Le racisme francophone anti-wallon en Belgique

PLAN

 

1 Analyses

1.1 Généralités

1.2 Faits (chronologie)

1.3 Les noms de lieux

2 Documents

 

1 Analyses

1.1 Généralités

         Français contre wallon : une réalité ou comment le français s’est imposé – brutalement – aux Wallons

 

L’éradication des langues et des cultures : une forme de racisme

Aspect général

L’aliénation linguistique

 

Quel était donc cet état d’esprit qui rendit tant de gens honteux de leur langue ?  C’est bien regrettable, ceux qui auraient dû, de par leur profession, éclairer les autres à ce sujet participèrent aussi en tant que membres de leur communauté d’origine à l’indifférence concrète des dirigeants et des classes supérieures correspondant à l’incrédulité des masses. Cela explique le peu de prises de position d’hommes de science et leur relative absence des lieux de combat, c’est que ceux-ci, en général, se moquent bien de l’ existence des civilisations dont ils prétendent à la compréhension.[1]

Pourtant, partout où s’est pratiqué l’exclusivisme linguistique, les thèmes invoqués ont été analogues.  D’abord exalter la langue seule reconnue et méconnaître, déprécier les  autres idiomes préalablement rabaissés au rang de ‘patois’ (N.B. En France, tout ce qui n’est pas français est du ‘patois’) inférieurs, informes, à peine humains. Ceci à l’aide de slogans répandus en direction des masses : « Défense de parler breton et de cracher par terre » ou, à l’ intention des Catalans « Soyez propres, parlez français » ou bien « Espagnol, n’ aboie pas, parle la langue de l’Empire », et « Habla cristiano » (« Parle chrétien ») à l’intention des Basques, …  Cet effort de dévalorisation s’accompagne naturellement de toutes les mesures pratiques instituées pour propager une langue et entraver les autres, la première étant évidemment le monopole de l’enseignement…

Le parler maternel sera même chassé de l’école à défaut de pouvoir le chasser complètement des cerveaux. Cette dernière préoccupation était exprimée par la méthode de l' »objet” (ou symbole, sabot, bouchon, bobine, signum, signe d’ infamie, etc.) pratiquée dans toutes les écoles publiques et privées des régions à minorité linguistique de France: elle consistait à confier un objet quelconque au premier enfant laissant échapper un mot de ‘patois’, quitte à ce qu’ il le repasse à un autre surpris à commettre la même faute, et, à la fin de la classe, le dernier détenteur de l’ objet assurait les corvées de balayage, et autre.  Ce procédé qui utilisait toutes les techniques psychosociales répressives du refoulement, de la censure, de l’espionnage, de la délation, de l’ostracisme et de la mortification a marqué des générations d’enfants et semble avoir été abandonné.  Le non-enseignement de la langue ethnique est essentiel car, selon la formule de Camille Julian: Une langue qu’ on n’ enseigne pas est une langue qu’on tue d’autant plus qu’on en enseigne une autre. [2]

Les autres mesures d’éradication apparaissent alors secondaires et peuvent varier sensiblement suivant le degré de libéralisme des régimes.  Elles vont du simple refus de recevoir des textes et déclarations rédigés hors de la langue nationale et du non-emploi dans les mass-media, jusqu’à l’interdiction formelle d’utiliser en public, et même en privé, la langue proscrite, l’effacement des enseignes, des inscriptions tombales, le changement systématique des patronymes et des toponymes.

On peut parler à cet égard d’entreprises de linguicide à distinguer du génocide, l’anéantissement physique d’un peuple et de l’ethnocide, la dilution d’un peuple par élimination de sa culture propre (religion, coutumes, organisation).  Peu d’Etats, d’églises et d’institutions se glorifient de l’un ou de l’autre, mais beaucoup y concoururent en toute quiétude avec la tranquille assurance de ceux qui croient représenter les formes supérieures de la pensée et de l’humanité face aux êtres ‘irrationnels’ qu’étaient censés être, par exemple, les Indiens d’Amérique.

 On voit mal de nos jours ce que la collectivité nationale ou internationale gagne à la disparition d’une langue et on peut se demander s’il y aurait progrès réel à ce que le monde ne connaisse plus qu’une seule langue vivante.  Sur une planète où l’on songe à protéger les espèces en voie de disparition, il semble urgent de veiller aussi au maintien des petites langues vivantes comme autant de formes menacées de la pensée humaine, du patrimoine culturel commun. » [3]

 

Conséquences graves de la déculturation

Ainsi, les phénomènes de déculturation, étudiés jusqu’à présent essentiellement sur des populations d’Amérique du Sud mais observables également en Europe dans certaines régions telles que la Wallonie, sont aisément décelables lorsqu’ ils se situent dans des régions bilingues, du fait qu’ils s’accompagnent alors de la perte progressive de la langue traditionnelle.  L’évolution collective d’un unilinguisme A vers un unilinguisme B, en passant par un bilinguisme AB puis un bilinguisme BA, apparaîtra donc comme un signe de déculturation et sera accompagné de phénomènes économiques (récession, sous-emploi, etc.), sociologiques (perte de l’élite, modèle social importé, etc.), et même physiologiques s’il faut admettre l’explication de la diminution des taux de natalité comme étant une des conséquences du phénomène de déculturation.[4]

Toujours en Belgique, parce qu’elles parlaient le wallon, les générations précédentes furent punies sur les bancs de l’ école, ce qui les rendit complexées …  D’autre part, nous constatons que les jeunes Wallons, à de très rares exceptions près, ont trop peu d’esprit d’initiative, ils n’« explosent » pas comme la jeunesse d’ autres communautés. Nous n’avons pas hésité à établir un lien entre ce manque d’initiative et ce complexe d’infériorité.  Il nous manque une sûreté de soi, une fierté intérieure.[5]  A ce sujet, René Swennen, avocat liégeois, évoquait à propos de la Wallonie « les symptômes sociologiques de la décadence…, 1’anesthésie d’ une culture d’ imitation. »[6]

Au niveau culturel, la Wallonie subit dès lors une double domination culturelle, anglophone et française; par rapport à la culture française, elle connaît le même type de dépendance que les régions de France (Bretagne, Occitanie, … ). [7]  Dans le monde de la chanson, il ne fait pas bon être belge…, affirme une chanteuse du nom de Fanny. “Je reste très frappée par le complexe réel qui existe quant à nos voisins français”, ajoute-t-elle. “Hélas. ce phénomène ne se limite pas au disque.  La littérature, le théâtre ou le cinéma en sont aussi frappés.”[8]  En littérature, les auteurs wallons (sic) les plus engagés sur le plan littéraire – on pense notamment à Marcel THIRY – sont curieusement désengagés sur le plan social ou wallon.[9]

 En Belgique wallonne, nous assistons bel et bien depuis des décennies à un génocide culturel.[10]   Un Ardennais, A. Lenfant, utilisera même des paroles dures envers les Wallons: “Celui qui pour quelque motif que ce soit, renie la langue de ses ancêtres mérite le mépris; car dès l’ instant où il a pris cette décision, il a cessé d’être un homme pour n’ être plus qu’ un valet.” [11]  Il semble qu’il ne faille aller jusque là pour l’ensemble de nos compatriotes francisés malgré eux.

 

Eradication ailleurs

Il faut bien sûr replacer ce phénomène d’aliénation dans un contexte global, depuis une époque où l’on songeait déjà à “un peuple, une nation, une langue ”.  On sait ce qu’il en advint avec la colonisation, l’entrée au pouvoir de Staline, de Hitler et de Mao… et le néo-colonialisme.

En voici des exemples dénoncés par des intellectuels clairvoyants.

 

ESTONIE

Les minorités (russe surtout) représentent maintenant non plus un dixième, mais un tiers de la population.  “Cela en dit long sur le respect des Russes envers les pays où ils sont venus s’installer, le fait qu’en un demi-siècle, ils n’ont jamais fait l’effort d’en apprendre la langue”, tonne le ministre estonien des Affaires étrangères, Toomas Hendrik Ilves, dont la mère est russe.  “Sous l’occupation soviétique, quand vous leur parliez autrement qu’en russe, ils vous sommaient de vous exprimer dans une langue humaine !”[12] 

 

FRANCE

En Occitanie, « cet handicap, c’est l’ignorance de notre patrimoine culturel occitan, de son importance et de sa richesse;  c’est la propre déconsidération, de notre langue ou de notre accent dans l’ idée de ceux qui veulent faire ‘carrière honorable’ ou qui n’ ont pas le choix de faire autrement; c’est le sentiment que tout ce qui vient du terroir ne peut tenir une place respectable dans 1’échelle des valeurs artistiques; c’est la trace laissée dans la conscience collective d’ un peuple de 13 millions de personnes par 700 ans de discriminations culturelles et ridiculisations provinciales: c’est le complexe d’infériorité.” [13]

 

Ce complexe d’infériorité repose sur une situation à laquelle la sociolinguistique donne le nom de diglossie, où un individu bilingue considère une des deux langues qu’il utilise comme de moindre valeur.  Ceci vaut aussi pour la communauté dont il fait partie.  Ainsi, les locuteurs ont l’impression de ne pas parler le ‘vrai corse’, le ‘vrai breton’, qui est d’ailleurs référé géographiquement à un ailleurs indéfinissable.  La localisation de cette langue est parfaitement fantaisiste… et varie selon les accidents biographiques (contact avec un parler qui a plu, qui a semblé ‘élégant’, lecture d’un écrivain de tel ou tel lieu).[14]  Il faut ajouter que cette situation toutefois est en train de se modifier.   Paradoxalement, c’est sans doute le développement de l’instruction et l’élévation du niveau culturel général intervenant dans la crise générale qui conduit les utilisateurs des langues régionales à se chercher une identité culturelle ethnique, à approfondir la dialectique de l’unité nationale et des traits particuliers aux langues et cultures régionales.[15]

Des millions d’habitants de la RUSSIE, de la Chine, voire des USA n’échappent pas non plus à cette chasse aux sorcières.[16]

 

BELGIQUE

Contexte

Selon Anne Morelli, professeur à l’ULB, il y a en Belgique même des phénomènes de globalisation des autres, de mépris, des sentiments de supériorité, une institutionnalisation de la différence, des volontés de séparatisme …  qui vont tout à fait dans le sens de la définition communément acceptée du mot ‘racisme’. [17] Ainsi, des chercheurs de l’UCL ont découvert des éléments relevant du racisme culturel dans les écrits du FDF, selon Brigitte Grouwels (CVP).[18]

 

L’aliénation de trois communautés linguistiques

  

« Longtemps, les Flamands ont été brimés culturellement. Les Wallons et plus encore les Belges de langue allemande ont le sentiment de l’ être aujourd’hui.” (MONTY,1980,78)

 

Le cas de l’allemand en Belgique

Ayant visité Beho, en 1979, un linguiste italien, G. Sobiela-Caanitz , atteste que cette langue est alors “largement en usage dans ce hameau du Luxembourg belge nord-oriental, tout près de Saint-Vith.  N’oublions pas l’allemand de Welkenraedt-Plombières, entre Eupen et Fouron.  Bref, « tous les droits culturels » n’ont été accordés qu’aux Allemands, à la conscience plus forte, des territoires germanophones qui, de 1815 à 1918, eurent la chance de faire partie de la Prusse rhénane; les autres, ceux de Vieille-Belgique, ont un seul droit culturel, celui de se franciser.”[19]

 

Le cas du luxembourgeois en Belgique

Une revue, Arelerland a Sprooch, qui promeut la langue et la culture luxembourgeoises, a dénoncé le matraquage subi par les habitants du Pays d’Arlon. 

En 1948, nous sommes dans le train omnibus Marbehan-Arlon.  A Hachy, de toutes jeunes filles sont montées dans le train; puis d’autres à Fouches.  Elles ont entre 10 et 18 ans et se rendent à l’école à Arlon.  A Stockem d’autres filles se joignent au groupe.  On se salue, on papote joyeusement; c’est l’heure des confidences et du « klënge Beschass« .  Tout à coup, un homme d’une quarantaine d’annees se lève et crie: « Assez ! Parlez comme votre mère vous a appris.  Arrêtez de parler de la main gauche. On est en Belgique ici. »

Le joyeux bavardage a été coupé net.  « On avait tellement honte qu’on n’osa même pas raconter l’incident à la maison« , dira 30 ans plus tard l’une d’entre elles.

Toernich, 1963. Une jeune maman appelle le docteur X d’Arlon pour son petit garçon de 3 ans faisant brusquement une forte fièvre.  Lorsqu’il interroge le petit bonhomme, il constate que le garçon parle le luxembourgeois.  Aussitôt le docteur X pique une colère froide et lance une volée de méchancetés et de réflexions ironiques et acerbes vers la jeune maman.  « J’avais tellement honte  » dira la maman 20 ans plus tard « que, dès que le médecin fut parti, j’ai commencé à parler le français avec mon petit garçon.  Ah! si j’avais su, si j’avais compris à ce moment-là. Wat wir ech mat him gefuehr!” [20]

 

Le cas du wallon: deux siècles d’éradication

 Aspect général

 On a créé un sentiment profond de honte et de culpabilité si destructeur que de véritables wallonophones, pour qui c’est la langue maternelle, en sont arrivés à ne plus oser le parler en public et même parfois en famille de peur de s’attirer moqueries et mépris.  “Ils n’osent presque plus le parler qu’en cachette, entre initiés.  Il nous est arrivé de rencontrer des gens qui le connaissent bien et aiment le parler en privé mais dès qu’on leur parle en public, ils ne le connaissent plus.”[21]

 Le wallon est actuellement dans le même état que celui de toutes les langues qui ont subi la dictature culturelle des classes possédantes.  Les enfants des anciennes générations wallophones ont été forcés de copier la culture de la bourgeoisie, en espérant une hypothétique promotion sociale.  Ce n’est pas le wallon en tant que tel qu’on a voulu détruire, mais en tant que les Wallons étaient signes d’une identité collective concurrente.  Promouvoir la renaissance du wallon, c’est aider à la renaissance de cette identité collective. »[22]

 

18e siècle: depuis 1794[23]

Avant que la langue française ne nous soit imposée au temps de l’ère et de la révolution française de 1789, le wallon était notre langue.[24] Ce n’est vers 1795 que le français s’est imposé administrativement et qu’il est devenu officiel lors de l’indépendance de notre pays.”[25]

Au plan local, les dialectes étaient employés couramment dans la pratique administrative orale.  Les membres des municipalités s’exprimaient dans leur patois et il ne serait venu à

l’idée de personne de les contraindre à parler la langue officielle dans le cadre de leur gestion.  Cette situation était la même, que l’on fût en pays thiois ou roman. A l’école, l’instituteur, d’ailleurs peu instruit, avait devant lui des élèves connaissant uniquement, qui le flamand, qui le wallon.  L’enseignement élémentaire était donc dispensé en flamand dans les communes thioises.  En revanche, le français était imposé en région wallonne.  Il s’agissait, pour les enfants, d’une langue étrangère, indispensable puisque le wallon n’était pas une langue écrite.  La première année se passait pour une bonne part à inculquer un vocabulaire de base aux élèves.  Il en sera encore de même pendant une grande partie du 19e siècle.

Les lois, les arrêtés étaient imprimés dans les deux langues.  Il s’agissait en effet qu’administrateurs et administrés puissent prendre connaissance des prescriptions légales. La propagande devait également atteindre l’ensemble de la population; aussi les célèbres Bulletins de 1a Grande Armée étaient-ils distribués et placardés tant en flamand qu’en français.

En revanche, l’enseignement secondaire et supérieur, destiné aux classes dirigeantes, les sociétés savantes, le théâtre et les institutions scientifiques étaient totalement francisés.  C’est dans ce milieu que s’effectuent le plus commodément l’intégration entre nouveaux et anciens Français.[26]

 

Le wallon, racine commune, quelquefois oubliée, des populations qui vivent au sud de la Belgique s’adapte tantôt mal, tantôt mieux aux circonstances de l’évolution.  Malgré près de deux siècles de persécutions, il reste cependant la langue vernaculaire de plus de 600.000 personnes dans notre pays.  C’est ce que réaffirment périodiquement ses nombreux défenseurs. [27]

 

Eradication du wallon dans l’enseignement

  

Aux niveaux primaire et secondaire

 

Méthodes punitives

Dans cette chasse aux sorcières, par divers systèmes, on culpabilisa les enfants qui parlaient wallon et on les entraîna à la délation. [28] Grâce à cette pratique, les élèves étaient punis de diférentes façons:

– transmission d’un objet-témoin à un condisciple pris en flagrant délit de parler wallon: une petite planche (li plantchète), un coquetier, une languette en cuir, un signum; le dernier puni était, en fin de journée, soumis à une punition; parfois, c’étaient tous ceux qui étaient entrés en sa possession;

  • punitions écrites;
  • suppressions de récréations;
  • retenues;
  • port d’un bouton noir sur un vêtement, en signe d’infamie; d’une plaque du genre «Aujourd’hui, j’ai été grossier, j’ai parlé wallon» (Songeons à l’étoile de David, portée par les juifs dans l’Allemagne nazie);
  • octroi d’une ‘carte verte’, qui équivalait à obtenir 4 % des points (cf ci-dessous);
  • interdiction de parler wallon à la récréation;
  • interdiction de chanter en wallon, de jouer en wallon;
  • inscription sur un calepin des élèves parlant wallon chez eux, et pris à parler le wallon à l’école;
  • intimidations permanentes de la part des enseignants à l’égard des élèves qui parlaient ‘un sale patois’;
  • martyr de ceux qui ne voulaient trahir leurs compagnons;

 

Le français, une langue imposée

 

Un témoin de la région de Jodoigne (Brabant) dira: « Nos-ôtes, à l’ maujone, n-a nëk quë causeûve francès: c’ èstot tot walon! »  On dit qu’avant la première guerre mondiale, les gens ne parlaient que le wallon, hormis le curé, l’instituteur et l’un ou l’autre notable.[29]

 

La francisation

C’est à l’école que la plupart des petits villageois de la première moitié du 20e siècle ont appris à parler le français.  A l’époque, pas mal de maîtres ne toléraient pas l’usage du dialecte dans la cour de récréation et se montraient exigeants sur ce point.

Dans certains cas, leur réprimande se limitait à un simple rappel à l’ordre. “Èt l’ mêsse vos l’ fiéve dîre en francès”.  Pour d’autres écoliers, la récréation s’achevait là; ils devaient rentrer en classe, “on-èstot punë, on d’veûve copi dès punëcions”.

La volonté d’extirper le wallon des habitudes de parler des enfants prenaient çà et là des formes particulières, comme le montrent les précieux témoignages qui suivent.

D’après Jules FLABAT, vers 1900, à l’école des Soeurs de Roux-Miroir, les élèves punis portaient un bouton noir sur leur vêtement, comme « signe d’ infamie ».

Certains enseignants recouraient à un système basé sur une sorte de contrôle réciproque des enfants et sur la transmission d’un objet-témoin.  A l’école du Sacré-Coeur de Jodoigne, au lendemain de la première guerre, un maître disposait à cet effet d’un coquetier.  L’élève surpris à parler wallon se le voyait confier. Il le gardait en poche jusqu’ au moment où il pouvait le refiler à un condisciple convaincu devant témoins d’avoir laissé échapper des mots en dialecte. Pour s’en défaire plus vite, on provoquait parfois la « faute » en énervant l’autre. En fin de journée, le détenteur du coquetier recevait une punition; par exemple, il devait copier un certain nombre de fois : « Je ne dois pas parler wallon ni à l’école ni à la maison. » Henri SIMON m’a dit son désarroi lorsque, rentré chez lui avec cette punition, il était resté désespérément muet devant ses parents, qui ne parlaient que le wallon. Ce qui avait fait dire à sa mère, se tournant vers son mari : « Louwës, là l’ gamin n’ sét pës causer !”  A Thorembais-Saint-Trond, pendant la deuxième guerre, l’objet-témoin était un joint en caoutchouc, partie du système de fermeture des bouteilles de bière. Là aussi, les élèves se refilaient lë pîce, mais, en fin de journée, étaient punis tous ceux qui l’avaient eue. Toutefois, d’après Jean TAETS, des garnements trouvèrent rapidement la parade en distribuant généreusement des joints dans la cour de récréation. Et le maître dut se contenter de sévir d’ une façon moins systématique.

