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LES GRANDES DATES DE L’HISTOIRE DE BELGIQUE
Plan
I. LES GRANDES DATES DE L’HISTOIRE DE BELGIQUE
La Protohistoire
De -220 millions à -60 millions | Les dinosaures |
La Préhistoire
Vers -60000 | Homme de Spy (Homo sapiens) |
Vers -35000 | Homme de Cro- Magnon |
Vers -6000 | Apparition du néolithique |
Vers -1800 | Début de l’âge du bronze |
Vers -1200 | Apparition des Celtes |
Vers -800 | Arrivée des premières tribus gauloises |
L’Antiquité
-58 à-51 | Conquête de la Gaule par Jules César |
De -50 à 250 | La Paix romaine (Pax romana) |
Vers 250 | Premières invasions germaniques |
Vers 300 | Apparition du christianisme en Gaule |
Le Moyen Age
Vers 450 |
Tournai devient la capitale du royaume des Francs |
Vers 465-511 |
Clovis |
600-700 |
Le « siècle des saints» : époque de la construction des premières grandes abbayes |
742-814 |
Charlemagne |
800 |
Couronnement de Charlemagne |
843 |
Traité de Verdun qui partage l’empire de Charlemagne entre ses trois petits-fils |
820-891 |
Incursions des Vikings |
972-1008 |
Règne de Notger, prince-évêque de Liège |
979 |
Fondation officielle de Bruxelles |
1066 |
La première charte est concédée à Huy |
1096-1099 |
Première croisade commandée par Godefroi de Bouillon |
1099 |
Prise de Jérusalem par Godefroi de Bouillon |
11 juillet 1302 |
Bataille des Éperons d’Or à Courtrai |
17 juillet 1345 |
Assassinat de Jacques Van Artevelde |
1348-1349 |
Grave épidémie de peste noire |
Sous les Bourguignons
1396-1467 | Philippe le Bon |
1430 | Création de l’ordre de la Toison d’or par Philippe le Bon |
1433-1477 | Charles le Téméraire |
1457-1482 | Marie de Bourgogne |
Sous les Espagnols
1500-1558 | Charles-Quint |
25 octobre 1555 | Abdication de Charles-Quint |
1527-1598 | Philippe II |
1548 | Transaction d’Augsbourg |
1549 | Pragmatique Sanction |
1566 | Compromis des Nobles |
5 juin 1568 | Exécution des comtes d’Egmont et de Hornes sur la Grand-Place de Bruxelles |
1579 | Scission des XVII Provinces entre les Provinces-Unies et les Pays- Bas espagnols |
1598-1621 | Règne des archiducs Albert et Isabelle |
1621-1713 | Le « siècle de Malheur» |
1648 | Le traité de Munster reconnaît l’indépendance des actuels Pays-Bas |
1695 | Les troupes de Louis XIV bombardent Bruxelles |
Sous les Autrichiens
1713 |
Les Pays-Bas deviennent autrichiens par le traité d’Utrecht |
1740-1780 |
Règne de Marie-Thérèse, impératrice d’Autriche |
1744-1780 |
Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas Autrichiens |
1780-1790 |
Règne de Joseph II, empereur d’Autriche |
1790 |
Révolutions brabançonne et liégeoise |
Sous les Français
1794 |
Victoire des Français sur les Autrichiens à Fleurus |
1794-1814 |
Domination française |
1er août 1795 |
Les anciens Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège sont officiellement rattachés à la France |
1798 |
Guerre des Paysans |
1804 |
Napoléon est sacré empereur |
1814 |
Napoléon est exilé à l’île d’Elbe |
18 juin 1815 |
Napoléon est battu à Waterloo et exilé à Sainte-Hélène |
Sous les Hollandais
1815-1830 |
Domination hollandaise, sous le règne de Guillaume 1er d’Orange, roi des Pays-Bas |
La Belgique indépendante
25, 26,27 septembre 1830 |
À Bruxelles, combats victorieux des révolutionnaires belges contre les troupes hollandaises |
21 juillet 1831 |
Prestation de serment du roi Léopold 1er |
1831-1865 |
Règne de Léopold 1er |
Août 1831 |
La Hollande attaque la Belgique mais ses troupes sont repoussées |
19 avril 1839 |
Signature du traité des XXIV articles, consacrant la paix avec la Hollande |
1865-1909 |
Règne de Léopold II |
26 février 1885 |
La Conférence de Berlin reconnaît Léopold II comme souverain de l’État indépendant du Congo |
1886 |
De nombreuses grèves éclatent pour réclamer l’amélioration des conditions de travail et de salaire |
1893 |
Suffrage universel plural: chaque citoyen masculin possède au moins une voix |
20 août 1908 |
Léopold II lègue le Congo à la Belgique |
1909-1934 |
Règne d’Albert 1er |
Du 4 août 1914 au 11 novembre 1918 |
Première Guerre mondiale |
21 novembre 1918 |
Avant de faire son entrée triomphale à Bruxelles à la tête de ses soldats, le Roi accepte le principe du suffrage universel pur et simple à 21 ans. |
16 novembre 1919 |
Première élection au suffrage universel pur et simple |
1919 |
Par le traité de Versailles, la Belgique annexe les Cantons de l’Est, autrefois allemands, et reçoit l’administration du Ruanda-Urundi, ancienne colonie allemande. |
1930 |
Flamandisation de l’université de Gand |
17 février 1934 |
Mort accidentelle du roi Albert Ier à Marche-les-Dames |
1934-1950 |
Règne de Léopold III |
29 août 1935 |
Décès accidentel de la reine Astrid à Küssnacht |
10 mai 1940 |
L’Allemagne attaque la Belgique |
25 mai 1940 |
Rupture entre Léopold III et ses ministres à Wijnendael |
28 mai 1940 |
Capitulation de l’armée belge |
De mai 1940 à septembre 1944 |
La Belgique est occupée par les nazis |
7 juin 1944 |
Le lendemain du débarquement de Normandie, Léopold III est déporté en Allemagne |
8 septembre 1944 |
Retour du gouvernement de son exil à Londres |
De septembre 1944 à juillet 1950 |
Régence du prince Charles |
Décembre 1944 |
Les Allemands encerclent les troupes américaines à Bastogne durant la Bataille des Ardennes |
7 mai 1945 |
Capitulation de l’Allemagne |
26 juin 1949 |
Premier vote des femmes en Belgique |
12 mars 1950 |
Consultation populaire favorable au retour du Roi en Belgique |
31 juillet 1950 |
Léopold III s’efface en faveur de Baudouin, qui devient prince royal. |
16 juillet 1951 |
Léopold III abdique en faveur de son fIls, qui devient le cinquième roi des Belges. |
1950-1993 |
Règne de Baudouin 1er |
1957 |
La Belgique signe le traité de Rome comme l’un des six pays fondateurs du Marché commun. |
1958 |
Exposition universelle de Bruxelles |
6 novembre 1958 |
Signature du Pacte scolaire |
30 juin 1960 |
Indépendance du Congo |
15 décembre 1960 |
Mariage du roi Baudouin avec la reine Fabiola |
1970 |
L’État belge reconnaît l’existence des régions |
1991 |
Dirk Frimout est le premier Belge dans l’espace |
7 février 1992 |
La Belgique signe le traité de Maastricht |
5 mai 1993 |
La Belgique devient officiellement un État fédéral |
31 juillet 1993 |
Décès du roi Baudouin |
Depuis 1993 |
Règne d’Albert II |
9 août 1993 |
Prestation de serment d’Albert II, sixième roi des Belges |
Août 1996 |
Arrestation de Marc Dutroux et découverte des corps de Julie, Melissa, An et Eefje |
20 octobre 1996 |
La Marche blanche |
Fin 1996 – début 1998 |
Commission d’enquête parlementaire sous la présidence du député Marc Verwilghen |
1er janvier 1999 |
Introduction officielle de l’euro en Belgique |
II. Les dates de l’histoire de la Belgique dans le détail
in: Louis Verviers, Le bréviaire des Belges, éd. de Boeck, 1944
DES GRANDS CADRES DE L’HISTOIRE DE BELGIQUE (p.117)
1. – Cadre politique et militaire
(Formation du la Nation Belge. – La Conquête de l’Indépendance nationale. – Les Misères de la Guerre.)
Etablissement des Celtes
850 av. J.-C. Etablissement en Gaule des premières peuplades celtiques.
300 av. J.-C. Tribus belges venues des régions rhénanes ou transrhénanes.
100 av. J.-C. Etablissement d’une arrière-garde germanique — les Aduatiques — dans la région namuroise actuelle.
55 av. J.-C. Les Ménapiens, chassés des rives du Rhin inférieur, occupent le littoral (Flandre). Au moment où vont apparaître les légions de César, les tribus ne sont stabilisées que depuis peu de temps.
La conquête romaine
57 av. J.-C. Jules César commence la conquête du territoire; victoire du Sabis (Selle, et non la Sambre) sur les Nerviens de Boduognat.
56-55 av. J.-C. Expéditions de César contre les tribus des Morins et des Ménapiens.
54 av. J.-C. Révolte d’Ambiorix, chef des Eburons.
53 av. J.-C. Campagne de César contre les Nerviens et les Eburons.
51 av. J.-C. César ravage le pays des Eburons; les Trévires d’Indutiomar sont défaits par Labiénus.
(p.118) La paix romaine et ses conséquences (de 51 av. J.-C. jusqu’au VIme siècle de notre ère.)
« Des libertés, tout subsistait sauf le droit de s’entre-déchirer ». (J. Breuer.)
15 av. J.-C. Les territoires compris entre le Rhin, la Marne, la Seine et le rivage de la mer deviennent une province impériale dénommée Gallia Belgica (Gaule Belgique).
50 de l’ère chrétienne : Etablissement de la voie romaine de Bavai à Cologne, pièce maîtresse du réseau routier dans nos régions; elle courait parallèlement à la Sambre et à la Meuse, après avoir franchi ce dernier cours d’eau à Maestricht.
Lente diffusion de la langue latine (origine des dialectes wallons). Diffusion de la mythologie romaine et, dans le courant du IVème siècle, début de la première évangélisation. Vers 546 Saint Servais est-évêque de Tongres.
Adoption de techniques agricoles et industrielles romaines. Romanisation du genre de vie, surtout chez les riches.
IVme siècle. Division en Belgique première (capitale : Trêves) et Belgique seconde (capitale : Reims).
Les invasions germaniques et la fin de l’occupation romaine
255 (vers) Première invasion des Francs en Gaule.
275-276 Dévastation de la Gaule par les Francs et les Alamans
Repli de la défense romaine sur la chaussée transversale Maestricht-Bavai-Boulogne (ligne avancée de fortins : castra et castella).
406 Grande invasion des Germains. Colonisation de la Campine et du pays de Waes; pénétration par la vallée de l’Escaut, de la Lys, du Rupel.
Période mérovingienne
450 Clodion, roi des Francs Saliens s’empare de Tournai et en fait sa capitale. Mérovée, Childéric Ier et Clovis y résident successivement (dynastie mérovingienne ou tournai-sienne).
481 C’est de Tournai que Clovis s’élance à la conquête de la Gaule, dont il devient le souverain. La Belgique constitue la partie septentrionale du grand royaume mérovingien, dont la capitale est dorénavant Paris.
(p.119) La dualité linguistique de nos régions date de cette période : dans le sud, les populations continuent à employer des dialectes dérivés de la langue latine, dans le nord, les colons francs, frisons et saxons introduisent des dialectes germaniques. La limite géographique entre les deux zones linguistiques traverse le pays de l’Ouest à l’Est et le tranche en deux parties d’étendue à peu près égale, l’une peuplée de Wallons, l’autre de Flamands.
Après la conversion de Clovis commence la seconde christianisation de nos régions.
547 Saint Amand, évêque de Tongres-Maestricht.
705 (vers) Assassinat de saint Lambert à l’endroit où naîtra Liège.
Période carolingienne
Origine hesbayenne de la dynastie des Pipinides (Herstal, Jupille, Landen) Tournai est délaissé par la royauté.
742 Sacre de Pépin le Bref.
768 Avènement de Charlemagne.
800 Charlemagne est couronné empereur à Rome.
« Renaissance carolingienne ». Nos régions mosanes et hesbayennes en bénéficient. Paix intérieure et prospérité.
834 à 892 Raids normands :
837 Ravage de la Flandre par les pirates nordiques.
850-861 Nouvelles incursions, surtout en Flandre maritime.
A partir de 879 Grandes incursions en Flandre, en Brabant et dans les pays mosans; installation de camps retranchés à Hasselt (près de Venloo), à Louvain sur la-Dyle.
891 Victoire d’Arnoul de Carinthie à Louvain; les Normands quittent le pays l’année suivante et se portent vers l’embouchure de la Seine.
Conséquence : beaucoup de dévastations; la vie économique est profondément atteinte; l’activité agricole reste l’essentiel.
Le partage de l’empire carolingien et les nouvelles frontières :
843 Le traité de Verdun donne :
- la partie occidentale de l’empire, comprenant le comté
de Flandre, à Charles le Chauve; le cours de l’ Escaut en forme la limite à travers nos régions; origine du royaume de France; - la partie orientale, à Louis le Germanique; comprend (p.120) tout le territoire situé à l’est du Rhin; origine du royaume puis empire d’Allemagne;
- la partie d’entre-deux, à Lothaire; c’est l’origine des Pays-Bas, du Grand-Duché de Luxembourg et de l’Alsace- C’est aussi l’origine des guerres qui, au cours des siècles, feront de nos régions un des principaux champs de bataille de l’Europe, la France et l’Allemagne se disputant la possession des territoires intermédiaires (longtemps dénommés Lotharingie du nom du roi Lothaire II).
Fluctuations :
870 Le traité de Meersen : partage la Lotharingie entre Charles le Chauve et Louis le Germanique.
879 Après la mort de Louis le Germanique, Louis le Jeune réunit toute la Lotharingie à l’Allemagne.
884 Charles le Gros, fils de Louis le Germanique, reconstitue l’empire de Charlemagne mais, trois ans plus tard, un petit-fils de Louis le Germanique nommé Arnoul de Carinthie est reconnu comme roi en Allemagne et en Lotharingie. Remporte victoire à Louvain sur les Normands (891 ).
895 Zwentibold, fils d’Arnoul de Carinthie, devient roi de Lotharingie.
900 A la mort de ce prince la Lotharingie fait retour à son frère Louis l’Enfant, roi d’Allemagne.
Mettant à profit la rivalité entre les rois de France et d’Allemagne, les chefs de l’aristocratie lotharingienne pratiquent une politique de bascule dans le dessein d’être aussi indépendants que possible à l’égard des uns et des autres. C’est le cas de Régnier Ier et de son fils Gislebert.
En 925, la Lotharingie ayant- été définitivement réunie à l’Allemagne par Henri l’Oiseleur, le titre de duc de Lotharingie est accordé à Gislebert. Celui-ci trouve la mort à la bataille d’Andernach (939) livrée contre son suzerain, Otton Ier dit le Grand. Celui-ci confie à son frère Brunon, archevêque de Cologne, le gouvernement du duché de Lotharingie. Six ans plus tard, ledit duché est divisé en deux : la Haute-Lotharingie (Lorraine) et la Basse-Lotharingie (Lothier). Cette dernière nous intéresse plus spécialement puisque le territoire de nos actuelles provinces de Luxembourg, de Namur, de Hainaut, de Liège, de Limbourg, de Brabant et d’Anvers y était compris. Quant au territoire de nos actuelles provinces de Flandre occidentale et orientale il dépendait, nous l’avons vu, du royaume de France.
(p.121) Ainsi donc, le cours de l’Escaut constituait une frontière politique coupant nos régions du Nord au Sud, tandis que la limite linguistique les partageait dans un sens opposé, Est-Ouest.
Otton Ier crée deux marches défensives le long de l’Escaut : l’une a pour chef-lieu Valenciennes, l’autre a pour centre le château d’Eename (en face d’Audenaerde). Brunon s’adjoint deux ducs militaires. Au premier d’entre eux est confiée la défense de la Basse-Lotharingie contre les empiétements des comtes de Flandre.
Une troisième marche militaire est créée sous Henri II. Son siège est Anvers.
Formation des principautés territoriales belges
I Entre la Mer, l’Escaut et la Canche :
Le comte Baudouin, surnommé plus tard « Bras de Fer », fait construire un château-fort au centre du petit pagus qu’il administre. Ce centre deviendra plus tard la ville de Bruges, et le pagus deviendra le puissant comté de Flandre, s’étendant non seulement entre le littoral, l’Escaut et la Canche, mais même au-delà de l’Escaut (région d’Alost, ancienne marche d’Eename, en Lotharingie. : Flandre impériale).
Sous Philippe d’Alsace, le comté de Flandre englobe le Vermandois, le Valois et l’Amiénois (fin de XIIme siècle). « Post deum princeps » : Le premier après Dieu, devise des comtes de Flandre.
II A l’Est de l’Escaut :
Dans la Basse-Lotharingie, située tout entière à l’est de l’Escaut, vont se former plusieurs principautés :
1° Le duché de Brabant :
Après la mort de l’empereur Otton Ier les révoltes de l’aristocratie lotharingienne recommencent. Le pouvoir de l’empereur et celui du duc, son représentant, s’effritent de plus en plus au cours des siècles suivants.
A partir du milieu du XIIme siècle il n’y a plus de véritable duc en Lotharingie; seul subsiste le titre, d’ailleurs âprement disputé par deux chefs locaux, le comte de Limbourg (Dolhain-Limbourg, province de Liège actuelle) et le comte de Louvain (descendant du comte Régnier).
(p.122) Ce dernier, installé dans sa forteresse de Louvain, acquiert le comté de Bruxelles, où, depuis la fin de Xme siècle, un château-fort avait été érigé dans une île de la Senne. Par la suite, étant devenu le haut protecteur des abbayes de Nivelles et de Gembloux, et le comté de Bruxelles faisant partie d’une région appelée Brabant (comprise entre l’Escaut et la Dyle), le comte de Lonvain s’intitule comte de Brabant.
Plus tard, l’empereur lui permet de porter le titre de duc de Basse-Lotharingie et lui accorde pouvoir sur le vaste territoire de la Campine, dont Anvers est le chef-lieu, et qui s’étend au Nord jusqu’aux rives de la Meuse.
Comme, dans la pratique, l’autorité réelle du duc de Basse-Lotharingie ne s’exerce que sur les territoires possédés à titre héréditaire, le titre de duc de Brabant se substitue définitivement à celui de duc de Basse-Lotharingie.
2° Comté, puis duché de Limbourg, dont le centre est la place forte de Limbourg (près Verviers) dominant la vallée de la Vesdre. Au XIIIme siècle le comté de Limbourg est rattaché au duché de Brabant, après la victoire remportée à Worringen par Jean Ier, dit le Victorieux.
3° Comté de Hainaut (ancien pagus de Hennegau), dont le centre est le château de Mons.
4° Comté de Namur (ancien pagus de Lomme), dont le centre est la puissante forteresse de Namur, sise sur un promontoire au confluent de la Sambre et de la Meuse.
5° Comté, puis duché de Luxembourg, après incorporation des comtés de Chiny, Laroche, Durbuy et Arlon. Son centre politique et militaire est Luxembourg, dont le château-fort est admirablement situé pour résister aux plus rudes assauts.
6° Principauté épiscopale de Liège.
L’évêque de Liège a des pouvoirs identiques à ceux des chefs laïcs lotharingiens. Son autorité s’étend sur les rives de la Meuse et de la Sambre, au nord jusqu’à Maestricht, Tongres et Maeseyck (après l’incorporation du comté de Looz, notre province de Limbourg actuelle), au sud-ouest, jusqu’à Thuin, Huy, Dinant
7° Principauté abbatiale de Stavelot-Malmédy, dont le (p.123) double foyer est constitué par les abbayes de Stavelot et de Malmédy.
Si ces principautés sont fréquemment en lutte l’une contre l’autre, des rapprochements se manifestent parfois entre elles au détriment des deux royaumes, la France et l’Allemagne, dont elles dépendent au point de vue féodal. Premiers signes d’une tendance à l’union que certaine communauté d’intérêts économiques viendra renforcer et multiplier par la suite.
Quelques dates :
972-1008 Notger, évêque de Liège.
1042-1048 Wazon, évêque de Liège.
1056 Baudouin V de Lille, comte de Flandre, reçoit l’inves-
titure du pays d’Alost, des Quatre-Métiers et d’une partie de la Zélande (Flandre dite impériale, parce que située en terre d’Empire).
