluriel : N i les menaces ni

la douceur n’en viendront à bout (B. U, n° 2006). Ni lui ni ses parents n’avaient élevé la moindre objection. Cf. XIl, ni l’un ni l’autre.

 

XII. L’un et l’autre. Ni l’un ni l’autre. L’un ou l’autre. L’un après l’autre. Tel et tel. Tel ou tel.

 

a) L’un et l’autre, pronom, est suivi du verbe au singulier ou, plus souvent, au pluriel : L’un et l’autre se disent (ou se dit). Après l’adjectif, le nom est normalement au singulier, mais cela n’empêche pas le verbe d’être au pluriel aussi bien qu’au singulier. L’une et l’autre saison est favorable (Ac.). L’un et l’autre consul vous avaient prévue (Racine). L’une et l’autre affaire se tiennent (E. Henriot, Les fils de la louve. p. 35). On met parfois le nom au pluriel, du moins quand celui-ci se prononce comme le singulier, le verbe doit alors être au pluriel : L’un et l’autre facteurs ont concouru à la produire (F. de Saussure, Cours de linguistique. p. 179).

Si le pronom l’un et l’autre renvoie à des sujets de personnes différentes (cf 1) qui viennent d’être employés, on fait l’accord avec, au pluriel, la personne qui a la priorité, comme on vient de le faire .

Lui et moi l’écoutions et l’un et l’autre étions impressionnés. On dirait plus souvent :

et étions l’un et l’autre impressionnés.

 

b) Ni l’un ni l’autre, Même usage qu’après l’un et l’autre : Ni l’un ni l’autre ne l’ont dit (ou ne l’a dit). Ni l’un ni l’autre ne sera nommé président (un seul peut l’être ; cf XI) .

Je vous connais, ni l’un ni l’autre ne ferez la moindre objection (= aucun de vous deux ou ni lui ni vous). Cf. ci-dessus. a. Ni l’un ni l’autre raisonnement n’est juste (ou ne sont justes) ; préférence pour le singulier parce que le nom est au singulier.

 

c) L’un ou l’autre. à cause de son sens disjonctif, est suivi du verbe au singulier, le pluriel est rare et à déconseiller, à moins que l’expression ne signifie  » certains  » au sens indéfini; le pluriel est alors permis : L’un ou l’autre se dit. L’un ou l’autre de vos enfants vous préviendra. L’une ou l’autre expression est permise. L’une ou l’autre de ces nombreuses explications m’a étonné ou m’ont étonné.

 

d) L’un après l’autre. On ne dit guère : Une lampe après l’autre s’éteint. On emploie plutôt d’autres tours : Les lampes s’éteignent l’une après l’autre ou Une à une, les lampes s’éteignent.

 

e) L’un comme l’autre (cf plus haut, VI). Selon qu’il y a comparaison ou addition : L’un comme l’autre s’en étonnera. L’un comme l’autre sont prêts à vous accompagner.

 

f) Tel et tel, même suivi d’un nom au singulier, appelle généralement le pluriel du verbe : Tel et tel protesteront. Tel et tel de mes adversaires s’étonneront. Tel et tel ministre prendront la parole.

Tel ou tel est suivi du verbe au singulier, rarement du verbe au pluriel.

Tel ou tel s’en occupera. Tel ou tel ministre prendra la parole.

Après tels et tels ou tels ou tels, le verbe, comme le nom qui suit éventuellement, est au pluriel : Tels et tels s’en étonneront. Tels et tels tableaux ont été restaurés. Tels ou tels livres sont abîmés. Cf. TEL, 4, 5.

 

 

C. Cas spéciaux

 

Nous groupons ici quelques cas particuliers qui peuvent se présenter avec un ou plusieurs sujets.

 

I C’est.

 

1 Devant un pronom personnel. Contrairement à un ancien usage (Ce suis-je. c’estes-vous), on dit : c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est vous. La langue parlée, où l’on ne distingue pas c’était de c’étaient, prolonge nettement cette évolution en disant couramment c’est eux, c’est elles (et elle ne recule pas devant ce sera eux). L’emploi du singulier, comme celui de c’était eux, apparaît aussi dans la langue écrite et il est abusif de vouloir le limiter à des cas précis, de distinguer entre propositions affirmatives et propositions négatives ou interrogatives et entre les cas où eux est ou non l’ antécédent d’un relatif sujet ou complément : Est-ce eux qui l’ont dit ? Ce n’est pas eux. On sonne, c’est eux. C’est eux que je distinguerai (R. Nimier, Les épées, Poche. p. 189). C’est eux qui auraient à choisir (Ch. de Gaulle, Le salut, Poche, p. 243). C’est eux qui les ont laissées tomber ici, ces roses (E. Triolet, Le premier accroc…, Folio, p. 434). C’est elles dont on entend l’arroi (J. Romains, Les amours enfantines, Poche, p. 290). C’était eux qui en décideraient (L. Faure, Mardi à l’aube. J’ai 1u, p. 142). Avec bien, on dit toujours : C’est bien eux.

