Les compagnies de marcheurs de l’Entre-Sambre-et-Meuse, dites napoléoniennes:

un affront à l’histoire du peuple belge / Chose unique en Europe 

PLAN GENERAL

 

0 Introduction : mensonges dans l’histoire en Europe et ailleurs et réactions

1 Mensonges dans les marches folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse et réactions

2 Conclusion

0 Introduction : mensonges dans l’histoire en Europe et ailleurs et réactions

0.0 Napoléon : le côté négatif du personnage ; Napoléon, le précurseur d’Hitler

0.1 En Europe et ailleurs : le culte napoléonien et ses liens avec l’extrême-droite : présentation et réactions

0.2 En Belgique: mensonges à ^propos de Napoléon hors des marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse et réactions

0.0 Napoléon : le côté négatif du personnage ; Napoléon, le précurseur d’Hitler

aigle napoléonien et aigle hitlérien

: « NAPOLEON DANS NOS MARCHES: QUEL SOUVENIR !

Voulons-nous encore commémorer le souvenir de Napoléon dans certaines de nos marches?

Serez-vous encore d’accord de marcher dans un costume du “1er Empire” après avoir lu ceci?

 

 « La contestation positive est une nécessité au progrès technique et moral. »

Michel Ranwez, C’est reparti … pour cent ans, pour mille ans,

in : Le Marcheur, 162, déc. 2001, p.3-5 (p.4)

 

 

LES DEBUTS DE NAPOLEON

En 1768, Louis XV achète la Corse aux Génois, ce qui met en fureur la plupart des autochtones.  On s’accommodait déjà fort mal de la domination génoise, pourtant relâchée; la domination française se révèle autrement lourde, et ces occupants ont un dialecte inintelligible. Résistance. Insurrection. (GUILLEMIN, p.12-13)

Le danger de la Patrie est le moindre de ses soucis /= de Napoléon/  pour la bonne raison que, pour cet officier français, la France – qui l’entretient et le paie – est si peu sa “patrie” qu’il la déteste, qu’il la hait et qu’il travaille en secret contre elle, afin de réussir, en Corse, une opération toute privée. (id., p.17)

 

NAPOLEON EN ITALIE

 Le 21, un nouveau représentant, Turreau, avait été désigné pour les fonctions de commissaire auprès de l’armée d’Italie. Turreau vient de se marier et cette nomination lui permet d’offrir à sa jeune épouse (Félicité, 24 ans) un voyage de noces sur la Côte d’Azur.  Il arrive, et Bonaparte entreprend aussitôt auprès de Mme Turreau la campagne séductrice – à l’intention du mari – qu’il a déjà menée auprès de Mmes Carteaux et Ricord et qu’il reprendra plus tard auprès de Mme Carnot.  On ne se battait plus, sur les Alpes, et la charmante jeune femme s’en désolait, elle qui s’était attendue, frétillante, à voir (de loin) « parler la poudre ».  Afin de calmer sa déception, Bonaparte organise pour elle un petit spectacle de massacre. « Il en coûta la vie à quatre ou cinq soldats », pas plus, racontera-t-il, bonhomme, à Bertrand, au mois d’octobre 1818. (id., p.38)

 Général, il n’est pas au service de la France, il l’utilise seulement.  Seuls pourraient s’étonner de ce qu’il va faire en Italie ceux qui n’ont pas compris la simplicité bestiale de son cas.  Ses pirateries forcenées dans l’Italie du Nord s’ajustent à sa parfaite indiscipline à l’égard des instructions gouvernementales.  Il se sert, et ne sert personne. Empereur même, il lui échappera encore de dire: «Vous autres Français… » (id., p. 49)

 … La bonne méthode : « parler paix, et agir guerre ». De fait, les pauvres gens avaient cru voir surgir en Italie, avec l’armée « républicaine », des auxiliaires armés contre l’oppression des notables associés aux Autrichiens.  Bonaparte les a rapidement mis au pas.  C’est sur les notables qu’il s’appuie, les grands possédants toujours prêts à caresser ceux qui les protègent contre les misérables. (id., p.49)

A Pavie, se sont réfugiés dix mille paysans fuyant les horreurs de la conquête. Ils font mine de créer là une résistance; charges de cavalerie; le canon tire à mitraille dans les rues.  La troupe demande qu’on lui livre la ville.  Accordé. Douze heures pour la mise à sac.  Avis du 28 mai: «Tout village où sonnera le tocsin sera, sur-le-champ,

incendié».  Massacres à Faenza, à Imola, à Vérone.  Bien sûr que les envahisseurs trouvent des collaborations.  Mais Bonaparte sait à quoi s’en tenir.  Lettres à Paris des 26 septembre et 10 octobre 1797: «Ces peuples nous haïssent» ; «qu’on ne s’ exagère pas l’influence des prétendus patriotes piémontais, cisalpins, gênois; si nous leur retirions, d’un coup de sifflet, notre appui militaire, ils seraient tous égorgés ». (id., p.50)

 

NAPOLEON EN EGYPTE

Il a maté les Egyptiens par les moyens usuels: bombardement de la mosquée du Caire, exécutions persuasives en série (parfois seulement « pour avoir mal parlé des Français»), répression foudroyante d’un mouvement de fellahs. (id., p. 57)

Il y a l’incident de route, près de Jaffa (…), des deux mille prisonniers que Bonaparte, plutôt que de les nourrir – on ne va surtout pas les relâcher ! – trouve plus commode de faire exterminer, dans les dunes, à l’arme blanche, afin d’économiser les munitions; et il y aura, au retour, encore à Jaffa, l’autre incident: les pestiférés.  Les dévots de Napoléon ont longtemps maintenu la légende – et la peinture officielle s’en est mêlée – du général au grand coeur, touchant sans effroi les bubons de ses soldats mourants.  Et que de cris pour protester contre l’infamie calomniatrice de la rumeur: mais non, Bonaparte n’a pas  » touché les bubons » ; il les a fait tuer, ses malades! (id., p.61)

 

Bonaparte a convoqué Kléber à Aboukir pour le 24 août, parce qu’il a décidé de s’embarquer lui-même, en tapinois, le 23.  Quand Kléber arrive au rendez-vous, le 24, plus de général en chef.  Il est parti; mais en lui laissant – témoignage de confiance – les pleins pouvoirs, à sa place (…), en Egypte, à la tête d’une armée coincée, délabrée par les ophtalmies purulentes et la dysenterie amibienne, sans parler du reste, déçue et hargneuse dans un pays qu’on a déjà trop pressuré et qui est prêt à la révolte.  Kléber, on le sait, s’y fera égorger l’année suivante. (id., p.66)

 

NAPOLEON ET LA RELIGION

Le « divin », Napoléon Bonaparte s’en est toujours soucié à peu près autant que d’une guigne, ou d’une prune pourrie.  C’est un réaliste.  (…) Mais comme sont encore nombreux les crétins qui croient, dur comme fer, à leur Bon Dieu (…), il est important  de s’annexer ces gens-là par le moyen de leurs « fakirs » ; et ce qu’il avait entrepris avec les «muphtis» d’Egypte, il va maintenant l’appliquer à ceux de France -, et de Rome. (…) Les curés doivent être là pour prêcher la résignation aux pauvres; des colonnes de l’ ordre; l’ordre au profit des «mangeurs». (…) Et il complète sa pensée devant Roederer encore: ma politique religieuse est bien simple, « mahométan au Caire, papiste en Italie et en France, si je gouvernais un Etat juif, je commencerais par rétablir le temple de Salomon. » (id., p.91-92)

 

NAPOLEON ET SA COUR

Une cour, à Paris.  On juge de la bousculade, dans la belle société, pour en être, et d’autant plus que les “charges » n’y vont point sans émoluments..

Chateaubriand, qui rage un peu – car il a fait un pas-de-clerc, juste avant la proclamation de l’empire – racontera avec aigreur, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe: ce n’était qu’excuses et gémissements chez les aristocrates; on n’avait pas pu se défendre; on avait été contraint, sous la menace, forcé, d’appartenir à cette Cour usurpatrice; « et l’on ne forçait, paraît-il, que ceux qui avaient un grand nom et une grande importance; si bien que chacun, pour prouver son importance et ses quartiers, obtenait d’ étre forcé à force de sollicitations » (id., p.103)

 

NAPOLEON ET LA FRANCE

“Il aura un jour (le 11 février 1809), devant Roederer, une formule qu’il savoure, tant elle lui paraît adéquate: “La France?  Je couche avec elle; et elle me prodigue son sang et ses trésors” (= Journal du comte Roederer (1909), p.240); autrement dit: Elle fait ce que je veux, et elle paie.” (id., p.108)

N’oublions pas d’ajouter que la guerre, pour Bonaparte, doit être – et primordialement – une entreprise qui rapporte; et il s’y entend, à la faire rapporter; sinon pour l’Etat, du moins pour lui-même.  (id., p.110)

 

LES MOEURS DE NAPOLEON

 » Et rien n’est instructif comme les Cahiers de Bertrand, déposition naïve, irremplaçable; nous ignorerions, sans elle, cette confession joviale de Napoléon sur une de ses constantes méthodes : « Quand j’ai besoin de quelqu’un, je lui baiserais le [censuré] »; il nous manquerait aussi une indication (d’intérêt, il est vrai, secondaire) sur les penchants sexuels de « l’empereur  » et leur ambivalence: Gourgaud le fatiguait, sa tendresse étant insatiable.  Sur l’élévation morale du clan Bonaparte, sur le ton de la tribu quand on y était entre soi, (…) goûtons les propos échangés entre « Nabou » et Loutchiano au sujet de leurs femmes : “Ta putain ! », lui dit Nabou, et l’autre de riposter: “La mienne au moins, elle ne pue pas! ». Telle était, sous leurs habits de cour, la nudité de ces truands. (id., p.117)

« Ses penchants sexuels, notamment quelques accidents vénériens. » (id., p.140)

 

Napoléon et la pédophilie…

Martin Bril, Napoleons laatste verovering, De Morgen 11/12/2004

De bevrijding van Egypte

Tot ver in de negentiende eeuw verschenen er nog catalogi waarin de rijkdommen die de Fransen  uit Egypte meenamen op een rijtje werden gezet, het Louvre staat er nog altijd vol mee.      

(…) Napoleon kwam er eindelijk achter dat zijn vrouw Josephine hem bedroog, en toen nog erger: toen hij er boze brieven over schreef, werden die op zee door de Engelsen onder­schept en in de krant gezet. Ter compensatie nam hij een maitresse, die als man met de troe­pen was meegereisd, nadat hij het eerst had geprobeerd met een MAAGD VAN TWAALF, hem aangeboden door de sultan van Caïro.

 

TRADUCTION: Martin Bril, /La dernière conquête de napoléon/, De Morgen, 11/12/2004

La libération de l’Egypte

Jusque tard dans le courant du 19e siècle parurent encore des catalogues mentionnant les richesses emportées d’Egypte par les Français. Le Louvre en possède toujours la plus grande partie. 

(…) Napoléon apprit que Joséphine la trompait. fait plus grave encore, ses lettres exprimant sa colère à ce sujet furent interceptées en mer par les Anglais et publiées dans un journal. En compensation, il prit une maîtresse, qui, déguisée en homme, était partie avec les troupes, après qu’il eut d’abord essayé /de faire l’amour/ avec une VIERGE DE DOUZE ANS, offerte par le sultan du Caire.

 

NAPOLEON ET LES LIBERTES DEMOCRATIQUES

Le « régime tonifiant » se perfectionne. Le nombre des journaux autorisés, ramené à treize en 1800 et à huit en 1803, descend à quatre en 1811.  Si la presse s’étiole, les prisons, en revanche, prolifèrent; quatre de plus, dites ouvertement « prisons d’Etat « , apparaissent en 1810; ce sont des « internements administratifs  » qui les peuplent, sans explication ni jugement; faits du prince.  La France est régie, sous l’Empire, par une «loi des suspects » non écrite; et Napoléon Bonaparte utilise également les maisons d’aliénés pour y faire disparaître sans bruit ceux qui le gênent ou l’inquiètent. (Guillemin, p.122)

 

NAPOLEON ET SES SOLDATS

Mais un million d’hommes, par sa grâce, mourront d’une autre manière, dans les carnages de sa « gloire”. (id., p.124)

« L’épopée » napoléonienne, gluante de sang, ne revêt toute sa dimension que si des chiffres l’accompagnent.  Austerlitz? 23 000 morts; mais, quand on a le coeur bien placé, les cadavres d’Austerlitz disparaissent dans le soleil du même nom.  Eylau?

