Diverses actions de collabos francophiles en Belgique…
1923 |
Alphonse Lambilliotte, La Résurrection du Coq de Jemappes, 21 mai 1922, in: Almanach wallon, éd. Gauloises, BXL, 1923, p.214-217
(p.214) L’initiative de la commémoration de la bataille de Jemappes date d’octobre 1908. Il serait difficile, sans doute, de préciser de façon certaine qui eut le premier l’idée — les idées sont à tous — de rappeler la célèbre bataille qui a apporté au monde un ordre de choses nouveau, — mais nul ne nous contredira si nous affirmons que M. Hector Voituron, secrétaire général du Comité de la bataille de Jemappes, fut bien le promoteur de tout le mouvement. Dès octobre 1908, dans un brillant article publié par La Province de Mons, il rappelle toute la grande bataille, fait ressortir ses immortelles conséquences, et lance l’idée d’un monument commémoratif. Aussitôt, un comité s’organise, dans lequel se groupent de nombreuses personnalités de toute la Belgique wallonne. Le baron Jules du Vivier, conseiller provincial, ancien échevin de la ville de Mons, ancien député permanent du Hainaut, est appelé à la présidence ; M. Hector Voituron est nommé secrétaire général, M. Paul Heupgen, trésorier. Des polémiques d’une violence extrême s’engagent dans les journaux. On réunirait la matière de dix volumes avec ces articles, qui furent publiés tant par les partisans que par les adversaires. Mais voici qu’à Liège, en 1909, à Mons, en mai 1910, se fondent Les Amitiés Françaises. La lutte reprend plus ardente. L’on ne put s’empêcher d’évoquer ces moments héroïques de l’amitié (p.215) française en Belgique. Période difficile et un peu douloureuse qui caractérise bien les années d’avant-guerre dans notre pays livré, déjà, aux entreprises des flamingants, des germanophiles et des agents pangermaniques. Il était alors beaucoup moins simple qu’à présent de crier : « Vive la France! » Beaucoup moins agréable aussi. Quiconque se montrait Wallon et francophile, était traité en suspect et qualifié de traître par certains journaux dont la francophobie ignorait le sens de la mesure. Néanmoins, les adhérents vinrent nombreux aux Amitiés Françaises. A Mons, le succès fut éclatant. On sait l’importance considérable et toute l’activité de cette association. Les 21, 22, 23 et 24 septembre 1911, les Amitiés Françaises de Mons organisèrent un congrès international qui eut un énorme retentissement. Il réunit plus de 500 adhérents. De nombreuses personnalités de tout premier plan y prirent part. Pour la première fois, le grand problème de la défense de la civilisation française dans le monde fut présenté dans un débat d’envergure. D’accord avec le Comité de la bataille de Jemappes, le Comité du Congrès décida que la journée du dimanche 24 septembre serait consacrée à l’inauguration du monument commémoratif. Et il en fut ainsi. Ce fut une inoubliable journée de fraternisation franco-belge. Voici en quels termes, M. Hector Voituron en rappelle le souvenir dans La Vie Wallonne, numéro de juin 1922. On ne peut mieux exprimer l’émotion qui fut unanime : « Je revois le spectacle émouvant de cette foule enthousiaste où la » Marseillaise et les discours avaient mis un peu de fièvre; dans la pluie » qui tombait par intervalle, sous un ciel gris dont les nuées lourdes s’effilochaient en brume pénétrante, l’obélisque s’élançant de la cohue massée autour des gradins ; la tribune d’où parlaient les orateurs et où le ba- » ron Du Vivier, infirme, pris d’enthousiasme aux accents de la Marseillaise, le geste large,chantait l’hymne révolutionnaire d’une voix qu’enflait » un souffle héroïque; le général Langlois prononçant son admirable discours; Jules Destrée, parlant en poète, adossé au monument; Fulgence Masson, faisant revivre un morceau de la formidable époque; Hector Dufranne, le baryton de l’Opéra, électrisant la foule aux accents de sa » voix prodigieuse; et Marcel Habert, tribun blond, et qui vibrait un peu » de l’enthousiasme de Deroulède… Et ces milliers d’enfants dont les voix » ténues s’unissaient en un ensemble formidable qui remuait la plaine! Et, dominant tout cela, mince et droit, le monument, comme un geste de pierre tendant là-haut son grand coq d’or figé dans un élan miraculeux : à la pointe de l’obélisque, c’était comme une chanson épique : le coq, tourné vers l’Est, clamait éperdument sa muette Marseillaise » d’or. C’était, sur cette plaine bornée au loin par le tragique bossèlement (p.216) des travaux de charbonnages, sous ce coq lançant sa chanson de gloire, parmi les champs où dorment les morts de quatre-vingt-douze, l’âme altière de la France qui vibrait intérieurement! » Vint la guerre. Aux horreurs d’une barbarie sans nom, les Allemands crurent devoir ajouter d’inutiles actes de vandalisme. C’est ainsi que l’épaisse bêtise teutonne voulut immoler à sa haine de la France le Coq de Jemappes. Le 24 août 1914, à l’issue de la sanglante bataille de Mons et du Borinage, ils arrachèrent le Coq de son socle. Le récit de cette scène douloureuse est connu. Le coq, qui pesait 080 kg., se défendit et il fallut aux brutes allemandes des câbles solides et huit chevaux robustes pour faire tomber de son obélisque où il se crispait dans un grand geste altier, le beau Coq gaulois, chantant sa Marseillaise fougueuse, bravant les bordes teutonnes, ivres d’alcool et de ripailles. (p.217) Ayant détruit ce symbole qui évoquait la France en terre belge, les Boches abandonnèrent le champ de bataille et s’acheminèrent vers Mau- beuge… et vers la France!…
