in : Georges-Henri Dumont, Histoire des Belges, Dessart, T 1, 1954

 

 

+- 10.000 ans a.c. – /Un mélange de peuples/

 

“Aux derniers descendants de la race autochtone, vient s’ajouter une population étrangère très caractéristique (…).

Il s’agit du type dénommé alpin: taille moyenne ou petite, yeux brins foncés, cheveux noirs.”  (p.13)

La population néolithique de Belgique connaissait l’art de tisser les étoffes: des empreintes fortuites de tissus ont été relevées sur des tessons.  Quant à la poterie et à la céramique, elles avaient si peu de secrets pour eux qu’ils exportaient leur production jusqu’en Europe centrale. (p.14)

Par le jeu des échanges commerciaux, l’usage des métaux s’est implanté vers le milieu du dix-huitième siècle avant notre ère. (p.15)

L’apparition du fer, que les Doriens introduisirent en Grèce vers 1200 avant Jésus-Christ, coïncide avec l’arrivée, plutôt pacifique, semble-t-il, de la branche gauloise des Celtes, essaimant des régions situées entre le Rhin, l’Elbe et le Danube.

Mais, aux environs de l’année 600, ces Gaulois furent vaincus par d’autres Celtes, les Belges, qui les refoulèrent vers le sud et vers l’Angleterre où ils apportèrent la langue britonnique, ancêtre du gallois.

D’où venaient ces Belges?  De la moyenne vallée du Rhin et de la rive droite au nord du Main, mais leur lointaine origine les apparente aux Indo-Européens dont l’habitat primitif se trouvait vraisemblablement au sud-est de notre continent.

Physiquement, les Belges ressemblaient assez aux Germains: haute stature, teint clair, yeux bleus, cheveux blonds, mais ils parlaient un dialecte purement celtique.  (p.15)

 

 

Expéditions des Belges

 

Monde celtique. En 298, nous les trouvons en Bulgarie; en 260, ils traversaient  l’Illyrie, envahissaient la Macédoine et infligeaient une cuisante défaite au roi Ptolémée Keraunos. Leur chef portait le nom de Bolgios qui est un doublet de Belga (Le nom des Belges est donc le plus ancien d’Europe avec celui des Grecs.).  Par manque de sens politique, les Belges se laissèrent progressivement absorber après avoir été réduits à l’impuissance par Attale Ier, roi de Pergame.  Des traces de leur présence persistèrent cependant parmi les Galates d’Asie mineure, qui, s’il faut en croire saint Jérôme, parlaient à peu près le même langage que les Trévires.

Un autre groupe de Belges descendit vers l’Italie; il était commandé par le roi Virdomar, qui, en 222, fut écrasé à la bataille de Clastidium. (p.19-20) (…)

L’expédition des Belges en Angleterre fut infiniment plus fructueuse; elle aboutit, en effet, à la fondation de colonies dans le Kent, l’Essex, l’Hertfordshire et le Hampshire – colonies qui demeurèrent en contact constant avec les Belges du continent. (p.20)

 

(1) Le nom des Belges est donc le plus ancien d’Europe avec celui des Grecs.

 

Achevons cette évocation religieuse, culturelle et militaire des anciens Belges par un tableau de leur vie quotidienne.

L’économie des Belges était avant tout agricole.  Ils pratiquaient l’assolement et exploitaient les terres lourdes grâce à la puissante charrue celtique à deux roues, traînée par plusieurs paires de boeufs.  Ils disposaient également de grandes faux pour les foins, de différents types de herse et même de moissonneuses.

Un vaste réseau de routes et de pistes carrossables favorisait les relations commerciales; il était complété par des gués, des ponts, des digues et traversait de part en part la fameuse forêt des Ardennes, qui était donc loin d’être infranchissable.

Des marchands étrangers, venus par les chemins de la mer ou ceux de la terre, apportaient régulièrement des produits et objets divers. On les payait avec la monnaie d’or frappée dans le pays d’après le statère de Philippe de Macédoine, ou bien on s’acquittait de ses achats en donnant en échange des étoffes de laine ou des bottes celtiques.

Les Belges étaient hospitliers. Ils recevaient leurs hôtes de marque avec faste et leur offraient des repas pantagruelesques où abondaient pains, viande, poissons, bière et vins qu’ils servaient dans des amphores et buvaient à la manière grecque. (p.21)

 

(Hygiène)

Ils étaient scrupuleusement propres et habillés avec une certaine opulence.  Les Belges se lavaient, du reste, avec beaucoup de soin en utilisant le savon qui est une invention celtique… (p.22)

 

(conclusion)

Médiocres citoyens, ne voulant dépendre que de ce qui leur plaisait, les Belges avaient un sens de l’honneur poussé jusqu’au raffinement et qui frappa tous les écrivains de l’antiquité.

Cette morale de l’honneur, ils la transmiren,t à leurs descendants avec l’essentiel de leur génie celtique. (p.22)

 

Le nom Belgica n’apparaît qu’au milieu du premier siècle.  A la fin du IIIe siècle, la Belgica fut répartie en trois provinces: la Germanie seconde, la Belgique première et la Belgique seconde. (p.31)

 

 

Un mélange de peuples

 

Au moment où s’achevait le deuxième siècle avant Jésus-Christ, les Belges durent affronter une puissante invasion des Cimbres et des Teutons. Ils la refoulèrent après des combats épiques qui renforcèrent sans doute la cohésion des populations. Finalement, la paix fut conclue  à des conditions que nous ignorons, mais nous savons que c’est à cette époque que se situe l’établissement des Aduatuques, germains celtisés, à l’est du pays. (p.23)

 

 

57 av. J.-Chr.

 

Rome n’hésitait à réduire par la force brutale les peuples jaloux de leur indépendance. Mais Rome savait aussi, le conflit une fois terminé, maintenir la cohésion des éléments annexes, grâce à une administration très souple. C’est ainsi que, pendant plus de quatre siècles et demi, les Belges bénéficièrent de la « pax romana”.

Dans la mesure du possible, les anciennes frontières des tribus belges furent maintenues; elles devinrent des civitates régies par des magistrats locaux et subdivisées en pagi.

La rapidité et la profondeur de la romanisation des Belges ne présent rien de particulièrement surprenant. De tous les peuples originaires du même fonds indo-européen, les Latins étaient les plus proches des Celtes, tant par la langue que par la mentalité. Leur civilisation supérieure à la civilisation celtique, mais non pas en opposition avec elle, devait tout naturellement prédominer.

Le cas des chaussées est topique. La promptitude de mouvement des légions romaines durant leur campagne contre les Belges prouve irréfutablement l’existence de nombreuses routes praticables.

Moins inventifs que les Celtes,  ils avaient davantage le sens de l’organisation. (p.30)

 

La plupart des routes sillonnaient la partie romane de la Belgique où s’inscrivaient également la presque totalités des villas.  L’explication de ce double phénomène réside, d’une part, dans la carence de pierres en Flandre et en Campine, d’autre part, dans la pauvreté du sol de ces régions encore marécageuses.  un chroniqueur du XIe siècle nous parle cependant d’imposantes constructions romaines exhumées à Oudenburg, près de Bruges. (p.32)

 

 

Christianisation

 

Assez nombreux étaient les belges engagés dans l’armée romaine.  Comme auxiliaires, débord, comme légionnaires ensuite.  … il a été démontré que ces soldats, qui achevaient généralement leurs jours au pays natal, furtent les premiers apôtres de la religion nouvelle qui, aux trois premiers siècles, était surtout méditerranéenne. (p.42)

 

 

LES FRANCS

 

Origine de la frontière linguistique

 

Au IVe siècle, Rome abandonna aux Francs le nord de la Belgique et reporta sa défense sur la route axiale Boulogne-Cologne.  Sur cette ligne, qui est à l’origine de l’actuelle frontière linguistique, les empereurs multiplièrent les fortifications.

(p.46) Le peuplement franc en masse s’arrêta devant les dernières lignes de défense de l’Empire romain.  Probablement parce que les territoires du nord constituaient un espace vital suffisant.  Plus au sud, des colonies franques s’établirent, mais elles n’étaient pas assez nombreuses pour absorber les populations celtiques romanisées. (p.45)

 

 

Tourisme

 

(5e s.) “Clodion et les hauts personnages de l’époque passaient la belle saison au littoral.  Déjà …” (p.49)

 

Contrairement à la légende, c’est au moment de s’attaquer aux Wisigoths et pour attirer dans son camp les Gallo-Romains d’Aquitaine que Clovis demanda le baptême et non pour se rallier à la foi de sa femme Clotilde si son Dieu lui donnait la victoire. (p.54)

 

 

Religion – diocèse –frontière linguistique

 

Au point de vue organisation territoriale, l’Eglise groupa ses fidèles dans les diocèses de Tongres- Maestricht, de Cambrai-Arras, de Tournai-Noyon, de Thérouanne et d’Utrecht. Ces diocèses ne tenaient aucun compte de la frontière des langues et des peuples; chacun comprenait des Francs (Flamands) et des Belgo-Romains (Wallons).  “En agissant ainsi, constate henri Pirenne, l’eglise prépara en quelque sorte les Belges à ce rôle d’intermédiaires entre la civilisation romane et la civilisation germanique, qu’ils étaient appelés à jouer dans les siècles suivants.” …