50 000 hommes tombent.  Wagram ?  Napoléon y bat son propre record (55 000 tués), qu’il surpassera à Borodino, gala qui coûte aux deux armées quelque 80 000 soldats. Sur les services sanitaires dans l’armée impériale, il faut lire le journal du chirurgien Percy: le matériel est dérisoire, le personnel presque inexistant; les amputations se pratiquent sans anesthésie; la gangrène s’installe; le blessé grave, dans la Grande Armée, est un condamné à mort; Napoléon a interdit, du reste, de relever, pendant l’action, les hommes qui s’écroulent; il se méfie des déserteurs, dont le nombre se multiplie. (p.126)

La France, dit Napoléon Bonaparte, est « un nid de soldats », de soldats gratuits.  Que pèse la vie de ces “c. » (encore un mot censuré, du vocabulaire de l’empereur)? (p.130) 

Les anciens ne se vantaient pas seulement de leur bravoure, de leurs ripailles et orgies, ils faisaient aussi état avec gloire de leur mépris pour les civils; ils se vantaient d’être, loin des champs de bataille et hors des casernes, la terreur de la population, et en vérité ils l’étaient. Pénétrer de force dans les boutiques, les cafés, renverser les verres et les tables, quelles bonnes plaisanteries! Et serrer grossièrement les femmes, et casser la gueule aux bourgeois s’ils protestaient. Les rapports de police sont éloquents : « Le fils du propriétaire du café de Valois a le crâne fendu, un jeune homme est écharpé par un brigadier de chasseurs devant la porte du Sénat; a la barrière de Charonne, des militaires tuent un civil; dans la plaine de Montrouge trois soldats éventrent un inconnu sous Ie prétexte qu’il «les a regardés d’un air insultant.» Les faits de pillage et de destruction sont innombrables, ainsi que les sévices a l’égard des femmes. Un rapport du préfet du 17 septembre 1804 signalera que six soldats ont abusé d’une jeune fille sur le quai du Port au Blé et l’ont ensuite jetée dans la Seine. Les meurtres et exactions graves n’étaient évidemment pas quotidiens et les anciens ne s’en vantaient pas, mais ils se vantaient des brutalités et brimades qui, elles, étaient fréquentes. Ce genre de récits commençait par choquer la plupart des naïfs conscrits, mais laisser voir une réprobation eût été dangereux, mieux valait feindre d’admirer, et c’est ainsi qu’on finit par admirer vraiment.  Les récits de l’épopée; le prestige de l’uniforme et cette soumission morale: le conscrit enrôlé n’était déjà plus le même homme.  (id., p.21)

 

NAPOLEON ET L’ECONOMIE

Bonaparte ayant voué au saccage et au feu les objets de consommation, d’origine anglaise, qu’il avait pu saisir à Francfort et à Leipzig, les industriels et négociants français ont d’abord été remplis d’enthousiasme devant ces brimades à la concurrence; la Chambre de Commerce d’ Agen en devenait lyrique: « Les cendres de ces bûchers, disait-elle, fertiliseront le sol français ».  (p.131) Mais bientôt les effets du Blocus et le manque de matières premières auront de cruelles incidences sur les bénéfices habituels de ces honnêtes gens; et les rapports des préfets deviennent fâcheux; à Marseille, “l’activité du port est nulle » ; à Bordeaux, “agitation; placards dans les rues basses : du pain ou la mort! » ; « les suicides sont fréquents”, signale la préfecture.  Bulletin de police, Lyon, 14 décembre 1810: « Cinq à six mille ouvriers canuts sont dans le plus grand dénuement”.  Le Conseil Général des Manufactures – quelque chose comme la Confédération Générale du Patronat –  réclame un Code Manufacturier portant des stipulations précises et énergiques “pour maintenir l’ordre et la subordination, et garantir les fabricants des manoeuvres coupables » auxquelles pourraient songer leurs ouvriers.  Les prix s’élèvent dans de telles proportions que les marges bénéficiaires s’en ressentent; et beaucoup d’industriels trouvent odieuses ces taxes à l’importation qu’impose à l’empereur sa vaine politique anti-anglaise d’ asphyxie commerciale. Napoléon vend bien des « licences » – entorses officielles au Blocus (1) – mais il les vend à prix d’or. (id., p.130)

 

NAPOLEON EN ESPAGNE

Insurrection à Madrid à l’annonce de la tentative par les Français d’emmener l’infant don Francisco à Bayonne

Murat dirige ses troupes depuis la porte San Vicente, dans le prolongement du palais royal. Quatre colonnes françaises venant des portes s’avancent en convergeant vers la Puerta del Sol. Des lanciers, des mameluks dévalent la calle de Alcala sous une pluie de tuiles, de pavés, on lance même des meubles, les insurgés tirent des fenêtres, des soupiraux au ras du sol. (…)

L’ennemi le plus détesté, ce sont les mameluks – descendants des Maures, anciens maîtres de l’Espagne; ils ont de larges culottes rouges, un turban blanc, une ceinture chatoyante. Des grappes humaines s’accrochent a leurs étriers, a la queue des chevaux, crevant le ventre des montures, les cavaliers sont jetés à terre, poignardés. Ceux qui échappent a l’étreinte féroce chargent et chargent encore, manient avec une adresse incroyable leur cimeterre courbe, on voit voltiger des têtes. Les soldats français, exaspérés a la vue des cadavres de leurs camarades, ne font pas de quartier. Toute maison d’où l’on a tiré est envahie, saccagée, les habitants percés de baïonnettes, les moines d’un couvent devant lequel agonise un mameluk sont tous décapités, leurs têtes jetées par les fenêtres. (BLOND, p.199)

 

NAPOLEON EN RUSSIE

Napoléon Bonaparte dirige contre la Russie en 1812 une « croisade européenne » ; c’est sa formule.  Sous lui, l’Europe se lève contre «la barbarie Tartare».  L’armée-Babel qu’il a réunie compte près de 700 000 hommes, mais il y a là quelque 400 000 Allemands, Polonais, Italiens, Hollandais, Suisses même. Il s’imagine que ces asservis vont se faire tuer en sa faveur (1) pour alourdir encore leur servage, alors que la plupart n’attendent que l’occasion de briser leurs chaînes. L’énormité des désertions, pendant la campagne de Russie, est passée sous silence par les chantres de « l’épopée ». (GUILLEMIN, p.133-134)

Ayant quitté Mojaisk, Napoléon traversa en partie le champ de bataille de la Moskowa. Il en émanait une odeur insoutenable et des nuées de corbeaux s’en élevaient à mesure que s’avançaient les cavaliers de l’escorte impériale. Le souverain vit là avec effroi un blessé qui survivait encore au milieu des cadavres. Incapable de marcher, il s’était traîné d’une charogne de cheval à une autre pour se nourrir. Reconnaissant I’Empereur, il trouva encore assez de force pour l’injurier. (BLOND, p.372)

Un des événements, non le plus spectaculaire, mais le plus dramatique de la retraite de Russie – souvent à peine mentionné, comme un détail – va se produire, dans les quarante-huit heures qui vont suivre, entre Oszmiana et Vilna : les deux tiers de la division Loison vont périr. Non sous les coups de l’ennemi, sous les charges des cosaques. Les cosaques n’attaqueront que peu et sans insister, entre Smiana et Vilna. Environ huit mille soldats de la division « fraiche » envoyés en renfort, vont mourir tout simplement de froid. (BLOND, p.399)

Ils sont jeunes, bien nourris depuis des semaines, point épuisés par de trop longues marches, vêtus normalement comme des soldats en campagne – ce n’est pas assez; mieux valaient peut-être, après tout, les loques – pouilleuses entassées les unes sur les autres par-dessus la vermine et la crasse – mais surtout, ils ne sont pas le résultat d’une sélection impitoyable faite durant toute la retraite par le froid et la misère.  Affrontés brutalement à ce froid inhumain, la plupart ne résistent pas.  « On les voyait d’abord chanceler pendant quelques instants et marcher d’un pas mal assuré, comme ivres. Ils avaient la figure rouge et gonflée, bientôt ils finissaient par être entièrement paralysés : leurs fusils s’échappaient de leurs mains inertes, leurs jambes fléchissaient sous eux et enfin ils tombaient.» Autre observation d’un médecin : « Les yeux étaient extrêmement rouges et souvent le sang s’écoulait par gouttes au-dehors de la conjonctive. Ainsi l’on peut dire sans métaphore qu’ils répandaient des larmes de sang. Cela n’est pas une exagération, beaucoup de personnes ont pu le constater. » Bref, sur 12 000 conscrits, 8000 morts de froid. Les autres sont à l’arrière-garde et feront leur devoir. (p.399-400)

Au sommet de la hiérarchie, c’est un autre désordre. Murat réunit un conseil de guerre au cours duquel il vitupère Napoléon avec véhémence. I1 va bientôt lui écrire qu’il ne veut plus conserver son commandement, qu’il le passe à Eugène de Beauharnais, et il va partir pour ses États sans attendre la réponse du souverain. C’est Ney, encore lui, qui, avec les survivants de la division Loison, encore eux, va défendre Kovno pour laisser à des bandes désespérées le temps de franchir le Niémen. Des 400 000 hommes qui l’ont traversé d’ouest en est entre le 24 et le 30 juin 1812, combien vont le repasser, partie sur les ponts, partie sur la glace? Les dénombrements précis faits plus tard dans des bureaux à quatre cents lieues du fleuve glacé sont illusoires. Disons que sur 400 000 hommes, il en revint 10 000, ou 20 000. Les Russes ont fait 100 000 prisonniers. Tout le reste est mort. La Grande Armée n’existe plus. Mais Napoléon est rentré en France pour chercher 300 000 soldats. (id., p.405)

 

NAPOLEON APRES WATERLOO

Une guerre de quatre jours, 15-18 juin 1815, et c’est la déroute.  Napoléon s’enfuit à cheval, sans même pouvoir sauver cette berline qui l’avait amené à Waterloo et dans laquelle il avait caché, à toutes fins utiles, des sacs d’or et pour 800 000 F de diamants.  Il aura le temps, néanmoins, avant de quitter son palais, de se faire remettre 180 actions de 10 000 francs sur les canaux d’Orléans et du Loing, et de placer, chez Laffitte,

5 300 000 francs…  (GUILLEMIN, p.144)

Vinrent les années de Sainte-Hélène où, sous les travestissements de la légende, les humeurs réelles, la conduite réelle et les vrais propos du Sire en chômage, sont, dit très bien Audiberti, “à faire pitié ». (id., p.145)

Son testament du 15 avril sera son dernier numéro d’histrion: « … Que mon fils adopte ma devise : Tout pour le peuple français ! [ sic] ». Et ceci : « Je désire que mes cendres reposent au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé » – comme il le lui avait prouvé sans cesse. Des particuliers qui n’ont pas à se plaindre, ce sont les membres de la tribu née de Carlo et de Letizia.  La France a vu sa jeunesse fauchée, et les cadavres de ses enfants en pyramides monstrueuses: elle est amputée maintenant de la Sarre et de la Savoie; elle a 700 000 millions d’indemnité à verser aux envahisseurs qui l’occuperont pendant trois ans.  Mais « Nabou» a tout de même joliment bien réussi pour son clan. La Mamma a un palais à Rome, et tous et toutes sont grassement pourvus.  La France a payé très cher leur raid, chez elle, de vingt ans et leur pluie de sauterelles, mais quand ils évoquent leur taudis d’autrefois, rue de la Mauvaise Herbe, à Ajaccio, ils ont de quoi jubiler et se frotter les mains.  Ils sont « les Bonaparte », une « grande famille », une très grande famille désormais. Beaucoup d’esprits droits, à leur insu conditionnés, en sont encore à redire ce que professait M. Gabriel Hanotaux (les successeurs ne lui ont pas manqué) quant aux mérites de « l’empereur » , à la reconnaissance que lui doivent les Français :« On n’avait jamais vu, on ne verra sans doute jamais, de la main d’un seul homme, et en un temps si court, pareille accumulation de bienfaits. »  Vous pensez!  Le Code civil, les préfets, le Concordat, l’Université, la Madeleine, la colonne Vendôme, les « prisons d’Etat » , et tout le reste… Voyons les choses en face, et telles qu’elles furent dans leur vérité, telles qu’elles demeurent encore. L’immense mérite de Bonaparte c’est celui que lui reconnaissaient très justement, Necker le banquier et sa fille; il avait fermé, une bonne fois, l’épouvantable parenthèse ouverte par le 10 août, quand – écrira Mme de Staël – «la révolution changea d’objet », quand « les gens de la classe ouvrière s’imaginèrenr que le joug de la disparité des fortunes allait cesser de peser sur eux » (1).  Il avait ramené la canaille au chenil et même, coup d’éclat, en lui inspirant, sous l’uniforme – un « bienfait » sans nom, ce déguisement perpétuel des prolétaires en soldats! – de l’enthousiasme, de la passion (2). (id., p.150-152)

 

NAPOLEON ET LA CONSCRIPTION

/ Pour échapper à la conscription /

Dernière solution : déserter ou frauder. J’ai parlé de ces bandes de réfractaires qui se sauvaient dans les bois, dans les montagnes. En 1813, ils étaient encore plus nombreux qu’auparavant parce qu’on savait que rejoindre l’armée, c’était au moins deux chances sur trois d’y laisser sa peau: l’Empereur lui-même n’avait presque rien caché des désastres dans le fameux 29e Bulletin. Il n’y avait plus assez de gendarmes pour faire la la chasse aux réfractaires. En mai 1813, on allait compter environ 160 000 insoumis.

Frauder, c’était par exemple se mutiler volontairement : se casser les dents de devant ou se les carier en mâchant de l’encens) afin de ne pouvoir déchirer les cartouches: s’amputer du pouce pour ne pas pouvoir tenir le fusil: se faire aux bras et aux cuisses, à l’aide de vésicatoires, des plaies qu’on entretenait avec des compresses d’eau imprégnées d’arsenic: c’était se casser un pied, il y en avait qui allait jusqu’à se crever un oeil, mais les mutilations rendaient suspect: ou alors, payer pour obtenir de faux certificats de maladies graves : des médecins se livraient à ce trafic: des secrétaires de mairie délivraient de fausses pièces d’état civil trompant sur 1’âge, parfois même de faux certificats de décès: le réfractaire disparaissait et sa famille simulait son enterrement. Là aussi, il y avait un risque, surtout dans les campagnes, parce que les gens jasaient. (BLOND, p.408)

  

NAPOLEON ET LA BELGIQUE

UNE RECTIFICATION

Eric Meeuwissen, Un livre, un prof, pour jouer au stratégo à Waterloo, LS 31/5/90

Le livre de Luc Devos (Les 4 jours de Waterloo 15-16-17-18 juin 1815, éd. Hatier) corrige une erreur parue dans le “Dictionnaire d’histoire de Belgique“, publié en 1988 sous la direction d’Hervé Hasquin et dans lequel on peut lire: “Les Belges qui participèrent à la bataille de Waterloo le firent surtout dans les rangs de l’armée française.”

 

CONSCRIPTION

Joseph Lefèvre, L’Angleterre et la Belgique, à travers les 5 derniers siècles, éd. universitaires, 1946, Bruxelles

(p.150) Infiniment plus lourd est le tribut du sang. La conscription est étendue à la Belgique dès la conquête. Elle se fait par la voie du tirage au sort, tempérée encore au début par la faculté du remplacement. Depuis 1805 elle devient d’une rigueur extrême; on lève chaque année des parties de plus en plus étendues du contingent, on fait des prélèvements sur les classes antérieures, appelant sous les drapeaux des jeunes gens qui se croyaient à l’abri. On se montre exigeant à l’extrême pour les exemptions d ‘ordre physique. L ‘examen des registres de levées, qui restent dans nos archives, laisse une impression troublante. Des affections graves, comme l’hématurie, sont décelées chez certains conscrits. La colonne latérale du registre n ‘en mentionne pas moins la formule sinistre. Bon pour le service. On sait quelle fut la réaction. La jeunesse s ‘ingénia de plus en plus pour éviter l’appel sous les drapeaux équivalant si souvent à une condamnation à mort. Les mutilations, les mariages fictifs avec de vieilles femmes, la corruption des fonctionnaires du service de 1’état-civil qui se prêtaient à des falsifications dans les registres, à des omissions, à des insertions d ‘actes de décès, tout fut mis en oeuvre. Enfin restait la suprême ressource : prendre le maquis.  Les montagnes et les bois forment 1’asile des réfractaires.  En vain, le gouvernement tente de recourir à des mesures de Dracon, il rend les parents responsables, les frappe de fortes amendes , établit chez eux des gendarmes à demeure. Les pères et mères déplorés se résignent, plutôt que d ‘envoyer leurs fils mourir dans les steppes de la Russie ou les montagnes de Castille.