Il n’y a donc pas lieu d’hésiter à employer c’est eux, c’était eux. Bien que le pluriel soit plus fréquent en littérature : Ce sont eux qui me l’ont demandé.

 

2 Devant un nom ou un pronom (autre que personnel) au pluriel, la langue parlée préfère nettement le singulier, comme devant eux ou elles, l’usage littéraire est plus hésitant, mais ne refuse pas le singulier, qui était courant dans la langue classique. Il ne faut en tout cas chercher aucune intention de mettre l’accent sur ce ou sur le nom selon qu’on emploie le singulier ou le pluriel. On opte pour l’un ou pour l’autre par habitude, par archaïsme, par un souci (très subjectif) d’euphonie ou de distinction.

Il est certain que c’est déconcerte parfois, sans être incorrect, dans la langue écrite ou surveillée. On trouvera plus distingué de dire : Ce sont des sentiments louables. On trouvera un air familier à : Tout cela, c’est des histoires (Fr. Mauriac. O.C. 1. p. 195). On préférera écrire : Ce ne sont pas des choses qu’on dit (L. Estang, Les stigmates, Poche. p. 225). D’autres ne craignent pas d’écrire : C’est les vendanges (G. Navel, Travaux, Folio, p. 195). C’est encore les autres qui remercieront (A. Bosquet, Les bonnes intentions, p. 179). Un auteur emploie à quelques pages de distance ce sont et c’était. Ce sont les pluies et les vents qui annoncent l’automne (…). C’était de très beaux nuages, mais qui allaient leur chemin sans s’arrêter (B. Clavel, Le seigneur du fleuve. Poche, pp. 5, 8). C’est un fait que, parce que l’oreille ne perçoit aucune différence entre c’étaient et c’était, celui-ci concurrence davantage celui-là : Un peu plus loin, c’était des plantées qui n’étaient pas encore vendangées (Id., L’Espagnol. J’ai 1u, p. 142). C’était, vers le couchant, les sentiers ( ..) que je prenais de préférence (M. Jouhandeau, Chaminadour, Poche, p. 500). Était-ce des injures ? Était-ce des mots doux ? (J. Romains, Eros de Paris. Poche, p. 87). C’était des majuscules de laiton (..). C’étaient des crises passagères (S. Prou. La terrasse des Bernardini, Poche, pp. 84. 110). Il lui semblait que c’était les âmes des tués qui

fuyaient là-haut (M. Tournier, Le roi des aulnes. Folio, p. 300). C’étaient ces gens-là que j’admirais (A. Billy, Le Narthex, p. 261). C’étaient des danger, imminents (H. Bosco, Malicroix, p. 189). Ce n’étaient plus des hommes vêtus d’uniformes (P. Vialar, Le bal des sauvages, p. 9). Non, ce n’étaient pas des secours qu’il distribuait (…). C’était. du moins, (…) les pensées que le docteur Rioux agitait (…), Et c’était aussi celles dont il lisait les reflets sur le visage de ses amis (A. Camus, La peste, Les meilleurs livres, p. 158). C’étaient ceux-là que je voyais passer (Fr. Mallet-Joris. La chambre rouge, p. 13). C’était bien ces traits fins (Ibid, p. 69 ; noter c’était

bien). N’était-ce pas les paroles mêmes qu’avait prononcées d’Aubel ? (…) Ce sont de bons serviteurs (M. Genevoix, Un jour, pp. 64, 76). C’étaient les clientes les plus agées, les plus bourgeoises, qui montraient leurs seins (Fr. Mallet-Joris, Allegra. p, 34). Mais il est normal que le même auteur, qui emploie souvent le pluriel. mette le singulier quand ce ou c, équivalant à cela, reprend une idée précédente : Que la cousine Giula. de Gênes, se soit conduite  » comme une traînée  » (..). qu’Octave et Amélie, en Corse, soient en train de mener leur exploitation à la ruine, (…) ce n’était que des accidents, des anecdotes (p. 28). Il s’imaginait (…). C’était des rêveries

(p. 125). On trouve le pluriel surtout devant plusieurs noms (cf 3). Le bonheur, c’était leurs corps, mais le plaisir c’étaient peut-être ces vêtements qui en retardaient l’approche (J. d’Ormesson, L’amour est un plaisir, Poche, p. 193). Le même auteur emploie généralement ce sont, ce soient, c’étaient, ce seraient. Telle est bien la préférence de la langue littéraire, mais elle accepte certainement le singulier.