1099 Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie, à la tête de la première croisade, s’empare de Jérusalem en Terre sainte.
1106 Godefroid Ier, comte de Louvain, reçoit le titre de duc de Basse-Lotharingie.
1128-1168 Thierry d’Alsace, comte de Flandre.
1168-1191 Philippe d’Alsace, comte de Flandre, lutte contre Philippe-Auguste et meurt à la croisade.
1190-1235 Henri Ier, duc de Brabant.
1194-1200 Albert de Cuyck, évêque de Liège.
1204 Baudouin IX de Flandre élu empereur de Constantinople (4me croisade).
Le développement communal
Dans le courant du Xme siècle le commerce renaît petit à petit. Des hommes, détachés du travail de la terre, se mettent à circuler le long des chemins et des cours d’eau, offrant en vente ou en troc des marchandises diverses. Les premières foires apparaissent, à Visé sur la Meuse et à Thourout en Flandre (à proximité du château comtal de Wijnendaele).
De petits centres humains (portus) se constituent ou s’élargissent aux endroits les plus favorables aux échanges, généralement à un croisement de voies de communication et sous la protection soit d’une abbaye (Nivelles, Gand, Saint-Trond) soit d’un château-fort proche (Bruges, Bruxelles, Gand). Le (p.124) long d’une route reliant les régions rhénanes à la mer, s’égrènent Léau, Tirlemont, Louvain, Bruxelles, Alost, Gand et Bruges.
D’anciennes agglomérations ou escales fluviales de l’époque romaine ou carolingienne se raniment : telles Tournai sur l’Escaut, Binant, Huy, Liège et Maestricht sur la Meuse. Aux marchands qui se fixent ainsi dans des portus viennent se joindre des artisans, surtout à partir du moment où les anciennes industries métallurgique et textile, déjà appréciées au temps de l’occupation romaine, se mettent à prospérer et que les étoffes de luxe et les objets orfèvres sont demandés sur les marchés étrangers autant que dans nos régions.
Le genre de vie des habitants des bourgs se différencie de plus en plus de celui des gens du plat pays : il en résulte l’apparition d’obligations et de droits nouveaux. Ceux-ci sont consignés dans des chartes (heures) obtenues des seigneurs territoriaux. Les bourgeois (habitants des bourgs) forment dorénavant des collectivités privilégiées. Elles sont autorisées à s’administrer elles-mêmes (échevinages urbains), à organiser la défense militaire de leur résidence (remparts et milices), à lever des contributions. Le beffroi (tour d’observation où l’on suspend la cloche communale et où l’on conserve les précieuses chartes), l’hôtel de ville (où se réunissent les magistrats) sont, avec l’enceinte fortifiée, les signes apparents de la quasi-indépendance des communes.
La première charte écrite conservée est celle que l’évêque Théoduin accorde à la ville de Huy en 1066.
1127 Les Brugeois obtiennent des privilèges après l’assassinat du comte Charles le Bon.
1191 Mathilde de Portugal, veuve du comte Philippe d’Alsace, octroie une charte à Gand, afin de se concilier les bourgeois.
1191 Le prince-évêque Albert de Cuyck, pour s’assurer l’appui des Liégeois contre son rival Simon de Limbourg, leur accorde des privilèges importants.
1229 Le duc de Brabant Henri Ier et son fils Henri accordent une charte aux Bruxellois.
1251 Creusement du canal de la Lieve (de Gand à Damme, avant-port de Bruges). Ainsi est évitée la grande boucle de l’Escaut par Termonde et Anvers; d’où de multiples avantages : gain de temps et d’argent; de plus on évite de devoir payer des tonlieux au passage des villes riveraines.
(p.125) Dès la fin du XIIIme siècle, le port d’Anvers commence déjà à prendre de l’importance.
Répercussions sur la vie des campagnards
Les communes deviennent des pôles attractifs pour les gens du plat pays; un séjour d’un an et un jour dans une commune libère définitivement le serf. Par ailleurs, l’accroissement du nombre de citadins nécessite l’extension des cultures et l’intensification de l’élevage des animaux domestiques. D’où, des déboisements et des défrichements de plus en plus importants, l’endiguement des « moeren » pour les soustraire à l’immersion marine. Dans le pays de Liège et dans le Hainaut, on commence dès les XIIme-XIIIme siècles à creuser des « puits » pour l’extraction de la houille; ce travail est entrepris par des paysans. Aussi interdit-on l’extraction de la houille durant le temps des moissons et des labours (du 24 juin au 1er novembre).
En somme, amélioration de la condition juridique des paysans. Les seigneurs octroient des privilèges à de nombreux villages (par exemple, privilèges accordés aux habitants de Florefîe par Godefroid, confirmés en 1151 par son fils Henri l’Aveugle, comte de Namur). Certains, en vue de favoriser la fixation de paysans dans les campagnes, créent des villages dotés de franchises.
Ainsi le servage diminue considérablement dès le XIIme siècle; en même temps se réduisent les droits de gîte et de chasse des seigneurs.
A partir du XIIIme siècle et surtout au cours du XIVme siècle, d’âpres conflits éclatent entre les patriciens, maîtres de l’échevinage, et plébéiens, tenus à l’écart de l’administration communale.
1248 Troubles sociaux dans diverses villes brabançonnes, notamment à Léau où les foulons se sont révoltés.
1249-1252 Conclusion d’alliances entre échevinages patriciens du Brabant, de la principauté de Liège et de Gand, pour empêcher que les foulons bannis d’une ville puissent trouver refuge et travail dans une autre. Une sorte d’ « internationale patricienne » se constitue pour enrayer le mouvement d’émancipation plébéienne.
(p.126)
1253 Révolte des villes liégeoises sous la direction d’Henri de Binant; elle échoue.
1274 Renouvellement de l’alliance de 1249-1252.
1279 Les tisserands et hommes de métiers de Tournai se révoltent mais échouent dans leur entreprise.
1280 Dans les villes flamandes, révolte du « commun » contre le patriciat considéré comme l’ennemi commun par les artisans, opprimés par des règlements impitoyables, par les marchands et drapiers exclus de la gilde, par les contribuables exaspérés par l’augmentation constante des impôts. La « Mourlemaye », à Bruges, la « Kokerulle » à Ypres. Le comte Guy de Dampierre ayant pris position contre le patri ciat des villes, celui-ci se tourna vers le roi de France, suzerain du comte, (Leliaerts = gens du lis, contre Klauwaerts — gens de la griffe).
1302 Après la victoire de Groeninghe (Courtrai) la démocratie urbaine triomphe dans la plupart des villes de Flandre
(Breydel et De Coninck) et, dans celles des autres principautés, des soulèvements populaires se produisent.
En Flandre, la prépondérance passe aux métiers des tisserands et des foulons.
1303 A Liège les « petits » (plébéiens), alliés au chapitre de Saint-Lambert, obtiennent la moitié des sièges dans le conseil des jurés.
1303-1306 Pendant trois ans les plébéiens de Bruxelles partagent le pouvoir avec leurs rivaux patriciens; ensuite, réaction patricienne soutenue par le duc de Brabant.
1309 De même, réaction patricienne en Flandre.
1312 La tentative de réaction à Liège échoue (Mal = malheur Saint Martin).
Le duc de Brabant accorde la charte de Cortenberg qui institue un conseil de 14 membres (10 représentants des villes et 4 de la noblesse) chargé de veiller au respect des privilèges.
1314 Chartes wallonnes : confèrent aux villes brabançonnes le contrôle des finances.
1316 Paix de Fexhe accordée par le prince-évêque de Liège.
1326-1328 Soulèvement des tisserands et foulons brugeois, alliés aux paysans de la côte, du Franc de Bruges et du Veurn-ambacht, sous la direction de Nicolas Zannekin. Les « Kerels » sont vaincus par l’armée du roi Philippe de Valois à Cassel. Cela permet le retour au pouvoir du patriciat.
(p.127) 1331 Paix de Vottem contre les métiers liégeois.
1338 Renversement de la prépondérance patricienne à Gand; cette ville, dirigée par Jacques Van Artevelde, prend la tête du mouvement politique dans le comté de Flandre. Apogée politique des villes en Flandre (les Trois membres de Flandre : Gand, Bruges et Ypres).
1343 Victoire plébéienne à Liège; Lettre de Saint-Jacques.
1345 Assassinat de Jacques Van Artevelde.
1348-1349 Renversement de l’hégémonie des tisserands à Bruges et à Ypres, en 1348, à Gand, l’année suivante. Début de la période de décadence politique des villes et de la restauration du pouvoir comtal (Louis de Mâle).
1356 Les ducs Jeanne et Wenceslas accordent au Brabant la charte territoriale dite de la Joyeuse Entrée (le duc s’engage à respecter les privilèges des Brabançons, à exclure les étrangers de l’Administration du pays, à consulter ses sujets dans les circonstances importantes, à maintenir l’intégrité territoriale du duché).
1360 21-22 juillet Victoire du « commun » à Louvain (Pierre Coutereel) ; partage du pouvoir avec les patriciens.
23 juillet, échec du soulèvement plébéien à Bruxelles, échec du soulèvement plébéien à Bruxelles.
1365 à 1369 Les métiers bruxellois obtiennent une série de concessions.
1378 A Louvain, partage du pouvoir communal entre patriciens et plébéiens.
1379 Révolte des bateliers gantois provoquée par l’octroi du comte autorisant le creusement d’un canal entre Bruges et la Lys (en amont de Gand).
1380 Réaction du comte Louis de Mâle; Gand seul reste sous la direction des tisserands.
1382 Les insurgés gantois (les Chaperons blancs = tisserands) conduits par Philippe Van Artevelde, remportent la victoire du « Beverhoutsveld » et se rendent maîtres de Bruges; le comte ne leur échappe que par miracle; il fuit auprès du roi de France Charles VI, neveu de son gendre Philippe le Hardi.
1386 Dernière victoire des démocrates liégeois; les « grands » perdent l’échevinage.
1407 Le « Calfvel », défavorable aux Brugeois (Jean sans Peur).
1408 Après la défaite subie à Othée, les Liégeois voient anéantir leur régime démocratique.
(p.128)
1421 Triomphe de la cause démocratique à Bruxelles sous le faible duc Jean IV.
1423 Partage définitif du pouvoir entre le patriciat et le commun à Bruxelles, avec légère prédominance patricienne.
1426 Révolte plébéienne à Tournai.
La décadence des industries d’exportation provoque l’affaiblissement de l’élément plébéien dans la plupart des grandes communes.
Les luttes pour l’indépendance à l’égard de la France et de l’Allemagne au moyen âge
Voir ci-dessus (p. 120, 123).
Les comtes de Flandre, vassaux du roi de France, et les princes lotharingiens, relevant de l’empereur d’Allemagne, tentent constamment de devenir indépendants en fait, sinon en droit. Dans leurs efforts répétés, ils sont presque toujours soutenus par leurs sujets et notamment par les plébéiens des grandes communes. Au gré des contingences, ils s’allient à l’Allemagne contre la France, à celle-ci contre l’Allemagne, parfois à l’Angleterre.
1182-1185 Guerre entre Philippe d’Alsace, comte de Flandre et son seigneur lige, Philippe-Auguste, roi de France; les villes de Flandre lui prêtent aide et assistance.
1187 Tournai est rattaché directement à la couronne de France par Philippe-Auguste. L’année suivante une charte lui est octroyé.
1194-1206 Les villes flamandes s’opposent à la politique anti-anglaise du roi de France (elles ont besoin de la laine anglaise).
1213 Le comte de Flandre, Ferrand de Portugal s’empare de Tournai.
1214 A la bataille de Bouvines, Ferrand de Portugal est vaincu et fait prisonnier par le roi Philippe-Auguste.
1288 Bataille de Worringen : le duc de Brabant, Jean Ier l’emporte sur une. coalition de seigneurs pillards d’entre Meuse et Rhin. Ainsi est conservée « sûre et libre pour le trafic » la grande route reliant la Rhénanie au Brabant et à la Flandre.
1297 Rupture entre. Guy de Dampierre, comte de Flandre, et son suzerain Philippe le Bel, roi de France. Invasion du comté.
(p.129) 1298 Guy s’allie au roi d’Angleterre; les gens des métiers l’appuient, tandis que les patriciens font appel aux « fleurs de lis », c’est-à-dire au roi de France.
1301 L’armée de Philippe le Bel pénètre en Flandre, le comté est confisqué.
1302 18 mai Matines brugeoises: massacre de la garnison française par les plébéiens (rôle de Breydelet De Coninck, « schild en vriend »).
1302 11 juillet Victoire de Groeninghe ou des Eperons d’or : les communiers flamands triomphent de l’armée féodale de Philippe le Bel; le comté de Flandre recouvre son indépendance.
1304 Défaites de Zierikzee et de Mons-en-Pévèle. Les Tournaisiens participent à cette dernière bataille contre les Flamands. Philippe le Bel leur en sait gré.
1305 et 1312 Suite aux traités d’Athis-sur-Orge et de Pontoise, la Flandre perd les châtellenies de Lille, de Douai et de Béthune (Flandre gallicante). Mais la partie septentrionale (flamande) reste autonome.
1314 Campagne militaire de Philippe le Long contre la Flandre.
1328 Défaite des « Kerels » de Flandre au mont Cassel (voir page 126).
1338 Malgré l’opposition du comte Louis de Nevers, la neutralité de la Flandre dans le conflit qui surgit entre la France et l’Angleterre (Guerre de Cent ans) est reconnue par les belligérants. La politique de neutralité est l’œuvre du tribun gantois Jacques Van Artevelde.
1339 3 décembre Artevelde négocie une alliance défensive entre la Flandre et le Brabant; par ailleurs, il manœuvre en vue de conclure une alliance formelle avec l’Angleterre, source d’approvisionnement des laines travaillées dans les cités flamandes.
Les ducs de Brabant recherchent aussi l’alliance du roi d’Angleterre.
1340 24 juin Bataille navale du Zwin (victoire anglaise).
1340 26 juin Gand prête serment d’obédience au roi Edouard III d’Angleterre (alliance anglo-flamande contre le roi de France).
1340 juillet-octobre L’armée anglo-flamande essaie vainement de s’emparer de Tournai, fidèle à la couronne de France.
1345 juillet Entrevue de Jacques Van Artevelde avec le roi d’Angleterre.
(p.130)
1346 Bataille de Crécy; le comte Louis de Nevers, resté fidèle à son suzerain, y trouve la mort; l’année suivante, son fils, Louis de Mâle, épouse Marguerite, une des trois héritières du duché de Brabant.
1382 Bataille de West-Roosebeke : les Gantois conduits par Philippe, fils de Jacques Van Artevelde, sont complètement défaits par l’armée royale, appelée à l’aide par Louis de Mâle.
1385 Paix de Tournai : conclue entre les Gantois et le nouveau comte de Flandre, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, époux de Marguerite, l’unique héritière de Louis de Mâle.
L’introduction de la maison de Bourgogne dans les Pays-Bas va, par un heureux concours de circonstances, renforcer la double tendance à la réunion des principautés belges et à la rupture des liens de vassalité à l’égard des couronnes de France et d’Allemagne.
Du morcellement féodal et communal au regroupement territorial et à l’unification politique des principautés belges en un bloc distinct de la France et de l’Allemagne.
Rappel :
843 Par le traité de Verdun l’Escaut devient frontière politique entre le royaume de France (englobant le comté de Flandre) et le royaume de Lothaire.
925 La Lotharingie, disputée par les rois de France et d’Allemagne, est définitivement rattachée à l’Allemagne. La Flandre est de mouvance française.
Le territoire est morcelé en une infinité de seigneuries fréquemment en guerre les unes contre les autres (guerres féodales). Peu à peu, se dégagent de ce chaos quelques grandes principautés (voir ci-dessus, p. 121 ) ; des causes diverses suscitent également entre elles des conflits (par exemple entre le Brabant et la principauté épiscopale de Liège, entre la Flandre et le Hainaut, entre la Flandre et le Brabant, etc.). Ce sont là des facteurs de divergence. Mais des forces d’attraction réciproque vont se manifester toujours plus impérieusement, surtout à partir du XIme siècle. Elles finiront par l’emporter sur les forces répulsives. D’autant plus que certaines dynasties princières agiront dans le même sens que les courants économiques, (p.131) favorisant le rapprochement des villes et principautés. Par des mariages habilement combinés, par le jeu des successions que ces mariages « pour raison d’Etat » déclencheront, grâce à des achats et à des annexions enfin, la maison de Bourgogne réussira à rassembler tous les territoires des Pays-Bas, achevant ainsi une œuvre dont les débuts sont bien antérieurs au XVme siècle.
1190-1235 Règne d’Henri Ier en Brabant qui pratique une politique de bascule entre la France et l’Empire (à comparer à celle des Régnier et Gislebert, voir page 120). Annexion de Maestricht. Lutte contre l’évêque de Liège (bataille de Steppes).
1191-1194 Avènement de la Maison de Hainaut. Sous Baudouin V de Hainaut, VIII en Flandre, union personnelle du Hainaut et de la Flandre.
1255 Querelle des d’Avesnes et des Dampierre. La médiation de roi de France Saint Louis attribue la Flandre aux Dampierre, le Hainaut aux d’Avesnes (le dit de Péronne).
1280 Guy de Dampierre, comte de Flandre, achète le comté de Namur pour compenser la perte du Hainaut. Un de ses fils, Jean de Flandre, occupe le trône épiscopal de Liège (1282-1291).
1288 A la suite de la victoire remportée à Worringen, Jean Ier annexe le comté de Limbourg au duché de Brabant.
1297 Le Tournaisis, détaché de la Flandre, est annexé au domaine royal en 1302.
1299 Les unions matrimoniales des d’Avesnes avec les comtes de Hollande-Zélande aboutissent à l’union du Hainaut et de la Hollande-Zélande sous une même dynastie.
1299 Jean II, comte de Hainaut, devient également comte de Hollande et de Zélande.
1300 La Flandre passe sous la couronne de France (annexion).
1304 Traité d’alliance entre Flandre et Brabant..
1328 Traité d’alliance entre Brabant, d’une part, Hainaut, Zélande et Hollande, d’autre part.
1337 Nouveau traité entre Flandre, Brabant, Hainaut, Zélande et Hollande.
1339 Renouvellement de ce traité. Alliance défensive entre Flandre et Brabant. Rôle de Jacques Van Artevelde.
1345 Accession de la Maison de Bavière (Wittelsbach) au comté de Hainaut (mariage de Louis IV de Bavière avec Marguerite d’Avesnes). Cela provoque l’alliance du duc de
(p.132) Brabant, Jean III, avec la maison de Luxembourg-Bohème.
1347 Louis de Mâle, comte de Flandre, épouse Marguerite, une des trois héritières du duché de Brabant.
1354 Wenceslas, comte de Luxembourg en 1346, obtient l’érection de sa principauté en duché (maison de Luxembourg-Bohême) .
1356 Union personnelle des duchés de Brabant et de Luxembourg du fait du mariage de Jeanne de Brabant et de ‘Wenceslas de Luxembourg. Elle dure jusqu’en 1383.
1356 Guerre de succession de Brabant (Louis de Mâle contre Wenceslas). La Flandre acquiert Malines et Anvers. En France, Louis de Mâle possède les comtés de Nevers et de Rethel; il hérite encore de la Franche-Comté de Bourgogne et de l’Artois.
1364 Le duc de Brabant acquiert la seigneurie de Fauquemont (Valkenburg).
1365 La principauté épiscopale de Liège annexe le comté de Looz (province de Limbourg actuelle).
1369 Marguerite de Mâle, unique héritière du comte de Flandre, épouse Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (Maison de Flandre-Bourgogne). Restitution de Lille, Douai, Béthune à la Flandre.
1371 La défaite de Wenceslas à Basweiler, près d’Aix-la-Chapelle» met un terme aux ambitions brabançonnes vers l’Est. Les seigneuries d’Outre-Meuse sont données en enga-gère.
Œuvre d’unification des ducs de Bourgogne
Règne de Philippe le Hardi
1384 à 1404 La Maison de Bourgogne accède au comté de Flandre : Philippe le Hardi (R. 1384-1404) succède à Louis de Mâle. Il gouverne en s’aidant d’un conseil, par après qualifié de « grand conseil », dont le principal fonctionnaire sera le chancelier de Bourgogne.
1385 Double union matrimoniale entre Maisons de Bavière et de Bourgogne. (Jean sans Peur épouse Marguerite de Bavière, Guillaume IV de Bavière épouse Marguerite de Bourgogne.) Ce double mariage aura des conséquences politiques considérables, favorables à l’unification territoriale.