 

Aline Octave, Porte ouverte sur … Bourcy, 1973

1792-1815

(p.34) « L’armée française traîna derrière elle des pillards, s’enrichissant au détriment des populations, sous prétexte de fausses réquisitions. »

(p.35) »De tous les impôts établis par les Français, celui qui parut le plus dur fut la conscription qu’on appelait aussi l’ « impôt du sang ».

les jeunes gens du pays devaient servir la France et beaucoup trouvèrent la mort sur les champs de bataille.  Les réfractaires cherchaient refuge dans les forêts. L’écho des heurts entre l’autorité occupante et les ‘hors la loi’ nous est répercuté dans quelques arrêtés. » (W. Lassance)

 

André Lepine, Cerfontaine à l’époque française 1793-1815, Pro Civitate, Coll. Histoire, n° 35, 1973

(p.77) “Dès avant même la débâcle de Leipzig, la désaffection (chez les Belges envers le régime) était complète.” (H. Pirenne, Histoire de Belgique, TVI, p.107)

(p.111) De même, (pour échapper à la conscription) certains en arrivaient à se couper le gros orteil avec leur hache de bûcheron…”

 

Georges Lecomte, Une histoire authentique du terroir wallon, Un réfractaire ardennais sous Napoléon Ier, s.d.

(p.41) “Des lois implacables poursuivaient les pères, les parents des réfractaires; les communes étaient responsables, les conseils de recrutement se montraient inflexibles, et la gendarmerie tout entière était occupée à poursuivre les conscrits. 

Souvent, sur les longues routes, on rencontrait des files de jeunes hommes, la chaîne au cou, les fers aux pieds, comme des troupeaux, que les brigades de gendarmerie conduisaient à leur corps.”

(Capefigue, L’Europe pendant le consulat de l’empire, TVII, p.229) (référence de l’auteur)

 

LA POPULATION: CONTRE NAPOLEON

P. Pierret, éd., Province de Luxembourg, 1973, St-Hubert

(p.27) “Durant la période napoléonienne qui apporte la paix intérieure, on constate cependant, un peu partout, une apathie foncière des populations …”

 

in : Michel Gourdin, Charles Wérotte / One Sovnance des Joeuts di noss jônne Teimps, Mémoire de Philologie romane, UCL 1973

guèrnadiè, s. m., personne (homme ou femme) de haute statu­re et large d’épaules. A La Hestre, on connaît l’expression: abiyî à guèrnadiè, leurrer, tromper. Je pense que cette expres­sion remonte à l’époque napoléonienne car des recruteurs de l’envahisseur corse soûlaient des jeunes gens et, lorsqu’ils reprenaient leurs esprits, ils avaient un uniforme de grena­dier, guèrnadiè, sur le dos car ils avaient signé un engagement dans les armées de Napoléon pendant leur ivresse: is-avin’te stjà abiyîs à guèrnadiè. Cf. MA, décembre 1981, p. 229; avril 1982, p. 70. Synon. tirè au guèrnâdiè, DWC.

 

J.G., La Belgique à travers l’histoire (1), p.42-51, in: Le Vif 01/07/2005

(p.51) La conscription de plus en plus lourde des jeunes recrues dans les armées impériales et un régime policier sans cesse plus oppressif dressent à nouveau une grande partie de la population contre la France. »

 

Jo Gérard, Les Flamands et leur langue au fil du temps, LB 02/03/19887

L’abbé Grégoire va suggérer dans son « Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française » rédigé à la demande de la Convention en 1794″ qu’on interdise le mariage aux citoyens qui ne pourraient pas prouver « qu’ils savent lire, écrire et parler la langue nationale. »  Celle-ci étant, bien entendu, le français.

« La même francisation fut appliquée au système judiciaire où elle eut de graves conséquences, celle que souligna le professeur Paul Hamelius: « Bien des Belges furent condamnés sans pouvoir s’expliquer par les juges étrangers ou négligents que devait compter le personnel bizarre de la Révolution. »

« Les lycéens impériaux établis à Bruges, Gand et Bruxelles ostracisent le flamande leur enseignement. »

 

Frans Van Kalken, Histoire du Royaume des Pays-Bas et de la révolution belge de 1830, Bruxelles, s.d.

(p.27) (…) un certain nombre de membres de la classe moyenne désiraient le maintien de la domination française, par attache­ment aux principes de 89, ou par admiration pour la centralisation impériale, mode de gouvernement plutôt opportun — il faut en convenir — dans nos provinces ultra-particularistes. C’étaient pour la plupart des officiers et des fonctionnaires belges autrefois au service de Napoléon, ou des républicains français et des bonapartistes émigrés après la restau­ration des Bourbons. Peu nombreux et isolés au milieu d’une population pleine de rancune au souvenir du régime de coercition qu’elle venait de subir, ils ne semblent guère avoir fait, en 1814, de propagande en faveur de leurs idées.

 

(p.34) Nous n’avons pas à retracer ici, en détail, la période des Cent-Jours. L’armée hollando-belge, à peine créée, fut hâtivement mobilisée, puis encadrée dans les troupes d’élite du duc de Wellington. Quoi­que jeunes et inexpérimentés, les soldats belges et bataves surent, par deux fois, rivaliser en intrépidité et en force d’endurance avec les vétérans de Sa Majesté Britannique (3) : le 16 juin aux Quatre-Bras, en repoussant, sous les ordres du prince d’Orange, fils aîné de Guillaume Ier, les soldats du maréchal Ney; le 18, à Waterloo, en défendant la ferme de la Haye-Sainte et en participant à la dernière attaque contre les grenadiers de la garde (4).

 

* (3)  Le fait est d’autant plus notoire qu’au début de 1814 l’on avait, dans plusieurs villes belges, dû procéder aux opérations du tirage au sort avec l’appui de la force armée, tant les nouvelles lois de milice, pourtant si nécessaires, avaient été mal accueillies par les jeunes gens et leurs familles. Voir buffin, Documents inédits, Introduction, p. vu.

(4) Sur la campagne de 1815, voir F. Debas et comte J. de T’Serclaes de Wommersom, La Campagne de 1815 aux Pays-Bas, d’après les rapports officiels néerlandais (3 vol., Bruxelles, 1908, A. Dewit). Ce grand ouvrage, fruit de longues et judicieuses études, met définitivement fin à la légende calomnieuse de la lâcheté des troupes hollando-belges, durant la campagne de 1815.

 

(p.35) Durant cette grande journée de Waterloo, les généraux, officiers et soldats du prince d’Orange payèrent héroïquement de leur personne. Le prince fut même blessé à l’assaut final. Certains historiens étrangers ont cherché dans la suite à diminuer la valeur des troupes hollando-belges, avec l’intention de mettre d’autant plus en relief les mérites de leurs compatriotes. Les Alliés, en 1815, furent plus justes. Le général Pirch, s’adressant au maire de Namur, disait : « De tous temps, les Belges se sont montrés un peuple brave, généreux et vail­lant. » Blücher, dans une. proclamation « aux braves Belges », les apostrophait ainsi : « Vous êtes un peuple brave, loyal et noble… »

Jusqu’à la fin de la guerre les soldats du nouveau royaume firent loyalement leur devoir, participant à l’envahissement du nord de la France et aux sièges du Quesnoy, de Condé et de Valenciennes.

 

P. Blondeau, Au pays des Rièzes et des Sarts, 97, 1984, p.37-39

Les ‘pilleries’ françaises

C’est dans cette ‘fameuse voïe’ Nord-Sud que la tradition situe, en 1815, un des nombreux assassinats, par les gens des villages, de soldats français, de retour de Waterloo. … Nous sommes donc en 1815 …

Nos villageois viennent de subir l’annexion de 1793 par les révolutionnaires étrangers, la Terreur et les persécutions religieuses.  Ils ont vu leurs florins devenir francs puis papiers.  Ils ont tremblé lors de la conscription qui a fait fuir dans les bois la plupart des garçons appelés à servir dans une armée occupante.” (…)

(p.39) “On comprend très bien leur soif de vengeance quand, enfin, ils ont pris la ‘déroute’ de leurs ennemis dans la ‘Morne plaine’.  Et ils désirent se venger, faire leur part, en même temps que soulager leur misère.”

 

Mes. Ch., 3/12/87, 400 chronogrammes curieux

Un chronogramme relate le ressentiment d’un prêtre de chez nous envoyé au bagne par les révolutionnaires français après l’annexion de la principauté de Liège et des Pays-Bas autrichiens.  L’abbé Lecocq, curé de Florennes, exprima ainsi sa haine des Français: 

ConfVDIt MosCoVIta gaLLos

Le Moscovite a confondu les Français (1812);

DeCIMa oCtaVaIVaIl belgIo Laeta

le 18 juin, bonheur pour la Belgique (bataille de Waterloo, 1815)”

(dans le recueil de chronogrammes publiés par le Musée de cerfontaine, A. Lepine, conservateur)

 

Joseph Lefevre, L’Angleterre et la Belgique, à travers les 5 derniers siècles, éd. universitaires, 1946, Bruxelles

(p.152) Depuis les revers de 1812, l’espérance d ‘une prochaine délivrance n’avait cessé de croître en Belgique. La population suivait les progrès des armées alliées, dans la mesure où l’on pouvait en prendre connaissance, un peu par la voix de la presse et plus encore par les rumeurs. En plein mois de décembre se répandit à Bruxelles le bruit, bientôt démenti, d’une arrivée des Cosaques à Cortenberg.  L’arrière-garde française évacua la capitale belge le 1er février 1814 au soir. Les alliés firent leur entrée quelques heures plus tard aux applaudissements de la foule en délire.

 

ECONOMIE BELGE: UNE CATASTROPHE

 s.n., Assassiner la forêt wallonne?, PP? 6/4/83, p. 24-25

(p.24) “Sous le régime hollandais, entre 1815 et 1830, l’Etat, confronté à des communes endettées jusqu’à l’os – résultat des guerres napoléoniennes – se refusa à les aider en vue d’éponger leur défaite (sic).”

 

H. Pirenne, Histoire de Belgique, TVI, 1926

(p.206) “En 1813, le mouvement économique était tombé dans un marasme complet.  Le préfet de l’Escaut constatait que la fabrication des toiles était réduite au dixième de ce qu’elle avait été.”

 

Napoléon et nos marches passées

 

in: Chapelle M., Angot R., Les processions et la marche militaire de la Saint-Feuillen à Fosses-la-Ville, s.d.

(p.172) En 1802 [3 octobre]

Mais, dès le 6 vendémiaire an XI (28 septembre 1802), la ville de Fosse était déjà en émoi. En effet, les organisateurs de la Procession avaient appris que les autorités religieuses ne participeraient pas à la sortie tradition­nelle …. (1)

Que l’on ait supprimé les « Marches » pendant les premières années de la République, soit ! Mais en 1802, sous le Consulat à vie de Bonaparte, au lendemain du Concordat signé avec le Pape Pie VII, interdire de « marcher » à la Saint-Feuillen, c’était vraiment dépasser les bornes. (2)

Le curé de Fosse, l’abbé Ferdinand Bauwens n’en menait pas large. Soucieux d’obéir aux ordres de l’Evêque Mgr Claude-Léopold de Bexon (3), il s’était vu contraint de refuser aux «Marcheurs» la permission de sortir le Buste et de le porter en procession. (4)

 

(1) E. Fivet, O.c. p. 905.

(2) Idem.

(3) II succéda à Mgr de Lichtervelde qui avait exercé son ministère jusqu’en 1796. Mgr de Bexon avait été appelé au siège épiscopal de Namur peu après la signature du Concordat. Mgr Charles-François-Joseph, baron Pisani de la Gaude, lui succéda en 1804.

(4) E. Fivet, pp. 906-907.

 

(p.174)  Les Fossois s’étaient donc arrogé le droit de promener un Reliquaire de saint Feuillen, à travers la ville et les campagnes, et cela en bravant l’interdiction de l’Evêque et celle du Préfet. Il est vrai que Pérès avait défendu de sortir le «Buste» … mais n’avait pas «pensé» à la nouvelle châsse ; tout restait donc — si l’on peut dire — dans la légalité. (2)

 

 

Sources principales

Henri Guillemin, Napoléon tel quel, Ed. de Trévise, Paris, 1969.

Georges Blond, La Grande Armée, 1804-1815, éd. Laffont

Hitler aux Invalides à Paris face à Napoléon

Hitler, émule de Napoléon

 

 « Les juifs sont comme des essaims de chenilles ou de sauterelles qui rongent le pays. »

Napoléon 

  

1 Napoléon vu par Claude Ribbe : « un criminel raciste », in : L’Histoire 61, 2005-2006, p.100-101

Selon l’historien Claude Ribbe, Napoléon est coupable à ses yeux de « l’extermination industrielle d’un peuple ». Dans son dernier livre, il le compare ainsi à Hitler.

Après le rétablissement de l’esclavage par la France en 1802, plus d’un million de personnes ont été vouées à la mort selon des critères ‘raciaux’ par Napoléon.

« Génocide perpétré en utilisant les gaz, citoyens mis en esclavage (250 000 Français, surtout antillais, guyanais et réunionnais), (…) escadrons de la mort, camps de triage (en Bretagne) et de concentration (sur l’île d’Elbe et en Corse), lois raciales (…). (p.100)

Il n’est pas étonnant qu’il ait servi de modèle à Mussolini qui a écrit une pièce à sa gloire ni surtout à Hitler qui vient de saluer le saluer d’un ‘Heil Napoléon’ aux Invalides le 28 juin 1940 », lors de sa visite à Paris.(…)

Napoléon a instauré une législation raciale qui annonce les lois de Nuremberg et qui interdisait aux Noirs et gens de couleur d’entrer sur le territoire français. Napoléon, par une circulaire honteuse du 8 janvier 1803, a interdit les mariages ‘entre un blanc et une négresse ou entre un nègre et une blanche’. Ambroise Régnier, le signataire de ce texte dicté par Napoléon, est au Panthéon.

 

2 Claude Ribbe, Le crime de Napoléon, éd. Privé 2005

(p.200) En tant que premier dictateur raciste de l’histoire, Napoléon a sa part de responsabilité, non seulement pour tous les crimes coloniaux ultérieurement commis par la France, mais aussi pour tous ceux du nazisme qui s’est, à l’évidence, inspiré de l’Empereur comme d’un modèle.

(p.201) Au nom de ces héritiers de tous les martyres, res­tituer aux descendants des victimes de Napoléon la vérité qui leur revient, et qu’on leur refuse depuis deux siècles, c’est une manière de contribuer à en finir un jour avec le fléau du racisme dont Napoléon fut incontestablement, avec Hitler, l’un des plus ardents et des plus coupables propagateurs.