“Bien plus, les Mérovingiens calquèrent leur organisation administrative sur celle de l’église. Lors des nombreux partages de la monarchie, qui suivirent la mort de Clovis, la frontière des langues ne fut jamais adoptée pour la répartition du sol entre les rois.  ces partages, comme pour les diocèses se firent généralemen du nord au sud, alors que la frontière linguistique court de l’est à l’ouest. (p.55-56)

 

L’énergique Dagobert, grand lettré et grand bâtisseur, qu’une chanson populaire a très injustement ridiculisé, fut somme toute le dernier souverain d’Austrasie à faire respecter ses prérogatives et ses droits. (p.59)

 

D’aspect extérieur, Charlemagne n’avait rien de particulièrement majestueux.  Disons immédiatement qu’il ne portait cette barbe fleurie dont parle si souvent le poète de la Chanson de Roland.  Comme tous les princes francs, il avait le menton rasé, tandis qu’une forte moustache tombante soulignait sa lèvre supérieure. (p.66)

 

“En cette nuit de Noël de l’an 800, un nouvel empire d’Occident était né.  Il rendit possible la communauté spirituelle de l’Europe et, de cette Europe, la Belgique était devenue le centre.” (p.69)

 

Charlemagne et la Belgique (p.70)

 

A l’opposé des rois mérovingiens qui, aussitôt après leur ascension politique, s’étaient fixés à Paris, Charlemagne demeura fidèle à son pays d’origine.  Il avait une prédilection pour ses domaines de la vallée de la Meuse: Jupille, Meersen, Herstal, Amberloup, Longlier – et ce n’est point par hasard qu’il établit sa Cour, longtemps itinérante, près de Liège.”

Grâce à sa situation privilégiée dans l’empire, la Belgique carolingienne était devenue le centre le plus actif de l’Europe occidentale. (p.74)

 

Le grand calife de Bagdad, Haroun-el-Rachid, était très fier de ses pièces de drap flamand et les guerriers de Norvège préféraient à toutes les épées, celles qu’ils appelaient flamingr et qui étaient forgées en Wallonie. (p.75) 

 

Lothaire reçut, avec le titre impérial mais sans privilèges sur ses frères, les territoires à l’Ouest du Rhin, jusqu’à l’Escaut, la Haute-Meuse et la Saône.  Louis le Germanique s’attribua l’Est de cette longue bande et Charles le Chauve l’Ouest.  En fait, l’Empire carolingien était mort; (…) mais de son partage devaient naître deux puissances compactes et viables, la France et l’Allemagne, séparées par un territoire d’entre-deux qui préfigure les Etats actuels de la Hollande, de la Belgique et du Luxembourg.

 

Après les ravages causés par les Vikings, les descendants de Charlemagne furent de pitoyables souverains.  Les Vikings furent défaits en 891 par les troupes du roi Arnoul de Carinthie, roi d’Allemagne.  (p.79)

D’anciens fonctionnaires carolingiens s’étaient substitués au monarque; ils exerçaient leurs pouvoirs militaires, fiscaux et judiciaires, non plus par délégation royale, mais en maîtres indépendants.  (…)  Ainsi naquirent le comté de Flandre, la principauté de Liège, le duché de Luxembourg, le comté de Hainaut, le comté de Limbourg, le duché de Brabant, le comté de Namur et d’autres seigneuries de moindre importance. (p.86)

 

 

Il faut attribuer à Notger et à la collaboration efficiente entre l’Eglise et l’Empire, la grandeur de Liége et de sa principauté. Sans le prestige et les pouvoirs qu’accordèrent les empereurs à l’évêque, sans le génie de celui-ci, la cité mosane n’eût jamais dépassé l’importance de Maastricht, ville beaucoup mieux située parce que bâtie en plaine et traversée par la grand-route de Cologne. (p. 100)

 

Le chef de la première Croisade (1096-1099) fut un prince belge: Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et marquis d’Anvers.  On l’avait choisi parce que, connaissant les parlers romans et germaniques, il pouvait intervenir comme arbitre dans les querelles.  Il n’avait, du reste, pas son pareil pour entraîner les guerriers aux assauts les plus meurtriers.  (p.116)

 

La plus ancienne charte de liberté, en Europe,occidentale, est celle que la ville de Huy obtint en 1066 du prince-évêque de Liège Théoduin. (p.120)

 

 

Art sans frontière linguistique

 

Dans le domaine artistique, deux courants d’influence traversaient la Belgique, sans tenir le moindre compte de la frontière linguistique: le style roman du type rhénan et le style roman du type normand. (p.125)

 

Les deux axes du style roman ne tardèrent pas à se mêler intimement et leur union fut totale au coeur du pays.  Ainsi, le clocher de l’église Saint-Vincent de Soignies est d’allure rhénane, tandis que la tour de croisée et les grandes tribunes s’apparentent aux formes normandes. (p.126-127)

 

 

L’art belge: fidélité au réel

 

Le réalisme de Renier de Huy semble la continuation des sculptures belgo-romaines.  Nous le retrouvons dans les ivoires de Tournai et de Liège, comme aussi dans les miniatures dont les formes décoratives s’affranchissent progressivement du vieux style anglo-saxon.  Ainsi s’affirmait de plus en plus nettement un des caractères essentiels de l’art belge: la fidélité au réel. (p.127-128)

 

Henri Ier, successeur de Godefroid III, “comprit qu’à l’idée de domination territoriale (sur toute l’ancienne province impériale de Lotharingie), il fallait substituer une idée plus moderne; la puissance économique.  Dès lors, il s’assigna comme but le contrôle de la grand route de transit reliant, à travers le brabant, le port fluvial de Cologne au port maritime de Bruges.  Il réussit à obtenir la traversée du pays de Looz, le pont de Maastricht et finalement, la moitié de cette ville. (p.130)

 

Jean Ier unissait une rare finesse d’esprit à une extraordinaire vaillance militaire.  très habile politique, il savait pouvoir compter sur l’appui enthousisate des communes et des marchands, dont il entendait protéger les intérêts. (p.131) 

La victoire de Worringen marque une étape décisive dans la formation de la nationalité belge.  Par l’acquisition du Limbourg, le duc de Brabant contrôlait désormais la route entre la Flandre et l’Allemagne, et il dominait en même temps tout le cours inférieur de la Meuse. (p.133)  (…) Le danger d’annexion par l’Allemagne était éliminé. (p.134) 

 

Quelques heures avaient suffi pour rétablir en Flandre le gouvernement démocratique et remettre au pouvoir la dynastie naturelle des Dampierre.  S’ajoutant à la victoire brabançonne de Worringen contre les Impériaux, la victoire flamande de Courtrai rendit possible l’unification future des Pays-bas belgiques. (p.148)

 

 

A propos de l’unification

 

Jacques van Artevelde entreprit l’application de son programme.  Il obtint (p.155) d’abord des rois d’Angleterre et de France la reconnaissance de la neutralité de la Flandre.  Puis il renforça l’entente étroite entre les trois Membres de Flandre: Gand, Ypres et Bruges.  Enfin, il rechercha l’union économique et militaire des Pays-Bas. (p.154)

 

Cette idée n’était pas neuve; elle répondait à une constante de l’histoire des Belges.  En 1299, 1300 et 1304, des traités avaient déjà été conclus entre la Flandre et le Brabant.  D’autre part, en 1328, le Brabant, le Hainaut et la Hollande avaient décidé de  soumettre leurs différends éventuels à un arbitrage. Quant au pacte de 1336 auquel adhérèrent la Flandre, le Brabant, le Hainaut, la Hollande et la Zélande, il prévoyait une assistance mutuelle contre tout ennemi, hormis l’Empereur et le roi de France.  Jacques van Artevelde s’avança plus hardiment encore dana cette voie. Par le traité du 3 décembre 1339, la Flandre et le Brabant s’unirent contre tout agresseur, quel qu’il soit. Les termes du document montrent que les provinces belges avaient le sens de leur communauté foncière.

 

A son retour de Flandre, en juin 1340, Edouard III et sa puissante flotte  surprirent quelque deux cents navires français ancrés dans l’embouchure du Zwin, devant l’Ecluse.  Le vent, la marée, le soleil, l’habileté des archers gallois, tout contribua à l’écrasement de la flotte française. Les Flamands, massés sur les bords du Zwin, massacrèrent sans pitié les rescapés. 

L’alliance anglo-flamande débutait donc magnifiquement. Enhardi par le succès, Jacques van Artevelde décida de conquérir Tournai, tête de pont de la monarchie française sur les frontières du comté.  Défendue par de solides remparts et des troupes  fraîches, la place forte résista aux assauts conjugués des Flamands, des Anglais, des  Hennuyers et des Brabançons. Emporté de nature et peu diplomate, Jacques van Artevelde reprocha au duc Jean III sa (p.158) mollesse; il alla même jusqu’à  abattre un chevalier brabançon, sous les yeux de son seigneur!  Les difficultés financières du roi d’Angleterre firent le reste.  Il fallut se résigner à signer une trêve à Esplechin, le 25 septembre 1340. (p.157)

 

Après l’assassinat de Jacques van Artevelde, l’alliance anglo-flamande parut renforcée. (p.160)

 

A l’opposé de la Flandre, fragmentée en classes et groupes sociaux antagonistes, la société brabançonne présentait une réelle homogénéité.  Aussi la démocratie s’y instaura-t-elle avec moins de violence et, dans tous les cas, moins de démagogie.