 

3 Devant plusieurs noms, le pluriel l’emporte dans la langue écrite, surtout au présent et si le premier nom est au pluriel, mais on peut, même quand le premier nom est au singulier, employer le singulier. Le pluriel n’est pas rare . La banlieue. c’était les pavillons. des caves juxtaposées, et les petits jardins ouvriers pour faire croire qu’on avait encore la campagne, Le peuple des villes,c’est maintenant le métro et les embouteillages, des gens qui ont peur de se parler (J.-M. Domenach, Ce que je crois, p, 89). Ce qui comptait pour cette femme, uniquement. c’était les choses et les êtres d’aujourd’hui (Fr. Mauriac. O.C., III, p. 192). C’est M et

Mme Leroy (…). C’étaient bien Mamy et l’oncle Rodolphe (L. Estang, Les

stigmates, Poche. pp. 218, 219). Ce ne sont pas le père et la mère. dit

Irénée. ce sont celles-ci que le chat prendra (M. Genevoix. Rroû, Poche,

p. 85). Ce sont un théoricien et un praticien de l’économie qui retombent ensemble sur l’adjectif  » magique » (G. Antoine, Liberté, égalité, fraternité, p. 17). Ce n’étaient plus Claude et François qui parlaient (…), c’étaient une femme et un garçon qui venaient de se rencontrer (R. Nimier, Les épées, Poche, p. 188). Mais l’arme la plus méchante (…), c’étaient encore Irène et Denis qui la lui fournissaient (P.-H. Simon, Les raisins verts, J’ai lu, pp. 134- 135). Ce sont. le plus souvent, ce scrupule et ce chagrin qui l’emportent (Id.. Ibidem, p. 200). Ici, c’étaient déjà la terre, le pain et le vin, les fermes, la vie tranquille, les animaux familiers. Quand on regardait au loin, ce n’était pas toujours de l’eau et puis la courbure de la terre, mais

vingt espèces d’arbres différentes (J. d’Ormesson. L’amour est un plaisir, Poche, p. 185 ; cf. aussi p. 218 : c’étaient, ce seraient). Ce sont parfois le chagrin et la désillusion qui attendent ceux qui reviennent (Ch. de Gaulle, Le salut, Poche. p. 285). C’est la gloire et le plaisir qu’il a en vue (Littré). Ce sont le goût et l’oreille qui décident (Littré). Ce sont (ou c’est) mes parents et ma tante qui me l’ont offert. Ce sont (ou c’est) mon père et ma mère qui me l’ont dit.

Si l’attribut formé de deux singuliers développe un pluriel ou un collectif qui précède, des grammairiens imposent le pluriel. Ils ont tort, car là encore on a le choix, bien que le pluriel l’emporte : Vos maîtres, ce ne sont ni Pascal, ni saint François de Sales, ni saint Ignace (A. Billy, Le narthex, p. 218). Un seul groupe s’avança, causant. C’étaient le Ministre, le père Jousselin, le Procureur, le père Darbois, et le Préfet des études, le père Sixte (E. Estaunié. L’empreinte, p. 13). Mais les vrais responsables de cette calomnie. ce n’était cette fois ni son mari ni la baronne (Fr. Mauriac, Le sagouin. p. 24). On s’étonnerait cependant de ne pas trouver le pluriel, exigé par le sens, dans cette phrase : Le colosse, le farfadet,  c’étaient le notaire et son clerc (H. Bosco, Malicroix, p. 196).

