20e siècle

La vérité qui dérange sur mai 1940: pillages, tortures, assassinats de pauvres civils belges... par l'armée française; racisme anti-belge lors de l'exode en France

La vérité sur mai 1940 : ASSASSINATS, TORTURES, PILLAGES, … par l’armée française à l’encontre de pauvres civils belges

RACISME anti-belge lors de l’exode en France

PLAN

1 Analyses

1.1 Témoignages (10 mai 1940 et les jours suivant en Belgique)

1.2 Témoignages concernant l’exode en France

1.3 Analyses historiques 

2 Documents        

 

1

08/12/2013

Nom : caussin

Email : vincent.caussin@gmail.com

Message :

« Mes grands parents maternels ont tenus un café, situé sur l’ancienne place de balle pelote à Sommière. Il m’a souvent été raconté que, lorsque les soldats Français occupaient le village, de nombreux faits de vols, de détériorations d’incivismes furent commis! Les soldats Français « empruntaient » la vaisselle, le mobilier, les draps, les vêtements. Les gens du village se démenaient comme beau diable pour les récupérer. Lorsque les Allemands franchirent la Meuse, le café fut réquisitionné, et un groupe de soldats y logea. Que ne fut pas la surprise de voir ces soldats qui étaient censé être des ennemis, laver les locaux qu’ils occupaient, rapporter la vaisselle dont ils avaient eu besoins lavée, aider les gens qui étaient resté. Inutile de dire que le ressentit après guerre était très mitigé dans la population. Souvenons nous simplement et humblement de toutes ces vies perdues pour des causes aux quelles ont leurs avaient fait croire pour assouvir la soif de puissance de certains »

 

1

Roger Viroux, AU BANBWES, LI 14 DI MAÎY 1940, è l’ sicole / dans l’école (Bambois / Fosses-la-Ville)

 

 

C’est dans ce local, que, le mardi 14 mai 1940 au matin, les soldats français, voyant que les personnes qui étaient restées chez elles voyaient qu’ils détruisaient et volaient, les ont arrêtées et chassées devant eux.

 

Léon Aerts, qui avait épousé ma marraine de baptême, savait bien que maman et moi étions partis et il était allé faire un tour jusqu’à notre maison. Les Français y étaient et il est entré naturellement, comme quand il venait chez nous.

Il a vu alors qu’ ils avaient lacéré à coups de baïonnette les tableaux de mon père, mort avant la guerre. Ils devaient ensuite voler ses cahiers de dessin, de même que le poste de TSF de Fernand Biot, qu’il est allé rechercher à Fontaine-l’Evêque à vélo plus tard, car ils l’avaient abandonné dans un de leurs camions.            

 

Quand ils ont vu que Léon Aerts voyait leur vandalisme, ils l’ont arrêté. Ils l’ont chassé devant eux, sous la menace de leurs fusils à coups de poings, de pieds et de crosses de fusil. Ils ont arrêté et chassé aussi dans l’école Armand Michaux, Arthur Remy et une femme, Alice Lothe.

 

Ils les maltraitaient de Boches du Nord et d’espions et menaçaient de les fusiller.

Quand ils sont entrés dans la salle de classe, il y avait un homme assis sur une chaise avec le crâne et le visage pleins de sang, qui dégoulinait sur ses vêtements. Un soldat lui immobilisait un bras et un autre l’autre bras, pendant qu’un 3e le frappait sur la tête et au visage.

 

Ils ont alors demandé à Léon Aerts, s’il connaissait cet homme. Léon a répondu

du : « Oui, c’est Monsieur Halloy ! » Ils ont alors cessé de le frapper, mais tout en continuant à les menacer de les fusiller comme espions.

Puis un gradé est entré : « Onk avou on pêlon su s’ tièsse ! », description du képi dès gradés français  Il a fait libérer les otages sans rien reprocher à ses soldats. Les victimes ont pu sortir, mais n’ont pas été autorisées à passer par la Place pour retourner chez eux, mais par le pignon de la maison de l’institutrice et des pâtures allant vers le Batî. On a dit, qu’un peloton de carabiniers cyclistes de l’armée belge était arrivé sur la Place.

 

Comme Léon Aerts invitait le blessé à aller se laver à la pompe dans l’étable de son beau-père, François Viroux, il s’est aperçu que ce n’était pas l’ homme qu’il croyait : « Non, dji n’ so nin Maurice Halloy. Dji sé bin qu’ il è-st-èvôye.

Dji so s’ fré Gusse, di Biou. Dji so v’nu vôy à sès bièsses èt mès-n-omes m’ ont arèté èt dîre qui dj’ èsteûve on Boche do Nôrd èt on spiyon ! »

 

Sa chance a été d’être couvert de sang. Sans cela, Léon Aerts ne l’aurait pas pris pour  son frère et il était assassiné, comme Justin Migeot, d’Aisemont  èt Auguste Delongueil, de Lesves.

  

1

Charles Nollomont, Le Pays de La Roche par les textes, Coll. Histoire Collective & asbl Action-Animation-Tourisme, 1999

 

(p.109) Chasseurs Ardennais et incidents franco-belges en mai 40

 

(p.126)

Qu’advient-il entre-temps de nos garants français, enlisés depuis plus de huit mois dans la « drôle de guerre » ?

Le 10 mai, les premières unités françaises n’entrent en Belgique que vers 7 h 30. La responsabilité de ce retard est partagée par le Commandement français et le Gouvernement belge. Les 2e et 9e Armées françaises n’ont été alertées que vers 5 h 30 et l’appel de notre Ministère des Affaires étrangères n’est parvenu, qu’à 6 h 30, au Généralissime Gamelin qui a téléphoné aussitôt au général Georges d’appliquer le plan Dyle. 33 Du reste, quand les premières automitrailleuses françaises passent la frontière, plusieurs postes belges sont encore occupés à enlever les barrages, suite à un ordre qui leur a été transmis assez tard.

Mais dans les villages, l’enthousiasme est débordant, les Alliés sont ovationnés partout comme des sauveurs : vivats, petits drapeaux, embrassades féminines, verres d’alcool du grand-père. Les premiers arrivants appartiennent à des divisions légères de cavalerie et font partie de détachements de découverte composés d’automitrailleuses et de motocyclistes. Ils sont bientôt suivis par des détachements de sûreté éloignée formés par des dragons portés en véhicules à chenilles et à motocyclette. 34

La 9e Armée du général André Corap regroupe notamment les lère et 4e Divisions Légères de Cavalerie (lère et 4e DLC).

Cette armée a scindé le mouvement de sa cavalerie en 3 phases : une première arrêtant la cavalerie sur la Meuse, une deuxième comportant comme objectif final la rivière l’Homme et la route Jemelle-Marche-Somme-Leuze et une troisième portant la cavalerie sur l’Ourthe. Avance extrêmement prudente, on sent que le général Corap n’engage ses éléments légers en Ardenne qu’avec réticence. Il connaît en effet le plan belge de repli du groupement K jusqu’à la Meuse entre Huy et Liège.

 

32    Antoine de SAINT-EXUPÉRY, Pilote de Guerre, Le Livre de Poche, Gallimard, 1956, p. 110.

33    Le généralissime enjoint de la sorte au général commandant le théâtre des opérations du Nord-Est d’occuper la Ligne D (Dyle), position centrale de la Belgique, dénommée chez nous Ligne K.-W., du nom des localités de Koningshooikt (22 km au sud-est d’Anvers) et de Wavre.

34    Edmond de FABRIBECKERS, La campagne de l’armée belge en 1940, 2me édition, Rossel, Bruxelles-Paris, 1978, p. 162.

(p.127)

Au-delà de la Meuse, l’axe de marche de la 4e D.L. C. passe par Godinne vers Hampteau et celui de la lere D.L.C. par Dînant vers Rochefort-Laroche. Les découvertes franchissent les ponts de la Meuse à 14 h. à la 4e D.L. C. et à 13heuresàlalère D.L.C. 35

Les difficultés ne vont pas tarder à poindre :

Les détachements de découverte qui ont traversé le fleuve (…) ont vu sur leurs itinéraires des équipes belges préparant des destructions et même certaines prêtes à passer à l’exécution. La manœuvre belge ne concorde pas entièrement avec le dernier plan français et ce manque de coordination amène fatalement des froissements entre alliés car chacun continue sa mission en ignorant celle de l’autre.

Le plus spectaculaire se produit à Laroche. 36 II atteindra, au fil des heures, une violence à peine croyable.

Depuis son cantonnement de Givet, le détachement de découverte du capitaine Garnier, de la lère DLC, roule en tête du 1er Régiment d’Automitrailleuses (1er RAM). À 11 heures, il pénètre en Belgique par Agimont, poursuit vers Dinant, et reçoit l’ordre de se porter à Saint-Vith, via la Baraque de Fraiture.

Par Marche le détachement gagne Laroche où il prend contact à 17 h. 30 avec le major Krémer (…). 37 Le major prévient le 3e chasseurs ardennais qui lui demande d’aiguiller les Français vers Nadrin et Wibrin au secours de la 10e compagnie. À 17 h. 50 l’officier de liaison français au groupement K confirme la nouvelle direction donnée au détachement. Le capitaine Garnier tente cependant d’atteindre Houffalize. Il rencontre à 18 heures à Petite Mormont le détachement du lieutenant de Flines du 2e régiment de chasseurs ardennais, qui lui signale l’impossibilité de continuer vers Houffalize. Le détachement se rend alors à Wibrin où il prend contact avec le commandant Dupont de la 10e compagnie du 3e chasseurs ardennais. Celui-ci acte à son carnet de campagne : « 19 h. 50 rencontre à Wibrin d’un officier français chef d’un char blindé. Après exposé de la situation l’officier décide de se porter sur Laroche …» Le lieutenant Lalière, adjoint du commandant Dupont est

35   Georges HAUTECLER, Le combat de Chabrehez 10 mai 1940 — Chasseurs Ardennais contre Rommel, Section Historique de l’Armée, janvier 1957, p. 62.

36   E. de FABRIBECKERS, op.cit.,p. 164.

37    À l’arrivée des premiers Français, le major Krémer se trouvait à Cielle. Il inspectait, pour la seconde fois au cours de la journée, les points d’appui de La Roche.