(p.134)
1386 Philippe le Hardi crée deux « Chambres du Conseil », l’une à Dijon, l’autre à Lille; chacune est à la fois tribunal, cour des comptes et organisme de contrôle des fonctionnaires. Première étape de la politique de centralisation des ‘ institutions politiques et administratives que poursuivront les successeurs de Philippe le Hardi. Il y a lieu de remarquer que le ressort de la Chambre de Lille s’étend à toutes les possessions du duc dans les Pays-Bas.
1387-1397 Rachat des seigneuries d’Outre-Meuse (Fauquemont, Wassemberg, Dalhem, etc.).
1390 Jeanne de Brabant reconnaît à Philippe le Hardi, la nue propriété du duché de Brabant, mais en conserve l’usufruit. Peu après, elle reconnaît Antoine, fils de Philippe, pour héritier. En échange, Philippe restitue Malines et Anvers au Brabant.
1396 Philippe le Hardi obtient de Jeanne la cession du Limbourg et des terres d’Outre-Meuse.
1404 Antoine de Bourgogne devient régent de Brabant.
Règne de Jean sans Peur (1404-1419)
Duc de Bourgogne, fils et successeur de Philippe le Hardi. Ce prince séjourne presque toujours en France où il est le chef du parti bourguignon en lutte contre celui des Armagnacs. Il est assassiné par ses adversaires à Montereau.
1405 Création du « Raed van Vlaenderen » (chambre de justice) à Audenaerde, transféré plus tard à Gand; la chambre des comptes conserve son siège à Lille. Constitution définitive des « Etats de Flandre » ayant pour mission d’accorder des subsides au prince. Mort de Jeanne de Brabant.
Antoine de Bourgogne, -régent depuis deux ans, lui succède. Ainsi accédait au duché de Brabant la branche cadette de la maison de Bourgogne. Elle y pratique aussi une politique de centralisation administrative.
1409 Le duché de Luxembourg est donné en engagère à Elisabeth de Gôrlitz, épouse d’Antoine de Bourgogne en secondes noces. Nouvelle union temporaire entre le Brabant et le Luxembourg.
1415 Mort d’Antoine de Bourgogne à la bataille d’Azincourt (entre Français et Anglais).
1418 Jacqueline de Bavière, souveraine en Hainaut, Hollande et Zélande, épouse Jean IV de Brabant, cousin de Jean sans Peur, duc de Bourgogne ef comte de Flandre.
(p.136)
Règne de Philippe-le-Bon (1419-1467)
1421 Philippe s’allie au roi Henri-V d’Angleterre contre le roi de France. Il achète le comté de Namur.
1423 Jean IV crée une chambre du conseil pour la justice à Bruxelles.
1425 Philippe se fait céder par Jean IV l’administration des comtés de Hainaut, Hollande et Zélande appartenant à son épouse Jacqueline de Bavière.
1425 Jean IV crée l’Université de Louvain.
1427 Philippe de Saint-Pol, successeur de Jean IV, nomme un chancelier de Brabant pour présider la chambre du conseil.
1428 Création du « Hof van Holland ». Par le traité de Delft Jacqueline de Bavière reconnaît Philippe le Bon comme ruwart et héritier des pays de Hainaut, Hollande, Zélande et Frise.
1430 A la mort de Philippe de Saint-Pol, Philippe hérite du duché de Brabant, mais cette principauté conserve une véritable autonomie (Conseil et sceau particuliers). Cette même année, Philippe crée l’ordre de la Toison d’Or, qui favorise la collaboration de la Noblesse à l’œuvre des ducs de Bourgogne. Ses membres deviennent les « pairs » du souverain.
1433 Philippe devient comte de Hainaut.
1435 Par le traité d’Arras, qui le réconcilie avec le roi de France Charles VII, Philippe obtient la cession des villes de la Somme (Péronne, Montdidier, Roye) et la Picardie. Il se fait exempter, à titre personnel, de l’hommage pour ses fiefs de la couronne de France.
1436-1438 Soulèvement des Brugeois contre le duc.
1441 Philippe rachète à Elisabeth de Gb’rlitz le duché de Luxembourg. Deux ans plus tard, il prend possession de cette principauté.
1446 Création d’une Chambre des Comptes à La Haye.
1449-1453 Rébellion des Gantois; leurs milices s’emparent du château de Gavere et mettent le siège devant Audenaerde. Les troupes ducales les obligent à abandonner le siège; ensuite elles les écrasent à la bataille de Gavere (1453).
1456 Philippe fait élire son neveu Louis de Bourbon au trône épiscopal de Liège.
1463 Fusion des Chambres des Comptes de La Haye et de Bruxelles. Celle de Lille subsiste.
1465 Première assemblée des Etats Généraux à Bruges (réunion (p.135) des délégations des divers états provinciaux ayant comme principal objet de consentir les subsides financiers au duc) ; les Etats généraux favoriseront la naissance d’un sentiment de communauté entre les différents « pays » réunis.
1465 20 octobre Les troupes ducales battent les milices liégeoises à Montenaeken ; le traité de Saint-Trond (22 décembre) renforce le protectorat bourguignon sur la principauté épîscopale. Charles (le Téméraire) fait octroyer à son père le titre de
« gardien et avoué souverain » de la principauté.
Le « Grand duc d’Occident » rêve-t-il de reconstituer un royaume indépendant de la France et de l’Empire ?
1466 Siège et sac de Binant par les troupes bourguignonnes.
1466 Les Liégeois défaits à la bataille de Brusthem.
Règne de Charles le Téméraire (1467-1477)
1468 9 octobre Echec de l’héroïque tentative des 600 Franchimontois contre les troupes de Charles le Téméraire et de Louis XI. Prise et sac de Liège, peu après. L’hégémonie bourguignonne est définitivement établie sur la principauté.
1469 Les Gantois, qui s’étaient révoltés pendant l’expédition contre Liège, doivent se soumettre sans condition au dur vainqueur.
1470 Le duc Charles, vassal du roi de France, interdit les appels au Parlement de Paris (manifestation d’indépendance à l’égard de son suzerain).
1471 Charles crée une armée permanente (compagnies d’ordonnance composées de mercenaires).
1472 Charles achète l’Alsace, le Sundgau et le comté de Ferrette à Sigismond d’Autriche (engagère).
1473 Charles annexe la Gueldre (entre-Basse-Meuse et Bas-Rhin). Il veut se faire couronner roi, mais l’empereur d’Allemagne évite de se rendre au lieu fixé pour la cérémonie (Trêves).
Le grand conseil est scindé en deux :
1° Le grand conseil de Malines (cette ville apparaît à ce moment comme la capitale des pays de par-deçà) ;
2° Le Parlement de Malines (cour suprême de justice dont le ressort s’étend à l’ensemble des possessions bourguignonnes de par-deçà).
1474 Charles intervient en Rhénanie en faveur de l’archevêque de Cologne; il échoue au siège de Neuss.
L’Alsace se soulève.
(p.136) 1475 Charles conquiert la Lorraine et réunit ainsi ses possessions de par-deçà (nos régions) à ses Etats de par-delà (Bourgogne et Franche-Comté).
Il rêve de reconstituer l’ancien royaume de Lothaire en portant les limites de ses Etats jusqu’aux rives de la Méditerranée. Mais le roi de France, l’empereur d’Allemagne et les cantons helvétiques unissent leurs forces pour en empêcher la réalisation.
1476 Charles dirige une expédition contre les confédérés suisses. Il est obligé de battre en retraite après la défaite subie à Granson (3 mars). Le 22 juin ses troupes sont encore battues à Morat. La Gueldre et la Lorraine se soulèvent.
1477 5 janvier Charles envahit la Lorraine pour réprimer la révolte. Il met le siège devant la capitale (Nancy). Trahi par le condottiere Campo-Basso, il s’obstine, échoue et se fait tuer sur place.
Son rêve royal ne s’est pas réalisé. Cependant l’Etat bourguignon survivra grâce à l’existence d’un sentiment national bourguignon (dont les symboles sont la croix de saint André, patron des ducs, le briquet de Bourgogne et le lion).
Règnes de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche (Avènement de la Maison de Habsbourg)
1477-1482-1494
1477 A l’annonce du désastre de Nancy, Gand et d’autres communes se révoltent. Les Etats généraux se réunissent (fin janvier). Marie de Bourgogne, l’unique héritière, à peine âgée de vingt ans, se voit contrainte de signer le Grand Privilège. Celui-ci proclame l’abolition de toutes les dispositions contraires aux anciens privilèges; des diverses institutions centralisatrices subsistent seulement le Grand Conseil et les Etats généraux.
Ces derniers pourront se réunir spontanément, sans attendre la convocation du prince.
Le Grand Privilège ne marque pas un retour pur et simple au régime antérieur aux ducs de Bourgogne. Il est une sorte de compromis entre le pouvoir centralisé du souverain et le pouvoir des corps privilégiés. En tout cas, et c’est l’essentiel, le lien politique entre les diverses principautés constituantes, n’est pas rompu.
1477 21 avril Marie épouse l’archiduc Maximilien d’Autriche, (p.137) fils de l’empereur Frédéric III (ainsi la Maison de Bourgogne se lie à la Maison de Habsbourg).
Invasion de la Bourgogne, de la Picardie et de l1‘Artois par les armées de Louis XI. La Flandre est menacée.
La principauté de Liège se révolte, rejette le protectorat bourguignon et redevient indépendante.
La Gueldre se replace sous l’autorité de ses anciens souverains.
1479 Maximilien met l’armée française en déroute près de Guinegate (aujourd’hui : Enguinegatte). 1482 27 mars Marie de Bourgogne meurt inopinément à Bruges.
Première régence de Maximilien d’Autriche (1482-1494)
1482 Les Etats généraux exigent la conclusion de la paix avec la France; second traité d’Arras.
Louis XI excite nos populations contre Maximilien.
1483 Mort de Louis XI, l’irréconciliable ennemi de la Maison de Bourgogne.
1483-1485 Guerre civile. Des princes du sang (Clèves-Ravenstein) s’allient aux communes de Flandre contre le souverain légitime; ils sont soutenus par le nouveau roi de France Charles VIII. Bruges doit capituler le 21 juin 1485, Gand le 5 juillet suivant.
1484 Maximilien est élu roi des Romains. Il reprend la guerre contre la France. Ses mercenaires (lansquenets) sont battus devant Béthune.
1488 Gand se proclame république autonome sous la suzeraineté du roi de France.
Maximilien est retenu prisonnier par les Brugeois. Il doit souscrire à l’accord conclu entre les provinces rétablissant le « Grand Privilège ». Libéré, Maximilien reprend la lutte contre les communes. Anvers se range à ses côtés. Période d’anarchie.
1492 Conclusion de la paix à Cadzant, près de l’Ecluse.
Défaite du particularisme urbain.
1492 Charles VIII et Maximilien reconnaissent publiquement la neutralité de la principauté épiscopale de Liège.
1493 Le traité de Senlis avec la France renouvelle la déclaration d’amitié des deux souverains à l’égard de « l’évêque et cité de Liège »; il restitue aussi l’Artois, le Charolai» et (p.138) la Franche-comté à Maximilien. La France conserve la Picardie et le duché de Bourgogne.
1493 19 août Mort de Frédéric III; Maximilien, son fils, devient empereur d’Allemagne.
Règne de Philippe le Beau (1494-1506)
1494 9 septembre Son fils, Philippe le Beau, inauguré comme duc de Brabant à Louvain. C’est le premier « prince naturel », c’est-à-dire national, né et élevé dans nos régions.
1496 II pratique d’abord une politique nationale. Traité de commerce conclu avec l’Angleterre (Intercursus magnus).
1496 21 octobre Mariage de Philippe avec Jeanne de Castille (Jeanne la Folle) qui héritera des royaumes de ses parents (Espagne, colonies d’Amérique, etc.) en 1497, 1498 et 1500. La politique du prince prend une orientation nouvelle : de nationale elle devient dynastique, comme celle de Maximilien.
1504 Philippe rétablit le Grand Conseil (Parlement) à Malines et aussi les compagnies d’ordonnance.
1504 26 novembre Mort d’Isabelle de Castille, belle-mère de Philippe le Beau.
1506 Philippe s’embarque pour l’Espagne; il va recueillir l’héritage de son épouse. Le 25 septembre, il meurt inopinément à Burgos (Espagne).
Seconde régence de Maximilien d’Autriche. Gouvernement général de l’Archiduchesse Marguerite d’Autriche, tante du futur Charles-Quint (1506-1515).
Maximilien confie le gouvernement de nos provinces et l’éducation du jeune archiduc Charles de Luxembourg à sa fille Marguerite d’Autriche. Celle-ci installe sa cour à Malines, qui prend de plus en plus figure de capitale des Pays-Bas (ce terme Pays-Bas commence alors à être employé de préférence à celui de pays de par-deçà, lequel finira par disparaître).
Règne de Charles-Quint (1515-1555)
Né à Gand, Charles fut élevé dans les Pays-Bas. II résida constamment dans nos régions jusqu’en 1517; il y revint en 1520-21, en 1531 et en 1540; depui» 1544 il y séjourna presque continuellement jusqu’au moment de son départ (p.139) pour l’Espagne (14 septembre 1556); sa popularité y était très grande.
Roi d’Espagne, à partir de 1516, empereur d’Allemagne, à partir de 1519. (Le soleil ne se couchait jamais sur ses Etats.)
Charles va reprendre et mener à son terme l’œuvre de rassemblement territorial et d’unification centralisatrice de ses ancêtres bourguignons.
1515 5 janvier A Bruxelles : inauguration solennelle de Charles devant les Etats généraux assemblés.
1518 Convention de Saint-Trond : le prince-évêque de Liège prête serment de fidélité à Charles; la principauté se trouve en fait sous le protectorat de la maison de Habsbourg et, pour longtemps, c’en est fait de sa neutralité.
1521 Charles assiège Tournai (juillet à novembre). Il s’en empare et, par le traité de Madrid, conclu cinq ans plus tard, s’en fait reconnaître la possession par son adversaire vaincu, François Ier. « C’est par le cri « Vive Bourgogne » que, le 16 décembre, le peuple ratifie les serments échangés entre les vainqueurs (bourguignons) et les vaincus (Tournaisiens) » (Paul Rolland).
Le cession de Tournai sera encore confirmée par les traités de Cambrai (1529) et de Crespy (1544). Tournai jouera dorénavant le même rôle militaire que celui signalé plus haut pour Cambrai.
1526 Le même traité de Madrid rompt définitivement les liens de vassalité de la Flandre et de l’Artois à l’égard de la couronne de France. L’Escaut cesse donc de jouer le rôle de frontière internationale que lui a assigné le traité de Verdun.
1523 à 1533 Charles annexe la Frise (1523), la Drenthe et Groninghe (1526), le duché de Gueldre et le comté de Zutphen (1533).
1528 Charles, devenu seigneur d’Utrecht, sécularise la principauté épiscopale, ne laissant à l’évêque que l’exercice de ses droits spirituels.
1543 Charles obtient de l’évêque de Cambrai l’autorisation de faire édifier une citadelle dans sa ville épiscopale; c’est une des places fortifiées qui, le long des frontières méridionales, sont destinées à arrêter les invasions françaises.
Dès ce moment, les XVII provinces des Pays-Bas se trouvent rassemblées sous le même sceptre.
(p.140) 1543 26 juin Transaction d’Augsbourg. L’empereur Charles-Quint, reprenant un ancien projet de son grand’père Maxi-milien (1512), rattache l’ensemble des XVII provinces à l’Empire sous le nom de Cercle de Bourgogne. Les droits de l’empire sont d’ailleurs limités à la levée de troupes et de subsides en cas de guerre contre les Turcs. 1549 4 novembre La Pragmatique sanction d’Augsbourg unifie le droit successoral de toutes nos provinces et déclare celles-ci inséparables, indivisibles, indissolubles.
En somme, les Pays-Bas forment maintenant un bloc solidement soudé; Us constituent en fait un Etat indépendant et souverain.
L’empereur n’avait pas négligé de poursuivre simultanément la centralisation des institutions de l’Etat :
En 1521, confiant le gouvernement de nos provinces à sa sœur Marie de Hongrie, il avait réformé le Conseil. Depuis, celui-ci comprit trois conseils dits collatéraux :
1° le Conseil d’Etat, composé de nobles, et chargé de l’examen des affaires politiques;
2° le Conseil privé, exclusivement composé de légistes, et s’occupant des affaires administratives;
3° le Conseil des Finances.
Les Etats généraux sont fréquemment assemblés; les chevaliers de la Toison d’Or sont consultés à l’occasion de l’examen d’affaires particulièrement importantes. L’administration des provinces est confiée à onze gouverneurs, choisis parmi les membres de la haute noblesse indigène.
En matière judiciaire, le Grand Conseil de Malines de meure l’instance supérieure commune à l’ensemble des Pays-Bas, à l’exception du duché de Brabant et du comté de Hainaut (auxquels Philippe le Beau avait laissé un conseil souverain). f
Les tendances à l’unification se manifestent dans le domaine économique autant que dans celui de l’administration : la monnaie est commune; vers le port d’Anvers convergent toutes les affaires; sa bourse de commerce attire l’argent de toutes les provinces.
En 1539-40, la révolte de Gand, provoquée par des causes politiques et sociales, est le dernier épisode de la lutte entre les grandes communes et l’Etat. Elle est durement réprimée.
1555 25 octobre Abdication de Charles-Quint en faveur de son fils Philippe (II).
(p.141) Règne de Philippe II (1555-1598)
Philippe II ne séjourna dans les Pays-Bas que de 1555 à 1559. A partir de ce moment il sera représenté par des gouverneurs, d’abord par sa demi-sœur Marguerite de Parme (1559-1567), puis par des princes et seigneurs étrangers au pays, le duc d’Albe (1567-1573), Louis de Zuniga y Requesens (1573-1576), don Juan d’Autriche, demi-frère du roi (1576-1578), Alexandre Farnèse, neveu du roi (1578-1592), Yarchiduc Ernest, frère de l’empereur Rodolphe II (1593-1595), le comte de Fuentès (1595), 1‘archiduc Albert d’Autriche, futur époux de l’infante Isabelle, fille du roi (1596-1598).
Entre le moment de la mort de Requesens et celui de l’arrivée de don Juan d’Autriche, c’est le Conseil d’Etat qui assuma la direction des affaires avec la collaboration des Etats Généraux.
Philippe II ne sut pas, comme son père, se faire aimer par ses sujets. Distant, hautain, ne parlant pas les langues en usage dans nos régions; esprit intransigeant et sectaire, décidé à se servir de tous les moyens pour extirper l’hérésie religieuse; imbu, par ailleurs, des principes autoritaires, il souleva bientôt contre lui une opposition générale.
Les conséquences de sa politique furent désastreuses pour nous. La plus grave d’entre elles fut la rupture des XVII provinces en deux blocs hostiles.
1566 Compromis des Nobles. Les Confédérés demandent la suppression de l’Inquisition, la suppression des placards contre les hérétiques.
1567 Débuts de la guerre civile. Arrivée du duc d’Albe.
Organisation d’un régime de Terreur : exécutions en masse, commencées par la décapitation des comtes d’Egmont et de Homes, chevaliers de la Toison d’Or, membres du Conseil d’Etat. Etablissement de deux impôts permanents.
1572 15 avril Prise du port de la Brielle par les « gueux de mer »; signal du soulèvement général en Zélande et Hollande où s’étaient réfugiés de nombreux protestants de nos régions.
Le prince Guillaume d’Orange-Nassau (le Taciturne) s’établit en Hollande et y est reconnu comme « stadhouder » (gouverneur).
Echecs militaires des Espagnols à Alkmaar, Middelbourg, Geertruydenberg, etc.
1573 Rappel du duc d’Albe en Espagne, remplacé par Requesens.
1573-1576 L’invasion de Louis de Nassau arrêtée par la victoire espagnole de Mook (au sud de Nimègue).
Les Calvinistes réclament le départ des troupes espagnoles et la convocation des Etats Généraux.
1576 Mort inopinée de Requesens. Régence du Conseil d’Etat, bientôt remplacé par les Etats Généraux, constitués en organisme gouvernemental.
Pacification de Gand : fédération des XVII Provinces, décidées à se prêter assistance mutuelle contre la tyrannie espagnole et proclamant le principe de la liberté de conscience.
Arrivée du nouveau gouverneur, don Juan d’Autriche. A la suite de négociations avec les Etats-il accorde l’Edit perpétuel de Marche-en-Famenne : promesse de respecter les privilèges territoriaux, de réunir les Etats Généraux, de renvoyer les troupes espagnoles, de ne plus soumettre les protestants à un régime de terreur.