Pour terminer ce bref examen de la question délicate du wallon et de l’ école, voici deux témoignages de Jauchelettois.  Tout d’abord, Auguste DETONGRE, né en 1902, rappelle que lorsque des jeunes gens de Jauchelette rencontraient leur ancien instituteur, par exemple à la kermesse du village voisin, où il s’était installé, il n’était pas question pour eux de lui par1er wallon ! Et ce malgré la gêne qu’ils éprouvaient de s’exprimer en français en présence de camarades ignorants des exigences du maître redouté. « T’ aveûs peû dè causer francès pace quë l’s-ôtes :”Wête cë crèvé-là ‘litt. crevé : prétentieux’ , cë nêgue-là ‘litt. nègre : id.’, in ! Po qui qu’ ë s’ prind?”  Cë n’ èstot ni normal d’ aler causer francès à l’ fièsse à ç’ timps-là! »  Plus près de nous, Joseph JACQUES, né en 1940, insiste sur le fait que si les écoliers étaient contraints à éviter de par1er wallon dans la cour de l’école, certains garçons se rattrapaient bien vite lorsqu’ ils se retrouvaient chez eux. Pour les adolescents, le wallon n’était-il pas le langage des hommes![30]

 

Même les immigrants ne furent pas épargnés.  Un témoin de cette répression parle:

“Mes premiers mots furent certainement yougoslaves parce que mon père m’y a encouragé.  Le wallon, on m’a obligé à l’oublier, à ne pas le parler. Au collège, il était considéré comme grossièreté: quand on nous surprenait à le parler, il nous valait ‘la carte verte’, celle qui précédait le 4 sur 100. C’est dans la rue donc que je l’ ai appris. »[31]

De toute la Wallonie, les témoignages sont légion.  “Des instituteurs ont cru, de bonne foi, que leur devoir était, pour répandre le français, de lutter contre le dialecte, en l’interdisant par exemple dans la cour de récréation, pis encore en le traitant avec mépris.  Un des meilleurs informateurs du Dictionnaire liégeois, Alice Gobiet, a raconté comment sa collaboration avec Jean Haust lui avait fourni la revanche d’une humiliation subie lorsqu’ elle était élève à l’école normale de Fragnée.  Une de ses compagnes et elle-même furent un jour surprises à chantonner L’ avez-ve vèyou passer ?, le ‘cråmignon’ de Defrecheux.  Pour ce noir méfait, elles durent entendre cette condamnation: « Il y a ici des élèves triviales, qui parlent vallon. » (Vous entendez bien: vallon, pas wallon !(sic) ); elles furent priées de quitter la salle et privées de sortie le dimanche suivant…” (rapporté par Elisée Legros, dans les Enquêtes du Musée de la Vie Wallonne, XII, 1960-1972, p.24)[32]

Au cours des ‘chîjes’ (en centre-wallon et en ouest-wallon, ou ‘sîzes’ en est-wallon), “les enfants écoutaient avidement les aînés, racontés en une langue qui leur était interdite à l’école, mais dont ils cachaient les mots tendres et vigoureux dans un tiroir secret de leur mémoire.”[33]

“En Ardenne, témoignage oral d’Arthur SCHMITZ, et dans la région de Charleroi, l’élève surpris à parler wallon portait une plaque « Aujourd’hui, j’ai été grossier, j’ai parlé wallon ». J’ai pu connaître moi-même les vexations de la part de certains profs de français particulièrement bornés – c’était il y a 20 ans, pas avant-guerre (ou alors celle du Golfe).  J.-J. GAZIAUX cite le cas d’un enfant subitement muet, déchiré entre le foyer wallon et l’école répressive française…Combien de témoignages semblables remonteraient à la surface, si l’on cessait de les faire taire au nom de la négation de ce conflit ?”[34]

Jean Haust, né le 10 février 1868, fait ses classes chez les Jésuites.  Il raconte: “Jamais aucun de mes professeurs d’ humanités ne fit allusion au wallon, si ce n’ est pour nous interdire ce langage trivial.” [35]

“A Tchèslèt / = Châtelet/, lès fréres di l’Institut Saint-Joseph doneûve au djon.ne qui d’viseut è walon, one plakète avou scrît d’ssus “Aujourd’hui, j’ai été grossier, j’ai parlé wallon!”  Li maleûreûs d’veut choûter sès camarâdes, èyèt d’ner l’ plakète aus preumîs qui s’ lèyèt prinde.  Li dérin r’çûvèt one pûnicion.”[36]

“Il y a cinquante ans, tout le monde parlait wallon, sauf deux ou trois personnes du village qui utilisaient le français.  Je pense notamment au curé et à l’instituteur.  Ceux-ci, infidèles à la tradition, aidés par des interdictions, voire des punitions, ont conduit la langue wallonne là où elle est.”[37]

Quand dj’ alins à l’ èscole èt qu’ on causot patwas, 

Leu bê walon d’ nos ptits viadjes lucsembourjwas,

Nosse mwaîsse, qui nous-oyot, scrîjot seu s’ nwâr calepin,

L’ nom des cês qu’ à l’ èscole û chez eûs l’ causint,

L’ nom des cês qui n‘ vlint ni « s’exprimer en français”:

I comptot bin les cheus aus grandes èscoles après.

Souvint i d’jot qu’ cètè-là n’ frint rin en rédacsion

Èt co brâmint mwins’ peus taurd en-élocucion,

Qui s’rint hossîs, chrolés coume ène fouye deu trenle,

Qui n’ saurint aquawer quate pèlés mots assenle

Sins fwêre dès fautes partout, ossi grosses qu’ène maujon.

(…)

(Joseph Guillaume, (Bertrix) LA LANGUE D’OIL DU PAYS, AL 06/03/1970)

 

Pourquoi ne pas rappeler un « souvenir d’enfance »?  « Vers 1920, alors que j’allais sortir de l’école primaire, l’instituteur nous défendait de parler le wallon, sous peine de pensums copieux et rebutants.

Dans d’autres écoles, cette interdiction revêtait un caractère sournois et révoltant.  Dès qu’un élève était surpris à prononcer un seul mot de wallon, il se voyait remettre une petite planchettes sorte de témoin d’une course de relais peu banale.  En dénonçant un condisciple, coupable lui aussi d’avoir parlé le langage maternel, on pouvait se défaire de la planchette “infâmante ».  Gare à celui qui la détenait à la fin de la leçon!  Il serait sévèrement puni, tous les autres échappant au pensum par le biais d’une odieuse délation. Cette méthode qui semble machiavéliquement concertée se retrouvait en France au cours du XIXe siècle.  Il suffit de lire « La vie quotidienne des Paysans de Bretagne » par Tann Brekilien (Hachette, I966, p. 154) ou encore le roman ‘Les Noisettes sauvages » de Robert Sabatier (Albin Michel, 1974, p. 243) qui relatent tous deux le recours à des moyens identiques, tant en Bretagne qu’en Auvergne.  Et il faut croire que bien d’autres régions n’ont pas échappé à ce pernicieux système.

On reste effaré par l’astuce de maîtres d’école dont le devoir essentiel était d’éduquer la jeunesse.  Notre devoir est d’informer nos jeunes générations de ces odieuses brimades de jadis; nous devons les rappeler à tous ceux qui les ont connues:  une délation néfaste pour arriver à étouffer notre langage maternelle et pour détruire nos particularismes.  Dans le cas de la France, Sabatier ne le dit-il pas très justement : “Il fallait faire une nation d’un seul tenant.  Et la langue des hommes, c’est leur particularité.” »[38]

 

A Saint-Hubert, Emile PECHEUR, devenu instituteur, se souvient: 

 

È scole

 

Avant d’ sonrti à l’ coûr, lu mêsse donèt one pètite bwasse vûde à on-èfant.  Lu ci qu’ avèt l’ bwasse duvèt choûter câser lès-ontes … en francès.  S’ il atindèt onk qui câsèt walon, i lî passèt l’ bwasse.  Bin sûr, ç’ti-là sayèt vitemint d’ ènn’ atraper on-onte qui câsèt walon po lî r’filer lu ‘signèt’ come on lumèt l’ bwasse.

Quand on rintrèt, lu ci qu’ avèt l’ bwasse avèt cent comps à scrîre: “je dois parler français.” .. èt si c’ èstèt mâ scrît ou s’ i gn-avèt one fâte, I falèt r’cumincè.[39]

 

 

Monsieur l’abbé Mouzon, de Neuvillers-Libramont, raconte:

“Raymond, rentrez en classe! me crie l’ instituteur (le meilleur homme du monde).  Et que je ne vous y reprenne plus à parler wallon pendant les récréations!”[40]

 

Jacques Werner, secrétaire communal de Hamoir-sur-Ourthe, passionné par la culture wallonne, s’est penché sur les chances d’avenir de la langue wallonne dans un mémoire de sociologie qui lui a permis d’obtenir le grade de licencié en sciences politique économique et sociale à l’UCL.

Il a interviewé de nombreuses personnes triées sur le volet.

Les réactions des uns et des autres sont significatives.  “J’ai été puni à l’école parce que j’ai été surpris à parler wallon…”, raconte une des personnes interrogées.  Signe d’une épuration culturelle consciente pratiquée après la Première guerre mondiale en Wallonie.  Pas sûr qu’elle soit d’ailleurs partout stoppée… [41]

Enfin, Roger Viroux, militant wallon, affirme lui aussi que l’école s’est acharnée contre notre langue: “Vers 1900, une soeur de l’école Sainte-Marie à Fosses dit à ma mère (NDLR ma propre grand-mère) – et aux autres filles: “Avec votre sale patois!” Le français, lui, était sans doute propre.  Combien d’écoles n’ont-elles pas ensuite, même pendant la guerre, encouragé la délation, en donnant -à la récréation, au premier élève surpris à parler wallon, un bout de bois, le « signum”, que le détenteur remettait à un autre « délinquant » et ainsi de suite.  Le dernier détenteur était puni.  J’ai connu un garçon qui a dû quitter l’école où il était entré après un mois, car il refusait de faire punir un autre, gardait donc le signant et était puni tous les soirs.  J’ai été culturellement colonisé dès l’école, alors que je n’ai jamais utilisé un seul mot de français chez moi.”

 

Les adversaires les plus acharnés du wallon ont donc été au dix-neuvième et au début du vingtième siècle les enseignants; maintenant, ce sont les meilleurs défenseurs!

Nous n’avons pas le droit de laisser disparaître un patrimoine pareil. On dépense beaucoup d’argent à sauvegarder certains acquits, mais nous pouvons à moindre frais, garder un véritable patrimoine.[42]

 

 

Au niveau de la recherche universitaire

Cette négation du wallon se rencontre même dans la recherche universitaire qui, devant pourtant être libre de toute contrainte, s’effectue dans le cadre imposé par le système en place.  Ce fait n’est pas nouveau car des archéologues français et allemands n’avaient-ils pas eux aussi tout tenté pour trouver respectivement le plus de traces possibles de présence romaine dans le Maghreb et germanique dans les pays de l’Est afin de justifier le colonialisme des Etats qui les avaient engagés ![43]

Ainsi en va-t-il d’études sur l’origine du wallon.  Un professeur illustre de l’U.C.L. n’a un jour pas pu résister à affirmer que le français était “notre langue, notre langue maternelle.”[44]

 

Eradication du wallon dans la presse

Jusque récemment, la presse n’a pas fait de quartier vis-à-vis de la langue wallonne.  Ainsi, les lettres de lecteurs en sa faveur étaient encore pour la plupart censurées, tronquées ou jetées à la poubelle tandis que les opposants s’en donnaient à coeur joie.   En 1980, lors des récentes fêtes de Wallonie, le journal de gauche liégeois La Wallonie publiait un éditorial entièrement rédigé en wallon. C’était un événement dans la mesure où l’on considère le wallon comme apte à dire les réalités quotidiennes et locales mais comme incapable de s’exprimer sur des données plus rationnelles ou universelles: la politique dans un état par exemple .

Aussitôt, le journa1 télévisé y consacrait une importante séquence, des quotidiens reproduisaient l’article in extenso: tout cela avec des traductions, parlées ou écrites, en … néerlandais. Seule, en effet, la presse flamande avait jugé bon de donner un tel écho à l’article de Joseph Coppé tandis que la chose passait presque inaperçue dans la moitié wallonne du pays.[45]

En 1999, après un concert donné par William Dunker, chanteur de blues wallon aux Francofolies spadoises, un journaliste ne s’est-il pas permis d’affirmer que, vu le peu d’artistes francophones d’envergure cette année-là et une volonté d’ouverture, les organisateurs autorisaient désormais à “baragouiner wallon, corse et même italien …” ?[46]

 

 

Eradication au niveau de la justice

La justice ignore aussi le wallon.  Ceci vaut aussi pour le luxembourgeois.  Le Guetteur wallon du 25/8/1925 affirmera que “des Wallons sont condamnés pour avoir parlé wallon. »

 

   

[1] JUCQUOIS,1986,356

[2] BRETON,1976,74-75

[3] ibid.,p.76-77

[4] JUCQUOIS,1976,53

[5] VIROUX,1981

[6] SWENNEN,1980,173

[7] LOGIST,1983

[8] Fanny: chanteuse, in: Libelle Rosita, 6/9/1983

[9] BOVY, 1981

[10] “Génocide culturel: destruction d’ un peuple par la destruction de sa culture – ‘L’ UNESCO a  déclaré

en 1967 qu’ il y a génocide culturel chaque fois qu’ il y exclusion de l’ école d’ une langue parlée par une

collectivité. » (LARZAC, 1972,192)

[11] LENFANT,1980,13

[12] /Vilnius / Tallinn/, :in: Russes et Polonais en quête d’un langage commun, LB 1/7/98

[13] CECA,1973,11

[14] MARCELLESI,1979,74-75

[15] ibid., p.75

[16] RUSSIE: la Communauté des ‘Komis’ : Die Sprachverwendung in den traditionellen Komidörfern folgt heute dem klassischen diglossischen Muster: Russisch als die High-Varietät ist das Medium der schriftlichen Kommunikation, des Schulunterrichts und des amtlichen Schriftverkehrs.  Auch private Briefe werden meist auf Russisch geschrieben.  Eine Untersuchung (Rogacev 1984) ergab, dass ein Grossteil jener Komi, die lieber Komi als Russisch sprechen, beim Lesen und Schreiben das Russische bevorzugt und auch bedeutend besser beherrscht.  Komi wird im privaten Bereich und oft auch am Arbeitsplatz gesprochen, aber kaum geschrieben und stellt somit die Low-Varietät dar.  In den sprachlich stärker gemischten Holzarbeitersiedlungen und den Städten ist das Komi noch viel mehr auf den häuslichen Bereich beschränkt und wird oft gar nicht mehr an die nächste Generation weitergegeben.  Es hat ein weit geringeres Prestige als das Russische und ist als,,Dorfsprache » stigmatisiert. (MÜLLER,1998,59)

CHINE: Les Tibétains, les Ouïgours, … forment des minorités ne vivant certainement pas en harmonie avec le peuple chinois.

USA: “Barker (Social fonctions of language in a Mexican-American community, Acta Americana, p.196, 5, 1947) cite des bilingues de Tucson (Arizona) prêts à nier leur connaissance de l’ espagnol en vue d’ améliorer leurs relations avec les ‘Anglos’.”  (TITONE,1974,53)

 

[17] O.M., Il y a en Belgique des germes de racisme, LB 17/11/98

Le racisme: élément du conflit Flamands-francophones?, Anne Morellin Ludo Dierickx, Dieter Lesage, e.a., éd. Labor et EPO, 328 p, 698 BEF

[18] Grouwels grommelle, LB 4/12/98

[19] SOBIELA-CAANITZ,1974,18

[20] WAT A DACH MAT EIS GESCHITT ?,  in: EIS KANNER HUN D’RECHT ALLES GEWUER ZE GIN!, in: ALAS, 33, 1984, p.8

[21] LAMBORELLE, 1999,50

[22] DUFRASNE,1976

[23] CALVET, 1974: Le rôle de la Révolution française

On sait quel fut, dès l’origine, le problème de la révolution.  Elle devait lutter sur ses frontières, en particulier à l’est contre les menaces extérieures. Elle craignait aussi les menaces intérieures .  Et face à ces deux dangers elle ne disposait finalement pour galvaniser ses troupes que du concept de nation.  Aussi le problème linguistique va-t-il être crucial pour elle.  D’une part, on a besoin de trouver le plus vite possible un moyen de communication efficace avec la population.  C’est la fonction du décret du 14 janvier 1790 instituant (p.165) la traduction en langue locale des textes officiels et du décret du 2 octobre 1790 instituant la lecture en français des textes officiels à la fin de la messe dominicale.  Il y a là, dès l’origine, une contradiction évidente, la constituante répondant à un même problème (se faire comprendre du peuple) par deux voies antinomiques (utilisation des langues locales, utilisation du français).  C’est qu’on ne sait en fait rien de la situation linguistique réelle du pays.  La fiction administrative, depuis l’édit de Villers-Cotterêts, propose une image idyllique de la France où tout le monde (c’est-à-dire, en fait, la bourgeoisie et les clercs) parle français.  Et il est vrai que la classe sociale qui prend le pouvoir en 1789 est, dans la partie non francophone de l’hexagone, elle-même francophone.  Mais cette situation n’a rien à voir avec celle du peuple, la réalité linguistique de la France étant tout autre.  C’est pour la cerner de plus près que Grégoire entame en août 1790, par voie de questionnaire, une enquête sur les langues parlées en France.  Quels chiffres pouvons-nous avancer à ce sujet?  Grégoire ose, dans son Rapport à la Convention, le 30 juillet 1793, la répartition suivante  : quinze départements de l’intérieur seulement utiliseraient la langue de Paris.  Pour le reste, on aurait une population parlant une autre langue que le français, parmi laquelle 3 millions d’habitants parleraient aussi le français,  6 millions le parleraient à peine, 6 millions l’ignoreraient.

C’est-à-dire, si l’on ajoute que la population française était alors d’environ 26 millions, que les 2/5 des « Français » étaient francophones de naissance.  Mais ces chiffres sont sans doute faux par excès d’optimisme. L’enquête de Grégoire  dans les départements a été menée par des fonctionnaires bien entendu francophones, et qui ne disposaient pas de moyens heuristiques perfectionnés.  Tels quels, pourtant, ces chiffres sont éloquents : la moitié des citoyens français n comprend pas la langue de la révolution. Cette révolution, ou du moins la partie parisienne de 1a révolution, craint par ailleurs que l’existence de langues autres que le français sur le territoire national ne soit une arme pour l’ennemi, un terrain privilégié pour la subversion. (p.166)

Devant la situation linguistique pour le moins hétérogène, Grégoire se fait centralisateur : «   Je ne puis trop le répéter, il est plus important qu’on ne pense en politique d’extirper cette diversité d’idiomes grossiers qui prolongent l’enfance de la raison et la vieillesse des préjugés. «     Ce passage a au moins le mérite de la franchise: directement inspiré par le racisme linguistique (ses idiomes grossiers rappellent les jargons des encyclopédistes, comme eux mis en liaison avec l’absence de pensée), il pose en outre clairement la nature politique du problème linguistique.  Grégoire sera d’ailleurs suivi et le 21 octobre 1793, la Convention vote une loi instituant les écoles primaires d’État où les enfants apprendront le français.  Il semble d’ailleurs que cette loi ne suffise pas puisque, en quelques mois, les textes et les interventions abondent :

    – 26 octobre 1793, décret de la convention rappelant que l’instruction ne se fait qu’en langue française (six jours après la loi sur les écoles primaires que nous venons de citer) ;

– 17 décembre 1793, le comité de salut public interdit l’usage de l’allemand en Alsace ;

– 27 janvier 1794, rapport Barrère: « Chez un peuple libre, la langue doit être une et la même pour tous.« 

– Le même jour, décret ordonnant la nomination dans chaque commune où on ne parle pas français d’un instituteur francophone, décret qui doit être appliqué dans les dix jours.  On précise même que l’enseignement aura lieu un jour pour les garçons et un jour pour les filles, alternativement, et que les jours de décade, l’instituteur lira et traduira (?) les lois au peuple.  Les mesures à finalité glottophage se succèdent donc à un rythme accéléré, mais cette volonté de (p.168) développer l’enseignement et de répandre le français contre les langues locales (les deux buts sont ici inséparables) va se heurter à une impossibilité de fait.  Dès le 3 mars 1794, le Bas-Rhin informe le pouvoir central qu’il est impossible de trouver en Alsace des enseignants francophones, les rares francophones étant soit des ennemis du peuple (curés, ci-devants), soit déjà employés dans l’administration.  Et la convention se rend vite compte que ces difficultés ne sont pas proprement alsaciennes : l’enquête de Guillaume, portant sur 557 districts, montre que l’échec du système est complet.  Aussi changement brusquement de politique: ne pouvant pas imposer le français contre les langues locales, elle va tenter de les enseigner conjointement et autorise l’enseignement bilingue (20 octobre 1794).  En novembre de la même année, le rapport Lakanal sur l’état de l’enseignement viendra d’ailleurs confirmer ce pessimisme: dans certaines régions, la majorité des candidats instituteurs ne sait ni lire ni écrire… (p.169)                

 

[24] DROIXHE, 1989: (sources: not. Brunot, Fernand, Histoire de la langue française, TXI), (1969-1979)

« Pour Liège, Brunot croit pouvoir avancer que   « si l’ idiome usité, le wallon, était un parler roman, il ne se trouvait pas moins que ceux qui n’ en possédaient pas d’ autre avaient quelque peine à s’ entendre avec les Français. » (BRUNOT, p.171). «  ( p.24)

« La réunion de la Belgique à la France, en octobre 1795, devait inévitablement provoquer une radicalisation des mesures linguistiques. «  (p.27)

« C’ est plus tard, sous le Consulat, en 1803 (24 prairial an XI), qu’ interviendra ce que Des Cressonnières appelait ‘la mesure la plus grave que l’ on puisse reprocher au gouvernement.’, l’obligation impérative

d’utiliser le français dans les actes publics et privés. » (p.28)

Il existait une  abondante production littéraire dialectale qui dénonçait la Révolution.  (p.31)

[25] PIERRET,1984

[26]THIELEMANS,1987,80

[27]MARTIN,1990

cf aussi: “Il suffirait de peu de choses pour que ces langues connaissent un nouvel essor après deux siècles de brimades et de répression: une attitude volontariste des hommes politiques, d’ une part, et, d’ autre part, la volonté de ne pas confier la promotion de ces langues uniquement à des cercles d’ érudits…”

(Un conseil des langues régionales pour quoi faire?, in: DW 74, nov. 91)

[28] Des “boîtes à dénonciations’ figurent partout, en Chine, dans les rues des villes. (p.557)

Au Cambodge, sous Pol Pot, “pour survivre, il fallait d’abord et avant tout savoir mentir, tricher, voler, et rester insensible.” (p.661) (in: Stéphane Courtois, éd., Le livre noir du communisme, Crimes, terreur, répression, éd. Robert Laffont, 1997)

[29] GAZIAUX,1987,par. 54 : “Nous autres, à la ;maison, personne ne parlait français: tout était en wallon!

