Le racisme, fondement de la France – le mépris des communautés non francophones

le vrai visage linguistique de la France

(sources: ons Erfdeel, p.558, 1978; adapt. Johan Viroux)

PLAN

0 Généralités

1 Racisme de la France envers la communauté néerlandophone (Vlaanderen)

2 Racisme de la France envers l’Alsace-Lorraine (Elsass-Lothringen)

3 Racisme de la France envers l’Occitanie (Occitania)

4 Racisme de la France envers la Corse (Corsica)

5 Racisme de la France envers la Catalogne (Catalunya)

6 Racisme de la France envers le Pays basque (Euskal Herria)

7 Racisme de la France envers la Bretagne (Breizh)

8 Racisme de la France envers la Picardie (Picardîe)

9 Racisme de la France envers les DOM-TOM

 0 Généralités

Michel Tozzi, Apprendre et vivre sa langue, éd. Syros, 1984

 

(p.15) 1. Trois générations : une même envie

 

« Mes grands-parents, raconte Jean Carbonnel, ne parlaient le français que dans les grandes occasions. Mon père a connu l’interdit scolaire de l’occitan. Mais comme il était régisseur à Carcassonne, il a continué à le parler : c’était le point de rencontre de tous les travailleurs de la vigne, viticulteurs, salariés espagnols ou italiens… C’est lorsque j’ai été expatrié à Paris que je me suis aperçu que j’avais l’accent : ils me l’ont foutu en travers de la gorge, ils m’ont fait avaler les « r ». C’est après 68 que j’ai osé retrouver ma langue enfouie et la ressortir. Maintenant que je suis (rede­venu bilingue, non seulement j’ai reconquis mon accent, mais je me laisse aller avec volupté à des occitanismes conscients…

Fils de viticulteur du Bas-Languedoc, je ne peux faire abstraction dans mon identité de mes sources. L’occitan, c’est ce sur quoi je me suis construit : la langue, c’est le moyen individuel et collectif de revenir à soi, d’approfondir d’où on vient pour mieux (p.16) savoir où et qui on est. Aujourd’hui, il faut régionali­ser. La langue, c’est pour moi un moyen concret de le faire, en le disant au sens propre. L’occitan, je veux d’abord le parler pour pas qu’il disparaisse. Après on verra bien ce qu’on en fera…

 

Dans mon club, à côté de Toulouse, il y a des gens très différents : des intellectuels d’origine rurale qui jouissent de réentendre la langue de l’enfance ou du pays, veulent renouer avec les vieux et le village, ou alors parler d’autre chose que de banalités ou de la vie des champs, par exemple pédagogie ou politique, en occitan. Des jeunes qui viennent voir, parce que l’oc est dans l’air, ou qu’ils veulent s’entraîner pour le bac. Des étrangers qui s’intéressent aux langues romanes. Et des vieilles du coin qu’on a réussi à décomplexer de leur « patois » et qui ont osé revenir à l’école le reparler, parce que ce n’est plus un défaut, mais un plaisir et un droit… »

 

« Ma famille et tout mon village, à côté de Carcassonne, confie Jacky Sorli parlaient l’oc. Mais c’était le « patois des plouks ». La langue officielle et sacrée était celle de l’école de la République. D’où une auto-censure volontaire. Ils voulaient que je devienne fonctionnaire. Il ne fallait pas que je m’imprègne d’une langue qui m’aurait fait rejeter. J’entendais l’oc chez moi, mais comme à la déro­bée. On ne me le parlait pas et je ne l’ai jamais parlé.

 

(p.27) « Mes grands-parents parlaient provençal entre eux, mais jamais avec moi. Ce tabou m’a coupé d’une certaine communication. Il y eut dichotomie. Plus tard, on me disait que je m’exprimais mal en français. Je me disais que j’étais un mauvais instituteur. Ça a fait tilt sur la trentaine, quand je me suis mis au provençal… J’ai compris l’origine de mes confusions et de ma gêne et par là-même la situation linguistique de mes élèves ; le sens qu’il fallait désormais donner à mon enseignement : faire la chasse à la norme, valoriser au départ ce que l’enfant est et parle, pour aller plus loin, mais après » (Guy).

Cette attitude est d’ailleurs mal comprise par les générations qui se sont volontairement empêchées de parler « patois » « dans l’intérêt de leurs enfants »: «  c’est-y pas possible que ce qu’on nous a interdit et puni à l’école, on l’apprenne maintenant et on le passe à la télé » une vieille auvergnate.

Mes parents ne comprennent plus : ils ont eu beau­coup de mal à apprendre le français, ils nous interdi­saient de parler flamand à la maison. Et voilà maintenant que j’en fais faire à mes gosses. Ils refusent de le parler à mes enfants, et c’est dommage, parce qu’ils le connaissent bien et le parlent entre eux. Ils pensent qu’on va leur porter tort ». Et Joël, professeur de flamand à l’Ecole Normale de Lille : « J’ai été élevé par mes grands-parents qui parlaient les deux langues. Quand ils ont appris que j’enseignais le flamand, ils ont eu peur que je me fasse virer. Ils se demandaient à quoi cela pouvait bien servir. Heureusement maintenant, ils se rendent compte que c’était plutôt une aberration de ne pas l’enseigner ! »

 

(p.69) 1. La lutte contre une répression bicentenaire et pour un statut des langues de France

L’oppression linguistique et culturelle

• Des faits. – Citons en premier l’ordonnance toujours en vigueur de Villers-Cotterets, où François Ier impose en 1539 la langue française dans les actes de la vie officielle. Et prenons quelques dates significatives :

 

(p.70) L’ALSACE : ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME (d’après P. Klein)

–     XIXe – L’Alsacien doit comprendre qu’il parle alsacien et non

allemand, langue étrangère.

1871 – Dans les zones dialectophones annexées, le français, langue étrangère, est évincé de l’école.

1918 – Allemand d’abord suspendu, puis réintroduit trois heures par semaine.

Jusqu’en 40 – le français est enseigné comme « langue maternelle » aux dialectophones.

De 40 à 45 –  Français (et expressions françaises intégrées aux dialectes) interdits.

–          1945 – Allemand interdit à l’école primaire.

 

FLANDRE FRANÇAISE : PAR LE SABRE CONTRE LE GOUPILLON (d’après P. Simon)

1684 – Louis XIV, pour franciser la Flandre, impose le français dans les actes de justice.

1802 – Existe déjà dans certains collèges le « signum » (objet transmis d’élève à élève parlant flamand, le dernier détenteur ayant une mauvaise note).

–    1832 – Service militaire de 7 ans introduisant le français dans les classes populaires.

1833 – Loi Guizot interdisant l’enseignement du flamand (jus­que-là, enseignement oral à l’école primaire en flamand).

1853 – Le Conseil académique du Nord demande de joindre un texte français au catéchisme flamand. Le ministre Duruy invite en 1854 l’archevêque de Cambrai à s’exécuter : refus de l’archevêque.

1877 – La Troisième République anti-cléricale se retourne contre le flamand soutenu par le clergé, celui-ci utilisant le flamand contre les idées républicaines.

1890 – Arrêté ministériel interdisant catéchisme et sermons en flamand. 57 communes du Westhoek ont un tel catéchisme. Plusieurs maires sont suspendus. 43 communes en 1900 ont toujours ce catéchisme.

1950  – On peut encore lire sur le mur de la cour : « Interdit de parler flamand » (ex. commune de Berthen).

1951   –  Refus de reconnaître dans la loi le flamand comme « langue régionale ».

 

 (p.71) NIER LE BRETON (d’après Y. Jardin)

–     1789 – L’abbé Grégoire, auteur d’un « Rapport sur la nécessité

et les moyens d’anéantir les patois », déclare que « l’unité de l’idiome est une partie intégrante de la révolution », et Barrère devant la Convention : « les jargons sont autant de barrières qui gênent les mouvements du commerce et atténuent les relations sociales… Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton, les Basques ignorent la langue des lois de la République ».

–     1832 – Le duc de Rovigo déclare : « Je regarde la propagation

de notre langue comme le moyen le plus efficace de faire faire des progrès à notre domination dans le pays. Le vrai prodige à opérer serait de remplacer peu à peu l’arabe par le fran­çais ».

A rapprocher de :

–     1831 – « Favoriser, par tous les moyens possibles, l’appauvris-

sement, la corruption du bas-breton, jusqu’au point que d’une commune à l’autre on ne puisse plus s’entendre… » (Comité d’Instruction primaire de Quimper).

–    21/11 /46 – « Nos écoles dans la Basse-Bretagne ont particu-

lièrement pour objet de substituer la langue française au breton » (préfet des Côtes-du-Nord).

–     1897 – « Pas un mot de breton en classe, ni dans les cours de

récréation » (inspecteur d’académie Dosimont).

1925 – « Pour l’unité linguistique de la France, la langue bretonne doit disparaître » (A. de Monzie, ministre de l’Instruction publique).

–     1945 – Des gens parlant le breton ont été inquiétés, arrêtés,

condamnés parfois, alors que beaucoup d’entre eux n’avaient pas été collaborateurs ou avaient parfois été résistants. Certains n’ont plus voulu parler breton en public par souci de tranquillité.

–    Vers 1950 – « Le symbole était un morceau de fer pour mettre

sous les sabots des chevaux. On le donnait au premier qui arrivait et qui parlait breton, et ensuite, quand celui-ci trouvait un autre qui parlait breton, il le lui donnait. Le dernier attrapé était mis en pénitence et devait écrire en français, 50 ou 100 fois : « je ne parlerai plus jamais breton ». Celui qui était pris restait souvent à l’école, après 16 h 30, une demi-heure ou une heure dans le coin de la salle » (Evid ar Brezhoneg n° 14 mai 74).

 

(p.72) Les conséquences – L’échec scolaire

 

« L’élève imprégné d’occitan parle un français « incorrect », non conforme au modèle. Le rôle du français dans le cursus scolaire provoque alors une sélection rigoureuse. Mais plus l’élève avance, plus le modèle est exigeant. Beaucoup d’enseignants du primaire ont un accent occitan, mais les marques diminuent au fur et à mesure qu’on va vers l’univer­sité. Comme il faut du temps pour assimiler le modèle, la différence est toujours maintenue, et c’est elle qui joue le rôle de marque discriminatoire. En fin d’études supérieures on se verra encore tancer par un jury de concours pour son accent, et fermer les carrières du journalisme ou du théâtre », relève Serge Granier.

Il y a dans les enquêtes une forte corrélation entre un bas niveau scolaire et un fort usage des langues de France. Ces langues sont parlées le plus dans les milieux populaires ruraux. Le fils de petit paysan breton est ainsi aussi scolairement défavorisé que celui d’un O.S. du Mans. Au français normatif de l’école et « recherché » de la bourgeoisie, s’opposent à la fois le français « relâché » de l’ouvrier et celui, « patoisant », du petit paysan ou de l’artisan. La coupure ville/campagne se juxtapose à celle de bourgeois/ouvrier, et bien souvent s’y superpose, quand l’ouvrier est d’origine rurale. Elles se rejoignent dans celle de manuel/intellectuel. L’école met donc en situation d’échec scolaire et social ceux qui sont por­teurs des langues de France. Il faudrait plutôt dire qu’elle échoue à les faire réussir.

« Je suis entrée à l’école à sept ans sans savoir un mot de français. Il était interdit de parler béarnais. Soit j’arrivais à communiquer sans parler, soit je parlais béarnais sans me faire attraper, soit j’avais compris que pour être comme les autres, avoir des amies, avoir les bonnes grâces de l’institutrice, il fallait vite apprendre le français. Pendant longtemps la langue régionale fut pour moi un handicap à mon(p.73) insertion sociale. Elle contribua à accroître ma timidité. Ce « bilinguisme » était difficile à vivre, car il y avait référence à deux modèles, la culture pay­sanne de mes parents et la culture dominante, la seule reconnue à l’école » (Simone, quarante ans).

Quand un élève n’est pas reconnu pour ce qu’il est, il rejette l’école. On affichait partout à Strasbourg après la guerre : « II est chic de parler français ». Mais un dialectophone alsacien à qui on inculque le français comme une langue maternelle pratiquera mal le français, perdra l’usage de son dialecte et ne saura peut-être jamais l’allemand. D’une double chance d’être bilingue, l’école a fait une double difficulté, à cause de sa double erreur. En fait, dit la CFDT d’Alsace, « la bourgeoisie ne pouvait se priver de l’arme essentielle de la domination qu’est la répression linguistique dans la sélection scolaire. Elle réservait le bilinguisme à ses propres enfants ». C’est pourquoi Holderith a dit : « La démocratie de l’enseigne­ment en Alsace passe par le bilinguisme ». Aujourd’hui, ajoute Y. Jardin « des psychiatres attribuent à la dépos­session de la langue maternelle et de la culture propre les troubles de certains malades et y voient une des raisons de l’alcoolisme en Bretagne ».

« Jean, exclusivement dialectophone, a dit, le soir de sa première journée d’école maternelle :  » D’Mamseil redd nit wie min  » (la maîtresse ne parle pas comme nous). Son premier contact a été pénible : environnement social nouveau, mais aussi milieu linguistique « étranger ». Quand il s’adresse à la maîtresse, elle aussi dialectophone, celle-ci fait semblant de ne pas comprendre et répond en français. Cette tricherie le trouble. Longtemps, il se taira, ou ne s’exprimera qu’en « appris par cœur ». Il ne commencera à se sentir à l’aise que lorsqu’il aura désappris sa propre langue, et acquis une person­nalité conforme. Ce qui compromet son dialogue avec ses parents et son intégration dans la collecti­vité alsacienne » (cité par P. Klein).

 

(p.74) La déstructuration des communautés

 

Résultat foudroyant d’une telle politique : plus de 60 % de la population du Bas-Rhin parle l’Alsacien, mais moins de 1 % des jeunes enfants de Strasbourg ! L’irrespect de la personne est en même temps destruction de la langue et de la communauté culturelle qui l’utilise. Quand des inspecteurs disaient encore en 1973-1974 : « Laisser parler alsacien serait retourner à l’homme des cavernes » ou « II n’y a aucune raison de maintenir les élèves dans leur sous-culture d’origine », on comprend comment la « langue de la honte » (Yezh Ar Vezh) peut marquer une collectivité.

« Cette domination produit une crise d’identité qui trouve sa contrepartie dans une surenchère patrio­tique, dans la culpabilisation de la spécificité régio­nale, dans des phénomènes d’auto-censure. Cela se traduit par une sous-scolarisation, une maîtrise très imparfaite des langues, un accès plus difficile à la vie culturelle et sociale, une résignation face au modèle imposé et une soumission politique », dit P. Klein.

« Parler pointu fait raffiné, l’occitan est perçu comme vulgaire. L’infériorisation du langage rejaillit sur l’individu et sa communauté (cf. « Portrait du colonisé » de Memmi). D’où le malaise, la mutilation, la perte de dynamisme. Le « complexe du patois », « façon vicieuse de parler abandonnée à la popu­lace » (Encyclopédie) culpabilise, illégitime, dissout. On réussit quand on est docile, reniant sa commu­nauté d’origine. On est alors senti par les siens comme étranger », ajoute Serge Granier.

L’usage purement privé, oral, local d’une langue l’amène à dépérir et se dénaturer. On prive ainsi une population de sa personnalité. Certains parlent de « gé­nocide culturel ». « C’est blesser un peuple au plus profond de lui-même que de l’atteindre dans sa langue et sa culture » constatait F. Mitterrand. D’où le devoir de réparation historique envers les langues de France.