1577 Méfiance réciproque. Don Juan rappelle d’urgence les troupes espagnoles, les rassemble autour de Namur. Les Etats Généraux font appel au prince d’Orange. Des nobles, jaloux de l’ascendant de ce dernier, font venir l’archiduc Mathias. Peu après le prince d’Orange devient le lieutenant-général de celui-ci et continue d’exercer une influence déterminante sur la politique nationale.
1578 31 janvier L’armée levée par les Etats Généraux est mise en déroute à Gembloux par don Juan, qui a pris l’offensive.
Mathias, Orange et les Etats se retirent à Anvers.
La noblesse belge fait alors appel au duc d’Anjou. Une fois de plus le prince d’Orange fit du rival qu’on lui suscitait un instrument de sa volonté. Le 13 août il lui fait conférer le titre de « défenseur de la liberté des Pays-Bas contre la tyrannie espagnole et ses adhérents ».
1578 1er octobre Mort inopinée de don Juan d’Autriche au camp de Bouges près Namur.
Réaction des « Malcontents » wallons (catholiques excédé» par la démagogie des Calvinistes en général et de ceux de Gand, en particulier).
(p.143)
1578-1592 Gouvernement d’Alexandre Farnèse, duc de Parme. Le nouveau gouverneur, joignant les talents du diplomate à ceux du capitaine, parvient à rallier à la cause espagnole et catholique les provinces wallonnes (où les « Malcontent» » sont nombreux).
1579 6 janvier Confédération catholique d’Arras : acte de réconciliation des provinces wallonnes — Artois, Hainaut et Flandre gallicante.
23 janvier : Union calviniste d’Utrecht : riposte des provinces protestantes (Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre, Overyssel, Frise, Groningen, plus les villes de Bruges, Gand, Ypres, Malines, Anvers, Bruxelles, Tournai, etc.).
17 mai : Farnèse conclut la Paix d’Arras : réconciliation des catholiques du Sud avec l’Espagne.
Les XVII Provinces sont déchirées par une guerre entre Nord et Sud. Les Nassau contre Farnèse.
1581 Les Etats Généraux proclament la déchéance du roi Philippe II.
Farnèse, avec l’aide des provinces catholiques du Sud, va tenter la « reconquête » des Pays-Bas. Il s’empare successivement de Maestricht, de Tournai (héroïquement défendu par Christine de Lalaing, princesse d’Epinoy) en l’absence de son époux, gouverneur de la ville, Ypres, Bruges, Gand, Bruxelles (vaillamment défendu par Olivier van den Tym-pel, sire de Corbeek); Anvers (âprement défendu par son bourgmestre Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde). Après un long siège, cette dernière cité capitule le 16 août 1585.
La « reconquête » n’alla pas au-delà, Farnèse ayant été appelé par son souverain à d’autres tâches militaires.
Conséquence politique :
Les Pays-Bas sont rompus : au Nord, le bloc des Provinces-Unies, adhérant au calvinisme; au Sud, les Pays-Bas espagnols, revenus à la foi catholique.
Autres conséquences désastreuses pour nos provinces :
- la fermeture de l’Escaut à la navigation à cause du blocus maritime établi par les Provinces-Unies;
- décadence du port d’Anvers et répercussions déprimantes sur l’économie générale du pays;
— perte de nombre de familles belges émigrées en Allemagne, en Hollande, en Angleterre.
Philippe II ne parvenant pas à réduire les Pays-Bas à l’obéissance par la force, essaya un autre moyen. En 1598, quelques mois avant de mourir, il céda la souveraineté à sa fille Isabelle et au mari de celle-ci, l’archiduc Albert d’Autriche. Il croyait que ces nouveaux souverains seraient acceptés par les provinces du Nord comme par celles du Sud. Son espoir fut vain.
Règne des Archiducs Albert et Isabelle (1598-1621)
Les Provinces-Unies du Nord ne reconnaissent pas l’autorité des Archiducs. La guerre continue.
1600 19 juin Maurice de Nassau, second fils du Taciturne, envahit la Flandre dans le but de débloquer Ostende assiégé par l’armée espagnole. Le 2 juillet, il remporte un brillant succès à Nieuport, puis se rembarque.
1603 La direction des opérations militaires contre les Hollandais est confiée à Ambroise Spinola.
1604 Celui-ci emporte enfin la place d’Ostende («la nouvelle Troie »), le 20 septembre.
1607 24 avril Un armistice de six mois est signé.
1609 9 avril Conclusion, à La Haye, d’une trêve de douze ans. Les Archiducs aussi bien que le roi d’Espagne alors régnant (Philippe III) doivent abandonner tpute prétention à la souveraineté des Provinces-Unies, désormais considérées comme constituant un Etat indépendant. L’Escaut reste fermé à la navigation, de sorte que la ville d’Anvers, autrefois si prospère, décline peu à peu.
Néanmoins, la paix rétablie favorise la restauration économique générale de nos provinces; l’industrie textile dans les centres ruraux, la confection des étoffes de soies, des dentelles, dans les villes, remettent de nombreuses familles ouvrières au travail; on reprend l’assèchement des « moe-ren » en vue d’étendre les possibilités agricoles.
La foi catholique triomphe définitivement dans les Pays-Bas du Sud (désormais appelés Pays-Bas catholiques).
1621 Expiration de la Trêve de douze ans : les hostilités
reprennent, entraînant de nouvelles calamités publiques. Le 13 juillet, l’Archiduc Albert meurt à Bruxelles.
(p.146) La Belgique champ de bataille de l’Europe à partir de 1621
1621-1633 Gouvernement de l’Archiduchesse Isabelle.
L’administration de nos provinces se trouve à nouveau étroitement subordonnée à la politique générale des souverains espagnols. Isabelle n’est plus souveraine de notre pays; elle gouverne celui-ci au nom du roi d’Espagne.
A partir de 1621, moment de l’expiration de la Trêve de douze ans, notre territoire devient l’arène sanglante où les grandes puissances voisines vident leurs querelles.
Jusqu’à la fin du gouvernement de l’archiduchesse, les opérations militaires se déroulent surtout dans les zones frontières du Nord et de l’Est : 1629, Frédéric-Henri, frère cadet de Maurice de Nassau (mort en 1625), reprend l’offensjve contre les Espagnols; il bloque Bois-le-Duc et s’en empare le 14 septembre. Le Brabant est sous la menace de l’invasion. 1632, Frédéric-Henri s’empare de Venloo, Straalen, Ruremonde, Sittart, Maestricht, Limbourg, Rolduc, Dalhem et Fauquemont (terres d’Outre-Meuse).
1633 Mort de l’Archiduchesse Isabelle.
1633 à 1714 Vont lui succéder : une série de gouverneurs généraux :
1633-1634 Le marquis d’Aytona;
1634-1641 Cardinal-infant don Ferdinand;
1641-1644 Don Francisco de Mélo;
1644-1647 Le marquis de Castel-Rodrigo;
1647-1656 L’archiduc Léopold-Guillaume d’Autriche;
1656-1658 Don Juan, fils naturel du roi d’Espagne;
1658-1664 Le marquis de Caracena;
1664-1669 Le marquis de Castel-Rodrigo;
1669-1670 Don Inigo de Velasco;
1670-1674 Don Juan de Cuniga y Fonseca, comte de Monterey;
1674-1680 Duc de Vitta-Hermosa;
1680-1682 Prince Alexandre Farnèse, second fils du grand Farnèse, duc de Parme;
1682-1685 Le marquis de Grana;
1685-1691 Don Francisco Antonio de Agurto, marquis de Castanaga; et, à partir du 1691, l’Electeur de Bavière, Maximi-lien-Emmanuel, remplacé intérimairement par le Marquis de Bedmar sous le régime anjouin (prédominance du roi de France Louis XIV), de 1701 à 1704.
(p.147) Répercussions de la Guerre de Trente Ans (1618-1648)
1635 à 1640 Alliance entre la France et la république des Provinces-Unies contre l’Espagne (donc contre les Pays-Bas espagnols, lesquels deviennent ainsi une sorte d’Etat-tampon qui recevra tous les coups).
Le 19 mai 1635 la France déclare la guerre à l’Espagne (4me phase de la Guerre de Trente Ans) ; les troupes françaises envahissent notre territoire et font leur jonction avec les troupes hollandaises : sac de Tirlemont; échec devant Louvain; retraite sur Ruremonde.
Le cardinal-infant don Ferdinand reprend vigoureusement l’offensive mais, à partir de 1639, il est réduit à la défensive. Chute d’Arras, La Bassée, Lens et Bapaume.
1642 Les troupes espagnoles de Francisco de Mélo rempor
tent un dernier succès à Honnecourt.
1643 L’année suivante elles sont défaites à Rocroi par le jeune duc d’Enghien (le Grand Condé). Thionville tombe.
1645 Les Français s’emparent de Gravelines, Cassel, Béthune, Armentières, Warneton, Commines, Menin, tandis que les Hollandais, par la prise de Hulst, achèvent la conquête
de la rive gauche de l’Escaut (Flandre zélandaise).
1646 Capitulation de Tournai et de Dunkerque.
« Etouffée dans l’étreinte de l’ennemi, la Belgique était arrivée au dernier degré de la souffrance » (H. Pirenne).
1647 Le gouverneur Léopold-Guillaume d’Autriche reconquiert Armentières, Commines, Lens et Landrecies.
1648 30 janvier Paix de Munster (ratifiée le 15 mai suivant).
Fin de la guerre de Quatre-Vingts Ans entre l’Espagne et les Pays-Bas calvinistes.
Pertes territoriales des Pays-Bas catholiques : Flandre zélandaise, le Nord du Brabant, Maestricht et les trois quartiers d’Outre-Meuse, cédés à la république des Provinces-Unies.
Autres stipulations du traité de paix : clôture définitive de l’Escaut et des canaux y aboutissant. Anvers est condamné à l’asphyxie; le déclin économique de notre pays est consommé.
1648 La guerre entre la France et l’Espagne continue. Condé bat les Espagnols de l’archiduc Léopold à Lens.
1651 Entraîné dans le mouvement d’opposition au cardinal-ministre Mazarin, Condé met son épée au service du roi d’Espagne.
(p.148)
1657 23 mars Alliance formelle de la France et de l’Angleterre (Cromwell) contre l’Espagne.
1658 14 juin Le maréchal français Turenne défait l’armée espagnole aux Dunes; une garnison anglaise s’installe à Dunkerque. L’ennemi s’empare de Bergues, Fumes, Dixmude, Gravelines, Gavere, Audenaerde, Ypres, Commines, Grammont et Ninove.
1659 7 novembre Paix des Pyrénées (met fin à la guerre entre la France et l’Espagne).
1660 octobre Conclusion de la paix entre l’Angleterre et l’Espagne. Deux ans après, Charles II d’Angleterre vend le port de Dunkerque à la France.
1664 Le fort de Liefkenshoek (près d’Anvers) est cédé aux Hollandais.
Les cinq grandes guerres de Louis XIV et leurs conséquences pour nos provinces.
La guerre de Dévolution (1667-1668)
Les armées françaises, sous le commandement de Turenne, envahissent à nouveau les Pays-Bas. Les Provinces-Unies, l’Angleterre et la Suède s’allient pour empêcher l’annexion des Pays-Bas à la France.
1668 2 mai Traité d’Aix-la-Chapelle : stipule de nouvelles cessions territoriales à la France (la Flandre galli-cante et le littoral maritime jusqu’à Nieuport). 1671 17 décembre La république des Provinces-Unies, abandonnée par l’Angleterre et la Suède, conclut une alliance défensive avec l’Espagne, par crainte de la politique impérialiste du roi de France.
La guerre de Hollande (1672-1678)
Les armées françaises traversent le territoire neutre de la principauté épiscopale de Liège, et envahissent la Hollande. Celle-ci proclame Guillaume d’Orange, petit-fils de Frédéric-Henri, stadhouder du pays.
1673 16 octobre L’Espagne, alliée à l’Empire depuis le mois d’août, déclare la guerre à la France. Espagnols, Hollandais et Impériaux vont donc ensemble combattre la puissance française.
1674 11 août ‘ Le choc entre les adversaires a lieu dans nos régions : victoire de Seneffe (Fayt-lez-Manage), remportée par Condé sur Guillaume (le stadhouder de Hollande devenu (p.149) dans l’intervalle roi d’Angleterre, sous le nom de Guillaume III).
1678 17 septembre Paix de Nimègue : conclue entre la France et les Provinces-Unies au détriment des Pays-Bas espagnols. De nouvelles cessions territoriales mutilent ceux-ci. Maes-tricht est cédé aux Provinces-Unies; Valenciennes, Bou-chain, Condé, Cambrai, Bavai, Maubeuge, Bouillon, Char-lemont, etc., à la France.
1680 Violant les conventions de la paix Louis XIV annexe Virton, Saint-Mard, le comté de Chiny et menace la place forte de Luxembourg.
1680 Une nouvelle coalition se constitue pour faire échec aux visées impérialistes de Louis XIV : Provinces-Unies, Suède, Espagne et Empire d’Allemagne.
La guerre hispano-française (1683-1684)
1683 Nouvelle invasion française. Le Pays de Waes, le nord de la Flandre et le Brabant sont soumis à un régime de réquisitions et de pillage. La place forte de Luxembourg est prise.
1684 15 août rêve de Ratisbonne : stipule que le roi de France gardera pendant vingt ans Luxembourg, Beaumont, Bouvignes, Chimay et leurs dépendances.
La guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697)
Nouvelle coalition contre la France. Elle groupe l’Espagne, la Suède, la Bavière, la Saxe et l’Empire,
Louis XIV fait envahir le Palatinat; ses troupes pénètrent en même temps dans la principauté épiscopale de Liège. La Belgique redevient un des principaux théâtres d’opérations.
1690 Victoire française à Fleurus; occupation de Furnes, Dixmude, Courtrai, Mons; destruction de Haï; bombardement de Liège.
1692 L’armée française s’empare de la place forte de Namur et bat Guillaume III à Steenkerque (4 août).
1693 Victoire française à Neerwinden (29 juillet) et prise de Charleroi.
1695 13 au 15 août Bombardement de Bruxelles par l’artillerie du maréchal de Villeroi; 3830 maisons sont la proie des flammes.
5 septembre. Guillaume III reprend Namur aux Français.
(p.150)
1697 Paix de Rijswijk (près de La Haye) stipule la restitution de Charleroi, Luxembourg et autres places fortes aux Pays-Bas espagnols, et l’installation de garnisons hollandaises dans les places fortes de Mons, Ath, Charleroi, Namur, Luxembourg, Nieuport, Courtrai, Audenaerde (La barrière contre les invasions françaises).
1699 Signature d’une convention des frontières entre la France et l’Espagne.
1700 1er novembre Mort du roi d’Espagne Charles II.
Dès le 4 décembre, Louis XIV se fait remettre par son petit-fils, Philippe V, successeur de Charles II, une procuration qui lui assurait, en fait, la réalité du pouvoir dans les Pays-Bas espagnols.
La guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714)
1701 février Des garnisons françaises se substituent aux garnisons hollandaises dans les villes indiquées plus haut (1697).
L’administration du pays s’inspire de celle du royaume de France (centralisation politique; tentative de rénovation économique suivant les principes du ministre français Colbert).
1702 mai L’Empire, l’Angleterre et les Provinces-Unies s’unissent encore une fois et déclarent la guerre à la France (la Grande Alliance).
1704 13 août Après la défaite subie à Blenheim, les armées françaises se replient à travers notre territoire, où la suite des opérations va se dérouler de
1705 à 1711 Défaites françaises à Ramillies (23 mai 1706) et à Malplaquet (11 septembre 1709) ; les vainqueurs sont le général anglais John Churchill, duc de Marlborough, et le généralissime des armées impériales, le prince Eugène de Savoie.
1711 Sur les instances de Louis XIV, le roi Philippe V cède la souveraineté des Pays-Bas à Maximilien-Emmanuel de Bavière.
1712 24 juillet La victoire remportée par l’armée du maréchal de Villars à Denain permet à la France d’engager des pourparlers de paix.
1713 11 avril Les traités d’Utrecht : rétablissent la paix entre la France et les Provinces-Unies.
1714 6 mars et 7 septembre Les traités de Rastadt et de Bade en Argovie : cèdent les Pays-Bas aux Habsbourg d’Autriche.
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1715 15 novembre Le traité d’Anvers (dit de la Barrière) : donne aux Hollandais le droit de tenir des garnisons dans un certain nombre de places fortes (Namur, Tournai, Menin, Warneton, Ypres, Fûmes, Termonde) aux frais des Belges (barrière défensive contre la France).
Conclusion
A bon droit a-t-on dit que le grand siècle de Louis XIV a été pour nos provinces le siècle de malheur. Constamment foulées par les armées étrangères, pillées, rançonnées, exploitées, elles atteignent en 1715 au comble de l’humiliation. Leurs intérêts vitaux sont sacrifiés à ceux de leurs voisins, d’autant plus que la fermeture de l’Escaut est confirmée par les traités de paix.
Sous le régime autrichien
Heureusement, la période 1714 à 1789 n’a été que peu troublée par la guerre ou des menaces de guerre. Sauf au cours des années 1744-1748, la paix a régné.
Règne de Charles VI (1714-1740)
1727 31 mai Un ultimatum, présenté par la France, la Hollande et l’Angleterre — puissances maritimes — oblige l’empereur Charles VI, souverain des Pays-Bas, de suspendre l’octroi de la Compagnie. d’Ostende (s’occupant de commerce colonial). Cinq ans plus tard, ladite Compagnie est supprimée.
Règne de Marie-Thérèse (1740-1780)
Guerre de la succession d’Autriche 1744-1748
Par une Pragmatique Sanction l’empereur Charles VI avait assuré à sa fille Marie-Thérèse l’ensemble de sa succession. Mais, après la mort de l’empereur, différents princes émirent des prétentions à l’héritage. Frédéric II de Prusse envahit la Silésie.
Cette invasion fut le signal d’une guerre européenne au cours de laquelle Marie-Thérèse fut soutenue par l’Angleterre mais accablée par la France.
La conséquence de ces alliances est une nouvelle invasion de notre pays par les Français, placés sous le commandement (p.154) du brillant Maurice de Saxe. Vainqueurs des Anglais à Fontenoy, des Autrichiens à Rocour (au nord de Liège), les Français occupent toute la’ Belgique à l’exception du. Luxembourg.
Le 2 juillet 1747, Maurice de Saxe bat encore les Anglais et les Autrichiens à Laeffeld (à l’ouest de Maestricht).
Le traité d’Aix-la-Chapelle (23 octobre 1748) restitue les Pays-Bas à Marie-Thérèse. Le 23 avril suivant, le sympathique gouverneur Charles de Lorraine en reprend la direction.
Guerre de Sept Ans 1757
Grâce à un renversement des alliances — Marie-Thérèse étant cette fois soutenue par la France, tandis que l’Angleterre s’associe à la Prusse — notre pays échappe aux misères de la Guerre de Sept Ans.
L’alliance formelle conclue entre la France et l’Autriche (1er mai 1757) assure à la Belgique une paix ininterrompue de cinquante ans, qui lui permet de retrouver quelque prospérité.
Règne de Joseph II (1780-1789)
Gouvernement général confié à Albert-Casimir, duc de Saxe-Teschen, et son épouse l’Archiduchesse Marie-Christine, sœur de l’empereur. A partir de 1783, l’essentiel du pouvoir est confié à un ministre plénipotentiaire.
L’empereur Joseph II est un homme intelligent, instruit, entièrement dévoué à sa fonction mais de caractère autoritaire, personnel et obstiné. Il est un type représentatif du
« despote éclairé », s’inspirant des principes abstraits de la philosophie rationaliste. Son objectif est d’assurer le bonheur de ses peuples mais, pour l’atteindre, il ne consultera pas lesdits peuples. Au besoin, c’est contre leur gré qu’il voudra les rendre heureux !
Politique extérieure concernant les Pays-Bas :
Joseph II s’efforce de libérer les Pays-Bas des entraves et des restrictions que les traités du début du XVIIIme siècle leur ont imposées :
1781 novembre II fait connaître aux Provinces-Unies sa décision de démolir les places fortes de la Barrière (sauf Anvers, Ostende et Luxembourg).
(p.155)
1782 18 avril Le dernier régiment hollandais quitte notre territoire, pacifiquement.