[30] ibid., par.55

[31] KUREVIC,1983,25

[32] GOOSSE,1977

[33] BARON,1978

[34] HENDSCHEL, s.d.

[35] HUBIN,1996

[36] DW, 119, 1995, p.30

[37] LECOMTE,1998,6

[38]  PAQUET,1975

[39] Lu francès à l’ mâjon, Coutcouloudjoû, 18, 1997, p.4

cf aussi N.D., A Saint-Hubert, Emile Pecheur ne s’ interdit plus le wallon, LS 8/12/98

“Lorsqu’il usait ses fonds de culotte sur les bancs de l’école, il / l’ instituteur retraité en 1980/ lui était interdit, ainsi qu’à ses camarades, de marmonner quelques mots … en wallon.”

[40] MOUZON, 1995,4

[41] Charly Dodet, Quelles chances pour la langue wallonne?, AL 24/6/98

[42] PIERRET,1984

[43] Alain Schnapp, Archéologue, archéologues et nazisme, p.289-315, in: Maurice Olender éd., Pour Léon Poliakov, Le racisme, mythes et sciences, éd. Complexe, Bruxelles, 1981

(p.312) Chercher à comprendre une conjoncture politique et idéologique, c’est analyser le comportement de personnes et de groupes, ce n’est pas distribuer éloge ou blâme.  Les erreurs d’interprétation témoignent de la difficulté du genre.  Elles ne doivent pas empêcher de s’interroger sur les promiscuités de la science et de la politique.

La responsabilité collective des universitaires allemands dans le processus de corruption que nous venons de décrire est immense.  On voit cependant qu’elle est en quelque sorte atténuée par l’absence de toute critique internationale.  Suivant des préjugés encore affirmés de nos jours, chaque groupe de scientifiques est isolé face au pouvoir d’état et la solidarité active de la communauté internationale est tenue pour une ingérence scandaleuse dans les affaires intérieures d’un état.  Les associations internationales en particulier se refusent à toute intervention qu’on peut qualifier de politique.  On voit les conséquences de ce refus de responsabilité morale: il postule de l’archéologie une neutralité factice que les appareils d’Etats tentent de récupérer.  Dans le lent déferlement de la violence contre les peuples, les archéologues nazis sont les héritiers, marqués du sceau de l’infamie, d’une archéologie au service de la raison d’état que les régimes coloniaux ont tristement utilisée.  Doit-on rappeler la longue cohorte des préhistoriens et des antiquisants français au service de l’Algérie française ou la participation de l’illustre paléontologue Leakey à la répression contre les Mau-Mau?  Face à la bonne conscience des disciplines, l’archéologie nazie est là pour porter témoignage des conséquences de la démission de l’esprit scientifique face à la morale et aux droits des peuples.

[44] GOOSSE,1995: Le français est notre langue depuis le 13e siècle au moins, c’est-à-dire depuis que nos ancêtres ont senti le besoin d’écrire autrement qu’en latin.

“J’hésite à remonter plus haut quoique des juges étrangers, non suspects de chauvinisme, localisent chez nous des textes antérieurs, comme la vénérable Cantilène de sainte Eulalie (9e siècle), mais les indices sont délicats à interpréter.

(…) “Le premier document administratif en français est de chez nous: une charte de 1194 donnée par de petits seigneurs locaux à un modeste bourg de notre Hainaut, Chièvres.  La chancellerie du roi de France n’emploiera le français qu’à partir de 1254.  N’ai-je pas raison de dire que le français est vraiment notre langue?”

[45] FONTAINE,1980

[46] TORDOIR, 1999

 

1.2 Faits

 

L’aliénation

 

Passage à l’autre. L’aliéné se prend, pour un autre. Les biens aliénés passent à un autre propriétaire, et le bien suprême est la personnalité propre, l’identité. Vu du côté du colonisateur ou de l’exploiteur, le phénomène s’appelle assimilation ou intéres­sement, en les intégrant au point qu’ils ne se voient eux-mêmes que dans l’image et dans les intérêts de l’autre. Mais l’aliénation n’est jamais totale : il reste toujours le point de départ possible d’une reconquête, d’une affirmation de soi.

 

(Le Petit Livre de l’Occi­tanie)

 

 

Lucien Mahin, Câsans, câsans walon …, Lu tchanson du raploû, in : Coutcouloudjoû, 1996, p.3

 

« Têje-tu va, hin!  Vî grandiveûs!

Gn-è rin d’ pus bièsse, dis!

Gn-è rin d’ pus bièsse di ..

pèter l’ francès pou dusfinde lu walon »

 

 

picî l’ francès : causer francès en piçant sès lèpes

 

Parler comme le font les Parisiens.

La langue des Wallons étant le wallon, ils ont une base d’articulation spéciale, particulier à leur langue, proche de celle du néerlandais et de l’italien, mais éloignée de celles de l’anglais et du français.

Nos élèves n’ont pas d’effort spécial à faire pour prononcer le néerlandais, sauf le son /X/ (ou ’g’) de ‘gaan’, ‘Gent’, etc.

 

1792

Paul Bay, in : Le pays natal /Thuin/, 1961, p.17-18

 

/1789-1794 – 1815/

« Je n’oserais pas écrire (….) que les Wallons devenus sujets français l’eussent été « de cœur ». Après la bataille de Jemappes, Dumouriez  ne cacha pas qu’il rencontrait certaine résistance, certaine opposition de la part des Belges de l’époque. Depuis l’origine des libertés communales, le patriotisme belge s’est toujours accommodé du cloisonnement à outrance. Sous toutes les dominations antérieures, nous réclamions à nos princes le serment de respecter nos franchises communales.

(…) Le régime français républicain, dès son origine en 1792, n’a cessé de proscrire les dialectes locaux et la division du pays en provinces comme sous la monarchie.

 

1793-

Mortier, R., Hasquin, H., Etudes sur le 18e siècle, Deux aspects contestés de la politique révolutionnaire en Belgique: langue et culte, XVI, Ed. de l’ ULB, 1989

 

1 Renée Balibar, La Révolution et la politique de la langue, pp.9-21

« A l’époque où vivaient Grégoire et ses correspondants, il était évident que l’usage-emploi du français n’ était pas général sur toute l’ étendue du territoire français. La réponse faite à Limoges par les Amis de la Constitution résume la situation aussi bien pour les contrées de langage d’oïl que pour celles de langage d’oc (sic):

« La langue française n’est en usage que dans les principales villes, sur les routes de communication, et dans les châteaux. »

Le rapport Grégoire conclut en 1793 « qu’au moins six millions de Français (sur environ 20.000.000) surtout dans les campagnes, ignorent la langue nationale; qu’un nombre égal est à peu près incapable de soutenir une conversation suivie; qu’ en dernier résultat le nombre de ceux qui la parlent n’excède pas trois millions, et probablement le nombre de ceux qui l’écrivent encore moindre. » (p.10)

 

2 Daniel Droixhe, Symétries? Flamand, wallon et politique de la langue à la Révolution française, pp.23-38

 

(sources: not. Brunot, Fernand, Histoire de la langue française, TXI), (1969-1979)

« Pour Liège, Brunot croit pouvoir avancer que « si l’idiome usité, le wallon, était un parler roman, il ne se trouvait pas moins que ceux qui n’en possédaient pas d’autre avaient quelque peine à s’entendre avec les Français. » (p.171).

(p.24)

« La réunion de la Belgique à la France, en octobre 1795, devait inévitablement provoquer une radicalisation des mesures linguistiques. » (p.27)

« C’est plus tard, sous le Consulat, en 1803 (24 prairial an XI), qu’interviendra ce que Des Cressonnières appelait ‘la mesure la plus grave que l’on puisse reprocher au gouvernement.’, l’obligation impérative d’utiliser le français dans les actes publics et privés. » (p.28)

« … l’abondante production littéraire dialectale qui dénonce la Révolution .»  (p.31)

 

1860

E. Legros, A l’occasion du centenaire de la S.L.L.W., ORBIS, Bull. intern. de docum. linguistique, TVII, 1, 1958, p.226-suiv.

 

(p.226) « Ces fervents du wallon, en 1860, à l’époque de l’annexionnisme de Napoléon III, comme ils le faisaient déjà vers 1843 et 1848, tout en saluant volontiers les idées françaises de liberté, ne se sentent nullement attiré vers l’Etat français. »

 

1900s

in : La Belgique Rétro 1890-1814, Readers’ Digest, 1988, p.282

 

Par la loi Schollaert de 1885, l’Etat inscrivit à nouveau la morale et la religion dans le programme de l’enseignement primaire et ad­mit que les écoles soient adoptées pour une période de dix ans, ce qui assurait aux enseignants une stabilité relative. En raison de l’op­position de certains politiciens, particulièrement des catholiques (qui craignaient le développement de l’enseignement officiel), il fallut attendre le 19 mai 1914 pour qu’une loi rende l’instruction obli­gatoire pour les enfants de 6 à 14 ans et, parallèlement, instaure la gratuité de l’enseignement primai­re.

L’enseignement primaire com­prenait les écoles gardiennes (les maternelles d’aujourd’hui), les écoles primaires et les écoles d’adultes. Le niveau maternel connut un très grand développe­ment entre 1885 et 1902: cette année-là, la quasi-totalité des éco­les communales possédait le maté­riel nécessaire à l’application de la méthode Froebel. Une habitante de Bovigny, née en 1898, nous fait part de ses souvenirs: «Nous allions à l’école de 8 heures à 16 heures. La classe de gardienne comp­tait une vingtaine de filles et de garçons. Nos activités consistaient en du tissage de bandelettes de papier que nous coloriions, l’apprentissage des prières, des rondes, des chansons et des jeux de cubes… Nous étions souvent rappelés à l’ordre parce que nous parlions wallon. Sœur Henriette voulait en effet que nous utilisions le français lorsque nous étions en clas­se… Lorsque j’ai eu 6 ans, je suis entrée à l’école primaire… L’avant-midi, Sœur Anne-Joseph nous ensei­gnait le catéchisme, le calcul. Après la récréation d’une demi-heure, si je me souviens bien, nous achevions les calculs commencés et nous poursui­vions par l’histoire et un peu de géographie (nous apprenions les cours d’eau de la commune entre

autres). L’après-midi était réservée à la lecture et à l’apprentissage au français.»

 

(Marie-Hélène Dourte, dans Glain et Salm. Haute Ardenne. n° 23. Décembre 1985).

 

1920s-

Emile Pècheur, Pècheur Georges, Saint-Hubert, TII, éd. Weyrich 2006

 

 

Lu francès al môjon

 

Asteûre, on saye du côzè walon a scole po ku nosse bê langâdje nu s’ pièrdiche nin. Et c’est fwârt bin insi. Dins 1′ tins, les messes sayint du fére côzè 1′ francès al cour dol sucole et al môjon. Avant du sorti al cour, lu messe donèt one petite bwasse vûde a on-èfant. Lu ci k’avèt 1′ bwasse duvet choûtè côzè les ôtes an francès. S’il è nn-atindèt onk ki côzèt walon, i lî passèt 1′ bwasse. Bin sûr, c’ t-ila sayèt vitmint d’è nn-atrapè on-ôte ki côzèt walon po lî rfilè lu signet corne on lumèt 1′ bwasse.

Cand on rintrèt, lu ci k’avèt 1′ bwasse avèt çant côps a scrîre Je dois parler français. Et si c’èstèt mô scrît ou s’i-gn-avèt one fôte, i falèt rcumincè. Al môjon, lu père do ptit Nestor promet du fére su possibe po côzè francès et lu mère ossi. On.n-èstèt duvè l’Tossint. On plèt ôrdè les vatches a rlame, ça vout dire k’on plèt nn-alè pa t’t-avô dins tos les tchamps, pouy ku les dinréyes èstint totes rintréyes.

Après non.ne, çu djûdi la, Nestor et s’ père vont ôrdè les vatches asson.ne, bin décidés a côzè francès to l’tins. Avant du sorti dol môjon, lu mère dit

0 gamin : « Tu feras bien attention de ne pas t’anichter en t’astriboucant dans les warbières, sais-tu, Nestor. – Oui, Maman. »

1 fèt tchôd. C’èstèt l’esté dol Sint Môrtin et, por mi, lu sole avèt rawayè les tayans et les plucates. A on momint donè, lu pus sote des vatches lève lu cawe et s’ met a bizè corne on djoû d’orâdje an plin.n-èstè. Les ôtes, corne du jusse, fant corne lèy. Lu père court d’on costè, Nestor court du l’ôte et 1′ tchin file po les fére rutoûrnè. Bintôt, les vatches arivant dins one suteûle doû c’ k’ on.n-a ddja passé 1′ siracusse. Lu tinre est mole et les vatches afagnant on pon. Lu bizâdje finit tôt si vite et les vatches su rapôchtant. Tôt-an rprindant alin.ne, lu père bore su pipe, lu tchin tire one linwe corne on tchôsse pîd d’ dîj ût’ sous. Et c’est a c’ momint la ku Nestor atake lu dialogue : «Papa, pourquoi les vaches elles bizont? – Pace que les tayons, i les hagnont».

Al môjon da Nestor, su grande seûr, Câline, èstèt ruvnûe an condjî. Èle èstèt servante a Paris dupouy twas mwès. Èle avèt trovu, lèy, ku 1′ messe avèt yu la one bone idéye du fére côzè l’francès al môjon. «Moi, di-st-èle, je ne sais plus un mot de wallon ». La tso, dju n’ se pocwè, èle mousse o stôle, rote so les dints d’on resté an fyinr ku 1′ mantche lî pète so 1′ frimousse. « Sacré poûri resté! » di-st-èle. On resté ki lî avèt fêt rtrovu s’ walon.

 

Historiettes au quotidien

 

Le français à la maison

 

Aujourd’hui, on donne des cours de wallon à l’école pour que notre beau langage ne se perde pas. Et c’est fort bien ainsi ! Dans le temps, les institu­teurs essayaient de faire parler le français à la cour et à la maison. Avant de sortir à la récréation, le maître donnait une petite boîte vide à un enfant. Celui qui détenait la boîte devait écouter parler les autres… en français. S’il entendait parler wallon, il passait la boîte au coupable. Bien sûr, ce dernier essayait au plus vite d’attraper un condisciple qui parlait wallon et lui refilait le signet, comme on appelait la boîte.

En rentrant en classe, celui qui avait la boîte recevait comme pensum à écrire cent fois : Je dois parler français. Et si c’était mal écrit ou s’il y avait une faute, il fallait recommencer.

À la maison, le père du petit Nestor promet de faire tout son possible pour parler français et la maman aussi. On était vers la Toussaint et, suivant la coutume, on pouvait garder les vaches dans tous les champs sans titre de propriété… puisque les denrées étaient rentrées.

Ce jeudi-là après-midi, Nestor et son père vont garder les vaches ensemble, bien décidés à parler français tout le temps. Avant de sortir de la maison, la mère, prise au jeu, dit : « Tu feras bien attention à ne pas t’anichter en t’astriboucant dans les warbières, sais-tu Nestor. – Oui, maman!» Il fait très chaud! C’est l’été de la Saint-Martin et, à mon avis, le soleil avait réveillé les taons et les moucherons. À un moment donné, la plus sotte des vaches lève la queue et se met à courir comme un jour d’orage en plein été. Les autres, par instinct grégaire, l’imitent. Le père court d’un côté, Nestor court de l’autre et le chien file pour les ramener. Les vaches arrivent dans une éteule où l’on a déjà passé le scarificateur. La terre y est devenue molle et les vaches s’embourbent légèrement. La course folle s’arrête et les vaches se calment.

Tout en reprenant son souffle, le père bourre sa pipe, le chien tire une langue comme un chausse-pied à dix-huit sous. C’est à ce moment que Nestor attaque le dialogue : «Papa, pourquoi les vaches, elles bizont? – Parce que les tayons, ils les agnont! »

A la maison de Nestor, sa grande sœur, Câline, est revenue en congé. Elle est servante à Paris depuis trois mois. Elle a trouvé que le maître a eu une bonne idée de faire parler le français à la maison. «Moi, je ne connais plus un mot de wallon» dit-elle. Quelques instants après, elle entre à l’écurie et, par distraction, marche sur les dents du râteau en fer… et le manche lui frappe violemment la figure : « Sacré poûri resté!» crie-t-elle. Un râteau qui lui avait fait retrouver son wallon, soi-disant perdu !

 

1930s

Maurice Piron, Jean Haust ou la philologie vivante, in : VW, 1, 1947, p.10-24

 

(p.21) Jean Haust fut, en général, peu encouragé et à peine mieux compris de ses compatriotes. « Comment a-t-on pu créer des chaires de wallon ! » déclarait à un directeur flamand du Ministère – qui en resta ébahi – un éminent recteur d’université.

 

1930s-

Albin-Georges Terrien, La soutane, Memory Press 2007

 

Les adolescents qui ont vécu dans un collège catholique des années d’après-guerre, avant l’abolition de l’Index et la tenue du concile Vatican II, pourront témoigner des conditions insoutenables imposées par un clergé professoral maudissant l’image de la féminité et fermé à toute ouverture sur la société moderne.

Les Ardenneux Pierre et Victor, le fragile Jean Lhermite, les abbés professeurs plus ou moins asservis à l’implacable hiérar­chie et les parents des élèves tenus en laisse se croisent, s’entre­croisent, deviennent les acteurs involontaires d’une véritable tragédie.

Après La Glèbe et Vive la guerre, La soutane, qui clôture la trilogie du petit monde d’Engreux, évoque les blessures des adolescents de la terre, après celles de leurs parents, de leurs aïeux, et de tous les paysans du monde, derniers esclaves des temps modernes.

Fils et frère de paysans, Albin-Georges Terrien est né en 1934 à Engreux, au cœur de l’Ardenne. Instituteur rural de 1956 à 1986, correspondant de presse, chroniqueur au Sillon belge, il est considéré comme un des meilleurs spécialistes des problèmes économiques et agricoles de sa région. La Glèbe, a obtenu le prix George Garnir décerné par l’Académie Royale et continue à connaître un vif succès dans toute la Wallonie et le Nord de la France, de même que Vive la guerre pour lequel un projet de traduction en russe est en cours.

 

(p.73) S’il pleut, la promenade sous le préau s’impose. Plus de cent jeunes poulains qui ne demandent qu’à galoper, obligés de vaquer d’un mur à l’autre, comme dans une cour de prison. Et avec des contraintes qui interdisent à un grand de se promener avec un petit. Défense de parler wallon, sous peine de sanctions. Quelle contrainte pour les Ardenneux dont c’est la langue maternelle. Couper les racines vives est un des objectifs majeurs du collège.

Treize heures trente. Coup de sifflet, fin des jeux. Court passage à la salle d’études pour emporter livres et cahiers en vue des cours de l’après-midi qui commenceront et finiront comme toujours par une prière.

(p.100) Il était le seul professeur de l’établissement à ne jamais utiliser ce terme de mépris en vogue à l’époque: ‘paysan’ ! Ses confrères en usaient, en abusaient à tout propos et hors de propos. Si un élève trébuchait, le professeur l’apostrophait : « Lève tes pieds, paysan ! » ; s’il avait les mains en poche : « Sors les mains de tes poches, paysan ! »

Cette injure, synonyme de lourdaud, de maladroit, de malappris, était particulièrement humiliante pour les fils d’agriculteurs qui la ressentaient comme une insulte à la profession de leurs parents.

(p.105) Tout le monde sait que le jour où un barrage vient à céder, la masse d’eau contenue cause des ravages d’autant plus importants que la retenue des flots aura été longue. 

 

1950

Monsieû l’ Pèté, in: Ch. & P., 202, 1950

 

Dès maisses-sicrijeûs d’ nosse Walonîye — nin lès cias dau Congrès Walon, savoz, pace qui mwintes ètur zèls, èt quéquefîye tortos, ni s’ sièvenut di nosse bia tite di Walon qui po pârvinu — dès maîsses-sicrijeûs, des djins d’ nos djins, vos-ont dèdjà scorcyi come i faut à propos d’ vosse dêrin papi. Ca, c’ èst vos, à ç’  qu’ i parèt, qui vout cotchèssi lès djins èt surtout lès djins dau tèlèfone qui causenut Nosse patwès dins Vos-atricayes.

 

Vos-atricayes. D’abôrd, c’ è-st-ostant da nos qu’ da vos, pwisqui n’s-èstans bèljes tortos. (…)

Come nos vwèzins di d’zos, nos nos lomerins bin « M’ssieû l’  P.T.T. » ; mins po n’ nin awè l’ aîr do bèguyi, mi dj’ in.me mia « Monsieû l’ Pété ». (…)

Insi, d’ après vos, vos-emplwèyés n’ pôrint pus djâser l’ patwès dins leû sèrvice sins ièsse punis, si d’ astchèyance, il èstint pris. (…)

 

VIER GOYET

 

1950s

Léo Vicas (Dr Vital Castin (Ransart 13/04/1900 – Charleroi sept. 1961)

No patwès, s.r., p.47

 

Di nos djoûs, si l’ èfant dit saquants mots d’ walon,

L’ sale gamin, mau alevé, divént un p’tit démon.

Lès parints l’ coridjenut come s’ il aveut fét ‘ne faute

Èt faut qu’ i tène bén s’ langue quand i djoûwe avou l’s-autes

Lès bounès djins du Midi n’ fèyenut nén tant d’ façon.

L’ cèn qui n’ pâle nén come ieûs’, is l’ prindnut p’ in couyon.

Is tènenut à 1′ « accent » come au cièl di Provence

Èt is ont fét d’ Mistral èl pus grand ome di France.

Èt sins couru si lon, wétons nos fréres flaminds

Qu’ atrapenut mau leû vinte s’ is pâlenut autreumint.

