1998 |
Pour “Miss World”, Tahiti n’est pas la France, LB 28/07/1998
Les organisateurs du concours mondial de beauté refusent l’inscription de la représentante française. Motif: elle est originaire des Dom-Tom. Si les Français avaient voulu envoyer la première dauphine, ils auraient le même problème: elle est de Martinique. Miss Tahiti en 1991 et Miss Guadeloupe en 1993 avaient malgré un premier refus des organisateurs pu participer à ce concours. Les organisateurs considèrent que la Polynésie française est un ‘pays séparé’ tout comme Macao, Hong Kong, Gibraltar, etc.
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2007 |
Sonia Rolley, France / Tchad – « La traite négrière a été abolie », MB 01/11/2007
» Les Européens qui ont participé à l’opération de « L’Arche de Zoé » sont toujours détenus à Abéché. Devant leur prison, la foule s’indigne de ce qu’elle croit être un nouveau commerce. Avec des accents virulents contre l’ancien colonisateur.
A travers les grilles du palais de justice, les habitants d’Abéché pouvaient apercevoir mardi matin les 16 Européens arrêtés depuis près d’une semaine dans le cadre de l’opération d’exfiltration d’enfants montée par l’organisation française « L’Arche de Zoé ». Assis par terre dans une pièce sombre, ils semblaient tous assez abattus.
Interrogés tour à tour
La veille, pendant 12 heures, ils ont été interrogés tour à tour par le procureur général de la République, puis par le juge d’instruction saisi du dossier. La nouvelle de leur inculpation a été annoncée officiellement par les autorités judiciaires tchadiennes dans la nuit de lundi à mardi aux environs d’une heure du matin. Pour des raisons de sécurité, ils ont passé la nuit au palais de justice plutôt qu’à la maison d’arrêt d’Abéché.
Vêtus des mêmes pantalons de pompiers et T-shirts « Children Rescue » (le nom de l’opération au Tchad de l’association « L’Arche de Zoé ») que le jour de leur interpellation, les neuf Français savent aujourd’hui qu’ils sont accusés d’enlèvement d’enfants et d’escroquerie.
L’un des membres de l’ONG « L’Arche de Zoé » est allongé, visiblement souffrant. Un compagnon d’infortune tente de le soulager. Les sept Espagnols et deux Tchadiens sont, quant à eux, inculpés pour complicité. Eprouvées, désorientées, les hôtesses de l’air espagnoles ont du mal à retenir leurs larmes.
A son arrivée, le procureur de la République à Abéché, Ahmad Daoud, rappelle aux quelques journalistes présents les charges retenues contre les 16 Européens. « Ils (les neuf Français, NdlR.) encourent des peines de travaux forcés de 5 à 20 ans. Même les journalistes. Leurs complices encourent les mêmes peines », précise-t-il. La presse a cinq minutes pour photographier et filmer les accusés « pour pouvoir s’assurer qu’ils vont bien »: « Vous n’avez pas le droit de leur parler », ne cessent de répéter les policiers.
« Ce sont des voleurs »
A l’extérieur, des dizaines d’habitants d’Abéché sont réunis face au portail. Une poignée de policiers tente à plusieurs reprises de les disperser. « Ce sont de voleurs », scande la foule. « On a un pays; on a une justice; nous voulons qu’ils soient jugés au Tchad. Nous ne voulons pas qu’on les ramène en Europe », lance un jeune garçon. « La traite négrière a été abolie. Nous sommes au XXIe siècle, ce n’est plus le moment de trafiquer des enfants », poursuit un autre. La foule se retourne contre , l’ancien pays « colonisateur », la France.
« C’est du néocolonialisme« , s’emportent plusieurs jeunes. « On connaît tous les problèmes du Tchad, depuis qu’on est né dans la guerre. Qui a provoqué cette guerre ? », crie un meneur. De la cacophonie de voix, s’élèvent des formules comme « les Blancs » ou « les Français ». « Il y a eu des complicités à haut niveau en France, c’est une véritable déception vis-à-vis de l’Hexagone », confie Abdoulaye, qui dit avoir entendu parler d’une intervention de Cécilia Sarkozy…
Transfert vers N’Djamena
Les 16 Européens ont été transférés à la mi-journée au commissariat central d’Abéché, où ils ont déjà passé cinq jours en garde à vue depuis leur interpellation jeudi dernier. Dans les prochains jours, ils devraient être transportés à N’Djamena, la capitale. Le tribunal d’Abéché a demandé à être dessaisi du dossier, au profit de la capitale. « C’est un dossier volumineux qui a besoin de beaucoup d’enquêtes au niveau national et international. Il y a des éléments qu’il faut chercher à l’extérieur du Tchad, en France surtout, là où il y a les familles d’accueil de ces enfants », précise le procureur d’Abéché, évoquant un manque de moyens.
©Libération
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