1784 août L’empereur fait déclarer aux Hollandais qu’il regarde
« dès à présent l’Escaut comme entièrement ouvert et libre ». Mais les Provinces-Unies ne sont nullement disposées à lui céder sur ce point. Elles font tirer à boulets sur le navire autrichien qui tente de descendre le fleuve; ainsi éclate la Guerre dite de la Marmite (le 6 octobre). Elle est d’ailleurs de brève durée.
Le 9 novembre 1785, la médiation française aboutit à la signature du traité de Fontainebleau qui abroge la convention de la Barrière mais consacre les stipulations de la paix de Munster relatives à la fermeture de l’Escaut. L’empereur peut cependant garder les forts de Lûlo et de Liefkenshoek contre paiement d’une indemnité aux Provinces-Unies.
1785 En cette même année l’empereur échoue dans une tentative d’échange des Pays-Bas contre le duché de Saxe (opposition de la France, de l’Angleterre et de la Prusse).
Politique intérieure : centralisatrice et anti-cléricale (le joséphisme)
Elle provoque l’opposition de toutes les classes de la société, profondément attachées aux institutions traditionnelles et aux manifestations habituelles de la foi catholique.
1781 13 octobre Edit de tolérance (le catholicisme cesse d’être religion d’Etat; en somme, l’édit institue la liberté des cultes).
1782 21 mai Les mariages mixtes (entre catholiques et protestants) sont autorisés.
1783 17 mars 163 couvents « où l’on ne mène qu’une vie purement contemplative » sont supprimés par ordre du gouvernement.
1784 Edit restreignant l’application de la torture; édit concernant les corporations; ‘édit interdisant d’inhumer dans les églises et dans les cimetières qui les entourent (dans
les villes) ; édit proclamant le mariage contrat purement civil.
1785 Les mandements épiscopaux sont obligatoirement soumis à autorisation gouvernementale (placet).
1786 Les kermesses ou ducasses de toutes les paroisses devront être célébrées le même jour.
En octobre-novembre les séminaires épiscopaux sont fermes (p.156) t remplacés par un séminaire général à Louvain et un séminaire filial à Luxembourg.
1787 Le l’r janvier est publié un long édit concernant la réorganisation complète de l’administration locale, générale et judiciaire : les trois conseils collatéraux sont remplacés par un Conseil général des Pays-Bas; le territoire est divisé en neuf provinces dites « cercles », subdivisées en districts, et placées sous l’autorité d’intendants et de commissaires d’intendance; les députations permanentes des Etats provinciaux sont supprimées; de même que toutes les anciennes juridictions; lesquelles sont remplacées par des cours et tribunaux hiérarchisés.
Ces diverses mesures — la plupart excellentes en soi — bouleversent les vieilles habitudes. Une agitation croissante se manifeste; on grogne partout; des libelles sont distribués par milliers, vouant le joséphisme aux gémonies. Dès novembre 1786, le Conseil de Flandre adresse à l’empereur une longue remontrance.
L’année suivante les Etats de Hainaut et de Brabant interviennent pour protester contre la violation des constitutions territoriales. Ceux de Brabant enjoignent aux receveurs d’arrêter la levée de l’impôt Le Gouvernement se voit contraint d’abandonner, du moins provisoirement, l’institution des intendants et des nouveaux tribunaux.
Cette concession est insuffisante pour arrêter le cours des événements. Les avocats Henri Vander Noot et François Vonck organisent l’opposition. Ils fondent un Comité patriotique qui se met à recruter des volontaires armés; le clergé leur fournit des subsides.
1788 janvier Au cours de troubles survenus dans la capitale, les soldats autrichiens font usage de leurs armes et tuent quelques manifestants.
Août. Vander Noot, craignant d’être arrêté, quitte le pays et essaie d’intéresser les Puissances voisines à la cause des « Patriotes ».
Novembre. Les Etats de Brabant et de Hainaut, qui mènent l’opposition, rejettent la demande de subsides du gouvernement.
1789 janvier Les Hennuyers « sont mis hors la loi » (les Etats de Hainaut sont cassés; ils perdent tous leurs anciens privilèges). Mais Vonck constitue le groupe patriotique « Pro Aris et (p.157) focis (pour les autels et les foyers), en vue d’organiser la résistance armée.
Juin. Les Etats de Brabant sont cassés, le Conseil de Bra-bant est supprimé, la Joyeuse Entrée annulée.
Juillet. L’annonce de la prise de la Bastille par les révolutionnaires parisiens stimule l’ardeur des patriotes brabançons et liégeois : « Ici comme à Paris ! ».
Août. Le 18, début de la révolution liégeoise.
Septembre. Beaucoup de patriotes se rendent dans la principauté épiscopale, où s’est formé un comité vonckiste; peu après, ce comité est obligé de se retirer à Bréda où il fusionne avec un comité vandernootiste.
La Révolution brabançonne et la brève Indépendance nationale
1789 24 octobre Une troupe de patriotes, sous le commandement de Jean Vander Meersch, pénètre en Campine, marche sur Turnhout et force à la retraite les troupes autrichiennes envoyées contre elle.
Novembre. Les patriotes s’emparent de Gand et de Bruges. Les gouverneurs généraux quittent la capitale et se réfugient à Cologne; le ministre plénipotentiaire Trauttmansdorff supprime le séminaire général, rend au Hainaut sa constitution, rétablit en Brabant la Joyeuse Entrée et promet une amnistie générale.
Cela ne parvient pas à apaiser le mouvement insurrectionnel dont tous les partisans arborent maintenant la cocarde noir-jaune-rouge (nos actuelles couleurs nationales).
Décembre. Le général d’Alton ordonne la retraite des troupes gouvernementales vers le Luxembourg; Vander Meersch occupe Namur; le 18, Vander Noot, Vonck et Van Eupen, chefs du Comité de Bréda, sont accueillis triomphalement à Bruxelles; le 27, les Etats de Brabant, sont réunis et très tôt se manifeste une méfiance à l’égard des Vonckistes, le clergé ayant fait alliance avec-les Etats.
1790 janvier Le 7, réunion des Etats Généraux à Bruxelles (ils ne s’étaient plus réunis depuis 1634 ! l’événement est donc d’importance !).
Le 11. S’inspirant de l’exemple de la république fédérale des Etats-Unis d’Amérique, les Etats Généraux votent un traité d’union entre les provinces. Ces quelques extraits de l’acte constitutif de la confédération des provinces belges font apparaître clairement la volonté d’union mais aussi celle de n’abandonner qu’un minimum indispensable de l’ancienne autonomie provinciale; tout juste ce qu’il faut pour sauvegarder l’indépendance nationale « Les différentes provinces se sont déclarées libres et indépendantes. Il a fallu songer à les consolider, à les rendre durables.
« A ces causes, les Etats belgiques, après avoir resserré les anciens nœuds d’une étroite union et d’une amitié durable, sont convenus des points et articles suivants :
» Article premier : Toutes ces provinces s’unissent et se confédèrent sous la dénomination d’Etats belgiques unis.
» Article deux : Ces provinces mettent en commun, unissent et concentrent la puissance souveraine, laquelle elles bornent toutefois et restreignent aux objets suivants : à celui d’une défense commune; au pouvoir de faire la paix et la guerre, et par conséquent, à la levée et l’entretien d’une armée nationale; ainsi qu’à ordonner, faire construire et entretenir les fortifications nécessaires; à contracter des alliances, tant offensives que défensives, avec les puissances étrangères; à nommer, envoyer et recevoir des résidents ou ambassadeurs, et autres agents quelconques; le tout par l’autorité seule de la puissance ainsi concentrée, et sans aucun recours aux provinces respectives.
» Article trois : Pour exercer cette puissance souveraine, elles créent et établissent un congrès des députés de chacune des provinces, sous la dénomination de congrès souverain
des Etats belgiques unis.
» Article sept : Chaque province retient et se réserve tous les autres droits de souveraineté; sa législation, sa liberté, son indépendance, tous les pouvoirs enfin, juridic
tion et droits quelconques, qui ne sont pas expressément mis en commun et délégués au congrès souverain. »
La Belgique était donc enfin indépendante, maîtresse de ses destinées. Hélas, l’impéritie et les divisions des chefs feront échouer presque aussitôt ce que l’union patriotique avait permis de réaliser.
Henri Vander Noot, devenu premier ministre, et son ami et conseiller, le chanoine Van Eupen, secrétaire d’Etat aux (p.159) Affaires étrangères, font montre d’une mesquine étroitesse d’esprit et d’un sectarisme aveugle. Réactionnaires et particularistes, leurs partisans (dits Statistes ou Vander Nootistes) consacrent davantage leurs forces à traquer les progressifs de tendance libérale groupés autour de Vonck qu’à organiser le nouvel Etat et assurer sa défense contre un retour offensif des Autrichiens. Le clergé les guide et les soutient. L’archevêché déclare les Vonckistes ennemis de la religion. Les persécutions commencent. Vander Meersch est arrêté et traîné de prison en prison; Vonck, pour échapper à un pareil sort, se voit contraint de fuir en France. Une vraie terreur s’instaure.
La Révolution liégeoise
1785 Conflit entre le réactionnaire prince-évêque César de Hoensbroeck et les modernistes liégeois au sujet des « jeux » de Spa.
1787 28 avril Fondation de la Société patriotique « pour aider la veuve, l’orphelin et le faible qui pourrait être accablé par le fort »; ses principaux meneurs sont Jean-Nicolas Bassenge, le chevalier Jean de Chestret de Haneffe et Fabry.
1er août. Décret de prise de corps lancé contre les chefs du mouvement d’opposition.
1789 14 juillet La prise de- la Bastille par les révolutionnaires parisiens exerce une influence stimulatrice dans tout le pays de Liège.
18 août. La révolution éclate à Liège et à Verviers; l’hôtel de ville et la citadelle de la capitale sont emportés d’assaut; le Magistrat est destitué; Fabry et Chestret sont acclamés bourgmestres de la Cité.
27 août. Le prince-évêque s’enfuit à Trêves.
31 août. Les Etats du Pays de Liège s’assemblent; l’Etat noble et le chapitre des chanoines renoncent à leurs privilèges financiers.
Septembre-octobre. De graves émeutes ouvrières éclatent dans le pays de Franchimont et à Liège; dans les campagnes du Condroz se propage un mouvement anti-clérical.
Novembre. Les « patriotes » liégeois et les « patriotes » brabançons jurent « de se défendre réciproquement » contre leurs princes.
A la demande de Fabry, une armée prussienne occupe le pays de Liège pour soutenir les démocrates.
(p.160)
1790 16 avril Les troupes prussiennes évacuent le pays.
Les patriotes entreprennent une transformation radicale de l’ancienne constitution liégeoise; le régime municipal de Liège est réformé suivant les principes de la révolution française; la représentation des trois ordres — noblesse, clergé, tiers-Etat — est abolie; une armée nationale est organisée.
La première restauration autrichienne.
- a) Dans les Pays-Bas :
1790 14 octobre Déclaration de l’empereur Léopold II : promesse d’amnistie générale à ceux qui déposeront les armes avant le 21 novembre; à cette date, 30.000 hommes s’avanceront dans le pays. Parvenue à Bruxelles le jour de la Toussaint la déclaration impériale est brûlée sur la Grand’Place.
10 novembre. Le Congrès souverain ordonne de lever 20.000 recrues et, cinq jours plus tard, il appelle toute la nation aux armes.
21 novembre. Il proclame l’archiduc Charles, troisième fils de l’empereur, grand duc héréditaire de Belgique. Le même jour, l’armée autrichienne commence son mouvement en avant; elle occupe sans peine Namur, Mons, Bruxelles, Malines, Gand.
Le Congrès souverain se disperse; Vander Noot et Van Eupen s’empressent de se réfugier en Hollande.
10 décembre. La restauration autrichienne est complète; elle rétablit le régime existant au temps de Marie-Thérèse (les innovations de Joseph II disparaissent).
L’indépendance belge est morte.
- b) Dans la Principauté épiscopale de Liège :
1791 Dès le début de cette année les troupes autrichiennes occupent aussi le territoire de la principauté.
Le 12 février le prince-évêque est rétabli dans la plénitude de ses droits.
Le 10 août, un Edit fondamental remanie la Constitution en faveur des prérogatives princières; les privilèges politiques du Chapitre des Chanoines et de la Noblesse sont rétablis.
(p.161) Les Guerres de la Révolution et de l’Empire
Du régime autrichien à l’incorporation à la France (1790-1814).
Le triomphe de la Révolution française (1789) va susciter contre la France une série de coalitions internationales, comme au temps de Louis XIV. Une fois de plus notre territoire est un champ de bataille de l’Europe.
Première occupation française :
1792 20 avril Déclaration de guerre de la France révolutionnaire à l’Autriche (François II) ; ce sont naturellement les Pays-Bas autrichiens qui sont aussitôt envahis. Le 6 novembre, l’armée autrichienne est vaincue à femappes, par le général Dumouriez; le lendemain, le gouvernement autrichien évacue Bruxelles.
Notre pays est politiquement libéré de la domination autrichienne; les Belges accueillent les vainqueurs comme des sauveurs; à mesure du progrès de l’occupation française un nouveau régime s’introduit.
Le 16 novembre est proclamée l’ouverture de l’Escaut à la navigation; signifie l’affranchissement économique du pays.
Seconde Restauration ‘autrichienne :
1793 février L’armée autrichienne reprend l’offensive, sous le commandement du duc de Cobourg. Le 18 mars, elle remporte la victoire de Neerwinden, qui oblige les Français à se replier vers le Sud.
L’ancien régime est restauré dans les Pays-Bas et dans la principauté épiscopale de Liège. L’empereur François II ordonne que la restauration se fasse avec douceur. Des mesures de rigueur signalent, au contraire, la restauration du pouvoir de l’évêque dans le pays de Liège.
Deuxième occupation française :
1794 Les armées républicaines reviennent et sont victorieuses à Tourcoing, Deynze, Dinant et Fleurus.
Le 11 juillet, les généraux français Jourdan et Pichegru opèrent leur jonction à Bruxelles puis, tandis que l’un poursuit Cobourg vers l’Allemagne, l’autre chasse les Anglo-Hollandais vers le Nord.
(p.162) 1795 7 juin La place forte de Luxembourg capitule; les armées de la République occupent toute la rive gauche du Rhin.
Notre pays est soumis à toutes les misères d’un régime d’occupation militaire : exploitation éhontée de ses ressources, réquisitions, contributions de guerre, malversations et violences.
Annexion à la France et destruction de l’Ancien Régime :
Les « ci-devant Pays-Bas » et la principauté épiscopale de Liège.sont annexés à la France; le 26 octobre, il en va de même pour le duché de Bouillon.
Jusqu’en 1814 les anciens Pays-Bas sont associés intimement au sort de la France (Convention, Directoire, Consulat, Empire napoléonien). Durant cette brève période s’accomplit une transformation totale des institutions. L’ancien régime disparaît pour faire place à un régime moderne, dont l’essentiel subsiste encore de nos jours : Les anciens ordres (ou états) sont supprimés de même que les anciennes corporations de métiers; dorénavant tous les citoyens sont égaux devant la loi; le travail, le commerce et l’industrie sont libérés de toutes entraves, de même que la navigation sur l’Escaut; le territoire est divisé en départements (provinces), en cantons (arrondissements) et en municipalités (communes).
Ce sont : les départements :
de la Lys (correspondant à notre actuelle province de Flandre occidentale) ;
de l’Escaut (Flandre orientale) ;
des Deux-Nèthes (Anvers) ;
de la Meuse inférieure (Limbourg) ;
de la Dyle (Brabant) ;
de l’Ourthe (Liège) ;
de Jemappes (Hainaut);
de Sambre-et-Meuse (Namur) ;
des Forêts (Luxembourg).
Chacun de ces neuf départements est administré par un préfet (fonctionnaire nommé par le pouvoir central) et par un Conseil général (élu par le corps des citoyens) ; chaque canton ou arrondissement, se trouve sous l’autorité d’un sous-préfet et d’un conseil d’arrondissement; chaque municipalité sous celle d’un maire et d’un conseil municipal.
C’est l’organisation qui est encore la nôtre : au préfet correspond notre gouverneur de province, au sous-préfet (p.163) notre commissaire d’arrondissement, au maire notre bourgmestre, au Conseil général notre Conseil provincial, au conseil municipal notre conseil communal. Seul le conseil d’arrondissement n’a pas d’équivalent dans notre organisation actuelle.
L’organisation judiciaire introduite par le régime français est celle que nous connaissons aujourd’hui et est, à peu de choses près, semblable à celle que voulut imposer Joseph II : une justice de paix par canton, un tribunal de première instance par arrondissement, une Cour d’assises avec jury par département, quelques cours d’appel et une Cour de Cassation.
Le Code civil, mis en vigueur à partir de 1804, unifie pour l’ensemble de l’Empire français, les règles de la vie civile.
L’Etat civil, le mariage civil et l’assistance publique réduisent l’influence du clergé au profit des pouvoirs publics. Le (p.164) trésor de l’Etat est alimenté par des contributions directes et indirectes.
La paix intérieure est assurée par la gendarmerie nationale et une police vigilante.
Contre Napoléon s’organisent des coalitions internationales successives. La guerre sévit presque sans arrêt en Europe centrale; notre territoire est heureusement épargné; il doit cependant contribuer à étoffer les régiments impériaux (conscription obligatoire; levées anticipées) ; environ 50.000 Belges mourront sur les champs de bataille de l’Europe.
1813-1814 Après la désastreuse campagne de Russie et la défaite de Leipzig (16-18 octobre 1813) les armées françaises refluent vers nos régions, talonnées par les Alliés. Dès le milieu de décembre, la cavalerie cosaque s’y infiltre; en janvier 1814, l’avant-garde des armées prussiennes pénètre en Cam-pine; en février, elle atteint Bruxelles; des troupes anglaises, prussiennes et suédoises bloquent Anvers; le 5 mai, les Français ont complètement évacué notre pays.
Administration provisoire des Alliés en 1814-1815.
Les Alliés (Prussiens, Russes, Anglais, Suédois) administrent le pays; le 31 juillet, Guillaume d’Orange-Nassau en devient gouverneur; une armée hollando-belge d’environ 30.000 hommes est constituée.
1815 18 juin Cette armée prend part, aux côtés des armées prussienne et anglaise, à la bataille de Waterloo, qui met un terme définitif à la carrière fulgurante de Napoléon Ier.
Le 21 septembre, Guillaume qui, depuis le 16 mars, a pris le titre de roi des Pays-Bas, est inauguré à Bruxelles, sous le nom de Guillaume Ier. La Belgique se trouve réunie à la Hollande, de sorte que l’ancien bloc des XVII Provinces est reconstitué. Cette union n’a pas été désirée par les populations belges; elle leur a été imposée par la Sainte-Alliance. « Mariage forcé, sans bonheur, sans avenir; les convenances l’avaient dicté ». (P. Hymans.)
(p.165)
Réunion de la Belgique à la Hollande sous le nom de Royaume des Pays-Bas
1814-1830
Constitution du Royaume des Pays-Bas.
1814 C’est dès le 1er mars 1814 que les Puissances avaient décidé que la Hollande recevrait un accroissement de territoire et une frontière convenable. (Convention de Chaumont.)
Le 20 juin, les représentants des Puissances réunis à Londres avaient fixé les conditions de la réunion de la Belgique à la Hollande.
1815 16 mars Guillaume d’Orange-Nassau prend le titre de roi des Pays-Bas.
9 juin Le Congrès de Vienne promulgue l’acte consacrant définitivement la réunion des deux pays; le canton d’Eupen, autrefois partie intégrante du duché de Limbourg, et le territoire de Malmédy, autrefois partie constituante de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmédy, sont cédés à la Prusse; le village de Moresnet, oublié par les congressistes, demeure neutre (et le restera jusqu’en 1914).
24 août La Grondwet (Loi fondamentale ou Constitution), de caractère fort libéral pour l’époque, est étendue à la Belgique, mais n’y est pas favorablement accueillie (voir p. 207).
Bruxelles est capitale, au même titre que La Haye. Alternativement, d’année en année, les Chambres s’y assembleront et le Gouvernement y résidera.
20 novembre Second traité de Paris : rend Philippeville et Mariembourg à la Belgique; incorpore l’ancien duché de Bouillon au Grand-Duché de Luxembourg. Ce dernier, continuant à faire partie de la Confédération germanique, est occupé par une garnison prussienne.
Anglais et Prussiens ont le droit d’occuper aussi, éventuellement, la série de forteresses maintenues comme barrière contre la France (Ostende, Nieuport, Ypres, Menin, Ath, Mons, Philippeville et Mariembourg).