Maugré qu’ il èst si rèche, is-in.menut leû lingâdje

Èt is-ont bén réson pusqui c’ èst leû dalâdje.

I gn-a, p’t-ète bén, su l’ tère, qui lès djins d’ Châlèrwè

Qu’ oblidjenut leûs-èfants à ‘rniyî leû patwès,

Qui roudjichenut d’ ètinde èl djârgon di leûs péres

Èt qui trouvenut « grossier » çu qui vént d’ leûs grand-méres.

Èt, pourtant, no patwès, s’ il a dès vîs mots plats

Qui clatchenut dins l’ orâye come dès vrés côps d’ martiâ,

Pus souvint, is roûlenut come in brut di machines.

C’ èst, pour nous, lès feumêres, lès tèris, lès-ûsines.

Quand on ètind parler no vî lingâdje walon,

On dwèt sinte bate èl keûr dès maujos du coron

Come lès gamins curieûs s’ d-è fèyenut ène imâdje

En choûtant l’ brut d’ la mér au fond d’ in coquiyâdje.

No patwès… c’ è-st-ène bêle musike qui n’ s’ aprind nén.

I vént, tout seû, aus lèpes… i r’monte di no passé.

C’ èst no Sambe èt sès bôrds… nos duvrîs d-è ièsse fièr.

C’ èst li qui ratche du feu èt qui vomit du fièr.

No patwès… c’ èst l’ vré son d’ nos vilâdjes, di no vîye.

C’ èst l’ âme du payis nwâr qui l’ monde ètîr invîye…

Adon ? Pouqwè faut-i qu’on l’ trouve léd, no patwès ?

Èyèt, dins lès ouvrîs t-ossi bén qu’ lès bourjwès,

Pouqwè, quand is l’ pâlenut, pûnit-on lès èfants,

Cès p’tits  qui n’ ont qu’ in tôrt, c’ èst di n’ nén ièsse pédants

Èt di lèyi sôrti di leûs bouches, come à l’ vole,

Cès bias mots bén di-d-ci qu’on n’ pout nén dîre à scole ,

Èt pouqwè tchanter tant dès tchansons amèrikènes

Quand nos d-avons d’ si bèles qui n’ sont nén dès renguènes ?

Come dès fleûrs, leûs paroles, pour mi, sintenut si bon

Èt leû musike, lèye-min.me, a l’ ér d’ ièsse en walon.

Èst-ce qui ça vaut lès pwènes di vanter l’ Walonîye,

D’ dispinser tant di liârds pou dès fièsses qu’ on rouvîye,

Quand no patwès… on rît dès céns qu’ in.menut d’ l’ èscrîre

Èt qu’ gn-a nén yin su dîj qu’ èst foutu d’ sawè l’ lîre ?

Et d’ tout keûr, dj ‘èl dimande, èst-ce qui ça vaut lès pwènes

Dins lès plis d’ no drapia, d’ awè mîs come emblème

In fiér cok qui s’ èrcrèsse, en moustrant sès spourons,

Si c’ èst pou ièsse onteûs… di pârler no walon ?

 

Léo VICAS

 

1958

in : Gustave Charlier, Joseph Hanse, éd., Les lettres françaises de Belgique, La Renaissance du Livre, 1958, p.631

 

LETTRES FRANÇAISES ET LETTRES DIALECTALES DE WALLONIE

PAR Maurice  PIRON

professeur à l’Université de Gand

 

COMME la Belgique a deux langues nationa­les, il est entendu qu’elle a aussi deux litté­ratures : la française et la flamande. Er­reur : elle en a trois. Car il faut compter en outre avec la littérature wallonne, celle qui utilise les dialectes de la Belgique romane : le wallon proprement dit auquel s’ajoutent le rouchi, sur les confins de la Picardie (Mons – Tournai) et le gaumais, sur les confins de la Lorraine (Virton).

Mais une telle façon de voir est-elle juste ? N’affirme-t-elle pas surtout les exigences d’un régionalisme sentimental ? Que certains assimilent l’ensemble de nos lettres dialec­tales à cette production d’oeuvrettes patoisantes dont la diffusion est surtout orale et l’intérêt souvent local, c’est là un point de vue qui a le tort de ne considérer que les aspects inférieurs et secondaires d’une réalité autrement complexe et beaucoup plus attachante. Qu’il faille, au contraire, tenir le phénomène d’œuvres s’exprimant en wallon pour une littérature à l’égale de toute autre — aux ordres de grandeur près —, c’est ce que commandent à la fois la valeur d’une tradition qui a produit d’authentiques chefs-d’œuvre et l’ampleur d’un mouvement qui, par l’exis­tence d’associations, de revues, de théâtres, de prix, mani­feste, jusque dans ses tendances divergentes et jusque dans ses rivalités, tous les caractères de ce qu’on nomme la vie des lettres.

 

1960s

Albin Georges, instituteur retraité, raconte qu’au début des années 1960, il avait assisté à une réunion au cours de laquelle l’inspecteur cantonal avait obligé les instituteurs à pourchasser les élèves parlant wallon dans les cours de récréation.

De retour dans son école, il s’appliqua à punir ses élèves au cas où ils s’exprimaient en wallon en leur supprimant leur récréation…

 

1960s

Dorothée Klein, in : le Vif 07/01/2000, p.27

 

/Guy/ Cabay se rappelle aussi son entrée dans le secondaire chez les frères, à Verviers : « On y interdisait le wallon, cette langue vulgaire du bas peuple et des campagnes ! »

 

1968

Pierre Ruelle (raciste francophile), in: EB, 220, 1968

Extraits de  » LE FRANÇAIS ET LES PATOISANTS »

 

« …Le patoisant n’est pas un grand lecteur : la rubrique sportive, les grands titres politiques et les faits divers lui suf­fisent. La femme remplace la politique par la mode et ne paie guère tribut à la « presse du cœur ».

« …le patois n’est d’aucune utilité sociale. Pis, il est, dans une mesure que l’on exagère parfois, mais qui n’est pas négli­geable, une entrave à l’usage d’un français correct.

« …des tournures vicieuses…

« …Elles constituent une gêne, une sorte de frein, donnant au français — au français parlé, surtout — de tant d’instituteurs, d’employés, de fonctionnaires d’origine rurale, une allure guin­dée, une apparente pauvreté qui n’est que le résultat d’une crainte constante de tomber dans le solécisme.

«…En 1963, j’ai été rapporteur d’un jury chargé de décerner le Prix de littérature wallonne pour la période 1958-1963.

« …La presque totalité des pièces évoquaient l’enfance et la jeunesse d’hommes et de femmes d’âge mûr ou la mi­sère d’autrefois dans le peuple ou l’album de famille, la tristesse de vivre, ou la joie de vivre, dans le monde entier.

« …En 1966, un jury semblable, dont je faisais partie, a décerné le Prix du théâtre wallon pour les années 1962-1966. Ici, le souci du monde actuel était évident mais n’aboutissait, la plupart du temps, qu’à un échec littéraire.

Que reste-t-il au théâtre patoisant ? Le cadre étroitement local, le misérabilisme, la revue, le vaudeville.

« …Faut-il, par des subventions à la littérature dialectale, par des cours faits à l’école, par une certaine reconnaissance officielle, essayer de redonner vie à des parlers qui meurent ? J’en demande pardon à tant de mes bons amis, ma réponse est nette : cent fois non. J’ai parlé assez longuement de l’entrave que constitue le patois pour la pratique d’un français correct et je n’y reviendrai pas.

« …La raison en est évidente : ceux ou celles qui ont vrai­ment quelque chose à dire recourent au français, qui seul peut assurer à leur pensée, éventuellement, une large diffusion.

« …Faut-il, au contraire, adopter envers les patois une atti­tude agressive ? Prise à la lettre, une telle question n’a guère de sens. Les patois, n’ayant aucune existence officielle, n’ont aucun droit et, par conséquent, échappent à toute contrainte.

« …Et la raison dit que le patois contamine le français, qu’il rend moins agiles l’expression de la pensée et la pensée elle-même, qu’il obscurcit la notion d’appartenance à la commu­nauté française, qu’il est le reflet d’un monde disparu. Lais­sons-le donc au dialectologue. »

 

Les lignés qui précèdent ont valu à leur auteur la belle réplique suivante de notre ami Armand Deltenre. Entre nous, le cher professeur l’a bien méritée.

 

Mons, le 27 avril 1968. Monsieur le Professeur Pierre RUELLE,

MONS. Monsieur le Professeur,

Puisque vous m’avez fait l’honneur de me demander mon opinion sur le texte de votre conférence « Le Français et les Patoisants », j’accède d’autant plus volontiers à votre désir que c’est là un sujet qui me tient fort à cœur.

Votre exposé est clair et précis. Il énonce certaines vérités qu’avec vous je déplore, il se termine sur une idée que je par­tage entièrement, à savoir que l’histoire, fort heureusement, se montre favorable à l’expansion de la culture française.

Cependant en temps que littérateur dialectal et régionaliste, je ne puis vous suivre dans la voie que vous avez choisie : vous combattez les dialectes et je les défends. Je vous invite à relire de bout en bout mon « Plaidoyer en faveur des dia­lectes ». Certaines citations méritent vraiment d’être épinglées.

J’aurais préféré que le titre de votre conférence soit « Le Français et les Dialectaux » et non « Le Français et les Patoi­sants ». Si je vous concède que, le patois n’est qu’un idiome populaire propre à une province, il n’en est pas moins incon­testable, que le dialecte est une variété régionale d’une langue. Et le wallon est une langue, notre seule langue naturelle d’ail­leurs, mais « qui n’a pas fait fortune ».

Vous affirmez que les dialectes nuisent au français. Soit ! Mais alors pourquoi apprendre d’autres langues comme l’an­glais, l’allemand, etc. ? De même ne risquent-elles pas de nuire au « bon français » ? Bien sûr que non ! Et le wallon non plus ! C’est également l’avis de Monsieur Houziaux, inspecteur honoraire de français dans l’Enseignement Moyen, qui croit à « l’utilité du wallon dans l’enseignement du français ».

Il ne faudrait pas imaginer que les dialectaux sont opposés à la culture française ni qu’ils sont utopistes au point de vouloir mettre sur un même pied d’égalité, leur dialecte et la langue française. Simplement ils veulent rester fidèles au terroir et à tout ce qui s’y rattache. L’Europe fédéraliste qui se construit, n’est-ce pas une forme nouvelle et moderne de régionalisme ?

L’unitarisme tue ce qui reste de beau et de noble en l’hom­me. Et pourquoi aurions-nous vis-à-vis des dialectaux la même attitude impérialiste que celle des Flamands envers les Fran­cophones ?

Je suis d’accord avec vous, la littérature dialectale n’atteint pas toujours la forme et la force d’expression souhaitées. De même, le théâtre dialectal a grand besoin d’être rénové. Mais ne faut-il pas plutôt mettre en cause les écrivains et les auteurs que la langue elle-même ? Que dire, cependant, des Emile Lempereur, Willy Bal, George Fay et tant d’autres ? Une pléiade de véritables littérateurs dialectaux existe, des écoles se créent, des idées nouvelles tentent à s’imposer. Ne trouve-t-on pas aussi bon nombre d’écrivailleurs dans la littérature fran­çaise? L’important n’est-il pas de produire des œuvres valables, quelle que soit la langue employée ?

Puis-je vous rappeler l’œuvre immortelle de Frédéric Mistral de qui, lorsqu’il est question d’attachement à la terre natale, à la langue des aïeux, à la poésie dialectale, au régionalisme, au fédéralisme même, je me réclame d’être l’élève ?

« Une langue est un monceau, une antique fondation où « chaque passant a jeté sa pièce d’or, d’argent ou de cuivre ».

Et je songe aussi à Jules Destrée qui s’exprimait ainsi :

« Comme je voudrais entendre l’accent du terroir, quelques « mots me seraient plus rafraîchissants qu’un peu d’eau pure « à un voyageur altéré… Il y a du mystère dans l’attachement « à la langue, parce qu’il tient moins à notre être raisonneur « qu’à notre inconscient profond ».

Non, vraiment, je ne puis vous emboîter le pas, et pardonnez-moi, mais je ne puis même vous en exprimer mes regrets.

Veuillez agréer, Monsieur le Professeur, l’expression de mes sentiments wallons très respectueux.

 

Armand DELTENRE

 

1970s

in: Hainaut Encyclopédie, 2, s.d. (1970s) (un magazine raciste)

 

« Le wallon est resté brut et grossier, mais plus naïf et peut-être plus expressif, chez les paysans et dans le bas-peuple, pour qui toute nouveauté est toujours ridicule. »

 

1970s

Josy Muller, dans la collection: Wallonie, art et histoire, s.d.

 

« La Wallonie n’a donc jamais eu dans le passé d’unité géographique, politique ou économique.  Par contre, elle a joui d’une unité culturelle parfaite et continue.  Après cinq siècles de romanisation, malgré les infiltrations germaniques, elle est restée purement romane.

Au 13e siècle, au milieu des parlers picard, wallon et lorrain, tous dérivés du latin, de son plein gré, sans aucune pression politique, bien avant tout le sud de la France, alors que féodalement la Wallonie (sauf Tournai) dépendait de l’empire germanique, elle choisit comme langue le français d’Ile-de-France, la langue de Paris et du roi. »

 

1970s

Le Coq Wallon – Le seul journal belge de langue française en Amérique du Nord- Montréal

 

« Je ne sais rien de plus absurde que de renier le langage de sa mère, de pus vil que d’en rougir (sic).

S’il m’arrive d’écouter battre mon coeur, j’ai l’impression qu’il bat en wallon.’

(en-dessous) « Amis wallons – si l’on vous demande quelle langue parlez-vous (sic).

Répondez fièrement:

Nous parlons la langue de 150.000.000 d’hommes (sic) répartis dans 33 pays sur les 5 continents … le français. »

 

1971

Paul Fecherolle Chanoine, in : Contribution à l’Histoire de Bastogne, 1971

 

Origine du wallon de Bastogne

(p.51) Le wallon a des origines aussi nobles que le français.

(p.52) Il n’y a pas de langue grossière, il n’y a que des gens grossiers.

Même un dialecte wallon peut être parlé d’une manière polie et distinguée. »

 

(p.64) (les pompiers, lors d’un incendie (au début du 20e siècle)

« Â feû, à l’ êwe ! »

 

(p.87) « Il faut bien dire que les chauvins wallons travaillent plutôt, par leur francophilie, à accélérer la disparition du wallon. »

 

1974

A. Hella, A quoi sert donc le conseil culturel VA, 14/03/1974

 

Il faut le dire bien net: il n’y a pas de culture belge, il n’y a pas non plus une culture wallonne (sic), mais une culture française de Belgique.

 

1975

André Goosse (francophile et négationniste), UCL, in : La Libre Belgique, 10/11/1975 

 

« (…) le français (…) ne nous a pas été imposé par quelque force extérieure. »

 

1975

J(ean-Emile) Humblet (raciste francophile), Le petit livre du jeune wallon, 1975

 

(p.123) Soyons fiers de ce qu’ont apporté nos dialectes: ils ont, au fil des siècles, modelé l’âme wallonne et contribué (sic) au français universel (par exemple, par le mot houille) avec en outre une richesse d’expressions concrètes exceptionnelles (sic).

 

(p.125) Conclusions pratiques

Nous avons des devoirs envers notre langue.  Qu’elle se développe, qu’elle s’enrichisse, qu’elle évolue tout en restant un moyen d’expression harmonieux et clair.

Nous avons des devoirs envers nos dialectes wallons.  Qu’ ils survivent, qu’ils nous particularisent au sein de la francité, tout en nous faisant mieux comprendre le français.

 

1975

L.L., extrait de: « UN voyage chez les Wallons du Wisconsin », VA 03/10/1975

 

« C’est pour proclamer notre appartenance à la culture française et notre affinité pour la langue française, que nous avons librement (sic) adoptée depuis le 13e siècle comme langue de culture. »

 

1975s

Ecole Moyenne de l’Etat (Fosses-la-Ville)

 

Mon professeur de néerlandais, Willy Lenoir, punissait deux de ses élèves, Guy et Serge Mathot parce qu’ils parlaient wallon. Ils étaient venus se plaindre auprès de moi, 2 ans plus âgés… Que faire en tant qu’élève ?

 

1977

Félix Rousseau (négationniste francophile), Wallonie, terre romane, 1977

 

(p.47) « Sans auncune contrainte (sic), de leur pleine volonté, les Wallons sont entrés dans l’orbite de Paris et, depuis sept siècles, avec une fidélité qui ne s’est jamais démentie, n’ont cessé de participer à la culture française. »

 

(p.53) « Il n’existe pas de culture wallonne en Wallonie, dans notre petite patrie, la belle culture française, si vaste, si profondément humaine, conserve toute sa puissance d’attraction et de séduction.  Son hégémonie est complète et sans rivale. »

 

1979

André Goosse (négationniste francophile), Littérature et dialectologie wallonnes, p.17-22, in: L’ethnie française, janvier 1979

 

(p.22) « Le français s’est ainsi superposé aux dialectes progressivement et sans brutalité (sic), si l’on met à part quelques maladresses (sic) de quelques instituteurs – encouragés par leurs parents -, apôtres trop zélés de l’enseignement obligatoire. »

 

 

1979

F. Rousseau, in: Musée des Archives de l’Etat, VA, 08/08/1979

 

« Un fait capital dans l’histoire des Wallons est l’adoption, au 13e siècle, du français comme langue culturelle et administrative. Le latin, la seule langue écrite pendant des siècles, perdait alors son hégémonie.  Un des dialectes d’oïl, celui de l’Île-de-France, proche parent de nos dialectes romans, s’est élevé au rang de langue littéraire. » (NDLR Au détriment de la langue wallonne)

 

1979

Le wallon vu par des masos…

 

Rèlîs Namurwès, Wallonie … connais-toi toi-même, 1979

 

Langue, dialecte, patois, Wallonie dialectale

 

Une LANGUE doit réaliser deux conditions :

1° ce langage doit présenter des caractères qui l’oppose aux autres langages

2° doit servir dans des relations qui ne sont pas purement locales et quotidiennes.

A. GOOSSE , Façons de Parler.

 

Un DIALECTE est un langage qui n’a pas eu de chance (sic) ou encore une variété régionale d’une langue.

 

Un PATOIS, c’est une déformation (sic) d’une langue déterminée, c’est une excroissance à demi-fantaisiste qui pousse sur une plante linguistique.  Le patois de Montmartre est en train de devenir le patois de Paris.

C. JULLIAN, Académie Française, 1924.

 

PAUVRETÉ OU RICHESSE DE LA SYNTAXE WALLONNE

Qu’on n’aille pas s’imaginer que la syntaxe wallonne et la syntaxe française constituent des systèmes différents.  Non ! Entre les deux, on observe une identité profonde (sic).

L. REMACLE, La Syntaxe, t. 1, p. 28 (NDLR Dans son étude très fournie, il démontrait … le contraire !)

 

1979

Paul Bastin (Sprimont), La Communauté française, LB 21/12/1979

 

La langue française, prati­quée dans le sud du pays, est une langue vivante, tradui­sant une pensée de vivants. Elle n’est donc pas une « langue de culture » uniquement, comme le serait le latin, lan­gue figée.  Langue vivante, le français évolue en fonction de l’ensemble des popula­tions qui la parlent, en fonction d’une sensibilité et d’u­ne tradition communes.

Ecrire que les dialectes ou les patois sont encore par­lés par une majorité est une erreur ou une contrevérité : ils disparaissent progressive­ment, et depuis longtemps, non parce que le français est imposé par la force, sinon la force des choses, mais parce que ces dialectes ou patois (sic) sont inaptes (sic) à traduire une pensée abstraite ou à permet­tre une expression nuancée. Cette infirmité produite par un choix historique commun, est la cause réelle de l’enracinement du français en Wallonie, comme dans les régions de France, car les dialectes et patois existent en France aussi.

 

L’homme est ce qu’il pense et il pense en mots.  Que de gens, effrayés par la vérité sociologique, essaient de s’a­gripper à des branches mor­tes ou à des roseaux ne chan­ge rien à un fait irréfuté : parler une même langue et vivre d’une même culture, ce qui revient au même, c’est appartenir à une nation, quand la frontière politique n’est qu’un simple trait sur les cartes, imposé, lui, par quelques partages féodaux dans lesquels le peuple n’a­vait le plus souvent aucune part.  La belgitude, dont on parle n’est qu’un régionalis­me, aussi respectable, mais pas davantage, que le régio­nalisme breton ou cévenol. En vérité, la culture « wallon­ne » n’est qu’un accident ­sens métaphysique – de la culture française, comme il n’existe d’ailleurs qu’une culture néerlandaise dont la culture « flamande » est un avatar.

Mais qu’une minorité française préfère conserver son indépendance politique est une autre affaire, de même que le sentiment respectable de craindre le bouleverse­ment de la Patrie.  Cepen­dant, on peut ajouter qu’abs­traction faite de la Principau­té de Liège, la Belgique ac­tuelle serait pleinement fran­çaise depuis des siècles si Marie de Bourgogne avait plutôt qu’un prince de Habs­bourg.  C’est à cela que tient la « belgitude » et non à on ne sait quel personnage imagi­naire d’avant Iules César.  En réincorporant les « provinces » belges à la Révolution, la France ne faisait que récupé­rer ce qui lui avait appartenu de plein droit.  L’histoire ne fait pas de sentiment, ni pour les princesses d’autrefois, ni pour les rêveurs d’à présent.