(p.75) « Nos parents sont arrivés à l’école en disant en occitan « quauqu’un mai ». A coups de punitions, la scolarité obligatoire les a amenés à « quelqu’un plus », occitanisme en français. Notre génération connaît le « quelqu’un plus », et apprendra à l’école à dire « quelqu’un d’autre », avec en prime un petit diplôme. Les élèves actuels en sont à ce « quelqu’un d’autre », et quand ils se mettent à parler occitan, ils disent « quauqu’un d’autre », un francisme en occi­tan » (M.S. Cahiers Pédagogiques n° 190).

 

(p.76) L’opposition à cette politique

 

« A l’école, j’ai été plusieurs fois obligé de reco­pier le règlement scolaire en français, parce que je parlais alsacien. Cela suffit pour dire que je me sens Alsacien avant de me sentir Français » dit le chan­teur R. Siffer.

 

Andrea Rea (sociologue à l’ULB), « La faillite du modèle d’assimilation français », LS 08/11/05

 

Par quoi se traduit ce « non-respect » ? Par les propos de Nicolas Sarkozy ?

Les propos de Nicolas Sarkozy ont été la goutte qui a fait débor­der le vase. Fondamentalement, ce qui est en cause, c’est ce que l’on appelle « l’intégration à la française », c’est-à-dire le modè­le « assimilationniste » : la recherche complète de la conformi­té culturelle. En France, on n’a jamais reconnu le fait que, mê­me si on est français, on a des appartenances culturelles ou eth­niques différentes : on n’est pas que des citoyens de l’Etat fran­çais, on est aussi des individus disposant d’un certain nombre de particularités, dont on est fier. Ne pas les reconnaître, quel­que part, c’est atteindre à l’iden­tité sociale de ces individus.

C’est pourtant une vieille habi­tude : avant et même après la Seconde Guerre mondiale, un certain nombre de Juifs fran­çais ont été plus ou moins con­traints de « franciser » leur nom…

Tout à fait ! Ce modèle d’assi­milation français marchait dans le cadre des Etats-nations, mais ne marche plus dans le modèle des Etats globaux.

 

Auclair / Deschamps, Bran Ruz, éd. Casterman, 1981

 

CE QUE L’ON APPELLE GÉNÉRALEMENT « L’HISTOIRE DE FRANCE » N’EST QU’UN TISSU DE MENSONGES QUI COMMENCE PAR L’ANTIQUITE GRECO-LATINE ET SE POURSUIT PAR LA GENEALOGIE DE LA FAMILLE CAPET

DE CETTE HISTOIRE- LÀ, LES « FRANÇAIS »  (Nous voulons dire par là les Flamands, les Picards, les Lorrains, les Bretons, les Alsaciens, les Occitans, les Savoyards, les Basques, les Catalans, les Corses, les Guadeloupéens, les Réunionnais, les Martiniquais, les Guyanais, les Polynésiens, etc., qui entrent tant bien que mal, dans la composition de l’« Etat français ») sont absents, car les Csars centralistes qui, depuis 2000 ans, s’acharnent à former l’Hexagone, supportent mal la libre expression populaire et le droit à la différence .

 

A tous ces « Français » privés d’histoire, qui n’apparaissent dans les manuels scolaires que de loin en loin, et sous la forme caricaturale d’une populace anonyme tout juste bonne à hurler avec les loups, nous voudrions rendre cette histoire, leur histoire, échappée en lambeaux à vingt siècles d’intolérance, de répression sanglante, et de centralisation à outrance. (…)

 

Si les Bretons de notre bande dessinée parlent et chantent en breton, c’est parce ce qu’ils sont avant tout et tout bêtement bretonnants.

C’est aussi parce que nous avons une conviction : la culture dominante, en l’occurrence française (ou mieux parisienne et bourgeoise, risque Fort de ne pouvoir véhiculer que l’idéologie dominante, parisienne et bourgeoise.

Au contraire, les cultures minoritaires et d’origine populaire sont sans doute plus aptes à véhiculer des idées contestataires et contribuer ainsi à une décolonisation salutaire des esprits. (…)

 

France/ Le français, unique langue officielle, LB 20/06/2008

 

» Le Sénat et l’Académie refusent une reconnaissance des langues régionales. » En invoquant de « graves » conséquences pesant sur « l’identité nationale ».

 

BERNARD DELATTRE

CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS

 

Le Sénat  et l’Académie française : quand deux bastions séculaires du conservatisme en France s’unissent, leur force de frappe réussit à mettre à terre les plus puissants adversaires. Lundi, les « Immortels » avaient tonné contre le projet de loi de réforme institu­tionnelle adopté par les députés et débattu en ce moment au Sé­nat, qui reconnaît les langues ré­gionales. Mercredi, les sénateurs, sensibles au lobby de l’Académie, ont censuré ce volet du texte. Et, ce faisant, ont infligé un camou­flet à l’Assemblée nationale et au gouvernement, qui soutenait le projet.

« Les langues régionales appar­tiennent (au) patrimoine » de la France. Ainsi, selon le vœu des députés et du gouvernement, de­vait notamment être modifiée la Constitution au Congrès de Ver­sailles, fin juillet. C’était une fa­çon de calmer les partisans des langues minoritaires, assez irri­tés en France que ce pays n’ait pas ratifié la charte européenne des langues régionales édictée par le Conseil de l’Europe. Paris considère que cette charte l’obli­gerait à garantir un service pu­blic dispensé dans d’autres idio­mes que le français. Ce serait an­ticonstitutionnel car contraire à l’article 2 de la Constitution, qui stipule que le français est la lan­gue de la République.

D’où cette idée de reconnais­sance constitutionnelle a minima de la valeur patrimoniale des langues minoritaires. Mais c’était compter sans l’Académie fran­çaise, farouche gardienne de la langue de Voltaire depuis 1635. Les « Immortels », dans une intru­sion très inusitée dans le débat politique, ont tiré la sonnette d’alarme. Selon eux, cette recon­naissance constitutionnelle des langues régionales aurait des conséquences « graves » sur « l’identité nationale ».

 

Et « la potée auvergnate » ?

 

Mercredi, une majorité de sé­nateurs a suivi les arguments des Académiciens, et a rayé la phrase sur les langues régionales du pro­jet de réforme constitutionnelle. Ce qui obligera sans doute les dé­putés, lorsque le texte leur re­viendra, à édulcorer ce passage s’ils veulent en conserver l’esprit. Ces sénateurs frondeurs -coali­tion hétérodoxe allant des con­servateurs aux communistes-ont jugé que la Constitution ne devait pas être « un catalogue de richesses culturelles » du pays (dixit le socialiste Badinter), voire « un inventaire à la Prévert » (le souverainiste Dupont-Aignan). A l’heure où « nos en­fants parlent texto, il faut renfor­cer le français et non faire appel aux langues régionales », a estimé l’UMP Jean-Pierre Fourcade. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas insérer la gastronomie hexago­nale, voire « la potée auvergnate », dans la Constitution, a ironisé l’ex-socialiste Michel Charasse.

 

Près de 80 langues minoritai­res sont recensées en France, les principales étant l’alsacien, l’oc­citan, le breton et le corse. Un Français adulte sur quatre (26 pc) a pratiqué dans son en­fance une langue autre que le français. A l’école, ces langues sont étudiées (le plus souvent dans le cadre de cours à option) par plus de 400000 élèves, un chiffre en progression de 60 pc par rapport au début des années 2000.

 

in : DELTA, 10, 2008, p.22

 

Taalverdrukking. Staten hebben altijd al de neiging gehad taalminderheden het leven zuur te maken om niet erger te zeggen. Dat Vlaamse kinderen destijds gestraft werden als ze op school Vlaams durfden spreken, weten wij natuurlijk allemaal. Hetzelfde gebeurde in Frans-Vlaanderen. En ook in Bretagne tegenover kinderen die het waagden Bretoens te spreken. Thans vernemen wij dat ook in Eupen-Malmedy, toen het voor 1914 nog Duits grondgebied was met kinderen die op de speelplaats Waals durfden spreken. Daar waren ze dus geen zier beter.

 

in : Michel Lagrée, dir.,  Les parlers de la foi, Religion et langues régionales, PUR 1995

 

(p.23) /Alsace/

 

Avant 1848 la diffusion du français dans les écoles catholiques de filles est assurée principalement par les sœurs membres de congrégations ensei­gnantes. Elle se heurte bien des fois aux parents, aussi bien dans des villages catholiques du Haut-Rhin que dans certains villages luthériens de l’Alsace du Nord.

(p.27-28) Très vite les Églises se trouvent confrontées au nouveau personnel poli­tique qui veut étendre la politique scolaire d’assimilation et les lois laïques à l’Alsace. Le milieu politique et administratif, marqué par le jacobinisme et une incompréhension totale des réalités locales ne voit en Alsace qu’une « terre de mission ». Par les instructions du recteur Charléty en 1920, l’allemand n’est autorisé qu’à partir de la troisième année scolaire à raison de trois heures hebdomadaires en dehors du catéchisme.

Les résultats de cette politique sont catastrophiques. En 1926 le pasteur de Soultzeren lance Théophile Birmelé un véritable cri de détresse : baisse du niveau scolaire, méconnaissance des deux langues, recul de la lecture, du niveau culturel et de la compréhension des concepts spirituels. Les pasteurs se voient contraints de baisser le niveau de la langue dans les prédications pour se faire comprendre.

 

(p.37) Les académiciens dénoncent les différents moyens mis en place par les gouvernements pour détruire tout caractère breton, afin de normaliser l’es­pace linguistique étatique, de réduire les « poches » de résistance et la toute-puissance du clergé, accusé de participer à leur préservation: le choix d’ad­ministrateurs et également d’évêques parmi des personnes extérieures à la Bretagne, la conscription qui éloigne les Bretons de leur pays et les envoie dans des régions où ils se voient contraints d’apprendre quelques rudiments de français pour échapper aux risées de leurs camarades de chambrée ; l’école où la langue bretonne est proscrite, les élèves punis, humiliés29.

Nos gouvernements athées savent bien, déclare Charles Paul, que dans une nation composée comme la France de races différentes, l’unification complète des mœurs et des idiomes entraînera avec elle l’étiolement des caractères et des volontés, lequel n’est lui-même que le prélude de l’indiffé­rence religieuse et finalement de l’irréligion, leur but final30.

 

29. Ibid., p. 97-100. Conférence Miossec, « Ar brezonek erskoliou », 2 mars 1902.

30./A/W., p. 123.

 

(p.38) Les membres de l’Académie bretonne n’hésitent pas à reprocher au clergé son absence de conviction, voire sa complicité, ouverte ou passive, à la politique linguistique de l’État à l’école. J.-M. Perrot ne s’embarrasse pas, comme à son habitude, de précautions oratoires et juge sévèrement les « prétentions » des parents et des instituteurs, même parmi les chrétiens, […] qui croient de leur devoir d’empêcher les enfants de parler le breton. Les prêtres eux-mêmes ne font rien pour extirper ces croyances. Il faut, disent-ils, suivre la mode et quand on leur parle de soutenir la langue bretonne, ou les confréries qui ont été fondées pour la défendre, beaucoup secouent la tête en disant : « ce n’est pas à nous de nous mêler de ces histoires-là ! » Le dimanche suivant, on les entendra faire leur sermon appris rapidement dans un livre français quelconque, et ils s’imagineront avoir fait leur devoir 32 !

Le président de la Kenvreuriez constate que « l’attitude du clergé en gé­néral a été l’indifférence, quand elle n’a pas été l’hostilité, chose étrange mais réelle », dont la cause doit être attribuée, selon lui, à l’ignorance ou au fatalisme, même s’il reconnaît qu’il a joué un « beau rôle » dans la renais­sance littéraire au XIXe siècle : « indifférence pour la langue qu’il laissait corrompre par le mauvais goût des formes étrangères », pour la littérature, « méconnue trop souvent », pour les mélodies qu’il a « négligées et souvent maladroitement remplacées », pour les coutumes sur lesquelles il n’a pas veillé et qui ont disparu33.

 

31. Ibid., p. 76. « Nous sommes toujours Bretons. Bretons gens résistants », Brizeux.

32. Ibid., p. 44, discours d’ouverture, 24 octobre 1901.

33. Ibid., p. 69-76. Discours lors du huitième anniversaire de l’Académie bretonne, 20 février 1902 et AEQ2H312, séance du 18 novembre 1902.

 

L’Académie française s’est inquiétée de la place accordée aux langues régionales dans un projet de réforme de la Constitution qui porte selon elle ‘atteinte à l’identité nationale’.

 

One language, one state: France says ‘Non’ to its ‘regional’ languages

 

Bruxelles – Brussel, Friday, 09 May 2008 by Davyth Hicks   

 

The French Government refused on Wednesday (7th May) to ratify the European Charter for Regional or Minority Languages (ECRML) or to modify their constitution to allow for some recognition of the languages on its territories. A new law was proposed for regional languages, but any official status or usage was ruled out. France, however, may find that it has problems – it has ratified the Lisbon Treaty, which, if it comes into force, will require France to respect linguistic diversity and prohibit discrimination against languages and national minorities.

 

Despite the efforts of deputies from Brittany, led by Marc le Fur and Marylise Lebranchu, Pays Basque, North Catalonia, Corsica, and the Alsace, the French government, represented by Culture Minister Mme Christine Albanel, stuck to its hard line policy on refusing any legal recognition of regional languages. The grounds given being that it would undermine the eighteenth century French centralist idea of one language, one state, set up to unify the regions and countries taken over by France before and after the French revolution.

 

She ruled out any notion that regional languages have any official status or official usage making it clear that France has no intention of ratifying the European Charter for Minority Languages.  She argued that the Charter “is against our principles” because it “implies […] an inviolable right to speak a regional language, notably in the public sphere,” and that ratification is “against constitutional principles fundamental to the indivisibilty of the Republic, equality in front of the law and the unity of the French people.”

 

However, in the face of strong arguments from deputies from all the parties, Mme Albanel offered a glimmer of hope with the promise of a new law, “a reference framework”, that would fit in with current French law.

 

Earlier, the President of the Breton Region, Jean Yves le Drian, called for the “right to experimentation” for the regional government in order to provide adequate Breton language provision and language planning.

 

Marylise Lebranchu, (Penn ar Bed/ Finistère) warned about a new law without constitutional changes: « I said that the law allowing education in the regional language, particularly in the Diwan schools, was censured by the Constitutional Council. It would be frustrating and humiliating if any new law on regional languages is condemned in advance. We must be careful, because humiliation leads to violence… we need a revision of the Constitution and precise laws. Without it, the experimentation today proposed by the Breton Region, for example, might well be unconstitutional. « 

 

France and the Lisbon Treaty

 

Commentators have pointed to France’s inability to cope with the modern reality of multi- and plurilingualism both within its borders and abroad, despite President Sarkozy’s declarations that France must modernise in order to cope with globalisation.

 

In denying even the most basic linguistic rights for regional language speakers the government’s policy undermines the credibility of France both in Europe and the world, and ironically, in the International Year of Languages and the European Year of Intercultural Dialogue. Languages such as Breton, struggling in its regeneration effort with almost no state support or recognition and already on the UNESCO endangered list for languages, now seems condemned to greater struggle. Meanwhile, France loses any credibility globally in its often heard complaints that French should be promoted in the face of the increasing use of English.

 

Finally, something for language campaigners to consider; there is another problem for France as it continues to flout European standards on regional language protection – it is now in a contradictory position because it has ratified the Lisbon Treaty. The Lisbon Treaty, which if ratified by all European member states will come in to force, requires that States respect cultural and linguistic diversity (Art.2.3), while the attached Charter of Fundamental Rights (Art. 21) prohibits discrimination on the grounds of language, ethnicity or being member of a national minority. (Eurolang 2008)

Full coverage of the debate with the deputies and Minister’s speeches from Oui au Breton:
http://ouiaubreton.com/

 

Mercator news, 40, May 2008

The ECRML is ‘contrary to the principles of the French Republic ‘

All French parties are in favour of new minority language legislation, all the deputies who took part in the French Assembly debate on minority languages the 7th of May were keen to defend France ‘s linguistic diversity. There was a general feeling across parties that new legislation should be drafted to give an official status to the country’s regional languages, which the French constitution does not even mention.