 

3 Jacques de Launay, Mais quelle différence y a-t-il entre Hitler et Napoléon ?, in : Echo 24/07/1975

Onze heures. un samedi sur l’autoroute. Une voiture… un  père… son fils, 11 ans. On parle puis le petit garçon sort cette question. Spontanée. « Mais au fond  on dit toujours que Napoléon était un bon et Hitler un mauvais. Quelle différence y a-t-il entre les deux?»Nous avons demandé la répon­se à l’historien Jacques de Launay qui vient de terminer sa prestigieuse « Histoire de notre Temps » par un bilan inédit de ses trente ans de recherches et de voyages aux quatre coins du monde, intitulé « Les Grandes Décisions de la deuxième Guerre Mondiale ». Voici donc cette réponse. Il est trop simpliste de faire de Napoléon «le bon» et de Hitler « le mauvais». Il y a certes des points de comparaison. Cette volonté les a amenés à la guerre pour briser les oppositions et réduire les adversaires. Napoléon s’était fait le champion des idées de la Révolution Française. Hitler, celui des idées de la Révolution nationale-socialiste. Ces idées étaient » positives, permettant la réforme de l’organisation économique et sociale dans un esprit d’égalité jusque-là inconnu. Il s’agissait de progrés dans l’ordre. Et tous les pays étrangers jugeaient nocives les idées de la Révolution française comme celles de la Révolution nationale-socialiste. Cette réforme, acceptée par les Français sous l’Empire ou par les Allemands du Ille Reich, fut  exportée au moyen de guerres qui ont fait 3 millions de morts européens avec Napoléon, 18  millions de morts avec Hitler. Et cela plaide évidemment contre eux. A-t-on le droit pour imposer a ses idées, même bonnes, de jeter ainsi son épée dans la balance? Surtout que les causes de ces guerres sont discutables! Ce qui trouble les esprits, trente ans après, 1945 ou 1975, ce sont à la fois les récits des anciens combattants qui em­bellissent les faits en supprimant les ombres et tissent la légende et l’étrange reconnaissance qu’ont les hommes pour les héros qui leur ont fait dépasser leurs limites, les obligeant à des efforts surhumains. D’autres analogies ap­paraissent : le projet avorté de débarquement en Angleterre, la campagne et la défaite de Russie, et surtout sur le plan in­térieur la répression de l’opposition (complots de Cadoudal et de Malet ou conjuration du 20 juillet) et à l’ extérieur, la lutte contre les résistances nationales. La répression policière napoléonienne est sans commune mesure avec la répression policière hitlérienne, mais les forces militaires engagées n’étaient pas les mêmes : un million d’hommes sous Napoléon en 1813, trois millions et demi sous Hitler en 1941. Ce rapport de 1 à 3,5 se retrouve dans les chiffres de la population, mais les camps de Hitler ont vu périr sept millions d’hommes.Napoléon vivant en 1940 aurait-il agi comme Hitler? C’est improbable, mais la question reste sans réponse et toutes les conjectures sont permises. Con­statons que l’héritier de la Révolution française ne pouvait enterrer les libertés individuelles comme le fit Hitler. Par lleurs, l’effort extraordinaire que ces deux hommes ont obtenu de leurs concitoyens a laissédes traces durables, positives : le Code civil, la Sécurité sociale, la centralisation de leurs Etats, les routes et autoroutes, etc., mais tout cela ne pouvait-il être acquis sans guerre interminable, sans arbitraire policier? Napoléon III et Bismarck n’ont-ils pas laissé eux aussi des bilans très positifs sans ces abus? A Rome, la dictature était jugée souhaitable en période de crise grave, votée par le Sénat, et limitée dans le temps : quelques jours, quelques mois ou quelques années. Napoléon et Hitler prenant leurs retraites en 1810 ou fin 1938 auraient laissé le souvenir de pères du peuple. Il me semble que c’est le pouvoir personnel, absolu, ac­centué par l’égocentrisme, qui a tout gâté. Napoléon et Hitler, ces deux extraordinaires meneurs d’hommes, réalisateurs exceptionnels, ont provoqué eux-mêmes leur échec. Mais si Napoléon se retira à temps (sic), Hitler commit le crime impardonnable de vouloir en­traîner son peuple dans sa chute.

 

4 Vaute Paul, Napoléon coupe la France en deux, LB 03/12/2005

L’Empereur belliciste se trouve depuis longtemps au banc des accusés. Un ouvrage consacré au sort des colonies pousse le bouchon encore plus loin. On y parle de « génocide perpétré en utilisant les gaz »… Heil Napoléon! Du côté des contempteurs, on brandit surtout un ouvrage sorti jeudi et qui pousse le bou­chon au plus loin. Intitulé « Le Crime de Napoléon » (éd. Privé) et soutenu par des associations de la France d’outre-mer – qui ont annoncé une manifestation ce samedi « contre le révision­nisme historique » -, il dénonce le « rétablissement », en 1802, de l’esclavage (qui avait été aboli, plus formellement que réelle­ment, par la Convention en 1794) ainsi que la répression de la révolte des Noirs d’Haïti, alors colonie française. A en ju­ger d’après le résumé et les ex­traits donnés par l’agence France-Presse, le réquisitoire fourmille de parallèles avec le nazisme: « Cent quarante ans avant la Shoah, y lit-on, un dic­tateur, dans l’espoir de devenir le maître du monde, n’hésite pas à écraser sous sa botte une par­tie de l’humanité. » Il est aussi question d' »une vaste opération de nettoyage ethnique » à Saint-Domingue et même d’un « génocide perpétré en utilisant les gaz », toujours sur l’ordre de celui que Hitler, après la défaite de la France en 1940, alla sa­luer d’un « Heil Napoléon ! » aux Invalides. Les guerres dont l’Empereur porta la responsabilité, les exac­tions des troupes qu’il cau­tionna de l’Atlantique à l’Oural, son indifférence au coût humain de ses entreprises mégaloma­nes (« Une nuit à Paris réparera tout cela », déclara-t-il un jour de­vant un champ de bataille jon­ché de cadavres)… : ces sombres aspects ont été amplement mis en lumière dans l’historiogra­phie hexagonale des dernières années, sauf exceptions.

Vive l'Empereur ! / Heil Hitler !

Napoléon, massacres et déportations

 

NAPOLEON : massacres de TURCS et de MAGHREBINS

 

Jean Vermeil, Les Bruits du silence, L’autre histoire de France, éd. du Félin, 1993

 

(p.152) Une pyramide de cadavres

 

Le général Kléber arrive devant Jaffa le 3 mars 1799. Il s’installe au nord de la ville pour isoler Saint-Jean-d’Acre et Naplouse. Le général Damas établit que les villages de plaine sont bien défendus et les montagnards prêts à la guérilla. Les Français restent dans la plaine littorale. Le siège de Jaffa commence. La ville a tenu de longs sièges en 1773 et en 1776. La seconde fois, Abou Dahab a massacré ses habitants. Le 7 mars au matin, Bonaparte donne l’assaut. La ville se rend dans l’après-midi. Les soldats se livrent au pillage habituel (7 et 8 mars). Napoléon raconte : « Tout fut passé au fil de l’épée ; la ville, ainsi au pillage, éprouva toutes les horreurs d’une ville prise d’assaut. » Sur les cinq mille hommes de la garnison, deux mille sont tombés au combat. Les trois mille autres se cachent dans la citadelle. Ils reçoivent de Beauharnais et Croisier, aides de camp de Bonaparte, la promesse de la vie sauve.

Bonaparte s’écrie : « Que veulent-ils que j’en fasse ? Que diable ont-ils fait là ? », et ordonne l’exécution des soldats turcs. (…) Les soldats français retrouvent vite les manières de la Terreur et de la guerre de Vendée. L’exécution a lieu le 10 mars, dimanche de la Passion. Miot la décrit : « Arrivés enfin dans les dunes de sable au sud-ouest de Jaffa, on les arrêta auprès d’une mare d’eau jaunâtre. Alors, l’officier qui commandait les troupes fit diviser la masse par petites portions, et ces (p.152) pelotons, conduits sur plusieurs points différents, y furent fusillés. Cette horrible opération demanda beaucoup de temps, malgré le nombre des troupes réservées pour ce funeste sacrifice, et qui, je dois le déclarer, ne se prêtaient qu’avec une extrême répugnance au minis­tère abominable qu’on exigeait de leurs bras victorieux. Les […] Turcs […] firent avec calme leur ablution dans cette eau stagnante […], puis, se prenant la main, après l’avoir portée sur le cœur et à la bouche, ainsi que se saluent les Musulmans, ils donnaient et recevaient un éternel adieu. Leurs âmes courageuses paraissaient défier la mort… »

 

Bonaparte donne l’ordre d’économiser la poudre. L’exécution se rationalise. On prend son temps. Miot continue : « Nos soldats avaient épuisé leurs cartouches ; il fallut frapper [les derniers rangs] à la baïonnette et à l’arme blanche. Il se forma, puisqu’il faut le dire, une pyramide effroyable de morts et de mourants dégouttant de sang, et il fallut retirer les corps déjà expirés pour achever les malheureux qui, à l’abri de ce rempart affreux, épouvantable, n’avaient point encore été frappés. »

Peyrusse, adjoint du payeur général Estève, voit la scène ainsi : « Environ trois mille hommes posèrent leurs armes et furent conduits sur-le-champ au camp ; par ordre du général en chef [Bonaparte], on mit à part les Égyptiens, les Maugrabins [Maghrébins] et les Turcs.

 

« Les Maugrabins furent tous conduits le lendemain sur les bords de la mer, et deux bataillons commencèrent à les fusiller; ils n’avaient d’autre ressource pour se sauver que de se jeter à la mer ; ils ne balancèrent pas et se jetèrent tous à la nage. On eut le loisir de les fusiller et, dans un instant, la mer fut teintée de sang et couverte de cadavres ; quelques-uns avaient eu le bonheur de se sauver sur des rochers ; on envoya des soldats sur des barques pour les achever […]. Cette exécution finie, nous aimions à nous persuader qu’elle ne se renouvellerait plus et que tous les autres prisonniers seraient épar­gnés.. . Notre espérance fut bientôt déçue lorsque, le lendemain, on a conduit au supplice mille deux cents canonniers turcs, qui, pendant deux jours, étaient restés couchés sans subsistance devant la tente du général en chef [Bonaparte]. On avait bien recommandé de ne pas prodiguer la poudre et on a eu la férocité de les poignarder à coups de baïonnette ; on a trouvé parmi les victimes beaucoup d’enfants qui, en mourant, s’étaient attachés aux corps de leur père. »

Le chef de bataillon Detroye fait le compte : « Le 7 mars, dans l’assaut, il a péri plus de 2 000 Turcs, le 8 mars par la fusillade 800, le 9 800, le 10 mars 600, le 11 mars 1441.» (…)

 

NAPOLEON et les NOIRS : ESCLAVAGE et MASSACRES

 

(p.155) La Révolution avait condamné l’esclavage en 1794. Mais quand le général Desaix guerroyait dans le sud de l’Egypte, Bonaparte commande l’achat de deux à trois mille nègres de plus de seize ans pour les incorporer dans son armée. Il en emprunte aussi au sultan du Dar Four. En 1802, Bonaparte rétablira l’esclavage.

 

(p.159) Dans les derniers jours de janvier 1802, quarante vaisseaux, vingt-sept frégates, dix-sept corvettes et autres bâtiments débarquent à Saint-Domingue un premier contingent de vingt-cinq mille hommes. (…)

En septembre, Leclerc fait égorger trois cents Noirs et hommes de couleur pour venger la mort de Français dans l’Artibonite. Le 12 octobre, douze cents soldats noirs prisonniers sont passés à la baïonnette et jetés dans le port. Il y a tant de corps à pourrir dans l’eau qu’on ne peut manger de poisson pendant des semaines. (…)

Donatien Marie Joseph de Vimeur, vicomte de Rochambeau, (1750-1813) le remplace. Parmi ses compagnons d’armes, il y a le vicomte de Noailles. Rochambeau, noble de l’Ancien Régime, reconquiert certaines places mais doit aussi reculer. Il tient mieux car entre-temps, les soldats se sont immunisés. Il dispose de onze mille hommes en mars 1803. Bonaparte lui prépare quinze mille hommes pour l’été et (p.160) quinze mille pour toute éventualité. Sa cruauté ne connaît pas de limite :

Rochambeau attache le général noir Maurepas à un mât de bateau au Cap-Français. Maurepas est affublé d’un bicorne de guin­gois devant sa femme et son enfant. Le charpentier du bateau lui cloue ses épaulettes à même la peau. Toute la famille est passée à la baïonnette et jetée à l’eau.

Rochambeau donne à Port-au-Prince un bal en l’honneur des dames de Haïti. À minuit, il les mène à une chambre mortuaire. Un chœur en noir entonne un Dies Irae devant une rangée de cercueils. Rochambeau déclame : « Mesdames, vous venez de prendre part aux funérailles de vos frères et maris. » II les a fait massacrer pendant qu’elles dansaient.

À Cap-Français, Rochambeau fait exécuter trois Haïtiens coupables d’exactions. Un officier, Lemonnier-Delafosse, décrit : « Place Saint-Louis, à côté de la fontaine, on a construit un bûcher de paille de canne sèche ; on a entravé les Noirs avec des colliers de fer à trois pieux disposés en triangle, dos à dos, à la vue de la foule. Le feu a été allumé au centre. Il a vite atteint les deux condamnés qui étaient sous le vent. Les corps exhalaient des bouffées de fumée, la peau éclatait ; la graisse, dégoulinant par-dessus la peau, nourrissait les flammes. Leurs bras et leurs jambes se tordaient et, après des cris épouvantables, leur bouche a rendu des flots de mousse, pendant que des gémissements caverneux explosaient de leur poitrine — et tout était fini… »

— Le 6 avril 1802, Rochambeau écrit à un subordonné : « Je vous envoie un détachement de cent cinquante hommes du Cap, accompa­gnés par vingt-huit chiens bouledogues.  Ce renfort doit vous permettre d’achever les opérations. Je n’ai pas besoin de vous rappe­ler qu’aucune ration ni autorisation de ration n’est permise pour les chiens. Vous leur donnerez les Noirs à manger. » On attache des prisonniers nus à des poteaux devant les niches. Les chiens refusent de les manger.

Etc.

(…) En 1789, la colonie de Saint-Domingue comptait au moins 700 000 esclaves et mulâtres. Au recensement de 1824, le premier effectué, il ne reste plus que 351 819 personnes. Le plan de Bonaparte a éliminé près de 350 000 Haïtiens.