(p.128)

plus explicite. Il signale la rencontre à Wibrin de 5 à 6 automitrailleuses et la communication faite à leur chef du repli de la 10e compagnie jusqu’au nord de Bérisménil. L’officier français s’étonne de ce repli : « On m’a dit que je disposerais des Belges pour détruire l’ennemi et depuis ce matin je ne vois que des Belges en repli. Vous ne pouvez pas m’abandonner ici : nous devons partager le baroud … »

Le commandant Dupont rétorque qu’il doit se conformer aux ordres reçus et qu’il se repliera certainement au cours de la nuit vers le nord. Le Français répond : « Eh bien moi, je passe la nuit ici et demain j’attaque » ! 38

C’est en définitive à Bérisménil que le détachement français regroupé vivra sa première veillée en terre étrangère.

Le capitaine Garnier n’est certes pas satisfait de sa journée, et on le comprend : il n’a pu, malgré toute sa fougue, arriver au contact de l’ennemi à cause des destructions belges et n’en sait donc pas plus le soir que le matin du 10 mai sur les Allemands. Rien n’est à reprocher cependant aux chasseurs ardennais, qui n’ont fait qu’obéir aux ordres du Haut Commandement belge. 39

À ce stade, la discorde entre alliés conserve une apparente mesure. Le ton va monter avec l’arrivée à La Roche du détachement de sûreté éloignée (DSE) du capitaine de Verdelon, accompagné d’éléments du génie et du P.C. du lieutenant-colonel de Lannurien, commandant du 1er RAM.

Les officiers français apprennent que la mission du Bn Moto est de protéger le repli du IIIe bataillon du 2e régiment de chasseurs ardennais et de se replier à sa suite en exécutant les destructions et obstructions préparées. Ils déclarent vouloir défendre Laroche et visitent sommairement les installations défensives créées par les chasseurs ardennais. Ils demandent au major Krémer la remise du centre antichar de Laroche et des destructions, particulièrement celle de la route de Maboge (Lar. 5.) dont le soulage couperait la retraite du détachement Garnier. Le carnet de campagne du major Krémer permet de suivre le dramatique conflit opposant Français et Belges à Laroche. À 21 h. 30 le major Krémer demande au groupement K s’il doit faire sauter la destruction Lar 5 après le passage du 2e chasseurs ardennais et se replier. La réponse est affirmative. Il demande alors : « Que devient le détachement français ? »

38    G. HAUTECLER, op.cit. (voir note 35), pp. 62-63.

38    André BIKAR, La campagne de mai 1940 en Belgique : la lère division légère de cavalerie française à l’est de la Meuse, les 10, 11 et 12 mai.   Dans la « Revue belge d’histoire militaire », N° XXVI-2 de juin 1985 et N° XXVI-3 de septembre 1985.

(p.129)

Le groupement K répond qu’il pourra se replier par Bérisménil, Samrée et Dochamps. À 21 h. 50 le major Krémer revient à la charge et insiste auprès du centre de renseignement avancé de Marche : « La présence des Français à Bérisménil ne change-t-elle vraiment pas la mission du bataillon ? Un nouveau détachement français est arrivé à Laroche et a mission de la défendre. Dois-je néanmoins tout détruire et exécuter intégralement la mission ? » Le C.R.A. n’ose prendre fermement position et répond : « Le général est en déplacement. La question lui sera posée aussitôt que possible, mais il est probable que rien n’est changé. » 40

Les notes du major Krémer sont, on le voit, de caractère strictement militaire et dépourvues d’appréciations personnelles.

D’une tout autre facture apparaît le texte d’un rapport français déposé aux archives du 1er RAM :

Le chef du détachement belge semble s’acharner à vouloir faire sauter immédiatement la route Nadrin-Laroche, qui constitue la seule sortie en retraite possible pour nos véhicules de combat. Son intransigeance, qui témoigne d’une incompréhension tactique totale, est aux prises sur la place du village avec la vigueur du capitaine de Verdelon, qui vient le rejoindre. Il y a de la poudre dans l’air. « Si vous faites sauter la route, moi je vous fais sauter la g… », menace dans la nuit la grande silhouette du capitaine, dont la décision met fin au débat. 41

Erreur ! Le problème de Lar 5 n’est guère résolu : à Maboge, où il s’est replié pour exécuter sur ordre la destruction litigieuse, le sous-lieutenant de Flines — qui, à 18 h. 00, avait rencontré les Français à Petite Mormont — le vit encore intensément.

Dans un billet expédié, à 22 h. 55, au major Krémer, l’officier du 2e Chasseurs Ardennais rapporte les pressions dont il fait l’objet : Je porte à votre connaissance que le capitaine Gantier du 1 Rt Auto Mi présentement à Bérisménil m’interdit de la façon la plus formelle de faire sauter Lar 5. Je suis installé à Maboge, près de Lar 5. Le capitaine place un détachement de génie auprès de la destruction pour être certain que je n’y toucherai pas. 42

À trois reprises, le commandant du Bn Moto expose les faits au C.R.A. de Marche et demande des instructions.

40    G. HAUTECLER, op.cit. (voir note 35), p. 63.

41    Extrait du rapport du lieutenant de Chenay transcrit in A. BIKAR, op.cit.

42    Carnet de campagne du major Krémer.

(p.130)

À 24 h. 00 enfin, à l’issue du troisième appel, le général Keyaerts confirme que la mission doit être intégralement exécutée. 43

Et dans le même temps, comme pour survolter encore l’atmosphère, s’agite autour du major Krémer l’adjudant-chef Deburgraeve, sous-officer d’une compagnie française de sapeurs-mineurs, obsédé par l’idée saugrenue de miner et faire sauter les (…) ponts de la ville que le plan de défense générale n’avait pas retenus en raison de leur intérêt tactique minime et du peu de profondeur à ces endroits du lit de la rivière ! 44

Le deuxième jour de guerre s’ouvre au pays de La Roche.

À 0 h. 15, en conséquence de l’ordre réitéré à minuit par le général Keyaerts, le chef du Bn Moto transmet au sous-lieutenant de Flines un message impératif : Suite à votre note de 22 h 55 et aux ordres de l’autorité supérieure, veuillez exécuter intégralement la mission qui vous incombe. 45

Le temps s’écoule de manière inquiétante et le Groupement K a, une fois de plus, confirmé son attitude. À 1 h. 20, le major Krémer note : Sans nouvelle du commandant du détachement de destruction de Lar 5 je lui envoie par porteur le nouvel ordre ci-après : Me faire connaître d’urgence si vous avez exécuté la destruction Lar 5 conformément à ma note de 0 h 15. Après exécution rejoignez mon P. C. à l’entrée de la route La Roche-Hotton. 46

De la place du Bronze, le major a en effet transféré son P.C. à l’Hôtel du Chalet, occupé déjà par le capitaine-commandant De Bie, chef de la Compagnie Engins du Bn Moto.

C’est là qu’il va consigner :

—  à 1 h. 50, l’exécution par le Génie belge des destructions et abattis sur les routes de La Roche-Barrière de Champion et Queue-de-Vache-Marche;

—  à 2 h. 00, la spectaculaire intervention du lieutenant-colonel de Lannurien et du chef d’escadrons d’Astorg.

43    Ibidem.

44    A. MORSOMME, op.cit.,p. 49.

45    Carnet de campagne du major Krémer.

46    Ibidem.

(p.131)

Viennent à mon P.C. et protestent véhémentement contre les destructions routières et les abattis réalisés et ceux que j’ai ordonné de faire encore : Lar 5 et la route La Roche-Hotton; ils menacent de m’en empêcher. Le commandant est accompagné du sous-lieutenant de Flines, commandant le détachement de liaison du 2 Ch A, auquel il a dit que d’accord avec le général commandant le Groupement K il prend à sa charge la destruction Lar 5 et lui a donné ordre de rentrer avec son détachement et l’équipe de destruction. Le commandant du groupe est particulièrement monté et s’exprime sans ménagement aucun à mon endroit et à celui de mes chefs. 47

En dépit de la tension extrême, les notes du major Krémer sont, ici encore, empreintes d’une réelle objectivité.

À coup sûr, la véhémence des Français contraste avec la sérénité du commandant du Bn Moto. Calmement, celui-ci les prie de ne pas s’emporter; il leur rappelle que les deux armées poursuivent un même but, mais cette tentative de conciliation renforce les deux officiers alliés dans leur obstination et le capitaine surveille et suit le Major, revolver au poing ! 48

Scène inconcevable à propos de laquelle le commandant De Bie apporte les précisions les plus graves : Le lieutenant-colonel est violent et va jusqu’à dire au major Krémer : « Vous méritez six balles dans la peau. » II dit aussi : « Là où l’armée française paraît, elle commande ! » 49

La situation a-t-elle atteint le point de non-retour ?

Elle va heureusement se détendre avec l’aide du commandant De Bie, lequel, à force de patience, réussit à convaincre la représentation française de rappeler sans délai ses éléments disséminés à l’est et de les orienter vers Marche sous la protection de F arrière-garde du Bn Moto, pour n’être pas pris dam La Roche comme dans une souricière, une fois la route La Roche-Hotton détruite. 50

L’accord des Français a été arraché de justesse, car, avant même la fin des palabres, le ciel, au-dessus de la cité, a relayé le message — teinté de résignation — émis à 3 h. 00 par le Groupement K : Considérez votre mission comme terminée, Lar 5 n’étant pas sauté. 51

47    Ibidem.

48   A.MORSOMME, op.cit.,p. 53.

49   Notes du commandant De Bie. Archives du Bn Moto/Vil ÇA.

50    Ibidem.

51    Carnet de campagne du major Krémer.

 

 

1

Fab (s.r.) (FB): Si c’est ça, je rétorquerai que ce sont des soldats français qui ont pillé Flavion et bien d’autres villages en 40, et non pas les soldats de la Wehrmacht…

 

1

J.-J. Sarton, Récit de la vie de Jauche durant la guerre 1940-1945, in: Netradyle, 2, 2011, p.4-17

 

(12 mai 1940)

(p.7) Vers midi, un avion ennemi rase les toits au-dessus de la villa de M. Scheys qui abrite un poste de commandement français. C’est à ce moment que les soldats français surprennent dans le Tiège de Perwez un individu qui semble faire de grands gestes à destination de l’aviateur. Les officiers français le font appréhender aussitôt et s’apprêtent à le faire fusiller quand intervient Mme Doyen. Connaissant les officiers français qui fréquentent son café (Café du Vert Chasseur), elle demande que l’exécution n’ait pas lieu en public, le traître est aussitôt embarqué, mais nous ignorons ce qu’il en est advenu.