 

4 Ce doit être, ce peut être, ce ne saurait être suivent théoriquement la même règle que c’est. Cependant le singulier est courant, surtout au présent où l’oreille distingue doit et doivent, peut et peuvent. Ce doit être eux. Ce ne peut être que des bohémiens, – Ces voyageurs (…), ce doit être ceux qui reviennent (M. Butor, La modification, 10-18, p. l 18). Bien sûr, ce devait être le grand Mouleyre, ou Pardieu, le fils du charron. qui avaient fait le coup, poussés par les filles peut-être . ? (Fr. Mauriac, Les anges noirs. O.C. 111. p. 201). Ce doit être des rêveries (..). Ce devait être de tout petits bourgeois (J. d’Ormesson. L’amour est un plaisir, Poche. pp. 52, 95). Ce devait (ou devaient) être des voleurs. Ce ne saurait (ou sauraient) être que des étrangers. – Ç’allait être, cf. ÇA, 2.

 

5 Formes cacophoniques. Plusieurs formes de la conjugaison de c’est sonnent mal ou font sourire. Cela peut être très subjectif. On peut hésiter à dire C’en sont, ne pas aimer Fut-ce mes soeurs qui le firent (Littré), ni A-ce été, ont-ce été, c’eussent été, eussent-ce été, etc. Ne vaut-il pas mieux dire : C’en est. Est-ce que ce fut (ou furent. ou sont) mes soeurs qui le firent ?

 

6 Fût-ce, avec l’accent circonflexe, dans le sens de  » même « , est figé, il ne change pas. Ni non plus ne fût-ce que (= quand ce ne serait) : Il voudrait nous accompagner, fût-ce deux jours seulement ou ne fût-ce que deux jours. On aura soin de ne pas écrire fusse (ou fussent) pour fût-ce, pas plus d’ailleurs que pour fut-ce.

Si ce n’est (= excepté), si ce n’était s’accordent très rarement et sont souvent figés. Il convient de les laisser invariables : Si ce n’est eux, qui donc l’a fait ?

 

7 On ne peut faire l’accord quand c’est est suivi d’une préposition et d’un nom ou d’un pronom. C’est d’eux que cela dépend C’est par bandes qu’ils volent.

 

8 C’est onze heures qui sonnent, C’est dix millions qui seront nécessaires pour sauver l’entreprise, malgré le pluriel de la subordonnée, c’est reste invariable parce qu’on pense à l’heure qui sonne, à une somme globale, à un tout. Mais si l’on considère les unités qui constituent l’ensemble, le prix, l’heure, on emploie généralement ce sont : Ce sont trois heures qui m’ont paru longues. Ce sont (ou c’est) deux cents francs que je ne regrette pas. Ce chapitre est terne, ce sont trente pages qui m’ont paru ennuyeuses.

 

II N’était, n’eût été (si ce n’était, s’il n’y avait eu, sans, sauf) peuvent s’accorder avec le pluriel qui suit – c’est assez fréquent – ou être assimilés à des prépositions ou considérés comme des locutions figées et rester invariables : N’étaient (ou n’était) ses cheveux blancs, on ne lui donnerait pas cet âge. – Le visage aurait paru passable, n’eût été les yeux gonflés de batracien (Fr. Mauriac, Les anges noirs, Prologue). N’étaient ces malheureuses jambes insensibles et inertes, je me croirais à peine en danger (G. Bernanos, Dialogues des carmélites, 11.7). Pas d’accord à la 1re ou à la 2e personne ; on dit : N’était lui et moi. N’était vous et lui.

 

III Qu’importe peut rester invariable ou s’accorder avec le sujet, même s’il y a un complément d’objet indirect : Qu’importent (ou qu’importe) ces difficultés ? Que m’importe (ou que lui importe) ou que m’importent (ou que lui importent) ces cancans ? L’usage littéraire hésite. Peu importe est traite de même. L’accord se fait peut-être davantage si le verbe a un complément indirect (lui, nous). Peu importe (ou peu importent) les détails. Peu lui importent (ou peu lui importe) nos plaintes.

N’importe reste invariable : N’importe quels ouvriers le feront mieux que ceux-ci.

 

IV Reste, placé en tête de la proposition, s’accorde généralement avec le sujet qui suit. On le laisse parfois invariable en le considérant comme une locution figée ou comme un impersonnel avec ellipse de il.

Restaient les autres. – Saint-Cyr ? Il n’en a ni le goût ni la santé. Reste les sciences

politiques (J. Kessel, Discours de réception à l’Académie française). On écrit : Reste nous deux. Trois de cinq, reste deux.

 

V Soit (où le t ne se prononce que dans l’interjection Soit, ou en liaison) peut :

a) Introduire une alternative; il est alors conjonction et reste invariable : Nous les rencontrerons, soit les uns, soit les autres. Nous partagerons soit leurs joies, soit leurs peines.