The Minister for Cultural Affairs, however, made it abundantly clear that France has no intention of ratifying the European Charter for Regional or Minority Languages, arguing that the Charter “is against our principles” because it “implies […] an inviolable right to speak a regional language, notably in the public sphere”, according to Agence France-Press. The right to speak a language other than French in the public sphere is in total opposition to current French legislation.

 

1 Racisme de la France envers la communauté néerlandophone (Vlaanderen)

KVHVLeuven, Studenten codex, Korpsboek, 1959

 

Te Duinkerken gaat het al verkeerd

1. Te Duinkerk gaat het al verkeerd,

     te Duinkerk gaat het al verkeerd,

De meisjes zijn in ’t Frans geleerd!

Parlerelom, larelom, joep, joep, joep,

De meisjes zijn in ’t Frans geleerd! Van iviva!

 

2. De meisjes dragen al zijden roks, de meisjes

dragen al zijden roks,

De knechten dragen maar leren broeks!

Parlerelom, larelom, joep, joep, joep,

De knechten dragen maar leren broeks. Van iviva!

 

3 De meisjes dragen markijnen schoens,

de meisjes dragen markijnen schoens,

De knechten dragen maar houten schoens,

Parlerelom, larelom, joep, joep, joep,

De knechten dragen maar houten schoens. Van iviva!

 

« Dans l’école de ‘Bertemmes’, au pied du Mont des  Cats, on trouvait, encore il y a quelques années, une inscription dans la cour de l’école : « Défense de parler flamand. »

On accrochait un sabot au cou des élèves qui parlaient flamand.

On utilisait dans de nombreuses écoles de France – où se trouvaient des élèves appartenant à des communauté linguistiques non-francophones – des signes distinctifs tels qu’un os, une clé, un petit sabot.

Les professeurs essayaient de repérer un élève qui parlait flamand. Ils lui donnaient l’objet. A charge pour lui de le refiler à un copain, et le dernier qui était pris à posséder cet objet était puni à la fin de la journée. »

 

(témoignage lors d’une émission sur une chaîne française à propos de l’émancipation culturelle néerlandophone dans le Nord de la France (années 70))

 

in: Jozef Deleu, Frans Vlaanderen, Lannoo uitg. 1982, p.25

 

De noordgrens van Frankrijk werd pas in 1713 nagenoeg definitief vastgelegd bij de Vrede van Utrecht, overigens het eerste van een reeks vredesverdragen dat niet geheel ongunstig voor de Nederlanden afliep: onder andere Veurne, leper, Diksmuide en Poperinge vervielen weer aan Vlaanderen.

 

Hommes libres, quittez le language des esclaves…

 

In 1685 komt er een eind aan de min of meer soepele houding van de Franse autoriteiten in het bezette gebied. Allerlei privileges inzake rechtspraak en belastingen worden ingetrokken of drastisch gewijzigd. Meteen begint dan ook de aanslag op de taal. Terwijl men aanvankelijk toegestaan had dat de lagere overheden zich van het Nederlands bedienden, verschijnt in 1684 een koninklijk edict dat bepaalt, dat allerlei officiële documenten, zoals openbare akten en vonnissen, voortaan in het Frans gesteld moeten zijn. In feite was dit een dwaze, onmogelijke eis, omdat een groot gedeelte van degenen die deze documenten op moesten stellen het Frans niet machtig waren. Allerlei personaliteiten, zoals baljuws en schepenen protesteerden scherp in een ‘requeste aen den Coninck om te doen onderblijven ‘t placcaet nopende het procederen in de fransche tale’: ,,parce qu’il est constant qu’aussi bien dans les villes que dans (p.26) la campagne il y a fort peu de gens qui sachent le français ». De actie had tot resultaat dat de uitvoering van het edict enige tijd stagneerde.

Het opmerkelijke is dat op vrijwel hetzelfde moment dat de verfransing van bovenaf wordt opgelegd, er in Frans-Vlaanderen een beweging op gang komt, die zich hiertegen krachtig verzet. De lagere geestelijkheid en de onderwijzers hebben ook in déze Vlaamse Beweging vooraan gestaan, omdat zij, beter dan wie ook, de taaltoestanden kenden en met de desastreuze gevolgen van de verfransing werden geconfronteerd. Het is dan ook niet verwonderlijk, dat de Frans-Vlaamse Beweging begint met een reeks uitspraken van een schoolmeester uit Kassel, Andries Steven. Tijdens de laatste dagen van de regering van Lodewijk XIV liet hij een curieus schoolboekje verschijnen, getiteld Nieuwen Nederlandschen Voor-schriftboek, een werkje met taalkundige voorschriften over uitspraak, spelling en taalzuiverheid, dat door de literatuur-historicus Dr. F. Snel-laert ‘ongetwijfeld het meest vaderlandse’ genoemd wordt van wat in de achttiende eeuw verscheen.

 

In het voorwoord ervan richt Steven een oproep tot zijn landgenoten de moedertaal gaaf te bewaren en verwijt hij de franskiljons vol bitterheid dat ze minachting tonen voor de échte cultuur van Frans-Vlaanderen. Dat dit hem erg hoog zat, blijkt wel uit deze ondubbelzinnige en tevens plastische vergelijking: ,,gelijk de godslasteraers uyt spijt naer den hemel spuygende het speeksel op hun tronje ontfangen, zo zullen die moedertale-verdervers en bespotters het ongelijk dat sij de herstelders aendoen, met’er tijd tot hun eyghen leed en tot vernietiginge van hun eygen waen en gevoelen ontfangen. » (…)

 

Overigens maakte Steven pas de eerste voorhoedegevechten mee. Door de toenemende bestuurscentralisatie wist de Franse staat op allerlei levensterreinen uitgebreide zeggingsmacht te verwerven. Toch was van een snelle assimilatie in de achttiende eeuw geen sprake. Steeds zal het Frans — het beeld is van Jean-Marie Gantois — optrekken als ,,een verkenningstroep, die in kleine eenheden een land binnenrukt, hier en daar tot de aanval overgaat en naargelang van aardrijkskundige of economische omstandigheden vorderingen maakt. »

 

(p.28) Vooral de Katholieke Kerk zou nog vele jaren een sterk Nederlands bastion blijven. Tot in de eerste helft van de twintigste eeuw is de lagere geestelijkheid — les petits vicaires — zelfs op straffe van wedde-inho-ding doorgegaan met predikatie en catechismusonderricht in de volkstaal. Maar bovenal stuitte de opdringende Franse cultuur in de Westhoek op het pantser van een uitgebreid verenigingsleven in de streektaal: rederijkerskamers, schuttersgilden, broederschappen.

 

Na het uitbreken van de Franse Revolutie en het verdwijnen van het vorstenabsolutisme is het een Frans-Vlaming die op 11 januari 1790 in de Nationale Vergadering pleit voor de rechten van zijn minderheidstaal. (p.29) Frans-Jozef Bouchette, advocaat en afgevaardigde van Sint-Winoksbergen, stelde toen voor om van de gemeentewet die behandeld werd ook een Nederlandse tekst goed te keuren. Hij kreeg veel bijval van afgevaar-digden van andere minderheidsgroepen. Een en ander resulteerde in de goedkeuring van een decreet hierover, dat echter uiteindelijk niet tot uitvoering werd gebracht. Wel verscheen later, bij de annexatie van de zuidelijke Nederlanden bij Frankrijk, een Nederlandse uitgave van het Bulle­tin der Wetten, maar het is onwaarschijnlijk dat deze ook in Frans-Vlaanderen werd verspreid. De lichte dooi voor de taalminderheden duurde overigens maar kort. Het staatsabsolutisme dat spoedig in de plaats kwam van het vorstenabsolutisme bond, zelfs in naam van de Beschaving, rigoureuzer dan ooit tevoren, de strijd aan tegen niet-Franse uitingen binnen de landsgrenzen. In een verslag aan de Nationale Vergadering uitgebracht op 18 december 1792, maakt Lauthemas al de tegenstelling tussen het Frans aïs de taal van de vooruitgang en de verschillende andere talen ,,qui n’ont aucune espèce d’illustration et ne sont qu’un reste de barbarie des siècles passés. » De felste bestrijder van de minderheids-talen was ongetwijfeld Grégoire, die op 30 september 1793 het ‘Comité de l’Instruction publique’ eraan herinnerde, dat zes miljoen ‘citoyens’ de nationale taal niet spraken: ,,Car, je ne puis trop le répéter, il est plus important qu’on ne pense politique d’extirper cette diversité d’idiomes grossiers, qui prolongent l’enfance de la raison et la vieillesse des pré­jugés ». Het resultaat van deze acties is het decreet van 17 oktober 1793, waarin het Frans als onderwijstaal voor de hèle Republiek wordt voorgeschreven.

 

Intussen ging de actie tegen de streektalen zelf onverminderd voort. Op 27 januari 1794 zette Barrère een volgende stap door de minderheids­groepen in de hoek van de anti-revolutionaire krachten te dringen: ,,Nous avons révolutionné le gouvernement, les mœurs, la pensée, révolutionnons aussi la langue: le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton; l’émigration et la haine de la République parlent allemand; la contre-révolution parle l’italien et le fanatisme parle basque… » Twee dagen later trekt Grégoire in zijn oproep tot de Nationale Vergadering hieruit de conclusie: ,,Ces dialectes divers sont sortis de la source impure de la féodalité. Cette considération seule doit vous le rendre odieux: ils sont le dernier anneau de la chaîne que la tyrannie vous avait imposée; hâtez-vous de le briser. Hommes libres, quittez le language des esclaves. » Op 3 juni 1794 sloot de Conventie zich bij zijn woorden aan met deze regel-rechte oorlogsverklaring aan het adres der minderheidstalen: ,,Citoyens, (p.30) qu’une sainte émulation vous anime pour bannir de toutes les contrées de France ces jargons qui sont encore des lambeaus de la Féodalité et de l’Esclavage. »

Prof. Pierre Naert-Pourquéry, specialist in de problematiek van de taalminderheden, noemt deze verklaring de grondslag van de taalpolitiek van de Franse regeringen, tot op de dag van vandaag. (…)

 

Onder Napoleon had een verdere verscherping van de taalpolitiek plaats, die overigens ook gold voor het huidig Belgisch-Vlaanderen. Allerlei officiële documenten moesten in het Frans gesteld zijn, ,,même lors­que ces testaments sont dictés par des habitants qui ignorent la langue française ». Vlaamse bladen mochten alleen met een begeleidende Franse vertaling uitkomen. Het onderwijs werd echter voolopig min of meer met rust gelaten. Uiteraard werd hierdoor de opmars van het Frans aanzien­lijk gestuit.

Onder Louis-Philippe verscheen echter de Loi Guizot (1833) die de verfransing van het onderwijs tot doel had, evenals de wet van 15 maart 1850 die nadrukkelijk de streektalen verbood. Aïs uitvloeisel hiervan ver­scheen op 27 januari 1853 een verordening van de Academische Raad van het Noorderdepartement, die uitdrukkelijk het onderwijs van en in het Nederlands op de scholen verbood.

 

(p.40) Na de oorlog zijn er in alle Franse streken met minderheidsgroepen processen tegen ‘onvaderlandse personen of groepen’ gevoerd. Velen in Frankrijk zijn nu graag bereid te erkennen, dat er bij deze ‘repressie’ fouten, soms zelfs zeer ernstige fouten zijn gemaakt. Een onverdachte getuige als generaal Charles de Gaulle schrijft in zijn Mémoires dat deze rechtszittingen al te vaak ,,prenaient l’allure d’un procès partisan, voire quelque­fois d’un règlement de comptes ».

Volgens Yann Brékilien werden in Bretagne vervolgingen ingesteld tegen personen die reeds door de Duitsers gefusilleerd waren.

 

Aanvankelijk liet men de meeste leden van het ‘Vlaams Verbond van Frankrijk’ met rust, maar na een perscampagne werden 49 leiders van het (p.41) Verbond en de jeugdorganisatie gearresteerd. Na enkele kleinere processen vond, van 9 tot 28 december 1946 voor de krijgsraad in Rijsel, tegen de zestien belangrijkste aangeklaagden een groot proces plaats. De akte van beschuldiging telde maar liefst 150 bladzijden. Volgens een verslag dat jaren later onder pseudoniem in De Toerist verscheen — kennelijk geschreven door een der beklaagden — moet er op het procès een babyloni-sche spraakverwarring geheerst hebben; o.a. zouden door de openbare aanklager de termen ‘Duits’ en ‘Diets’ voor identiek gehouden zijn. J.-M. Gantois, die ontkende het boek van Van Byleveld geschreven te hebben, verdedigde zich volgens Parijse kranten ‘avec énergie et brio’. De uiteindelijke beschuldiging sprak van ,,une nette tendance séparatiste, que les dirigeants tentèrent de voiler en évitant toute activité politique et toute compromission trop flagrante ». De openbare aanklager eiste de doodstraf voor J.M. Gantois en zeer zware straffen voor de andere beklaagden. (…)

 

De uiteindelijke vonnissen bleven ver onder dat wat geëist was, een verschijnsel dat zich overigens ook bij processen tegen andere minder­heidsgroepen in Frankrijk voordeed. J.-M. Gantois werd tot vijf jaar veroordeeld, twee beklaagden kregen vier en twee jaar en twee andere elk zes maanden gevangenisstraf. Een persoon werd bij verstek ter dood veroordeeld; de overigen werden vrijgesproken.

 

(p.44) De gevolgen van dit proces voor de Nederlandse cultuur in Frans-Vlaanderen waren echter zéér ernstig. Het feit dat het proces een grote weerklank kreeg in de regionale pers en de berichtgeving over de collabo-ratie en repressie in België, hadden tot gevolg dat door de publieke opinie in Frans-Vlaanderen de Vlaamse Beweging geassocieerd werd met collaboratie en elke Vlaamse uiting voor anti-Frans werd aangezien. Velen distantieerden zich dan ook van de Vlaamse zaak. Er moesten vele jaren voorbijgaan voor er weer sprake kon zijn van een schuchtere Vlaamse Beweging in Noord-Frankrijk.

 

Onder het juk van de annexatie

 

(p.94) De wortels van het Baskische, het Bretoense, het Catalaanse, het Corsicaanse, het Elzassische, het Frans-Vlaamse en het Occitaanse probleem zitten diep in het verleden. De Franse traditionele geschiedschrijving heeft lange tijd de historische ontwikkeling van deze volkeren bewust vertekend, vooral omdat het vroegste contact van Frankrijk met de­ze territoria beslist niet bemoedigend was. Voor de minderheden zelf is het achterhalen van het eigen verleden uiterst belangrijk. Het is immers de eerste voorwaarde om te herstellen wat verloren gegaan is en om be­paalde toestanden in het heden en in de toekomst te kunnen projecteren.

 

Een kort historisch overzicht moge volstaan om aan te tonen dat de­ze volkeren stuk voor stuk bij Frankrijk ingelijfd werden.

Voor Baskenland en Catalonië deelt Frankrijk zijn expansionistische en annexionistische reputatie met Spanje. Baskenland en Catalonië zijn op het ogenblik nog steeds in twee stukken verdeeld, een Spaans en een Frans.

De eerste ontbindingsverschijnselen van de Baskische staat duiken op rond het einde van de 12e eeuw. Onder druk van zijn buurvolkeren en door dynastieke intriges brokkelt Baskenland af. Als Spanje in 1512 Navarra overweldigt, worden de laatste sporen van een onafhankelijke Bas­kische staat weggewist. Bij het begin van de 16e eeuw zijn er zeven Baski­sche provincies die deel uitmaken ofwel van het koninkrijk Spanje, ofwel van het koninkrijk Frankrijk. Het Baskische volk zal zich niet meer onder een eigen politieke constellatie herenigen.