 

1

Marcel Evrard, Dîj di mé quarante, in: El Bourdon, s.r., p.19-22

 

C’ÈSTÈ’I IN djoù come lès-ôtes, èt minme in bia djoû pou in dîj’ di mé.  Vos-ârîz dit qu’c’èstèt l’èsté.  AI piquète do djoû, no coq avèt tchanté.  Dins lès-àyes, lès mouchons ni s’ jin.nin’ nén èyèt, aviès lès chîj’ eûres ô matin, lès poùyes codâkin’ dèdja ô truviès d’ tout, pa t’t-avô l’ coû, pour fé sawè qu’èles-avin’ dèdja ponu leû-n-oû.  Lès vatches, qu’avin’ profité d’ène gnût ô pachi, r’wétin’ passér l’preumi tram pou M’lèt èt pou Goch’lî an pèstèlant lès monchas d’ boutons d’ôr a leùs pîcis.

Èl djoûrnéye promètèt d’yèsse bèle, yène dès pus bèles dispus l’iviêr.  Achîd ô solia, sins s’ prèssér, no tchat si r’niètèt sès-ôrtias, sins lachi d’èn-oûy lès-arondes qui racourin’ fé leù nid.  Deûs pas pus lon, Folète s’aprèstèt sins fé chènance di rén pou dalér jusqu’ô preumî potô èt conèche lès nouvèles dès tchéns. Ène alôre bén wôt dins lès tchamps poùssèt si p’tite tchanson, bèle come ène ér’ di violon.

Maman èt mârine avin’ dèdja modu lès vatches èt stièrni l’via.  C’èstèt l’ toûr dès pourchas. Èle m’avin’ stindu ène couvêrte ô pîd do cèréji, in mèrvèyeûs blanc parasol èyu ç’qui lès mouches a mièl èstin’dèdja al bèsogne.  Dins l’ môjone, on-ètindèt clicotér lès jates èt lès coutias do d’djunér èyèt l’ musique do posse qui dalèt sins r’lache.

Dj’èstè co dins m’ bèrce ô preumi.  Pal cràye dèl finièsse dj’ètind co l’ facteûr qu’arivèt dins l’ coû.  C’èstèt l’ preumiêre môjone di s’ toûrnéye. Èl lacteùr ç’èstèt Djosèf Lamour. « Tènoz, Mâria, djèt-i, dji su seûr qui ça vos fra pléji!” C’èst qui m’papa, milicyin a Nazareth do costé d’ Boûr Lèyopold, lî scëîjèt chaque côp qu’i davèt l’ocàsion.  Lamour pwàrtèt bén s’ nom!

C’èstèt ène djolîye cârtè vùwe ivoti l’ foto d’èn-ome, ès’ bonèt a flotche su s’ tièsse èt dès fleùrs dins s’ mwin.  Dispus adon, ès’ cârte la n’a pus boudji do ridant ôs souvenances. Ô cu d’ l’imâdje, il-èstèt scrit: « Dimanche, c’èst la Pentecôte.  J’ai deux jours de permission.  J’arrive samedi ». On-èstêt l’vêrdi, èl 10 di mé 1940. Èl lèd’mwin, non fét i n’vérèt nén.  I dalèt prinde ène dirècsion contrére.

Maman a sèré sès-oûys di bouneùr… Quand èle lès-a drouvu, Pârin arivèt blanc come in mwârt, sins pu sawè qwè dire. Èl posse ni djouwèt pupont d’ musique. Ène saquî côsèt.  Pârin a toûrné sès spales tout-an dijant: « Dji crwè qu’i vôt mia rintrér ». Djosèf Lamour lès-a chûvu.  On-a mètu l’posse pus fwârt pou mia choûtér l’ Édition spéciale du journal parlé.  Il-èstèt 7 eûres tapant.  Li guère avèt d’dja fét sès ravàdjes quatre eûres durant.

Dins nos keûrs, lès-èwiyes di l’ôrlodje ont d’meuré d’asto.  L’alôre s’avèt lèyi tchér’ dins lès blés. Èl grande coû s’a vùdi dès pouyes, do tchat, do tchén.  Quate à quate, maman m’ a fét diskinde lès montéyes.  Di r’vwè co màrine brére su s’ tchèyére, ène loque a r’loqu’tér dins s’ drwète mwin èyèt s’jate dins l’ôte tout-an djant: « Mins qwè dalons div’nu, mès-èfants? », lèy qu’èstèt vènuwe ô monde an 1870 èt qu’èl guère quatôze avèt d’dja tant fét soufru.

 

Pârin èt Djosèf, lès djambes compéyes, avin’ mètu leù tchèyêre a costé do posse sins piède in mot di ç’ qu’on d’djèt, dès-ataques di l’aviàcion, dès môjones qui brûlin’ à Nivèles… A lès-ètinde pourtant, ça n’ dalèt nén trop mô.  Lès-Al’mands avin’ dès rùjes a passér l’ frontière. 1 falèt seùl’mint s’ mète dins lès côves pou lès-aviyons èt s’ dèmèfiyi dès parachutisses qu’on-avèt rèscontré ène miète pa tous costés.

Sins trop sawè pouqwè. on-a d’abôrd rintré lès bièsses èt, après ça, ona stî ô Mayefir pou sawè qwè.  Pou dire èl vérité, li conte nos, i n’ savèt nén qwè fé.

On n’ wasèt pus sôrti.  On-a pindu dès loques ôs finièsses.  Lès djoûs ont r’chèné ôs gnûts.  Tout ç’ qu’on fyèt c’èst sogni lès bièsses èt choûtér l’ radio qui côsèt asteùre – d’infiltration de chars ennemis dans nos lignes » èyèt « d’intensification des combats -.

On s’a mètu a rècitér dès tchap’lèts.  Lès vijins causin’ di s’èdalér.  Bén seûr, on n’avèt nén rouvî Djiblous, Tamènes, èt tout ç’ qui lès Prussyins avin’ fét.

Quand Lîdje a yeû tcheû, lès vijins ont pièrdu pacyince.  I n’avèt pus qu’ nos dins l’ culot. Èl Mayeûr nos-a fét dire di nos-aprèstér, mins a côse dès bièsses a sogni, i n’ savét nén s’ dècidér.

Adon, lès Francès sont-st-arivés, mins tél’mint sôs qu’is n’ savin’ pus rotér.  An s’aspouyant su s’baston, èl capitin.ne a espliqué qu’èl batàye dèl Dîle s’rèt dins lès lîves d’istwêre « au même titre que celle de la Marne”. Vos wèyoz ça di d’ci, avou dès-asticots parèys!  Bén astcheù qu’ Mamjou èstèt l’ preumî viladje dèl ligne Dîle èt qu’ no môjo èstèt l’ preumière di Mamjou. Èl « rempart contre la barbarie » qu’i nos-a dit l’ome, èt fiêrs di nos-ôtes, on li a doné a bwère èt a mindji.

Lès Francès , dji vous dire ène poignée di Francès avou ène bind’Iéye di Marokins, s’ont catchi come dès lapéns dins l’ bos da Dumont, dins lès fossés do tram, dispus l’ tchapèle jusqu’al cassrol’rîye di Tiyi èt co pus lon.

Pou leû donér do courâdjee, maman èt mârine leû pwârtin’ dèl soupe.  Come is n’avin’ pus rén a mindji, is-ont scroté toutes lès poûyes dès vwèséns.  Mârine a disfindu lès nokes a côps d’baston.  Is nos-ont oblidjî a diskinde dins l’ côve èt a n’ pus boudji.

Quand is-ont yeû leû dos toûrné, pàrin, qu’i d’avèt s’ sô, a couru jusqu’ô Mayeùr, sins d’mandér l’permission, pou lî dire qui, dins cès condicions la, i n’èstèt pus possibe di d’meurér dins l’ môjone. « I n’a pont d’avance, Batisse, qu’il-a rèspondu Colas, lès-Al’mands sont dèdja à Sint-Djèri – èt Batisse a tout djusse yeû l’ tins d’rintrér sins s’ fé coude come èn-inocint pôs canons èt pa lès bombes qui tchèyin’ dèdjà.

Al preumiêre bombe qu’a tclieû dins no pachi, pàrin a yeû tél’mint l’ clope qu’il-a passé oute dins l’ tonia èyu ç’qu’i s’avèt achîd.  Tous lès Marokins qu’èstin’ padri l’ môjo ont racouru come dès sots.  Is nos-ont trétés d’èspiyons.  Is-ont câssés lès-uchs èt lès finièsses. Is nos-ont pris tous nos liârds.  Is nos-ont quasiment disbiyîs.

Pârin a vrémint passé in léd quârt d’eûre.  Is-èstin’ fwârt pou tapér su in vî-ome al place dès-Al’mands qu’arivin’ pa deûs costés, di M’Iéri èt d’ Tongrène.  Come mârine v’lét disfinde ès’n-ome, is l’ont fét tchér’ dins l’ côve al valéye dès montéyes di pire.

Wèyant qu’ ça dalèt vrémint mô tournér, pârin a d’mandé pou côsér a l’oficiér.  Mô r’lèvé èt plin come in trô, il-a cominci pa l’trétér d’boche an d’jant qu’on l’avèt vèyu su I’vôye fé dès signes ôs-Al’mands.  C’èst seûl’mint quand il a moustré sès mèdàyes dèl guère quatôze qu’èl couradjeûs Francès s’a ravisé èt qu’i lî i dit: « Je regrette.  Je ne peux plus assurer votre sécurité ».

Pou-n-nén yèsse tuwés pa nos défenseurs, èt pou n’ nén s’ fé boutér a 1’uch, on l’a pris tous lès quate, pârin, màrine, maman èt vo Mârcèl. Èt mès-omes al finièsse, come dès séndjes al bawète, qui nos r’wétin’ nos-ôtes qu’ i courin’ a bache dos!

Sins pus nos r’toùrnér, nos-avons pèté in cint mètes jusqu’al cinse do mayeûr. Il-a cominci pa no dire qui ç’n’èstèt nén vrémint l’momint tchwèsi pou s’ pourmwin.nér. Dins l’ grande côve, i n’avèt ène masse di djins, dès pôvès djins come nos-ôtes, dès djins,qu’avin’ peû, dès djins qui n’ pinsin’p us qu’a ène sôrte, ès’ mète ô r’cwè, a yute, èt sôvér leû pia.

Après ç’ qui s’avèt passé avou nos, dès-eùres d’asto, pus yink n’a co wasu boudji.

Jamés dji n’é ètindu dire dès priyêres come èç’ djoû la. Èl Bon Diè. èt tous lès Sints do paradis ont yeû leûs-orâyes qu’ont chîlé tout-ostant qu’ lès bales di fusik chîlin’ dins l’ér’ èt, chaque côp qu’ ça bouchèt, on n’ dijèt pus sès priyéres, on lès bwârlèt come dès vias.