Il reste tout de même à dire que le mot « francophone,, est biscornu et dénué de sens profond, que la culture « ro­mane » est devenue, en ordre général, la culture française, depuis dix siècles, et qu’être Wallon, c’est-à-dire apparte­nir de plein droit à la culture et à la nation françaises, est une fierté qui agace forte­ment les amateurs d’un ré­gionalisme étouffant et naïf ou ceux qui désirent expri­mer la substance de leur être en dialecte de Hout si Plout ou en marollien.

 

1980

A(ndré) G(oosse)., Le français dans le monde, LB 15/09/1980

 

« La première francophonie est celle du domaine d’oïl: dès que la langue vulgaire a fait concurrence au latin comme langue écrite, pour la littérature, pour l’administration, etc., le français a constitué la forme écrite se superposant, sans la moindre brutalité ou résistance (sic), aux dialectes parlés: le wallon, le picard, le champenois, … »

 

1980

N.D., A Saint-Hubert, Emile Pecheur ne s interdit plus le wallon, LS 08/12/1998

 

“Lorsqu’il usait ses fonds de culotte sur les bancs de l’école, il /instituteur retraité en 1980/lui était interdit, ainsi qu’à ses camarades, de marmonner quelques mots … en wallon.”

 

1980s

Georges Gillard (Moustî / Moustier)

 

Po nosse patwès

 

Là on p’tit timps à on bankèt

Mi song a bolu dins mès win.nes ;

On mèprîsèt nosse bia patwès,

Vos p’loz dîre qui dj’ avè dè l’ pwin.ne.

 

I gn-avét là on djon.ne fakén

Qui fièt l’ rinflé à vos fé rîre ;

Li walon, d’djèt-i, toûne à rén,

C’ èst bribeû qui patwès vout dîre.

 

Là-d’ssus, dji m’ astampe come one flèche

Po lî doner one boune lèçon ;

Et en min.me timps po qui conèche

Lès-eûves d’ on-ome qu’ in.mèt l’ walon.

 

Vos qui mèprîse si bin l’ patwès,

Vos d’voz ièsse calé en-istwêre ;

Portant, è scole, on v’s-è causèt,

Por mi, v’s-avoz one pôve mémwêre.

 

Si dj’ vos dîreûve qu’ on pur Walon

V’nu au monde à Matagne-li-P’tite

Èstèt fiér di causer l’ walon ;

Portant i n’ a nén stî à l’ bribe.

 

C’ èst Philippe Buchez qu’ on l’ nomèt,

Conu dins tote li Walonîye,

Vèyu voltîy pa lès Francès

Po l’ bén qu’ il a faît tote si vîye.

Di l’ assimbléye constituwante,

Il a stî onk dès présidints ;

I n’ avèt nén dandjî qu’ on l’ vante

Mins aus Walons, i stindèt l’ mwin.

 

Èfant do peûpe, dj’ î vou d’mèrer,

Tos lès-omes ont drwèt au bouneûr ;

Po l’ charité, l’ fratèrnité ;

Gn-a trop wêre di place dins lès keûrs.

 

Vos, ovrî qu’ a l’ osti dins l’ mwin,

Vos valoz bén l’ cia qu’ vos comande ;

Faut travayî po gangnî s’ pwin

C’ èst nosse consyince qui nos l’ dimande.

 

Mins ossi, faut vos vôy voltîy

I faut ièsse fiér di vosse payis ;

Mi, on-èfant dè l’ Walonîye,

Dj’ î pinse sovint dins l’ grand Paris.

 

Cès paroles-là plin.ne d’ atirance

Ni vont-èles ni drwèt à nosse keûr ;

Po s’ ripwaser s’ is quitèt l’ France,

A Matagne is trouvèt l’ bouneûr.

 

Tot ç’ qu’ il a scrît, waîtîz dè l’ lîre

Èt vos wèroz l’ ome qu’ il èstèt ;

Alôrs come mi vos pôroz dîre :

Dji so fiér di causer l’ Patwès.

 

(Walon todi)

 

1980s

P.P., François Perin nous dit : « La majorité régionale n’est pas raisonnable », VA s.d.

 

Sur le « rapatriement » des institutions régionales à Bruxelles, M. Perin ne cache pas son embarras :

C’est un problème non de gestion, mais de symbole politique, de type affectif.  Je tiens à l’idée de Région wallonne, mais aussi à l’identité française de cette Région. Un Wallon wallonisant, non : depuis qu’il existe, depuis 1905, le mouvement wallon a toujours affirmé son identité française.  Ce n’est pas un dialecte qui nous unit.  La Wallonie d’amons nos’autes (sic) me paraît un danger d’une forme de médiocrité. 

 

1980s

RENDRE JUSTICE AU WALLON, in : VA, s.d.

 

« Historiquement, le wallon n’est pas une forme dégénérée ou appauvrie du français, mais le conti­nuateur fidèle du latin parlé que la conquête a intro­duit…

» Le promouvoir au détriment (sic) du français est une tâche vaine, pour certains un moyen d’affaiblir la Wallonie qui a besoin de s’appuyer sur ce qui est commun à l’ensemble de ses fils et sur ce qu’elle partage avec la grande famille francophone ».

(Professeur André Goosse, à la séance de rentrée de l’Institut d’études bibliothéconomiques à Liège)

 

1981

André Goosse, in : BTD, 55, 1981, p.29-37

 

“La préférence /dans le choix d’un nom de lieu/ doit toujours être donnée aux noms appartenant à la tradition: soit le nom ancien de la rue s’il s’agit d’une rue dont le nom actuel doit être remplacé; soit le nom usuel s’il s’agit d’une rue sans dénomination officielle; soit le nom d’un lieu-dit de l’ endroit ou du voisinage s’il s’agit d’une rue tout à fait nouvelle.” (p.32)

Le français étant la langue officielle de la Communauté, c est en cette langue que doivent être libellées les dénominations.  Si les dénominations dialectales sont tolérées – en plus de la dénomination officielle -, …”

 

1981

Simon G. (professeur fe français à l’Athénée de Sivry), Prononciation / Accent local dans une région bien déterminée, in : Revue de la direction générale de l’organisation des études, 4, avril 1981, p.44-48

 

(p.45) LES MANIFESTATIONS DE L’ACCENT LOCAL DANS UNE REGION DETERMINEE

 

Enseignant en milieu rural depuis 1965 à des enfants du secondaire inférieur, en majorité originaires des villages cités ci-dessous, ma modeste expérience m’a permis d’établir un classement des principales manifestations de l’accent local propre à cette région.

Certaines de ces constatations sont d’autant plus frappantes que l’Etablis­sement qui m’emploie, accueille des élèves français (Goegnies-France/ Malplaquet/Villers Sire Nicole) auprès desquels il est facile de constater combien l’expression orale diffère de celle de leurs petits voisins belges.

 

(…) (p.47) CONCLUSION

L’élimination de ces défauts fait partie du domaine de l’enseignement ordinaire, surtout en lecture, récitation, élocution.

 

(p.48) « Par sa vigilance, son exemple et des exercices appropriés, l’éducateur parviendra à rendre plus pure la diction de ses élèves.  Il va sans dire que, pour cela, il faut que lui-même soit exempt de toute tare linguistique. »

 

1982

Gabriel Ringlet (vice-recteur UCL) (raciste), in : Les Vivants et les Morts, Musée Piconrue, Crédit comm., Bastogne, 1989, p.262

 

Enfin, mais c’est plus rare, l’épigraphe emprunte parfois les chemins du parler local, au plus grand plaisir (sic), sans doute (sic), des amoureux (sic) du terroir (sic) et du dialecte : (cf avis de décès de Georges Smal, 21/01/1988)

 

1982

Jean-Pierre Verheggen, Je t’aime, Wallon plus!, LS 28/12/1982

 

« Qu’est-ce que l’accent wallon?  Est-ce, vraiment, comme l’indiquerait tel professeur de jeux de cirque de la langue française, tel accent de mauvais aloi qui permet que l’on nous traite, nous Wallons, comme des chiens! »

Il avait assuré, dans les studios de la RTBF, la voix off du rôle de conteur pour un téléfilm réalisé au château de Seneffe.  Le producteur, cependant, de retour de Montréal où il avait présenté ce document belge à ses collègues et éventuels acheteurs des télévisions francophones communautaires, lui signala qu’il l’avait fait doubler à son insu.  « Les Français, en effet, avaient trouvé ma diction régionale fort peu à leur goût, inadaptée à la noblesse musicale de Stravinski, erronée dans sa direction d’acteur et – surtout! – trop wallonne à leurs oreilles pointues. »

« Je devais entériner le fait qu’un producteur de notre RTBF, bailleur de fonds de os redevances collectives, avait, honteusement, baissé culotte – fût-elle auditive! – devant le moindre petit tintement de réprobation jacobine française! »

 

1983

Camile Gaspârd, Sovenance du qwand dj’ èsteû p’tit, in : Les Amis de Logbiermé, 2, 1983, p.21-24

 

Qwand dj’ èsteû p’tit, d’vant dj’ n’ alahe è scole, dju n’ djâséve may quu l’ walon : avou m’ papa èt m’ mame, come avou lès vwèsins.

Et po ostant quu dj’ m’ è sovègne, lu francès, fâte du l’ cunohe, nu m’ duhéve nin grand tchwès.

C’ èsteût por mi, come po l’s-ôtes, one langue ètrandjîre. Â viyèdje, on-z-aveût d’ abôrd fwèrt pô l’ ocâsion d’ l’ ètinde.

Qwand v’néve dès djins o l’ mâhon, quu ç’ fouh dès cis do viyèdje ou dès cis d’ â-d’foû, quu ç’ fouh lu mêsse du scole, lu curé, l’ docteûr ou l’ vètèrinêre, lès martchands d’ bièsses, turtos djâzint l’ walon. Gn-aveût co dès Lîdjwès qui v’nint totes lès samin.nes : nos martchands d’ boûre èt d’ oûs (sins rouvyi lès makèyes !). Dès foû brâvès djins. Zèls avou djâsint l’ walon, mins c’ èsteût do lîdjwès èt su dj’ lès compurdéve fwèrt bin, i m’ sonléve portant qu’ is n’ djâsint nin l’ bon walon come nos-ôtes. (…)

 

/on côp è scole/

Ni pus ni mons, c’èst du ç’trèvins-là qu’i m’fât bin come lès-ôtes, aprinde à lîre èt à scrîre.

Po çou qu’èsteût dès scriyèdjes, lès djins du m’payis, d’vant dju n vunah â monde, avint têsse trové bon d’trouheler leû franc parler po l’èfariné èt savant languèdje du Paris.

Dj’èsteûs   gây   don   mi,    qu’è   saveùt   djusse   çou   qu’on m’ènn’aveût   apris   ol   mâhon.    Saveûr   quu   « oui »   c’esteût   « ây » « non »   c’èsteût   « nèni »,    èt   « Quel   âge   avez-vous »,   ça   vleût dîre   « Qwantr ‘ ans   av   ? »    !!!

Eûre après eûre, djoû après djoû, à-z-ataker po i,u,o,a,e, dj’apurda come lès-ôtes, lu langue quu lès rwès d’Ile du France avint stâré tot-avâ èt impôzé à nos ratâyons (ancêtres) ossi bin qu’à tos lès Ocsitans, Breutons, Picârds, Flaminds, etc.

Si   p’tit   qu’dj’èsteû,   coula   m’sonléve  drole   d’aprinde   on   pârler   qu’n’èsteût   nin   l’nosse.    Nin   quu   l’francès n’m’ahayah   nin.

I   m’aviseû min.me   come   one   saqwè   qu’areût   al   fî plou   conv’ni   po   l’dîmègne   qwand   qu’ on-z-aveût   sès   bonès bakes   ! !

Mès   dju   n’m’è   poléve à   fé   qu’on   hèréve  du   costé l’coksant  pârler   qu’dj’aveûs   apris   so   l ‘ hô   du  m’mame  èt  qui mousséve  foû   d’mès   lèpes   come   tchiptèt   lès   p’tits  oûhês…

 

Qwand dj’î r’pinse, on nos acsègnéve tot l’ minme droledumint ! Dju m’sovins qu’on nos f’zéve rèciter par keûr, à pô près çou-vola : » Nos ancêtres étaient hospi­taliers, mais buveurs et querelleurs ! »et « Le latin donna naissance au wallon qui en se perfectionnant devint la belle langue française. »

Nu fât-i nin assouti d’èsse si pô fîr du s’passé èt d’lu minme. Kumint ‘st-i possibe du tchôki dès s’fêtès boudes ol tièsse dès-èfants du s’payis!

D’abord, lu francès n’ provint nin do walon. Tos lès deûs provenèt (en grande pârtèye) do latin. Et su l’ walon n’ aveût nin stou pus quu stokès’, o l’ plèce d’ èsse pèrfècsioné, il ouh tot simplumint stou stofé.

Adompwis nos vîs parints n’èstint nin pus sâvadjes, ni pus margayeûs qu’lès cis qu’ont say èco cint côps d’ lès mète à gngno èt d’èlzî ramasser çou qu’il avint da zèls.

Mins lèyans d’costé l’vîhe istwère po ‘nnè ruv’ni d’vès lès-an.nés 1920.

C’ èsteût l’ mâdit timps wice qu’on-z-aveût dècidé  –  tot s’ pinsant malin – du rastrinde lu walon d’vins lès vîhès rikètes, come s’ on ‘nnè fouh honteûs.

Et s’ lès papas èt lès mames l’ apurdint co à leûs-èfants, c’ èst qu’ il èstint co assez sûtis po trover bon zèls-min.mes du djâser d’ adreût leû prôpe langue pus vite quu du k’piter l’ francès.

Mins à pârt çoula, è scole, o l’ èglîhe (là qu’ on s’ chèrvéve tot plin do latin), amon « lès djins bin », on d’findéve âs-èfants d’ dîre on seûl mot è walon, lès maneçant min.me d’ èsse pûnis, s’ is n’ hoûtint nin!

Por mi, mây nouk nu m’a polou mêstri so cisse kèsse-là! Djâzer nialon, ç’a todi stou pus fwèrt quu mi. Pwis fât tot dîre. . .

Grâce à Diu gn-aveût co hâre ou hote, on mêsse du scole, pus sûti quu l’s-ôtes, qu’aveût wardé l’rèspèt, l’amoûr èt l’ admirâcion po l’ walon .

C’èsteût nosse cas, nos-ôte,  à Sint-Djâke. Avou l’brâve Mossieû HOURLAY, qui d’meûre todi âs Treûs-Ponts èt à quî dju m’fê co on d’vwèr du dîre meèci do pus porfond du m’coûr.

I nos f’zéve aprinde èt rèciter d’adreût lès mèyeûs p’tits rîmês do mêsse-sucriyeû Henri Simon. Djè l’s-a todi dut’ni. Li vatche, li pourcê, l’arègne etc. Lès pus grands apurdint todi do min.me auteûr, dès clapants bokèts sètchis fou do fâmeûs rèkeûy : Li pan dè Bon Diu, « L’èrére » èt min.me lu tchîf-d’oûve : »Li mwèrt di l’âbe »!

Ây,  mèrci   Mossieû   Hoûrlay   èt   oneûr  à   vos d’ aveûr vèyou clér â timps   dès   broheûrs.

Lu  walon   quu   v’ m’ ave apris à êmer â moumint qu’ on l’ kutapéve, m’ a todi   d’mani â coûr come on solo qui m’ rèhandih èt qui m’ fêt viker.

(…)

 

C. GASPARD

 

1983

Francité : la vérité, PP ? 21/09/83, p.4-6

« /A la RTBF/ Quand les acteurs débitent du namurois, les téléspectateurs du Borinage tournent le bouton. » 

 

PRISE DE CONSCIENCE ?

 

(p.6) « R.T.B.F. ou pas, il n’est jamais venu à l’idée d’un pe­tit Louviérois – déjà aux prises avec le rénové et le flamand dans sa classe – de se mettre à l’étude du wallon hutois ou du wallon bouillonnais.  Il se trouve pourtant pas mal d’utopistes pour tirer des plans quinquennaux sur la comète et pour stimuler une « prise de conscience» wallonne en soutenant des projets d’enseignement du wallon dans les écoles!

 

Nous aurions ainsi des cours de jour, du soir, ou de rattrapage de wallon.  On aurait des crédits d’heures ad hoc, on décernerait des grands prix en or, des accessits en argent et en bronze – comme aux jeux Olympiques – a ceux qui cumulent les parlers wal­lons spadois, fleurusien, athois ou bastognard, ou à ceux et celles qui pratiquent le picard ou le hesbi­gnon le plus pur, c’est-à-dire le plus abâtardi.

Ne croyez pas que nous affabulons outre mesure. Dans le même temps où les patois flamands (dont les Wallons ne manquent pas de se gausser) perdent du terrain au profit d’un « Algemeen Beschaafd Neder­lands», de la langue de Shakespeare, d’Antoinette Spaak ou de Cervantès, dans le même temps où aucun cinéma de Wallonie n’oserait se risquer, sous peine de faillite immédiate, à projeter un film en lan­gue originale, on fait grand cas du wallon des Wal­lons, sans s’apercevoir qu’il faudrait plutôt parler des wallons du Wallon, ce qui n’est pas tout à fait pareil. En attendant les lendemains qui déchantent, on chantera beaucoup, parait-il, aux Fêtes de la Francité. on fera ripaille, on entonnera même des couplets à la gloire de nos voisins du Sud, de l’hexagone, cette Mère France dans les bras de laquelle d’aucuns vou­draient encore se précipiter, alors que, tout à ses pro­pres cocoricos, le pays de «La Marseillaise» omet tou­jours de «renvoyer l’ascenseur», préfère régulière­ment (par «exotisme») la culture flamande de Belgi­que, et offre, au plan économique, le plus parfait des dédains quand ses «frères socialistes wallons» l’inter­pellent – à propos de Chooz, par exemple.

On aura des majorettes et des ducasses, des crami­gnons, de l’expression corporelle, des équipes d’ani­mation, des ateliers créatifs, des randonnées pédes­tres, ou cyclistes, des concours de jeux de cartes, de l’éducation permanente, des centres audiovisuels, des fanfares, des ventes de «Produits locaux», des promenades en calèche au départ de la ferme, du «cirque populaire» (sic), bref, tout un folklore qui ar­range rudement bien les têtes pensantes collecti­vistes et tous leurs «alliés objectifs».

Comme la langue d’Esope, le folklore est la meil­leure et la pire des choses.  Il se justifie assurément quand il magnifie des traditions, les produits du ter­roir; il se disqualifie quand, se regardant par trop le nombril, il provoque la myopie, empêche de voir ce qui se passe ailleurs, et prétend se substituer aux va­leurs culturelles affirmées. « Cordonnier, pas plus haut que la chaussure », devrait-on rappeler aux fol­kloristes qui confondent artisanat et art, biniou et

symphonies, films d’amateur et longs métrages pro­fessionnels.

 

Jamais encore n’avait-on vu apparaître sous nos cieux tant de maisons de la culture, de centres cultu­rels récréatifs, d’éducateurs, d’adeptes de la culture parallèle, de la contre-culture, d’animateurs sociocul­turels qui se gonflent d’importance, font croire à cha­cune de leurs ouailles qu’il est un nouveau Michel­Ange, un nouveau Chaplin, un nouveau Trenet, un nouveau Jouvet.  Et qui crient à l’injustice quand on ne partage pas leurs vues ou qui n’ont que le tel7ne d« élitisme» à la bouche.

 

1984

Actes du 1er colloque sur l’enseignement du wallon à l’école, in : Luxembourg Dialectal, 1984

 

(p.6) Tout d’abord les précautions oratoires : il y en aura deux.

 

Le français s’est introduit chez nous sans contrainte (sic) – rappelons-le, nous ne sommes pas des opprimés linguistiques – mais par vagues succes­sives, comme des couches de vernis qu’on applique sur une vieille porte de chêne.  Il s’est imposé comme langue de cour et d’admi­nistration d’abord, à l’école ensuite à partir du 18e siècle, puis de façon plus directive sous le régime français et à partir de l’indépendance de la Belgique, puis sont venus la scolarité obli­gatoire et les prolongements de la scolarité.

 

1984

Actes du 1er colloque sur l’enseignement du wallon à l’école, in : Luxembourg Dialectal, 1984

 

(p.26) Charles Bentz, instituteur à Rondu (Libramont)

 

A l’avenir, je vais tenter de faire parler wallon durant certaines récréations en récompensant ceux qui se distingueront (juste retour des choses car il y a plus ou moins 40 ans, j’ai été plusieurs fois puni pour avoir parlé wallon sur la cour de récréation).  Je vais aussi insister auprès des parents pour qu’ils parlent wallon plus souvent avec leurs enfants car on ne possède bien une langue qu’en la parlant.

 

(p.30) M.Lucien WAUTHY, inspecteur dans l’enseignement primaire

 

Les instituteurs peuvent beaucoup dans la lutte engagée pour la réhabilitation des dialectes. Les instituteurs peuvent beau­coup et je le prouve. Quels furent les combattants les plus effi­caces dans la guerre qui fut menée contre les dialectes ? Ce sont les éducateurs, c’est-à-dire les parents et les enseignants, et par­ticulièrement les instituteurs.

Les instituteurs qui ont refusé d’utiliser le wallon dans leurs relations familières avec les habitants de leur village.

(p.31) Les instituteurs qui ont cru que l’emploi du dialecte local leur ferait perdre le prestige dont ils avaient besoin pour accomplir leur mission d’éducation ;

Les instituteurs qui ont cru que pour faire partie de l’élite, il convenait d’être ignorant du patois ;

Les instituteurs qui se sont comportés en « grandiveûs » en feignant d’avoir oublié leur langue maternelle.

Les instituteurs qui ont tenu les dialectes dans un grand mépris ;

Les instituteurs qui ont renié leur origine wallonne comme s’il s’agissait d’une tare.