 

NAPOLEON et LES TZIGANES

Vermeil Jean, Les Bruits du silence, L’autre histoire de France, éd. du Félin, 1993

 

(p.165)

 « Séparez les familles ! »

Le général Boniface-Louis-André de Castellane s’installe à la préfecture des Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques) en 1802. Il écoute les doléances de ses administrés. Le sénateur Henri Fargues, ancien maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, ancien député au Conseil des Cinq-Cents, ancien député au Conseil des Anciens, se plaint. Les membres du corps législatif, les conseillers d’arrondissement, les commissaires près les tribunaux des arrondissements de Mauléon et de Bayonne se plaignent. Le brigandage sévit dans le département. Ils désignent les responsables : les Bohémiens. Sans rien prouver, mais le préfet sait qu’attirer le soupçon est un trouble suffisant à la tranquillité publique. Le nouveau code civil de l’ordre bientôt napoléonien ne punit certes que les actes, et pas les intentions ni les soupçons. Mais il ne s’applique peut-être pas aux Bohémiens. Le préfet Castellane écrit au ministre de la Police générale : « Leur existence sert de prétexte pour encourager ceux qui ont des dispositions au crime, dans l’espoir que tout sera rejeté sur eux » (28 thermidor an X, 16 août 1802). Il propose une solution : « II serait digne de la sagesse du gouvernement d’envoyer cette caste nomade dans une colonie où elle serait forcée de pourvoir par son travail à sa subsistance […]. C’est au sénateur Henri Fargues que je dois la première idée de cette mesure. »

Le préfet Castellane obtient l’accord verbal du ministre. Il prend ses dispositions, obtient des crédits sur les fonds secrets « pour solder des espions et séduire même quelques chefs ». Il fait établir des listes de Bohémiens dans les arrondissements de Bayonne et de Mauléon et prépare des lieux de détention. Il délègue dans chaque canton des « commissaires à l’effet de procéder aux arrestations ». Castellane s’entoure de la gendarmerie et des autorités militaires. La troupe barre la frontière espagnole, camouflée en garde d’honneur censée le saluer dans une tournée d’inspection. Le vice-roi de Navarre, qui réside à Pampelune, et le commandant du Guipuzcoa acceptent de « concourir à une mesure également réclamée par l’intérêt des deux nations amies ».

(…)

(p.166)

Les Tsiganes seront bien déportés. La police générale l’a décidé : « Cette population dangereuse sera jetée hors du territoire français et portée au-delà des mers. » Castellane suggère leur envoi en Louisiane, « celle des colonies françaises où leur présence serait la plus utile […]. La qualité des terres qu’on pourrait leur accorder dans cette immense possession, […] les défrichements auxquels ils (p.167) seraient forcés de se livrer /… : compenseraient avantageusement les frais de transport et les premières avances. »

 

(p.171) Plusieurs préfets admirent les méthodes de Castellane et l’imitent, comme ceux du Gers, des Landes, du Lot-et-Garonne. Les préfets des Pyrénées-Orientales et du Mont-Blanc réussissent à expulser les Bohémiens hors de l’Empire. Celui du Rhône envoie la gendarmerie contre eux en se justifiant ainsi : « La conduite de pareilles gens ne peut être qu’infiniment suspecte. » Le magistrat de la sûreté du Bas-Rhin écrit à la Police générale : « Je n’ai aucune dénonciation pour délit contre ces individus, mais leur position est telle qu’ils devaient être nécessairement tentés d’en commettre, si l’occasion s’en fut présentée… Ils ne peuvent être que dangereux. » II demande « si l’on continue encore à envoyer de pareils individus dans les colonies ». Le préfet de l’Ariège propose en vendémiaire an XVI (septembre-octobre 1805) la capture des gitans dans son département. La Police générale le désapprouve : « Cette latitude exprimée par votre ordre peut entraîner beaucoup d’actes arbitraires et des frais considé­rables. »

 

 

Ribbe Claude, Le crime de Napoléon, éd. Privé 2005

(p.200) En tant que premier dictateur raciste de l’histoire, Napoléon a sa part de responsabilité, non seulement pour tous les crimes coloniaux ultérieurement commis par la France, mais aussi pour tous ceux du nazisme qui s’est, à l’évidence, inspiré de l’Empereur comme d’un modèle.

(p.201) Au nom de ces héritiers de tous les martyres, res­tituer aux descendants des victimes de Napoléon la vérité qui leur revient, et qu’on leur refuse depuis deux siècles, c’est une manière de contribuer à en finir un jour avec le fléau du racisme dont Napoléon fut incontestablement, avec Hitler, l’un des plus ardents et des plus coupables propagateurs.

— S’il y a encore des marches en costumes du 1er Empire après ceci, elles risquent d’avoir des problèmes avec les médias et le monde politique local.

Acceptera-t-on encore des soldats en costumes proto-nazis pour accompagner des saints dans les communes avec l’autorisation de nos bourgmestres pour circuler dans les villes et villages ? Wait and see…

Evidemment, les marches en costumes belges ne sont pas concernées.

 

Napoléon vu par Claude Ribbe : « un criminel raciste », in : L’Histoire 61, 2005-2006, p.100-101

Selon l’historien Claude Ribbe, Napoléon est coupable à ses yeux de « l’extermination industrielle d’un peuple ». Dans son dernier livre, il le compare ainsi à Hitler.

Après le rétablissement de l’esclavage par la France en 1802, plus d’un million de personnes ont été vouées à la mort selon des critères ‘raciaux’ par Napoléon.

« Génocide perpétré en utilisant les gaz, citoyens mis en esclavage (250 000 Français, surtout antillais, guyanais et réunionnais), (…) escadrons de la mort, camps de triage (en Bretagne) et de concentration (sur l’île d’Elbe et en Corse), lois raciales (…). (p.100)

Il n’est pas étonnant qu’il ait servi de modèle à Mussolini qui a écrit une pièce à sa gloire ni surtout à Hitler qui vient de saluer le saluer d’un ‘Heil Napoléon’ aux Invalides le 28 juin 1940 », lors de sa visite à Paris.(…)

Napoléon a instauré une législation raciale qui annonce les lois de Nuremberg et qui interdisait aux Noirs et gens de couleur d’entrer sur le territoire français. Napoléon, par une circulaire honteuse du 8 janvier 1803, a interdit les mariages ‘entre un blanc et une négresse ou entre un nègre et une blanche’. Ambroise Régnier, le signataire de ce texte dicté par Napoléon, est au Panthéon.

 

 

Malheureusement, les zouaves ont participé activement et massivement à des massacres, notamment les « enfumades » : 

 

cf Benot Yves, Massacres coloniaux, 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises, La Découverte, 2001

Maspero François :

(p.VI) (…) en 1845, les massacres systématiques depopulations civiles en Algérie par les colonnes de Bugeaud connus sous le nom d’ ‘enfumades’ firent l’objet d’un débat public à la Chambre des Pairs; (…)

(p.VIII) (…) un corps expéditionnaire sans cesse renforcé, porté au fil des ans de 30000 à 120000 hommes (…) – on n’a jamais comptabilisé les pertes de la population algérienne, mais on estime que celle-ci est passée, entre 1830 et 1856 de trois millions d’habitants à deux millions trois cent mille. (…)

Toute la phase militaire de la colonisation – une phase qui n ‘est en fait jamais complètement close – repose sur une notion (p.IX) majeure : la négation de l’autre. Même si les hommes qui débarquent à Sidi Ferruch ne se sentent pas investis d’une mission civilisatrice particulière, ils arrivent imbus de cette certitude innée, spécifiquement française : ils incarnent la civilisation,

puisqu’ils sont français. C’est simple et fruste. En conséquence, quiconque tire sur eux attente à la civilisation. Leur ennemi n ‘est donc pas seulement un ennemi classique, c’est un sauvage. Et surtout quand, une fois vaincue la défense désespérée et inatfendue des troupes du bey, ce sont des populations entières mobilisées qui résistent pour défendre leur terre et se vengent de façon atroce sur les envahisseurs qu’ils capturent : ces gens-là n’ont même pas d’État, de gouvernement, enfin tout ce qui fait d’un peuple qu’il existe en tant que tel, et ils continuent pourtant à s’accrocher sur ce sol en prétendant qu’il est leur. Terrorisés, les conquérants répondent par la terreur. Une terreur plus grande encore que celle de l’adversaire, puisqu’elle a les moyens d’une armée moderne.

Il est significatif que les officiers vétérans des campagnes napoléoniennes à l’oeuvre en Algérie évoquent tous, obsessionnellement, la guerre d’Espagne. La seule leçon qu’ils en ont retenue est que, cette fois, ils ne doivent pas céder : les massacres auxquels se sont livrées les armées de 1’empereur n ‘ont pas suffi à assurer la victoire ? Cela prouve seulement qu’ils ne furent pas menés avec assez de sévérité. En 1832, quand Savary, duc de Rovigo, fait massacrer en représailles d’un vol la totalité de la tribu des Ouffas, il ordonne. « Des têtes… Apportez des fêtes, bouchez les conduites d’eau crevées avec la tête du premier Bédouin que vous rencontrerez. » Dix ans plus tard, quand Bugeaud décide d’appliquer la stratégie de la razzia, de brûler les villages et de réduire par la famine les populations de la région du Chélif, il donne pour consigne à ses hommes liges – Cavaignac, Saint-Arnaud, Canrobert, Pélissier – . « Enfumez-les comme des renards.  » Et quand Pélissier revient, mission accomplie, de son enfumade de la grotte du Dahra où sont morts plus d’un millier d’hommes, de femmes et d’enfants, il a ce mot, pour répondre à quelques bonnes consciences inquiètes : « La peau d’un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. »

 

(p.33) Mais, en Algérie, racisme et tortures se donnaient libre cours juste en ces jours de délivrance en France. En Algérie, on peut tout se permettre contre les « Arabes », qui tiennent lieu de Juifs. Contre eux, on lance d’autres troupes coloniales, les tirailleurs dits sénégalais – ce terme désignant toutes les troupes recrutées au sud du Sahara, sauf Madagascar, quel que soit leur pays d’origine. Méthode qui se répétera constamment, de Madagascar au Vietnam et jusqu’à la guerre d’Algérie. Mais il n’est pas (p.34) jusqu’aux mots employés qui résonnent de manière sinistre à cette date : les civils français armés à Guelma et Sétif ne sont pas gênés de s’intituler « milices » à l’heure où ce mot désigne en France les supplétifs des nazis .

 

Colonel Fairlam (USA) (lors d’une conférence à Bastogne, 1994)

“Bastogne est aux Américains ce que Waterloo est aux Britanniques.”

 

Et les Belges dans tout cela ? Ils étaient heureux d’être libérés la première fois des Français, la deuxième fois des Allemands.

 

Christian Bazin (7506 Paris), Sa gloire a coûté cher à la France, Le Figaro 11/12/2003

La gloire de Napoléon a coûté trop cher, beaucoup trop cher à la France pour que l’on pense à gar­der son sang-froid. La responsabi­lité des années 1789 à 1815, dont celles du Consulat et de l’Empire, dans le déclin de la France à partir du XIXe siècle est certaine. Pre­mière puissance européenne, voire mondiale, au XVIIIe siècle, la France passe derrière l’Angleterre, pre­mière puissance du XIXe siècle. Elle paie ce recul par 2 millions de morts des guerres de la Révolution et surtout de l’Empire, sur une population de 27 millions, propor­tion beaucoup plus forte que la sai­gnée de 14/18. Elle le paie par sa stagnation économique, indivi­duelle et financière en face de la croissance rapide de sa rivale. Pour­quoi célébrer tant de victoires fameuses dans toute l’Europe quand, hélas, Trafalgar et Waterloo en annulent le résultat . 

 

Bernard Roseau (92200 Neuilly-sur-Seine), La ferveur napoléonienne vient du peuple, Le Figaro 11/12/2003

  « Napoléon n’est pas ma tasse de thé. » C’est par cette sentence définitive que Mgr Lustiger a justi­fié sa décision de ne pas accueillir à Notre-Dame la messe du bicen­tenaire du sacre de l’Empereur et de la reléguer en l’église de la Madeleine. L’archevêque de Paris aurait pu se souvenir que Bona­parte avait rétabli la paix religieuse.Le Sénat, lui non plus, pas fait preuve de reconnaissance exces­sive, le 18 mai, jour anniversaire du sénatus-consulte qui faisait de Napoléon l’empereur des Fran­çais : la pose d’une plaque com­mémorative avait été refusée, et le président du Sénat brillait par son absence. Le président de la Répu­blique n’a pas fait mieux en igno­rant les manifestations du bicente­naire du camp de Boulogne, début juillet, ou de la remise des croix de la Légion d’honneur du 16 août 1804 sur le même site. Finalement, ce sont des milliers d’anonymes ou ceux qui reconstituent des batailles qui font le plus preuve de ferveur napoléonienne. Cette répugnance des autorités civiles et religieuses à reconnaître, en 2004, l’œuvre civile de Napoléon nous ramène à cette phrase du prince de]oinville, rapportée par Victor Hugo, dans Choses vues. Ce fils du roi Louis­-Philippe, qui avait dirigé l’expédi­tion navale du retour des cendres, fit ce constat sans concession après les cérémonies du 15 décembre 1804 : « Dans cette affaire, tout ce qui vient du peuple est grand, tout ce qui vient du gouverne­ment est petit.»

 

Roger Courbe, Un dictateur sanguinaire, Le Figaro 11/12/2003

 

Comment osez-vous magnifier Napoléon, ce dictateur sanguinaire, alors que tous les efforts d’aujour­d’hui visent à combattre ce genre de personnage? Votre chauvinisme dépasse toutes les limites du rai­sonnable et frise l’indécence.

 

Ronano, Napoléon, despote éclairé et droit divin, in: Newsgroups: fr.soc.histoire,fr.soc.histoire.moderne, 27/12/2005

 

 Philippe Ramona avait prétendu:
> Ne pas célébrer Austerlitz, c’est juger un événement historique (la victoire militaire de l’armée française sur les armées russes et autrichiennes dans un contexte de lutte européenne entre les monarchies de droit divin et un Empire qui reste d’inspiration démocratique) en fonction d’un autre événement qui n’a aucun rapport avec celui là (le rétablissement de
l’esclavage par Napoléon dans les colonies restées françaises).

Tout faux.

L’Empire d' »inspiration démocratique », c’est quand même assez fort…Une façon pernicieuse de dire qu’il s’agissait d’un régime antidémocratique, et qui avait succédé à un régime relativement démocratique, en le renversant. A la limite, le régime de Vichy serait
davantage « d’inspiration démocratique », dans la mesure où c’est bien l’Assemblée nationale qui a voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain en 1940.