 

b) Introduire une hypothèse (= supposons) . il peut alors varier ou

, être considéré comme une sorte de présentatif invariable : Soient (ou soit)

deux droites parallèles.

 

c) Signifier  » c’est-à-dire  » ; il est alors conjonction et est invariable :

Quinze enfants, soit dix garçons et cinq filles.

 

VI Mieux vaut, senti comme l’équivalent de l’impersonnel il vaut mieux, reste invariable : Mieux vaut des enfants qui questionnent toujours que des enfants sans curiosité. Le tour est surtout fréquent avec des infinitifs.

Mieux vaut souffrir que mourir.

 

10 Cas de créativité nulle

1ère série

Des synonymes empruntés 

anaudie = aphémie : impossibilité de parler

anthropomorphologie = anthromorphographie

calcicole = calciphile

cataphonique = catacoustique

chitonides = placophores

chrysothérapie = aurothérapie

conchiforme = conchyloïde – coquille

géliturration = cryoturration

gélivasion = gélifraction = cryoplastie

hémalopie = hémalophtalmie

hyponitreux = hypoazoteux

paléobotanique = paléophytologie

pinifère = pinigère

rhynchée /ke/ = rostracule – bec

triétérique (< gr etos (année)) = trisannuel

trigonal = triangulaire

2e série

boulimie < gr boulimia faim de bœuf

bradycardie : cœur – lent

suivant – acolyte

 

in : Jacques Mercier, Le chiffre 13, LB 13/06/2001

 

Le latin ‘tredecim’ (3 et 10) a donné treize.

« Quant à cette peur du nombre de treize convives autour de la même table, elle porte un joli nom savant, toujours difficile à place dans une conversation : la triskaïdekaphobie ! »

 

Etc.

 3e série

Exemples du vocabulaire de la médecine, avec une créativité nulle (les mots sont empruntés du latin et du grec, au lieu d’utiliser des racines lexicales françaises) (Delamare 1990)

abcédé

transformé en abcès   

aboulie

trouble mental caractérisé par l’absence ou la diminution de la volonté   

accoutumance

processus par lequel l’organisme devient insensible à l’action d’un médicament ou d’un poison, à la suite de l’administration de quantités progressivement croissantes de celui-ci.   

acinus

> acineux : cavité arrondie, élément d’un structure en grappe (glande, poumon) > en forme de grappe   

aden-

ganglion lymphatique ou glande   

aérocolie

accumulation de gaz dans le côlon   

amygdale

organe en forme d’amande   

amylacé

qui renferme de l’amidon   

anaphylaxie

— prophylaxie   

anconé

relatif au coude   

anesthésie

perte de la sensibilité   

anévrisme = -ysme

 

angéio-

= angio- : vasculaire   

anilisme

< aniline   

anopsie

privation de la vue   

anorexie

perte ou diminution de l’appétit   

anosmie

perte ou diminution de l’odorat   

antifongique

= antifungique, antimycotique   

antinaupathique

qui s’oppose au mal des transports   

antiourlien

qui s’oppose aux oreillons   

antispasmodique

= antispastique

anus

> anal

anus

> anite

apexien

= apical

aphakie

absence de cristallin

aphaque: se dit de l’oeil privé de cristallin

apragmatisme

absence d’activité efficace

apyrexie

absence de fièvre

argyrie

= argyrose

arsenicisme < arsenic

 