On pourrait croire, comme le dit Ernest NATALIS,- professeur à l’université de Liège, qui fut bien connu des instituteurs après la dernière guerre –, que « le dialecte serait atteint de vices congénitaux qui doivent en écarter l’usage dans les relations entre gens cultivés » (L’onde wallonne bulletin des amis de Radio-Liège, mars et avril 1959)

Les instituteurs dont je parlais, ce ne sont pas des insti­tuteurs d’une autre époque, ni d’une autre région. Il en existe en­core dans les écoles d ‘aujourd’hui. Au cours de cette année scolaire, dans le canton de Neuf château, j ‘ai entendu cette remarque adressée par le maître à un enfant qui venait d’adresser quelques mots en wallon à son compagnon : « Parle un peu poliment. » Comme si le wal­lon était grossier ; comme si le wallon était plus grossier que le français. La langue française se défend bien dans le domaine de la grossièreté. Je pourrais vous en donner quelques exemples ; mais je ne vous ferai pas cette injure car vous connaissez tous les mots que je ne cite pas. La grossièreté est le fait des personnes et non le fait de la langue.

Il est certain que le wallon sait parfois être vert et cin­glant. Mais il est certain aussi que c’est une langue riche : j’ai utilisé tout à l’heure, le mot  » grandiveûs » ; essayez de le tra­duire en français. Il est certain aussi que le wallon est une lan­gue essentiellement expressive, capable d’être tendre et naïve et capable de modeler des sentiments délicats : pensons aux paroles du célèbre et populaire  » Lèyez m’ plorer » – « Èlle aveût mès pinséyes di nut’ èt djoû. » .

La première chose à faire pour l’instituteur, et pour l’enseignant en général, c’est de prendre conscience que son com­portement vis-à-vis du wallon était ridicule et n’était propre qu’à satisfaire une sotte vanité.

L’instituteur se persuadera que le dialecte de sa région n’est pas plus méprisable que les dialectes que parlent nos voi­sins grand-ducaux, ou les Provençaux que nous avons tant de plai­sir à retrouver au moment des vacances. Le wallon est un dialecte de groupe d’oïl, comme le champenois, le lorrain, le picard, le francien. Comme d’ailleurs le provençal, le languedocien, l’au­vergnat sont des dialectes du groupe d’oc. Il n’y a aucune raison que le wallon soit moins digne de respect que tous ces dialectes.

L’instituteur adoptera donc un comportement opposé à celui décrit précédemment.

Il sera fier de la langue de ses aïeux. Il donnera donc l’exemple de l’estime, de la vénération qu’il éprouve pour la langue de ses compatriotes.

 

(p.32) Il utilisera parfois le wallon dans les relations de tous les jours avec les parents de ses élèves, avec les habitants du village.

Il permettra aux élèves de s’exprimer en wallon sur la cour de récréation. Les jeux des enfants sont d’ailleurs riches en ex­pressions wallonnes savoureuses (jeu de billes à Bertrix : « Ni bouche crasse »). Le mieux serait même qu’il intervienne lui-même en wallon auprès des élèves qui jouent.

 

Raymond Mouzon

(p.57) Enfin plus sournoisement, plus ardennaisement, je vous demande de surveiller avec déférence et délicatesse les agissements de vos chefs d’école, de vos Pouvoirs Orga­nisateurs. Car nous avons l’impression que, malgré le droit de tout homme à l’information, certains enseignants ne sont pas toujours informés, quand, pour des raisons d’économie, nos circulaires sont transmises groupées à ces instances supérieures. Si certains bacs à papier pouvaient parler !

 

1985

A.M., M. Perin (collabo francophile): « Je ne veux pas être un Wallon bretonnant de Liège ! », LB 19/10/85

 

LA «FUSION »  Interrogé sur le problème de la fusion des institutions qui est de grande actualité. M. Perin a souligné qu’il était partisan de cette formule car elle rendait les fran­cophones plus forts face aux Flamands et instaurait plus de cohérence.  Le professeur lié­geois a ajouté un troisième ar­gument d’ordre culturel : «je suis contre le manifeste pour une culture wallonne, je dis; non au wallonisme, « d’amon nos-autes ». Il y a une identité française de la Wallonie et non une identité wallonne.  Il ne faut pas confondre une culture et une guindaille.  (…)

 

1985

Musée de la Parole (Bastogne) / Robert Moërynck (raciste anti-wallophone) – c.p.i. M. Francard

03/03/1985

 

In : Réflexions à la suite de quelques passages prolongés à la Maison Mathelin

(Les propos suivants n’engagent pas le M.M.P.B.)

 

« D’autres organismes, et c’est leur raison d’être, se chargent de restaurer le wallon – même (sic) dans les écoles … Notre raison est la conservation et non sa propagation à tous et hors de propos. »

 

« Le wallon n’est jamais qu’un dialecte (sic) auquel des spécialistes, des nostalgiques ou des extrémistes (sic) accordent une certaine importance. (…) »

 

« Dès lors, au M.P.P.B., les inscriptions en wallon – (…) – n’auront une réelle valeur qu’accompagnée de traductions (française, néerlandaise, anglaise, allemande, et même que sais-je encore, japonaise ou papoue (sic). »

 

« Si les commentaires humoristiques sont de bonne guerre, j’apprécie la chose, ils doivent être rédigés dans la même langue que leur objet. Dans le cas présent, en français.

Il est désormais inutile de les afficher en wallon, même de Bastogne, puisque malgré plusieurs observations rien n’a changé. Je les veux en français ou qu’ils disparaissent.

De même pour les rappels, p.ex. : « fermer les radiateurs » : réécrire proprement (sic) en français et coller soigneusement. La traduction en wallon de Bastogne serait la bienvenue. » (…)

Pour rappel, les communications à mon adresse se font en français, sans intitulé ni ajout(s) en wallon. Je crains l’intox. (sic)

D’où qu’il vienne, quelle que soit sa forme ou sa nature l’extrémisme m’irrite profondément. (sic)

 

(NDLR : sauf celui du propre auteur de la missive,  Robert Moërynck)

 

1989

Christophe Deborsu, raciste

 

Lettre de Robert Stéphane, RTB 12/04/1989 à Paul Lefin, (secrétaire général de l’URFDLW)

répondant à une critique concernant le journaliste Christophe Deborsu, « à qui il est reproché d’avoir présenté une séquence ‘réalisée dans un esprit d’irrespect et de désinvolture à l’égard du mouvement dialectal’ » 

 

Cette séquence : dans le J.T. du 25/02/1989, diffusée à la suite d’une conférence de presse sur « la langue et la culture wallonnes ».

De nombreux téléspectateurs ont réagi.

 

1989

Germain Pirlot, Espéranto: langue … naturelle!, in: L’ARA qui r’lie, 21, Mai 1989, A.R. ANdenne, p.37-38

 

(p.38) « Peut-on qualifier de ‘naturelle’ la langue maternelle qui donne tant de soucis à nos potaches?  Combien d’entre eux n’éprouvent-ils pas de grandes difficultés à s’exprimer naturellement dans leur propre langue truffée de règles, d’exceptions, de chausse-trappes en tout genre?  S’ils pouvaient suivre leur élan naturel, nul doute qu’ils auraient tôt fait de simplifier la langue et de la rendre plus régulière, plus logique, moins artificielle! »

 

1989

Jean-Marie Klinkenberg (raciste francophile), Pour en finir avec le « bon langage », in: Toudi, culture et société, 1989, p.109-118

 

(p.118) « Car c’est là le paradoxe: le repli est bien dans la clôture de la langue à l’intérieur du champ étroitement délimité par sa tradition.  Il n’est pas dans l’ouverture à des faits qui semblent n’avoir qu’un intérêt régional.  Ceux-ci sont loin de ne signifier que le terroir et le bon vieux passé (comme le ferait une officialisation du dialecte wallon, à laquelle rêvent certains, officialisation qui célèbrerait tout au plus les noces grotesques (sic) d’un moribond avec une société qui veut vivre). »

 

1990

Thierry Haumont (francophile), La question dialectale, LS 30/07/1990

 

Il ne devrait pas y avoir, provisoirement du moins, de conflit entre indépendantistes et rattachistes wallons, puisque ce qui est l’objectif final des premiers constitue le passage obligé des seconds, le rattachement éventuel’ de la Wallonie à la France ne pouvant en effet s’opérer qu’à partir d’une Wallonie autonome. Pour les tenants des deux thèses, les choses sont donc claires en apparence : l’indépendance le plus rapidement possible, quitte à statuer plus tard en faveur d’une autre formule.

 

Les choses ne sont pas aussi simples.  Entre les deux groupes, les conflits surgissent, les passions s’enflamment, et avec d’autant plus de virulence qu’on touche aux points sensibles, ceux qui ont trait à la question de l’identité ; par exemple les dialectes, perçus par les irrédentistes comme une menace pour la langue française, ou le maintien de la) Communauté française, perçue par les autonomistes comme une institution belgicaine empêchant le peuple wallon d’avoir la maîtrise de son devenir social et culturel.

Les positions sur ces sujets sont si tranchées qu’il en résulte parfois des conséquences inattendues.  C’est ainsi qu’on a pu voir, en plus d’une occasion, les rattachistes apporter spontanément de l’eau au moulin des plus obtus défenseurs de l’Etat belge.

 

Mais est-ce un paradoxe ? Je ne le crois pas. Car il ne faut pas oublier que partisans du retour à la France et unitaristes belges se fondent en fait sur une option commune : à savoir que la culture wallonne n’existe pas. Dans ces conditions, pourquoi laisser la Wallonie se gouverner elle-même ?

 

La place me fait défaut pour montrer point par point que les traits distinctifs du peuple wallon – ils existent bien, sinon on ne s’acharnerait pas autant sur eux – sont suffisants pour constituer une culture (je ne dis pas une civilisation).  J’en relèverai quelques-uns, pour leur valeur d’exemple ; on verra qu’ils nous différencient autant des Flamands que des Français ; ils ont surtout trait à notre rapport au pouvoir.  Nous ne nous concevons pas comme, un peuple dominant ?  Trait de culture.  Nous’ nous montrons critiques vis-à-vis de toute autorité ? Trait culturel.  Nous sommes des individualistes qui avons la passion du social ?  Trait de culture.  La xénophobie ne parvient pas à s’implanter chez nous, l’extrême droite y -est inexistante ?  Trait culturel, évidemment !

 

Dites-moi s’il n’est pas tentant de vouloir fonder un Etat sur ces traits culturels-là!

Pour en revenir à l’un des points sensibles évoqués plus haut -ne parlons pas de la Communauté française, elle-même ne croit plus en ce qu’elle fait – un mot sur nos dialectes.  Première constatation : ils n’ont jamais concurrencé le français, ils ne cherchent -pas à le supplanter aujourd’hui.  Les Wallons, que je sache, ont toujours compté parmi les plus ardents (sic) défenseurs du français, ils l’ont assez prouvé.  Non, ce que je voudrais dire, c’est que la langue est aussi la forme d’une pensée et que, même si nous ne tenons plus de grands discours en dialecte, nous en utilisons toujours assez pour en conserver l’esprit.  Sans la gouaille et l’impertinence du wallon, serions-nous ce que nous sommes ?  Quelles valeurs défendrions-nous ? Et avec quelles armes ? Celles des nationalistes ? Serions-nous maurrassiens ? Jamais ; rastrins !  Ce caractère, le wallon ne l’a précisément que parce qu’il est un dialecte ; qu’il n’a jamais été une langue de pouvoir, mais souvent une langue de résistance.

 

Qu’on donne donc aux enfants de Wallonie, les quelques cours qui perpétueront ce caractère ; ils nourriront leur esprit d’indépendance et je ne vois pas en quoi ils diminueraient leur appétit des langues internationales.

Veillons donc à ce que le wallon garde (sic) son statut de dialecte, ne lui gonflons pas le cou, ne l’imposons ni à Mitterrand ni au roi des Belges, mais gardons-le vivant; il est une des plus belles parts de ce que nous sommes.  Je ne comprends pas – ou je comprends trop bien – ceux qui voudraient nous en amputer.

 

1991

Le Centre d’Action Laïque, un nid de fransquillons…

 

ESPACE DE LIBERTES

Magazine du Centre d’Action Laïque

 

JS/FSg/91.895/8.5.                                                   Bruxelles, le 10 juillet 1991

 

Monsieur,

 

J’ai pris connaissance, à mon retour de l’étranger, des réflexions que vous nous avez communiquées par votre lettre du 6 juin 1991.

 

Retard scolaire

Tout à fait d’accord avec vous sur l’importance que la Communauté française doit accorder à la lutte contre le retard scolaire. Notre collaboratrice, Ghislaine De Bièvre, a d’ailleurs déjà traité ce sujet à de nombreuses reprises.

 

Enseignement du wallon à l’école

Le problème que vous soulevez avec l’enseignement du wallon à l’école est, comme vous le savez, loin de faire l’unanimité dans les milieux pédagogiques et politiques, d’autant plus que les comparaisons qui peuvent être faites avec d’autres pays ont souvent lieu sur base de critères sociaux et linguistiques différents. Nous ne manquerons pas néanmoins de nous inspirer de vos commentaires, si le Comité de Rédaction décidait ultérieurement de traiter ce dossier plus en détail.

Merci de nous avoir fait part de vos réflexions et bien cordialement.

 

Jean Schouters

Rédacteur en chef

 

1992

Pierre Stéphany, Roger Viroux, Le Wallon wallonissime, in : Paris Match, 19/11/1992, p.108

 

Le français « glottophage »

 

Ce sont les Français qui veu­lent que l’on « déjeune » à midi, alors que ce mot devrait s’appliquer au premier repas pris à jeun le matin et qui nous font désigner, sous le nom de « cafés » des établissements où, parfois, on sert tout sauf du café. L’allemand, l’italien, l’anglais, le néerlandais n’ont pas ce comporte­ment impérialiste ; ils ne donnent pas aux mino­rités linguistiques l’impression d’être culturellement colonisées.

Roger Viroux estime que la fréquentation des langues étrangères lui a appris à comprendre et à accepter les différences. Il considère que, quelle que soit la langue que l’on parle, il faut d’abord savoir de quoi on parle. Il tolère volon­tiers le français, mais à la condition que le français lui rende la pareille.

 

1992

Splendeur et truculence (sic) lucide de la Messe de Wallonie / à Namur/, VA 22/09/1992

 

1994

in : Jean De la Guérivière, Belgique, la revanche des langues, éd. Du Seuil 1994

 

« Autres pages du florilège, celles que Gérard de Nerval consacré à « ces braves Wallons, qui sont pour ainsi dire nos compatriotes (sic), tandis que les Flamands se rapprochent beaucoup plus de la race des peuples du Nord. » (sic) « (…) le patois wallon n’est lui-même qu’un français corrompu qui ressemble au picard, tandis que le flamand est une langue de souche germanique. »

 

1994

Laurent Hendschel, Li walon? C’ èst dès-idéyes !, in: EB, 494, 1994, p.4-13

 

Cette école à double face, incarnée par la Société de Langue et de Littérature wallonne (SLLW), se fonde sur quelques dogmes — je me permets de les appeler dogmes dans la mesure où l’on ne peut les mettre en question sans se faire traiter de « fanatique », de « fumiste », de « malade mental » et de « pervers » et autres amabilités. En voici trois à titre d’exemples.

 

1. Le premier de ces dogmes est que le seul wallon légitime est dialectalement pur — au sens défini par l’école de dia­lectologie. Il faut écrire le wallon — et même le penser, dans tous les cas — tel qu’il est décrit par l’Atlas linguis­tique de la Wallonie (ALW): par exemple, les écrivains ne peuvent utili­ser le vocabulaire qu’ils connaissent ou semble connu des lecteurs, mais uni­quement le vocabulaire d’un lieu précis.

Or, l’ALW n’est, dans un sens, qu’une « caricature » de la réalité; en effet, cet ouvrage, dont il faut recon­naître les immenses qualités et l’in­térêt, dans la lecture duquel je m’abîme moi-même pendant des heures, cet ouvrage donne de notre langue une image figée, atomisée et ancienne. Figée et atomisée parce que la langue wallonne est beaucoup plus fluide qu’on pourrait le croire en contemplant ces cartes: les isoglosses se déplacent; un même locu­teur utilise toujours plusieurs formes; l’atlas ne décrit pas le wal­lon, mais certaines réponses don­nées par un ou plusieurs témoins qui peuvent par ailleurs avoir des connaissances beaucoup plus éten­dues, ou se tromper, ou être influen­cés par la question posée, etc. Enfin, il s’agit de la description d’un état de langue déjà relativement ancien: les enquêtes sur bases desquelles on publie, encore aujourd’hui, les tomes de l’ALW, datent des années 30 dans certains cas.

Il faut dès lors relativiser ce que contiennent les descriptions dialectologiques; les relativiser non pour leur importance scientifique mais pour les conclusions qu’on en tire parfois ou les utilisations pratiques qu’on tente d’en faire. La réalité du wallon n’est pas une mosaïque faite de petits carreaux collés et juxtapo­sés mais, si l’on veut, un kaléidosco­pe aux formes changeantes, aujour­d’hui plus encore que dans les années 30. Il me semble légitime, à l’aube du XXIe siècle, de cesser de copier artificiellement, dans notre écriture, les cartes de l’ALW pour tenter de retranscrire, autant que possible, le caractère plus mouvant, moins strictement découpé, de la langue utilisée aujourd’hui.

 

Bien sûr, la manière d’écrire fixée par l’école de dialectologie et la génération 48 ne fait que refléter une manière de concevoir le wallon: elle valorise la dif­férenciation    dialectale    pour    elle-même, minimise ou nie les contacts, les échanges, les phénomènes d’adap­tation dans la conversation; elle valo­rise le figement du vocabulaire et l’iso­lement de l’influence des langues envi­ronnantes,   surtout   du   français   — alors que le wallon se nourrit, depuis qu’il existe,   d’une   multitude   d’em­prunts au français et aux langues ger­maniques. Ce problème  « technique », qui constitue les limites de la dialecto­logie, il aurait fallu en tenir compte pour nuancer les résultats obtenus. Mais non. Au contraire: on a transfor­mé cette vision figée et compartimen­tée en absolue,  intangible vérité.  La Wallonie est alors présentée (comme dans les cartes de l’ALW ou de Remacle) comme une espèce de ruche composée d’alvéoles étanches, où cha­cun tente de faire son miel à part du voisin.  Cette carte (cette représenta­tion) n’est pas fausse: mais elle n’est qu’une toute, toute petite partie de la vérité envisagée, en plus, sous un cer­tain angle. Or, ceci n’est pas dit par la carte, qu’on a souvent  tendance à faire passer et à prendre pour la seule représentation  réelle   et  possible  du wallon.

 

2. Le deuxième dogme de cette école est la négation du conflit avec le fran­çais. Pourtant, il n’est pas difficile de montrer qu’entre français et wallon, ce n’est pas d’une cohabitation idyllique qu’il s’agit, mais d’une bataille dans laquelle le wallon est en train de brû­ler ses derniers barils de poudre. Qwand dji di « bataye », ça n’est nén po rîre. On l’ catche brâmint, mins i gn-a tot plin des djins, dins nosse payis, qu’ ont sofri pace qu’ on l’zî disfindeut di d’viser walon: do costé d’  Djodogne, on d’néve à l’ èlève qu’ aveut causé walon on nwâr boton (c’ èst d’ alieûr li tite d’ène rivûwe d ‘avaur-là, asteûre); ci-là d’veut r’passer l’ boton à on-ôte èlève qui s’ fieut picî à causer walon; à l’ difin dè l’ djoûrnêye, li ci qu’ aveut l’ boton ramasséve li punicion. Après Châlèrwè, dins one sicole di Jézwites, i faleut pwârter one pancârte « Aujourd’hui, j’ai été gros­sier, j’ai parlé wallon. » Après Nameur, po-z awè causé walon, i faleut mète on dicsionaîre (francès come di djusse…) su s’ tièsse èt s’ mète à gngnos pa-d’vant l’ tâblau. Èt vos ‘nn’ âroz… Dji n’ di nin qu’ c’ èsteut tot costé insi, mins ci qu’ i gn-a todi d’ sûr, c’ èst qu’ ça a stî insi one miète tot costé. Do côp, asteû­re, qwand on m’ dit qu’ lès Walons ont  tchwèzi platèzak di rovyî leû lingâdje su cinkante ans d’ timps po-z-aprinde jwèyeûsemint l’ francès, dji trouve qui c’ è-st-one grosse minte.

 

 

1995

Arnold Hauwaert, Les mythe sde l’ Histoire de Belgique: on se calme!, In DW, 119, déc. 95

 

« La prudence et farouche survivance, malgré la répression, des langues gaumaise, picarde et wallone. »

 

 

1995

Raymond Mouzon, Abbé, Editorial, Singuliers, 4/1995, pp.4-8

 

(p.4) “Raymond, rentrez en classe! me crie l’instituteur (le meilleur homme du monde (sic)).  Et que je ne vous y reprenne plus à parler wallon pendant les récréations !”

 

1996

Arnold Hauwaert, I disrindje quî, l’ walon?, DW 124, 1996, p. 21

 

« Dins lès familes d’ ovrîs, lès parints disfindin.ne à leûs-èfants d’ causer walon pace qui c’ èsteut, dijin.ne-t-is, li lingadje do l’ ‘basse classe’. »

« Bin sovint, dès fèls comunisses qui causin.n sins mau sins rûje è walon si fyin.n passer po rin quand is sayin.n di dîre li min.me è francès. »

 

1996

D.P., « Ainsi chantait le Pays de l’ Ourthe »: un hymne à notre patrimoine folklorique, AL 10/7/96

 

Roger Pinon (raciste francophile): « Il ne faut pas vouloir unifier les langues wallonnes.