Aviès lès chîj’ eûres ô gnût, on n’ètindèt pus rén a 1’uch.  Dji sé dispus adon çu qu’ ça vout dire in silance di mwârt.  On-a risqué èn-ouy pal cràye dèl rayèle. Èl solia a rintré dins l’ côve da Colas.  I fyèt todi ossi bia.  Lès vatches beùlin’dins lès stôles.  On-a yeû tèrtous ènejate di lacha.  Colas è-st-arivé avou in blanc drapia dins s’ mwin.  Lès-ouys tout frèchs èt tout strindu, i nos-a dit: « Mès djins, c’èst fini, vos p’loz rintrér.  Lès-Al’mands sont-st-a Sombrèfe, on n’ si bat pus », mins nos-avons ratindu l’gnût pou nos-î risquér.  D’ô lon, on-ètindèt nos deûs vatches qui s’ plindin’ èt qu’èstin’ eureùs’mint todi la.

In côp rintrés, qué daladje mès-amis! Èl vint tchèssèt pa lès finièsses càsséyes. Is n’avèt nén ène bwèsse, né ène postùre qui n’èstèt nén skètéye.  Lèsaliyés avin’ tout rèmoulu an pinsant trouvér dès liârds ène sadju.  Dins l’ côve, i ni d’meurèt pus rén.  Pupont di liârds, pupont d’vén, djusse dès vidanjes, sôf yène ou deûs qu’ pàrin avèt sôvé.  On n’avèt pus ène mastoke. I nos-a falu d’mandér dès côrs a prèstér.

Èl lèd’mwin, in soûdard a moto, bén r’lâvé, bén sognî, s’a présinté a no môjone. “Haben Sie Eier, bitte? » I nos-a fét comprinde qu’i v’lèt dès-oûs pou din.nér. Pus mwate qui vikante maman èn-n-a doné saquantes. « Wieviel muss ich zahlen?  Ja!  Zahlen habe ich vor! » Il-a v’lu no payî l’montant tout-ètîr.

Èl pôve n’a né yeû l’tins d’lès mindji.  Deûs munutes pus tôrd, ès’moto sautèt su ène mine, d’vant d’arivér al rùwe do Crôni.

On-èstèt l’vèrdi 17 di mé 1940.  No guère avèt duré sèt’djoûs.  L’empire di mile ans promètu pa lès-Al’mands èstèt in djoû vî. Èl pax germanica avèt cominci.

Pou nos-ôtes ètou c’èstèt in djoû istorique. Ç’a stî l’ preumî côp qu’on a vindu ène saqwè an nwêr… a èn-ome an vêrt di gris.

 

Marcel

Mamejou (Marbisoulx)

 

1

Rattachisme, in: Delta, 10, dec. 2006, p.9

 

Onze artikels in de twee voorgaande nummers, handelend over het rattachisme hebben enkele reacties van lezers uitgelokt. Eén ervan willen wij u niet onthouden. Zij komt van een lezer uit de streek van Charleroi:

Les deux articles sur le rattachisme m’ont fait plaisir. A celui en français, il (n.v.d.r: de au­teur van het artikel) aurait pu ajouter, à l’état actuel de déliquescence de la France, les atrocités passées et récentes (1940) de sa soldatesque dans notre pays. E.a., près de chez moi (300 m.) l’assassinat, par un officier français, d’un pauvre père de famille, polo­nais, de 7 enfants (assassinat qui fut d’ailleurs limité grâce à l’intervention d’un aumônier militaire), l’exécution aux confins de Fleurus de 14 civils («C’est ici que la haute (sic!) civili­sation française a assassiné 14 civils inno­cents»: inscription par les allemands sur le mur devant lequel avait eu lieu la tuerie, qui d’ailleurs n’a jamais fait l’objet de poursuites judiciaires). Je pourrais citer encore de nombreux faits et exactions écoeurantes dont ils se sont rendus coupables dans ma localité et les environs».

Merkwaardige en door en door droevige gebeurtenissen die haast niet geweten zijn door het grote publiek. En inderdaad genegeerd worden door de politieke wereld. Ja, de Franse beschaving lijkt niet altijd en niet overal te zijn wat de Fransen ons graag voorhouden en zelf willen geloven.

 

2

A.D., En France, le salut, AL 05/05/1990  /en 1940/                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  « Il y eut le choc du 28 mai, dont le ministre de la Défense nationale, le général Denis, relève les conséquences les plus vexatoires et heureusement exceptionnelles(sic).  « Officiers belges à qui on arracha les décorations militaires, Belges logés chez l’habitant qui furent mis dehors ou dont les objets personnels furent jetés dans la rue (…), officiers civils belges arrêtés en pleine rue par la Sûreté nationale française (…), refus d’effectuer le change de la monnaie belge ou de vendre quoi que ce qoit aux Belges. » (« Activités du département de la Défense nationale, Villeneuve-sur-Lot, 22 août 1940). »

 

 

2

D. St., Boches du Nord au chocolat, VA 20/10/2001

 

Ernest Petit se souvient de son périple en France et des quolibets de ‘Boches du Nord’  qui dureront de la capitulation belge à celle de l’armée française.

 

2

H.H., Une certaine impudeur, PP? 19/07/1979, p.104                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       « Qu’on ne vienne pas me dire que nous avons été « accueillis » en France /en 40/, nous avons souvent été tolérés, sans plus, et très souvent exploités. »

 

2

in: Delta, 4, 2009, p.24

Reynaud. Voor de jongeren minder bekend, maar de ouden van dagen onder ons weten nog wel dat hij de eerstenminister van Frank-rijk was, die in mei 1940, na de overgave van het Belgisch léger heftig tekeer ging tegen Koning Leopold III. Van een van onze vrien-den,  een ereambassadeur wiens naam wij vanzelfsprekend niet kunnen noemen, verne-men wij dat hij een viertal jaren terug een ge-sprek had met Aartshertog Rudolf van Habs-burg. Deze vertelde hem toen dat in mei 1940, kort na  de  overgave,  zijn  oudere  broeder Aartshertog Otto van Habsburg, een onder-houd met Reynaud had gehad. Deze vertelde hem onomwonden dat de funeste feiten ten-slotte één voordeel boden: na de oorlog zou-den zij tenminste de kans bieden om definitief met België af te rekenen.

 

2

Jean VANWELKENHUYZEN et Jacques DUMONT, 1940 LE GRAND EXODE 

 

p.94 massacre d’Abbeville

p.112 assassinat de DENUIT,  père d’un journaliste du « Soir » (60 ans (c’était un parachutiste !)

p.213 Dans les magasins, dans les restaurants, on vit des affichettes « Rien pour les Belges » des incidents eurent lieu dans les rues. Beaucoup de salariés belges furent congédiés.

C’est l’époque, où des Belges, voulant se désàtérer encaissent de cinglants: »Allez donc boire l’eau du Canal Albert ! » L’épithète « Boches du Nord » est alors à la mode.

p.223 A Toulouse, la marquise de Panat, ayant voulu témoigner de son estime pour l’armée belge, m’avait fait offrir les salons de son hôtel;pour y établir le mess de garnison. A la nouvelle de la red­dition, elle nous en interdit l’accès. Le même jour, l’évêque de Lourdes défendait aux prêtres belges de dire la messse et de confes­ser, sous peine de péché mortel. Il fallut, après plusieurs {jours, 1’intervention d’un jésuite belge pour faire cesser cette incroyable mesure.

p.229 Jeunes CRAB en voyés pour des travaux à l’arrière du front en réalité, près du front : 60 morts + des blessés

 

2

Jean Vignier (Bruxelles), LB 02/04/1990

 

A l’époque j’avais dix ans.  Le 28 mai 1940, lors de la capitulatin de l’armée belge, nous étions, mes parents et moi ainsi qu’un groupe de compatriotes, à Poitiers.  Les autorités nous donnèrent l’ordre de nous rendre sur une certaine place où nous fûmes gardés à vue par des militairs avec mitraillettes pointées sur nous, nous avons été insultés par la populace de “sales boches du Nord”, de “traîtres” et je vous fais grâce des autres gracieusetés à l’adresse de S.M. le roi Léopold III.  Nous avons continué notre route et nous avons stoppé à Cahors où nous sommes restés deux mois.

Ma mère y fut agressée dans une queue devant une boulangerie et insultée “nous voulions bo… le pain des Cadurciens”, elle était “une p… belge”. 

(…) Nous étions de ces Belges qui “parlaient le boche” (le flamand).

 

2

M. Veiller (De Haan), LB 05/04/1990

 

1940: le cinquantenaire

“J’ai franchi la frontière française quelques jours avant la capitulation du 28 mai 1940.  L’accueil en France fut loin d’être chaleureux.  Il faisait chaud en mai 1940 et certains Français en profitaient pour faire payer un simple verre d’eau.  Après la capitulation, les réfugiés de langue flamande furent même traités de “Boches du Nord”!

/il faut rappeler/ led rame d’Abbeville où, le 20 mai, vingt et une personnes furent froidement abattues par des soldats français et le tristement célèbre “train fantôme” dans lequel plusieurs occupants, entassés comme du bétail, maltraités et affamés, moururent en route vers Orléans. (…)

De très nombreux Belges de notre génération ne diront jamais “merci la France”.”

 

2

Un éveilleur de peuples, in : Renaissance européenne, 59, 2004, p.19-20

 

Joris van Severen et son secrétaire Jan Rijckoort ont été les victimes, le 20 mai 1940, au milieu de la débâcle des armées alliées, d’un répugnant crime de guerre. Déportés vers le sud  de la France avec un groupe de , suspects’, leur convoi avait été coupé par la percée foudroyante des armées allemandes. Celles-ci les avaient rattrapés à Abbeville. Avant d’investir la ville, les Allemands l’avaient durement pilonnée avec leur artillerie et leurs Stukas. De très nombreuses maisons ont alors été détruites et un grand nombre de Français, des soldats mais aussi des civils, ont été tués ou blessés.

Joris van Severen et ses compagnons d’infortune se trouvaient, à ce moment, enfermés dans la cave d’un kiosque à musique, sous la garde d’une section commandée par un Officier, le lieutenant Caron. L’époque était secouée par une lamentable hystérie collective : dans la cohue des fuyards, on soupçonnait chaque prêtre et chaque religieuse de dissimuler sous leur robe la tenue des redoutables parachutistes allemands. On a alors « réglé leur compte » à nombre de malheu reux qui avaient un accent «bizarre». Caron et ses hommes venaient tout juste de vivre une terreur panique. Ils avaient bu pour se donner «du coeur». L’appétit de vengeance, soutenu peut-être par des convictions patriotiques orientées, trouvait ici un objet à sa portée: des espions et des traîtres de qui venait tout le mal. Ce sont là les ingrédients du drame.