 

Het lot van Catalonië wordt later bezegeld, meer bepaald met het Verdrag van de Pyreneeën (1659), waarbij Roussillon naar Frankrijk gaat en de rest bij Spanje gevoegd wordt. De Catalaans-Aragonese staat wordt (p.95) in feite al in 1482 opgeheven aïs de eenwording van Castilië en Aragon de interne conflicten tussen de Catalaanse en de Aragonese dynastie ‘regelt’. Een alliantie met het Frankrijk van Richelieu tegen het Spaanse centrale gezag dat Catalonië aan zich wil binden tijdens de Dertigjarige Oorlog, resulteert in bezetting. Ten slotte maakt het akkoord van 1659 een eind aan de strijd om Catalonië tussen Frankrijk en Spanje. Het bestaan van een Frans- en een Spaans-Catalonië wordt een realiteit.

 

Occitanië gaat door voor een apart geval omdat er in feite nooit een Occitaanse staat bestaan heeft. De eigenheid van Occitanië berustte vooral op zijn beschaving. De dichter Mistral heeft ooit gezegd dat Occitanië geen land, maar een idée is. En toch tekent zich rond het einde van de 12e eeuw de prefiguratie af van een aristocratische libertaire republiek. Voor Frankrijk is de tijd rijp om kordaat in te grijpen. De expedities vanaf de 13e eeuw tegen de Catharen halen de Occitaanse sociale structuur uit haar voegen. Maar meer nog dan deze ‘kruistochten’ wordt de Franse an-exatiepolitiek Occitanië noodlottig. Achtereenvolgens gaan Aquitanië, Auvergne, Toulouse en Provence door de knieën.

 

Corsica’s geschiedenis is nauw verbonden met die van de republiek Genua. Van 1284 tôt 1768 maakt het eiland er deel van uit. De Corsicanen kunnen de Genuese voogdij moeilijk aanvaarden en met Pascal Paoli aïs leider barst in 1729 een onafhankelijkheidsstrijd los. De Genuezen worden zelfs van het eiland verdreven. Corsica ligt Genua zo zwaar op de maag dat het in 1768 aan de Franse koning verkocht wordt, die het achteraf gewapenderhand laat bezetten.

De Bretoenen kunnen zich tussen de 10e en de 14e eeuw politiek vrij onafhankelijk bewegen tussen Frankrijk en Engeland. In de 15e eeuw is een hechte politieke eenheid onmiskenbaar. Het met Frankrijk gesloten Verdrag van Vannes (1532), dat een brede autonomie voor Bretagne waarborgt, wordt echter al vlug niet langer naar de letter opgevat. De integratie, zeg maar annexatie, van Frankrijk is begonnen.

 

De annexatie van Frans-Vlaanderen wordt in de 17e eeuw voltrokken. Na de Vrede van de Pyreneeën (1659), de Vrede van Aken (1668), de Vrede van Nijmegen (1678) volgt met de Vrede van Utrecht (1713) de definitieve bekrachtiging van de nieuwe staatsgrenzen.

Het begin van een van de grilligste geschiedenissen, namelijk die van de Elzassers, ligt ook in de 17e eeuw. Door het Verdrag van Westfalen (1648), het Verdrag van Nijmegen (1678) en de verovering van Straatsburg (1681) is de annexatie van Elzas door Frankrijk rond. Hoewel de bevolking deze annexatie uiteraard niet in dank afneemt, blijkt Elzas zich bij (p.96) de annexatie door Duitsland in 1871 reeds flink aangepast te hebben. In 1918 worden de Fransen dan ook enthousiast opnieuw verwelkomd. Een nieuwe annexatie door Duitsland in 1940 wordt in 1945 wéér ongedaan gemaakt.

 

Culturele repressie en reactie

 

In de geannexeerde gebieden voert Frankrijk een zachte, maar gestadig groeiende assimilatiepolitiek. Waar aanvankelijk nog een relatieve autonomie bestaat — in Bretagne, Baskenland, Elzas bijvoorbeeld — wordt deze geleidelijk, maar voelbaar afgebouwd. Ook cultureel volgen pogingen om via verfransing te assimileren. Frans I proclameert in het Edict van Villers-Cotterêts van 1539 dat het Frans de algemeen geldende taal van het koninkrijk is. Een verordening van 1684 legt het exclusief gebruik van het Frans in openbare akten op. De draagkracht van deze maatregelen blijft beperkt tot de aristocratie en een deel van de hogere burgerij.

 

Met de Franse Revolutie echter wordt het menens. Elke vorm van au­tonomie wordt tenietgedaan. De unitaristische politiek van de revolutie die met het idée van één ondeelbaar Frankrijk dweept, treft de talen van de minderheden in het hart. De uniformering van de taal is een uiterst belangrijk aspect bij de uitwerking van een politieke idéologie. Een enquête van Grégoire in 1790 streeft naar de optiek van één taal en resulteert in 1794 — na een decreet van 1793 waarin gesteld wordt dat het onderwijs in Frankrijk in het Frans moet worden gegeven — in een rapport aan de Conventie over de noodzaak en de middelen om de ‘dialecten’ te vernietigen. Deze ‘dialecten’ zijn immers nog manifestaties van het Ancien Régime. De streektalen worden in 1850 wettelijk verboden. De schoolpolitiek onder de Derde Republiek wordt de doodsteek voor de minderheidstalen en -culturen. Met verplicht lager onderwijs en staatsonderwijs kan het staatsapparaat de talen van de minderheden doen verdwijnen.

Als de taal zo duidelijk als politieke sluitsteen gezien wordt, hoeft het ons niet te verwonderen dat ook nu nog een groot deel van de regionalisten hun taal als het voornaamste centrum van agressie beschouwen en dat het statuut van hun taal in hun nationaal concept essentieel is.

 

In de 19e eeuw rijst het eerste regionalistisch verzet tegen deze culturele génocide. Te Avignon richt in 1854 de dichter Mistral het Félibrige op, een vereniging die de restauratie van het Occitaans beoogt. Met Le (p.97) Gonidec en de la Villemarqué komt de Bretoense literatuur terug. In 1829 wordt de Association Bretonne opgericht, in 1898 de Union Régionaliste Bretonne. Ook bij de Frans-Vlamingen zijn sporen aanwijsbaar. Zelfs al ontstaat er in Occitanië een politiek Félibrige, toch kunnen we stellen dat deze regionalistische bevestiging in hoofdzaak cultureel is. Ze steunt op een linguïstische en literaire renaissance die romantisch is van inspiratie.

Het verzet tegen de cultureel-linguïstische repressie dat in de 19e eeuw op gang komt en ook het régionalisme van de 20e eeuw — en zeker ook dat van onze dagen ! — typeert, doet de vraag rijzen wat er uiteindelijk bereikt is. De erkenning van de eigen taal in de schoolsysteem is binnen het culturalistisch-regionalistisch spectrum steeds het voornaamste objectief geweest.

De tweetaligheid op school komt voor het eerst ter sprake op het eind van de Derde Republiek met betrekking tot het Bretoens en het Occitaans. De oorlog breekt uit, maar dan opent de Vichy-regering de deur voor het onderwijs van het Bretoens en het Provençaals. Diverse inspanningen op het eind van de jaren 1940 doen in 1951 de Wet Deixonne stemmen, waarbij het onderwijs van de régionale talen facultatief wordt. Het ‘Vlaams’, het ‘Elzasserduits’ en het ‘Corsicaans’ worden echter geweerd omdat men ze aïs varianten van buitenlandse talen beschouwt. Voor Elzas-Lotharingen komt verandering wanneer bij een decreet van 1952 het Duits opnieuw op school gémtroduceerd wordt. Corsica valt onder de extensie van de Wet Deixonne van 1974. Frans-Vlaanderen heeft alleen het Decreet Guichard van 1970 waardoor het Nederlands aïs vreemde taal voor het eindexamen wordt toegelaten. De Wet Deixonne heeft haar beperkingen en werkt willekeur in de hand. Meer dan twintig wetsvoorstellen om ze te verbeteren, zijn zonder gevolg gebleven. Dat de ré­gionale talen aan een herleving toe zijn, is uiteindelijk vooral te danken aan de vrije cursussen, stages en studiedagen van de linguïstisch-culturele verenigingen.

 

Fundamenteel is er dus niet zoveel veranderd: de toegevingen van overheidswege zijn eerder formeel, dan reëel. De toestand is alleen schijn-baar verzacht: de omstandigheden en de materiële middelen om op de huidige renaissance van dit cultureel régionalisme in te spelen blijven on-toereikend.

De minderheidstalen worden ook door de média stiefmoederlijk be-handeld. In feite bevestigt ook de toestand hier de culturele génocide.

Is het Frans-nationale bolwerk zo kwetsbaar dat het waarlijk niet de minste vorm van cultureel of linguïstisch pluralisme kan tolereren ? Eind (p.98) juni 1979 dienden een 13-tal Franse senatoren bij de senaat een wets-voorstel in dat het statuut van de régionale talen en culturen op het vlak van het onderwijs, de média en het openbaar leven wou laten vastleggen. Nadien is er niets meer van het wetsvoorstel gehoord.

 

Wordt het anders nu François Mitterrand président van Frankrijk geworden is? Het Front Autonomiste de Libération — Elsass-Lothringischer Volksbund heeft in een brief van 15 maart 1981 aan de kandidaten voor het presidentschap Valéry Giscard d’Estaing en François Mitterand gevraagd er zich toe te verplichten de Basken, de Bretoenen, de Catalanen, de Corsicanen, de Frans-Vlamingen, de Occitanen en de Elzas-Lotharingers de mogelijkheid van onderwijs in de moedertaal te garande-ren. Op 15 april 1981 antwoordt Mitterand hierop het volgende: ,,…les socialistes estiment que la reconnaissance du droit de tout Français à ses différences et à ses cultures doit se substituer au temps du mépris et de l’oubli. Cela suppose une volonté politique de promouvoir l’étude des langues et des cultures de France. Ainsi, sans que l’étude de la langue na­tionale en soit, pour autant, abandonnée, dans les aires d’influence recon­nues, tout enfant qui voudra apprendre ou se perfectionner dans sa lan­gue maternelle ou régionale devra en obtenir les moyens dès l’école pri­maire. » En in een aanvullende brief van 27 april 1981 schrijft hij: ,Je peux vous préciser que notre Parti est favorable à ce que les jeunes Alsaciens puissent pratiquer leur langue maternelle et régionale à l’école maternelle, lorsque leurs parents le souhaitent, à condition que cela se fasse dans le cadre du bilinguisme. Il nous paraît en effet néfaste qu’il y ait une rupture entre le milieu familial et le milieu scolaire. »

Blijft het bij blijken van goede wil of niet? Bij de regionalisten is in allé geval de hoop gerezen dat deuren die vroeger steeds gesloten bleven, nu eerstdaags zullen opengaan.

 

(Calvet J.-L., Linguistique et colonialisme, Paris, 1974

Goyghenetche M., L’oppression culturelle française au Pays basque, Anglet, 1974)

 

(Fermaut Jacques)

Het Frans-Vlaams regionalisme nu

 

(p.113) Nog meer misschien dan voor de andere minderheden in Frankrijk betekende de Tweede Wereldoorlog een zware klap voor Frans-Vlaanderen. Evenals Elzas en een deel van Lotharingen draagt de streek de erfzonde germaanssprekend gebied te zijn. Al werd de repressie veel gematigder dan in Belgisch-Vlaanderen, toch werden ‘les Boches du Nord’ nauwlettend in het oog gehouden. Zo kregen Joseph Tillie en Jacques Fer-maut, verantwoordelijke uitgevers van de heel brave brochure Nous les Flamands de France, onmiddellijk na verschijnen in 1970 bezoek van de Renseignements Généraux (de Franse Veiligheidsdiensten). Zo genoot Frans-Vlaanderen niet van de schrale toegevingen van de Wet Deixonne (1951), onder het voorwendsel dat het Vlaams tegenover het Frans tradi-tioneel vijandig stond.

 

(p.114) De mentaliteit in Frans-Vlaanderen

 

Frankrijk scheen dus zijn doel te bereiken. Het had ook niets onbenut gelaten om het Franse patriottisme en de Franse taal bij de schoolkinderen koste wat kost erin te hameren. En het had heel wat gekost. Frans-Vlaanderen zou aïs ‘Béotie fran­çaise’ (de uitspraak is van Victor Duruy, minister van nationale opvoeding rond 1850) allé Bretoense Bécassines overtreffen. Terecht zuchtte Henri Blanckaert in een brief van 23 september 1888 ,,over den ongelukkigen staat van ons volkje onder oogmerk van beschaafdheid en geleerdheid ». Het signum en de doeltreffende propaganda hadden gewerkt. In zijn Histoire du patriotisme en France (Albin Michel) beweert Jean Lestocquoy van een overal verspreid boekje, Tour de France par deux enfants (door ene Mevrouw Fouillé) ,,qu’il fut le livre par ex­cellence des Français de 1880 à 1914″. Het haalde meer dan vierhonderd uitgaven en lag dan ook in alle huizen. Twee Lotharingers, Julien en André, zwerven door dat Frankrijk dat ze, na 1870, ver-kozen hebben boven Duitsland. Julien door uit te roepen: ,,J’aime la France de tout mon cœur (…) je voudrais qu’elle fût la première na­tion du monde. » En de slottonen zijn veelzeggend: ,,André a vingt ans sonnés, il sera bientôt sous les drapeaux, il sera bientôt soldat de la France. » Voeg bij die propagan­da het signum, de patriottische overtuiging en de doorgaans goede kwaliteit van de onderwij-zers, en men heeft zowat de sfeer waarin de Frans-Vlaamse schoolgaande (p.115) kinderen in die tijd opgroeiden.

 

In de kerk kon men nog af en toe Vlaams horen. Maar een groot deel van de geestelijkheid in Frans-Vlaanderen had hoge rangen bekleed bij het léger en beschouwde het Franse patriottisme als een tweede godsdienst; ze legde zich neer bij de verfransing. Ook de ‘Kapelaan’ (onderpastoor) van Winnezeele (Gabriel Persyn) die in Le livre du centenaire du Comité Flamand de France (1954) een lang gedicht publiceert onder de ti-tel ‘Symphonie flamande’. Voor hem is de geschiedenis duidelijk: het Vlaams werd eertijds opgedrongen door veroveraars aan een ‘Gallische’ bevolking (waarvan ,,les vieux papiers (…) parlent tous le vieux français ») en is gedoemd om uit te sterven, wat eigenlijk geen verlies betekent, al wekt het een beetje weemoed, voor wie het Frans in ruil krijgt:

 

Me plaît le savoureux dialecte d’antan

Imposé autrefois par l’orgueil conquérant (…)

Il rimailla dans nos Chambres de Rhétorique,

Scanda la tragédie avec Vondel, de Swaen,

Commit des vers touchants, des récits colorés,

Mais, sur deux fronts, fut évincé anachronique (…).

Voici pour me combler impérialement,

Le parler de ce grand pays qui est le tien (…)

Lumière pour l’esprit et musique pour l’âme.

 

J.-M. Gantois, De zuidelijke Nederlanden, Verzamelde opstellen, Oranje-uitgaven, Wilrijk, 1967

 

(p.459) … maar strakke unitaristen…

 

Voor binnenlands gebruik heeft de Académie Française echter een ander gezicht.

Op 24 december 1941 nam maarschalk Pétain een maatregel die met anderhalve eeuw Jakobijnse traditie brak, en die ertoe bijdroeg de Franse unitaristen tegen hem in het geweer te brengen. Het toenmalige Franse staatshoofd vaardigde een wet uit die het onderwijs van de ,,langues basque, bretonne, flamande, provençale » in de scholen herinvoerde.