(p.170) Au point de vue de la structure politique de l’état flamand, le règne de Louis de Male marque un tournant au moins aussi décisif que celui de Robert le frison.  Il indique une nette orientation vers une politique nationale, dans le sens moderne du mot. (p.164)

 

Dans les organismes administratifs, judiciaires et gouvernementaux créés par le comte de Flandre, le langue flamande était plus fréquemment employée.  dans un registre de sentences pour les années 1369 à 1378, l’usage du flamand par rapport au français est de dix pour un. (p.171)

 

 

Organisation

 

Un souverain bailli fut placé par Louis de Male à la tête des baillis, un receveur général fut investi de la direction des finances et un procureur général fut chargé de contrôler les services judiciaires.

Cet ensemble d’institutions, confié à un personnel permanent et solidement endoctriné, contribua à la centralisation monarchique de la Flandre d’abord, des Pays-bas ensuite.  Les ducs de la Maison de Bourgogne n’auront plus qu’à parachever cette oeuvre décisive, comme ils pourront se contenter de poursuivre la politique extérieure de leur prédécesseur. (p.172)

 

Les voies principales des villes étaient pavées et entretenues par un service spécial, les cautsiedemeesters.  Contrairement aux bourgeois de Cologne, obligés d’étendre de la paille dans les rues, les jours de mauvais temps, les citoyens de Gand, Bruges, Louvain ou Bruxelles ne devaient donc jamais patauger dans la boue sur les voies principales. (p.178)

 

(p.186) Le premier duc de Bourgogne de la maison de Valois est resté un prince français.  Mais il défendit les intérêts commerciaux de la Flandre. 

(p.187) il ne tarda guère à obtenir pour sa femme la nue-propriété du Brabant puis pour son fils puïné Antoine, l’héritage complet du duché de Brabant.

Un pas décisif était ainsi fait vers l’unification des Pays-Bas. Unification qu’il prépara aussi par le mariage des ses enfants.  De la sorte, le Hainaut, la Hollande, la Zélande et la Frise entraient d’ores et déjà dans le jeu bourguignon.

Il mit aussi toute sa confiance dans la diplomatie. 

(p.189) A mesure que grandissait sa volonté de prédominer en France, les Pays-bas se libéraient de l’influence de Paris. 

(p.194) Le règne de Jean sans Peur a augmenté la puissance de sa Maison en Europe.  Son règne marque une étape décisive vers l’unification territoriale des Pays-bas notamment en soumettant la cité de Liège.  

 

(p.210) A Thionville, Charles le Téméraire promulgua deux ordonnances qui marquent une étape importante dans l’unification administrative des Pays-bas. 

La première créait le Parlement de Malines, c’est-à-dire une Cour suprême de Justice, servant de juridiction d’appel à toutes les provinces néerlandaises.  La seconde réorganisait les finances par la réunion des Chambres des Comptes de Lille et de Bruxelles en une seule Chambre des Comptes fixée également à Malines.

(p.211) En conduisant ses armées à neuss, sur le Rhin, puis en Suisse, le duc de Bourgogne chercha à se créer des débouchés économiques par les voies commerciales du Rhin et du Rhône.

 

(p.213) A la mort de Charles le Téméraire, l’édifice bourguignon paraissait condamné à la ruine.  Les communes de Flandre et de Brabant se révoltèrent et tentèrent de rejeter toute autorité. Profitant du désarroi et de la jeunesse de leur souveraine, Marie de Bourgogne, les villes se livrèrent à l’anarchie.  (…) “L’or français coulait généreusement, distribué notamment par un agent spécial de Louis XI: Olivier le Daim.”

(p.210) “Il n’y eut qu’un seul homme à se réjouir de la mort de la princesse: Louis XI.”

(p.217) Les intrigues de Louis XI contribuèrent à l’agrandissement du royaume valois.

Le rêve lotharingien de Charles le Téméraire s’était évanoui. 

 

 

L’art

 

(p.219)

“Seule la Grèce, écrit M. Paul Lambotte, au sol non moins exigu, est comparable à la Belgique par son rôle dans la création et l’expansion de son art original, par la fécondité de ses maîtres et la durée de leur gloire.”

(p.221) C’est de l’art de la miniature  que naît la grande peinture bourguignonne. 

(p.233) Au 15e siècle, les Belges furent un des peuples les plus cultivés du monde grâce au mouvement des Frères de la Vie commune, à l’introduction de l’imprimerie par un de leurs élèves Thierry martens et à l’Université de Louvain, fondée en 1425 par le duc Jean IV et encouragé par les ducs de Bourgogne.

 

(p.237) Philipe le Beau, excellemment conseillé par la noblesse des Pays-bas, renoua avec la tradition d’une monarchie tempérée par l’intervention des Etats Généraux et Provinciaux.  Nous dirions aujourd’hui: une (p.237) une monarchie parlementaire et constitutionnelle.

(p.252) Par la Pragmatique sanction de 1549, Charles-Quint voulut empêcher le partage des Pays-Bas entre plusieurs héritiers, il exigea l’application d’une seule et même règle de succession à l’ensemble du pays.

(…) Comme souverain des XVII Provinces, Charles-Quint mérite plus que nul autre le titre de Conditor Belgii. (…)

 

(p.268) L’esprit de l’humanisme et de la Renaissance belge au 16e siècle.

(Charles-Quint avait accordé à Erasme une pension de 22 florins par an.)

 

(p.288) “Le second acolyte de la Consulta, le comte Charles de Berlaymont, était assurément le moins doué.  Dépourvu de tout sens politique, voire tout simplement d’intelligence, il avait reçu de Philippe II le collier de la Toison d’Or.  Dès lors, il n’eut d’autre ambition que de défendre aveuglément la cause du roi d’Espagne.”

 

in : Georges-Henri Dumont, Histoire des Belges, T 2, 1956

 

 

Echec d’Alexandre Farnèse

 

(p.11) Ce jour-là, le prince d’Orange faisait preuve de clairvoyance. Mais il en avait terriblement manqué lorsque pour s’assurer l’appui de la France, il avait engagé les Etats à céder la souveraineté des Pays-Bas au duc d’Anjou, François de Valois, frère du roi de France Henri III.  Non seulement les troupes françaises du Duc d’Anjou ne furent d’aucun secours réel, mais encore leur chef se lança dans la plus répugnante des fourberies.  Le 17 janvier 1583, trahissant et les Pays-bas et Guillaume le Taciturne, le duc d’Anjou tenta de s’emparer par la ruse de toutes les villes où se trouvaient des garnisons françaises.  Lui-même s’était chargé d’Anvers.

L’occasion était belle pour Alexandre Farnèse de s’adresser aux Etats Généraux et aux principales villes rebelles d’insister sur la médiocrité morale du prince qu’ils avaient choisi pour remplacer leur souverain légitime.

 

(pp.39-40) « Excédés par la mise en tutelle de leur pays et instigués par Richelieu, maints personnages en vue de la noblesse nationale – le prince d’ Epinoy, le prince de Barbançon, le duc de Bournonville, le comte d’ Egmont, voire le duc d’ Aarschot – entrèrent secrètement en relations avec Frédéric-Henri de nassau.  Et par une proclamation en date du 22 mai, le stadhouder invita les Belges « à se soustraire, suivant le louable exemple de leurs ancêtres, au pesant et insupportable joug des Espagnols. »  Très adroitement, il promettait de les « conserver et maintenir avec leurs privilèges, franchises et droits, comme encore avec le public exercice de la religion catholique romaine. »

L’ appel ne fut pas entendu, pourtant: aucun des conjurés ne jouissait d’ un prestige suffisant auprès de la masse.  Celle-ci demeurait fidèle à l’ Infante Isabelle.  Heureusement d’ ailleurs, car la révolte se fût soldée par un partage des Pays-Bas catholiques entre les Provinces-Unies pour la partie thioise et la France pour la partie wallonne. »

 

(p.41) Si jamais un géographe s’avisait d’indiquer sur la carte du monde tous les endroits où des Belges  se sont signalés par leur présence et par leur action, il révélerait l’esprit d’aventure et les aptitudes colonisatrices d’un peuple trop longtemps qualifié de casanier.

Sans remonter aux grandes migrations celtiques, rappelons qu’en 1066, de nombreux Flamands s’engagèrent dans l’armée de Guillaume le Conquérant, pour se fixer définitivement en Angleterre et y recevoir des fiefs. Trente-cinq ans plus tard, retentissait l’appel des évêques allemands. Ils demandaient des colons belges pour assécher les moeren du pays de Brême, en retour ceux-ci seraient libres de toute entrave féodale.  Flamands et Wallons émigrèrent en masse. Ils se répandirent dans le Holstein, la Thuringe, la Silésie et plusieurs d’entre eux s’en allèrent rejoindre les Wallons qui s’étaient installés peu auparavant en Hongrie et en Transylvanle. Tous bénéficièrent bientôt de privilèges.

 

(p.71) Sur le plan de la psychologie, le Baroque est une constante du peuple belge.