L’obélisque intact, mais découronné de son coq symbolique, se dressa pendant toute la guerre, par dessus les plaines du Borinage, comme un rappel tragique. Nous avons dit combien l’idée de la commémoration de la bataille de Jemappes et la fondation des Amitiés Françaises avaient soulevé d’âpres discussions et de violentes controverses. La guerre mit tout le monde d’accord.., en nous donnant raison! Aussi,le projet de réédifier le Coq de Jemappes ne suscita plus les mêmes polémiques. Il s’agissait de réparer l’outrage infligé par l’ennemi à un symbole qui évoquait la France alliée en terre belge. A part les inévitables grincements de dents de la gent flamingante et flaminboche — l’accord fut unanime. Les Amis de Jemappes élirent un comité dont M. le sénateur Arthur Demerbe, le sympathique maître de forges de Jemappes accepta la (p.218) présidence d’honneur; M. le docteur Valentin Van Hassel fut nommé président; M. Hector Voituron, secrétaire général, et M. Paul Heupgen, trésorier. Les anciens membres du comité reprirent leur place à côté d’eux et chacun se mit à l’œuvre. La propagande se fit, cette fois, sans heurt et sans vaine discussion.. Il s’agissait moins dans l’esprit de la grande majorité de commémorer la. bataille de Jemappes, que de rendre un hommage d’admiration, d’attachement et de fidélité à la France, et de répudier l’acte de vilénie commis par les Allemands à l’égard du monument élevé en l’honneur de l’idée française en Belgique. Les souscriptions affluèrent au Comité.
Le dimanche 21 mai, une manifestation impressionnante, à laquelle on peut dire que le pays tout entier participa, réunissait à Jemappes, au pied du Monument, une foule de plus de 60.000 personnes. La ville de Mons et la commune de Jemappes étaient en fête. Celle-ci était toute pavoisée aux couleurs nationales belges et françaises. La manifestation se déroula grandiose et prenante sous un soleil radieux. Sur l’immortel champ de bataille de 1792, qui fut aussi le théâtre des engagements les plus meurtriers de 1914, et qui, en 1918, servit d’emplacement aux canons britanniques à la veille de l’armistice, une foule immense, grouillante, se pressait à s’écraser. Lorsque le cortège composé de milliers de délégations wallonnes et françaises, qu’accompagnaient les musiques de nombreuses sociétés, arriva sur la colline historique, une poussée formidable se produisit et une clameur immense s’éleva au passage du maréchal Pétain, symbole admirable et émouvant de l’héroïsme français. En un clin d’œil les barrières furent débordées, et c’est dans une communion unanime, en contact avec la foule, au milieu du peuple vibrant et enthousiaste, que les orateurs prononcèrent les discours officiels; à tout instant coupés par les applaudissements frénétiques de milliers et de milliers de mains, par des ovations interminables qui se répercutaient par dessus la plaine. M. Durand, bourgmestre de Jemappes; le maréchal Pétain, M. le docteur Van Hassel, M. Devèze, ministre de la Défense Nationale; M. Jules Destrée, ancien ministre ; M. Louis Marin, député français ; M. Gustave Aubert, président des Anciens combattants français, prononcèrent tour à tour des discours ou des allocutions du plus pur patriotisme, exaltant en termes d’une rare élévation l’âme héroïque des soldats de 1792 et de 1914 et l’indéfectible attachement de la France et de la Belgique. Et soudain s’élève, infiniment émouvante, la voix puissante du baryton Dufranne, qui chante la Marseillaise, puis la Brabançonne. La foule accompagne, et c’est un grand frisson qui passe sur le champ de bataille. Puis, Louis Richard, de l’Opéra de Strasbourg, entonne le Chant du Départ, (p.219) et l’émotion se renouvelle. C’est un spectacle unique d’enthousiasme et de foi patriotique. Là-haut, dans l’azur, droit sur son socle, le Coq rayonnant de lumière, tourné vers l’Est, le cou gonflé, clame, lui aussi, son chant de vengeance et de victoire dans un effort prodigieux de tout son être! Et en s’éloignant, le soir venu, chacun emporte au fond de soi-même l’image du bel oiseau, gardien vigilant, que la rage des Allemands jeta par terre en 1914, mais qui vient reprendre sa faction plus triomphant que jamais ! L’allégresse est dans tous les cœurs! La France et la Belgique, les mains unies une fois de plus, ont confiance dans l’avenir. Le Coq immortel veille sur leur commune destinée !