 

Het eerste verzet kwam uit de Akademie, en de pers had onder het régime van Vichy vrijheid genoeg behouden om de maatregel te kunnen bekritiseren. De Académicien Jacques Lacretelle schreef in Le Figaro, dat de Duitsers deze ,,onvaderlandse » beslissing aan de maarschalk hadden opgedrongen.

 

Na de tweede wereldoorlog werd heel het apparaat van Pétain vernietigd. Vijf jaar later echter, op 31 december 1949, nam de Nationale Vergadering een wet aan ten voordele van ,,1’étude des langues et dialec­tes locaux » (er werd in die tekst alleen melding gemaakt van het Bretoens, het Baskisch, het Oksitaans en het Katalaans). Opnieuw kwam het verzet uit de Franse Akademie. Hetzelfde argument deed dienst : une loi boche. Als voorzitter van de Nationale Vergadering had Edouard Herriot zich bij de behandeling van de nieuwe wet afzijdig moeten houden, maar aïs lid van de Akademie roerde hij de hoge trom. ,,Un projet préparé par l’autorité allemande d’occupation » zei hij in zijn rede op 9 juli 1950 bij de derde eeuwfeestviering van Vaugelas te Pérouges, In Straatsburg is de heer Herriot een overtuigd aanhanger van het Europees fédéralisme, maar alleen voor uitwendig gebruik. ,,La révolution française combattit l’usage des dialectes comme une forme du fédéralisme », zo betoogde hij te Pérou­ges. De Zuid-Vlamingen vergeten trouwens niet, dat hij in december 1924 te Robeke het Nederlands aanviel, ,,ce patois, que les réactionnaires de nos jours essaient d’introduire, comptant sur l’ignorance pour détruire la République elle-même ».

Het humanisme van de heer Herriot heeft een brede rug.

 

… en vlotte praters

 

Is het wel nodig het ,,Duitse » argument te weerleggen ? Honderd jaar voor de Duitse bezetting streden de Franse regionalisten reeds voor het behoud van de ,,natuurlijke taal » van hun gewest.

Wij willen ook even een andere Académicien, Georges Duhamel aanhalen. „Il y a moins de Flamands en France qu’en Belgique », schreef de heer Duhamel twee jaar geleden in Le Figaro. ,,Allons-nous réchauf­fer, chez nous, l’esprit séparatiste qui fait souffrir tant de pays bilingues ?

(p.460) Ferons-nous, dans les trains français, des avis publiés en flamand et recommandant aux voyageurs de ne pas descendre avant l’arrêt complet

du train ? »

 

(…) Tenslotte nam de Académie Française in haar pleno-vergadering van 4 mei 1950 het volgend voorstel eenparig aan :

,,L’Académie Française, après avoir pris connaissance des textes légis­latifs tendant à favoriser l’enseignement des dialectes (= de volkstalen) dans certaines provinces, exprime à l’unanimité le vœu qu’un tel en­seignement ne soit pas donné à l’école primaire et que l’unité linguistique et nationale de la France soit ainsi sauvegardée. »

 

Het doet toch een beetje bedroevend aan te moeten vaststellen, dat geen enkel lid van de nobele ,,Compagnie » het aangedurfd heeft het recht der volken te pleiten om hun geestelijk erf te bewaren en te zien beschermen : noch François Mauriac, de would-be paladijn tegen al onrecht !, noch Henry Bordeaux die als ,,écrivain régionaliste » carrière heeft gemaakt, noch Léon Bérard, die eens beweerde voorstander te zijn van het onderwijs van zijn moederspraak, de Octaal uit Béarn, noch Paul Claudel, die, als ambassadeur te Brussel, vriendelijke, vleiende woorden – words, words, words… – tegenover Vlaanderen uitsprak…

 

Dezelfde stelling vindt men terug in het verslag van de bestendige sekretaris van de Akademie, Georges Lecomte, over de letterkundige wedstrijden voorgelezen op de openbare zitting van 14 december 1950. De akademische spreker acht zich verplicht een zonderlinge drogreden te gebruiken : de Akademie is niet slecht gestemd tegen de eigenaardigheden van de verscheidene Franse provinciën, integendeel wenst zij vurig de eigendommelijkheden van elk gewest te vrijwaren en te onderhouden. Zulke beminnelijke verklaringen schijnen waarachtig een Frans-Aka-demische specialiteit te zijn. Terwijl de heer Duhamel de trouwe Zuid-Vlamingen, Bretoenen, Elzassers, Oksitanen, Basken, die aan hun taal houden, aïs verraders aanvalt, verzuimt hij nooit uit te roepen :

,,Que les régionalistes se rassurent : je ne songe pas à leur chercher querelle quand ils s’efforcent de maintenir les caractères de leur province, les traditions, les coutumes particulières. » (Le Figaro, 29 april 1950).

,,La centralisation, dont la France donne un exemple paradoxal et’ par trop systématique, m’inquiète. }e ne ferai jamais rien pour la favo-riser(!). ]’ai toujours pensé, dit, écrit que nos provinces devaient garder leurs caractères distinctifs. » (Le Figaro, 12 mei 1950).

 

(p.461) Moedertaal voor de huiskamer

 

(…) Geen sprake van, wijdt de heer Duhamel verder uit, onze zo bekoor-lijke provinciën te beletten hun taal verder te gebruiken : ,,]e ne suis même(l) aucunement choqué (hoe breeddenkend en verzoenend niet-waar ?) lorsque j’entends les Bretons, les Provençaux, les Basques ou les Alsaciens s’exprimer dans leur dialecte » (die, het spreekt van zelfs, geen taal kan zijn). (Le Figaro, 29 april 1950).

 

Dat deze lieve patoiskens maar voort gefluisterd worden rond de haard en op moeders knieën ! ,,Nul plus que moi n’aime et ne respecte la variété. Il faut que chacune des provinces conserve ses parlers savou­reux, souvent enrichis, ornés, célébrés, par les poètes du terroir. »

 

Het enige dat verboden is, is dat ze ooit onderwezen zouden worden. Want voor de leden van de Académie Française, die het verwijt geen ,,cartésiens » te zijn aïs een belediging zouden voelen, is de beste wijze om een taal te redden nog ze van alle onderwijs te beroven.

De Académie Française werd (door de Zuid-Vlaming Valentin Conrart, uit Valensijn) gesticht om voor de zuiverheid van de Franse taal te zorgen. Deze had en heeft het nog nodig… Wie van ons heeft iets daartegen ? Zelfs kunnen wij betreuren dat geen (Noord- en Zuid-) Nederlandse Académie de zelfde gewichtige roi voor onze taal speelt. Maar ziet de heer G. Duhamel niet wat verder ? Hij schreef woordelijk, enkele weken geleden, in Le Figaro (4 april 1952) onder de zelfvoldane titel : ,,Un thème de consolation » :

,,L’Alliance Française organise, dans les pays voisins et amis, des concours de langue française. Qu’on ne parle pas de propagande. Le vrai problème est plus haut. Les lauréats de ces concours, venus des Pays-Bas, ont ainsi une raison précise de s’attacher à la langue française, de la choi­sir comme langue principale. »

Acht werkelijk de Académie Française dat, om de zuiverheid der Franse taal te verzekeren, de Nederlandse taal in de Westhoek, en elders, verdwijnen moet ?

Deze bescheiden vraag mag wel gesteld worden op het ogenblik dat Brusselse en Belgische overheden de Franse Akademie in de bloemen zetten.   

 

J.-M. Gantois, Hoe ik mijn volk en mijn taal terugvond, Uitg. ‘Werkgroep de Nederlanden’, Brugge, 1977

 

(p.15) Intussen was, in mei 1919, het kollege naar Hazebroek teruggekeerd. Ik zat toen in de derde Latijnse.

 

(p.16) Toen ik mijn „ baccalauréat » met gouden uitslag thuisgehaald had, was de liefste beloning die ik mezelf beloofde, een volledige vakantie te kunnen doorbrengen al zoekend in de reeksen wetenschappelijke publikaties van het Vlaams Komiteit van Frankrijk. Een leraar, die precies niet Vlaamsgezind was, wou er niet van horen. Toen al begon ik – hoe dat uitgedrukt ? ja – laten wij zeggen ,,zonderling » of iets meer in de ogen van velen te worden, om een enkele reden, en ik wist wel waarom : omdat ik Vlaming ben.

 

(p.17) Om, vooral bij een jongen, een opkomende gedachte te laten rijpen en tot ontwikkeling te brengen, heeft nog niemand een beter en geschikter middel gevonden dan aanval en tegenstand. Vervolgingen en kleine ruzies van allé slag ontbraken niet, ook op het kollege. Onder de leraren waren er een paar die zich, om zo te zeggen, de zending gegeven hadden om de Vlaamse domkoppen te beschaven. Geen plagerij was hun ongewenst om die ,,rustres flamands » te laten beseffen dat ze minderwaardig en onbeholpen zijn. Om een hogere graad van beschaving te bereiken en een minimum van voornaamheid te verkrijgen moesten de arme jongens hun Vlaamse wezen verzaken, alle Vlaamsdoenerij afzweren en als echte apen van Franse manieren, Franse modes en Franse komplimenten uitblinken.

 

Om de waarheidsliefde dient gezegd te worden dat de meeste leerlingen, enkele ,,lievelingen » uitgezonderd, tegenover deze bekoringen ijskoud bleven en dat velen onder hen, min of meer bewust, zich om de makkers schaarden die tegen zulke uitdagingen een kordate protesthouding aannamen. In de elkaar opvolgende scholierengeslachten – want ieder geslacht moest die (p.18) proef doormaken – was telkens een groep te vinden die op die wijze tot de Vlaamse overtuiging kwam. Het reglement luidde dat het Vlaams in het kollege verboden was, ook op wandeling, ook op de speelplaats Aïs de jongens toch onder mekaar Vlaams ,,koutten », deden de meeste leraren alsof ze niets hoorden. Enkelen zelfs waren eerder geneigd het gebruik van de verboden taal onderhands aan te moedigen, – en aan dezen denk ik nu nog met dankbaarheid terug. -Maar de anderen waren daar, de „ botte Walen », zoals wij onder mekaar zeiden, de would-be-beschavers. Het oude gehate gebruik van het ,,signum » wilden ze weer in zwang brengen, u weet, het schandteken dat ieder kind van ,,vrije Vlaming » moet dragen als het op het spreken van zijn moedertaal betrapt wordt. En op het einde van de dag kwam nog een andere rekening. De schuldige moest honderdmaal schrijven : “J’ai été surpris à parler flamand ». Ofwel hadden die bekwame opvoeders het systeem nog verbeterd. Voor ieder woord Vlaams dat aan een leerling ontsnapte, moest hij vijf stuivers, ,,les cinq sous de Flamand », betalen. Het mooiste van die uitvinding was dat makkers zelf, en namelijk de leden van de ,,Conferentie van de H. Vincentius a Paulo », bij hun makkers als spionnen en geldontvangers moesten dienen… De opbrengst van die onzedelijke belasting moest immers voor karitatieve doeleinden aangewend en onder de armen van de stad verdeeld worden, die geen woord Frans begrepen en door de scholieren in het Vlaams aangesproken moesten worden. Dit fijne opvoedkundige systeem viel niet in de smaak (p.19) van alle kandidaten-slachtoffers. Er kwam verzet. Het regende ontslagen bij de leiders van de ,,Conferentie der armen ». De wind van de omwenteling waaide over het huis. De Vlaamsgezinde leraren lachten in hun vuistje. En overal in het huis hoorde je Vlaams ,,klappen », want hoe meer het verboden werd, hoe liever het gedaan werd. Makkers zelfs die uit verfranste families stamden, eisten de eer op tegen elke prijs hun vijf woorden Vlaams uit te roepen, in de meest uitdagende omstandigheden, wel te verstaan.

 

Soms kwam het ook tot zwaardere voorvallen. Mag ik er even een vertellen ? Het gebeurde met een van mijn beste vrienden en huidige medewerkers, die op het kollege in Hazebroek een paar jaar na mij kwam. Zijn Vlaamse koppigheid was sinds lang een doorn in het oog van zijn min of meer Waalse leraar. Deze miste geen gelegenheid om hem te tergen wegens zijn Vlaam­se uitspraak, ,,votre accent flamand », of de Vlaamse wendingen, ,,les tournures flamandes », die hij in zijn opstellen ja zelfs in zijn vertalingen… in het Latijn, bespeurd had. Eens was het zeker over zijn bout gegaan, en, buiten zichzelf van woede slingerde de leraar hem in aanwezigheid van allé leerlingen naar het hoofd : ,,Tête de Flamand ». Het antwoord liet niet lang op zich wachten. De jongen was terstond opgesprongen, en slingerde terug : ,,Tête de Wallon ». En… de superior (de direc­teur, als je verkiest), was gedwongen de jongen gelijk te geven tegen de leraar. Dat waren mooie dagen !

 

Luc Verbeke, Vlaanderen in Frankrijk, Standaard Uitg., 1970

 

(p.25) En een wetsbesluit van 26 oktober 1793 luidt : ‘Dans toutes les parties de la République, l’instruction ne se fait qu’en langue française.’

Een ander wetsbesluit bepaalde dat een Franstalig onder- wijzer benoemd moest worden in elke gemeente van het Noorderdepartement (27 januari 1794). Maar door het feit dat het onmogelijk was ter plaatse Franstalige onderwijzers te vinden, en omdat het volk zelf de Franse taal nog niet verstond, bleef dit besluit gelukkig dode letter. Na korte tijd moest dan ook het wetsbesluit worden gewijzigd. Men liet toe dat het onderwijs terzelfdertijd in het plaatselijk dialect en in de Franse taal werd gegeven, met dien verstande dat het plaatselijk idioom slechts als hulpmiddel zou worden gebruikt (20 oktober 1794). In sommige steden evenwel, zo- als te Duinkerke, trad de verfransing van het onderwijs vrij snel in, ook al leefde daar bij het volk nog een krachtig nationaal gevoel. Op andere gebieden van het openbaar leven werden eveneens verfransingswetten uitgevaardigd. Een wet van 20 juli 1794 bepaalde dat aile openbare akten in de Franse taal geschreven moesten zijn. Een ambtenaar die om het even wat voor akte zou schrijven in een andere taal dan de Franse, zou worden ontslagen en tôt zes maan- den gevangenisstraf veroordeeld worden.

Voor zover we weten, kwam er tegen al deze wetsbesluiten geen georganiseerd verzet van het volk. Er was echter een passieve weerstand door het feit dat het volk in de overwe- gend agrarische Westhoek aan zijn taal en tradities gehecht bleef.

Ook onder het Directoire (1795-1799) hield de Nederlandse taal verder in de scholen stand. In een ‘Adresse au Corps législatif pour obtenir une Ecole centrale supplémentaire’ werd in 1796 door het stadsbestuur van St.-Winoksbergen als volgt voor het onderwijs van de moedertaal gepleit : ‘Une dernière considération et qui n’est pas la moins intéressante, c’est la diversité d’idiome dans cette partie du département, la langue flamande y est généralement usitée (…).

 

(p.28) Tijdens het Consulaat (1799-1804) en het Eerste Keizerrijk (1804-1814) kende dit taalimperialisme een nieuw hoogte- punt. Men kon bezwaarlijk van de zuiderling Napoléon enige verbetering op taalgebied verwachten, vooral niet om- dat de veroveraar Napoléon in zijn Europees eenheidsstre- ven, sterker dan dit ooit het geval was geweest, de noodzaak zag van organisatie en centralisatie. Alleen voor het Tos- caans trof hij een gunstige beslissing : ‘La langue italienne pourra être employée en Toscane, concurremment avec la langue française, dans les tribunaux, dans les actes passés devant notaires et dans les écritures privées.’ Tegenover de noordse talen kende hij echter geen genade. Aile akten moesten in het Frans worden opgemaakt. Zo decreteerde hij op 13 juni 1803 : ‘Dans un an, à compter de la publication du présent arrêté, les actes publiés dans les départements de la ci-devant Belgique, dans ceux de la rive gauche du (p.59) Rhin… et dans les autres où l’usage de dresser les dits actes dans la langue de ces pays se serait maintenu, devront tous être écrits en langue française .