 

Joris van Severen était pourtant tout le contraire d’un traître ou d’un défaitiste. Patriote ardent d’une loyauté à toute épreuve, il avait eu une conduite modèle durant la guerre de 1914-18, comme sous-officier d’abord et, ensuite, comme officier. Comme tous ceux qui avaient réellement connu le feu des première lignes, il était opposé à la guerre et aux bellicistes, (…). Il connaissait l’amertume des soldats trompés par la propagande, parfois cynique, des humanitaires comme des va-t-en-guerre. Toutefois, dès la mobilisation générale, en 1939, Joris van Severen avait solennellement rangé derrière le Roi, commandant en chef de l’armée,

son mouvement Verdinaso, rassemblement des nationaux solidaristes des Grands-Pays-Bas. Le gouvernement belge ne l’ en avait pas moins fait arrêter le 10 mai au matin, en même temps qu’ une bonne partie de l’ opposition.

 

La première victime de la guerre est, dit-on, la vérité. Plus encore que de la guerre, c’ est de la paix que la vérité de Joris van Severen a eu à pâtir. Car il est malencontreux d’être la victime d’un crime commis par les vainqueurs. Ceux-ci ont laissé peser sur les victimes du massacre une ignoble présomption. Ils les ont tuées une seconde fois dans leur honneur. Ce

serait cependant une injure à la haute figure de Joris van Severen que de ravaler sa mémoire avec celle des seize autres pauvres victimes désarmées de cet odieux carnage. Car, ayant au cours de sa vie affronté à de multiples reprises le couple divin de la peur et du courage célébré par Drieu, cette fois encore il lui a fait face. Les massacreurs avaient commencé par désigner un petit groupe d’ otages et les avait alignés devant le kiosque.

Lorsque les autres prisonniers, ayant entendu la salve, ont vu la porte de leur prison s’ ouvrir à nouveau, ils ont compris le sort qu’on leur réservait. Quand la porte s’ est ouverte pour la troisième fois, Joris van Severen et Jan Rijckoort se sont désignés eux-mêmes. Une fois dehors, ils se sont adressés à l’ officier, lui rappelant ses responsabilités. Le feu n’en a pas moins été ordonné. Mais il a été arrêté là. Les héros sont morts en héros.

 

Samedi 15 mai 2004

 

 

HOMMAGE A JORIS VAN SEVEREN

 

Fondateur du Verdinaso, la ligue des nationaux-solidaristes thiois (qui militait pour la  reconstitution, dans le cadre de l’Europe, des grands Pays-Bas, soit les dix-sept provinces du Benelux), Joris van Severen a été assassiné le 20 mai 194O à Abbeville.

Le pèlerinage se complète traditionnellement par la traversée, à marée basse, de la Baie de Somme, un site d’une grande beauté.

 

Organisation:

11h15: rendez-vous à l’entrée du cimetière ND de la Chapelle (accès par l’autoroute A16, sortie Abbeville)

12h30: pique-nique au Phare du Hourdel, cap au sud de la baie

14h00: rendez-vous avec le guide (obligatoire) à la gare de Saint-Valéry; la traversée jusqu’au Crotoy dure environ 1h30; retour par le petit train à vapeur pour 18h30 à Saint-Valéry; se munir de bonnes bottes et d’un pantalon et de chaussettes de rechange.

 

3

ACCABLANTES pour l’état-major français,

UN historien belge analyse les erreurs du 10 mai 1940, VA 12/05/1977

 

L’historien belge Jean Van Welkenhuyzen, dans “Le Monde”, “La surprise du 10 mai 1940”:

L’alerte donnée le 9 mai au soir depuis Berlin, par des officiers antinazis, à La Haye et Bruxelles, puis les informations alarmantes recueillies à Luxembourg, incite au milieu de la nuit le Gouvernement belge à prévenir ses alliés français et anglais.

 

Gamelin dormait …

Ni le général Gamelin, ni le chef du gouvernement ne sont réveillés. Dans les milieux militaires en particulier, M. Vanwelkenhuyze remarque une confusion dans l’interprétation de renseignements disant que les Allemands avaient “achevé” leurs préparatifs, les autorités françaises estimant alors que les Allemands ont “cessé” les préparatifs et renoncé à l’action.

La conséquence de cette confusion, souligne l’historien, est que les armées française et britannique ne sont pas mises en état d’alerte, alors que les armées belge et néerlandaise le sont déjà. L’unique certitude à ce sujet, ajoute-t-il, est que l’alarme a été donnée en France avec un décalage “de cinq à six heures”.

Cherchant à expliquer les causes de cette apparente indifférence des autorités militaires françaises, l’auteur s’attache enfin à montrer la différence entre les services de renseignements belges et néerlandais, qui suscitent l’inquiétude “par le flot des renseignements de contact”, et l’inertie des “antennes françaises”, notamment au Luxembourg, où l’alerte ne sera donnée que quarante cinq minutes après le début de l’attaque allemande.

 

3

J. de Launay, J. Offergeld, La vie quotidienne des Belges sous l’occupation, 1982

 

(p.26) « L’armistice du 28 mai 1940, les accusations portées envers le roi Léopold par Paul Reynaud, président du Conseil français, et confirmées par le Premier ministre Pierlot déclenchèrent des réactions incontrôlables et incontrôlées envers les réfugiés belges. » En août, D.Denuit apprendra par une letre de sa mère que son père, de soixante ans, a disparu, près d’ Arras, alors qu’il était allé changer de l’argent belge en argent français.  En 1950 seulement, on découvrira que ce sont des soldats français endéroute qui l’avaient assassiné, le prenant pour un parachutiste. » A Dunkerque, le 22 mai, le fils d’ un professeur d’ université anversois avait été exécuté, sans jugement, sans même une vérification d’identité. « A Elnes, le capitaine français Debilly n’hésiat pas à abattre comme des chiens quatre réfugiés belges, dont on lui avait dit que  c’étaient des espions. »  (Jacques Crokaert, Les routes de l’exode, éd. Scorpion, Bxl, 1975). (p.27) « A Prémesaques, les Français, en retraite, tuèrent à coups de révolver un Belge soupçonné d’espionnage, mais qui refusait surtout de leur donner une bouteille de cognac. »  (J. de Launay, Les grandes décisions de la deuxième guerremondiale, Edito-Service Genève, 1974). (p.28) « Tous les indésirables furent contrôlés par un officier des services judiciaires de la 7e armée, puis acheminés vers Abbeville où certains seront fusillés. » (Albert Chatelle, ‘Dunkerque libérée’ et ‘Tragédies en Flandre’, sl.n.d.)

Calais a connu des scènes semblables. (R. Chaussois, Calais 1939-1940, éd. par l’auteur, Calais, 1975) … (p.28-29) Qu’étaient devenus les gens du C.R.A.B.? Une fois passée la grande émotion du 28 mai avec la « trahison du roi des Belges, sans prévenir ses alliés, en rse campagne » selon Reynaud, approuvé par Pierlot (!!!), qui fit des réfugiés belges, devenus les « boches du nord », des boucs émissaires pour la populace française, une fois passé cette émotion que nous avons vécue(J.de L.), les Français, devant les défaites militaires qui les accablaient, s’avisèrent soudain de trouver parmi eux des troupes d’appoint pour défendre leur pays. » Sous les ordres du lieutenant-général Wibier, auquel le gouvernement belge, entre deux déménagements, d’Ostende à Sainte-Adresse, puis à Poitiers, avait confié le son de réorganiser une armée belge, 21 bataillons soit 20000 hommes furent envoyés sur le front français, en arrière des troupes en déroute. (p.30) ‘Mais le désordre était tel que ces bateillons ne furent jamais équipés des armes et munitions promises et qu’ils durent se replier vers la région de Toulouse par train et « les C.R.A.B. étaient finalement plusieurs centaines de milliers en Languedoc et il fallait en faire quelque chose. » (p.32) « Sous les ordres de Wibier déjà cité, ils furent, selon les instructions des Français, rassemblés dans une douzaine de campps que l’on peut appeler de « concentration ». le nom de ces camps: Agde, Magalas, Aubiet, Auch, Lamalou, Héripian, Le Poujol, rainargues, Capendu, Clermont-l’Hérault, Marseillan, Florensas, Pomerols, etc… C’est dans ces camps qu’avaient été accueillis les débris de l’armée rouge espagnole.  Il y régnait une saleté repoussante, une vermine luxuriante, la nourriture était soit insuffisante, soit infecte. En peu de jours, la dysenterie, l’impétigo se propagèrent.  Ces camps entourés de barbelés étaientgardés par des troupes tchèques et des tirailleurs marocains qui avaient ordre de tirer sur tout jeune Belge tentant de s’évader.

La seule possibilité de quitter ces camps était de souscrire un engagement dans la légion étrangère, ce que des sous-officiers recruteurs venaient exposer longuement dans les baraques. jamais les autorités belges, ni le gouvernement, ni l’armée, n’eurent le courage d’inspecter un camp. Jamais elles n’ont osé établir les statistiques de ceux qui y sont morts ou en sont restés marqués pour leur vie. Certains de ces jeunes qui s’étaient rendus coupables de crimes divers (par exemple: crier ‘Vive le Roi’ ou chanter la Brabançonne) furent jugés sévèrement et traduits dans les prisons françaises où ils restèrent détenus jusque bien après l’armistice français. » (p.33) « Ce n’est que le 20 juillet 1940 que P.E. Janson /, Ministre belge de la Justice/ crut bon d’en aviser le ministre français de l’Intérieur, et le 26 juillet seulement que M. Vanderpoorten, ministre belge de l’intérieur, se rendit au camp du Vernet pour faire libérer quelques centaines de ces « suspects » parfaitement innocents. » (p.39) « Le 2 juin 1940, M? de Vleeschauwer, le préfet Bodenan et le maire Marquet, devant le Mémorial de la Grande Guerre à Bordeaux, avaient asuré la France des sentiments d’indéfectible amitié des Belges « trahis par leur Roi »(!) (p.40) Alors, « les magasins et les restaurants de Bordeaux se mirent à afficher: « Rien pour les Belges. »  des incidents eurent lieu dans les rues.  Beaucoup de salariés belges furent congédiés.  Nombre de réfugiés furent expulsés de leurs logements. » …’Pendant ce temps, le 16 juin, le gouvernement belge en fuite arriva à Bordeaux, venant e Limoges, où il s’était illustré, comme on le sait et se dirigea vers le Baudouinville, amarré au quai des Chartrons.  Ce bâtiment de 433 passagers pouvait largement accueillir les ministres, leurs familles et leurs collaborateurs et la nourriture y était excellente …’ (p.51) « Biendes Wallons étaient rentrés déçus dans leur amour inconditionnel et quelque peu excessif du peuple frère français. Des Flamands n’avaient eu dans ces incidents que la confirmation de la justyesse de leurs réserves traditionnelles envers la France (Los vanFrankrijk). » (p.53) Après l’amistice, à la mi-octobre 1940, les réfugiés belges avaient regagné leurs foyers. « La population était surtout frappée par l’absence des prisonniers.  Sur les 700.000 mobilisés de mai 1940, 50.000 avaient été capturés durant la campagne des dix-huitjours et le reste par effet de l’armistice.