artère

> artériectomie

aryténoïde

en forme d’aiguière

asplénie

absence de rate

atrichie

abence complète des poils

bivitellin

= dizygote

bromhidrose

= bromidrose 

bronchectasie

= bronchiectasie

buphtalmie

inflammation considérable du volume de l’oeil

bursite

inflammation d’une bourse séreuse

cacosmie

perception habituelle d’une odeur mauvaise

cacostomie

mauvaise odeur de la bouche

cæcopexie

= typhlopexie

carcinogenèse

production de cancer

cardiomyopathie

= myocarciopathie

cardioplégie

paralysie du coeur

caroncule

petite excroissance de chair

cataménial

qui a rapport aux règles

-centèse

< gr. piqûre, ponction

cervicite

inflammation du col utérin

cheilite

inflammation des lèvres

cheilo-

= chilo- : lèvre

cheilorraphie

suture d’une lèvre

cheiro-

= chiro-: main

chémo-

= chimio- > chémosensibilité: sensibilité aux excitants chimiques

chol-

bile

cholangite

inflammation des voies biliaires

cholécystite

inflammation de la vésicule biliaire

chondr-

cartilage

chondrite

inflammation d’un cartilage

chorde

sorte de cordon cellulaire mésodermique

chordotomie

= cordotomie

ciné-

= kiné

cirsoïde

qui ressemble aux varices

cisternal

qui se rapporte à une citerne, région élargie des espaces sous-arachnoïdiens

colite

inflammation du côlon

colloïde

qui ressemble à de la gelée

coloboma

= colobome

colopathie

toute affection du côlon

colpo-

vagin

colpotomie

incision du vagin

comitial

qui a rapport à l’épilepsie

contention

immobilisation forcée

cort-

écorce

cortex

partie superficielle de certains organes (cerveau, rein)

cuprémie

présence de cuivre dans le sang

curetage

= curettage

décalvant

qui provoque la chute des cheveux

déchoquage

traitement du choc

défécation

expulsion des fèces

déglutition

action d’avaler

dermatoglyphe

dessins formés sur les paumes des mains, les plantes des pieds et la pulpe des doigts, par les plis cutanés, les crêtes et les sillons dermiques

diurèse

élimination des urines > diurétique

dyslalie

difficulté de la prononciation des mots due à une malformation ou à une lésion de l’appareil extérieur de la parole (langue, lèvres, dents, larynx)

dysmnésie

affaiblissement de la mémoire

dysurie

difficulté à la miction

ecchondrome

= ecchondrose

ectopie

anomalie de situation d’un organe

ectro-

absence congénitale d’un élément anatomique

ectropion

renversement congénital des paupières

ectropodie

absence congénitale d’un pied en totalité ou en partie

élytro-

vagin

épistaxis

saignement de nez

ethmoïde

criblé; en forme de tamis

eugénie

= eugénique = eugénisme

eupepsie

digestion normale

eutocie

accouchement normal

fasciculé

disposé en faisceaux

fébricule

petite fièvre

fécal

qui concene les excréments

fèces

excréments

follicule

petit élément anatomique en forme de sac

galactorrhée

écoulement surabondant de lait chez une nourrice

galénique

qui a rapport à la doctrine de Galien

géophagie

= géophagisme

gonalgie

douleur du genou

gynoïde

qui présente des caractères féminins

haschischisme

= cannabisme

hypernatriurèse

= hypernatr(i)urie

hypocondrie

état dans lequel le sujet est en permanence inquiet pour sa santé

iatrogène

= iatrogénique

ischémie

anémie locale

isogroupe

du même groupe sanguin

jugulaires

veines _ : veines du cou

kéra-

cornée ou couche cornée de l’épiderme

kleptomanie

= cleptomanie

koïlonychie

= cœlonychie

labiolecture

= labiomancie

létal

= léthal

liomyome

= léiomyome

lipidurie

= lipurie

lithotriteur

= lithotripteur

litothritie

= lithothriptie

loa loa

= filaire

loco dolenti

à l’endroit douloureux

magnésémie

= magnésiémie

malacie

ramollissement

malarien

= paludéen

mammectomie

= mastectomie

mammite

= mastite

manganique

qui se rapporte au manganèse

mastoïde

en forme de sein

mélalgie

douleurs des membres observées surtout aux membres inférieurs

méniscal

qui se rapporte à un ménisque

méniscectomie

extirpation d’un ménisque

ménorrhée

écoulement des règles

métralgie

douleur utérine

métrite

inflammation de l’utérus

microsphygmie

petitesse du pouls

mongolique

= mongolien = mongoloïde

mono-arthrite

 

monomélique

qui se rapporte à un seul membre

morbilleux

qui a rapport à la rougeole

moxibustion

= moxation

murin

qui provient du rat ou de la souris

muscarinien

= muscarinique

myel-

moelle, médullaire

myringite

inflammation du tympan

mytilisme

intoxication par les moules

natrurie

= natriurie, natriurèse

naviculaire

= scaphoïde: en forme de barque

névrectomie

= neurectomie

nosocomial

qui dépend des hôpitaux

nycthéméral

qui se rapporte à une durée de 24 heures (un jour et une nuit)

nycthémère

espace de temps comprenant un jour et une nuit, càd. 24 h.