Dit besluit werd op 4 mei 1807 bekrachtigd en zelfs nog verscherpt. Er werd herhaald dat de akten in het Frans ge- steld moesten zijn en er werd aan toegevoegd : ‘Même lors­que ces testaments sont dictés par des habitants qui igno­rent la langue française.’

Vanaf 29 december 1810 mochten de Vlaamse bladen niet meer verschijnen zonder een begeleidende Franse vertaling. Opgemerkt dient te worden dat deze verbodsbepalingen niet enkel golden voor Zuid-Vlaanderen, maar evenzeer voor Belgisch-Vlaanderen dat ook onder Franse heerschappij stond van 1794 tôt 1814 en dus ook in die période dezelfde actieve verfransing heeft gekend.

Wat men hiermee bereikte, was een verdere verfransing van de hogere standen. Daarna zou de verfransing in sommige steden, in het bijzonder te Duinkerken, in de eerste helft van de XlXde eeuw ook in de bredere volkslagen doordringen. In het begin van de XVIIIde eeuw was het volksleven er nog eentalig Nederlands; rond 1850 was het tweetalig en dank zij de inrichting van een verfranst lager onderwijs werd het meer en meer eentalig Frans in de XXste eeuw. In 1931 werd het aantal van degenen die nog Nederlands ken- den en gebruikten, geschat op ongeveer een derde der be- volking. Wie nu een bezoek brengt aan de stad, kan nog Vlaams spreken met bejaarde lieden en vissers. Enkele jaren geleden kon men dat ook nog met burgemeester Asseman. Ook sommige leraars van de plaatselijke onderwijsinrichtin- gen zijn nog onze taal machtig.

 

 

(p.30) 3. HET NEDERLANDS UITEINDELIJK VERBANNEN UIT KERK EN SCHOOL

 

Onder Louis-Philippe (1830-1848) werden de pogingen om het onderwijs te verfransen hervat (Loi Guizot, 28 juni 1833). Onder Napoléon III (1848-1870) ging men nog een stapje verder met een nieuwe verbodswet op 15 maart 1850 en met het beruchte decreet van de Academische Raad van het Noorderdepartement op 27 januari 1853.

Door deze Academische Raad, zitting houdend te Dowaai, werd de Nederlandse taal in de scholen van Zuid-Vlaande- ren uitdrukkelijk verboden 1. Als reactie daarop werd toen door enkele Vlaamse voormannen van Zuid-Vlaanderen een daad van blijvende betekenis gesteld, ni. de stichting van het Comité flamand de France. Om de eenheid van het overzicht der verbodswetten niet te schaden, zullen wij dit uitgangspunt van de Vlaamse Beweging in Zuid-Vlaanderen eerst verder behandelen.

Op 1 juli 1866 trachtte Victor Duruy, minister van Open- baar Onderwijs, het onderwijs van de Vlaamse catechismus uit de scholen te bannen en ook de Nederlandse prediking in de kerken te verbieden, maar door de kranige houding van Kardinaal Régnier, aartsbisschop van Kamerijk, kon hij zijn plan niet ten uitvoer brengen 2.

In 1874, beginperiode van de derde Republiek, schrijft Paul Fredericq in ‘Plet Volksbelang’ (12 september 1874) over de situatie in Frans-Vlaanderen : ‘Vreemd en bedroevend is de (p.31) toestand in Frans-Vlaanderen. De regering spaart moeite noch dwang om de moedertaal uit te roeien en nochtans gelukt zij er niet in, omdat men de volkstaal wel vervolgen xnaar niet doden kan. Uit de scholen is het Vlaams op hoger bevel streng gebannen, zelfs uit de privé-scholen; veel leer- meesters kunnen zelf geen Vlaams en de leerlingen geen Frans. Daaruit volgt dat het onderwijs hoegenaamd geen vruchten draagt en dat de kinderen, als zij de school verla- ten, noch Vlaams noch Frans kennen. Vlaamse dagbladen treft men in Frans-Vlaanderen niet aan, en de Franse lokale blaadjes verstaat bijna niemand V

Op 28 maart 1882 verbood de wet-Jules Ferry stilzwijgend het onderwijs van de Nederlandse taal, want het onderwijs van de moedertaal werd niet op het programma van het lager onderwijs geplaatst en een bijgevoegde wettekst schreef voor dat het onderwijs exclusief in het Frans moest geschieden. Zelfs het onderwijs met behulp van de Nederlandse taal, zoals in 1794, was niet toegestaan. Vermelden wij nog dat reeds in 1880 in Frankrijk de schoolplicht werd ingevoerd door Jules Ferry.

Nieuwe pogingen om de Vlaamse catechismus en de Vlaamse prediking te verbieden, werden aangewend in 1880 (Jules Ferry), 1890 en 1896, maar zij bleven zonder resultaat. Vol- gens een getuigenis van P. Denys, aangehaald door prof. W. Pée, bekommerden de priesters zich weinig om dit ver- bod, maar zij moesten toch voorzichtig zijn. Zo werden de meiers van Rubroek, Ochtezele en Zermezele bij besluit van de prefect voor een maand in hun ambt geschorst om­dat zij, in strijd met de waarheid, verklaard hadden dat de catechismus in hun gemeente in het Frans onderwezen werd. Hoe de taaltoestand was in het college te St.-Winoksbergen in 1890 lezen wij bij Ch. De Croocq : ‘M. Rajon (de nieuwe directeur) avait éprouvé que les jeunes flamands restaient facilement à l’écart de leurs maîtres; ils étaient gênés par une timidité de nature et par leur difficulté à s’exprimer dans une langue qui n’était pas leur langue maternelle. Aussi con­seillait-il vivement à ses collaborateurs de voir leurs élèves en particulier, de les mettre à l’aise, de les entreprendre par des moyens où l’affection jouait son rôle, et au besoin (p.32) quand il s’agissait de débutants peu familiarisés avec le fran­çais, d’user de la langue flamande comme truchement. En ce dernier cas, la glace étant rompue, les visages s’épanouis­saient et le cœur n’était pas loin d’être conquis V Volgens prof. J. Fredericq, die in 1897 een nieuwe reis door Zuid-Vlaanderen maakte en hierover schreef in het weekblad ‘Het Volksbelang’, werd het Vlaamsspreken op school gestraft.

 

Ook in ‘Neerlandia’ van juni 1897 lazen wij een uitvoerige, belangwekkende bijdrage, getekend met de initiaal F., die blijkens de inhoud (vgl. de artikelen van Fredericq in ‘Het Volksbelang’) van de hand is van Paul Fredericq. Hier schrijft F. over het onderwijs :

‘In de scholen van aile graad wordt de moedertaal niet aan- geleerd. Het was de regering van koning Louis-Philippe, die in 1833 een uitdrukkelijk verbod uitvaardigde om in de volksschool nog iets van de volkstaal aan de Vlamingen van Frankrijk aan te leren of ze zelfs te gebruiken als voertaal voor ’t Frans onderwijs. Maar die onzinnige maatregel werd niet aanstonds noch radicaal toegepast; in den beginne volg- den de toenmalige onderwijzers nog de oude slenter; zij spraken hun Vlaamse leerlingen in het Vlaams aan, lieten uit het Vlaams in het Frans vertalen, enzovoort. Doch sedert die tijd is het geslacht der oude onderwijzers langzamer- hand uitgestorven. In hun plaats traden veel Walen op (zo noemen de Vlamingen uit onze Westhoek hun Franse ambte- naren) en nu wordt geen enkel Vlaams woord meer gespro- ken in de lagere school. Ook in de kloosterscholen, door Franse maseurkens en broerkens gehouden, is de toestand dezelfde. Hier en daar vindt men nog bij uitzondering een Vlaams onderwijzer, die het verbod over ’t hoofd ziet en soms een Vlaamse uitlegging aan zijn Vlaamse scholieren durft geven, maar hij zou zich wel wachten het aan de schooloverheden te laten weten. Natuurlijk wordt ook het Vlaamsspreken op de school gestraft gelijk in veel klerikale gestichten van Vlaams-België. Bij hun eerste kommunie, d.w.z. op 11 tôt 12 jarige leeftijd, verlaten de kinderen voor goed de school. Ze kunnen hun moedertaal noch lezen noch schrijven en kennen evenmin Frans. Het zijn kleine barbaren, (p.33) gans verwilderd en onwetend. Op 21-jarige leeftijd grijpt de staat de mannelijke bevolking opnieuw vast en lijft ze bij ’t leger in voor een drietal jaren; daar wordt de Vlaamse jongens weer wat Frans ingestampt in de kazerne, doch na enkele jaren is er dat ook weer uitgevaagd. Men kan zich inbeelden wat de intellectuele toestand der bevol­king zijn moet met zulk een onderwijsstelsel.’

Over het gebruik van de Vlaamse taal in de kerk schrijft F. : ‘De kerk is de laatste schuilplaats der moedertaal in Frans- Vlaanderen. Iedere zondag hoort de Vlaming er een Vlaams sermoen; in de biechtstoel spreekt de priester hem insgelijks in zijn taal aan en op de catechismusles hoort hij als kind ook Vlaams. De pastoors en de onderpastoors zijn over het algemeen de moedertaal zeer genegen. Maar de hogere gees- telijkheid is gedeeltelijk zeer Fransgezind. Onze Vlaamse taalbroeders staan immers onder de aartsbisschop van Ka- merijk, die gewoonlijk een Fransman is; en meer dan eens heeft men uit Kamerijk getracht de Franse catechismus ver- plicht te stellen, hetgeen nochtans gebleken is een onmoge- lijkheid te zijn, wilde men dat de kinderen bij hun eerste communie iets van hun geloof zouden kennen V Bij wat F. hier schrijft over de hogere geestelijkheid moeten wij het woord ‘gedeeltelijk’ onderstrepen want ook onder de hogere geestelijkheid zijn er trouwe verdedigers van de moedertaal geweest. Men moet er ook rekening mee houden dat vanaf 1890 door een ministerieel besluit op de hogere geestelijkheid druk werd uitgeoefend om de Nederlandse taal in de kerk te laten verbieden. In 1896 werd het optre- den van de overheid scherper en mgr. Sonnois, aartsbisschop van Kamerijk, werd toen door de Préfet du Nord herhaalde- lijk aan dat besluit herinnerd. De Préfet dreigde met de schorsing van de bezoldiging der pastoors en onderpastoors die zich nog zouden bedienen van het Vlaams in de kerk. De vicaris-generaal van het aartsbisdom, mgr. Emile Lobbedey (1856-1916), heeft toen tôt het uiterste de verdediging van de moedertaal op zich genomen en toen mgr. Sonnois op 1 mei 1902 een rondschrijven betreffende het taalverbod liet sturen aan de dekens, heeft mgr. Lobbedey op een exem- plaar van het rondschrijven, dat hij ook stuurde naar het (p.34) Comité flamand, eigenhandig het volgende onderschrift ge- plaatst : ‘Que les Sénateurs, les Députés, conseillers géné­raux ou d’arrondissements, maires ou autres administrateurs publics, que le Comité flamand, que nous tous Flamands, nous soyons cor unum et anima una dans l’amour et la défense de notre Moedertaal.’ Een oproep vol innerlijke spanning, echt, mooi en ontroerend. De leuze die deze Vlaamse prelaat in zijn wapen droeg, was trouwens : ‘Noch kruipen, noch stuipen’.

Wij zullen nu ook niet beweren dat de verfransing alleen het werk is geweest van de verfransende staatsorganen. Zoals bij ons in België is zij ook voor een deel bewerkt door de franskiljonse Vlamingen uit de hogere standen en uit de administratie. Zo vernemen we ook in het opstel van F. dat in augustus 1896 in de Conseil d’arrondissement te Duin- kerken een der zeven leden voorstelde ‘de wens uit te druk- ken dat voortaan ook in de kerken en overal door de rege- ring streng zou verboden worden het Vlaams te gebruiken. Doch de heer Toris, brouwer te Grevelingen, verklaarde zich tegen het voorstel, zeggende dat zulks strijdig was met de oude gewoonten van het land; en daarin werd hij onder- steund door de heer Deswarte, landbouwer te Ghyvelde. Bij de stemming werd het Fransgezind voorstel verworpen met vier stemmen tegen drie’. En F. voegt er terecht aan toe : ‘Ziehier de namen der drie Fransgezinden, die nog Fransgezinder zijn dan de regering : Wemaere, geneesheer te Wormhout; Carpentier, épicier en gros te Winoksbergen, en Vézier, oud-militaire dokter te Duinkerke. Flun namen verdienen bewaard te blijven; doch ook onze hulde aan de heren Toris en De Swarte.’

In het begin van de XXste eeuw (1900-1903) werd dan toch de bedreiging van 1896 uitgevoerd : aan de priesters werd het preken en het catechismusonderricht in de volkstaal verboden op straffe van weddeberoving. Dit gebeurde in de laatste jaren van het Concordaat tussen kerk en staat in Frankrijk (Dit Concordaat werd inderdaad opgezegd in 1905). Het aartsbisdom gaf uiteindelijk toe, maar talrijke Vlaamse priesters weigerden zich te onderwerpen. Zij bleven trouw aan de moedertaal ‘tôt den bedelzak toe’. Veel priesters (p.35) zijn nog blijven prediken in het Nederlands tôt aan de Eerste Wereldoorlog. Op sommige plaatsen werd zelfs tôt aan de Tweede Wereldoorlog in het Vlaams gepreekt. Ook nu nog zijn er heel wat pastoors die het kunnen. Jammer genoeg doen zij het slechts bij voorkomende gelegenheid of ze gebruiken wel een aantal Vlaamse woorden en uitdruk- kingen tijdens hun Franstalige preek. Tijdens de Vlaamse Cultuurdagen te Ekelsbeke in 1965, 1966, 1967 en 1969 werd op schitterende wijze in het Vlaams gepreekt door kan. J. Verdonck. Pastoor G. Decalf deed hetzelfde op de Cul- tuurdag in 1968. Dit gebeurde eveneens op de Vlaamse Heemdagen : te Winnezele in 1965 door kan. M. Deswarte, te Buischeure in 1966 en 1967 door pastoor Beun en te Houtkerke in 1968 door pastoor Dujardin. Ook kan. A. Am- meux, thans vicaris van het bisdom Rijsel, preekte enkele jaren geleden in het Vlaams te Kassel, bij gelegenheid van de aanwezigheid in de kerk van de Waregemse toneelgroep ‘Kunst en Eendracht’. Overal werden de preken in het Ne­derlands dialect van de Westhoek door de aanwezige parochianen, vooral door de oudere mensen, zeer op prijs gesteld.

 

1. Bertram, L., ‘Het Comité flamand de France’. Notre Flandre, jg. II, 1953, nr. 2, blz. 19.

2.   Bertram, L., o.c., blz. 20.

3.   Fredericq, Paul, Het Volksbelang, 12 september 1874.

4.   Decroocq, Charles, ‘Histoire du Collège de Bergues-Saint-Winoc’. Annales du Comité flamand de France, Tome XXIII, 1922, blz. 354-355.

5.   F. (Fredericq Paul), Neerlandia, juni 1897. Wij hebben de lange cita- ten uit het artikel van F. omgezet in de nieuwe spelling.