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1985 |
Mort de l’éditeur André Gérard, LB 15/06/1985
Précurseur des livres de poche, il avait créé en 1949 la collection marabout ‘En 1970, rachat des éditions par Hachette: Marabout passa sous tutelle française:’ « Je crois qu’ à l’époque du rachat, personne n’ a vraiment pris conscience que c’était là un morceau de notre patrimoine qui s’ en allait », poursuit M. Schellens /cofondateur avec A. Gérard de Marabout/ « car non seulement Marabout a édité un nombre considérable d’originaux (jusqu’ à 60 p.c.), mais parmi eux, une proportion considérable d’ auteurs, de dessinateurs, photographes … belges. »
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1997 |
Mouvement de collabos francophiles minant les universités francophones en Belgique
Les signataires
Liste des adhérents au Manifeste
André Robert, ULB & UMH
Manifeste
CHRISTIAN FRANCK
Choisir l’avenir
1999 sera vraisemblablement une année très importante pour la Belgique fédérale. A priori, ni la tenue d’élections fédérales, régionales et européennes, ni la révision de la loi de financement des Communautés et Régions, prévues pour cette année, ne sont en soi des enjeux qui impliquent une possible désintégration de l’État fédéral. Il se trouve pourtant que la légalité constitutionnelle de 1993 connaît une légitimité décroissante chez les élites flamandes. Par des revendications multiples, telle la défédéralisation de la Sécurité sociale et, plus généralement, l’aspiration à un confédéralisme résiduel, c’est une légitimité nationaliste flamande qui prend de plus en plus congé du fédéralisme belge. 1999 pourrait marquer le début de la crise de la légitimité fédérale, comme 1963 (avec la fixation de la frontière linguistique) ou 1968 (avec le Walen buiten) ont témoigné du commencement de la fin de l’État unitaire. Sans doute appartient-il aux partis politiques francophones de réagir face à cette situation. Mais il est aussi de la responsabilité de professeurs et de chercheurs universitaires, d’intellectuels et de personnalités de la société civile, d’éclairer le sens des événements et de proposer des solutions qui garantissent l’intérêt général des Wallons et des Bruxellois francophones. Si cette démarche est encore rare, elle exprime pourtant un besoin de plus en plus grand de la société civile de ne plus se contenter de déléguer aveuglément son destin à ceux qui les dirigent. Dans le cadre des sciences humaines et particulièrement de la science politique qui les ont aidés à analyser la situation, les auteurs de cette initiative ont cherché à comprendre ce qui se passe dans le nord du pays, à prévoir les évolutions et à étayer leurs choix, inévitablement normatifs, d’une manière qu’ils espèrent la plus objective possible. Dans cet esprit, ils veulent mettre ensemble les Wallons et les Bruxellois francophones en position d’attente stratégique face aux scénarios du futur. Dans le débat politique qui pose clairement la question de l’avenir de la Belgique, que ce soit dans le sens de son maintien dans le cadre fédéral actuel, de sa transformation en une confédération ou, encore, de sa suppression, les auteurs privilégient le maintien d’un fédéralisme éventuellement renégocié, offrant des conditions de coexistence entre Flamands et Francophones qui soient équilibrées et sans équivoque. Si c’est impossible, ces mêmes auteurs mettent en garde contre un confédéralisme qui ne serait que transitoire et, à terme, désastreux pour la coopération et l’avenir des Wallons et des Bruxellois francophones. Ils explorent, enfin, les conditions d’une séparation où il s’agirait d’assurer au mieux l’existence et la place des Francophones dans l’Europe de demain. Par ailleurs, face aux visées d’un mouvement flamand de plus en plus offensif, cet essai privilégie l’association – respectueuse des autonomies régionales acquises – entre la Wallonie et Bruxelles. Si la Flandre entreprenait de se soustraire de la Belgique fédérale, la Wallonie et Bruxelles – cette dernière n’ayant pas vocation à l’apesanteur politique – devront forger leur communauté de destin et lui donner la forme institutionnelle que requerra la tournure des événements. (…)
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2003 |
L. Gilissen (7000 Mons), L’année Simenon, LSM 26/02/2003
Cette vérité historique méritait d’être dite (et probablement révélée) aux lecteurs du « Soir magazine » : il s’agit de l’antisémitisme, de l’antiprogressisme du parti catholique de ce temps, de l’antisocialisme et de l’antimaçonnisme qui se lisent dans les billets que l’écrivain a publiés dans « La Gazette de Liège ».
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