 

(p.80) Au 17e siècle, « lambeau par lambeau, Français et Hollandais arrachaient  ainsi des provinces entières de la Belgique. »

 

 

(p.92) Louis XIV en Belgique

 

Louvois permit les pillages, les incendies, les viols et massacres.

« Dès le 12 juin 1672, après s’ être assuré de la complicité de la principauté ecclésiastique de Liège, son armée franchissait le Rhin. »

 

(p.94) « En 1678, il mit le grappin sur plusieurs châteaux du Luxembourg, puis il se fit adjuger par les juristes fantoches de la Chambre  de Réunion de Metz des territoires entiers, dont certains appartenaient même à la principauté de Liège. »

 

 

(p.96) Sous Guillaume III

 

Le maréchal de Villeroi avait fait bombarder Bruxelles à boulets rouges pendant 36 heures, en septembre 1695.

 

 

Louis XIV

 

(p.96) « Les trois années suivantes furent particulièrement douloureuses pour les Européens (sis): les Français s’ emparèrent de Mons, brûlèrent Hal, bombardèrent Liège,… »

Le Maréchal de Villeroi avait fait bombarder Bruxelles à boulets rouges pendant 36 heures.

 

(p.101) « A l’ instar de Colbert, le comte de Bergeyck préconisait une politique d’unification qui grouperait toutes les provinces belges en un Etat cohérent, capable de lutter avec la concurrence étrangère. »

Malheureusement, l’Angleterre et les Provinces-Unies s’opposèrent au redressement économique des Pays-Bas.  L’ égoïsme local contribua à la réussite de l’ intervention de ces 2 pays.  « Chaque province belge, chaque ville attendait la protection de son industrie mais protestait contre la protection accordée à ses voisines!  Le Hainaut réclamait une taxation des tourbes mais les Anversois en demandaient le dégrèvement.  Les teinturiers souhaitaient la libre entrée des étoffes étrangères mais les drapiers en exigeaient la prohibition. »

« A force de souffrir, de se tirer d’ affaires par leurs propres moyens, les Belges avaient perdu le sens de l’ intérêt général et de la commune patrie. »

 

(p.107) A la faveur du mariage de Philippe le Bon avec isabelle de Portugal, un groupe de Flamands entreprit la colonisation des îles Açores, placées sous la souveraineté portugaise.

 

(p.116) Les Wallons avaient été les plus nombreux – et aussi les plus faciles à repérer – sur le Nieuw Nederland.  Mais ce serait se tromper gravement que de négliger le rôle des Flamands dans la fondation de New York (primitivement Nieuw Amsterdam), New Jersey, Pennsylvanie, Delaware ou Connecticut.  Le père spirituel de la colonisation américaine fut, sans conteste, l’Anversois Willem Usselinx.  Ce novateur ne vit jamais le Nouveau Monde mais il dressa des plans précis que d’autres Belges réalisèrent magnifiquement.  Un autre Flamand, Michel De Pauw, s’imposa comme un des ‘patrons’ les plus respectables de la colonie belge; en 1630, il acquit le Staten Island et de vastes terrains qui furent appelés “Hoboken”, en souvenir de la petite cité scaldienne.  Quant à l’Anversois Corneille Meylen, il jeta les bases de Tompkinsville.  Son compatriote, François Rombouts de Hasselt, devint maire de Manhattan, en 1679 …

Ainsi donc, exilés wallons et flamands se sont (p.117) fraternellement unis pour permettre à New-York et aux Etats-Unis de naître.

(p.117) A la demande de Colbert, François Caron organisa l’île de Madagascar qui avait été explorée par un autre Belge, Gérard de Coninck.

 

 

SOUS LE REGIME AUTRICHIEN

 

(p.150) La Compagnie d’Asie et d’Afrique, fixée à Trieste, choisit le port flamand comme filiale et alla coloniser les îles de Brabant, appelées aujourd’hui Tristan da Cunha.

 

(p.202) (Au (…) siècle) Les couleurs du Brabant: jaune, rouge, noir.

 

 

LA DOMINATION FRANCAISE

 

(p.217) Sans cesse arrivaient de Paris des émissaires qui travaillaient les masses et préparaient les esprits à “la protection française”.

 

(p.220) Les Belges avaient été embobelinés par les promesses fallacieuses des agents français et leurs amis vonckistes; la plupart d’entre eux accueillirent le général Dumouriez comme le vengeur de l’échec de la révolution brabançonne, le sauveur qui rétablirait les Etats-Belgiques Unis.  Dans sa proclamation, le vainqueur de Jemappes semblait confirmer cette optique des événements.

 

(p.222) Chatant la Carmagnole ou la Marseillaise, les hordes de sans-culottes joignirent rapidement au “don céleste de la liberté” le pillage, le meurtre, le viol, la torture et la haine antireligieuse.  les Ardennes, le pays de Bouillon, le comté de Namur, l’Entre-Sambre-et-Meuse, le Hainaut, la Flandre, la principauté de lIège et le Limbourg furent particulièrement malmenés.  A Walcourt, la garnison française de Philippeville sévit pendant seize heures consécutives.  ce fut atroce: on tortura les femmes et les vieillards, on arracha le cuivre des portes, on dévasta de fond en comble l’abbaye du jardinet et après avoir profané les vases sacrés avec des gestes lubriques, on les jeta en vrac sur des chariots chargés des meubles des villageois.  Les religieux demi-nus furent alors forcés à coups de fouets de mener eux-mêmes à Philippeville le butin enlevé à leurs compatriotes!

 

(p.225) Trois jours durant, la collégiale des saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles fut saccagée par la tourbe des sans-culottes et des troupiers. (…) des merveilles artistiques, oeuvre de plusieurs générations de peintres et de sculpteurs, furent lacérées ou brisées. 

A Liège, dix églises furent dévastées et un prêtre fut déchiqueté.  A Lobbes, l’abbé Simon fut si cruellement torturé par les soldats français qu’il expira peu après dans d’atroces souffrances.

 

(p.229) Des massacres collectifs furent organisés à Nalinnes, Tiercelet et Mons.  En quelques semaines, deux cents personnes furent assassinées et deux mille détenues!

 

(p.230) Seize prêtres et religieux belges furent décapités à Arras, tandis qu’on arrêtait l’évêque de Namur.

 

(p.231) ANNEXION

Pour la première fois depuis dix-huit siècles, nos provinces durent subir une domination totalement étrangère.

 

(pp.231-232) « Les Français croyaient substituer leur nationalité de vainqueurs à la nationalité des vaincus; ils croyaient anéantir la Belgique en l’ absorbant.  En fait, ils jetèrent les bases d’ un Etat belge unique, comprenant désormais le pays de Liège. »

 

(p.234) / la résistance/

 

« Des battues organisées, dans la forêt de Soignes, en novembre 1795, aboutirent à l’ arrestation d’ une centaine de paysans transformés par la propagande en « brigands qui troublaient la tranquillité et menaçaient les propriétés. » »

 

 

(p.235) La Guerre des Paysans

 

Une feuille clandestine circulait, Le Lion Belgique.

 

(p.236) En 1797, « à Liège, le peintre Defrance dirigea la construction méthodique de la cathédrale Saint-Lambert. »

 

(p.238) Citoyens français malgré eux, les jeunes Belges furent donc appelés sous un drapeau qu’ils haïssaient.  Par surcroît, la conscription n’avait jamais été connue dans nos provinces: nos souverains légitimes des Maisons de Bourgogne, d’Espagne et d’Autriche n’avaient recruté leurs armées que par engagement volontaire.  Aussi l’indignation populaire tourna-t-elle à la rage.  Ce fut un véritable déchaînement de fureur, une explosion spontanée de récoltes successives qui mirent promptement en fermentation la Flandre, la Campine, le Brabant et le Luxembourg.

 

(p.238) En 1798, « citoyens français malgré eux, les jeunes Belges furent donc appelés sous un drapeau qu’ ils haïssaient.  Par surcroît, la conscription n’avait jamais été connue dans nos provinces: nos souverains légitimes des Maisons de Bourgogne, d’ Espagne et d’ Autriche n’avaient recruté leurs armées que par engagement volontaire.  Aussi l’ indignation populaire tourna-t-elle à la rage.  Ce fut un véritable déchaînement de fureur, une explosion spontanée de révoltes successives qui mirent promptement  en fermentation la Flandre, la Campine,le Brabant et le Luxembourg. »

 

(p.239) « Les ‘jongens’ surgissaient à l’ improviste dans une commune, y sciaient l’ arbre de la liberté, rouvraient triomphalement les portes de l’ église, brûlaient les registres de l’ état-civil où figuraient les listes des conscrits puis disparaissaient soit chez eux, soit dans les champs. »

 

(p.241) « Au cours de cette Guerre des Paysans, des milliers de héros tombèrent pour la cause nationale et pour la religion: « voor landt en de religie »?  Alors que Français, Rhénans, Hollandais baissaient la tête sous le joug du Directoire, les Belges affirmèrent ainsi leur droit à l’ indépendance et au respect de leur conscience. »

(p.241) « La résistance des réfractaires à la conscription se poursuivit.  Les Français arrêtèrent père, mère, soeur, épouse, fiancée des réfractaires.  Ils torturèrent dese mamans pour leur arrcher la révélatin de la retraite de leur fils.  Mais,en fin de compte, sur les 22 000 conscrits de 1798, plus des deux tiers échappèrent à l’ embrigadement .  En 1799, à peine 3500 jeunes hommes, sur les 17000 exigés, arrivèrent dans les régiments. »

 

(p.247) Rien ne montre mieux le caractère artificiel et occasionnel du relèvement économique de la Belgique sous le Consulat et l’Empire, que l’absence de commerce extérieur.  le trafic restait confiné à l’intérieur des frontièrs françaises que défendait un protectionnisme outrancier, bientôt couronné par le Blocus Continental.