odontoïde

en forme de dent

-odynie

sert à désigner les phénomènes douloureux: acrodynie, pleurodynie

oligo-

rareté

oligoménorrhée

règles rares

oligurie

diminution de la quantité des urines

-ome

 < -ôma (gr.) > tumeurs: sarcome fibrome

omental

qui a rapport à l’épiploon

omentum

= épiploon

omphalocèle

hernie ombilicale

oncologie

étude des tumeurs

ontogenèse

= ontogénie: développement de l’individu

orchidotomie

incision d’un testicule

orexigène

= apéritif: qui donne de l’appétit

ostéoïde

qui rappelle le tissu osseux

ostéotomie

section chirurgicale d’un os long

panacée

remède à tous les maux

pancréas

> pancréatite

para-

voisinage, opposition, défectuosité

paradentaire

qui se trouve à côté de la dent

paragnosie

fausse reconnaissance d’objets

paralysie

diminution ou abolition de la motricité

paranoia

ensemble de troubles du caractère associant l’orgueil, la méfiance, un jugement faux, une tendance aux interprétations qui favorise un délire et engende des réactions agressives

pariétal

relatif  à une paroi

parodontite

= périodontite

parotide

près de l’oreille

patella

= rotule

patellectomie

ablation de la rotule

paucisymptomatique

qui donne lieu à peu de symptômes

pédiluve

bain de pieds

pédodontie

odontologie de l’enfant

-pénie

pénurie, manque

péricarde

enveloppe fibroséreuse du coeur

péricardectomie

= péricardiectomie

péridural

situé autour de la dure-mère

périoste

membrane fibreuse recouvrant l’os

périunguéal

autour de l’ongle

perlingual

à travers la langue

phaco-

lentille, cristallin

pharmacie

art de préparer les médicaments

phleb-

veine

phlébite

inflammation d’une veine

piézographe

appareil enregistreur des pressions

pinéal

en forme de pomme de pin

pisiforme

en forme de pois

-plégie

paralysie

pléthore

obésité

pleurodynie

point de côté

polydipsie

soif excessive

poplité

relatif au jarret

post-abortum

& post mortem

posthectomie

= circoncision

posthite

inflammation du prépuce

post-prandial

qui se situe après le repas — préprandial

proctalgie

chute d’une partie

proctite

inflammation du rectum

prodrome

signe avant-coureur d’une maladie

prodrome

signe avant-coureur d’une maladie

prurigène

qui provoque le prurit

prurigineux

qui est cause de la démangeaison

pseudocomitial

qui ressemble à l’épilepsie

pseudosmie

hallucination de l’odorat

psoïtis

inflammation du psoas

puriforme

qui a l’apparence du pus

pycnique

caractérisé par la force

pyél-

bassinet

pyélique

qui se rapporte au bassinet

pyélocaliciel

qui concerne le bassinet et les calices du rein

pyo-

pus

pyodermie

= pyodermite

pyorrhée

écoulement de pus

quérulence

attitude revendicatrice

quinique

qui rapport à la quinine ou au quinquina

quinisation

= quininisation

racémeux

en forme de grappe

rachidien

qui a rapport à la colonne vertébrale

rachis

= colonne vertébrale

radicotomie

= rhizotomie

rectite

inflammation du rectum

réniforme

en forme de rein

rhoncopathie

ronflement considéré en tant que maladie

-rragie

= -rrhagie: écoulement

-rraphie

suture

sacculaire

en forme de sac

sacro-

chair, muscle

sagittal

situé dans un plan vertical et orienté d’avant en arrière

salping-

en relation avec la trompe d’Eustache ou de Fallope

sanguicole

se dit des parasites qui vivent dans le sang

saphène

étymologiquement: évident > veines _s: veines superficielles des membres inférieurs