Armistice que les Belges par un masochisme inexplicable continueraient à appeler capitulation, répétant comme des perroquets, offrant des verges pour se faire battre, les calomnies de Reynaud et de Pierlot. » « 100.000 prisonniers belges internés dans des camps provisoires avaient réussi à fuir et à rentrer chez eux motu proprio.  400.000 furent libérés en juin en qualité de soécialistes, Wallons et Flamands, – soit au début plus de Wallons que de Flamands, contrairement à une légende antiflamande qui perdure jusqu’à ce jour. (voir J. de Launay, La Belgique à l’heure allemande, éd. Legrain, Bxl, 1977, p.77-78)

 

3

Jean Vanwelkenhuyzen, 1940, Pleins feux sur un désastre, éd. Racine, 1995

 

(p.10) Un lever de rideau tardif

 

(…) Les autorités françaises sont plus lentes à saisir ce qui se passe. À lire les travaux parus jusqu’à présent, il est d’ailleurs malaisé de s’y retrou­ver dans l’enchaînement de ce qu’elles apprennent et de ce qu’elles en concluent. Une notation ambiguë du commandant en chef des forces terrestres reflète bien ce flou entretenu comme à dessein. Le général Maurice Gamelin raconte dans quelles conditions il a donné à son principal subordonné l’ordre de faire entrer les unités françaises et bri­tanniques en Belgique. Dans ses Mémoires, il écrit: «Réveillé par mon chef d’état-major dès que les premiers renseignements se précisèrent, je téléphonai au général Georges. Il était, bien entendu, lui-même alerté: « Alors, mon général, me dit-il, c’est la manœuvre à la Dyle? — Puisque les Belges nous appellent, voyez-vous que nous puissions faire autre chose? — Évidemment non »». Et d’enchaîner: «À partir de 7 heures du matin, nos troupes pénètrent en Belgique»3.

 

(p.406) Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie sont considérés comme un réservoir d’hommes, non comme un camp retranché capable de servir de réduit national. Rien, du reste, n’y a préparé. Tout a été pensé et conçu au profit de la Métropole1627.

 

 

(p.375) /Reynaud et la reddition belge/

Le choc, qu’il mue en scandale, rejette tout le reste à l’arrière-plan et son origine est étrangère. Cela seul est déjà merveilleux. La nouveauté distrait l’opinion de murmurer contre ses dirigeants. Sedan était une défaite française. Corap et Gamelin étaient des généraux français. Le cas voué maintenant à l’opprobre ne l’est pas. Qu’il soit belge de surcroît l’arrange. Il n’a pas de retour de manivelle à craindre. La Belgique se trouve sous la coupe de l’ennemi. Il n’a plus à compter avec : et ce qui s’est replié en France est à sa merci. Georges Mandel y veille. Pour sa part, il a jaugé les ministres belges. Il sait qu’ils ne le démentiront pas1539. Enfin, le coupable désigné est un roi. La circonstance procure un avantage supplémentaire. En république, vilipender un monarque n’ébranle pas le régime. Que l’accusé soit couronné sacrifie aux idées jacobines. Et que ce souverain soit précisément Léopold III comble d’aise Paul Reynaud. Le quatrième roi des Belges a déjà contre lui une opinion française fortement prévenue. Une légende noire en a fait un personnage inquiétant pour la France. Elle s’oppose injustement à l’image de son père, le roi Albert, révéré comme le Roi-Chevalier, l’ami et l’allié par excellence de la patrie de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité1540.

•   Paul Reynaud joue sur le velours. Il a toutes les raisons de penser que la plupart des Français le suivront. D’entrée de jeu, il a trouvé Pétain et Weygand dans son camp. La disparition de l’armée belge du champ |4e bataille les consterne. Elle prive en une fois le G.A.l de près de la Kmoitié de ses forces. Au Conseil, le général en chef s’est exclamé: «Ce sont les Saxons à Leipzig!». D’un autre côté, la catastrophe détourne Ç’an orage qui menaçait. Dans son réquisitoire du 21 mai au Sénat, le : président du Conseil a parlé de «fautes incroyables» et annoncé qu’el-: les seraient «punies». La diatribe laissait présager une chasse aux sorcières. Les cadres supérieurs de l’armée française risquaient d’en faire les frais. Pétain et Weygand s’en inquiétaient1541. L’opprobre qui se concentre sur les Belges les soulage.

 

(p.72) En cause, il n’y a pas une disproportion irrémédiable des forces terres­tres en présence. Le 10 mai, les armées du camp occidental réunissaient, Hollandais compris, la valeur de 132 divisions; les Allemands celle de 136 divisions. Même dans le domaine des chars, les chiffres n’accusent pas d’écart déterminant. Devant les quelque 2 683 engins à croix noire, les Français alignent à eux seuls, au bas mot, 2 285 chars modernes, à l’exclusion de 600 chars F.T. d’ancien modèle encore aux armées. Mais s’en tenir aux chiffres ferait bon marché d’une autre réalité qui pèse davantage dans la balance. L’image de l’armée française «foudroyée par la force mécanique » n’est pas un mythe inventé après coup par des anciens combattants en mal d’excuser leur défaite. Les 2 683 chars allemands sont tous groupés dans les dix Panzerdivisionen.

 

(p.49) Le savoir est le commencement du pouvoir.

 

(p.49) Exception faite des Britanniques, qui ne déplacent, il est vrai, que trois divisions, entièrement motorisées de surcroît, l’installation des Al­liés s’annonce d’une remarquable lenteur. Pour disposer des délais né­cessaires, le haut commandement — aussi bien Gamelin que Georges et Billotte — table sur la résistance initiale de l’armée belge et sur l’action retardatrice de la «cavalerie» — généralement motorisée — jetée en avant du gros des forces, du Luxembourg belge au Brabant hollandais.

 

 

(p.29) Les forces terrestres françaises sont de lourdes cohortes de fantassins et d’artilleurs qui se meuvent lentement. Le trait se retrouve chez Corap, à la 9e Armée. Les étapes à parcourir notamment par la 18e D.I. doivent prendre quatre nuits. Elle a quelque 90 kilomètres à franchir à pied pour atteindre son secteur sur la Meuse.

 

(p.26) Le besoin de se ménager l’aide maximum des Britanniques l’a poussé, il est vrai, à greffer sur le «Plan Dyle» une variante «Breda» qui consiste à introduire la 7e Armée française à la gauche des Belges pour «donner la main aux Hollandais». Gamelin attache de l’impor­tance au rôle de cette 7e Armée. Dans ses Mémoires, il s’en explique par bribes et morceaux: «Si nous avions mis à Anvers écrit-il, celui qui nous paraissait le plus brillant de nos grands chefs, le général Giraud, et s’il s’y présentait avec trois de nos meilleures divisions actives, c’est qu’il importait d’y avoir une personnalité qui s’imposât et qui, si les Hollandais offraient une résistance efficace pût coordonner leur action avec celle de l’armée belge»81. Mais ce n’est pas tout: «II nous fallait avoir des forces à la gauche de l’armée belge pour l’encourager, comme pour avoir droit d’intervenir auprès du haut commandement belge. Tous les enseignements de la guerre de 1914-1918 étaient là pour nous le rappeler»82. Le général en chef tient à avoir bien en main l’aile gau­che de son dispositif. Il y tient parce qu’il en va d’une présence crois­sante indispensable des Britanniques dans la guerre sur le Continent. Il lui faut être sûr des Belges. Il a encore en mémoire l’indépendance d’esprit manifestée par le roi Albert pendant la «Grande Guerre»86. Il entend donc bien encadrer l’armée du roi Léopold III dans la coalition. Mais il y tient aussi parce qu’il compte sur les perspectives d’avenir que le développement du front ouvrira. Il envisage le temps, qu’il appelle de ses vœux, où il pourra passer à des «opérations offensives d’ensemble». Son imagination l’oriente vers les plaines du centre et du nord de la Belgique. Elles offrent des possibilités de manœuvre que ne procurent pas au même degré les autres parties du front: «Débouchant entre Namur et la Dyle, attaquant par Anvers au nord du canal Albert, nous eussions pu viser la Meuse de Liège et de Maestricht»87.

Méditant ainsi sur le présent et sur le futur, Gamelin baigne dans son élément. C’est ce qu’il appelle «penser la guerre». Il a placé ses piè­ces comme des pions sur un échiquier imaginaire et ce qu’il apprend le 10 mai lui fait présumer que se réalise ce qu’il n’a cessé de préparer et de souhaiter. Selon les premières nouvelles en attaquant comme ils le font, les Allemands offrent à l’action de ses armées le théâtre d’opé­rations qu’en songe il a parcouru à n’en plus finir. Il peut entrer en Belgique et en Hollande, les quelque trente divisions qui lui man­quaient rejoignent ses rangs et, selon ses propres termes, l’occupation du front Anvers-Namur écartera «la guerre de nos riches provinces du Nord, de leur industrie si nécessaire à nos fabrications et de leurs charbonnages»88.

 

(p.17) L’image qui se dessine ne permet plus aucun doute. Les Allemands ont envahi les Pays-Bas, la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg. L’opération paraît même avoir débuté depuis tout un temps et, pourtant, le général en chef dort toujours.

Le tocsin belge le réveille à 6 h. 30. C’est à ce moment que se situe le dialogue avec Georges, rapporté par Gamelin et déjà cité: «Alors, mon général me dit-il, c’est la manœuvre à la Dyle? — Puisque les Belges nous appellent, voyez-vous que nous puissions faire autre chose? — Évidemment non»48.