 

Ensuite, la lutte de Napoléon était loin, très loin de l’opposer à des « monarchies de droit divin ». Passons sur l’amalgame entre empires et monarchies et venons-en au  « droit divin »: c’était justement une notion déjà rejetée par les « despotes éclairés » une ou deux générations
précédant Napoléon:  Frédéric II en Prusse, Marie-Thérèse et Joseph II en Autriche, Catherine II de Russie… Dans ces états, le droit divin est rejeté au profit de la revendication d’exercer un pouvoir selon un  « contrat social », un ensemble de droits et de devoirs envers le peuple.

Cela n’empêche en rien ces régimes d’être autoritaires, inégalitaires et proches des clergés, mais l’autorité n’est pas exercée au nom de Dieu. Cela se traduit aussi par une certaine liberté de conscience: par exemple en Autriche, la tolérance religieuse vis-à-vis des confessions
minoritaires (Juifs, protestants) est reconnue en 1781; parallèlement, l’Eglise catholique est subordonnée à l’Etat.

Au contraire, Napoléon se fera sacrer empereur en 1804 en appelant le pape Pie VII dans la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris, à la manière des rois francs, qui prétendaient exercer l’autorité par délégation sur Terre de l’autorité divine.

Quant à la tolérance religieuse, Napoléon est également un profond réactionnaire. comme le rappelle cet extrait de l’excellent texte: « Napoléon, le mythe et la réalité » posté le 12/12/05 sur
fr.soc.histoire:

« Au nom de ses principes, la Révolution avait fait des français de confession israélite – pour la première fois dans la longue histoire de la diaspora juive en France – des citoyens à part entière. Napoléon, par les quatre décrets anti-juifs de 1808 les replace dans une situation de citoyens entièrement à part. Ces textes, rarement cités par les historiographes officiels, n’ont rien à envier à ceux de l’Etat Français de 1940. Professions interdites, recensement avec
établissement de listes, limitation drastique du droit à résidence et des lieux de culte, spoliations et expulsion de l’Empire français en cas de manquement : à part le port de l’étoile jaune, rien n’y manque. »

Les idolâtres de Napoléon, et qui prétendent en même temps se réclamer des principes démocratiques et laïques, font preuve encore de nos jours d’une consternante schizophrénie.

 

Napoléon rattrapé par la vérité historique, www.africamaat.com

 

Droite : Napoléon inconnu au bataillon –

Article de Liberation.

 

Villepin ne sera pas à la commémoration des 200 ans d’Austerlitz. L’Empereur n’a pas la cote. Par Antoine GUIRAL, in : Libération du : vendredi 02 décembre 2005

 

Napoléon incite le sommet de l’Etat à la prudence. Et la France, qui adore plus que tout autre pays commémorer sa grandeur passée, va presque mettre en sourdine aujourd’hui le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz qui vit, le 2 décembre 1805, les troupes de la Grande Armée mettre en déroute les forces de la coalition russe et autrichienne au terme d’un combat qui fit au moins 28 000 morts… et vénéré par tous les mordus de stratégie militaire.Jacques Chirac n’assistera pas à l’unique célébration, prévue ce soir place Vendôme à Paris. Plus surprenant, Dominique de Villepin, admirateur de l’Empereur et auteur d’un livre intitulé les Cent-Jours ou l’esprit de sacrifice (éd. Perrin), a, lui aussi, décliné l’invitation. Depuis son arrivée à Matignon, il s’échine à gommer son image de maréchal d’Empire exalté au service de la Chiraquie. Seule la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, participera à une discrète cérémonie, mais en République tchèque, près du lieu même de la bataille. Sur le même sujetSur fond de crise du « modèle français » et de tentative de glorification du passé colonial par une partie de la droite, le contexte politique intérieur ne se prête guère à la célébration d’un personnage aussi controversé que Napoléon. Si ses admirateurs se comptent toujours par millions à travers le monde, il est aussi l’objet, depuis près de deux siècles, de permanentes polémiques. Ces dernières semaines, son rôle dans le rétablissement de l’esclavage a été remis en avant par nombre d’associations d’outre-mer qui appellent à manifester demain à Paris « contre le révisionnisme historique et les commémorations officielles de Napoléon ». Dans un ouvrage au vitriol (le Crime de Napoléon, éd. Privé), le polémiste Claude Ribbe compare l’empereur à Hitler et l’accuse de « l’extermination industrielle » de dizaines de milliers d’hommes sur des critères raciaux.Vice-présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage, Françoise Vergès, qui enseigne à l’université de Londres, rappelle que « c’est Napoléon qui rétablit en 1802 l’esclavage et réactive le Code noir ». « Il envoie des troupes pour écraser la rébellion à Saint-Domingue et en Guadeloupe. Non pas qu’il défende un système économique basé sur l’exploitation des Noirs mais plutôt parce que, pour lui, l’ordre compte plus que tout. Dans son esprit, il n’est pas question d’égalité avec les Noirs et encore moins d’une République noire, souligne-t-elle. C’est lui qui fait arrêter et ramener en France le général noir Toussaint-Louverture qui mourra au Fort-de-Joux en Franche-Comté, en 1803. »Dans une sorte de consensus implicite, la classe politique française ­ qui compte pourtant dans tous les partis nombre d’admirateurs du « Petit Corse » ­ a senti qu’il valait mieux ne pas trop en faire à l’occasion de ce bicentenaire. Seul André Santini, député (UDF) des Hauts-de-Seine et proche de Nicolas Sarkozy, a pris sa plume, non sans malice, pour interpeller Villepin en jouant sur la fougue du Premier ministre : « Vous qui avez, et avec quel talent, exalté le génie de Napoléon pendant les Cent-Jours, […] vous qui, en héritier du général de Gaulle, célébrez à chaque occasion la grandeur de notre pays, pouvez-vous tolérer qu’aucune célébration officielle ne soit prévue » pour le bicentenaire d’Austerlitz ? Et de préciser à Libération qu’il voit là « un signe de la France qui tombe, oublie son passé » et se sent, lui, « fatigué d’entendre que la repentance doit maintenant s’appliquer à Napoléon ». Panache en berne, le grognard de Matignon ne lui a pas répondu. 

 

Massacre d’Albanais, de Turcs, d’Arabes

 

 

Masson Paul, Un triste épisode de la vieille cité palestinienne aujourd’hui incorporée à Israël, DH 04/08/2007

 

JAFFA Du passage de Napo­léon Bonaparte à Jaffa, on ne con­naît souvent que le tableau d’Antoi­ne-Jean Gros où on voit le . commandant en chef du corps ex­péditionnaire français visitant les pestiférés. Entouré d’officiers qui manifestent de l’inquiétude ou de l’horreur, impavide, il touche du doigt le bubon d’un pestiféré arabe. Cette peinture romantique montre ainsi le futur empereur manifestant courage, compassion et grandeur d’âme. Reprenant un geste du Christ, choisissant un malade d’une autre religion que la sienne, le pein­tre en fait un héros intemporel, di­gne de l’admiration de tous, indé­pendamment de leurs nationalités ou de leurs croyances.

La réalité, on s’en doute, fut moins édifiante. En février 1799, sous la pression anglaise, la Turquie avait déclaré la guerre à la France. Elle avait envoyé deux armées vers l’Egypte, une par la Syrie et l’autre par la mer vers Alexandrie. Bona­parte quitta Le Caire pour remonter vers le nord à la rencontre de la pre­mière de ces armées. Le corps expé­ditionnaire français, fort de treize mille hommes, avait pour objectif Saint-Jean d’Acre. Le 20 février, il prit sans difficulté El Arich tenu par des Albanais et des Mameluks, non sans massacrer plusieurs centaines de combattants.

 

Après s’être ensuite emparé sans difficulté de Gaza, Bonaparte arriva devant une petite cité endormie sur ses falaises de grès, au bord de la mer. C’était Jaffa, l’une des plus an­ciennes cités du monde, Jaffa-la-Belle disait-on jadis. La ville résista pendant trois jours avec un tel acharnement que les vainqueurs, saisis par une folie aveugle, voulurent tout massacrer et détruire, mal­gré les consignes de Bonaparte qui refusait de voir cette victoire débou­cher sur un carnage. Deux mille dé­fenseurs furent cependant tués pen­dant les combats, les portes de harems forcées et les femmes vio­lées. Les derniers résistants trouvè­rent refuge dans un caravansérail. Sur la promesse d’avoir la vie sauve s’ils se rendaient, ils mirent bas les ar­mes.

 

Le massacre

 

Bonaparte, en les voyant défiler, se demanda ce qu’il allait en faire. Déjà les captifs pris à El Arich avaient promis de ne plus se battre contre lui et de se retirer sur Bagdad. Or, voici qu’ils se retrouvaient pour la plupart sur les murailles de Jaffa. Ils avaient manqué à leur parole; ils de­vaient mourir. Libérer les rescapés de Jaffa, c’était s’exposer à ce qu’ils reprennent les armes, comme après El Arich. Contre l’avis de ses officiers, dont Berthier, Bonaparte décida donc de les exécuter.

 

Dans un roman sur la vie de Napoléon, Michel Peyramaure décrit avec force détails cette opération* : « Les exécutions eurent lieu en bordure de mer, au milieu de dunes, de rochers et de mares d’eau saumâtre. Divisés en groupes, les prisonniers, parmi les­quels des vieillards qui rassemblaient autour d’eux les condamnés pour les dernières prières et les ablutions, se présentaient sans crainte et sans fai­blesse devan t les pelotons d’où partait un feu d’enfer. Le massacre dura des heures. Lorsque les soldats man­quaient de munitions, ils opéraient à la baïonnette et à l’arme blanche, frappant au hasard, à tour de bras pour en finir au plus vite, dégageant des monticules de victimes des blessés qui gémissaient sous les cadavres et qu’ils achevaient. On rappelait, en leur promettant la vie sauve, certains cap­tifs qui s’enfuyaient à la nage et, à peine avaient-ils rejoint la côte, on les égorgeait. »                          

             

Il n’en fut pas de même à Saint-Jean d’Acre, inexpugnable en raison des fortifications et de sa citadelle construite par les Croisés. (…) Les Français ne disposant pas de l’artillerie nécessaire, le siège piétina. Si bien que le 18 mai, après l’échec d’une huitième attaque contre la citadelle, Bona­parte annonça à son état-major sa décision de lever le siège pour aller barrer la route aux Turcs dans le Delta. Il abandonna là les blessés et les pestiférés dont certains demandèrent de l’opium pour abréger leurs souffrances. Lorsqu’elle arriva à Jaffa, l’armée qui avait débarqué en Egypte moins d’un an auparavant était réduite de moitié.

 

*Napoléon, chronique romanesque. Michel Peyramaure. Robert Laffont.

 

Un petit air de Saint-Paul-de-Vence…

 

(…) Visiblement, Jaffa n’a pas un un très bon souvenir du passage du futur empereur des Français. Dans la légende qui complète la gravure le concernant, on peut même lire que « deux ans après son passage, la ville avait encore une odeur de ca­davre ».

Dans le bas de la ville, près du port, le lazaret où il avait rendu vi­site aux pestiférés français est de­venu un couvent arménien, ac­tuellement en restauration. Aucune allusion à sa visite n’y fi­gure. Ainsi, Les Pestiférés de Jaffa peint en 1804, tout comme Bona­parte au Pont d’Arcole (1796) ou Le champ de bataille d’Eylau (1808) n’était-il qu’une œuvre de propa­gande et le peintre Gros un chan­tre de l’épopée napoléonienne dont Jaffa n’a plus qu’un vague et mauvais souvenir.                

 

Pierre Thomasset, in : LB, 01/03/2007

Je comprends de mieux en mieux que l’expression « se prendre pour Napoléon » soit synonyme d’esprit dérangé.

 

Sur ordre de ce malade de Napoléon, les archives vaticanes furent classées par les archivistes français à Paris, pendant quatre ans. Une partie fut détruite, brûlée, perdue ou mélangée. (…)

Voici un extrait d’une information à ce sujet, que vous pourrez facilement retrouver sur Internet.

« En février 1810, Napoléon émit un édit d’occupation des archives papales; … Divers convois, composés d’énormes chariots … quittèrent Rome pour Paris … des expéditions analogues furent réalisées par la suite. A Paris, les … archives papales … devaient intégrer le projet des Archives Centrales de l’Empire, …
Après la chute de l’Empire … (11 avril 1814), le roi Louis XVIII, … décida de restituer au pape les archives vaticanes, et la pape envoya à Paris … Mgr Gaetano Marini (Préfet des Archives Vaticanes), son neveu Mgr Marino Marini (coadjuteur …aux Archives Vaticanes),… les opérations s’arrêtèrent brutalement lors de la parenthèse … des Cent Jours (26 février-22 juin 1815); pendant cette période, on suspendit les mesures de restitution … les documents subissaient de graves dommages et violations.
L’épopée napoléonienne définitivement passée, Pie VII, le 12 août 1815, donna l’ordre à Marino Marini … de reprendre la préparation de l’expédition des archives … Marini reprit …ce travail le 3 septembre 1815, et … en octobre suivant, les premiers convois pouvaient partir, … Dans ces voyages de retour …, se reproduisirent les dommages encourus à l’aller, en particulier la perte de chariots entiers …
Le 23 décembre 1815, Mgr Marini rentrait à Rome et pouvait remettre au pape la première partie de la documentation soustraite par Napoléon. C’est à ce moment qu’il fut demandé au comte Ginnasi … de récupérer la partie des Archives Vaticanes encore sur le sol français, et de la réexpédier à Rome. … le cardinal … Ercole Consalvi, décida que les «papiers inutiles, qui peuvent être jetés aux flammes» seraient ainsi détruits sur place. Le comte Ginnasi s’exécuta si bien que lorsqu’il revint à Rome, il avait brûlé des centaines (sinon des milliers) d’unités, tandis que d’autres milliers avaient été vendues comme papier à des charcutiers parisiens, si bien que beaucoup de séries d’archives vaticanes furent mutilées et d’autres disparurent pour toujours. Entre juillet 1816 et mars 1817, on envoya à Rome plusieurs convois, et le matériel Vatican retrouva progressivement son siège (avec les pertes mentionnées) les années suivantes.