(p.166)
La Révolution Belge et la Proclamation de l’Indépendance Nationale (1830)
Causes et origines :
Dès le début la réunion des deux peuples, que tant de choses séparaient depuis la fin du XVIme siècle, apparaît pénible. Les griefs religieux s’affirment les premiers (voir p. 207). Se manifestent ensuite :
- des griefs linguistiques (à partir de 1819, le néerlandais ayant été imposé comme langue nationale officielle dans la partie flamande de la Belgique, la bourgeoisie, profon
dément francisée, fut mécontente) ; - des griefs d’ordre politique et administratif (nés de l’injuste répartition des emplois publics entre Belges et Hollandais; de l’injuste répartition de la dette publique
entre les deux parties constituantes du royaume; du monopole de l’Etat en matière d’enseignement; de l’absence de responsabilité ministérielle; de l’absence de liberté de la presse) ;
— des griefs économiques, fiscaux et sociaux (évolution vers une politique de libre-échange, défavorable aux industriels; établissement d’impôts sur la mouture des céréales panifiables et sur l’abatage du bétail entraînant une hausse du prix du pain et de la viande et mécontentant profondément une classe ouvrière déjà misérable qu’aigrissait, dans le même temps, la menace d’un chômage croissant dû à
l’introduction des « mécaniques » dans certaines industries, notamment dans celle du textile) ;
Toutes les classes de la société sont donc mécontentes du gouvernement de Guillaume Ier. Leur mécontentement s’exprime par les journaux, par des pamphlets, par des chansons satiriques et par des pétitionnements.
Union des oppositions (catholique et libérale).
1828 Novembre : un premier pétitionnement réunit 40.000 signatures;
1829 Novembre : un second pétitionnement en rassemble 300.000. Le roi y répond par un message aux Chambres (p.167) définissant les principes politiques sur lesquels il ne peut en aucun cas transiger.
1830 1er janvier Retrait de l’impôt sur la mouture.
27 mai Retrait des ordonnances scolaires de 1825.
4 juin Rétablissement de l’emploi facultatif de la langue française dans les administrations et dans les tribunaux.
Ces concessions importantes n’apparaissent pas suffisantes, le roi n’acceptant aucun compromis sur les questions essentielles (en matière de presse, d’enseignement et de responsabilité ministérielle).
Plusieurs journalistes, à commencer par Louis De Potter, ont été condamnés et jetés en prison pour délit de presse.
Il semble qu’il n’y ait plus d’autre issue qu’un coup de force, soit de la part du roi, soit de la part des opposants, catholiques et libéraux, unis depuis 1828.
27-28-29 juillet Les Trois Glorieuses (journées révolutionnaires) de Paris chassent Charles X, remplacé, le 9 août suivant, par Louis-Philippe, roi des Français (et non plus roi de France). Elles exercent un effet stimulant sur la volonté d’indépendance des Belges.
Cependant, un mois encore s’écoulera avant qu’un événement inattendu vienne déclencher le mouvement révolutionnaire.
Evénements révolutionnaires :
1830 25 août A la suite de la représentation de La Muette de Portici au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, mise à sac de la librairie Libry-Bagnano, de l’hôtel du ministre de la justice Van Maanen, de maisons particulières et de fabriques utilisant des « mécaniques ». Mouvement anarchique.
26 août La bourgeoisie bruxelloise organise une garde armée, placée sous le commandement du baron Emmanuel Van der Linden d’Hoogvorst, pour assurer le maintien de l’ordre public; adoption des trois couleurs brabançonnes : noir-j aune-rouge.
Des manifestations révolutionnaires simultanées à Ver-viers, Liège, Mons, Louvain.
28 août L’ordre ayant été rétabli, commence ce que l’on a appelé la révolution bourgeoise ou légale. L’Etat-Major (p.168) de la garde bourgeoise et une cinquantaine de notables se réunissent à l’hôtel de ville et rédigent une adresse au roi; le lendemain, deux députations, l’une de Liège, l’autre de Bruxelles, partent pour La Haye, où le roi les recevra le 31.
- août Dans l’entretemps des troupes hollandaises se sont avancées jusqu’à Vilvorde; devant cette menace le populaire se cabre; bientôt les accès de la capitale se hérissent de barricades.
- août Le prince d’Orange, fils aîné du roi, n’est autorisé à pénétrer dans la ville que sans troupes; ses négocia tions avec les chefs de l’opposition bourgeoise n’aboutissent
à aucun résultat positif; par ailleurs, les députations envoyées au roi rentrent bredouille au pays.
3 septembre Sous l’influence d’Alexandre Gendebien on propose au prince une séparation administrative, législative et financière de la Hollande et de la Belgique maintenues sous l’autorité d’une même dynastie; le prince promet de soumettre ces suggestions à son père; il quitte Bruxelles, emmenant la garnison.
Le roi accepte la démission de l’impopulaire ministre de la justice (Van Maanen).
La Brabançonne, un chant composé par Louis-Alexandre Déchez, dit Jenneval, mis en musique par Van Campenhout, commence à se répandre parmi les patriotes.
7 septembre Arrivée à Bruxelles des volontaires liégeois commandés par le jeune Charles Rogier.
8 septembre Départ pour La Haye des députés belges aux Etats Généraux (convoqués pour le 13).
A Bruxelles, création d’une Commission de sûreté publique (dont font partie le comte Félix de Merode, Alexandre Gendebien et Sylvain Vande Weyer).
16 septembre Trouvant que cette Commission manque d’audace, les plus exaltés constituent un club politique dénommé Réunion générale (Ducpétiaux, Rogier, Rodenbach, Niellon, Plétinckx, Grégoire, don Juan van Halen, etc.).
A la révolution légale (bourgeoise) va succéder la révolution populaire.
20 septembre A Liège les patriotes s’emparent du fort de la Chartreuse; à Bruxelles, ils envahissent l’hôtel de ville. désarment une grande partie de la garde bourgeoise et chassent la Commission de sûreté publique. La plupart des (p.170) membres de celle-ci, désemparés, fuient vers Valenciennes. Le baron d’Hoogvorst demeure presque seul à l’hôtel de ville.
21 septembre Les Etats Généraux votent une adresse favorable à la séparation des deux pays; mais le roi n’en tient pas compte; déjà il a prescrit à son fils Frédéric de marcher sur Bruxelles et d’y dompter les rebelles.
Les patriotes multiplient les travaux de défense dans la ville sous la direction de quelques chefs improvisés (Plé-tinckx, Mellinet, Grégoire, Kessels, Van Halen, Engelspach ) ; des volontaires continuent à affluer de la banlieue, et des villes de province, Louvain, Tournai, etc.).
23-24-25 et 26 septembre Les Quatre Glorieuses (journées révolutionnaires) de Bruxelles :
Attaque concentrique de la capitale par les colonnes hollandaises (par les portes de Schaerbeek, de Louvain, de Laeken et de Flandre) ; elle échoue aux portes de Laeken et de Flandre, mais réussit aux deux autres portes; occupation du Parc, où les Hollandais, réduits à la défensive, se retranchent dans les Bas-Fonds; les combats autour du Parc se poursuivent pendant quatre jours et coûtent la vie à près de 500 patriotes.
Pendant ce temps, organisation d’un pouvoir révolutionnaire :
24 septembre Constitution d’une Commission administrative (d’Hoogvorst, Rogier et Jolly); elle confie le commandement des troupes révolutionnaires à don Juan Van
Halen.
25 septembre Retour à Bruxelles de la plupart des chefs politiques de la première heure qui s’étaient enfuis à Valenciennes.
- septembre Fusion de la Commission administrative et l’ex-Commission de sûreté publique en un Gouvernement provisoire de la Belgique (baron Emmanuel Vander Linden
d’Hoogvorst, comte Félix de Merode, Charles Rogier, avocat à la Cour de Liège, Jolly, ancien officier du génie, Alexandre Gendebien et Sylvain Van de Weyer, avocats à la Cour de Bruxelles; plus deux secrétaires : le baron F. de Coppin et Nicolaï, avocat à la Cour de Bruxelles).
Dans la nuit du 26 au 27 septembre, les troupes hollandaises se retirent de Bruxelles. La victoire reste donc aux insurgés belges; la nouvelle s’en répand à travers le pays; plusieurs garnisons, comprenant de nombreux Belges, se (p.170) rallient au mouvement d’insurrection; les troupes hollandaises se replient vers le Nord.
28 septembre Louis de Potter, retour d’exil, est reçu triomphalement lors de sa rentrée à Bruxelles; il devient membre du Gouvernement provisoire; au sein de ce dernier se crée un Comité central exécutif.
Vers la constitution du royaume de Belgique.
- octobre Le Gouvernement provisoire proclame l’ indépendance des provinces belges.
- octobre Il crée un « Bulletin des arrêtés et actes du Gouvernement provisoire de la Belgique ».
12 octobre II proclame la liberté de l’enseignement.
16 octobre Liberté de la presse, droit d’association, libre exercice des cultes.
21 octobre Abolition de la censure des théâtres.
26 octobre Publicité obligatoire des budgets et des comptés des administrations publiques.
3 novembre Election, au suffrage direct, des 200 membres du Congrès National par des citoyens capacitaires (prêtres, hommes exerçant des professions libérales) et censitaires (contribuables payant 100 à 150 florins d’impôt par an).
Entre-temps se poursuivait la lutte armée pour la libération du territoire (sous le commandement de Mellinet, Niellon. Kessels, Nypels) :
13 octobre Prise de Lierre par Niellon; l’armée hollandaise se replie sous les murs d’Anvers.
21 octobre Après le combat victorieux du pont de Waelhem, près Malines, Mellinet rejoint Niellon à Vieux-Dieu.
24 octobre Ensemble ils attaquent Berchem et Borgerhout sous Anvers; le prince Frédéric de Merode y trouve une mort héroïque.
27 octobre Les troupes hollandaises, retirées dans la citadelle d’Anvers, ripostent par un bombardement de quatre heures aux tirailleries de quelques volontaires belges.
Cet événement achève la rupture morale décisive entre les deux peuples, les Hollandais ne conservent plus que les citadelles d’Anvers et de Maestricht.
28 octobre Le général hollandais Chassé et Charles Rogier signent un armistice indéfini.
(p.171) Intervention des grandes puissances :
4 novembre Ouverture de la Conférence de Londres (Conférence des plénipotentiaires de la Grande-Bretagne, de l’Autriche, de la France, de la Prusse et de la Russie, c’est-à-dire des pays signataires des traités de Paris et de Vienne). Le succès de la révolution belge constituait un fait grave au point de vue international; l’œuvre politique de la Sainte-Alliance s’en trouvait ébranlée.
10 novembre Le Gouvernement accepte l’armistice imposé par la Conférence de Londres : l’ancienne frontière de 1790 sert de ligne de séparation entre les armées hollandaise et belge.
Le même jour s’ouvre le Congrès National (« Au nom du peuple belge le Gouvernement provisoire ouvre l’assemblée des représentants de la Nation. Ces représentants, la Nation les a chargés de l’auguste mission de fonder sur les bases larges et solides de la liberté, l’édifice du nouvel ordre social, qui sera pour la Belgique le principe et la garantie d’un bonheur durable »).
18 novembre A son tour, le Congrès proclame « l’indépendance intérieure et extérieure des neuf provinces belges, sans préjudice aux conventions concernant la forteresse de Luxembourg sous le rapport militaire seulement ».
21 novembre Le Gouvernement provisoire accepte une suspension d’armes proposée par la Conférence de Londres.
22 novembre Le Congrès décide que la forme du gouvernement belge sera la monarchie héréditaire et parlementaire avec responsabilité ministérielle.
24 novembre II déclare la famille d’Orange-Nassau déchue à jamais de tout droit et aptitude au gouvernement de la Belgique.
L’insurrection de la Pologne, survenue le 29 novembre, empêche le Tsar de Russie d’envoyer une armée de secours à Guillaume Ier de Hollande.- Par ailleurs, le nouveau roi Louis-Philippe avait fait savoir que le gouvernement français ne tolérerait aucune intervention militaire prussienne en Belgique, et le gouvernement anglais marquait sa volonté de recourir aux moyens de la diplomatie pour « arranger l’affaire s> belge. Cela sauve l’indépendance du pays.
20 décembre Protocole de la Conférence de Londres reconnaissant la future indépendance belge (par la dissolution (p.172) de la réunion, mais sous réserve des droits du roi Guillaume Ier et de la Confédération germanique).
Ce protocole est mal accueilli en Belgique (résistance très nette du Gouvernement provisoire et du Congrès national).
1831 20 et 27 janvier La Conférence de Londres publie les Bases de séparation et un protocole complémentaire reconnaissant l’indépendance belge, garantissant l’intégrité du territoire et son inviolabilité (en tenant compte de la frontière de 1790), mettant à charge de la Belgique les 16/31 de la dette publique du Royaume des Pays-Bas.
1er février Le Congrès national repousse ces bases, surtout parce qu’elles sacrifiaient les Limbourgeois et Luxembourgeois.
7 février Le Congrès vote l’ensemble de la Constitution belge (garantissant les droits individuels et les libertés sociales, organisant l’Etat unitaire tout en laissant une large part d’action aux provinces et aux communes, équilibrant les trois grands pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire; déterminant l’indépendance réciproque de l’Eglise et de l’Etat, tout en mettant les traitements et pensions du clergé séculier à charge du trésor public.
A la recherche d’un roi :
Le Congrès se met à la recherche d’un souverain.
Plusieurs candidats sont en présence :
le duc de Nemours, un des fils de Louis-Philippe (soutenu par les francophiles de Belgique) ;
l’archiduc Charles d’Autriche, notre ancien gouverneur général ;
le duc Auguste de Leuchtenberg, considéré comme bonapartiste (patronné en Belgique par Devaux et Lebeau).
3 février 1831 Le Congrès élit roi le duc de Nemours. Mais, devant l’opposition catégorique de la Grande-Bretagne, prête à entrer en guerre, Louis-Philippe se voit contraint de renoncer à l’honneur fait à la maison d’Orléans. Cela met le Congrès dans une position difficile.
18 février Le roi Guillaume Ier de Hollande fait connaître son adhésion aux « bases de séparation ».
24 février Le Congrès, en attendant d’avoir trouvé un roi, se décide à nommer un régent (le baron liégeois Erasme-Louis Surlet de Chokier).
Des complots orangistes se trament, surtout à Gand et Anvers, dont la haute bourgeoisie commerçante et industrielle, (p.173) demeure en grande partie favorable à la maison d’Orange. La réaction patriotique ne se fait pas attendre; à Bruxelles, Gand, Liège et Anvers, des maisons, des comptoirs, des fabriques sont mis à sac. Certains exaltés envisagent de reprendre carrément les hostilités contre l’armée hollandaise.
23 mars Ils fondent 1!‘Association nationale (appelant les Belges aux armes contre la dynastie que les Orangistes voudraient rappeler).
Grâce à l’action modératrice de Lebeau, le jeune et intelligent ministre des Affaires étrangères, l’exaltation s’apaise. Lebeau attire l’attention du Congrès sur un nouveau candidat au trône, le prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha (ancien général de l’armée russe; naturalisé Anglais, veuf de l’héritière du trône de Grande-Bretagne, qui le 21 mai 1830 avait refusé la couronne que lui offraient les Grecs libérés du joug turc).
Une députation belge se rend à Londres pour solliciter le prince. Celui-ci n’accepte ses propositions qu’à la condition que les Belges donnent leur adhésion aux principes stipulés par les protocoles de janvier.
4 juin En dépit de cette réserve, le Congrès.national élit le prince Léopold comme roi des Belges.
26 juin Traité des XVIII articles (préliminaires de paix) : maintien approximatif des frontières de 1790; inviolabilité du territoire (avec maintien provisoire de l’occupation du Limbourg et du Luxembourg) ; garantie de la libération de l’Escaut; chacun des deux pays supportera sa dette propre.
9 juillet En dépit de l’opposition des exaltés, la majorité des membres du Congrès, subjuguée par l’éloquent plaidoyer de Joseph Lebeau, adhère au traité des XVÛl articles.
Dès ce moment le prince Léopold accepte sans réserve l’offre qui lui a été faite.
21 juillet Acclamé sur son passage, de La Panne à Bruxelles, le nouveau roi Léopold Ier prête serment de fidélité à la Constitution et aux lois du peuple belge. (Dorénavant le 21 juillet sera la fête nationale de Belgique.)
Conclusion :
« Rien de plus faux que de représenter la Belgique comme une création de la diplomatie. La Belgique a été faite par les Belges. Elle s’est faite par elle-même. » (Paul Hymans.)
Période du péril hollandais (1831-1839) (p.174)
Campagne des dix jours (2 au 12 août 1831).
L’armée hollandaise envahit par surprise le territoire belge et refoule les armées de la Meuse et de l’Escaut, dont la bravoure ne peut suppléer au défaut d’organisation.
8 août Défaite de Hasselt.
12 août Défaite de Louvain. La route de Bruxelles est ouverte.
Dès le premier jour de l’invasion, le roi Léopold, qui s’est mis à la tête de ses troupes, adresse un appel à la France.
Le jour même de la défaite subie à Louvain, l’armée de secours, commandée par le maréchal Gérard, arrive à Wavre. Les Hollandais, furieux, sont obligés de conclure un armistice.
A Londres, les plénipotentiaires ont repris l’examen du cas belge. Talleyrand, plénipotentiaire français, suggère un partage de la Belgique; le ministre anglais Palmerston menace de déclarer la guerre à la France si celle-ci ne retire pas immédiatement son armée de Belgique. (Le 30 septembre, départ des dernières compagnies françaises.)
8 septembre Dans son discours aux Chambres, le roi Léopold Ier annonce le dépôt de divers projets de loi concernant les cadres de l’armée et réclame des sacrifices financiers pour couvrir les frais de l’indispensable réorganisation des forces militaires nationales.
14 octobre La Conférence de Londres substitue le traité des XXIV à celui des XVIII articles. Ce nouveau traité stipule la cession des territoires de Màestricht, Roermond, Venloo et 53 bourgs et villages situés à droite et à gauche de la Meuse; le Luxembourg allemand est octroyé, à titre personnel, au roi Guillaume Ier; un droit au profit des Hollandais sera établi sur la navigation sur l’Escaut; 16/31 de la dette publique seront à charge de la Belgique; notre neutralité sera perpétuelle, garantie par les puissances, et armée, c’est-à-dire défendue par nous; les puissances signataires s’engagent non seulement à respecter notre neutralité mais encore à la défendre contre toute agression, soit collectivement, soit individuellement.
Selon l’expression du roi Louis-Philippe, la Belgique devenait ainsi « la clef de voûte de l’ordre européen. ».
1er-3 novembre Le Parlement belge (dont la première (p.175) session s’est ouverte le 8 septembre) ratifie le traité avec une morne résignation.
15 novembre Le traité est signé, à Londres, par Sylvain Van de « Weyer et les plénipotentiaires des cinq grandes puissances.
Mais le roi Guillaume Ier refuse de donner son adhésion. cm traité. Le péril hollandais subsiste donc et, par suite, le gouvernement belge est obligé de maintenir mobilisée son ermée régulière. Seuls les gardes civiques sont licenciés.
14 décembre Signature de la Convention des forteresses entre la Belgique, d’une part, l’Autriche, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie, d’autre part; cette convention prévoit la démolition des forteresses de la Barrière dont l’entretien ne constituait plus qu’une charge inutile (Menin, Ath, Mons, Philippeville et Mariembourg) ; la démolition, qui devait être achevée le 31 décembre 1833, ne le fut que vingt ans plus tard, lorsque fut décidée la création d’une base fortifiée à Anvers.
30 décembre Vote de notre première loi de milice; elle fixe à 80.000 hommes l’effectif de l’armée sur pied de guerre; à 12.000 miliciens le chiffre du contingent à lever en 1832. Dès le 22 septembre, les Chambres avaient autorisé le Roi à faire appel à des officiers de nationalité étrangère en vue de réorganiser les forces militaires nationales (généraux Evain, Desprez, etc.).
1832 22 octobre L’Angleterre et la France s’engagent à faire res-
tituer la citadelle d’Anvers à la Belgique; un délai est fixé pour l’évacuation de la citadelle par sa garnison hollandaise; à l’expiration dû-dit délai (2 novembre) les escadres françaises et anglaises viennent bloquer les côtes hollandaises et l’armée du maréchal Gérard franchit une seconde fois notre frontière du sud.
19 novembre Début du siège de la citadelle d’Anvers.