Dès lors, les ordres se succèdent à un rythme rapide. À 6 h. 35, Georges prescrit au G.A.l : «Entrer en BELGIQUE, manœuvre DYLE». À 6 h. 40, il prescrit au général Condé d’entrer au Luxembourg. À 6 h. 45, il met au courant le général André Prételat, qui commande le G.A.2, c’est-à-dire les armées faisant face à l’Est, du Grand-Duché jusqu’au Rhin au sud de Strasbourg. Il lui confirme que son armée de gauche, celle de Condé, doit entrer en Luxembourg et exécuter la manœuvre Bettembourg. À 6 h. 50, le G.A.l interroge La Ferté-sous-Jouarre. L’or­dre reçu laissait planer un doute. Pour la 7e Armée, qui forme l’aile gau­che, s’agit-il de l’«Hypothèse Belgique]» ou «B.H[ollandej»? Et Georges de répondre: «Hypothèse normale: donc B.H.»49. Se devine une pointe d’irritation. Fait-on sentir à l’autorité supérieure que ses di­rectives manquent de précision? Et pourtant, tel est bel et bien le cas. Il n’était pas «normal» de considérer que l’ordre d’entrer en Belgique implique celui d’entrer du même fait aux Pays-Bas. Cela va d’autant moins de soi que les deux opérations portent des noms distincts: à l’«Hypothèse B» correspond le «Plan Dyle»; à l’«Hypothèse B.H.», la variante «Dyle-Breda».

 

(p.25) Le général Gamelin n’a jamais donné un coup de pouce à ses projets ni pour les Britanniques, ni pour les Belges, ni pour les Hollandais.

 

(p.23) /Plan Dyle/ Sur la position choisie, il espère « tomber en garde » le premier, avant que les Allemands n’y soient et, cela, en faisant coup triple : s’établir sur une ligne meilleure et plus courte, récupérer les divisions belges et tenir l’ennemit à distance des villees et des usines du Nord.

 

3

Jean Vanwelkenhuyzen, Anc. président du Comité intern. d’Histoire de la deuxième guerre mondiale, LB 14/07/1993

 

Erreur dans l’épisode 5 des “Grands jours du siècle” (RTB1 lundi 22 h).

 

On y entend que la “ligne Maginot n’a pas été prolongée jusqu’à la mer dans l’intention de ménager la susceptibilité des Belges.  En somme, les autorités françaises auraient estimé discourtois de pointer des canons en direction d’un pays ami.  En réalité, elles entendaient livrer bataille en Belgique, bien au-delà de la frontière, en vue de tenir les Allemands à distance des régions industrielles du Nord.  Dans cette optique, il n’était pas nécessaire de prolonger la ligne Maginot jusqu’à la mer.  Les a guidées la conception qu’elles avaient de l’intérêt de la France.  En l’occurrence, la solution adoptée était loin de répondre aux voeux des Belges.

A deux reprises au moins, Bruxelles a fait savoir à Paris que fortifier la frontière du Nord contribuerait à dissuader les Allemands de passer par la Belgique comme en 1914.  

 

3

Jean Vanwelkenhuyzen, La Belgique mise en accusation / 50 années pour tenter d’éclairer le désastre de 1940, LS 10/05/1990

 

« Neutre, la Belgique l’est restée jusqu’à l’agression allemande.  Un mois auparavant, Français et Britanniques avaient demandé l’autorisation d’entrer …  Bruxelles a refusé.  La démarche était déraisonnable…. Les Alliés projetaient de s’arrêter au beau milieu du territoire.  L’autre moitié du royaume aurait été froidement abandonnée aux Allemands….L’étude de la « drôle de guerre » révèle malheureusement, de la part des dirigeants alliés, et surtout des Français, une série de velléités tout aussi impulsives. »

 

3

Luc De Vos, La Belgique et la Seconde Guerre mondiale, éd. Racine, 2004

 

En mai 1939, aux cours de conversations militaires avec les Polonais, la France avait promis à ces derniers d’attaquer l’Allemagne avec le gros des forces dans les deux semaines suivant le début de la mobilisation au cas où Hitler s’en prendrait à leur pays.

 

(p.19) Soutenus financièrement par l’Allemagne, le VNV et Rex menaient sans relâche une propagande favorable à la cause allemande.

 

(p.21) /1939/

Mais la Finlande ne bénéficiait d’aucune protection internationale.

Le combat évoquait celui opposant David à Goliath. Trois millions de Finlandais devaient affronter les 170 millions de Soviétiques. Les opéra­tions commencèrent le 30 novembre 1939 avec l’invasion de la Carélie. La Finlande put lever 295 000 hommes (8,5 % de la population). 120 000 furent stationnés sur l’isthme de Carélie. La Finlande disposait de 45 000 chevaux et de 4 500 véhicules motorisés. Sa flotte aérienne comportait 100 avions, des chasseurs Fokker et des bombardiers Bristol Blenheim, auxquels s’ajoutaient de nombreux appareils de modèles dépassés. Elle possédait quelques véhicules chenilles de type Vickers. Outre de vieux canons russes, la Finlande était aussi équipée en armement français et britannique et possédait, mais en moindre quantité, du matériel moder­ne suédois. Le commandement suprême des forces armées était assuré par le baron Cari Mannerheim, ancien général au temps des tsars, héros de la guerre de libération. Les troupes attaquant depuis la région de Le­ningrad furent contenues par la ligne Mannerheim, un ensemble de forts, lacs et forêts. Des tentatives de débarquements amphibies sur les côtés méridionales de la Finlande échouèrent également.

Dans une deuxième phase, les troupes soviétiques attaquèrent d’est en ouest au centre de la Finlande. Là, elles furent confrontées à une tem­pérature de -30 °C, à de fortes chutes de neige, tandis que les très nom­breux lacs (55 000) et les forêts épaisses (70 % de ce vaste territoire sont boisés) faisaient obstacle. Leurs lignes d’approvisionnement furent en outre coupées et des milliers de Russes périrent de faim, de froid et d’épui­sement. La « mort blanche » (Bielaja Smert], des Finlandais à sld dans des tenues blanches, frappait impitoyablement. Les Russes étaient com­plètement découragés. Outre leur courage et leur adresse, les Finlandais avaient pu déchiffrer les messages des Russes, ce qui leur permettait d’an­ticiper.

 

 (p.68) /10 mai 1940/

 

 Ironie du sort, l’opération qui devait accélé­rer l’opération allemande la retarda en réalité de plus de six heures. Une situation identique fut vécue à Chabrehez où deux pelotons et une sec­tion de mitrailleuses bloquèrent trois heures l’avant-garde de la 7e Division Panzer. En même temps, ceci contredit l’image de « lâcheté » qu’avaient les Belges auprès des officiers français. L’ordre était en effet de rompre le combat après un court engagement. Dans le cas où cet or­dre ne leur avait pas été transmis, les Chasseurs ardennais se révélaient très capables de se défendre.

Malgré la confusion dans un premier temps, le Groupement K parvint à retraiter en bon ordre et à exécuter les destructions planifiées. Il n ‘y avait cependant pas la moindre coopération avec les 2e et 9e Armées françaises qui étaient entrées en Belgique vers 7 h 30. La population de Wallonie acclama les troupes françaises, on leur jeta des fleurs, mais l’image des Belges en train de se retirer laissa aux Français un arrière-goût désagréa­ble. L’attitude arrogante de quelques officiers français, qui considéraient les troupes belges comme une espèce d’armée auxiliaire avancée, fut aussi la cause de plusieurs incidents entre militaires belges et français.

Tandis que les Belges se retiraient vers le nord et le nord-ouest, la 2e Armée française, sous le commandement du général Charles Huntziger, se déployait de Doncheiy à Longwy. Elle envoya en même temps deux divisions de cavalerie et une brigade en avant pour mener le combat re­tardateur entre la ligne Saint-Hubert-Doncheiy et le Grand-Duché de Luxembourg. À gauche, la 9e Armée du général André Corap s’avança jusqu ‘à la position Namur-Givet et se déploya plus loin jusqu ‘à la limite de la 2e Armée. En même temps, elle envoya en avant deux divisions de cavalerie et une brigade de Spahis pour retarder l’ennemi au sud de la ligne Liège-Namur.

Les premiers combats entre Français et Allemands débutèrent au petit matin du 11 mai, durant lesquels ces derniers se montrèrent plus forts, mieux armés et mieux entraînés. L’ordre général de retraite derrière la Meuse fut donné, et cette opération était pratiquement accomplie dans l’après-midi du 12 mai. C’est ici que les quarante-huit prochaines heu­res allaient voir se livrer des combats qui seraient d’une importance dé­cisive pour le reste du déroulement des opérations en Belgique et dans le nord de la France.

Sous la pression des circonstances, de hauts représentants des armées belge et alliées se réunirent à Casteau près de Mons, le 12 mai dans l’après-midi. Pour la Belgique étaient présents le Roi et son conseiller militaire, (…).

 

(p.75) Les délais extrêmement longs de réaction des Français contrastèrent fortement avec la réalité imposée par les Allemands.

 

(p.81) Quelques heures avant que les Allemands n’aient atteint Abbeville, à l’embouchure de la Somme, des soldats français ivres avaient liquidé 21 « suespects » (…).

(p.82) (…) une femme de soixante-et-un ans fut achevée à la baïonnette.

 

(p.88) L’attaque massive franco-britannique qui avait été décidée à Ypres ne s’est jamais produite. Les Français ne pouvaient pas tenir leurs promesses concernant le nombre de divisions à livrer, en conséquence de quoi les Britanniques déplacèrent également lerus réserves vers le nord.

 

(p.99) /Mers-el-Kébir, sur le Golde d’Oran après le dépôt des armes par la France, le 25 juin 1940/

L’amiral français Marcel Gensoul refusa ‘de continuer la lutte avec son escadre’ avec l’escadre anglaise.

L’amiral anglais james Somerville donna alors l’ordre de détruire l’escadre française. 1 297 marins français y perdirent la vie. A la suite de ce drame, le gouvernement Pétain rompit les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne. faut-il ajouter que l’affaire de Mers-el-Kébir laisserait dans le cœur de nombreux Français un ressentiment tenace contre la « perfide Albion » ?

 

(p.231) Au cours du mois de septembre 1943, les commandos belges – accompagnés des Polonais – étaient désignés pour participer aux opérations en Méditerranée.