In Ons Erfdeel, jg. X, nr. 1, 1966, blz. 7-21, schreef A. Vanhove een arti­kel over ‘Het Willemsfonds en Frans-Vlaanderen’ waarin hij, aanknopend bij wat wijzelf daarover schreven in Ons Erfdeel, uitvoerig de ar- tikelen van P. Fredericq behandelt.

 

Zo repliceerde o.m. Doumergue : ‘La France est une. Il n’y a qu’une France. Ses pensées, ses sentiments, sa tradition s’expriment par une seule langue : la langue française.’ En ter gelegenheid van een bezoek aan Robeke op 7 december 1924 verklaarde Eduard Herriot : ‘On voudrait nous rame­ner aujourd’hui sous la domination des patois, des patois que les réactionnaires de nos jours essaient d’introduire, plaidant contre l’unité française, comptant sur l’ignorance pour détruire la République elle-même

 

,,Le désert français. »

 

In de 19e eeuw kan onder invloed van de Duitse romantiek een eerste réveil in de belangstelling voor de volkstalen en de regionale kulturen worden vastgesteld. In 1853 richt Edmond de Coussemaker te Duinkerke het Comité flamand de France op. De Coussemaker steunt de petitie van 1870 ten gunste van de ..provinciale talen », waarin o.a. een leerstoel in de Vlaamse taal en letterkunde wordt gevraagd voor Douai (Dowaai).

 

Abbé Vanvleteren, Sarthe, LES FLAMANDS, in : Nos lecteurs écrivent, +-1980, s.r.

 

Lisant régulièrement le Pèlerin, je me permets de vous écrire, au sujet du dernier article sur les Flamands, en Belgique…

… Je suis prêtre d’origine flamande mais je ne veux pas parler de mon dévoilement au service de la France depuis trente ans…

… Je ne sais si le Français est chauvin, ou raciste, mais je me souviens, ayant fait mon séminaire en France, pour m’y consacrer ensuite, avoir souffert de cet esprit.  Les Flamands n’avaient pas le droit, sans s’attirer des ennuis, de se rencontrer en récréation, encore moins de parler.  Peu importe…

… Il ne pourrait être question d’imposer à des peuples qui ont une culture propre d’y vouloir imposer le français.  D’ailleurs, le Flamand apprend toutes les langues de ses voisins pour le commerce.  Mais que la langue officielle soit le flamand, ce n’est que trop juste.  N’avez-vous pas souffert d’une occupation étrangère en 40 pour vouloir imposer ce sort à d’autres, de la part des Français ?

 

Vous parlez des usines étrangères.  Pour autant que je sache, elles y sont bien accueillies et ont pour but, par exemple, de composer des éléments de marques étrai@ gères pour assurer du boulot aux habitants. Mais faut-il diviser patronat et ouvriers par deux langues, alors qu’on parle d’association?  Il fut un temps où certaine classe bourgeoise parlait français pour que les gens de maison ne les comprennent pas.  C’est passé, heureusement ! Dans votre revue, en quelle langue les marques étrangères font-elles leur publicité ? Puis, si on va à l’étranger en touriste, ou pour travailler, n’est-ce pas pour trouver autre chose que chez soi ? Ne fait-on pas en France effort pour apprendre le français aux étrangers ? Pourquoi les Français ne feraient-ils pas effort pour apprendre la langue du pays où ils s’installent ?…

 

PLUS DE FLAMANDS SUR LES ONDES FRANÇAISES, (P.P. ? ?), 08/01/1981

 

Voici un mois naissait, dans le nord de la France, Radio Uylenspiegel, station pirate soutenue par l’ensemble des associations culturelles de la Flandre française.  Une Initiative motivée par l’interdictlon du flamand sur les ondes officielles régionales, « alors que cette langue – clament ces associations – est utilisée par plus de 100.000 personnes dans l’arrondissement de Dunkerque-Hazebrouck,,.  N’empêche, cette radio libre à vocation strictement culturelle n’a pas été jugée tolérable par les autorités françaises.  Radio Uylenspiegel a donc été réduite au silence dimanche dernier suite à une opération de police.

 

1986 - répression contre un membre néerlandophone du Parti Fédéraliste Flamand à Duinkerke (Dunkerque)

(et réaction de collabos francophiles en Belgique, le Parti fouronnais)

2 Racisme de la France envers l’Alsace-Lorraine (Elsass-Lothringen)

Une illustration du racisme français anti-alsacien…

"L'Alsacienne sans culotte" (sic)

la vraie carte de l'Alsace-Lorraine (Elsass-Lothringen)...

(in: Der Wegweiser, 2, 1983)

 

L’accent alsacien

 

Mon premier il a tes tents,

Mon teussième Il a aussi tes lents,

Mon troissième il a encore tes tents,

Mon tout, ilfous mord comme s’il afait tes lents.

(Chat-loup – scie) Jalousie

 

 

Michel Tozzi, Apprendre et vivre sa langue, éd. Syros, 1984

 

(p.70) L’ALSACE : ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME (d’après P. Klein)

 

–     XIXe – L’Alsacien doit comprendre qu’il parle alsacien et non

allemand, langue étrangère.

1871 – Dans les zones dialectophones annexées, le français, langue étrangère, est évincé de l’école.

1918 – Allemand d’abord suspendu, puis réintroduit trois heures par semaine.

Jusqu’en 40 – le français est enseigné comme « langue maternelle » aux dialectophones.

De 40 à 45 –  Français (et expressions françaises intégrées aux dialectes) interdits.

–          1945 – Allemand interdit à l’école primaire.

 

(p.72) La coupure ville/campagne se juxtapose à celle de bourgeois/ouvrier, et bien souvent s’y superpose, quand l’ouvrier est d’origine rurale. Elles se rejoignent dans celle de manuel/intellectuel. L’école met donc en situation d’échec scolaire et social ceux qui sont por­teurs des langues de France. Il faudrait plutôt dire qu’elle échoue à les faire réussir.

« Je suis entrée à l’école à sept ans sans savoir un mot de français. Il était interdit de parler béarnais. Soit j’arrivais à communiquer sans parler, soit je parlais béarnais sans me faire attraper, soit j’avais compris que pour être comme les autres, avoir des amies, avoir les bonnes grâces de l’institutrice, il fallait vite apprendre le français. Pendant longtemps la langue régionale fut pour moi un handicap à mon(p.73) insertion sociale. Elle contribua à accroître ma timidité. Ce « bilinguisme » était difficile à vivre, car il y avait référence à deux modèles, la culture pay­sanne de mes parents et la culture dominante, la seule reconnue à l’école » (Simone, quarante ans).

Quand un élève n’est pas reconnu pour ce qu’il est, il rejette l’école. On affichait partout à Strasbourg après la guerre : « Il est chic de parler français ». Mais un dialectophone alsacien à qui on inculque le français comme une langue maternelle pratiquera mal le français, perdra l’usage de son dialecte et ne saura peut-être jamais l’allemand. D’une double chance d’être bilingue, l’école a fait une double difficulté, à cause de sa double erreur. En fait, dit la CFDT d’Alsace, « la bourgeoisie ne pouvait se priver de l’arme essentielle de la domination qu’est la répression linguistique dans la sélection scolaire. Elle réservait le bilinguisme à ses propres enfants ». C’est pourquoi Holderith a dit : « La démocratie de l’enseigne­ment en Alsace passe par le bilinguisme ». Aujourd’hui, ajoute Y. Jardin « des psychiatres attribuent à la dépos­session de la langue maternelle et de la culture propre les troubles de certains malades et y voient une des raisons de l’alcoolisme en Bretagne ».

« Jean, exclusivement dialectophone, a dit, le soir de sa première journée d’école maternelle :  » D’Mamseil redd nit wie min  » (la maîtresse ne parle pas comme nous). Son premier contact a été pénible : environnement social nouveau, mais aussi milieu linguistique « étranger ». Quand il s’adresse à la maîtresse, elle aussi dialectophone, celle-ci fait semblant de ne pas comprendre et répond en français. Cette tricherie le trouble. Longtemps, il se taira, ou ne s’exprimera qu’en « appris par cœur ». Il ne commencera à se sentir à l’aise que lorsqu’il aura désappris sa propre langue, et acquis une person­nalité conforme. Ce qui compromet son dialogue avec ses parents et son intégration dans la collecti­vité alsacienne » (cité par P. Klein).

 

(p.74) – La déstructuration des communautés

Résultat foudroyant d’une telle politique : plus de 60 % de la population du Bas-Rhin parle l’Alsacien, mais moins de 1 % des jeunes enfants de Strasbourg ! L’irrespect de la personne est en même temps destruction de la langue et de la communauté culturelle qui l’utilise. Quand des inspecteurs disaient encore en 1973-1974 : « Laisser parler alsacien serait retourner à l’homme des cavernes » ou « II n’y a aucune raison de maintenir les élèves dans leur sous-culture d’origine », on comprend comment la « langue de la honte » (Yezh Ar Vezh) peut marquer une collectivité.

« Cette domination produit une crise d’identité qui trouve sa contrepartie dans une surenchère patrio­tique, dans la culpabilisation de la spécificité régio­nale, dans des phénomènes d’auto-censure. Cela se traduit par une sous-scolarisation, une maîtrise très imparfaite des langues, un accès plus difficile à la vie culturelle et sociale, une résignation face au modèle imposé et une soumission politique », dit P. Klein.

 

(p.76) L’opposition à cette politique

 

« A l’école, j’ai été plusieurs fois obligé de reco­pier le règlement scolaire en français, parce que je parlais alsacien. Cela suffit pour dire que je me sens Alsacien avant de me sentir Français » dit le chan­teur R. Siffer.

 

1800s

in : Michel Lagrée, dir.,  Les parlers de la foi, Religion et langues régionales, PUR 1995

 

(p.23) /Alsace/

 

Avant 1848 la diffusion du français dans les écoles catholiques de filles est assurée principalement par les sœurs membres de congrégations ensei­gnantes. Elle se heurte bien des fois aux parents, aussi bien dans des villages catholiques du Haut-Rhin que dans certains villages luthériens de l’Alsace du Nord.

(p.27-28) Très vite les Églises se trouvent confrontées au nouveau personnel poli­tique qui veut étendre la politique scolaire d’assimilation et les lois laïques à l’Alsace. Le milieu politique et administratif, marqué par le jacobinisme et une incompréhension totale des réalités locales ne voit en Alsace qu’une « terre de mission ». Par les instructions du recteur Charléty en 1920, l’allemand n’est autorisé qu’à partir de la troisième année scolaire à raison de trois heures hebdomadaires en dehors du catéchisme.

Les résultats de cette politique sont catastrophiques. En 1926 le pasteur de Soultzeren lance Théophile Birmelé un véritable cri de détresse : baisse du niveau scolaire, méconnaissance des deux langues, recul de la lecture, du niveau culturel et de la compréhension des concepts spirituels. Les pasteurs se voient contraints de baisser le niveau de la langue dans les prédications pour se faire comprendre.

 

1919

religion et jacobinisme : un paradoxe

 

Pierri Zind, Elsass-Lothringen, une nation interdite, 1870-1940, Copernic, Paris, 1979

 

Division de l’Alsace-Lorraine en 3 départements à partir de 1919.

“Ainsi se trouvait le voeu de l’abbé Wetterlé en 1915:

 

(p.146) Nous voulons que l’Alsace-Lorraine disparaisse pour se transformer en 3 départements qui ne se distingueront en aucune manière des 86 autres.”

 

(p.388-390) dans les années 1920

 

“L’étude d’ensemble de l’attitude nationaliste des évêques face aux revendications ethniques, tant dans les colonies que dans les états européens, reste à faire.”

A cette époque, l’évêque de Bruges condamnait les autonomistes flamands, l’évêque de Quimper, les autonomistes bretons, et l’évêque de Strasbourg les autonomistes alsaciens-lorrains.

Ils semblaient confondre leurs propres conceptions politico-religieuses avec l’Eglise, sans /se soucier/, tout au moins en France, du jacobinisme anti-chrétien et païen qui divisait les catholiques sur l’autonomie et qui véhiculait un “état d’âme non catholique”.

 

1928

Paul Sérant, La France des minorités, éd. Lafont 1965

 

(p.287) LES ACCUSES DE COLMAR

 

Les autorités s’inquiétèrent. Après diverses enquêtes, des poursuites judiciaires furent intentées contre Ricklin, Hauss, Schall, Rossé, Schlaegel, Baumann, Roos, Ernst et d’autres autonomistes, pour complot contre la sûreté de l’Etat. Leur procès eut lieu à Colmar, du 1er au 24 mai 1928.

Il apparut clairement après quelques jours de débats, que le ministère public ne pouvait pas apporter la preuve d’un véritable complot. Il fut établi qu’un des principaux témoins de l’accusation, Riehl, était un agent provocateur, et qu’il avait rédigé lui-même des déclarations antifrançaises mises au compte des auto­nomistes. Le procès fît surtout apparaître l’incompa­tibilité entre les vues des « Français de l’intérieur » et celles des Alsaciens libérés.

« N’est-ce pas là du séparatisme ? » s’écriait le pré­sident du tribunal, après avoir relevé, dans un docu­ment du Heitmatbund, le slogan « L’Alsace-Lorraine aux Alsaciens-Lorrains ». L’accusé Schlaegel répon­dait :

 

(1)   Raymond Postal, op. cit., p. 171 (note).

 

(p.288) « Cet adage était officiel dans la politique alsa­cienne d’avant-guerre, et jamais l’Etat allemand ne s’est cru obligé d’y voir un complot. L’Alsace-Lor­raine aux Alsaciens-Lorrains veut dire pour nous que nous devons nous sentir en Alsace chez nous, et qu’alors nous serons aussi de bons Français. »

Comme on reprochait aux autonomistes d’avoir constitué des groupes de protection paramilitaires, ils affirmèrent qu’il s’agissait d’un simple service d’ordre pour leurs réunions. « Je constate que l’Action fran­çaise, qui veut renverser le gouvernement par la force, n’est pas inquiétée », déclara le Dr Ricklin. « Mais dès que nous voulons changer quelque chose en Alsace, on veut nous pendre ! »

Plusieurs personnalités alsaciennes, dont les posi­tions étaient plus modérées que celles des autono­mistes, leur apportèrent cependant l’appui de leur témoignage. L’abbé Muller, sénateur, se déclara par­tisan de l’autonomie culturelle et religieuse. « Pour­quoi enlever à chaque sol ce qui lui est propre ? » déclara-t-il. « Ce serait verser dans une grande futaille centrale à Paris, le vin de Bordeaux, le bourgogne, le Champagne, le vin de la Loire et le vin d’Alsace. On tirerait ensuite ce vin pour tous les Français. La beauté et le parfum de tous les vins seraient détruits pour en faire un mélange sans goût. »

 

L’une des personnalités alsaciennes les plus res­pectées au temps de la domination allemande, l’abbé Haegy, n’hésita pas à dire que le mouvement autono­miste lui apparaissait comme la continuation de l’ancienne politique alsacienne. « Nous avons grandi dans les traditions de Pautonomisme », déclara-t-il. « Nous sommes pour cela des régionalistes convain­cus, parce que nous savons que le régionalisme est le meilleur moyen de rendre un pays prospère au point de vue économique, culturel et religieux. » II insista sur la légitimité du bilinguisme. « II y a des gens qui prétendent que le bilinguisme est impossible. Nous savons qu’il est possible et que nos pères et mères, (p.289) élevés à l’école du village, écrivaient l’allemand et le français. »

De son côté le comte Jean de Pange, membre émi-nent du Parti démocrate populaire, déclara à pro­pos de Ricklin : « Je n’ai cessé de penser que pour empêcher l’éclosion de l’autonomisme, il aurait fallu que le gouvernement français donnât dans une cer­taine mesure satisfaction à nos aspirations régiona-listes. J’ai toujours été régionaliste et je comptais sur le retour de l’Alsace-Lorraine pour provoquer notre réorganisation administrative. Il y a eu avant tout malentendu et incompréhension réciproque. »

 

Après la déposition de Jean de Pange, M. Chéron, professeur de droit de l’Université de Strasbourg, fit savoir qu’il démissionnerait de la société des Amis de l’Université, si de Pange continuait à en être membre. Mis au courant de la situation, de Pange offrit aussitôt sa démission. Raymond Poincaré, président du Con­seil, lui en donna acte en ajoutant : « M. Chéron n’est pas le seul membre de la société qui se soit retiré après votre déposition. J’ai été immédiatement informé que beaucoup d’autres l’imitaient ou allaient l’imiter, et il est certain que vos paroles ont péni­blement surpris beaucoup d’Alsaciens, et de Français de l’intérieur. Elles prêtaient à une équivoque qui était de nature à favoriser les séparations (1). » Cet incident suffisait à montrer la violence des passions suscitées par le « malaise » alsacien.