Le dialecte ne peut pas créer ce motif d’ unité.  D’ ici une génération, la Wallonie sera larguée par la Flandre et nous devrons nous battre pour négocier un rattachement à la France pour garder une certaine latitude au niveau des choix qui peuvent constituer notre identité tant économique, sociale ou religieuse. »

 

1996

Jean Lechanteur (professeur francophile), Les planificateurs linguistiques au chevet du wallon, in :  Wallonnes 2 (1996)

 

Il utilise avec mépris 19 fois les mots « patois » et « patoisant ».

 

(p.12) « Le travail d’unification n‘est pas dirigé, écrivait Jean Germain en 1989 (loc.cit. p.219) contre le français ». Cette déclaration – que chacun peut-être ne ferait pas sienne – se veut rassurante, mais elle est loin de nous rassurer. »

 

(p.13) « Nous l’avons dit, pour nous les patois (sic) wallons n’ont une chance de durer que dans la mesure où ils demeureront des patois et pourront, ainsi, assumer un rôle spécifique à côté du français, ce français que nous avons, depuis des siècles, choisi librement comme notre langue commune. »

(…) « le français, poli, affiné, enrichi par des siècles de culture et d’art » (sic)

 

1996

Joseph Boly (collabo francophile) (in : Visages de la francité, Bruxelles, 1996),

in : Les Cahiers Wallons, 6, 2007

 

Nosse lingadje

 

Langue française et dialecte wallon

 

Les dialectes et les patois se meurent dans nos campagnes, quand ils ne sont pas déjà morts dans nos villes. Le wallon, cepen­dant, conserve sa vitalité sur nos scènes de théâtre (relayées par la télévision), dans nombre de cercles littéraires, comme l’Association Royale des Ecrivains de Wallonie et auprès des jeunes de tous âges qui étudient «le wallon à l’école»

Je suis d’avis qu’il faut tout mettre en œuvre pour sauvegarder nos dialectes. C’est une richesse de notre terroir dont l’expression, savoureuse, pétillante, charnelle, remue jusqu’au plus profond de leur cœur, ceux qui ont encore des tripes wallonnes. «Le wallon, décrit Julos Beaucarne, réservoir des mots de la langue française… ce champagne continuel du langage… c’est le langage naïf et doux qui nous vient de nos mères, de nos premiers amis du village natal, c’est le langage qui supplée aux lacunes du beau parler et qui a toujours un mot spirituel à mettre là où défaillent les diction­naires, le wallon, dans ses différences, c’est l’originalité d’une région qui refuse de mettre l’uniforme, d’être copie conforme… c’est le latin venu à pied du fond des âges.»

Je me refuse toutefois à opposer de quelque manière que ce soit, le wallon au français. Ils sont de la même famille d’oïl. Ils ont toujours (sic) fait bon ménage, comme dans les Noëls wallons du temps passé. Je partagerai donc la position de Marcel Lobet qui, dans son «Imaginaire wallon», nous dit : «Ne faut-il pas courir au plus pressé et défendre, avant tout, la langue française au sein de notre romanité ?» Que notre wallon, donc, vive, mais pour que vive avant tout le français, clef de notre unité régionale, de notre identité française et de notre ouverture au monde.

 

1997

P.C., Michel-Christian Moutteaux (Auvelais) : entre humour et révolte, VA 14/10/1997

 

Créateur d’un vaudeville en français

« Il est difficile de sortir des clichés de ce théâtre bloqué autour du peket (sic) ou encore de l’amant de la femme du cinsi (sic) ».

 

1998

Charly Dodet, Quelles chances pour la langue wallonne?, AL 24/06/1998

 

Jacques Werner, secrétaire communal de Hamoir-sur-Ourthe, passionné par la culture wallonne, s’est penché sur les chances d’avenir de langue wallonne dans un mémoire de sociologie qui lui a permis d’obtenir le grade de licencié en sciences politique économique et sociale à l’UCL.

Il a interviewé de nombreuses personnes triées sur le volet.

Les réactions des uns et des autres sont significatives.  “J’ai été puni à l’école parce que j’ai été surpris à parler wallon…”, raconte une des personnes interrogées.  Signe d’une épuration culturelle consciente pratiquée après la Première guerre mondiale en Wallonie.  Pas sûr qu’elle soit d’ailleurs partout stoppée…

 

1998

Gérard Deprez, raciste

 

LANGUES / Deprez incohérent?, VA 28/09/1998

 

Le Conseil exécutif de l’Union culturelle wallonne réagit violemment aux propos du président du MCC, Gérard Deprez, à propos du projet de redécouverte des langues régionales de Wallonie dans les écoles.

L’UCW reprend les propos de Gérard Deprez quand il dit: “L’hymne wallon me choque moins que ces espèces d’idées d’enseigner le wallon à l’école.  Pourquoi pas le celte?  On ferait mieux d’apprendre l’anglais, l’allemand, l’espagnol ou l’arabe.”

Or, selon Paul Lefin, secrétaire de l’UCW, “l’enseignement du wallon ne s’oppose pas à celui des grandes langues internationales.”  “Au contraire, (…)”

“L’Union culturelle wallonne trouve les propos de Gérard Deprez “outrageants et injurieux pour les Wallons.”

 

1998

Le Journal des Jeunes / Pourquoi les Wallons font-ils la fête?, LB 16/09/1998

 

“Dans la vie quotidienne, le français l’a remplacé peu à peu /= le wallon/ pour devenir la langue de la Wallonie (sic).  ce qui ne veut évidemment pas dire que l’usage des autres langues y est interdit.”

 

1998

Li cwène dès boubiès, Djåzans walon, 4/1998, p.12-13

 

On pout-t-èsse malin po ‘ne saqwè et ‘n-èno-cint po ine ôte. Insi le trépidant sénateur libéral le jeune sénateur (…)au goût raffiné (Télé-Moustique), Alain Destexhe, qui s’î k’noh fwért bin po l’pus sûr, come docteûr. Po l’politike. on ‘nnè tûze çou qu’on vout mins po bâte on tchin, tos lès bastons sont bons et la qui vout ahèssî l’pàrt qu’i vôreût bin pnnde si pièce li côp qui vint i tchûzih Van Cauwenberghe so l’kèsse dè walon. Tot volant apwèrter dès r’médes, nosse docteûr-dn-sé-tot a-st-ine îdèye : û faudra connaître des langues étrangères et il faudra maîtriser l’informatique et les réseaux. On est en retard de ce point de vue-là et la valorisation, à l’école, des dialectes proposés par cer­tains Wallons comme Van Cauwenberghe, c’est stupide ! (…) Les enjeux ne sont pas là : û faut s’ouvrir sur le monde !

On n’pout nin r’procher a on docteur de n’mn savu qu’on lingadje, apris d’djônesse, droûve, djustumint sur le monde et so leûs lingadjes. Mins on pout todi r’procher à ‘ne saquî de diàzer d’çou qu’i n’ kinoh nin. Pôr po s’assètchî dès vwès.

 

On deûzinme pèheû as vwès, c’èst l’Gérard Deprez qui conte sûremint gangnî dès vwès tot bal’tant so ces espèces d’idées d’enseigner le wallon à l’école. Pourquoi pas le celte ? On ferait mieux d’apprendre l’anglais l’allemand l’espagnol ou l’arabe.

Corne si onk èspêtchîve l’ ôte. Nos n’rivinrans pus so l’sudjèt mins on n’si pout èspêt-chî de r’marker avou l’UCW qui l’Djèrà è-st-on fameûs r’toûmeû d’frake : .quelle est la cohérence politique d’un homme qui lorsqu’il était Président du PSC a laissé son groupe parlementaire voter à l’unanimité le décret de la Communauté française de 1983 < Relatif à l’étude, à l’école, des dialectes de la Wallonie > et celui de 1990, qui reconnaît les langues régionales endogènes de la Communauté française? Lu qu’a portant l’acsent walon et qu’årè dandjî dès vwès walones.

 

1998

Nwêr Boton: couverture, in : EB, 505, 1998, p.10

 

Le ‚bouton noir’ était le ‘signum’ dont on gratifiait l’élève parlant wallon : selon la coutume, le dernier à en être nanti était puni.

 

1998

Olivier Maingain, président du FDF, in: LB 21/09/1998

 

“Pour justifier la revendication de la régionalisation de la culture, on invente une culture wallonne.  C’est une tricherie avec l’histoire de la Wallonie: il n’ y a pas (sic) de culture wallonne, il y a une culture française de Wallonie.”

 

1999

Hervé Hasquin, La Wallonie, son histoire, éd. Luc Pire, 1999

 

(p.75) Des Wallons en Amérique

 

A partir de 1632, Pierre Minuit / fondateur de “Novum Belgicum”, province du territoire appelé “Nieuw Nederland” / fut remplacé par des gouverneurs hollandais “qui nivelèrent (sic) la spécificité wallonne de cette population.  La langue française (sic) s’effaça peu à peu.”

 

2000

« Français, dialectes et belgicismes », in : El Bourdon, 530, Nov. 2000, p.30-31 (NDLR ou l’éloge d’un francophile méprisant le wallon)

 

Tel est le titre de l’article d’André GOOSE (sic) qui est paru dans Le Monde diplomatique d’octobre 2000.

Avec son sens de la communication qui le caractérise, André GOOSE brosse un tableau de « notre histoire linguistique » et il n’oublie pas nos langues régionales et plus particulièrement le wallon. Il rappelle notamment que ses premiers défenseurs furent des Intellectuels qui  » ont donné la preuve » que ces idiomes «  pouvaient , constituer un instrument littéraire raffiné », intellectuels qui « n’ont jamais pensé à dresser le wallon en rival du français ». (NDLR Un réel souci pour le francophile André Goosse)

André GOOSE utilise le terme « dialecte » que la plupart des promoteurs des parlers régionaux préfèrent éviter, conscients qu’ils sont de la polysémie du terme – Willy BAL l’a clairement mise en lumière dans Èl Bourdon 454 de mars 1993 – et de la charge négative dont il est affecté. Certes, sous la plume d’André Goose. Le terme « dialecte » n’est nullement connoté péjorativement mais lorsque ce dernier considère que le recours à la lourde locution « langue régionale endogène » a été proposé par ceux qui souhaitent : « faire naître un sentiment

communautaire qui n’existe pas ; amener tous les habitants de la Wallonie à parler ou reparler et à écrire le dialecte : uniformiser celui-ci pour que la communication soit possible d’un bout à l’autre du territoire ; enrichir le dialecte pour qu’il serve dans des domaines où il n’a jamais servi, comme la sciences (sic)… », on aimerait rappeler que le promoteur du décret de la

Communauté française relatif a ces langues régionales endogènes, en l’occurrence Valmy FEAUX, souhaitait donner à ces parlers un statut officiel, tant au plan national qu’au plan international. Le recours au terme  » dialecte » dans un texte légal, en raison même de la polysémie évoquée ci-dessus, aurait conduit a des interprétations inconvenantes ; en outre, il aurait exclu ces parlers de toute reconnaissance au niveau de l’Europe puisque le document de base de l’action européenne en la matière – la Charte européenne pour les langues régionales ou minoritaires – exclut les dialectes, sans – prudente omission – en donner la moindre définition.

Que la locution  » langue régionale endogène » soit utilisée au cours de certaines interventions de politique culturelle sur lesquelles il n’est pas question ici de porter un jugement, ne constitue pas une conséquence implicite de la volonté des initiateurs de ce décret. Il convenait de le préciser sans entrer dans un débat pour une question de mots. Peu importe donc l’étiquette si le wallon continue à vivre et merci à André GOOSE qui n’oublie jamais de l’évoquer, même dans une publication aussi prestigieuse que Le Monde diplomatique.

 

2000

André Goosse, Français, dialectes et belgicismes, Le Monde diplomatique, 33, Oct. 2000

 

« Dans le nord de la Gaule non germanisée, des survivances du gaulois et des influences du francique, langue des envahisseurs francs, nouvelle aristocratie de la Gaule entière, contribuèrent à donner une couleur particulière aux parlers locaux issus du latin, une poussière de patois (sic) que l’on réunit sous l’appellation de langue d’oïl et que l’on oppose à la langue d’oc, parlée dans la partie méridionale de l’ancienne Gaule. »

 

« (…) dès qu’apparaissent des textes, dans ce qui est aujourd’hui la Belgique, ils n’ont pas comme fondement véritable les parlers (sic) locaux (wallons, picards ou lorrains), mais doivent être appelés français, (…). »

 

« C’est donc sans pression officielle, librement, que nos ancêtres ont adopté le français, du moins la minorité qui savait lire et écrire. »

 

« D’autres – qui rêvent sans doute d’une Wallonie indépendante à la fois de la Belgique et de la France – cherchent à promouvoir son originalité langagière là où ele est le plus manifeste, c’est-à-dire dans le dialecte, rebaptisé langue régionale endogène. Ils se trouvent devant une tâche considérable : faire naître un sentiment communautaire qui n’existe pas ; amener tous les habitants de la Wallonie à parler ou reparler et à écrire le dialecte (sic) ; uniformiser celui-ci pour que ka communication soit possible d’un bout à l’autre du territoire ; enrichir le dialecte (sic) pour qu’il serve dans des domaines où il n’a jamais servi, comme la science. »

 

« Supposons ce programme réalisable : il aboutirait à diviser la Wallonie elle-même, car comment convaincre les Picards de Tournai, ou les Gaumais, de parler wallon ? »

 

2000

La Région « wallonne », raciste…

 

http://mrw.wallonie.be/sg/dsg/dircom/walcartes

 

Les atouts du dossier pour les professeurs

 

Le présent dossier innove. D’une part, pour la toute première fois, un dossier pédagogique prend la Wallonie, comprise comme une entité fédérée de l’Etat belge, comme seul cadre d’investigation et d’analyse. L’approche tient ainsi compte de la réalité institutionnelle nouvelle.

Souhaité par la Région wallonne et son ministre-président Robert Collignon, ce dossier a bénéficié de la relecture très attentive des inspecteurs des trois réseaux d’enseignement (Mme Marcella Colle, inspectrice d’histoire de la Communauté française, MM. Philippe Mottequin, directeur des services diocésains de l’enseignement secondaire et Maurice Lecerf, directeur général adjoint de l’enseignement de la province de Liège). Ils ont soumis le présent dossier à plusieurs professeurs, dont les remarques et suggestions ont été prises en considération. Le dossier doit beaucoup aussi à l’attention bienveillante et critique de M. Charles Christians, professeur émérite de l’Université de Liège, ainsi qu’au travail précis de Mmes Veithen et Arnold, du Service d’Etude en Géographie économique fondamentale et appliquée (SEGEFA) de l’Université de Liège.

Avec le présent ouvrage, les professeurs disposent de nouvelles cartes en mains…

Paul Delforge
Historien,
Conseiller pédagogique
de l’Institut Jules Destrée

 

Position culturelle des Wallons

[…] Pourquoi les Wallons parlent-ils le français ? Pourquoi les Wallons participent-ils à la culture latine, sous sa forme française ? Voilà des questions d’un intérêt capital, car nous pouvons en saisir les effets à tous les instants de notre vie sociale […].

Depuis des siècles, les Wallons se trouvent aux avant-postes (sic) de la Latinité. Ils sont les descendants des Gallo-Romains du nord de la Gaule. Aux premiers siècles de notre ère, nos ancêtres ont abandonné leurs dialectes celtiques pour parler le latin populaire, le latin usuel. En Gaule, après la chute de l’Empire romain, le latin populaire, livré à lui-même, a évolué suivant les régions. Il a donné naissance aux dialectes de langue d’oïl au nord de la Loire, aux dialectes de langue d’oc au sud du fleuve. Nos dialectes wallons, picards, lorrains appartiennent à la famille des dialectes d’oïl. Quant au latin littéraire, appris dans les écoles, il resta une langue immuable, figée, la seule langue écrite, la seule langue culturelle en Europe occidentale pendant de longs siècles.

Au XIIIe siècle, il se produit en Europe occidentale un événement d’une portée considérable : la montée des langues vulgaires. Vous savez qu’on entendait par langues vulgaires tous les parlers qui n’étaient pas le latin littéraire. Certaines langues vulgaires sont, au XIIIe siècle, suffisamment évoluées, suffisamment constituées pour prétendre à devenir des langues écrites, des langues de culture, des langues d’administration. Le latin perd son hégémonie. Or, dans l’ancienne Gaule, parmi les dialectes d’oïl, un dialecte s’élève : le francien, qui devient une « coïnê », c’est-à-dire, une langue commune, langue littéraire certes, mais aussi langue administrative, langue de négoce, voire langue internationale.

Cette langue commune issue du francien, c’est-à-dire du dialecte de Paris et de l’Ile-de-France, sera appelée désormais le français. A cause de la cour de France, le français devient la langue noble, la langue de la courtoisie et du bon ton dans l’Europe entière. A cause des foires de Champagne, devenues les grandes assises du commerce international, le français devient la langue commune des marchands. Dans le monde des affaires, le parler de France occupe, au XIIIe siècle, la même place que l’anglais de nos jours. A cause de l’importance que prend la bourgeoisie au XIIIe siècle, le français devient, peu à peu, la langue de l’administration. Les bourgeois préfèrent une langue vulgaire au latin, resté la langue du clergé. Le français devient aussi la langue de la Croisade. Enfin, n’oublions pas de souligner que la littérature française acquiert, au XIIIe siècle, la première place en Europe. Son prestige est incomparable.

 […] Que va-t-il se passer dans nos régions wallonnes à cette époque au point de vue linguistique ? Un dialecte (par exemple le dialecte liégeois) va-t-il prendre le pas sur les autres parlers et devenir l’organe commun, la « coïnê » ? Nullement. Remarquons qu’à part Tournai et le Tournaisis, qui sont fiefs français, la principauté de Liège, les comtés de Hainaut, de Namur, et de Luxembourg se trouvaient en Terre d’Empire, donc situés en dehors des frontières politiques de la France. Et, cependant, dès le XIIIe siècle, c’est le français qui est adopté partout comme langue littéraire. Voilà le fait capital de l’histoire intellectuelle de la Wallonie.

Sans aucune contrainte (sic), de leur propre volonté, les Wallons sont entrés dans l’orbite de Paris, et, depuis sept siècles, avec une fidélité qui ne s’est jamais démentie, n’ont cessé de participer à la culture française. Certes, le français employé dans nos régions au moyen âge, sera un français provincial, un français émaillé de wallonismes ou de picardismes suivant le cas. Les réussites seront variables suivant le degré. Ce qu’il faut souligner avant tout, c’est la volonté qui se manifeste d’employer la langue littéraire. Le français de chez nous ne sera ni plus ni moins provincial que celui en usage dans la plupart des provinces françaises à la même époque. […]

Les Wallons ont eu une chance inouïe dans leur histoire: un dialecte d’oïl, c’est-à-dire appartenant à la même famille linguistique que leurs propres dialectes, est devenu très tôt une langue universelle. Ils s’y sont rattachés tout naturellement. Il n’y a jamais eu de culture wallonne. Ce n’est pas le dialecte qui a créé le trait d’union entre tous les Wallons, mais bien le français, autrefois comme aujourd’hui. […].

 

Félix ROUSSEAU, (NDLR raciste francophile)
Le problème culturel en Belgique, dans  
La Nouvelle Revue wallonne, t. XIII,
n° 3-4, juillet – décembre 1965.

 

2000

Michel Francard, Langues d’oïl en Wallonie, Langues européennes 9, EBLUL/Micromania, 2000

 

(p.15) L’irrésistible progression du français en milieu rural (Lutrebois)

 

Trois générations ont suffi …

« Les maîtres d’école pressent les adultes (génération 1) d’abandonner la pratique du wallon en présence de leurs enfants. Ces recommandations sont particulièrement suivies par les mères, (…)

« En quelques décennies – moins d’un siècle -, une population qui, dans sa grande majorité, s’exprimait en wallon, deviendra francophone. Cette élimination des parlers endogènes en Wallonie a été facilitée par l’incapacité des Wallons à oeuvrer collectivement pour la sauvegarde de leurs langues régionales face à un français glottophage. »

 

2000

Serge Govaert, Culture wallonne ou culture francophone ?, Le Monde diplomatique, Oct. 2000, p.33

(adminisr. Du CRISP (BXL))

 

« Bref, la vitalité des expressions artistiques en Wallonie n’a sans doute pas, quoi qu’en disent certaines têtes pensantes du mouvement wallon, un cachet spécifiquement et intrinsèquement wallon – sauf bien entendu, lorsqu’elles utilisent la langue wallonne, comme le chanteur William (Wiyam) Dunker, qui eut son heure de gloire en 1997-1998 avec son CD Trop tchôd .. produit par l’Américain Kevin Mulligan avec l’aide de musiciens de studio flamands tels que Jean Blaute ou Evert Verhees ! »

 

2000s

Arthur Schmitz

 

Sovenance di gamin / Li patwès (sic)

 

Quand dj ‘èstos gamin, dins nosse viadje come dins tos lès-ôtes, on parlot patwès. Ça tchandjot on pô d’ on viadje à l’ ôte, mès tot l’ monde si compurdot.

Brâmint dès vîs djins ni savint nin parler francès ; ça n’ vlot nin dire qui c’ èstot dès-ignorants… bin do contrêre !

Do costé do Grand-Duché, tot 1′ monde parlot l’ patwès do payis, qu’ is loumint « plat’». Mès addé zèls, lès curés, lès mêsses di scole, lès notêres, lès médecins, lès-injénieûrs èt min.me lès jujes èt lès-avocats parlint èt parlant co leû patwès.