 

 

(p.248) / Sous Napoléon/

 

« En pays flamand, la situation était plus lamentable encore; les préfets s’ y ingéniaient à extirper la langue néerlandaise non seulement pour l’ usage officiel mais aussi pour toutes les formes de la vie publique et culturelle.  Seul le clergé continuait à prêcher dans la langue du peuple. »

 

(p.249) Inlassablement, il puisait dans les réserves d’hommes de son pays et des pays conquis. (…) des émeutes éclatèrent quand les agents de recrutement arrivèrent à Gand, Chaumont, Gilly, Jumet, Rupelmonde, Ellezelles, Wihéries, …

Le nombre des réfractaires dépassa largement celui des incorporés, et même ceux-ci, mêlés aux soldats français, abandonnaient le drapeau impérial dès qu’ils approchaient d’une frontière hospitalière: ce fut le cas pour un régiment envoyé à Hanovre en juillet 1805 et dont trente hommes, tous Belges, désertèrent en Hollande!

 

(p.250) Dans son aveuglement – caractéristique de tous les dictateurs – Napoléon crut retrouver en Belgique, lors de sa visite de 1810, l’accueil qui lui avait été réservé sept ans plus tôt.  Il dut rapidement déchanter.  Il y eut des applaudissements, mais ils allèrent exclusivement

vers l’impératrice Marie-Louise, la descendante de Marie-Thérèse!  L’intention était évidente.  Furieux, Napoléon interdit d’acclamer sa femme hors de sa présence …

 

(p.252) « Cruel par nature – enfant, il torturait les chiens; empereur, il donna par écrit l’ ordre de torturer des malheureux saisis par sa police – il fit envoyer près de deux cents rebelles dans les casemates de concentration de Wezel, où plus de la moitié moururent de sévices et de maladies. »

… »La nouvelle de la débâcle française en Russie soulagea le coeur de tous les Belges qui n’ avaient pas lié leur sort au Nouveau Régime.

 

(Après la défaite en Russie,) l’insubordination des Belges devint, d’ailleurs, publique.  On ne se gênait plus guère.  Le nombre des réfractaires à la conscription grandissait de mois en mois; ils parcouraient les campagnes et excitaient la population.  Quand aux enrôlés, ils déclaraient hautement aller au-devant des cosaques.  “A peine les détachements sont-ils arrivés hors de la ville, écrit le vicomte Terlinden, que le plus grand nombre des soldats désertent, jetant leurs fusils dans les fossés.

(p.253) Au bureau de recrutement de Bruges, les conscrits assommèrent le chef, malmenèrent les gendarmes et déchirèrent tous les registres.  A Jodoigne, ils déambulèrent dans les rues en chantant: “Vivent les Cosaques!”

 

(p.255) ARRIVEE DES ALLIES

 

A Bruxelles, déjà, on saccageait certaines maisons et on lapidait un commissaire de police napoléonien réfugié sur les toits du Marché-aux-Herbes.

 

(p.264) En 1815, « le combat des Quatre-Bras fut décisif. Le prince héritier d’Orange avec 8000 Hollando-Belges et 16 canons tint bon contre les 17 500 hommes et les 62 pièces d’ artillerie du maréchal Ney!  Les Anglais survinrent à temps pour relever ces héros qui sauvèrent d’ uen destruction complète les Prussiens de Blücher, batus à Ligny par Napoléon en personne. »

… »Les Belges remplirent un rôle important dans cette résistance héroïque », notamment la cavalerie de l’ Anversois Van Erlen.

 

(p.265) Waterloo

Les Belges remplirent un rôle important dans cette résistance héroïque (quelques milliers d’Hollando-Belges devant 125.000 hommes de Napoléon)

 

(p.266) « Ainsi, le stratège qui, pendant plus de vingt ans, avait fait trembler l’Europe, était irrémédiablement battu par une armée mal entraînée et où les commandements étaient donnés en quatre langues. »

 

(p.267) Les cloches de Bruxelles sonnèrent à toute volée pour célébrer la fin du cauchemar napoléonien.

 

(p.280); L’Etat ouvrit dès 1816 7 athénées – à Bruxelles, Maastricht, Bruges, Tournai, Namur, Anvers et Luxembourg – trois universités – à Gand, Louvain et Liège – et deux écoles de navigation, à Anvers et à Ostende.

 

 

(p.306) LA PRINCIPAUTE DE LIEGE

 

A l’époque bourguignonne, presque isolée au milieu des terres bourguignonnes, la principauté occupait une position des plus périlleuses.  Croyant pourvoir résister à la politique unificatrice des ducs de Bourgogne, elle rechercha l’appui intéressé de la monarchie française.  Mais celle-ci ne la soutint que pour faire pièce aux Grands Ducs d’Occident.  Tablant habilement sur les éléments les plus démagogiques des métiers, les rois de France utilisèrent Liège comme un allié utile que l’on peut toujours laisser tomber en temps opportun.

 

(p.307) l’emprise de Bourgogne se précisait.  le conflit entre le prince-élu et ses sujets fut quasi immédiat.  Le 22 mars 1465, ils proclamèrent sa déchéance; le 17 juin suivant, ils signèrent une alliance militaire avec la france.  La guerre était inévitable, mais elle ne se déroula pas selon les plans de Louis Xi.  Battu à Montléry, le rusé roi de France abandonna ses “très chers espéciaux amis” de Liège à leur triste sort.  Liège dut passer par toutes les conditions de son vainqueur: la principauté devint un protectorat bourguignon.

(p.314) Sous prétexte de protéger la neutralité de la principauté, les émissaires de Richelieu puis ceux de Mazarin attisèrent les luttees sociales.  les Grignoux, artisans et gens du peuple, furent opposés aux Chiroux, nobles et gros bourgeois, dévoués à la maison de bavière. 

 

 

 

in : Georges-Henri Dumont, Histoire des Belges, T 3, 1956

 

 

(p.10-11) /révolution/  un émissaire français ayant hissé le drapeau tricolore de la France au balcon de l’hôtel de ville, l’avocat Ducpétiaux l’arrache avec colère et le remplace par les vieilles couleurs brabançonnes: noir, jaune et rouge.   (…) un autre drapeau belge fut promené par les rues de la ville, aux cris de: “Nous sommes Belges.  Pas de préfecture.”

Non seulement cet incident caractéristique révèle la persistance des mauvais souvenirs de l’occupation française, mais encore, comme le fait remarquer M. le Professeur Léon Van der Essen, “il montre clairement que, si des étrangers tentèrent d’exploiter au profit de leur cause le mouivement populaire, la population les désavoua sur l’heure.”

 

(p.22-23) Les autorités capitulèrent les unes après les autres.

ainsi tombèrent les places fortes d’Ath, Mons, Tournai, Namur, Charleroi, Philippeville, Mariembourg et Dinant.

En Flandre également, l’effondrement du pouvoir royal fut complet.  Le 26 septembre, une sanglante bagarre avait opposé les Brugeois aux soldats hollandais.  (p.23) Dès le lendemain, prises de panique, les autorités militaires se retirèrent sur Ostende où leur arrivée déclencha la rébellion de la troupe.  (…) A Menin, la foule faillit être canonnée par les Hollandais. 

A Gand, les Hollandais pouvaient compter sur une puissante minorité orangiste, mais la citadelle n’en capitula pas moins le 17 octobre sort quinze jours après le ralliement enthousiaste de Ninove, Grammont, Audenaarde au régime nouveau.

Le peuple d’Anvers, enfin, réussit à désarmer les postes militaires de la ville, le 27 octobre.  Hélas!  la citadelle semblait imprenable, tout comme celles de Luxembourg et de Maastricht.

 

 

(p.32) Chef-d’oeuvre de sagesse politique, la constitution belge sera imitée en Espagne, au Portugal, en Roumanie, voire en Hollande.

 

(p.34) Talleyrand avait un plan tout différent: son ‘idée favorite’ prévoyait pour la Prusse le Limbourg d’Outre-Meuse, pour la Hollande les provinces flamandes et pour la France la Wallonie, Anvers et Ostende devenant des ports francs.

 

(p.78) NB En 1848, Metternich dut prendre la fuite à Vienne et demander asile en Belgique!