Le désordre avec lequel furent préparées les caisses … fut tel qu’à leur arrivée au Vatican, plusieurs séries des différentes archives de la Curie furent confondues avec d’autres … Avec le temps … quelques séries, au moins virtuellement (sur les inventaires) furent recomposées. Cependant, le corpus des Archives Vaticanes porte encore les blessures du funeste transfert à Paris. »

 

0.1 En Europe et ailleurs : à propos du culte napoléonien et de ses liens avec l’extrême-droite 

0.1.1 Présentation

0.1.1.1 Culte napoléonien et extrême-droite 

 

 

1 Claude Ribbe, Le crime de Napoléon, éd. Privé 2005

 

La fascination des fascistes pour le dictateur fran­çais n’est pas nouvelle. Il est temps d’avertir ceux qui, pour les grandes occasions, aiment à s’affubler du bonnet de grognard, qu’il va leur falloir à présent assumer leurs inavouables prédécesseurs. Car les deux plus grands admirateurs de Napoléon furent Adolf Hitler et Benito Mussolini, dont personne ne saurait

 

 

2 Annie Jourdan, Mythes et légendes de Napoléon, éd. Privat, 2004

 

(p.29) Le sacre du 2 décembre 1804 eut pour effet immédiat de rallier la plupart des prêtres à l’Empire. Mais celui-ci n’en fut pas pour autant une « monarchie chrétienne », dans le sens strict du mot, en ce sens que Napoléon n’eut de cesse d’invoquer sa légitimité divine pour imposer à Rome et au clergé catholique sa politique. En témoignent plus parti­culièrement la création du Catéchisme impérial et la fête de la Saint-Napoléon de 1806, qui visent à déifier de son vivant le nouvel Empereur. Si l’on en croit l’étude de Latreille sur le sujet, la curie, qui les examine quelque temps après leur élaboration mais trop tard pour les empêcher d’être diffusées en France, juge les deux créations trop poli­tiques et irrespectueuses de la religion. Dans le Catéchisme, Napoléon avait ajouté de sa griffe qu’il fallait le considérer comme « l’image de Dieu et le dépositaire de sa puissance sur terre ». Mais outre cette prétention à poser l’Empereur en représentant de Dieu, le Catéchisme, qui devait être imposé à l’ensemble du clergé de l’Empire, aurait été destructeur de l’autorité religieuse, propagateur d’un « dangereux » esprit de tolérance et aurait exalté par trop la puissance civile. C’était là bien évidemment son intention. Portalis le confirme quand, en mai 1807, il écrit à Napoléon:« Tout est calme, tous les évêques français ne sont occupés qu’à remplir les vues supérieures de Votre Majesté en facilitant de toute l’influence de leur ministère les opérations politiques de la conscription. » la leçon VII, en effet, prônait les devoirs des sujets dans l’ordre temporel, au nom de la volonté divine: « C. – Pourquoi sommes-nous tenus de tous ces devoirs envers notre empereur? « R. – C’est, premièrement, parce que Dieu qui crée les empires et les distri­bue selon sa volonté, en comblant notre Empereur de dons, soit dans la paix, soit dans la guerre, l’a établi notre souverain, l’a rendu le ministre de sa puis­sance et son image sur la terre. Honorer et servir notre Empereur est donc honorer et servir Dieu même. Secondement, parce que Notre Seigneur Jésus­Christ, tant par sa doctrine que par ses exemples, nous a enseigné lui-même ce que nous devons à notre souverain 6 […] » 

 

6 André Latreille, Le Catéchisme impérial, Paris, Les Belles Lettres, 1935. Sur Portalis, voir p. 174. Sur le Catéchisme, voir pp. 80-81.

 

(p.123) L’extrême droite royaliste et Napoléon

 

« Seulement les coups d’État royaux ont assuré l’ordre pour un bon bout de temps, ce qui a permis bien des choses. Des coups d’État bonapartistes, le dernier, en 1851, n’a rien fondé ; on est revenu, en dix ans, au vomissement parlementaire ; et, pour celui de 1799, c’est une question de savoir si sa durée n’a point causé plus de calamités qu’il n’avait rendu de services initiaux. On va voir que tout reste discuté, balancé, hormis un point: Napoléon fut un très grand général. » Charles Maurras, Jeanne d’Arc, Louis XlV, Napoléon, in Œuvres capitales, Il, Paris, 1954. (p.123) Jacques Godechot, grand spécialiste de l’histoire de la Révolution française, aborde le sujet sous un autre angle. Il passe en revue les diverses fonctions exercées par Napoléon avant de conclure sur les erreurs commi­ses en chaque domaine. Génie militaire, Napoléon? Certes, mais un génie incomplet qui ne sut innover en matière de stratégies et de techni­ques militaires. Grand politique? Sans doute, mais il fit l’erreur de vouloir rallier l’aristocratie, au lieu de rester au centre gauche; de même, il conclut le Concordat sans parvenir à séduire pour autant le clergé réfractaire. En économie, même reproche. Napoléon n’a rien compris de l’immense révolution qui s’accomplissait dans les domaines industriel et commercial. Du point de vue social, il n’a pas non plus prévu la for­mation du prolétariat ouvrier, ni la naissance d’une société industrielle. C’était là, il est vrai, beaucoup lui demander, d’autant que la France des années 1800 n’était pas à l’avant-garde dans ces domaines. Plus encore que ses prédécesseurs universitaires, Godechot perçoit en Napoléon un homme du passé et dénonce l’imperfection de son génie, en vue d’anéantir une mythologie.  (p.128) 

 

 

Le pourfendeur de la liberté

 

« Les armées de la République firent la guerre aux rois! Napoléon la fit aux peuples! Elles fondèrent des gouvernements populaires en Hollande, en Suisse et dans toute l’Italie; Napoléon établit par­tout des rois avec un pouvoir entièrement semblable à celui qu’il exerçait. Après la paix d’Amiens, il avait rétabli l’esclavage à la Guadeloupe, à Cayenne, et tenté, par une expédition considé­rable, de remettre les nègres de Saint-Domingue dans la servitude. La souveraineté sans contrôle, atteignant tout, à laquelle rien, ni personne ni chose, ne peut échapper, telle que Napoléon l’avait organisée, ne pouvait tolérer nulle part un vestige de liberté; aussi ce fut un dessein bien arrêté et constamment suivi par l’Empereur d’anéantir la liberté partout où il pourrait l’atteindre, sous quelque forme qu’elle se présentât à ses yeux. » Flora Tristan, Promenades dans Londres (1842), Paris, Indigo & Côté-femmes Éditions, 2001. Dictature, certes; despotisme également. La nature précise de ce pouvoir importe sans doute moins que ses effets, sauf à vouloir y discer­ner le lien qui relie Révolution et Empire. Qualifier le Consulat de dictature militaire implique une rupture réelle entre les deux périodes et en récuse en somme la nécessité; ç’aurait été le choix personnel de Bonaparte et, à ce titre, il aurait constitué une régression par rapport à la Révolution. Qualifier au contraire le régime de dictature de salut public revient à souligner la continuité entre Révolution et Consulat, à imputer aux circonstances tragiques la dictature et à absoudre Napoléon, qui devait la (p.129) mettre en œuvre sous peine de ne pouvoir sauver la France issue de 1789. Insister enfin sur le despotisme éclairé de 1799-1814 relativise la nouveauté des réalisations entreprises par Bonaparte, qui aurait poursuivi la nouveauté des réalisations entreprises par Bonaparte, qu aurait poursuivi la tâche de rationalisation que n’avait pu mener à bien l’Ancien Régime. C’est en somme là l’interprétation de Louis Bergeron, qui n’oublie pas de souligner à juste titre le caractère policier du régime, avant de conclure sur la nouveauté du type de pouvoir introduit par Bonaparte : un alliage de démocratie passive et d’autorité. Inutile de dire que chez ces historiens universitaires, la mythologie cède le pas devant l’histoire critique. Napoléon n’est plus un sujet de haine ou d’admiration, mais un objet d’étude.  (p.130) Cette obsession de grandeur et de gloire /de la France /est récurrente depuis l’Empire et remonte à plus loin encore. Elle relie Louis XIV à de Gaulle, en passant par la Révolution, Napoléon Ier, Napoléon III, voire Pétain. Autrefois monarchique, révolutionnaire, impériale, la grandeur nationale est captée progressivement par les courants de droite, en ce qu’elle implique ordre, puissance, autorité, honneur, nationalisme. Elle fait bon marché des libertés, de l’égalité et de la fraternité entre les peuples. Car la grandeur de la France se fait – s’est faite – nécessairement au détriment de ses voisins. Elle privilégie un seul peuple, les Français, et a donc des accents nationalistes. Ce n’est pas pour déplaire à la droite de l’entre­-deux-guerres. Louis Madelin s’en réjouit et pardonne à Napoléon une ambition tout entière tournée vers la gloire de la France. Peu importe les désastres et les horreurs du règne. Ils sont à la mesure du génie napoléo­nien. Au nom de la patrie et de sa grandeur, le nationalisme conservateur ressuscite dans un même élan Jeanne d’Arc et Napoléon. Si tous n’ap­plaudissent pas unanimement aux conquêtes, ils s’extasient devant le génie multiforme du Héros, quitte à adopter la harpe ossianique ou la lyre homérique. Bainville va plus loin encore, il ressuscite en faveur de l’homme extraordinaire le mythe solaire. Avec la montée des fascismes, la démocratie est de plus en plus critiquée, d’autant qu’en 1936, la République parlementaire entreprend des réformes sociales d’envergure et qu’elle est dirigée par Léon Blum, qui concentre sur lui les haines racistes les plus odieuses. Non seulement aux ordres de la « finance juive internationale », membre de l’Inter­nationale maçonnique, Blum participerait du complot universel contre la France. Pis. Il ne serait ni socialiste ni français:« C’est un trait curieux de ce chef de l’Internationale ouvrière qu’il semble craindre les contacts avec la terre: il n’a jamais frémi en sentant monter à ses narines l’odeur du sillon ouvert par le fer de la charrue; il est étranger à tout ce qui est sève, humus, sources entre les mousses, sentiers entre les haies, [H’] glèbe, argile, terre grasse, terre de bonne amitié. Ah! Ce n’est pas un homme de chez nous. » (M. Bedel, cité par P. Birnbaum) (p.131) Les nationalistes français avaient une imagination déferlante, amplifiée par les sciences nouvelles – géographie des races chez André Siegfried, anthropologie ethnoraciale de Georges Montandon, pour ne citer qu’eux. Mais le champion en la matière était sans nul doute l’au­teur de Bagatelles pour un massacre, qui aurait volontiers échangé le président du Conseil contre le dictateur nouveau: « Portant les choses à tout extrême, pas l’habitude de biaiser, je le dis tout franc, comme je le pense, je préférerais douze Hitler plutôt qu’un Blum omnipotent. Hitler, encore, je pourrais le comprendre, tandis que Blum, c’est inutile, ça sera toujours le pire ennemi, la haine à mort, absolue. Lui et toute sa clique d’Abyssins, dans la même brouette, ses girons, son Consistoire… Les Boches au moins, c’est des Blancs… S’il faut des veaux dans l’aventure, qu’on saigne les Juifs! C’est mon avis… » (L.-F. Céline, cité par P. Birnbaum) 

 

Malgré leurs attaques contre le ver corrupteur que serait l’étran­ger, les pourfendeurs du Front populaire et les zélateurs de l’antisémitisme n’en continuent pas moins curieusement de célébrer le Héros corse – contrairement aux républicains du XIXe siècle, qui imputaient à l’« instinct de race» l’impérialisme napoléonien. Le nationalisme exclusif de cette extrême droite inclut Napoléon dans l’histoire de France et chante l’antique race insulaire: « race obstinée, aux mœurs pures, au regard pathétique, lignée altière et sauvage» (J. Bainville). Dans cette belle origine se retrouverait ce qui fait défaut en France: la pureté, l’énergie, la virilité perdues depuis l’entrée dans la Ille République. Ces démonstrations n’ont pas pour dessein de trans­former Napoléon en un dieu de la Guerre. Bien au contraire. L’Empereur se serait battu pour la paix et les frontières naturelles que lui refusait l’Europe – notamment l’Angleterre. Car la haine de la République va de pair avec une anglophobie, déjà perceptible sous la Restauration, entre autres chez Hugo ou chez Béranger, mais pour d’autres raisons – évi­dentes: le calvaire de Sainte-Hélène. Désormais, les invectives contre la perfide Albion sont fréquentes pour incriminer l’égoïsme d’une puis­sance capitaliste et protestante, dont le mercantilisme serait responsable de la tragédie impériale. (p.132)  Le culte de la force et de la grandeur débouche en 1940 sur la nomination au pouvoir du maréchal Pétain, suivie bientôt de la disso­lution de l’Assemblée. Pétain est perçu à son tour comme le Sauveur qui rendra gloire et honneur à une France humiliée par la défaite. C’est l’époque où paraissent de nouveaux ouvrages pronapoléoniens: presque tous dédiés au Maréchal. Reviennent alors sur le devant de la scène les vertus qui avaient fait les beaux jours de l’Empire: honneur, famille, patrie. Pétain, moins enclin que Napoléon à adopter le rythme de son temps et à regarder en avant, y ajoutera le travail et le retour à la terre, les vertus morales et chrétiennes. Son héros par excellence ne sera donc pas le Grand Capitaine, héritier des Lumières, mais l’héroïque et pieuse bergère du XVe siècle: Jeanne d’Arc. Communistes et socialistes sont poursuivis, tout comme ceux qui constituaient l’équipe du Front populaire.