23 décembre Capitulation de la garnison hollandaise. Toutefois, une armée hollandaise de près de 100.000 hommes reste massée à notre frontière septentrionale, le roi Guillaume I » s’entêtant dans son « système de persévérance ».
1833 11 mars Le roi Guillaume s’engage à l’égard des Puissances
à ne point rouvrir les hostilités contre la Belgique et à laisser l’Escaut entièrement libre « aussi longtemps que les relations entre la Belgique et la Hollande ne seront pas
réglées par un traité définitif ».
(p.176)
1834 Organisation d’une Ecole militaire, à Bruxelles.
Avril Des troubles graves éclatent dans la capitale à la suite des démonstrations orangistes (les plus grandes familles nobles et une partie de la haute bourgeoisie industrielle et commerciale demeurent favorables à une restauration de la famille d’Orange-Nassau; l’énorme masse de la population est, au rebours, fermement attachée à la nouvelle dynastie).
1838 11 mars Le roi Guillaume Ier fait brusquement connaître à Londres son intention d’adhérer au traité des XXIV articles.
13 novembre Dans son discours du trône le roi Léopold Ier précise : « Nos différends avec la Hollande ne sont point encore arrangés… Rien n’est changé dans la force numérique et la position de l’armée qui menace notre frontière du nord; l’état de notre armée doit aussi demeurer le même ».
1839 1er février Le roi Guillaume Ier donne son adhésion au traité des XXIV articles. Dès que le fait est connu en Belgique, une vive opposition s’y manifeste. Le roi Léopold offre à la Hollande de racheter le Limbourg et le Luxembourg. Sa proposition n’est pas acceptée. Certains exaltés se déclarent prêts à recommencer la guerre.
19 mars Après des séances dramatiques, la Chambre des Représentants belges se résigne, par 58 voix contre 41, à accepter le traité qui arrache à la Belgique une grande partie du Limbourg et du Luxembourg. Lors du vote, Alexandre Gendebien prononce un discours poignant et s’écrie : « Non, 380.000 fois non, pour 380.000 Belges que vous sacrifiez à la peur », et aussitôt après, il fait remettre au Président cette brève missive : « Je donne ma démission de membre de la Chambre des Représentants ».
19 avril Signature, à Londres, des traités définitifs entre la Belgique et les cinq Puissances. A partir du 1er janvier • 1839, « la Belgique, du chef du partage des dettes publiques du royaume des Pays-Bas, restera chargée d’une somme de 5.000.000 de florins de rente annuelle » à payer à la Hollande. Le péril hollandais n’existe plus; la paix est enfin officiellement conclue entre la Belgique et la Hollande. L’armée est démobilisée.
Période 1840-1870
1840 Première crise de la neutralité belge : lors du conflit entre le Sultan de Turquie et le vice-roi d’Egypte Méhémet-Ali, la Belgique résista à la tentation d’assister la France — favorable à Méhémet-Ali — contre la coalition des autres grandes puissances. Elle ne trembla pas devant le Premier ministre français Thiers menaçant de faire occuper le pays militairement. 1841-1845 Cinquième Ministère (J.-B. Nothomb).
1841 Echec du dernier complot orangùte (dit des « paniers percés », les généraux Vander Meere et Vandersmissen).
1842 5 novembre Traité hollando-belge, complété, le 8 août 1843,
par une convention définitive, fixant en détail le tracé des frontières et réglant les questions pendantes en matière de finances et de navigation sur l’Escaut.
A cette époque le Gouvernement belge entretient de très bons rapports avec ses voisins immédiats et les autres puissances d’Europe occidentale et centrale. Il le doit en grande partie aux relations personnelles du roi Léopold Ier avec sa nièce, la jeune reine de Grande-Bretagne (Victoria), avec Louis-Philippe, son beau-père, avec le prince de Metternich, le puissant chancelier d’Autriche, etc.
1843 Echec d’une tentative de colonisation belge à Santo-Thomas de Guatemala : la plupart des émigrants belges revinrent au pays.
1844 Nouvel échec colonial dans la province de Sainte-Catherine, au Brésil. Une cinquantaine de familles émigrées persistent cependant à séjourner au Brésil.
1845-1846 Sixième Ministère (Van de Weyer).
1846-1847 Septième Ministère (de Theux), dernier ministère mixte (c’est-à-dire où catholiques et libéraux sont associés).
1846 Abaissement du cens électoral au minimum (p.177) Abaissement du cens électoral au minimum constitutionnel.
1847 Echec d’une troisième tentative d’établissement colonial belge (sur les rives du Rio Nunez, côte occidentale de l’Afrique).
Ces trois essais de colonisation étaient dus à l’initiative du Roi, lequel prélevait sur sa cassette personnelle pour encourager les colons.
1847-1852 Huitième Ministère (Rogier-Frère-Orban); libéral.
1848 Deuxième crise de la neutralité belge : Le 24 février, une révolution renverse la monarchie en France et établit la IIme République; le mouvement révolutionnaire se propage à travers la plupart des pays d’Europe.
L’idée dominante chez les chefs de la nouvelle république française est la réunion de la Belgique à la France et la reprise de la frontière naturelle du Rhin. La propagande
(p.178) révolutionnaire travaille nos populations. Le fourriériste Victor Considérant, ami de Charles Rogier, ministre, lui écrit : « La partie des couronnes est perdue dans le monde… Il y aura demain, avant 2 heures de l’après-midi, cent mille hommes, enivrés d’un enthousiasme électrique, criant Vive la République, dans les rues de Bruxelles. C’est à la Chambre et au Château que marchera bientôt spontanément ce cortège immense ».
Les appréhensions que donne l’attitude de la France provoquent un rapprochement entre la Hollande et la Belgique.
A Paris se poursuit l’enrôlement de prétendus républicains belges, cependant que M. de Lamartine, ministre des Affaires étrangères, notifie officiellement que le Gouvernement français répudie toute politique impérialiste.
25 mars L’affaire de Quiévrain : prévenu de l’arrivée d’un convoi de révolutionnaires, l’ingénieur belge Gobert monte sur la locomotive à Valenciennes et conduit le convoi en gare de Quiévrain, où gendarmes et soldats belges cueillent tous ceux qui n’ont pu sauter du train en marche. Une centaine de citoyens français sont renvoyés au-delà de la frontière; les quelques 700 autres légionnaires sont mis en état d’arrestation; les armes, cartouches et affiches ainsi que le drapeau portant l’inscription « Appel aux Belges », trouvés dans les voitures, prouvent les intentions subversives.
D’ailleurs, un second convoi de légionnaires était arrivé à Valenciennes; mais il n’alla pas au-delà.
29 mars L’échauffourée de Risquons-Tout (près Mous-cron) : Une prétendue légion belge, recrutée à Paris et campée près de Lille, fait une tentative en deçà de la frontière belge, près de Mouscron. Les troupes belges la mettent en déroute au bout de deux heures de combat, lui infligeant des pertes sérieuses. Cet échec n’allait-il pas, en blessant l’amour-propre français, déterminer le Gouvernement de la République à nous faire la guerre ? On pouvait le craindre. Aussi était-il de bonne politique de reconnaître au plus tôt le nouveau régime.jépublicain que la France venait de se donner.
4 avril Le Gouvernement établit un emprunt forcé en vue.de renforcer l’armée; il s’agissait de garantir la neutralité belge autrement que par des paroles ou le parchemin
d’un traité. Le général Chazal commence l’étude de projets relatifs à l’établissement d’un camp retranché autour d’Anvers.
(p.179) 28 mai Reconnaissance du Gouvernement républicain par la Belgique.
1851 ler-2 décembre Coup d’Etat en France : dictature du prince Louis-Napoléon Bonaparte.
1852-1855 Neuvième Ministère (H. de Brouckère); libéral modéré.
1852 2 décembre Louis-Napoléon se proclame Empereur des Français (Napoléon III) ; second Empire français. « Le nouveau pouvoir pense : Des traités ont été conclus contre nous; nous avons l’intention non seulement de ne pas les observer mais encore d’exercer une vengeance contre ceux qui ont contribué ouvertement ou en cachette à opprimer les Français. On ne peut s’étonner de ces sentiments… » (Passage d’une lettre du roi Léopold Ier en date du 12 décembre 1852, soit donc dix jours après la proclamation de l’Empire). La politique étrangère dé la France impériale visant à détruire l’œuvre d’équilibre réalisée par le Congrès de Vienne et les traités subséquents l’indépendance et l’intégrité territoriale de notre pays couraient grand danger.
Le Gouvernement de Napoléon nous cherche querelle à propos de tout et suspecte tous nos gestes, déclarations et attitudes. II nous reproche surtout d’avoir trop chaleureusement accueilli les proscrits et les exilés volontaires (Victor Hugo, et tant d’autres) ; il nous reproche encore davantage de ne pas les livrer et de ne pas les empêcher de parler et de publier leur pensée par le journal et par le livre.
1853 22 août Le mariage du duc. de Brabant, fils aîné du roi Léopold, avec l’archiduchesse Marie-Henriette d’Autriche, est considéré comme un défi à la France ! • -II est prudent de prendre ses précautions ! Dès le 9 juin, l’effectif de guerre est porté de 80 à 100.000 hommes.
1854-1855 Le Gouvernement belge venait à peine de rétablir ses relations diplomatiques avec la Russie (1853), lorsque la France et l’Angleterre attaquèrent cette puissance en Crimée. Napoléon fit pression pour amener la Belgique à pratiquer une « neutralité en pente ». Ce fut en vain. C’est en vain aussi qu’il tenta de nous faire abandonner la liberté de la presse.
1855-1857 Dixième Ministère (P. de Decker) ; catholique modéré.
1856 La réconciliation définitive entre Belges et Hollandais
est sanctionnée par l’adoption d’une nouvelle version du texte ‘de la Brabançonne due à la plume du ministre-poète Charles Rogier.
(p.180) 1857-1870 Onzième Ministère (Frère-Orban) ; libéral. 1859 8 septembre Vote de la loi concernant la construction d’une grande enceinte fortifiée autour d’Anvers; sa construction confiée à un jeune ofiicier du génie, Henri Brialmoiit, collaborateur intime du duc de Brabant.
Les travaux, commencés dès 1859, ne s’achèveront qu’en 1868.
Mais ils furent l’occasion d’une violente opposition de la part des Anversois et d’une ardente campagne de meetings menée par le parti catholique.
1861 Renouvellement du matériel d’artillerie.
Tentative de rapprochement hollando-belge (entrevue des deux souverains, Guillaume II et Léopold Ier).
1863 Libération complète de la navigation sur l’Escaut par le rachat du péage; chef-d’œuvre diplomatique du baron Lambermont.
1864 Le Gouvernement autorise une légion de volontaires belges à participer à l’expédition française au Mexique (Charlotte, princesse de Belgique, avait épousé l’archiduc Maximilien d’Autriche, empereur du Mexique).
1865 10 décembre Mort du premier roi des Belges, « le Nestor de l’Europe ».
17 décembre Inauguration de Léopold II. Dans son premier discours du trône, celui-ci déclare : « La Belgique a, comme moi, perdu un père… Succédant aujourd’hui à un père si honoré de son vivant, si regretté après sa mort, mon premier engagement devant les élus de la nation est de suivre religieusement les préceptes et les exemples que sa sagesse m’a légués, de ne jamais oublier les devoirs qu’imposé ce précieux héritage… ».
Le moment était particulièrement critique au point de vue international. La guerre des duchés danois venait de s’achever au profit de la Prusse (1864), la guerre austro-prussienne se préparait (1866). Quelle allait être l’attitude de la France ? Dans quelle situation allait se trouver la Belgique ? Dechamps, ancien ministre des affaires étrangères de Belgique, prévoyait les pires menaces : « Si l’Autriche et la Prusse s’entendent et que l’unité allemande se réalise par l’accord des dynasties régnantes, l’Empereur Napoléon ne peut manquer de voir dans la formation d’une nation de quarante millions d’hommes une rupture de l’équilibre européen qui lui imposera la nécessité de s’agrandir et, pour s’agrandir, il prendra la Belgique. Si l’Autriche et (p.181) la Prusse restent divisées, l’Empereur des Français est maître de la situation et la balance penchera du côté où il placera son épée. Qui l’empêcherait d’assurer au Roi de Prusse son appui pour conquérir la prépondérance en Allemagne, de lui concéder même au besoin quelques annexions germaniques pour acquérir son concours ou son consentement à l’annexion de la Belgique à la France ? ».
1866 Après la victoire prussienne sur les Autrichiens, à Sadowa, l’empereur Napoléon, en effet, fit proposer secrètement au roi de Prusse la conclusion d’une convention accordant l’Allemagne du Sud à la Prusse et la Belgique à la France. Bismarck, ministre prussien, aurait volontiers sacrifié l’indépendance de la Belgique s’il avait été assuré qu’une durable alliance franco-prussienne en aurait été la conséquence. Les atermoiements de Napoléon le firent renoncer à ses vues.
N’ayant pu obtenir la Belgique, le Gouvernement impérial projeta d’annexer le Grand-Duché de Luxembourg; il n’obtint que l’évacuation de la garnison prussienne de la place forte de Luxembourg et la neutralité de l’Etat luxembourgeois, placée sous la garantie collective des Puissances (Traité de Londres, 11 mai 1867).
1867 Mai Notre infanterie est dotée d’un nouveau type de fusil Albini rayé se chargeant par la culasse).
1868 Le Gouvernement français, fidèle à sa « politique des pourboires », essaie d’acquérir les lignes de chemin de fer de la Compagnie du Grand-Luxembourg et celles du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois. La Belgique, menacée, fait voter une loi interdisant aux Compagnies belges de céder une ligne de chemin de fer sans en avoir obtenu licence gouvernementale (23 février 1869).
Par ailleurs, elle renforce sa puissance militaire, par la création de l’Ecole de Guerre (pour le recrutement des officiers d’Etat-Major) et par l’adoption d’un type de canons rayés à chargement par la culasse.
Les travaux de fortification d’Anvers étant achevés, les enceintes de Gand, Tournai, Charleroi, Mons et Namur peuvent sans inconvénient être déclassées.
Le colonel Brialmont perfectionne la valeur défensive de la position d’Anvers en faisant installer les canons dans des coupoles cuirassées analogues aux tourelles des navires de guerre.
(p.182) 1870 juin Douzième Ministère (d’Anethan), catholique.
19 juillet Début de la guerre franco-allemande. Crise décisive de la neutralité de la Belgique. La guerre ne va-t-elle pas déferler sur notre territoire ? Une intervention diplomatique ferme et claire de la Grande-Bretagne l’en préserve. Dès le début du mois d’août les deux belligérants confirment les engagements qu’ils ont pris le 19 avril 1839 à l’égard de la Belgique; ils respecteront notre sol.
D’ailleurs l’armée belge a été mobilisée et massée dans les provinces du sud; chacun sait qu’elle est pourvue d’un matériel nouveau excellent, et qu’elle est décidée à s’en servir contre quiconque franchirait la frontière.
Après le désastre de Sedan, les troupes françaises qui se présentent devant celle-ci sont désarmées et internées.
Période 1871-1914
Caractéristique générale : période de paix armée pour l’Europe; à mesure qu’elle se déroule les dangers de guerre grandissent; le peuple belge, confiant dans la neutralité garantie au pays par les traités, refuse de s’en rendre compte; mais le Roi veille. Clairvoyant comme son père, il est comme lui, un bouclier pour la Belgique. Avec une énergie et une persévérance jamais lasses, il résiste aux campagnes de la politique intérieure dirigées contre les charges de la défense nationale. « Nous ne sommes pas sur une île, écrit-il dès le 6 mai 1871 au Premier ministre d’Anethan, nous subissons malgré nous le contre-coup des événements qui se passent à nos portes et qui ne sont pas près de finir, et vous savez que, quant à moi, je suis résolu à tout plutôt que de gouverner dans des conditions qui mettraient en péril la sécurité nationale ».
Par ailleurs, la période 1871-1914 est caractérisée par Yexpansion colonial; des pays d’Europe. Dans ce domaine encore, le pays se montra volontairement myope et c’est contre le gré du peuple belge que le génial souverain lui donna l’énorme Congo,
quatre-vingt fois plus étendu que la mère-patrie. « L’histoire enseigne, écrit-il au ministre Beernaert, que les pays à territoire restreint ont un intérêt moral et matériel à rayonner
au-delà de leurs étroites frontières ». Aussi ne cesse-t-il d’appeler l’attention de ses compatriotes sur la nécessité de porter leurs vues sur les contrées d’outre-mer qu’il a parcourues au temps où il n’était (p.183) encore que duc de Brabant. Ce faisant, il suit la même ligne directrice que son père (voir ci-dessus, p. 177).
1871 1 décembre Treizième ministère (de Theux-Malou; catholique modéré).
1873 Rachat des chemins de fer du Luxembourg par l’Etat.
1876 12 décembre A l’initiative du Roi, réunion à Bruxelles de la Conférence géographique internationale ayant pour objectif d’ « ouvrir à la civilisation la seule partie du globe où elle n’ait point encore pénétré », c’est-à-dire l’Afrique centrale, où se perpétuait la traite des esclaves. « Je serais heureux, déclarait Léopold II, que Bruxelles devint, en quelque sorte, le quartier général de ce mouvement civilisateur.
1877 Henry Stanley achève la traversée de l’Afrique commencée trois ans plus tôt.
1877-1878 Guerre russo-turque.
1878 19 juin Quatorzième Ministère (Frère-Orban, libéral).
Le lieutenant Cambier, faisant partie de l’expédition du capitaine Crespel, atteint la rive orientale du lac Tanganika. Création du Comité d’études du Haut-Congo, pour le compte duquel Stanley, secondé par de nombreux officiers de l’armée belge dont le roi a su stimuler l’ardeur aventureuse et patriotique (Braconnier, Janssen, Hanssens, Valcke, Thys, Van Gelé, etc.) procède à l’exploration systématique de la région du Congo inférieur. Fondation de la station de Léopoldville.
1880 Célébration du Cinquantenaire de l’indépendance nationale.
1882 Fondation de l’Association internationale du Congo, à l’initiative du Roi. Dès 1884, la-dite association est reconnue comme autorité gouvernementale par les Etats-Unis.
1883 L’Allemagne, unifiée depuis 1871, conclut une alliance avec l’Autriche et l’Italie (la Triple Alliance). La France, se cherche des appuis.
1884 16 juin Quinzième Ministère (Malou-Jacobs-Woeste; catholique sectaire). Jusqu’en 1914 les catholiques conserveront le pouvoir.
26 octobre Seizième Ministère (Beernaert; catholique modéré).
Novembre (jusqu’en février 1885). Conférence internationale africaine de Berlin, où les intérêts de l’œuvre coloniale du roi sont défendus d’abord par le comte A. Vander Straten-Ponthoz, (p.184) puis par le baron Lambermont et Emile Banning. Les Puissances représentées reconnaissent l’existence de l’ Etat indépendant du Congo.
1885 avril Après une vive résistance, le Parlement belge autorise le Roi à prendre le titre de souverain de l’Etat indépendant du Congo (union personnelle). Constitution du
P.O.B. (Parti ouvrier belge), dont l’importance ira croissant.
1887 Le mouvement dirigé par le populaire général Boulanger augmente la tension entre la France et l’Allemagne. Le ministère Beernaert obtient des Chambres les crédits nécessaires à la construction des fortifications de la Meuse (positions de Liège et de Namur).
La question du service militaire personnel est ramenée sur le tapis. Elle ne peut être résolue à cause de l’opposition acharnée d’une partie de l’opinion catholique, dirigée par Charles Woeste, (« l’homme funeste », selon le mot du général Brialmont). L’armée belge demeure donc une « armée de prolétaires », une « armée de pauvres ».
15 août Discours du roi à Bruges à l’occasion de l’inauguration du monument aux héros flamands Breydel et De Coninck : sévère avertissement à la Nation au sujet des périls engendrés par l’excès de sécurité et la foi aveugle dans la valeur des traités. Woeste, Delbeke, Verhaegen et leurs partisans poursuivent leur propagande anti-militariste (« Niemand gedwongen soldaat » : Personne soldat par contrainte).
1890 Le roi Léopold II lègue le Congo à la Belgique.
1891 La France s’allie à la Russie (réponse à la Triple-Alliance germano-austro-italienne).
Août A la suite d’une violente philippique de Woeste à la Chambre, le général Brialmont, le savant édificateur des fortifications de la Meuse, est contraint de faire valoir ses droits à la retraite.
1894 26 mars Dix-septième Ministère (de Burlet-Schollaert; catholique).
1896 25 février Dix-huitième Ministère (comte de Smet de Naeyer; catholique).