 

 

(p.78) / Les évolutions en Europe occidentale en 1830/

 

Seule la Belgique échappa aux tueries fratricides « et à la revanche de la dixtature qui les suivit. »  « Hormis la France, toutes les grandes puissances célébrèrent la Belgique comme un exemple et une leçon pour l’ Europe. »  « Si la seconde république française fit exception, c’ est que les exaltés du genre LedruRollin espéraient réaliser facilement l’ annexion  de nos provinces.  Mais une riposte, prompte et énergique, de l’ armée belge permit de repousser deux tentatives d’ invasion, l’ une à Risquons-Tout, près de Mouscron, l’ autre à Quiévrain. »

 

 

(p.85) /Napoléon III et la Belgique/

 

Léopold Ier décela, dès l’ origine, le projet formé par Napoléon III de reporter la frontière française sur le Rhin. »Il s’ empressa d’ alerter l’ Europe et de réunir des assurances et des garanties réelles pour la défense de la neutralité belge. »

(pp.105-106) « Le roi /Léopold II/ donna son plein appui à Frère-Orban qui réussit à faire échec au plan ferroviaire de Napoléon III.  L’ empereur des Français, ayant acheté la compagnie des chemins de fer du Grand Luxembourg, essayait de s’ emparer des principales voies ferrées belges. »

 

(p.105-106) Napoléon III avait acheté la compagnie des chemins de fer du grand Luxembourg.  Il essayait ainsi de s’emparer des principales voies ferrées belges.

 

 

(p.183) 14-18

 

Foch s’entêta en 1915 à lancer une offensive alliée à travers la Belgique. 

Albert s’y opposait, préférant une attaque menée de Verdun par la rive droite de la Meuse en direction de Montmédy, Virton, Bastogne car cela constituerait vite un réel péril pour l’armée allemande.  L’adversaire en cas de progression rapide serait obligé d’évacuer la Belgique et toute la partie de la France.

 

Foch s’obstina dans sa thèse (p.184) L’offensive franco-britannique comme l’avait prévu le roi Albert échoua complètement.  “Les pertes françaises des 16, 17 et 18 juin 1915 s’élèvent à 100.000 hommes, notait Albert Ier dans ses Carnets de guerre, et cela pour obtenir un résultat nul.”

 

 

(p.240) Selon le Dr Charcot, le pôle sud fut conquis parce que Gerlache, le premier, osa affronter un hivernage antarctique.

 

/1940-45/

 

(p.279)  Le gouverneur général Pierre Ryckmans forma trois brigades de 10.000 hommes chacune.  Le 11 mars 1941, après avoir traversé le Soudan, trois bataillons et deux batteries de nos orces africaines s’emparèrent de la position d’Arosa.  Les Italiens, qui ne s’attendaient pas à l’arrivée de nos troues, avaient fui précipitamment.  La guerre dans les “hautes herbes” d’Ethiopie avait commencé.  Elle fut aussi glorieuse que foudroyante. 

 

(p.280) Notre génie posa des champs de mines en Egypte, nos pionniers créèrent un aérodrome dans le désert de Cyrénaïque, nos transports sillonnèrent les routes de Judée, les montagnes du liban, les plaines de Syrie et de l’Irak, les vallées de Transjordanie et les déserts lybiens. 

(p.282) En se rendant personnellement à Berchtesgaden, le 19 novembre 1940, le roi Léopold III obtint, sans contrepartie, une notable amélioration du ravitaillement.  Cette amélioration fut maintenue, avec des hauts et des bas, jusqu’en 1944.

 

in : Georges-Henri Dumont, Histoire des Belges, T 2, 1956

 

 

Echec d’Alexandre Farnèse

 

(p.11) Ce jour-là, le prince d’Orange faisait preuve de clairvoyance. Mais il en avait terriblement manqué lorsque pour s’assurer l’appui de la France, il avait engagé les Etats à céder la souveraineté des Pays-Bas au duc d’Anjou, François de Valois, frère du roi de France Henri III.  Non seulement les troupes françaises du Duc d’Anjou ne furent d’aucun secours réel, mais encore leur chef se lança dans la plus répugnante des fourberies.  Le 17 janvier 1583, trahissant et les Pays-bas et Guillaume le Taciturne, le duc d’Anjou tenta de s’emparer par la ruse de toutes les villes où se trouvaient des garnisons françaises.  Lui-même s’était chargé d’Anvers.

L’occasion était belle pour Alexandre Farnèse de s’adresser aux Etats Généraux et aux principales villes rebelles d’insister sur la médiocrité morale du prince qu’ils avaient choisi pour remplacer leur souverain légitime.

 

(pp.39-40) « Excédés par la mise en tutelle de leur pays et instigués par Richelieu, maints personnages en vue de la noblesse nationale – le prince d’ Epinoy, le prince de Barbançon, le duc de Bournonville, le comte d’ Egmont, voire le duc d’ Aarschot – entrèrent secrètement en relations avec Frédéric-Henri de nassau.  Et par une proclamation en date du 22 mai, le stadhouder invita les Belges « à se soustraire, suivant le louable exemple de leurs ancêtres, au pesant et insupportable joug des Espagnols. »  Très adroitement, il promettait de les « conserver et maintenir avec leurs privilèges, franchises et droits, comme encore avec le public exercice de la religion catholique romaine. »

L’ appel ne fut pas entendu, pourtant: aucun des conjurés ne jouissait d’ un prestige suffisant auprès de la masse.  Celle-ci demeurait fidèle à l’ Infante Isabelle.  Heureusement d’ ailleurs, car la révolte se fût soldée par un partage des Pays-Bas catholiques entre les Provinces-Unies pour la partie thioise et la France pour la partie wallonne. »

 

(p.41) Si jamais un géographe s’avisait d’indiquer sur la carte du monde tous les endroits où des Belges  se sont signalés par leur présence et par leur action, il révélerait l’esprit d’aventure et les aptitudes colonisatrices d’un peuple trop longtemps qualifié de casanier.

Sans remonter aux grandes migrations celtiques, rappelons qu’en 1066, de nombreux Flamands s’engagèrent dans l’armée de Guillaume le Conquérant, pour se fixer définitivement en Angleterre et y recevoir des fiefs. Trente-cinq ans plus tard, retentissait l’appel des évêques allemands. Ils demandaient des colons belges pour assécher les moeren du pays de Brême, en retour ceux-ci seraient libres de toute entrave féodale.  Flamands et Wallons émigrèrent en masse. Ils se répandirent dans le Holstein, la Thuringe, la Silésie et plusieurs d’entre eux s’en allèrent rejoindre les Wallons qui s’étaient installés peu auparavant en Hongrie et en Transylvanle. Tous bénéficièrent bientôt de privilèges.

 

(p.71) Sur le plan de la psychologie, le Baroque est une constante du peuple belge.

 

(p.80) Au 17e siècle, « lambeau par lambeau, Français et Hollandais arrachaient  ainsi des provinces entières de la Belgique. »

 

 

(p.92) Louis XIV en Belgique

 

Louvois permit les pillages, les incendies, les viols et massacres.

« Dès le 12 juin 1672, après s’ être assuré de la complicité de la principauté ecclésiastique de Liège, son armée franchissait le Rhin. »

 

(p.94) « En 1678, il mit le grappin sur plusieurs châteaux du Luxembourg, puis il se fit adjuger par les juristes fantoches de la Chambre  de Réunion de Metz des territoires entiers, dont certains appartenaient même à la principauté de Liège. »

 

 

(p.96) Sous Guillaume III

 

Le maréchal de Villeroi avait fait bombarder Bruxelles à boulets rouges pendant 36 heures, en septembre 1695.

 

 

Louis XIV

 

(p.96) « Les trois années suivantes furent particulièrement douloureuses pour les Européens (sis): les Français s’ emparèrent de Mons, brûlèrent Hal, bombardèrent Liège,… »

Le Maréchal de Villeroi avait fait bombarder Bruxelles à boulets rouges pendant 36 heures.

 

(p.101) « A l’ instar de Colbert, le comte de Bergeyck préconisait une politique d’unification qui grouperait toutes les provinces belges en un Etat cohérent, capable de lutter avec la concurrence étrangère. »

Malheureusement, l’Angleterre et les Provinces-Unies s’opposèrent au redressement économique des Pays-Bas.  L’ égoïsme local contribua à la réussite de l’ intervention de ces 2 pays.  « Chaque province belge, chaque ville attendait la protection de son industrie mais protestait contre la protection accordée à ses voisines!  Le Hainaut réclamait une taxation des tourbes mais les Anversois en demandaient le dégrèvement.  Les teinturiers souhaitaient la libre entrée des étoffes étrangères mais les drapiers en exigeaient la prohibition. »

« A force de souffrir, de se tirer d’ affaires par leurs propres moyens, les Belges avaient perdu le sens de l’ intérêt général et de la commune patrie. »

 

(p.107) A la faveur du mariage de Philippe le Bon avec isabelle de Portugal, un groupe de Flamands entreprit la colonisation des îles Açores, placées sous la souveraineté portugaise.

 

(p.116) Les Wallons avaient été les plus nombreux – et aussi les plus faciles à repérer – sur le Nieuw Nederland.  Mais ce serait se tromper gravement que de négliger le rôle des Flamands dans la fondation de New York (primitivement Nieuw Amsterdam), New Jersey, Pennsylvanie, Delaware ou Connecticut.  Le père spirituel de la colonisation américaine fut, sans conteste, l’Anversois Willem Usselinx.  Ce novateur ne vit jamais le Nouveau Monde mais il dressa des plans précis que d’autres Belges réalisèrent magnifiquement.  Un autre Flamand, Michel De Pauw, s’imposa comme un des ‘patrons’ les plus respectables de la colonie belge; en 1630, il acquit le Staten Island et de vastes terrains qui furent appelés “Hoboken”, en souvenir de la petite cité scaldienne.  Quant à l’Anversois Corneille Meylen, il jeta les bases de Tompkinsville.  Son compatriote, François Rombouts de Hasselt, devint maire de Manhattan, en 1679 …

Ainsi donc, exilés wallons et flamands se sont (p.117) fraternellement unis pour permettre à New-York et aux Etats-Unis de naître.