saprogène

qui engendre la putréfaction

scabieux

qui a rapport à la gale

scalène

= oblique

scato-

fèces

sciatique

qui se rapporte à la hanche

sciatique >

nerf _ = nerf ischiatique

scissiparité

= fissiparité

scléro-

induration, rigidité; aussi se rapportant à la sclène

sémiologie

= séméiologie

sénestrogyre

= sinistrogyre

sessile

qui présente une large base d’implantation

sidéen

qui a rapport au sida

sidérémie

présence de fer dans le sérum sanguin

sidéropénie

diminution du fer

sidéropexie

fixation du fer dans les tissus

sidérurie

présence de fer dans les uines

sigmoïde

en forme d’S

sodé

contenant de la soude ou du sodium

somatique

qui concerne le corps ou lui appartient

sphénoïde

en forme de coin

sphygmique

qui se rapporte au pouls

spondyle

(anc.) = vertèbre

spondylite

inflammation des vertèbres

spongoïde

qui ressemble à une éponge

sporulé

qui porte une spore

stapédectomie

ablation de l’étrier

stapédien

qui concerne l’étrier

staturopondéral

qui concerne la taille et le poids

stéarrhée

= stéatorrhée

stéréo-

solidité ou relief

stéréo-agnosie

= astéréognosie

striduleux

= stridoreux

strumectomie

ablation d’un goître

subléthal

presque mortel

succussion

action de secouer

sulciforme

qui a la forme d’un sillon

sural

relatif au mollet, à la jambe

surrénal

situé au-dessus du rein

sus-apexien

qui siège au-dessus de la pointe du coeur

synalgésie

= synalgie

synchisis

= synchysis

synchondrose

= synarthrose

syndactylie

malformation consistant dans la soudure des plans superficiels ou osseux des doigts

synéchie

= adhérence; parfois = symphyse

synoviolyse

= synoviorthèse

syphilis

= vérole

syphilitique

 

tachy-

rapidité

tachyphémie

trouble de la parole consistant en accélération paroxystique du débit

talalgie

douleur persistante du talon

télangiectasie

dilatation des vaisseaux éloignés du coeur

tellurique

qui a rapport à la terre et à son influence

temporal

relatif à la tempe

ténalgie

douleur au niveau des tendons

ténectomie

ablation d’un tendon

ténosite

= tendinite

téra-

préfixe signifiant 10 exposant 12; monstruosité ou malformation

tératologie

étude des anomalies et des monstruosités des êtres organisés

térébrant

qui a tendance à creuser, à gagner en profondeur

tétaniforme

qui a l’apparence du tétanos

thébaïque

= opiacé: contenant de l’opium

thélalgie

sensibilité douloureuse du mamelon

thermo-analgésie

= thermo-anesthésie

thoracentèse

= thoracocentèse

thoracique

relatif à la poitrine

thromb-

caillot

thymectomie

ablation du thymus

thyréogène

qui est d’origine thyroïdienne

thyroïde

en forme de bouclier

tibial

qui a rapport au tibia

tissulaire

qui a rapport aux tissus

tocolyse

inhibition des contractions de l’utérus durant l’accouchement

tonsille

= amygdale

topectomie

ablation de certaines zones du cerveau

torticolis

 

toxigène

qui produit des toxines

trabécule

petite travée

tremblement

= trémulation, trépidation

tribadisme

= lesbianisme, saphisme

tricho-

cheveu

trichoclasie

rupture des cheveux

tricocéphale

sorte de ver

tricuspide

se dit d’un orifice muni de trois valves

trochlée / ? /

structure anatomie en forme de poulie

-trope

affinité pour

trophique

qui concerne la nutrition des tissus

trypanosomiase

 = trypanosomose

tubule

peit tube

tuméfaction

augmentation de volume

tumescence

= intumescence

turgescence

augmentation de volume d’une partie du corps par rétention de sang veineux

tussigène

qui provoque la toux

unguéal

relatif à l’ongle

uréthrite

= urétrite

uricopoïèse

= uricogenèse

uropoïese

= uropoïétique = urogenèse

uviothérapie

emploi thérapeutique des rayons ultraviolets

vasodilatateur

qui augmente le calibre des vaisseaux

vélamenteux

en forme de voile

velvétique

qui a l’aspect du velours

vénérologie

= vénéréologie

vermiottes

= vermiothes

verruciforme

qui ressemble à une verrue

vésical

qui se rapporte à la vessie

vésicule

organe en forme de petit sac

virus

> viral

vultueux

se dit du visage quand il est bouffi et congestionné

xantho-

jaune

xéro-

sécheresse

xérostomie

= aptyalisme

xiphodynie

= xyphoïdalgie

xiphoïde

en forme d’épée

zygo-

union, jonction, réunion

zygomatique

relatif à la pommette

zymo-

ferment, diastase

zymologie

= enzymologie

11 Références

Delamare 1990

Jacques Delamare, Dictionnaire abrégé des termes de médecine, Maloine, 1990

Dubois

Dubois Jean, Lexis, s.d.

Hanse 1983

Joseph Hanse, Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, 1983

Goosse 2007

André Goosse, Le bon usage, conférence à Bellefontaine, le 15/12/2007

Hella 1995

André Hella, A propos des ‘considérations distinguées’, VA, 20/03/1995

Hella 1995b

André Hella, Expressions souvent mal comprises, VA, 06/03/1995

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