Il faut toutefois noter que le procès de Colmar était désapprouvé dans des milieux très différents. Victor Basch, président de la Ligue des Droits de l’Homme, l’une des personnalités les plus importantes de la gauche française de l’époque, n’hésitait pas à écrire dans le journal parisien La Volonté que ce pro­cès paraissait bien avoir été échafaudé pour atteindre des opinions et faire pression sur les électeurs alsaciens.

 

(1)   Cf. Jean de Pange : Journal 1927-1930 (Grasset), p. 372.

 

(p.290) « II est inadmissible », ajoutait-il, « qu’un agent du gouvernement proclame emphatiquement qu’à telle heure tel prévenu sera arrêté. Il est inadmissible que le même préfet ose lancer contre les chefs de l’autonomisme de basses injures. Il est inadmissible qu’un autre préfet ait pu être dénoncé par le Dr Ricklin — sans que le président des assises ni le procureur géné­ral aient protesté avec indignation — comme ayant connu l’agression dont lui et ses amis ont été vic­times… Il est inadmissible, enfin, que cet homme et ses coaccusés, à qui l’on ne peut reprocher qu’un atta­chement exclusif à des idées que l’on peut condamner, mais qui sont des idées, n’aient pas été remis tout au moins avant les débats, en liberté provisoire… » Le journaliste catholique et nationaliste Philippe Henriot défendit non moins vigoureusement les accusés de Colmar dans un journal bordelais.

L’autonomisme ayant été assimilé par le tribunal au séparatisme, les principaux accusés furent condam­nés à des peines d’un an de prison. Ce verdict fut accueilli avec colère par le public de Colmar et dans une bonne partie de l’opinion alsacienne. L’ac­cusation portée contre eux n’empêcha pas Ricklin et Rossé d’être vainqueurs aux élections législatives qui eurent lieu l’année même de leur procès : invalidés, ils furent aussitôt remplacés par deux députés de la même tendance. L’attentat manqué qui fut commis contre le procureur de Colmar, sur lequel un auto­nomiste tira deux coups de revolver, quelques mois après le verdict, révélait le trouble dangereux de cer­tains esprits. Les autorités jugèrent nécessaire de prendre des mesures d’apaisement. Un an après le verdict de Colmar, l’un des accusés, Roos, qui avait pris la fuite au moment du procès, se présenta à la justice : il fut acquitté.

 

(p.304) UNE EPURATION INATTENDUE

 

Les Alsaciens pouvaient donc espérer que la France libérée tiendrait compte des épreuves particulières qu’ils avaient subies, et procéderait à l’épuration avec le maximum de compréhension.

Ce ne fut malheureusement pas le cas. Les autorités françaises appliquèrent en effet en Alsace et en Moselle les lois prévues pour la répression des faits de collaboration, sans tenir compte de la situation particulière de ces départements, et de l’annexion de fait qu’ils avaient subie ! On fut ainsi amené à sanctionner des actes qui, dans le reste de la France, avaient été accomplis librement, mais qui, en Alsace et en Moselle, l’avaient été sous la contrainte la plus rigoureuse. On oublia que la radio française de Londres avait elle-même conseillé aux Alsaciens et aux Lorrains de céder dans certains cas aux exigences allemandes, plutôt que de courir des risques inutiles. En bref, le législateur français considérait comme une trahison délibérée ce qui n’avait été, dans bien des cas, qu’une attitude rendue obligatoire et inévitable par la pression de l’ennemi.

Il y eut ainsi, dans les premiers mois de la Libéra­tion, plus de 45.000 personnes internées dans les trois départements préalablement annexés par l’Allema­gne. Ainsi, après avoir subi une occupation beaucoup plus pénible encore que le reste de la France, l’Alsace et la Moselle subissaient-elles une épuration plus rigoureuse que l’ensemble du territoire libéré. Certes, les conditions de l’occupation y ayant empêché la constitution de véritables maquis, ces départements ne connurent pas d’exécutions sommaires dans des proportions comparables à certaines régions du Centre et du Midi, mais l’épuration « légale » y fut particu­lièrement contraignante.

Si l’on songe au climat dans lequel se déroulait l’épuration, il n’est pas étonnant que l’autonomisme ait été assimilé à la pure et simple trahison. Or, si (p.305) certains chefs autonomistes s’étaient ralliés à la cause allemande en 1940, d’autres au contraire avaient opposé à l’autorité allemande une résistance tenace, et d’autres encore s’étaient réfugiés dans une absten­tion totale. Ils n’en furent pas moins poursuivis par la justice d’exception qui, comme en Bretagne, se référait parfois davantage à des renseignements datant d’avant septembre 1939 qu’à des renseigne­ments concernant l’occupation. Ainsi, plusieurs per­sonnalités auxquelles on ne pouvait reprocher que leur attachement à la cause alsacienne furent-elles internées… au camp du Struthof, dont les détenus n’étaient plus les mêmes, mais où le régime demeurait arbitraire et odieux, ou dans différentes prisons. Parmi les victimes les plus connues de l’épuration en Alsace, il faut citer l’abbé Joseph Brauner, archiviste de Strasbourg, qui mourut au camp de Struthof, et Joseph Rossé, directeur des Editions Alsatia, qui, après avoir été condamné à Nancy en 1947 à quinze ans de travaux forcés, devait mourir quatre ans plus tard à la centrale d’Eysses.

 

« L’Alsace avait subi un écartèlement qui avait profondément marqué les esprits et les sensibilités », écrit M. Pierre Pflimlin à propos de la Libération. « Expulsés, réfugiés volontaires et demeurés sur place avaient vécu des expériences différentes. Des dialo­gues de sourds se prolongeaient indéfiniment, qui souvent tournaient à l’aigre. On s’acharnait à compa­rer ce qui n’était pas comparable : les fidélités, les sacrifices, les souffrances, les mérites des uns et des autres. L’épuration fit de nouvelles blessures. Si l’on évita les excès sanglants que connurent d’autres régions, on eut le tort d’appliquer en Alsace et en Moselle une législation — d’ailleurs contestable à bien des égards — qui ne tenait aucun compte du fait de l’annexion… L’Alsace a eu ses héros et ses martyrs. Mais l’héroïsme et le martyre ne pouvaient être la loi commune imposée à toute une population abandonnée comme une rançon à la suite d’une catastrophe (p.306) nationale. Mal posé, le problème ne pouvait être que mal résolu, quels que fussent le bon vouloir et l’équité des magistrats. Il y eut des injustices que les amnisties et les mesures de grâce ont atténuées, sans les effacer entièrement (1). »

 

Cette situation explique également les violentes réactions alsaciennes quand la justice française entre­prit, quelques années plus tard, le procès des soldats de la division Das Reich ayant participé au massacre des habitants d’Oradour-sur-Glane. Certains des sol­dats jugés par le tribunal militaire réuni à Bordeaux étaient des Alsaciens incorporés de force dans la Wehrmacht. La façon dont les journaux français rap­portèrent ce fait suscita en Alsace une violente colère. On put lire, sur les murs des villes alsaciennes, des affiches ainsi rédigées : « Au lieu de nous accuser aujourd’hui, il aurait mieux valu nous défendre en 1940. » Sur certains édifices publics, les drapeaux français furent mis en berne.

 

Ces réactions alsaciennes stupéfièrent et conster­nèrent les « Français de l’intérieur ». L’incendie du village limousin d’Oradour-sur-Glane, à la suite duquel les douze cents habitants du village, hommes, femmes et enfants, périrent carbonisés dans l’église et dans les granges où ils avaient été préalablement enfermés, apparaissait à juste titre à l’opinion fran­çaise et internationale, comme le crime le plus atroce commis par l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale. Comment les Alsaciens osaient-ils défendre des soldats ayant participé à ce monstrueux forfait ?

En fait, la réaction alsacienne concernait moins les quelques soldats jugés à Bordeaux que le cas général des Alsaciens enrôlés de force par les Allemands — et qui se désignaient eux-mêmes du nom de « malgré

 

(1) Pierre Pflimlin – René Uhrich: Alsace, destin et volonté (Calmann-Lévy,   1963),  p.   141.

 

(p.307) nous ». Comme après 1918, les Alsaciens avaient le sentiment que les autres Français n’avaient abso­lument rien compris au drame qu’ils avaient vécu. Leur indignation était à la mesure de leur douleur.

La réaction alsacienne dans cette affaire a été ana­lysée avec beaucoup de tact et de pénétration par Robert Aron. « Si, dans les circonstances pathétiques d’un procès, certes intempestif, mais mené avec loyauté, le Limousin et l’Alsace se sont ainsi oppo­sés », écrivait le futur auteur de l’Histoire de la Libération, « c’est qu’au fond le destin et le rôle de ces deux provinces dans la communauté française différent sur un point essentiel. Le Limousin est un exemple, entre plusieurs, d’une province qui, politi­quement parlant, n’a plus de vie particulière et dont le destin se confond entièrement avec celui de la nation. Entièrement inféodée au régime de centrali­sation, que la Quatrième République a encore accentué, partagée en départements constituant des subdivisions administratives exclusives et absorbantes, cette province, en tant que province, n’a plus actuel­lement d’existence qui lui soit propre : elle n’a ni coutume particulière, ni organisation ou législation, ni destinée personnelle.

 

« L’Alsace, au contraire, au cours de toute son his­toire, a témoigné d’un souci particulier de conserver ses libertés, de faire respecter ses franchises : elle a souvent eu une histoire distincte de celle des gran­des nations… »

Et après avoir rappelé différents exemples histo­riques de l’esprit de liberté alsacien, Robert Aron écrivait que « le sursaut » de l’Alsace contre le procès de Bordeaux n’était en aucune manière un sursaut contre la patrie française, mais une réaction contre la dépersonnalisation imposée à nos provinces :

« Si les Français », concluait-il, « réussissaient à entrevoir le vrai problème posé par les réactions de l’Alsace après le procès de Bordeaux, s’ils s’effor­çaient de maintenir, dans le cadre de la nation, les (p.308) autonomies nécessaires, de respecter les traditions et les coutumes locales, de tenir compte des intérêts particuliers, — s’ils barraient ainsi réellement la voie au totalitarisme qui s’insinue dans les pays réputés libres par la voie de la centralisation — ils pour­raient à la fois apaiser Alsaciens et Limousins. L’Alsace aurait le sentiment d’être en France, non seulement la terre, mais aussi l’école des libertés nécessaires. Et les martyrs d’Oradour ne recevraient-ils pas l’hommage le plus permanent, le plus grave, si la nation tout entière faisait rétrograder le processus fatal de centralisation qui engendre toujours les tyran-, nies dont ils ont été victimes (1) ? »

 

(p.331) En dépit des expatriations que déplorait Maurice 1 Barrés, la fidélité à la France des « enracinés » ne fut pas moins émouvante en Lorraine annexée qu’en Alsace. Un journaliste messin, M. Paul Durand, rap­pelle dans ses souvenirs qu’il y eut à Metz, jusqu’en 1914, une école de Frères dont les directeurs ne savaient pas l’allemand. Les noms des rues étaient indiqués dans les deux langues. Metz comptait trois quotidiens de langue française : le Lorrain, le Messin et le Courrier de Metz. Dans les églises, il y avait, le dimanche, une « messe des Allemands » : les sermons des autres messes étaient en français. Les Lorrains annexés avaient leurs sociétés sportives, artistiques et littéraires, dans lesquelles ils étaient sûrs de ne rencontrer aucun Allemand ; ils fréquentaient des cercles et des cafés que les Allemands ignoraient. Les dimanches d’été, de nombreux Messins se rendaient de l’autre côté de la frontière. Et dans le territoire annexé, le Souvenir français organisait des cérémonies d’hommage aux morts français de la guerre de 70, auxquelles assistaient à la fois des officiers allemands et des officiers français venus en délégation.             

 

(p.346) RETOUR AUX SOURCES EUROPEENNES

 

A l’heure de la Libération, la Lorraine messine connut, comme l’Alsace, une épuration particulière­ment injuste, puisqu’elle ne tenait aucun compte de la situation particulière dans laquelle s’était trouvé le pays annexé. « Sans doute », écrivit à ce propos un juriste lorrain, Me Albert Eiselé, « il est arrivé par­fois que les juges, appréciant l’activité d’un inculpé, aient tenu compte de la situation générale pour modé­rer la sanction ou même acquitter. Très souvent, cependant, il n’en a pas été ainsi. L’erreur consistait (p.347) précisément à s’en remettre à l’appréciation des juges, et surtout, des jurés, sans munir ces derniers de quel­ques principes élémentaires de droit et d’un texte précis prévoyant les incidences pénales de la con­trainte collective, principe et texte qu’ils eussent dû respecter sous peine de voir casser leur sentence. Au-delà de tout cas particulier, on est obligé de cons­tater que la carence du législateur est à l’origine d’erreurs nombreuses sur le plan judiciaire, qui ont eu, surtout en raison de leur quantité, des effets poli­tiques néfastes dans les départements recouvrés (1). »

 

1928

Ronan Caerléon, Les Bretons le dos au mur, éd. La Table ronde 1973

 

(p.42) Sous Poincaré, un grand procès a lieu à Colmar du 1er au 24 mai 1928. Il tourne à la confusion des accusateurs. L’abbé Haegy, homme très respecté, vient à la barre défen­dre ses Alsaciens : « Nous avons grandi dans les traditions de l’autonomisme. » Il défend le bilinguisme. Le procès passionne toute l’Al­sace. Les autonomistes bretons de « Breiz Atao » envoient un télégramme de solidarité aux accusés et des observateurs au tribunal. Les principaux accusés récoltent un an de pri­son. C’est une faute politique de la Troisième République française-une-et-indivisible qui, par son verdict, réprime la liberté d’opinion !

 

(p.43) A la Libération, la France épuratrice punit les Alsaciens sans discernement (45 000 internés).

 

(p.44) En 1871, comme l’Alsace, la Lorraine subit la guerre et est reprise par l’Allemagne. En 1919, avec son retour à la France, elle connaît les mêmes déceptions face à la centralisation française. Le mouvement autonomiste alsacien la gagne. Après 1940, elle est gouvernée par le gauleiter Burckel, intolérant, fanatique. Re­germanisée, elle est soumise aux expulsions de francophiles et à l’installation de colons alle­mands, à l’utilisation obligatoire de la langue allemande en public et dans les familles. Or, il y a beaucoup plus de francophones qu’en Alsace. En 1945, elle subit malgré tout une épuration féroce.

 

Procès à la Cour de Sûreté de l’Etat – 1972

 

La situation linguistique en Lorraine

Quand la Lorraine était le bailliage d'Allemagne...

(in: Pascal Curin, Les langues en Lorraine, T1, 2011, p.10)

... et manipulation des esprits par la France

(p.11)

Le début de l'intolérance à l'allophonie en Lorraine

(p.16-19)

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