(p.117) A la demande de Colbert, François Caron organisa l’île de Madagascar qui avait été explorée par un autre Belge, Gérard de Coninck.

 

 

SOUS LE REGIME AUTRICHIEN

 

(p.150) La Compagnie d’Asie et d’Afrique, fixée à Trieste, choisit le port flamand comme filiale et alla coloniser les îles de Brabant, appelées aujourd’hui Tristan da Cunha.

 

(p.202) (Au (…) siècle) Les couleurs du Brabant: jaune, rouge, noir.

 

 

LA DOMINATION FRANCAISE

 

(p.217) Sans cesse arrivaient de Paris des émissaires qui travaillaient les masses et préparaient les esprits à “la protection française”.

 

(p.220) Les Belges avaient été embobelinés par les promesses fallacieuses des agents français et leurs amis vonckistes; la plupart d’entre eux accueillirent le général Dumouriez comme le vengeur de l’échec de la révolution brabançonne, le sauveur qui rétablirait les Etats-Belgiques Unis.  Dans sa proclamation, le vainqueur de Jemappes semblait confirmer cette optique des événements.

 

(p.222) Chatant la Carmagnole ou la Marseillaise, les hordes de sans-culottes joignirent rapidement au “don céleste de la liberté” le pillage, le meurtre, le viol, la torture et la haine antireligieuse.  les Ardennes, le pays de Bouillon, le comté de Namur, l’Entre-Sambre-et-Meuse, le Hainaut, la Flandre, la principauté de lIège et le Limbourg furent particulièrement malmenés.  A Walcourt, la garnison française de Philippeville sévit pendant seize heures consécutives.  ce fut atroce: on tortura les femmes et les vieillards, on arracha le cuivre des portes, on dévasta de fond en comble l’abbaye du jardinet et après avoir profané les vases sacrés avec des gestes lubriques, on les jeta en vrac sur des chariots chargés des meubles des villageois.  Les religieux demi-nus furent alors forcés à coups de fouets de mener eux-mêmes à Philippeville le butin enlevé à leurs compatriotes!

 

(p.225) Trois jours durant, la collégiale des saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles fut saccagée par la tourbe des sans-culottes et des troupiers. (…) des merveilles artistiques, oeuvre de plusieurs générations de peintres et de sculpteurs, furent lacérées ou brisées. 

A Liège, dix églises furent dévastées et un prêtre fut déchiqueté.  A Lobbes, l’abbé Simon fut si cruellement torturé par les soldats français qu’il expira peu après dans d’atroces souffrances.

 

(p.229) Des massacres collectifs furent organisés à Nalinnes, Tiercelet et Mons.  En quelques semaines, deux cents personnes furent assassinées et deux mille détenues!

 

(p.230) Seize prêtres et religieux belges furent décapités à Arras, tandis qu’on arrêtait l’évêque de Namur.

 

(p.231) ANNEXION

Pour la première fois depuis dix-huit siècles, nos provinces durent subir une domination totalement étrangère.

 

(pp.231-232) « Les Français croyaient substituer leur nationalité de vainqueurs à la nationalité des vaincus; ils croyaient anéantir la Belgique en l’ absorbant.  En fait, ils jetèrent les bases d’ un Etat belge unique, comprenant désormais le pays de Liège. »

 

(p.234) / la résistance/

 

« Des battues organisées, dans la forêt de Soignes, en novembre 1795, aboutirent à l’ arrestation d’ une centaine de paysans transformés par la propagande en « brigands qui troublaient la tranquillité et menaçaient les propriétés. » »

 

 

(p.235) La Guerre des Paysans

 

Une feuille clandestine circulait, Le Lion Belgique.

 

(p.236) En 1797, « à Liège, le peintre Defrance dirigea la construction méthodique de la cathédrale Saint-Lambert. »

 

(p.238) Citoyens français malgré eux, les jeunes Belges furent donc appelés sous un drapeau qu’ils haïssaient.  Par surcroît, la conscription n’avait jamais été connue dans nos provinces: nos souverains légitimes des Maisons de Bourgogne, d’Espagne et d’Autriche n’avaient recruté leurs armées que par engagement volontaire.  Aussi l’indignation populaire tourna-t-elle à la rage.  Ce fut un véritable déchaînement de fureur, une explosion spontanée de récoltes successives qui mirent promptement en fermentation la Flandre, la Campine, le Brabant et le Luxembourg.

 

(p.238) En 1798, « citoyens français malgré eux, les jeunes Belges furent donc appelés sous un drapeau qu’ ils haïssaient.  Par surcroît, la conscription n’avait jamais été connue dans nos provinces: nos souverains légitimes des Maisons de Bourgogne, d’ Espagne et d’ Autriche n’avaient recruté leurs armées que par engagement volontaire.  Aussi l’ indignation populaire tourna-t-elle à la rage.  Ce fut un véritable déchaînement de fureur, une explosion spontanée de révoltes successives qui mirent promptement  en fermentation la Flandre, la Campine,le Brabant et le Luxembourg. »

 

(p.239) « Les ‘jongens’ surgissaient à l’ improviste dans une commune, y sciaient l’ arbre de la liberté, rouvraient triomphalement les portes de l’ église, brûlaient les registres de l’ état-civil où figuraient les listes des conscrits puis disparaissaient soit chez eux, soit dans les champs. »

 

(p.241) « Au cours de cette Guerre des Paysans, des milliers de héros tombèrent pour la cause nationale et pour la religion: « voor landt en de religie »?  Alors que Français, Rhénans, Hollandais baissaient la tête sous le joug du Directoire, les Belges affirmèrent ainsi leur droit à l’ indépendance et au respect de leur conscience. »

(p.241) « La résistance des réfractaires à la conscription se poursuivit.  Les Français arrêtèrent père, mère, soeur, épouse, fiancée des réfractaires.  Ils torturèrent dese mamans pour leur arrcher la révélatin de la retraite de leur fils.  Mais,en fin de compte, sur les 22 000 conscrits de 1798, plus des deux tiers échappèrent à l’ embrigadement .  En 1799, à peine 3500 jeunes hommes, sur les 17000 exigés, arrivèrent dans les régiments. »

 

(p.247) Rien ne montre mieux le caractère artificiel et occasionnel du relèvement économique de la Belgique sous le Consulat et l’Empire, que l’absence de commerce extérieur.  le trafic restait confiné à l’intérieur des frontièrs françaises que défendait un protectionnisme outrancier, bientôt couronné par le Blocus Continental.

 

 

(p.248) / Sous Napoléon/

 

« En pays flamand, la situation était plus lamentable encore; les préfets s’ y ingéniaient à extirper la langue néerlandaise non seulement pour l’ usage officiel mais aussi pour toutes les formes de la vie publique et culturelle.  Seul le clergé continuait à prêcher dans la langue du peuple. »

 

(p.249) Inlassablement, il puisait dans les réserves d’hommes de son pays et des pays conquis. (…) des émeutes éclatèrent quand les agents de recrutement arrivèrent à Gand, Chaumont, Gilly, Jumet, Rupelmonde, Ellezelles, Wihéries, …

Le nombre des réfractaires dépassa largement celui des incorporés, et même ceux-ci, mêlés aux soldats français, abandonnaient le drapeau impérial dès qu’ils approchaient d’une frontière hospitalière: ce fut le cas pour un régiment envoyé à Hanovre en juillet 1805 et dont trente hommes, tous Belges, désertèrent en Hollande!

 

(p.250) Dans son aveuglement – caractéristique de tous les dictateurs – Napoléon crut retrouver en Belgique, lors de sa visite de 1810, l’accueil qui lui avait été réservé sept ans plus tôt.  Il dut rapidement déchanter.  Il y eut des applaudissements, mais ils allèrent exclusivement

vers l’impératrice Marie-Louise, la descendante de Marie-Thérèse!  L’intention était évidente.  Furieux, Napoléon interdit d’acclamer sa femme hors de sa présence …

 

(p.252) « Cruel par nature – enfant, il torturait les chiens; empereur, il donna par écrit l’ ordre de torturer des malheureux saisis par sa police – il fit envoyer près de deux cents rebelles dans les casemates de concentration de Wezel, où plus de la moitié moururent de sévices et de maladies. »

… »La nouvelle de la débâcle française en Russie soulagea le coeur de tous les Belges qui n’ avaient pas lié leur sort au Nouveau Régime.

 

(Après la défaite en Russie,) l’insubordination des Belges devint, d’ailleurs, publique.  On ne se gênait plus guère.  Le nombre des réfractaires à la conscription grandissait de mois en mois; ils parcouraient les campagnes et excitaient la population.  Quand aux enrôlés, ils déclaraient hautement aller au-devant des cosaques.  “A peine les détachements sont-ils arrivés hors de la ville, écrit le vicomte Terlinden, que le plus grand nombre des soldats désertent, jetant leurs fusils dans les fossés.