(…) En Italie, sur la rivière Sangro, en décembre 1943, les commandos exécutèrent leurs premières missions opérationnelles. (…). Dans des conditions climatiques très éprouvantes, les Belges remplirent leurs missions avec succès ; (…). En janvier 1944, la ‘troop’ fut envoyée vers le front de la Ve Armée américaine en vue de prendre part aux opérations de franchissement du Garigliano, face à la ligne Gustav. Le comportement brillant des belges au cours de ces actions leur valut la citation suivante à l’ordre du jour de l’armée : « (…) ».

(…) De mars à mai 1944, elle fut envoyée dans l’île de Vis pour participer à la défense de cette position, seule île de la côte dalmate à être occupée par les Alliés. Les Belges appuyèrent aussi des opérations de débarquement de partisans sur les îles voisines. ils constituèrent encore des équipes d’abordage qui s’en prenaient à des bateaux ennemis. (…)

 

(…) (p.232)

Le 14 mai, ils rejoignaient Naples et s’embarquaient pour Liverpool. Le 3 juin, ils prenaient leurs cantonnements à Eastbourne.

Jusqu’à la fin septembre 1944, la troop est rééquipée et maintenue en condition. Sur ces entrefaites, elle part pour s’emparer de l’île d’Yeu, y effectue une reconnaissance… constate que les Allemands ont déjà éva­cué l’île. Encore un petit repos à Bruges après le débarquement de Nor­mandie, et les commandos belges sont à nouveau engagés. On est alors au mois d’octobre et les Alliés ont de grandes difficultés logistiques. Après la fulgurante avance en France et en Belgique, l’offensive marque le pas. G ‘est que le port d’Anvers, bien que conquis intact grâce à la Résistance, n’est toujours pas utilisable. Les Allemands en interdisent l’accès en oc­cupant la Flandre zélandaise et les îles de l’estuaire. Après la conquête de la Zélande par les Canadiens, il faut contrôler les îles. La troop belge pas­se à ce moment sous le commandement de la 4e Brigade Commando et se prépare à participer à une opération amphibie importante contre l’île puissamment fortifiée de Walcheren. Les commandos belges passent à l’attaque le 1er novembre, ils débarquent à Westkapelle et Domburg et prennent leur objectif. Mais un quart de l’effectif est mis hors combat. Après un bref retour en Belgique, les commandos belges reviennent en occupation à Walcheren ety restent jusqu’àla fin de janvier 1945. La troop regagne ensuite la Grande-Bretagne pour y encadrer les renforts, puis rejoint Neustadt, en Allemagne, en avril 1945.

Par arrêté du 27 juillet 1945, le prince Charles cite les commandos à l’ordre du jour de l’armée et les autorise à s’inscrire sur leur drapeau les noms « Italie, Yougoslavie, Walcheren ». La troop des commandos belges sera la première unité des forces terrestres à reprendre le combat après la capitulation de mai 40. Elle sera aussi la seule unité belge à être enga­gée sur le théâtre méditerranéen. Par son action à Walcheren, elle appor­ta une contribution directe et importante à l’ouverture de l’Escaut et du port d’Anvers.

 

(p.234) Le 13 septembre 1944, les différents groupes de SAS étaient rassem­blés à Bruxelles, libérée dix jours auparavant, pour être ensuite embar­qués pour l’Angleterre puis parachutés au nord d’Arnhem, dans le cadre de l’opération Market-Garden. Celle-ci serait un désastre. Deux groupes de SAS belges se retrouvèrent ainsi aventurés dans la province d’Utrecht et dans la Drenthe. Ils y resteront près de six mois, cachés dans tous les coins possibles, aideront à l’évasion de rescapés d’Arnhem, enverront aussi par radio de précieuses désignations d’objectifs au bombardement allié. (…)

 

Les SAS belges furent les premières troupes de l’invasion en Belgique, les premières au nord du Rhin et à l’est du Westwall. Leurs multiples ex­ploits leur valurent les citations : « Normandie, Belgique, Ardennes, Emden, Oldenburg » ainsi que l’attribution de la fourragère de l’ordre de Léopold. L’unité avait perdu 16 hommes tués au combat et comptait 58

blessés.

 

(p.279) En Flandre également, la collaboration rend coup pour coup. De sep­tembre 1942 à août 1944, près de 1 137 collaborateurs sont assassinés dans tout le pays. La justice ainsi qu’une grande partie des membres de la gendarmerie ne s’impliquent guère dans la recherche des auteurs de ces assassinats. Les Allemands n’interviennent pas aussi longtemps qu’un de leurs compatriotes n’y est pas concerné. Ils ne veulent pas s’attirer inutilement l’hostilité des populations en prenant le parti des collabora­teurs honnis. D’ailleurs, nombreux sont les Allemands qui les considè­rent comme des traîtres à leur patrie. Lorsqu’un ami personnel de Ro­bert Verbelen est exécuté par la Résistance, ses amis abattent dans la nuit de la Saint-Sylvestre (1942-1943) l’ex-bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode, un franc-maçon notoire, Georges Pêtre.

 

(p.281) La libération d’Anvers et de son port constitue la plus importante contribution belge à la Seconde Guerre mondiale.

 

(p.286) /Libération / L’accueil des Belges est beaucoup plus chaleureux que celui des Français.

 

(p.314) /Offensive des Ardennes /

Les Al­liés, dont les Américains principalement, perdirent 85 000 hommes, ce qui représente quasiment la moitié des pertes américaines sur le front occidental pendant la guerre. En plus des blessés et des disparus, 19 000 Américains et 1 000 Britanniques sont morts. De plus, 15 000 Américains sont faits prisonniers de guerre. Parmi la population civile, on déplore 3 000 victimes. Quelques-unes d’entre elles sont tombées sous les coups de rexistes sanguinaires. Du 20 décembre 1944 au 10 janvier 1945, Degrelle réside au château de Steinbach (entre Houffalize et Troisvierges). Les femmes allemandes, qui suivent le sillage des troupes, sont chargées organisé.

 

3

Ludo Baeten, Feiten en Beschouwingen, Een les uit het recente verleden, in : Delta, 9, nov. 2001, p.7-8

 

« Wanneer een vorst die weet te bevelen, die karakter heeft die in het ongeluk niet versaagt die geen voorzorgen nalaat en die op het volk vertrouwend met zijn geest en maatregelen de gemeenschap bezielt dan zal hij daarvoor niet bedrogen worden, maar tot het besluit komen, dat hij goede fundamenten heeft gelegd »

 

Nicolo Machiavelli (1469-1527)

 

Naar aanleiding van het onlangs gepubliceerde boek van Koning Leopold III, « Kroongetuige », waarvan in beide landstalen tezamen naar verluidt al 90.000 exemplaren verkocht werden, deze zienswijze over de Koningskwestie .

Zonder de roemloze ineenstorting van het Franse leger in 1940 zou er nooit van een koningskwestie sprake zijn geweest. Het had Frankrijk aan inzicht en moed ontbroken om te eisen dat Duitsland de verplichtingen van het Verdrag van VersailIes naleefde. Frankrijk had de herbewapening van Duitsland en de herbezetting van het Rijnland gewoon geaccepteerd. Op 3 september 1939 verklaarde het zwakke doch niettemin verwaande Frankrijk aan Duitsland de oorlog en… stak verder geen poot uit.

In mei en juni 1940 werd het Franse leger in enkele weken tijd tot aan de Pyreneeën teruggedreven. Deze nederlaag doet aan die van 1870 denken. Ze bevestigt bovendien het Franse onvermogen van 1914-1918, toen de Verenigde Staten de Fransen ter hulp moesten snellen (verklaring van President Wilson, militaire bijstand).

Vanaf 15 mei 1940 was het scharnierpunt Sedan niet meer te houden: het Duitse leger rukte op naar de Franse kust en naar Parijs. De Franse regering was radeloos. Hoe kon ze de Franse bevolking en de rest van de wereld zulk een ineenstorting van Frankrijk uitleggen ? Bovendien keerden de Engelsen naar hun eiland terug en bleven de Amerikanen isolationistisch.

Op dat cruciale ogenbIik bood de Belgische regering aan Frankrijk een uitweg of althans een uitleg :

« Koning Leopold lll heeft de geallieerde zaak verraden, de trouweloze vorst onderhandelt met Duitsland hij was trouwens al lang een heimelijke aanhanger van de Duitse zaak. »

Na de capitulatie van het Belgisch leger maakten onze politici te Limoges op 31 mei 1940 deze versie van de feiten officieel.

Vanaf dat ogenblik was het lot van de koning bezegeld. Vele pogingen zijn ondernomen om de waarheid te herstellen – vergeefse moeite. Noch Frankrijk, noch onze politici konden nog een stap terug. Van dan af aan zien we nog enkel verzinsels, manipulatie en spektakel.

Hoe kan men dit reusachtig bedrog opnieuw ter sprake brengen zonder te gewagen van de zoveelste Franse nederlaag, waar later nog de nederIagen in de koloniën en de terugtocht van Suez op volgen?

Heeft onze Vorst uiteindelijk niet ingezien dat hem de rol van zondebok ten deel gevallen was, waardoor de verloren eer van het Franse volk een tijdlang moest gered worden? Te meer daar het Belgisch politiek milieu de vorst in de rug schoot.

Wij moeten de eer van Leopold III blijven verdedigen. Zij is ook onze eer. Op vele gebieden had hij blijk gegeven van uitzonderlijke scherpzinnigheid. In een land waarvan de bevolking zo weinig zin voor staatkunde heeft, blijft een echte staatsman niet onbestraft.

Maar dat de bevolking zich zo gemakkelijk liet verschalken is onheilspellend.

 

NvdR:

Wij verwijzen onze lezers naar het recent verschenen werk « Leopold lII » van Dumoulin, Van den Weyngaert en Dujardin bij Editions Complexe (ISBN 2.87027.878.0) Een werk dat wij graag aanbevelen.

 

 

2 Documents

Lettre d’Alain Dantoing (Centre de recherches et d’études historiques de la seconde guerre mondiale)

Laroche / Un différend belgo-français les 10 et 11 mai 1940

(in: Charles Nollomont, Le Pays de La Roche par les textes, Coll. Histoire Collective & asbl Action-Animation-Tourisme, 1999, p.121)

Mai 1940 - Irak 2004 (Johan Viroux)

(VA, 05/2004)

Vu les intentions de l'armée française de mener la guerre en Belgique afin de limiter les destructions en France, les commémorations de ce genre tiennent du révisionnisme...

(Haut-le-Wastia, festivités au Monument français) (VA, 19/05/1995)

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