 

L’historiographie napo­léonienne devient plus que jamais nationaliste, racialiste, déterministe. On ressuscite les théories sur l’hérédité. On se réfère tant à Taine qu’à Claude Bernard. C’est ainsi que pour François Duhourcau, ancien combattant pétainiste, Napoléon serait grand parce qu’il est né d’une « énergique couveuse, singulière forcerie que cette maison sauvage et fière pour épanouir le germe de celui qui sera Bonaparte! » (sic 1). Et s’il agit de temps à autre de façon démesurée, c’est tout simplement parce qu’il possède un système nerveux pathologique, une cyclothy­mie qui le portera à des excès hyperesthésiques (sic!). Ce serait là la faille physiologique de cet « incomparable génie d’homme ». Mais c’est (p.133) dire que la destinée de Napoléon était tracée d’avance. En aucun cas il ne fut coupable d’ambition égoïste; il ne fit que suivre l’instinct qui le portait vers la conquête. Le mythe du Sauveur ou du Génie aurait pu s’en trouver rabougri! Si, d’une part, les références à l’Empereur contribuent implicitement à louer le Patriarche, le Père de l’État national qu’est devenue la République française, dans le camp adverse (la Résistance) elles peuvent tout aussi bien s’en prendre au vieillard de quatre-vingt-quatre ans, incapable de clore une paix satisfaisante ou de poursuivre le com­bat. Quel contraste entre le jeune Bonaparte et le Maréchal! Raison de plus pour qu’après guerre, Napoléon puisse à nouveau être invoqué pour redorer le blason de la France. Dans ce contexte, c’est bien sûr le glorieux héritier de la Révolution, le vainqueur de l’Égypte ou le conquérant de l’Allemagne que l’on glorifie – de Gaulle n’oublie pas de se référer à l’illustre expédition d’Égypte au moment où il organise en Afrique du Nord les Forces libres. Ces glissements (incessants) révè­lent combien les personnages historiques sont en mesure de consoler des traumatismes subis durant les guerres, mais trahissent aussi le besoin des temps de crise de se tourner vers des personnalités lointaines et qui échappent donc aux incertitudes du présent. Une fois encore est exorcisé le despotisme de l’empereur des Français au profit de sa gloire et de son génie. Les premiers sondages réalisés en 1948 dévoilent que Vichy n’a pas terni la popularité du conquérant héroïque – qui rede­vient l’idole compensatoire d’une France humiliée et l’étendard de la grandeur nationale meurtrie. (p.133) La victoire des Alliés en 1945 met fin aux mouvements d’ex­trême droite et aux éloges dithyrambiques de la force et de la violence. Un autre général entre en scène: Charles de Gaulle, dont la personna­lité haute en couleur évince des mémoires celle de l’indigne maréchal. De Gaulle, justement, cultive lui aussi une image de Napoléon. Mais c’est un Napoléon nuancé, devant lequel on est partagé entre le blâme et l’admiration: « Sa chute fut gigantesque, en proportion de sa gloire. Celle-ci et celle-là confondent la pensée. »

 

(p.135) Ce mythe – qui inclut aussi bien Napoléon et ses victoires que les guerres révolutionnaires et les conquêtes coloniales, elles-mêmes liées à la « mission» civilisatrice de la France – exorcise les catastrophes de l’histoire nationale, dissimule les fautes et les erreurs, apaise les blessures d’amour-propre, mais, comme tous les mythes, c’est une construction mensongère, fondée sur une illusion dangereuse, qui motive par de beaux principes des réalités sinistres, telles celles dénon­cées à partir des années 1960 à propos de la guerre d’Algérie. Militarisme et colonialisme se trouvent être deux réalités d’un même système mythologique qui visent la grandeur nationale, avec les dan­gers et excès afférents. Dans une Europe unie et pacifiée, elles sont vouées à s’estomper. La grandeur actuellement, c’est celle que confè­rent à la France les dieux du stade ou des Olympiades – ainsi que le démontrent les résultats des sondages récents. (p.157) La morale de l’histoire dans la France de Vichy, c’est avant tout celle que donne la Prusse du XVIIIe siècle, où l’art de raisonner est discrédité au pro­fit de l’action, de la discipline et du bon sens – auxquels l’on devrait en somme la supériorité militaire de l’Allemagne du XXe siècle. De ce point de vue, Napoléon peut demeurer dans le panthéon pétainiste. Mais il ne peut l’emporter sur Jeanne d’Arc, en ce qu’il est lui-même l’héritier des Lumières et le législateur rationnel d’une France centralisée à l’extrême. Et s’il a hissé très haut les drapeaux de la victoire et réconcilié pour un temps les Français, il n’a pas libéré la France, mais, à l’inverse, il est cause des deux invasions de 1814 et de 1815. (p.158) Une fois encore, il demeure le Sauveur, mais c’est un sauveur ambigu. 

 

(p.198) Mango Jeunesse a réalisé un CD de 11 chansons originales qui déclinent sur une musique rock les prouesses de la carrière de Napoléon, quitte à fustiger l’Angleterre et à discréditer la République : (…). Le CD constitue le supplément de Napoléon et son temps, manuel destiné aux jeunes – auxquels l’on ne saurait trop conseiller de prendre leurs distances envers le bonapartisme fort peu pédagogique des concepteurs. Une même méfiance est de rigueur à l’égard des sites qui se multiplient actuellement et dont certains sont à n’en pas douter entre les mains d’admirateurs fervents de Napoléon le Grand, l’homme providentiel. Qu’en est-il du nouveau site « Napoléon IV», qui se donne pour le premier parti politique virtuel et qui plaide en faveur d’un retour au bon sens? Aux internautes d’en juger: «Attention toutefois, Son Excel­lence est coluchienne, et il vaut mieux ne pas se formaliser de son humour parfois acide! » Reste à se demander si Coluche se serait retrouvé sous cette étiquette saugrenue. De la musique rock au film d’animation (Le Chien, le général et les oiseaux de Francis Nielsen), en passant par la bande dessinée (Napoléon et Bonaparte de Jean-Marc Rochette, chez Casterman), les enfants eux-mêmes sont invités à commémorer l’épopée. Difficile avec ça d’oublier l’Empereur!

 

(p.199) La pérennité du mythe napoléonien corrobore la nostal­gie du merveilleux, du surnaturel chez le plus grand nombre; dévoile l’aspiration régulière, sinon constante, à un monde où se succéderaient miracles et exploits; trahit la soif d’héroïsme de générations qui en sont privées et la nostalgie de grandeur d’hommes déçus par le nivellement démocratique ou le déclin des grandes idéologies; elle signale enfin les périodes de crise – puisque, à en croire Taine, « il faut de grands maux pour susciter de grands hommes ». N’en faut-il point pour les commé­morer? Si tel est bien le cas, la figure de Napoléon parlera longtemps encore aux hommes les plus divers, d’autant qu’elle abrite plusieurs mythes fondateurs: Prométhée, Phaeton, Messie ou Christ; mais aussi des mythes anciens et modernes: Alexandre, César, héros exemplaire, éner­gique et volontaire, visionnaire, sauveur, martyr; des mythes primitifs: éternel retour et âge d’or; sans oublier les mythes nationaux – unité nationale, gloire et grandeur – et les mythes nouveaux, nés des Lumières et de la Révolution – celui de l’homme qui doit tout à son mérite et à son génie, de l’homme qui s’est émancipé de Dieu et qui rivalise avec le divin. De l’apogée à la chute, Napoléon aura eu pour atout d’incarner les grands thèmes de la condition humaine (y compris ceux de la modernité). Ce qui pourrait expliquer sa renommée universelle et la durée du succès. 

 

 

 

3 Exemple de manifestation mensongère encore organisée :

 

un colloque où le côté négatif de la dictature de Napoléon sera passée sous silence :

 

« Sous-lieutenant », La Belgique sous la Révolution et l’Empire, 07/06/2007

Le samedi 6 octobre 2007 à l’hôtel de ville de Saint-Gilles, près Bruxelles, le Souvenir napoléonien organise un colloque scientifique intitulé « La Belgique sous la Révolution et l’Empire ».

Sujets abordés

De la Révolution à Napoléon ou les enjeux de la mémoire en Belgique, par Philippe Raxhon, professeur à l’université de Liège.
1793, les votes de rattachement à la France, par Jean-Marie Horemans, président du Centre d’histoire de la Thudinie.
– Du prince à l’Empereur, Liège sous le régime français, par Francis Balace professeur à l’université de Liège.
– Thérésia et Joséphine, par la princesse Elisabeth de Chimay.
– Napoléon et Ostende, les cinq séjours de Napoléon Bonaparte sur le littoral, par Jean-Jacques Pattyn, secrétaire général de la Société royale belge d’études napoléoniennes.
– La pacification religieuse, par Jean Stèvenaux, administrateur du Souvenir napoléonien.
– Le prix de Rome pour la musique et les musiciens protégés par l’Empereur, par Marie Cornaz, de la section musique de la Bibliothèque royale de Belgique.
– L’Empereur favorise la recherche scientifique: un Liégeois découvre le procédé de réduction d’un nouveau matériau, le zinc, par Louis Dussoulier, premier compagnon des Compagnons de l’Empire.
– Les soldats belges dans les armées impériales, par Patrick Maes, président de l’Association belge napoléonienne.
– La franc-maçonnerie en Belgique sous l’Empire, par Jacques Lemaire, professeur à l’université libre de Bruxelles.

Colloque ouvert à tous mais sur préinscription obligatoire auprès du secrétariat du Souvenir napoléonien à Paris: 01 45 22 37 32. (places limitées).

 

NB Quand aura-t-on un colloque semblable à propos des bienfaits de  l’Occupation nazie en Belgique ?

Waterloo: l'anti-Europe de Napoléon (Léon-Ernest Halkin) (ULg)

(Le Soir, 10/07/1990)

0.1.1.2 La montée de l’extrême-droite en Europe, due à l’ignorance de l’histoire ou l’envie d’en faire revivre les côtés lugubres…

Belgique

Une affiche provocatrice à la VRT

(LB, 26/11/2008)

Europe

34 % of Europeans heard little or nothing of the Holocaust

(The Economist, 24/08/2019)

Allemagne

Allemagne / Montée de l'extrême-droite

Espagne

Mingorrubio / El panteón de Franco,

(El País, 02/10/2019)

France

Hongrie

Italie

Des vestiges du fascisme actuellement en Italie

(in: L’Histoire, 94, 2022, p.127)

Etc.

0.1.1.3 Réactions dans le monde contre le mensonge historique, dont des vestiges de l’extrême-droite

Espagne

Chasse aux symboles franquistes en Espagne

(El País, 16/10/2011)

(Echo, 10/03/2015)

(TVE, 18/02/2020)

France

France / Négatonniste condamné

(AV, 26/11/2020)

Grande-Bretagne

Het standbeeld van Edward Colston, slavenhandelaar, verwijderd

(in: Knack, 16/12/2020, p.54)

Pays-Bas

Nederland / Tijd voor excuses voor slavernij

(De Morgen, 02/10/2020)

Tchéquie

Tchéquie / La statue du maréchal Koniev déboulonnée

(AV, 01/04/2020)

Etats-Unis

USA / James Mason's statue must go

(in: The Economist, 11/12/2021, p.38)

0.1.1.3 Réactions antinapoléoniennes dans le monde

Allemagne

Reconstitution d'une bataille victorieuse de l'armée prussienne contre celle de Napoléon à Berlin

(Büllows Truppen in Berlin / 1813, in: FAZ, 10/08/2006)

Autriche (et Italie)

Andreas Hofer, un héros tyrolien de la résistance au dictateur Napoléon

(VA, 23/02/2009)

(Die Zeit, 08/04/2009)

Espagne

L'insurrection madrilène contre l'envahisseur Napoléon

(Francisco de Goya, El Tres de mayo de 1808 en Madrid : exécutions et répression sanglante par l’armée de Napoléon)

Obelisco Dos de mayo (Madrid) : sybole de la rébellion madrilène pour l’indépendance du pays en 1808

Commémoration de la bataille de Bailén en 1818

Castaños volvió a ganar, El País, 08/10/2005

La ciudad de Bailén recréa la batalla de 1808 que marcó el principio del ocaso del Imperio de Napoléon

Unos 350 participantes, procedentes de toda Espana y de Rusia, Holanda, Francia, Reino Unido y Portugal, serán los encargados, hoy y mañana, de ofrecer un espectáculo que servira de calentamiento para la conmemoración en 2008 del bicentenario de la batalla de Bailén. « Nuestro objetivo es reconstruir en vivo y de forma rigurosa un hecho que convierte al amante de la historia en un actor de la misma y no solo en un pasivo espectador », subrayó Antonio Osende, présidente de la ANE, quien insistió en que detrás de lo que puede parecer algo « folclórico » se esconde « una larga investigación histórica », que incluye el adiestramiento en el manejo del armamento y el conocimiento de tácticas militares.

France

Black Lives Matter rejects any celebration of Napoleon

(The Economist, 06/03/2021)

Corsica / Corse - Le peuple corse préfère commémorer de Paoli au collabo Napoléon

(statue de de Paoli à l’Isola Rossa (Ile Rousse))

L.M., D’Elbe à Ajaccio, avec Napoléon pour guide, LB 09/08/1999

Sur l’île d’Elbe, une messe est dite à sa mémoire tous les 5 mai, à l’église de la Misericordia.  En Corse, les Corses « lui préfèrent Pascal Paoli, un oublié des livres (français) d’histoire, qui avait offert à la Corse ses quelques mois d’indépendance. » 

Martinique / La statue étêtée de l'impératrice Joséphine

(en souvenir de son insistance pour restaurer l’esclavage) (Luxemburger Wort, 25/02/2012)

Grande-Bretagne

Statue de l'amiral Nelson à Trafalgar Square (London / Londres)

L’amiral victorieux sur la flotte française lors de la bataille de Trafalgar

Haïti

Port-au-Prince / Statue du Nègre marron ou inconnu ou Neg Mawon

(en mémoire des 350.000 esclaves noirs exterminés sur ordre de Napoléon)

Italie

Les pillages sur ordre de Napoléon

(Cynthias Saltzman ed., Napoleon’s Plunder and the Theft of Veronese’s Feast, in: The Economist, 15/05/2021)

Russie

200e anniversaire de l'échec de l'invasion de la Russie par Napoléon et son armée

(AV, 13/08/2012)

(Cossacks on to Paris, in: International Herald Tribune, 13/08/2012)

0.2 En Belgique: mensonges à propos de Napoléon en dehors des marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse et réactions

0.2.1. Mensonges

L'Association Belge Napoléonienne, francolâtre, a pour but d'entretenir le mensonge autour du dictateur raciste Napoléon

(VA, années 1980)

L'Association franco-européenne de Waterloo, présidée par un francolâtre, Jean-Emile Humblet, fait installer à Charleroi un monument symbolisant le mensonge historique, un affront au peuple belge

(LS, 19/09/1997)

La Région "wallonne", un ensemble politique qui émane de francolâtres racistes, a lancé une route Napoléon

NB Tant qu’on y est, à quand une route Hitler ?

Ligny, où s'ébattent des francolâtres

(2015) / Dès lors, quand verra-t-on des néo-nazis organiser par exemple des festivités à Gembloux pour commémorer la victoire d’Hitler en mai 1940?

Beaumont 2015 - Fête francolâtre

Gedinne 2015 - Exposition francolâtre avec la présence d'un hurluberlu déguisé en Napoléon

(AV, 27/04/2015)

Fleurus 2015 - La commune organise des festivités mensongères

(AV, 13/05/2015)

Braine-l'Alleud 2017 - "Messe pour le repos (sic) de Napoléon"

NB Existe-t-il déjà des messes pour l’émule de Napoléon, Hitler?  (30/03/2017, s.r.)

Philippeville 2022 - fête francolâtre organisée par un francolâtre de l'Office du Tourisme

Binche 2022 - Fête francolâtre en l'honneur d'un collabo napoléonien, le général Boussart

0.2.2 Réactions

Anne Morelli (ULB), Non aux commémorations en l'honneur de Napoléon

« Par rapport à Marc Dutroux, petit artisan du crime, Napoléon est un proifessionnel international du crime. » (LB, 22/04/2021)

L'empereur imposteur (Xavier Zeegers)

(LB, 18/05/2021)

Napoléon n'est pas à honorer (Francis Hermal (Spontin))

(AV, 29/05/2021)

De la bataille de Waterloo à l'horreur du Donbass (Paul Schmitz (Ath))

(AV, 20/06/2022)

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