(p.253) Au bureau de recrutement de Bruges, les conscrits assommèrent le chef, malmenèrent les gendarmes et déchirèrent tous les registres.  A Jodoigne, ils déambulèrent dans les rues en chantant: “Vivent les Cosaques!”

 

(p.255) ARRIVEE DES ALLIES

 

A Bruxelles, déjà, on saccageait certaines maisons et on lapidait un commissaire de police napoléonien réfugié sur les toits du Marché-aux-Herbes.

 

(p.264) En 1815, « le combat des Quatre-Bras fut décisif. Le prince héritier d’Orange avec 8000 Hollando-Belges et 16 canons tint bon contre les 17 500 hommes et les 62 pièces d’ artillerie du maréchal Ney!  Les Anglais survinrent à temps pour relever ces héros qui sauvèrent d’ uen destruction complète les Prussiens de Blücher, batus à Ligny par Napoléon en personne. »

… »Les Belges remplirent un rôle important dans cette résistance héroïque », notamment la cavalerie de l’ Anversois Van Erlen.

 

(p.265) Waterloo

Les Belges remplirent un rôle important dans cette résistance héroïque (quelques milliers d’Hollando-Belges devant 125.000 hommes de Napoléon)

 

(p.266) « Ainsi, le stratège qui, pendant plus de vingt ans, avait fait trembler l’Europe, était irrémédiablement battu par une armée mal entraînée et où les commandements étaient donnés en quatre langues. »

 

(p.267) Les cloches de Bruxelles sonnèrent à toute volée pour célébrer la fin du cauchemar napoléonien.

 

(p.280); L’Etat ouvrit dès 1816 7 athénées – à Bruxelles, Maastricht, Bruges, Tournai, Namur, Anvers et Luxembourg – trois universités – à Gand, Louvain et Liège – et deux écoles de navigation, à Anvers et à Ostende.

 

 

(p.306) LA PRINCIPAUTE DE LIEGE

 

A l’époque bourguignonne, presque isolée au milieu des terres bourguignonnes, la principauté occupait une position des plus périlleuses.  Croyant pourvoir résister à la politique unificatrice des ducs de Bourgogne, elle rechercha l’appui intéressé de la monarchie française.  Mais celle-ci ne la soutint que pour faire pièce aux Grands Ducs d’Occident.  Tablant habilement sur les éléments les plus démagogiques des métiers, les rois de France utilisèrent Liège comme un allié utile que l’on peut toujours laisser tomber en temps opportun.

 

(p.307) l’emprise de Bourgogne se précisait.  le conflit entre le prince-élu et ses sujets fut quasi immédiat.  Le 22 mars 1465, ils proclamèrent sa déchéance; le 17 juin suivant, ils signèrent une alliance militaire avec la france.  La guerre était inévitable, mais elle ne se déroula pas selon les plans de Louis Xi.  Battu à Montléry, le rusé roi de France abandonna ses “très chers espéciaux amis” de Liège à leur triste sort.  Liège dut passer par toutes les conditions de son vainqueur: la principauté devint un protectorat bourguignon.

(p.314) Sous prétexte de protéger la neutralité de la principauté, les émissaires de Richelieu puis ceux de Mazarin attisèrent les luttees sociales.  les Grignoux, artisans et gens du peuple, furent opposés aux Chiroux, nobles et gros bourgeois, dévoués à la maison de bavière. 

 

 

 

in : Georges-Henri Dumont, Histoire des Belges, T 3, 1956

 

 

(p.10-11) /révolution/  un émissaire français ayant hissé le drapeau tricolore de la France au balcon de l’hôtel de ville, l’avocat Ducpétiaux l’arrache avec colère et le remplace par les vieilles couleurs brabançonnes: noir, jaune et rouge.   (…) un autre drapeau belge fut promené par les rues de la ville, aux cris de: “Nous sommes Belges.  Pas de préfecture.”

Non seulement cet incident caractéristique révèle la persistance des mauvais souvenirs de l’occupation française, mais encore, comme le fait remarquer M. le Professeur Léon Van der Essen, “il montre clairement que, si des étrangers tentèrent d’exploiter au profit de leur cause le mouivement populaire, la population les désavoua sur l’heure.”

 

(p.22-23) Les autorités capitulèrent les unes après les autres.

ainsi tombèrent les places fortes d’Ath, Mons, Tournai, Namur, Charleroi, Philippeville, Mariembourg et Dinant.

En Flandre également, l’effondrement du pouvoir royal fut complet.  Le 26 septembre, une sanglante bagarre avait opposé les Brugeois aux soldats hollandais.  (p.23) Dès le lendemain, prises de panique, les autorités militaires se retirèrent sur Ostende où leur arrivée déclencha la rébellion de la troupe.  (…) A Menin, la foule faillit être canonnée par les Hollandais. 

A Gand, les Hollandais pouvaient compter sur une puissante minorité orangiste, mais la citadelle n’en capitula pas moins le 17 octobre sort quinze jours après le ralliement enthousiaste de Ninove, Grammont, Audenaarde au régime nouveau.

Le peuple d’Anvers, enfin, réussit à désarmer les postes militaires de la ville, le 27 octobre.  Hélas!  la citadelle semblait imprenable, tout comme celles de Luxembourg et de Maastricht.

 

 

(p.32) Chef-d’oeuvre de sagesse politique, la constitution belge sera imitée en Espagne, au Portugal, en Roumanie, voire en Hollande.

 

(p.34) Talleyrand avait un plan tout différent: son ‘idée favorite’ prévoyait pour la Prusse le Limbourg d’Outre-Meuse, pour la Hollande les provinces flamandes et pour la France la Wallonie, Anvers et Ostende devenant des ports francs.

 

(p.78) NB En 1848, Metternich dut prendre la fuite à Vienne et demander asile en Belgique!

 

 

(p.78) / Les évolutions en Europe occidentale en 1830/

 

Seule la Belgique échappa aux tueries fratricides « et à la revanche de la dixtature qui les suivit. »  « Hormis la France, toutes les grandes puissances célébrèrent la Belgique comme un exemple et une leçon pour l’ Europe. »  « Si la seconde république française fit exception, c’ est que les exaltés du genre LedruRollin espéraient réaliser facilement l’ annexion  de nos provinces.  Mais une riposte, prompte et énergique, de l’ armée belge permit de repousser deux tentatives d’ invasion, l’ une à Risquons-Tout, près de Mouscron, l’ autre à Quiévrain. »

 

 

(p.85) /Napoléon III et la Belgique/

 

Léopold Ier décela, dès l’ origine, le projet formé par Napoléon III de reporter la frontière française sur le Rhin. »Il s’ empressa d’ alerter l’ Europe et de réunir des assurances et des garanties réelles pour la défense de la neutralité belge. »

(pp.105-106) « Le roi /Léopold II/ donna son plein appui à Frère-Orban qui réussit à faire échec au plan ferroviaire de Napoléon III.  L’ empereur des Français, ayant acheté la compagnie des chemins de fer du Grand Luxembourg, essayait de s’ emparer des principales voies ferrées belges. »

 

(p.105-106) Napoléon III avait acheté la compagnie des chemins de fer du grand Luxembourg.  Il essayait ainsi de s’emparer des principales voies ferrées belges.

 

 

(p.183) 14-18

 

Foch s’entêta en 1915 à lancer une offensive alliée à travers la Belgique. 

Albert s’y opposait, préférant une attaque menée de Verdun par la rive droite de la Meuse en direction de Montmédy, Virton, Bastogne car cela constituerait vite un réel péril pour l’armée allemande.  L’adversaire en cas de progression rapide serait obligé d’évacuer la Belgique et toute la partie de la France.

 

Foch s’obstina dans sa thèse (p.184) L’offensive franco-britannique comme l’avait prévu le roi Albert échoua complètement.  “Les pertes françaises des 16, 17 et 18 juin 1915 s’élèvent à 100.000 hommes, notait Albert Ier dans ses Carnets de guerre, et cela pour obtenir un résultat nul.”

 

 

(p.240) Selon le Dr Charcot, le pôle sud fut conquis parce que Gerlache, le premier, osa affronter un hivernage antarctique.

 

/1940-45/

 

(p.279)  Le gouverneur général Pierre Ryckmans forma trois brigades de 10.000 hommes chacune.  Le 11 mars 1941, après avoir traversé le Soudan, trois bataillons et deux batteries de nos orces africaines s’emparèrent de la position d’Arosa.  Les Italiens, qui ne s’attendaient pas à l’arrivée de nos troues, avaient fui précipitamment.  La guerre dans les “hautes herbes” d’Ethiopie avait commencé.  Elle fut aussi glorieuse que foudroyante. 

 

(p.280) Notre génie posa des champs de mines en Egypte, nos pionniers créèrent un aérodrome dans le désert de Cyrénaïque, nos transports sillonnèrent les routes de Judée, les montagnes du liban, les plaines de Syrie et de l’Irak, les vallées de Transjordanie et les déserts lybiens. 

(p.282) En se rendant personnellement à Berchtesgaden, le 19 novembre 1940, le roi Léopold III obtint, sans contrepartie, une notable amélioration du ravitaillement.  Cette amélioration fut maintenue, avec des hauts et des bas, jusqu’en 1944.

 

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