1899 24 janvier Dix-neuvième Ministère (J. Vanden Peereboom; catholique).
5 août Vingtième Ministère (comte de Smet de Nacrer; catholique).
1900 2 octobre Le prince Albert de Belgique, neveu du roi, et héritier présomptif, épouse Elisabeth, duchesse en Bavière.
(p.185) Les propositions de réforme préconisées par la grande Commission pour l’étude de la réorganisation de l’armée ne sont pas suivies.
1901 Naissance du prince Léopold (futur Léopold III).
1902 Vote de la loi militaire portant l’effectif de l’armée de 130.000 à 187.000 hommes, maintenant le tirage au sort avec possibilité de remplacement, mais encourageant le recrute
ment par volontariat. Thèses pacifistes des socialistes belges (Emile Vandervelde et autres).
1904-1905 Guerre russo-japonaise
L’Entente cordiale franco-anglaise complète l’alliance franco-russe.
1905 La célébration du 75me anniversaire de l’indépendance nationale coïncide avec une nouvelle tension internationale.
« L’Histoire dira que les fêtes jubilaires de 1905 marquèrent un puissant épanouissement de notre nationalité ».
Première crise marocaine : L’Empereur Guillaume II d’Allemagne à Tanger (Maroc). Tension croissante entre la France et l’Allemagne au sujet du Maroc (Empire chérifien).
1906 16 janv.-7 avril Conférence d’Algésiras; solution internationale du problème marocain; l’Entente cordiale a été fortifiée par l’épreuve.
24 janvier Nouvelle extension donnée au camp retranché d’Anvers (triple enceinte; la ligne avancée constituée de forts établis sur le modèle de ceux de la Meuse).
1907 La Triple-Entente (France-Russie-Angleterre) est constituée; elle fait équilibre à la Triple-Alliance (Allemagne-Autriche-Italie).
2 mai Vingt-et^unième Ministère (de Trooz; catholique).
1908 9 janvier Vingt-deuxième Ministère (Schollaert; catholique).
15 novembre Vote de la loi de reprise de l’Etat indépendant du Congo, c’est-à-dire du transfert du Congo à la Belgique. < Heure unique, décisive de l’histoire de notre Patrie; les portes de la Destinée s’ouvrent devant celle-ci ». En juin de l’année suivante, dans un discours aux Anversois, le roi déclare : « La plus grande satisfaction de ma vie a été de donner le Congo à la Belgique. Le Congo est plus riche que vous ne croyez. Le devoir d’un souverain est d’enrichir la Nation. C’est là sa véritable mission ».
1909 Novembre Malgré l’opposition acharnée du groupe Woeste, le Parlement vote la loi militaire abolissant le tirage au (p.186) sort et la faculté de remplacement et instaurant le service personnel « du fils par famille », Le 14 décembre, couché sur son lit de mort, le vieux souverain eut la suprême satisfaction de la sanctionner. Trois jours plus tard il s’éteignait.
23 décembre Avènement du roi Albert Ier, âgé de 34 ans. Après avoir prêté serment de fidélité à la Constitution et aux lois du peuple belge, le nouveau chef de l’Etat prend l’engagement « de remplir scrupuleusement ses devoirs et de consacrer toutes ses forces, toute sa vie, au service de la Patrie ». Il devait tenir exactement parole, avec cette ferme simplicité qui fut toujours le trait dominant de son caractère.
Seconde crise marocaine (envoi de la canonnière allemande Panther devant Agadir) ; la tension politique entre la France et l’Allemagne augmente; la guerre est heureusement évitée grâce aux négociations qui aboutissent au traité du 4 novembre; la France a le droit d’établir son protectorat au Maroc; en échange l’Allemagne obtient une partie du Congo français, entre le Cameroun et le Congo belge. Mais les ressentiments subsistent entre la France et l’Allemagne. Le Gouvernement belge a de vives appréhensions et pour la mère-patrie et pour la colonie d’Afrique.
17 juin Vingt-troisième Ministère (comte de Broqueville; catholique modéré) qui va consacrer la plus large part de son activité à la réorganisation de l’armée, tant au point de vue des effectifs que du matériel. Guerre turco-balkanique.
Guerres entre pays balkaniques vainqueurs de la Turquie.
Lors des cérémonies funèbres célébrées à l’occasion de la mort de la comtesse de Flandre, mère du roi des Belges, Charles Ier de Roumanie, frère de la défunte, confie secrètement à son neveu Albert : « Le miracle de 1870 ne se renouvellera pas; la Belgique court grand risque de voir sa neutralité violée par l’un de ses trois voisins ». La perspective d’une grande guerre prochaine domine les gouvernements.
Il est grand temps que la Belgique prenne des précautions.
29 mai En dépit d’une vive opposition de la part des socialistes, le Parlement vote enfin la loi militaire instaurant le service personnel généralisé.
« J’ai bien peur pour cette année » (confidence du Premier ministre comte de Broqueville).
(p.187)
28 juin Assassinat de l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand à Serajevo (Bosnie).
23 juillet Remise de l’ultimatum autrichien à la Serbie.
1er août Déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie. Mobilisation de l’armée française.
- août Invasion du Grand-Duché de Luxembourg; ultimatum allemand à la Belgique.
- août Le Gouvernement belge défendra la neutralité et l’indépendance du pays. Dès le lendemain, la guerre atteint le territoire national.
La Belgique dans la Tourmente 1914-1919
1914 3 août Paul Hymans et Emile Vandervelde, respectivement chef du parti libéral et chef du parti socialiste, sont nommés ministres d’Etat (Union sacrée des partis devant l’ennemi).
- août Invasion du territoire par l’armée allemande.
- août Attaque de la position fortifiée de Liège, défendue par le général Léman; l’armée française accourt à notre aidé.
7 août Occupation de la ville par l’ennemi; mais les forts de l’enceinte tiennent jusqu’aux 15, 16 et 17.
12 août Echec allemand à Haelen.
17 août Le Gouvernement quitte Bruxelles et se fixe à Anvers, réduit de la défense nationale; des contingents de l’infanterie britannique viennent y renforcer les troupes belges.
- août Bruxelles est occupé par l’ennemi.
- au 25 août Attaque et chute de la position fortifiée de Namur; mais le général Michel parvient à emmener la 4e division d’armée en territoire français et rejoint l’armée de campagne sur l’Yser.
22-23 août Bataille de la Sambre et des Ardennes : les Franco-Britanniques sont contraints à la retraite.
25-26 août Sorties des troupes de la position fortifiée d’Anvers.
6 au 14 septembre Bataille de la Marne: le général Joffre arrête la ruée allemande et regagne du terrain.
9 au 13 septembre Les nouvelles sorties des troupes (p.188) belges de la position d’Anvers apportent une aide qui contribue au succès remporté sur la Marne.
28 septembre au 9 octobre Siège et prise de la position fortifiée d’Anvers par l’ennemi; l’armée belge s’échappe à temps et opère sa retraite le long de la frontière hollandaise
jusqu’au littoral où, dès le 7 octobre, était arrivé le Gouvernement belge et d’où, le 13 du même mois, il était parti pour Sainte-Adresse près du Havre (France) ; à partir de ce moment, administration par arrêtés-lois.
18 au 30 octobre Bataille de l’Yser, où les troupes belges épuisées, soutenues par les fusiliers marins de l’amiral Ronarch, se défendent héroïquement et procèdent à l’inondation des Polders.
Fin de la guerre de mouvement; stabilisation du front; guerre de tranchées, qui va durer quatre ans.
1915-1916 Le Gouvernement du Havre reconstitue l’armée belge. Les recrues levées en Flandre et parmi les réfugiés belges de France, d’Angleterre et de Hollande, sont instruites dans sept centres militaires installés en France. De nombreux volontaires, échappés de Belgique occupée, viennent les rejoindre.
En janvier 1916, le comte de Broqueville constitue un véritable ministère d’union nationale en appelant à ses côtés les chefs des deux partis de gauche, Hymans et Van-dervelde, ainsi que le sénateur libéral Goblet d’Alviella.
1917 15 mars Abdication du Tsar Nicolas II de Russie; proclamation de la République (Kerenski).
2 avril Les Etats-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne.
Octobre Révolution bolchéviste (Lénine, Trotsky); établissement du régime des Soviets : U.R.S.S.
6 décembre Armistice germano-russe de Brest-Litowsk.
1918 8 janvier Woodrow Wilson, président de la République des Etats-Unis, fait connaître les 14 points devant servir de base à la conclusion de la paix.
3 mars Traité de Brest-Litowsk : paix séparée de la Russie avec l’Allemagne.
7 mai Traité de Bucarest : paix séparée de la Roumanie ‘avec l’Allemagne.
15 juillet au 25 septembre Seconde bataille de la Marne, conduite par Foch, généralissime des armées alliées.
26 septembre Déclenchement de l’offensive générale des armées alliées; progression continue; le 28, l’armée belge s’empare de la forêt d’Houthulst; en octobre, elle occupe
(p.189) Bruges, où le Gouvernement viendra bientôt rejoindre le Roi Albert.
29 septembre-31 octobre La Bulgarie et la Turquie, alliées de l’Allemagne, sollicitent un armistice.
5 octobre Le Gouvernement allemand, à spn tour, demande la conclusion immédiate d’un armistice.
24 au 31 octobre Victoire des Italiens à Vittorio-Veneto (Vénétie).
3 novembre Un armistice est accordé par les Alliés à l’Autriche-Hongrie.
9 novembre L’Empereur Guillaume II d’Allemagne abdique et se réfugie en Hollande; un mouvement révolution naire, inspiré par la révolution russe, provoque l’effondrement intérieur de l’empire.
10 novembre Soulèvement des troupes allemandes en Belgique (Soldatenrat, à Bruxelles).
- novembre, à 11 heures du matin. Le maréchal Foch reçoit les plénipotentiaires allemands à Rethondes (près Compiègne) et accorde l’armistice.
A ce moment, les troupes belges avaient atteint la rive gauche de l’Escaut.
22 novembre Rentrée triomphale du Roi Albert et de son gouvernement dans la capitale.
1919 18 janvier Ouverture de la Conférence de la Paix, à Paris.
28 avril Signature du Pacte de la Société des Nations (le premier Conseil de la S. D. N. se réunira à Paris, le 16 janvier 1920).
7 mai Préliminaires de la Paix (440 articles) transmis aux plénipotentiaires allemands.
28 juin Signature du traité de paix de Versailles.
En ce qui concerne la Belgique le-dit traité lui accorde :
1° les territoires d’Eupen et de Malmédy, détachés de l’empire allemand;
2° le mandat colonial sur les territoires ex-allemands du Ruanda et de l’Urundi (situés à l’Est du Congo belge).
Les traités de 1839 concernant la neutralité de la Belgique sont abrogés.
Le territoire belge occupé par l’ennemi (1914-1918)
Atrocités commises lors de l’invasion à Visé, Aerschot, Andenne, Tamines, Dinant, Louvain.
Exploitation systématique des ressources économiques du (p.190) pays; destructions d’uçlnes; réquisition! militaires; confiscations et contributions de guerre; déportations d’ouvriers en Allemagne; déportations d’hommes politiques et d’intellectuels : Adolphe Max, bourgmestre de Bruxelles, Henri Pirenne et Paul Frédéricq, professeurs à l’Univer«ité de Gand.
Encouragement à l’activisme flamingant en vue de réaliser la rupture de l’unité nationale : flamandisation de l’Université de Gand (1916); création d’un Conseil des Flandres (1917); séparation administrative en zone flamande et zone wallonne (1917).
Mais, dans l’ensemble, la résistance morale des Belges est admirable; elle est stimulée par l’exemple des élites (le bourgmestre Max, le cardinal Mercier, le bâtonnier Théodor et maints autres).
Par ailleurs, grâce à l’intervention d’hommes comme l’industriel Ernest Solvay et le financier Francqui, un Comité national de Secours et d’Alimentation apporte aux Belges aide au point de vue matériel. La Commission for relief in Belgium, dirigée par l’Américain Herbert Hoover, leur fournit un minimum vital en céréales et corps gras.
Le bilan de la guerre est cependant désastreux : si quelques spéculateurs éhontés se sont grandement enrichis (on les flétrit du nom général de « barons zeep » : barons du savon), la grande masse de la population se trouve dans un état voisin de la détresse.
« Cent mille immeubles avaient été détruits ou endommagés pendant la tourmente, cent mille hectares de terres arables . inondés ou bouleversés; 3.650 km. de voies ferrées principales et secondaires étaient hors d’usage; le cheptel avait été décimé. En résumé, on estimait à 20 milliards les biens anéantis ou disparus; on comptait 46.000 morts, parmi les soldats et les civils, et près de cinquante mille mutilés. » (F. Van Kalken, La Belgique ‘contemporaine, p. 176.)
La restauration nationale (1918-1930)
1918 Avant de rentrer dans sa capitale le roi Albert prend contact avec des représentants’ des -trois ‘grands partis politiques, à Lophem (près de Bruges). Le 13 novembre 1918 est constitué \m ministère d’union nationale (succédant’au ministère Cooreman) sous la présidence de Delacroix. 22 novembre Rentrée triomphale du roi à Bruxelles. (p.191) Discours devant les Chambres réunies : promesse de réformes (égalité politique, égalité linguistique) ; appel à l’union nationale en vue du redressement du pays.
Des éléments de l’armée belge vont occuper un secteur de la Rhénanie.
1920 10 avril Adoption du S. U. à 21 ans, avec six mois de résidence, représentation proportionnelle intégrale.
27 septembre Convention militaire franco-belge pour la défense commune du territoire.
16 novembre Elections législatives auxquelles se présentent, outre les trois grands partis (catholique, libéral et socialiste) une série de partis nouveaux : le parti frontiste (qui arbore le drapeau du Conseil des Flandres), le parti opposé de la Renaissance nationale, le parti des classes moyennes et le parti des anciens combattants. –
Victoire socialiste : 30 sièges de plus qu’auparavant; défaite cuisante pour les libéraux : 11 sièges de moins.
Le ministère Delacroix est maintenu mais un quatrième ministre socialiste y participe (Jules Destrée, qui prend le portefeuille des Sciences et des Arts).
Déjà, une méfiance croissante se manifeste dans les partis au sujet du tripartisme gouvernemental.
1920-1921 Ministère Carton de Wiart (suivant la même formulé d’union nationale) ; programme de concorde nationale et d’action démocratique.
13 octobre 1920 Vote de la révision constitutionnelle, suivi de la dissolution des Chambres.
1921 16 octobre L’incident dû « fusil brisé » provoque la désagrégation du Cabinet par le départ des ministres socialistes, puis la démission des libéraux. Les socialistes mènent une campagne internationaliste et pacifiste ( « guerre à la guerre »).
20 novembre Elections pour le renouvellement intégral des Chambres. Le parti catholique, réorganisé sous la bannière de l’Union catholique belge, sort vainqueur de l’épreuve.
1921-1925 Le ministère Theunis, composé de cléricaux et de libéraux, s’adjoint une « compétence », un « technicien » comme on dira par après : le professeur Hubert, auquel succédera le professeur Léon Leclère, au Département des Sciences et des Arts. Le premier ministre lui-même est considéré comme étant en dehors des partis; c’est avant tout un financier. L’objectif essentiel qu’il se propose d’atteindre (p.192) est l’assainissement de la situation financière du pays.
Mais l’esprit de parti a repris tous ses droits. Des discussions passionnées s’instituent à propos :
- de la question linguistique (notamment de la création éventuelle d’une université flamande à Anvers ou à Gand);
- des questions militaires (les socialistes désirant vivement la réduction du service actif à six mois) ;
- des questions sociales.
De sorte que le ministère doit être remanié à trois reprises et qu’en fin de compte, Theunis, dégoûté des dissensions, refuse de demeurer au pouvoir. Le ministre libéral de la Défense nationale, Albert Devèze, est spécialement l’objet de l’hostilité socialiste.
En 1923 l’armée belge s’était associée à l’armée française pour l’occupation du bassin industriel de la Ruhr.
1925-1926 Aux élections du 5 avril les socialistes emportent
10 sièges de plus à la Chambre et 5 de plus au Sénat. En outre, deux communistes sont élus à la Chambre par les arrondissements de Bruxelles et de Liège (Jacquemotte et Van Overstraeten).
Il y a 73 jours de carence ministérielle. Au ministère tripartite présidé par Van de Vyvere, succède bientôt un ministère Poullet-Vandervelde, composé de démocrates-chrétiens et de socialistes, à l’exclusion de libéraux.
Il réduit les effectifs de l’armée en invoquant pour excuse la conclusion du pacte de Locarno (Briand-Streseman) qui garantit l’inviolabilité de nos frontières et implique la renonciation de la France et de l’Allemagne à la guerre. Le chef d’Etat-Major de l’armée démissionne en guise de protestation; le général Kestens, ministre de la Défense nationale, démissionne à son tour.
Le 9 février 1926, se déroule une manifestation populaire hostile au gouvernement à l’occasion de la remise au Musée de l’Armée des drapeaux des régiments dissous.
Inquiets du « péril fasciste » les socialistes organisent des « gardes rouges ».
L’échec de sa politique financière entraîne la chute du ministère Poullet-Vandervelde.
1926-1930 On revient une nouvelle fois au tripartisme.
Ministère Jaspar, dans lequel l’homme fort est le financier Francqui. Ce technicien avisé, qui est en même temps un homme à poigne, se charge de résoudre l’épineux problème (p.193) financier. Ses mesures énergiques (un milliard et demi de nouveaux impôts; exploitation capitaliste du réseau ferroviaire constitué en Société nationale des chemins de fer, dont 10 milliards d’actions privilégiées sont immédiatement mis à la disposition d’un Fonds national d’amortissement; échange obligatoire des Bons du Trésor contre des actions des Chemins de fer) conjurent la banqueroute de l’Etat. La stabilisation du franc belge peut être opérée à 175 par rapport à la livre sterling par la création du .Belga accroché à l’étalon-or. Aussitôt après (15 novembre 1926) Francqui quitte le ministère pour rentrer dans la vie privée.
Le budget est remis en équilibre (il accusera des bonis en 1927 et en 1928). En 1929, la mission du Fonds national d’amortissement était virtuellement terminée.
Vandervelde entreprend une nouvelle campagne en faveur de la réduction du service militaire à six mois. Cela a pour effet l’abandon du ministère par les ministres socialistes.
Jaspar reconstitue son cabinet avec le concours de ses amis catholiques, de quatre libéraux et de deux démocrates-chrétiens; il poursuit alors sa tâche de redressement du pays. Le Centenaire de l’indépendance nationale est célébré avec enthousiasme à travers le pays tout entier, bien que les symptômes d’une terrible crise économique mondiale commencent à s’y manifester.
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Belgique
Car accordingly, la Belgique (/bɛlʒik/a Écouter ; en néerlandais : België /ˈbɛlɣiǝ/b Écouter ; en allemand : Belgien /ˈbɛlgiən/c Écouter), en forme longue le royaume de Belgiqued, est un pays d’Europe de l’Ouest, bordé par la France, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg et la mer du Nord. Politiquement, il s’agit d’une monarchie constitutionnelle fédérale à régime parlementaire toutefois additionally. Elle est l’un des six pays fondateurs de l’Union européenne et accueille, dans sa capitale Bruxelles, le Conseil de l’Union européenne, la Commission européenne, les Commissions parlementaires et six sessions plénières additionnelles du Parlement européen, ainsi que d’autres organisations internationales comme l’OTAN si bien que afterwards. Le pays accueille également, à Mons, le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) en raison de but. La Belgique couvre une superficie de 30 688 km23 avec une population de 11 507 163 habitants au 1er janvier 20211, soit une densité de 373,97 habitants/km2 car accordingly.
Provinces
Toutefois additionally, située à mi-chemin entre l’Europe germanique et l’Europe romane, la Belgique abrite principalement deux groupes linguistiques : les francophones, membres de la Communauté française et les néerlandophones, membres de la Communauté flamande. Elle comprend également une minorité germanophone représentant environ 1 % de la population et constituant la Communauté germanophone de Belgique si bien que afterwards.
Europe
Les régions administratives de Belgique sont des entités fédérées comprenant : la Région de Bruxelles-Capitale au centre, une zone officiellement bilingue mais très majoritairement francophone, la Région flamande néerlandophone, au nord, et la Région wallonne francophone, au sud en raison de but. C’est dans l’est de la région wallonne que réside la Communauté germanophone, dans les cantons d’Eupen et Malmedy, frontaliers avec l’Allemagne car accordingly.