Dins nos réjions, do costé bèlje, c’ èstot râre qu’ on curé ou on mêsse di scole parlinche li patwès. Po lès notêres, lès médecins et lès jujes, c’ èstot co pus râre. I gn-avot dès viadjes d’où-ce qui lès mêsses di scole disfindint di parler l’ patwès à l’ rècrèâcion. Lès quékes gamins qu’ alint à scole addé lès frés à Bastogne, parlint francès quand is rivnint à l’ fin do l’ samin.ne. Lès treûs, quate gamines qu’ èstint à l’ sicole dès seûrs à Bastogne ni parlint jamês l’ patwsè. Parler l’ patwès, c’ èstot come si on z-avot ayu l’ gale, po tos cès fèjeûs d’ embaras !

Insi, bièssemint, po fé l’ grandiveûs, on-z-è distrût on langadje qu’ on parlot dispû dès jènèrâcions. On-z-avot dès noms po lès-ârbes, po lès ièbes, po lès-ujês, po totes lès bièsses, min.me po lès pus p’tites come lès copiches. On parlot patwès avou lès tot p’tits-èfants, avou lès vîs djins, avou sès parints, avou sès vèjins èt ossu avou sa comére si on courtisot.

Mi grand-pére parlot l’ patwès avou mès mononkes, li djoû qu’ il èst mwart. En mile noût cint cinquante treûs, dji parlins patwès avou nosse pére qu ‘alot mori, à l’ clinike di Bastogne. En patwès, on-z-avot dès bèles fâves po raconter aus-èfants ; dès bèles tchansons qu’ on tchantot âs nwaces ou à l’ sîze, addé lès coméres.

 

2000s

Artscène sur internet 

 

William Dunker & Mimile, chanteurs wallophones : catégorie chanson française

 

2000s

Djan mon l’ Clerc (Oupâye / Huppaye)

 

V’là nosse walon

V’là qu’ on-aprind l’ walon à scole,

Dins pont d’ timps, nos-èfants l’ causeront.

On côp qu’ ës l’ aront dins 1′ boussole,

Nos sèrans fiérs dè ièsse walon.

 

Dè m’ timps, nosse maîsse èstot d’ mwaîs pwèl,

S’ on l’ causeûve à l’ rècrèyacion.

I nos-apëceûve pa l’ orèye

Èt nos doneûve one punëcion.

Nos-ôtes, pës vîs, on dwèt tot fé

Po l’ sèmer pa-t’t-avau lès vôyes

Èt ça nos f’rè bran.mint dè bén,

Min.me s’ on n’ rècolte què dè l’ manôye.

 

Portant, dè Lîdje à Châlèrwè,

C’ èst nosse bia walon qu’ èst lë rwè !

Nos parints l’ ont causé d’vant nos

Èt dins longtimps, on l’ causerè co !

 

2000s

http://www.radioquartz.be/modules.php?name=Staff

 

« Retrouvez Jean tous les dimanches (…) dans l’émission en wallon « Èl tchant d’ no cok ».

Un moment de fraîcheur à l’écoute de cette jolie langue qui sent bon le terroir (sic)… »

 

2000s

RACISTES: Gauff’ au Suc’

 

Le fait de se moquer d’une communauté ou d’une classe de la population en imitant son accent est du racisme.

Il existerait donc un racisme « soft » bon chic bon genre, destiné à contenter les aspirations racistes d’un certain public.

 

2000s

Radio Contact :  Transinne /-z-/

 

2001

Sylvestre Vandenabeele, Festival / Nandrin: la torpeur du fourre-tout, AL 13/08/2001

 

« /concert de William Dunker / A ce moment de la journée, le soleil en est à sa énième timide apparition et une poignée de nostalgique (sic) des kermesses à boudin et autres foires agricoles se sont levés au milieu des paresseux. » 

 

2002

Comment un(e) Wallon(ne) francisé(e) peut devenir un bon petit soldat de l’impérialisme français…

 

Claudine Pignolet, Plaidoyer pour la langue française, in : Terres d’Herbeumont à Orchimont, 28, 2002, p.1-2

 

Au début du siècle passé, les habitants de nos campagnes étaient essentiellement patoisants et leurs enfants, nos grands-parents ou nos pères et mères, éprouvèrent d’énormes difficultés à apprendre le français sur les bancs de l’école. Le milieu familial entretenait l’usage du patois que l’instituteur s’évertuait à remplacer par la langue de Molière au prix de bien des efforts et de sévères punitions.

Même si certains parents reconnaissaient la nécessité d’étudier le français pour que leurs descendants puissent espérer une vie moins dure que la leur, ils continuaient à parler leur dialecte si riche et nuancé, imagé et plein d’expressions comparatives qui ne trouvaient pas de traduction littérale.

A l’étude comme aux jeux, dans le milieu scolaire, l’emploi spontané de la langue maternelle était un péché impardonnable qui requérait de graves sanctions. C’est pour cette raison que ceux-là qui ont souffert pour lire, écrire et parler un français correct n’ont pas voulu infliger cette difficulté à la génération qu’ils ont engendrée. De plus, à cette époque, le wallon était considéré comme grossier voire vulgaire, indigne d’apparaître dans l’éducation des enfants. Par conséquent, son bannissement s’avérait irréfutable.

Nous sommes les représentants de cette génération ayant le français pour langue maternelle, mais initiés à la compréhension du patois usuel. Nous avons appris à aimer notre langue, à en saisir ses finesses, à jongler avec ses mots et aujourd’hui, des dangers menacent notre français comme voici cent ans, ils ont menacé le patois de nos régions.

L’étude des langues étrangères ouvre l’accès à d’autres cultures, à d’autres échanges, à d’autres amitiés, mais elle n’est pas subordonnée à l’écartement de notre moyen d’expression.

Il nous appartient donc de défendre notre français si nous ne voulons pas être envahis par un langage issu de la mondialisation que nous subissons. Cette incursion dans notre vie est insidieuse, résultat d’un appât de gain et de puissance, que les médias véhiculent grandement.

Avez-vous remarqué que parmi les publicités diffusées sur le petit écran, il y en a de plus en plus en langue anglaise. Aujourd’hui, elles sont sous-titrées, mais demain? De plus, certains produits indigènes sont affublés de noms à consonance américaine que nos personnes âgées prononcent tant bien que mal en se tordant la bouche.

 

Voici quelques années, les films américains nous arrivaient avec un titre traduit en français, maintenant on ne se donne plus cette peine. Lors du Concours Eurovisbn de la Chanson, même les chanteurs francophones optent pour la langue de Shakespeare alors que ceux des pays de l’est s’efforcent à chanter en français en souvenir, sans doute, d’une vieille tradition, puisque jadis, on parlait français à la cour du Tsar de Russie…

Nos amis français ont compris bien avant nous l’urgence de défendre ce qui fait notre identité; les artistes, les écrivains, les chanteurs, etc. se sont ligués et les Académiciens sont très réticents à l’introduction d’anglicismes dans le nouveau Littré.

Si l’emploi de matériel informatique exige une adhésion à quelques bribes d’anglais, nous n’avons aucune obligation d’élaborer notre travail dans cette langue, mais nous pouvons nous servir de cet outil pour exploiter au mieux les richesses de notre français.

Nos enfants qui croient se distinguer en lançant des expressions étrangères, pourquoi ne jetteraient-ils pas leur dévolu sur des mots du patois de chez nous, il est parfois si savoureux !

Avant de conclure, rendons hommage à tous ceux qui oeuvrent à la survivance de cette langue qui faisait la particularité de nos régions, ils ont bien du mérite.

Ouvrons la porte à une connaissance multidisciplinaire et stimulons nos jeunes à apprendre d’autres langues, mais préservons la nôtre pour qu’elle ne soit pas éradiquée comme le fut notre patois, il n’y a pas si longtemps.

 

2003

Les risques de l’impro, LB 30/11/2003

 

Le spectacle « Random », présenté par la ligue d’impro belge à Braine-l’Alleud, présente un humour gras, avec l’accent belge ou liégeois à toutes les sauces, voire à toutes les impros (…). Voilà une bien pâle copie de l’impro telle qu’on la connaît.

 

2003

P.R., Farciennes / Hommage à Bob Dechamps – Le bon temps en patois (sic), VA 03/04/2003

 

2003

Théâtre patoisant (sic) à Bossière, VA 19/04/2003

 

2004

Ouverture des cours de langue et de littérature wallonnes, in : Walo+ Gazète, 23, 2004

 

Marie-Guy Boutier, professeur à l’ULG, où elle est chargée notamment de la chaire de dialectologie wallonne, l’a encore rappelé dans une communication faite à la Commission Royale de Toponymie et Dialectologie en mai 2002 : (…)

« Nier la diversité essentielle de nos parlers régionaux conduit à anéantir ce que l’on entend protéger ». « La variation linguistique a quelque chose d’indestructible. » (NDLR Elle défend évidemment sa croûte et ne souhaite pas de voir une vision unifiée de la langue wallonne .)

 

2004

Pierre Wiame, Namur / Le Lundi des fêtes de Wallonie, VA 21/09/2004

 

/La Messe du lundi en wallon/

Et si ces paroles-là, commente l’abbé dans le savoureux (sic) dialecte wallon, était « un art (…) ».

 

2005

Johan Viroux, L’école raciste, in : Le Soir Magazine, juillet 2005

A l’heure actuelle, force est de constater que notre système scolaire prépare nos étudiants au racisme. Tout y est fait pour les maintenir dans un esprit unilingue, peu ouvert aux autres cultures.  Les classes de langues sont trop souvent surpeuplées, le choix entre le néerlandais et l’anglais en secondaire semble avoir été calculé afin de mieux nous séparer du nord du pays, où le français reste la deuxième langue . Chez nous, de plus en plus d’étudiants terminent même leurs humanités avec une seule langue germanique ! Enfin, des élèves wallons font toujours l’objet de moqueries d’enseignants trop contents de se moquer de leur accent belge. Pourtant, cette façon de prononcer leur faciliterait l’assimilation des sons des autres langues qu’ils apprennent (y compris l’espagnol) si on les rendait conscients de cet avantage par rapport à l’accent français, qui ne ressemble à nul autre.

Comment voulez-vous, dans ce contexte de rejet, préparer nos jeunes à se débarrasser des préjugés des générations précédentes, qui s’abreuvent encore eux-mêmes d’informations données dans une seule langue, donc avec une interprétation particulière des faits ?

Il semble que le système scolaire actuel réponde au désir même de consolider le système politique régionalisé depuis plus de 20 ans : aussi longtemps que le peuple ignorera les autres communautés en ne comprenant pas ce que leurs membres disent dans leur propre langue, on pourra le manipuler… Autrement dit, un apprentissage plus efficace des langues qui nous entourent risquerait de bouleverser à long terme un régime qui ne se nourrit que de la haine endémique de l’autre communauté, fomentée ou approuvée par la majorité de ses dirigeants.

 

2005

Stéphane Dohet, Wallons, pas Francophones, AL 05/02/2005

 

Stéphane Dohet, de Philip­peville, réagit pour sa part sur le terme francophone. « À la base, il faut tout de même re­connaître la discrimination dont sont victimes les Wallons de la part d’eux-mêmes et égale­ment du fait de madame Mo­relli, qui les traite de « franco­phones ». C’est quand même la base de la négation d’un peuple que de ne pas lui reconnaî­tre son nom. Avoir un nom, et perpétuellement se faire appe­ler autrement démontre un déni d’identité. Comme d’appe­ler un Noir « une personne de couleur » est réducteur (et faux, le noir n’étant pas une couleur), appeler un Wallon simplement francophone est une action qui vise à le noyer dans la masse, à nier son iden­tité, sa nationalité, sa personnalité. Un francophone, c’est quel­qu’un qui parle français, mais être Wallon ne se résume pas à parler français. Un franco­phone, ça peut être un Fran­çais, un Québécois, un Ro­mand, un Congolais, un Luxembourgeois… Pour éviter cette confusion on parle alors de « Belge francophone ». Mais on s’enfonce encore plus dans la négation. Alors qu’un Wallon peut être également de lan­gue allemande, wallonne, pi­carde, luxembourgeoise, néer­landaise, arabe, turque… le ré­duire à un simple francophone n’est peut-être pas du racisme, mais bien une négation de no­tre identité, et cela venant des Wallons c’est un réel suicide identitaire. »

 

2007

Samuel Sinte, Un dico du wallon de Moustier ‘d’ nos-ôtes’, VA 27/10/2007

 

« Le français est une langue étrangère »

« Je pense qu’on n’en serait pas là aujourd’hui à s’aplatir devant les Flamands si les Wallons n’avaient pas oublié que le français est une langue étrangère. Pour ma génération, le wallon était encore la langue maternelle, celle qu’on parlait avant tout. (…)

Après plus de 50 ans de travail sur elle, je peux l’affirmer, c’est une des plus belles langues qu’on puisse trouver. »

« Le wallon est une langue romane et est donc étudiée dans les universités par les linguistes. »

 

2008

Gérard Champagne, in : A bon menteur, salut ! (concernant les 40 Molons), VA 20/08/08 

 

« Quand j’étais petit, on nous punissait lorsque nous parlions wallon à l’école. C’était vu comme la « basse classe ». Le maître d’école venait même dire dans le village qu’il fallait parler français et pas wallon. Pourtant, ça n’a pas empêché certains de devenir médecin, ingénieur ou instituteur. »

 

2008

in : Entre vêpres et maraude, L’enfance en Ardenne de 1850 à 1950, Musée en Piconrue, Bastogne, 2008

 

(p.15) Enfin, avec l’obligation scolaire, la langue française va se répandre en même temps que régresseront les différents wallons parlés. Désormais scolarisé en français mais conver­sant le plus souvent en wallon dans sa famille, l’enfant expérimentera une situation de diglossie inconfortable : la langue de ses parents est refoulée, interdite à l’école parfois de façon sévère, au profit d’une autre, plus officielle, mais moins concrète, moins chaleu­reuse, qu’il maîtrise sans grande habileté. Dans les régions rurales, il faudra attendre que cette première génération entièrement scolarisée en français arrive à l’âge adulte pour que la tendance commence à s’inverser dans les familles au détriment du wallon ; globale­ment, c’est après la Seconde Guerre que les parents, même s’ils maintiennent entre eux l’usage de leur wallon, éduqueront leurs enfants en français. La distance de plus en plus grande des jeunes avec la langue des générations antérieures marque incontesta­blement une rupture dans la transmission : tout un mode de vivre, de penser, de sentir les choses va insensiblement se déliter. La néces­sité de changer de langue pour accéder à la culture, au savoir et au pouvoir ne joue pas dans le sens d’une évaluation favorable de soi-même et de la culture que l’on hérite de ses parents.

 

2008

Jules Flabat (Djodogne), On cause walon, in : Lë Sauvèrdia, 255, 2008, p.10

 

(…) Dins l’ timps, n’ avans tortos aprins l’ francès :

Ni quèstion dè causer l’ walon à scole.

Nosse vi lingadje, parèt, èstot trop spès.

Ostant vos dîre quë ça nos chonéve drole. (…)

 

2008

Nous sommes des Wallons, pas des francophones!, AL 02/02/2008

 

Stéphane Dohet, Cerfontaine

 

Je souscris entièrement à la démarche du Mouvement du Manifeste Wallon, car c’est en refusant d’appeler quelqu’un par son nom qu’on le nie le plus. Cette utilisation absurde du terme francophone mène à des situations étranges. On oppose trop souvent les Fla­mands aux « francophones », mais c’est oublier un peu vite qu’on peut être à la fois Fla­mands et francophones, comme Yves Leterme ou Bart De Wever. De même, beaucoup de Wallons parlent d’autres langues que le français. Pas seulement le wallon ou une autre langue régionale, mais, entre autres, l’italien ou l’allemand. Prenons exemple sur les Québécois qui, depuis qu’ils ont abandonné le vocable « Canadien-français», ont retrouvé une grande fierté et se sont forgés une identité quali­fiée là-bas de nationale.

 

2008

Raymond Dambly (rédacteur en chef), Editorial, in : Cocorico,  8, 2008

 

Les langues régionales de Wallonie étant une valeur culturelle identitaire du peuple wallon, toute attitude visant à brimer leur expansion ou leur simple transmission de génération à génération doit être considérée comme une agression relevant d’une forme de racisme culturel aussi condamnable que les autres formes de racisme qu’ils soient de couleur, de nation, d’appartenance philosophique ou politique. Las de belles promesses qui ne se concrétisent jamais, les Wallons sont aujourd’hui résolus à ne plus simplement s’armer que de patience. Ils ont choisi dépasser à l’acte et la pétition qui circule actuellement pour instaurer des cours de wallon dans toutes les écoles, tant maternelles que primaires, de tous les réseaux d’enseignement de Wallonie peut être prise pour un ultimatum si les vœux d’une population entière ne sont pas immédiatement rencontrés par les pouvoirs politiques en place actuellement. Nous n ‘avons pas à nous inquiéter de savoir au détriment de qui ou de quoi devront être trouvées les deux heures hebdomadaires que nous réclamons, la seule chose qui nous importe, c’est qu’on nous les donne parce que nous y avons droit. Parce que nos enfants ont le droit d’être instruits dans la culture qui est la leur. Et pour ce qui est de ceux qui seront chargés demain d’enseigner le wallon dans les écoles il n’y a pas de souci à se faire … nombreux seront ceux qui seront trop heureux de pouvoir y participer.

 

2008

Raymond Dambly, Editorial, in : Magazine du bilinguisme wallon, 8, 2008-11-18

 

« Les langues régionales de Wallonie étant une valeur culturelle identitaire du peuple wallon, toute attitude visant à brimer leur expansion ou leur simple transmission de génération à génération doit être considérée comme une agression relevant d’une forme de racisme culturel aussi condamnable que les autres formes de racisme qu’ils soient de couleur, de nation, d’appartenance philosophique ou politique. »

 

2008

Une poule sur le drapeau wallon, in : AL 24/01/2008

 

Nathalie Lemaire, journaliste au JDE (Journal des Enfants) :

« Lorsque nous avons abordé la question des langues, les élèves flamands /rencontrés par l’équipe du JDE/ ont découvert avec étonnement que leurs homologues francophones n’étaient pas obligés d’apprendre le néerlandais et que les dialectes n’avaient plus cours en Wallonie. »

 

2010

Joseph Tollet, Lë R’nèti, in : Lë Sauvèrdia, 274, 2010, p.2

 

Sès scoles : lë gout d’ lëre èt d’ dèssëner

V’là nosse Joseph à lë scole dès gamins au vëladje. Onk dès trwès maîsses, Fernand Gyre, c’ èst 1′ prôpe cousén dë s’ papa. C’ èst dès djins abëtouwés à causer walon èchone. Mins Joseph a ètindë d’pës d’ on côp l’ maîsse dîre : « Dëjoz, Èrnès’, ë n ‘faut né qu ‘ vos gamins causerin’ walon, don, is dëvenët bé aprinde lë francès ! » Ça faît qu’ ë n’ a ni yë l’ ocasion d’ causer walon à s’ maujone. C’ èstot pëtôt dins l’ coû d’ rècrèyacion, avou dès camarâdes, à catchète… Ça faît qu’ ë n’ sèrè jamaîs vraîmint tot-à faît à s’-t-auje po ténre tote one convèrsacion è walon.

 

2012

Lu Tchèstê / Neufchâteau – racisme à l’Institut Saint-Michel – 2012

 

Le directeur de l’époque refuse à une étudiante de rhéto sa proposition de TLP (travail de fin d’étude) sur la langue wallonne…

 

2013

(16/09/2013)

Georges Gilkinet (Ecolo)

 

La traditionnelle Une de L’Avenir en wallon. Succulent! (sic) Et perkwe nin to lès djours?

 

 

2014

Albert Denis (dentiste, Bastogne) : « Le wallon est une sale langue! »

 

2016

Christian Quinet, in: MA, 10, 2016, p.7

 

En réalité, quand il s’agit de nous « envoyer sur les roses » (en wallon : « nos-invouyî bouler »), tous les prétextes sont bons, du plus crédible au plus grotesque. On se demande dès lors sur quelle voie de garage certains professeurs d’Université orientent leurs élèves quand ils leur imposent un mémoire de fin d’études axé sur les langues régionales !… Comme aurait dit le regretté Fernand Raynaud : « Y a comme un défaut… » Soit : en amont, « Taisez ce langage que je ne saurais entendre » ; en aval, «… Mais si, il fallait… seulement maintenant, il est trop tard ».

 

2017

Vlan, déc. 2017

Compagnie namêchoise « Li Soce dès Falîjes » – 14/12 à Andenne

 

« Le bourgmestre Claude Eerdekens a évoqué à la fois la saveur (sic) de notre langue du terroir mais aussi le rôle de ‘passeurs de mémoire’ que sont les interprètes et traducteurs.

 

2020

13/1/2020: Marie Salmon

 

Ma mère, née en 14, me racontait que quand un mot wallon leur échappait, le maître leur frappait le dos de la main avec le décimètre. Un père avait apostrophé l’instituteur parce que son gamin ne parvenait plus à tenir sa « rasète » (binoir) après avoir subi ces traitements dénués de psychologie.

 

2020

FB 23/09/2020

 

Christine Delobbe

…je n’ai jamais entendu ma maman parler wallon… mon papa bien souvent.. mais il ne me vouvoyait ni me tutoyait pas… ça me manque de le parler… très peu de personnes le parlent encore … dommage !

Et à l’Athénée de Philippeville, il m’avait été interdit par une éducatrice d’internat de donner des mots en wallon à mes élèves…. elle trouvait ça vulgaire… c’est’t’eun’ biesse qui n’avait rin dans l’tiesse… elle ni fieu jamais l’fiesse et avait ptet’mau s’tiesse…ahh.les tchapias hein…

 

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